Saint-Émilion : Franc Mayne à la relance

Racheté en 2018 par la famille Savare (Oberthur Fiduciaire), le château Franc Mayne, grand cru classé de Saint-Émilion, opère une mutation en douceur, dans sa gouvernance comme dans la conduite du vignoble et l’élaboration des vins. Ancien président du Stade Français, Thomas Savare a nommé un homme de confiance à la tête de la propriété, lui aussi passé par le monde de l’ovalie : Pierre Arnald.

En janvier 2018, Jean-Pierre Savare, président du groupe Oberthur Fiduciaire, spécialiste de l’impression haute sécurité et en particulier des billets de banque, rachetait le château Franc Mayne à Griet Van Malderen et son époux Hervé Laviale, qui en étaient les propriétaires depuis 2005. Pour la famille Savare, il ne s’agissait pas d’une première incursion dans le vignoble puisqu’elle était déjà associée à la famille Cazeneuve au château Paloumey, Cru Bourgeois Supérieur en appellation Haut-Médoc. Il s’agissait toutefois, d’une opportunité exceptionnelle de s’installer dans la galaxie des grands crus classés, sur un vignoble de 7 hectares d’un seul tenant tutoyant le plateau de Saint-Émilion.

C’est tout naturellement que Thomas Savare, fils de Jean-Pierre, directeur général du groupe Oberthur Fiduciaire et président du Stade Français Paris de 2011 à 2017, a d’abord confié la direction de la propriété à Martine Cazeneuve, les deux familles ayant déjà construit des liens forts à Paloumey. Cette direction « transitoire » devait permettre de lancer les différents projets, très ambitieux, du nouveau Franc Mayne : tout d’abord, une montée en puissance dans la qualité et la régularité des vins ; ensuite, un passage en bio ; enfin, une restructuration de l’offre œnotouristique.

Une équipe renouvelée

Trois ans après, ces évolutions sont bel et bien sur les rails. La conversion en bio a été engagée dès 2019 et le premier millésime certifié sera 2022. Les vins ont ostensiblement gagné, depuis 2018, en précision et en éclat, s’accompagnant d’une refonte de l’identité du second vin, désormais baptisé Ilex. La nouvelle directrice technique Sophie Mage, qui a roulé sa bosse en vallée du Rhône et dans le Roussillon avant de revenir dans le Bordelais, est arrivée en 2018, tout comme l’œnologue-consultant Thomas Duclos, qui accompagne la propriété. Quant à l’œnotourisme, il s’appuie en premier lieu sur cinq chambres d’hôtes (dont une perchée dans les arbres) et sur une visite des galeries souterraines mise en son et lumière par le scénographe Eric Le Collen (visite « Astéries », 1h30, 22 euros). Le parcours de visite et dégustation a été entièrement revu, et la boutique du château est actuellement en fin de rénovation.

Fière du travail accompli depuis trois ans, Martine Cazeneuve est prête à passer le relais, comme il était prévu dès son arrivée. C’est donc Pierre Arnald qui reprend progressivement le flambeau et assurera désormais la direction de la propriété. Très proche de Thomas Savare pour lequel il a été directeur général du Stade Français, ce passionné de rugby originaire de Clermont-Ferrand sait que le vin est affaire de temps long, et qu’il faudra plusieurs années pour hisser Franc Mayne à la hauteur des ambitions de ses propriétaires. « Il y a le savoir-faire, et pour cela nous avons déjà commencé un travail remarquable », explique-t-il. « L’équipe est mobilisée pour faire de grands vins, le vignoble est progressivement restructuré puisque nous avons arraché 1,3 hectare pour replanter du cabernet franc qui n’entrera en production que dans quelques années. Nous varions les contenants pour l’élevage, entre barriques, foudres de 20 hl et amphores. Tout cela est en très bonne voie. Mais il faut maintenant mieux faire connaître Franc Mayne, faire parler de nous et de nos vins, partir en premier lieu à la reconquête du marché français avant de se redéployer à l’export. C’est un projet sur 50 ans ! »

Pour cela, Pierre Arnald sait qu’il peut s’appuyer sur la confiance de Thomas Savare. Les deux quinquagénaires se connaissent bien et partagent une vision commune du vin, vecteur de plaisir et de partage. D’ailleurs ils collaborent ensemble sur deux autres propriétés viticoles, à Chinon (Clos la Niverdière) et en Provence (18 hectares dans le giron du géant Château Roubine). L’aventure est donc loin d’être finie.

Terre de Vins aime :

Château Franc Mayne 2019. Profondeur et délicatesse, de la densité et de la vibration, c’est une belle expression du millésime. Un vin qui se dessine en souplesse, avec un côté séveux, des tannins finement sculptés, une jolie trame minérale qui imprime à ce 100% merlot une remarquable énergie. Un profil à la fois salivant, tendu et distingué. Si vous n’en avez pas acheté en primeurs, guettez la bouteille en livrable, ce sera autour de 45 euros.

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