[Escapade Coteaux d’Aix] Domaine Saint Bacchi : l’art des monocépages

À la limite septentrionale des Coteaux-d’Aix-en-Provence, au nord de l’agglomération aixoise, quelques domaines et une coopérative ont su valoriser les terroirs les plus froids de l’appellation, à l’abri du massif de Vautubière ou de la chaîne de la Trévaresse. Ici, les rouges ont su se faire une place au soleil. Démonstration en 6 étapes.

Retrouvez l’intégralité de cette Escapade dans le Terre de vins n°69, disponible sur notre kiosque digital.

Épisode 3 : Domaine Saint Bacchi

L’art des monocépages
C’est un petit domaine familial de 5,5 hectares, l’un des plus petits du secteur, mais Christian Valensisi, agriculteur à l’origine et vigneron autodidacte depuis près de vingt ans, n’en veut pas plus. Il a commencé à travailler la vigne dans des fermages alentour qu’il aimerait aujourd’hui abandonner s’il n’était si attaché à ces vieux alicantes Bouschet rescapés des arrachages massifs. Un cépage mal aimé « à cause des rendements élevés qui donnaient des vins peu qualitatifs ». Il est pourtant parvenu à élaborer un vin friand, Carpe Diem (12,50 €), en réduisant les macérations avec une pressée directe qui permet d’alléger le vin en perdant un peu de couleur. Le vigneron aime les défis. D’abord faire renaître le vignoble, propriété de sa famille depuis plus d’un siècle, qui avait été arraché dans les années 1980. Après des grenache, syrah, cinsault, cabernet sauvignon, classiques en Coteaux-d’Aix, il a planté ses premières vignes en blanc avec du rolle mais également du viognier (dans la cuvée Ôrus – 15 €) et de la roussanne, avant de tenter le tempranillo et, cette année, le chenin. « J’aime élaborer des vins de cépage, surtout en blancs, pour conserver leurs caractéristiques et faire ressortir le terroir. Je joue sur les vinifications, avec ou sans macération, avec ou sans sulfites, et sur les élevages pour des cuvées de niche de 2 500 bouteilles au maximum, plutôt en IGP et Vin de France, sauf pour le rosé, plus facile à vendre en AOP. » Une démarche comparable aux copains des domaines voisins auprès desquels il a beaucoup appris (Revelette, La Réaltière, Vignelaure, Mas Juliette…). Comme eux, le domaine certifié bio, tendance biodynamie, est cultivé sans intrants, utilisant principalement du compost maison. Il a encore 1,5 hectare à planter, peut-être en muscat petits grains et syrah. Le vignoble est adossé à une magnifique chapelle, lieu de mariages et d’événements, avec gîtes, géré par la sœur et le beau-frère de Christian. Tout en conservant la culture de 25 hectares de céréales bio, Christian Valensisi a également repris le suivi technique du tout nouveau domaine du Fotograph, à Vidauban, acheté par un Anglo-Russe. Un terrain de jeu propice à de nouvelles expérimentations d’élevage en microcuvées, surtout en rouge, et sans contraintes financières. Le rêve de tout vigneron en somme.

13490 Jouques
06 12 63 33 88

Épisode 1 : Château Revelette
Épisode 2 : Château Vignelaure

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Invindia : le Bordelais Nouveau est arrivé

Sous la bannière Invindia, une équipe ambitieuse s’applique à bousculer les codes du vin en vigueur dans le Bordelais. Il en ressort une gamme audacieuse, dans le style des vins comme dans leur positionnement. Avec un objectif simple : redonner le goût du bordeaux aux jeunes consommateurs.

À l’origine d’Invindia, on trouve d’abord un duo : Jean-Pierre Derouet et Emmanuel Bouvet, associés dans la franchise à succès V & B, lancée en 2001 (230 points de vente en France dédiés à la bière, aux vins et spiritueux). Jean-Pierre Derouet, de son côté, a des liens anciens avec l’univers du vin : dès 1987, il rejoint le viticulteur Jean-Claude Bernard au Château Haut-Meyreau à Dardenac, une propriété qui va passer, grâce aux efforts conjugués des deux hommes, de 18 à 90 hectares. Lorsque Jean-Claude Bernard prend sa retraite en 2010, Jean-Pierre Derouet reprend le vignoble. De fil en aiguille, il rachète d’autres propriétés (Château Aurore, Château Lamichelle, Château Bellevue Malartic…), jusqu’à composer un ensemble de 7 domaines et 130 hectares, s’étendant principalement dans l’Entre-deux-Mers et un peu sur la rive droite (Saint-Émilion, Fronsac). En 2017, la courbe de progression est telle que l’activité « vin » de Jean-Pierre Derouet et son associé Emmanuel Bouvet doit se structurer. C’est alors que le duo se transforme en trio, avec l’arrivée de Hugues Laborde, jeune et talentueux œnologue d’origine gersoise, passé entre autres par Clerc Milon, 5ème Grand Cru Classé de Pauillac, et le château Lassègue de Pierre Seillan à Saint-Émilion. Hugues reprend en main la direction technique de tous les vignobles, qui passent intégralement sous la bannière Invindia, partie intégrante du groupe V & B.

Pour Hugues Laborde, 28 ans, le challenge est de taille : comment mieux valoriser les quelque 850 000 bouteilles produites (dont 600 000 en appellation Bordeaux), à la fois en termes de qualité, de reconnaissance et de diffusion ? Tout part de la base : repenser la gamme, pour s’adresser à une frange de consommateurs plus jeune, plus « décomplexée », et lui redonner envie de boire du bordeaux. Vingt-sept fosses pédologiques sont opérées pour mieux connaître les terroirs et adapter les profils des vins ; l’outil technique a été rénové ; les vignobles sont partiellement restructurés, avec une révision partielle de l’encépagement ; on renonce au désherbant au profit des couverts végétaux ; l’ensemble des propriétés est certifié HVE (trois sont labellisées ou en conversion bio) ; on replante des haies ; on réintroduit de la polyculture avec de l’élevage de bovins, on installe des ruches… Rapidement, c’est tout un modèle de production qui est revu de fond en comble. Et ce changement de stratégie s’accompagne d’un recentrage de la distribution des vins. En peu de temps, Invindia passe de 30 000 bouteilles diffusées via le réseau V & B à près de 200 000 aujourd’hui. Le double est actuellement commercialisé en vente directe dans le grand Ouest, par une équipe d’une quinzaine de commerciaux. Et l’export se développe depuis trois ans : Etats-Unis, Japon, Vietnam…

« Du plaisir, sans prétention »

La gamme se divise aujourd’hui en deux segments distincts : une gamme traditionnelle de vins de propriété, majoritairement réservée à la vente directe, et une gamme plus audacieuse de vins « de marque », exclusivement issus des vignobles Invindia mais positionnés comme des cuvées très ciblées, en style comme du point de vue marketing – le second arrivant toujours, on nous le précise, après le premier. Parfois produites à 8000 bouteilles seulement, souvent en monocépages, en AOC Bordeaux ou en Vin de France, mais toujours destinées à envoyer « un signal clair au consommateur : dans le Bordelais, on peut faire bon, accessible en prix, donner du plaisir, sans prétention », explique Hugues Laborde. « Même en AOC Bordeaux, malgré les difficultés actuelles, si on investit sur la qualité, on peut s’en sortir. Toutes nos propriétés sont à l’équilibre… Il faut conquérir les jeunes consommateurs ! Dans les magasins V & B où beaucoup viennent pour les bières et les spiritueux, il est clair qu’un packaging décalé permet de capter l’attention. Mais il faut que le produit suive. C’est pourquoi on passe beaucoup de temps à expliquer notre démarche à nos cavistes, pour les sensibiliser, les mobiliser. Et faire passer le message. » Pour prolonger cette action d’évangélisation, l’équipe d’Invindia ne manque pas d’idées : l’œnotourisme est déjà un volet prometteur, avec des visites-dégustations-restauration à la propriété pour petits groupes, un gîte à Saint-Émilion, et un restaurant récemment repris à Bordeaux, le Gargalou près du pont Chaban-Delmas – vivement la réouverture des établissements !

On a dégusté…

L’Exalté 2020 – Entre-deux-Mers
Premier millésime de ce 100% sauvignon en cuve inox, élevé sur lies, très joliment balancé, sans excès variétal, sur un profil tendu mais juteux, salivant, digeste. À 6,50 € c’est une bouteille plus que recommandable.

Les Raisins de la Colère 2019 – blanc – Vin de France
Une cuvée sur laquelle Hugues Laborde s’amuse : assemblage muscadelle et sauvignon en macération longue, élevé trois mois sur lies. On flirte donc avec le vin orange, on part sur de fines notes oxydatives, ça pomme un peu mais sans caricature, et l’ensemble reste original et plaisant, avec une belle mâche, un fruit plein, du fond. 13 €.

Nu comme un verre 2019 – Vin de France
Encore une originalité ! Un 100% merlot travaillé en deux façons, une partie « en infusion » sur le fruit et la sucrosité, l’autre partie comme un rosé de pressurage, le tout assemblé ensemble et très peu sulfité (le 2021 ne le sera pas du tout) ! Schocking ? Non, mais diablement gouleyant et buvable, canaille comme un beaujolais primeur. 6,50 €.

Full Métal Malbec 2019 – Bordeaux
Comme son nom l’indique, un 100% malbec 100% cuve, pulpeux, très fruit noir et violette, percutant et un poil rugueux, taillé pour la table. 7 €.

L’instant H 2018 – Bordeaux
Cet « enfant chéri » de Hugues Laborde est un 100% cabernet franc issu d’un terroir calcaire du château Haut-Meyreau, vinifié en lot isolé et élevé 10-12 mois en barriques de deux vins. Très jolie matière juteuse et réglissée, du cassis en diable, des épices, c’est gourmand et élégant. 14 €.
Il est la parfaite entrée en matière à une nouvelle gamme de monocépages qui va sortir au printemps.

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[EXCLUSIF] Vers une annulation de Wine Paris & Vinexpo Paris

Dans un contexte sanitaire illisible à court et moyen terme, il devient quasiment impossible de maintenir les événements professionnels du vin prévus durant le premier semestre 2021. Déjà reporté de cinq mois, Wine Paris & Vinexpo Paris va être purement décalé à février 2022.

Alors qu’il est de plus en plus difficile de dire quelle sera la situation sanitaire mondiale d’ici l’été, les signaux actuels n’encourageant pas à l’optimisme sur la réduction de la pandémie de Covid-19, la plupart des événements du vin sont contraints d’être encore reportés sine die. Le salon professionnel Wine Paris & Vinexpo Paris, qui devait initialement se tenir du 15 au 17 février et avait déjà été décalé aux 14, 15 et 16 juin est, selon nos informations, annulé pour cette année 2021 et reporté au mois de février 2022, dans un format « encore plus ambitieux ». Cette décision prise par la direction de Vinexposium vient conclure plusieurs mois de reports en série qui ne sont malheureusement pas sans conséquence sur la santé économique de la société – qui comme la plupart des organisateurs d’événements du vin, souffre inévitablement de l’impossibilité de tenir ses manifestations. Ainsi, une réduction des effectifs serait actuellement à l’étude au sein de Vinexposium, qui compte actuellement une cinquantaine de collaborateurs.

En attendant, la tenue de Vinexpo Shanghai, prévue pour fin octobre 2021, est maintenue. Et un Vinexpo New Delhi serait prévu autour des 9-10-11 décembre, en collaboration avec le SIAL (Salon international de l’alimentation).

Pour Rodolphe Lameyse, directeur général de Vinexposium, la stratégie de rebond passera par la création d’une nouvelle dynamique collective, pour mobiliser toute la filière et l’aider à se remettre en ordre de marche à travers un grand événement professionnel français. On peut imaginer qu’il na manque pas d’idées. Plus d’informations très prochainement.

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Alsace : Grands Crus en Fleurs, cap sur la biodiversité

Les vignerons du grand cru Praelatenberg s’unissent pour relancer la biodiversité en Alsace. Le 10 mars, ils ont planté un rang d’arbres fruitiers et d’arbustes au pied de leurs vignes. Cette opération Les Grands Crus en Fleurs est un premier test, l’ambition est de l’étendre à la totalité des 51 grands crus d’Alsace.

Si la vigne se plante au printemps, les arbres prennent normalement racine à la Sainte Catherine, ou tout au moins en novembre. C’est ce qu’avaient prévu de faire les vignerons d’Orschwiller-Kintzheim (Bas-Rhin) pour effectuer leur plantation de haies et d’arbres fruitiers. Le confinement est passé par là. Ils ont remis la plantation au 9 février, juste quand le froid et la neige sont venus rappeler à tous que l’hiver n’était pas fini. Finalement, la plantation a eu lieu sous le soleil le 10 mars, avec la présence active des 12 vignerons qui possèdent des vignes sur les 18,70 hectares du Grand Cru Praelatenberg de Orschwiller-Kintzheim. Littéralement « montagne des prélats », ce terroir a été reconnu dès 823 par les moines vignerons de l’Abbaye d’Ebermunster qui l’exploitaient. Il est orienté est-sud-est et convient particulièrement au riesling, qui en couvre 43% et au gewurztraminer (42%). Pinot gris (11%) et muscat (4%) se partagent le reste de la surface.

Des arbres fruitiers pour la biodiversité

Les Grands Crus en Fleur, le retour de la biodiversité est un projet initié par la section Grand Cru au sein de l’AVA (Association des Viticulteurs d’Alsace) : il fallait amener ou ramener la biodiversité sur les terroirs d’exception que sont les grands crus. Le projet doit s’étendre à l’ensemble des 51 grands crus d’Alsace, mais pour le moment, le Praelatenberg a été choisi comme galop d’essai. Sa situation au pied du Haut-Koenigsbourg, un des lieux les plus visités du Grand Est n’y est sans doute pas étranger. Dans la pratique, deux locaux ont amené le projet à sa concrétisation : Olivier Bemrich, vigneron aguerri, un des trois adhérents de la cave coopérative Les Faitières présents sur le cru et Pierre Engel, un jeune de 25 ans qui reprend avec son frère le domaine familial. Ils se sont appuyés sur l’expertise de deux associations, Alsace Nature qui milite depuis 1965 pour la protection de la nature et le développement de la biodiversité en Alsace et Haies Vives d’Alsace, association de promotion de l’arbre champêtre depuis 2013. Avec ces spécialistes, ils ont pu déterminer les essences à privilégier pour encourager la biodiversité en suivant les traditions locales. D’où la présence bien sûr de cerisiers, mais aussi de pêchers, de cormiers, de merisiers, ces derniers étant bien présents dans le bois au-dessus des vignes. Le projet est principalement soutenu par la caisse locale Groupama de Sélestat, mais les vignerons ont bon espoir d’être également aidés par les deux communes qui abritent leur grand cru.

Un effet rapide sur la vigne

Deux semaines après la plantation, Pierre Engel se réjouit en voyant les premiers bourgeons poindre sur les fruitiers. L’entretien est simple, il suffit d’arroser au début et surtout de pailler aux pieds afin d’éviter les adventices et maintenir l’humidité. Il se dit optimiste : « Dans la viticulture, on est lié au temps, mais l’effet des arbres et des haies devraient être rapide. D’ici cinq à dix ans, on verra certainement les bénéfices de la biodiversité ».

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Un nouveau directeur pour Blaye-Côtes-de-Bordeaux

L’appellation Blaye-Côtes-de-Bordeaux vient de se doter d’un nouveau directeur en la personne de Thibaut Layrisse, 37 ans. Il succède à Mickaël Rouyer, qui occupait ses fonctions depuis 2012.

De formation viticole technique complétée par un MBA Wine Marketing & Management à l’Inseec Bordeaux, Thibaut Layrisse a débuté sa carrière professionnelle comme responsable commercial de la société Wine In Tube France, spécialiste du conditionnement de vin en petits formats. Il a ensuite intégré la start-up Immunrise Biocontrol France en tant que responsable du pôle réglementaire & marché.

En tant que nouveau directeur de Blaye-Côtes-de-Bordeaux, sa mission principale sera de poursuivre la dynamique de promotion et de communication de l’appellation, notamment sur le digital, et d’accompagner les 430 vignerons de l’appellation dans la prise en compte des enjeux environnementaux. « Son expertise sur la démarches environnementales va nous être précieuse », témoigne Nicolas Carreau, le Président de l’appellation, dans un communiqué.

Premier rendez-vous d’importance pour le nouveau directeur : « Le Printemps des Vins de Blaye », qui aura lieu les 10 & 11 avril prochains dans une version portes ouvertes des propriétés.

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