Gel : Castex promet “des enveloppes exceptionnelles”

Le Premier ministre Jean Castex a promis samedi « des enveloppes exceptionnelles » pour aider les agriculteurs à faire face à l’épisode de gel qui a touché cette semaine 10 des 13 régions françaises, annonçant dans l’immédiat le déplafonnement du régime d’indemnisation des calamités agricoles.

Le gouvernement compte également « utiliser tous les moyens dont nous disposons en pareille circonstance, notamment par rapport aux charges », et va « réunir les banquiers, les assureurs et l’ensemble des acteurs qui vont pouvoir être mobilisés » pour répondre à cette crise, a-t-il ajouté après la visite d’une exploitation en Ardèche.

« À vous, agriculteurs qui, partout en France, avez lutté sans relâche, nuit après nuit, pour protéger les fruits de votre travail, je veux vous dire notre soutien plein et entier dans ce combat », a de son côté déclaré Emmanuel Macron dans un tweet. « Tenez bon ! Nous sommes à vos côtés et le resterons », a ajouté le chef de l’Etat.

Le gel qui a couvert une large partie de la France cette semaine s’annonce comme l’un des pires des dernières décennies, de nombreuses cultures, vignes et vergers en particulier, ayant été frappées du nord au sud du pays.

Le régime des calamités agricoles, déclenché vendredi par le gouvernement, indemnise les pertes de récolte et les pertes de fonds causées par des variations anormales d’intensité d’un agent naturel climatique (sécheresse, inondation, gel…).

Le Fonds des calamités agricoles est alimenté par une taxe de 5,5% sur les assurances obligatoires. Cette cotisation est plafonnée à 60 millions d’euros par an et l’État complète avec des subventions à hauteur des besoins en cas de sinistres climatiques importants. « Il nous faudra aller au-delà en dégageant des enveloppes exceptionnelles motivées par cette situation exceptionnelle », a expliqué M. Castex lors de son déplacement, assurant que « le gouvernement, l’État assumera les responsabilités qui sont les siennes ».

Face à des phénomènes climatiques qui « ont tendance à se répéter, on voit bien que tout ceci est lié au changement climatique qui est à l’oeuvre », a ajouté le Premier ministre. Il faudra selon lui « poursuivre et amplifier des actions structurelles » pour adapter à ce changement l’agriculture et l’ensemble de l’économie, à travers notamment la prochaine Politique agricole commune (PAC) européenne et le projet de loi sur le climat actuellement en discussion à l’Assemblée nationale.

« La France a besoin, et c’est aussi une question de souveraineté, d’une agriculture forte », a insisté Jean Castex à la fin de son intervention à Colombier-le-Cardinal.

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Gelées noires et nuits blanches en Rhône Nord et Jura

Plusieurs nuits de gel et en particulier dans le nuit du 6 au 7 avril ont eu raison de la plupart des bourgeons déjà sortis dans la vallée du Rhône septentrional et surtout dans le Jura. Les dégâts varient selon les secteurs, les parcelles, les cépages mais aucune appellation n’est épargnée. Certains producteurs ont même tout perdu lors de cette nuit d’un froid interminable.

Le Rhône Nord a été violemment touché par le gel, en particulier dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 avril où les températures sont descendues jusqu’à -6 à -7°C. Sur Condrieu et Côte Rôtie, « c’est une vraie catastrophe, estime Pierre-Jean Villa du domaine éponyme. Les secteurs précoces où les bourgeons étaient déjà sortis du coton et où il y avait quelques feuilles étalées, notamment pour le viognier, sont perdus de 60 à 100% ; c’est plus hétérogène sur les secteurs tardifs mais on risque également d’avoir des surprises quand tous les bourgeons seront sortis. C’est d’autant plus frustrant quand tout est en place dans le vignoble, que les baguettes sont pliées, la taille faite et les équipes d’ébourgeonnages prévues pour fin avril ». Le plateau de la Loire où il avait neigé la semaine dernière a enregistré les plus basses températures et dans la plaine, même les arboriculteurs qui ont tenté d’arroser ont quasiment tout perdu (les pertes en pêches, cerises, amandes et abricots vont sans doute dépasser les 80%).

Sur Saint-Joseph, ce sont les bas de coteaux qui ont été touchés à 90-100% et les bourgeons des coteaux ont grillé de 30 à 70% tandis qu’en altitude, au-dessus de 280-300 m, les températures sont restées positives. « Ce n’est pas la gelée printanière habituelle, reconnait Joël Durand, du Domaine Durand et président de l’appellation. Mais un phénomène inédit avec une masse froide générale qui dure longtemps car il faisait encore – 3°C à 8 h du matin. Nous avons souvent des gels méchants fin avril mais ici, après une semaine estivale fin mars – 25-27°C, c’est anorma l— qui a fait sortir les bourgeons et des sols très secs qui n’ont pas restitué la chaleur à l’air, ce retour de l’hiver a été violent ». On n’avait pas vu une telle catastrophe depuis longtemps; les plus anciens parlent de 1938, d’autres de 1947 quand les vignes des environs de Tournon qui avaient déjà poussé de 40-50 cm avaient gelé un 3 mai.

Les viticulteurs ont fait feu de tout bois pour tenter de limiter les dégâts d’autant que l’épisode de gel était annoncé depuis plusieurs jours. Mais rares sont ceux qui ont déjà la culture de la bougie comme Stéphane Montez qui s’est équipé dès 2003. « On a un peut tout sorti, les braseros, les feux de camps et les bougies qu’il est parfois difficile de trouver au dernier moment quand on n’a pas de stocks, reconnait Mathilde Chapoutier, DG de la Maison M.Chapoutier. Quand à l’hélicoptère, outre son coût, ça ne sert à rien avec des températures aussi basses. On était déjà à 0°C à minuit et il n’est pas facile de gérer sur la longueur jusqu’à l’aube mais on se sera battu comme on a pu. Maintenant, on va attendre que l’ascenseur émotionnel redescende un peu, faire quelques traitements biodynamiques pour aider la vigne à cicatriser et repartir et on fera les évaluations dans une quinzaine de jours ».
Même la grande éolienne antigel de La Roche-de-Glun qui s’est mise en route dès 23h (elle ne l’avait jamais fait avant 3h) et a tourné jusque 8h s’est révélée inefficace. « Beaucoup ont perdu leur récolte après s’être battu pour rien et en plus, après avoir dépensé beaucoup d’argent » avoue Joël Durand. « Le pire est de savoir que dans ces conditions, il n’y a aucun moyen de lutte qu’ils soient mécaniques, bio ou autres » fulmine Pierre-Jean Villa. « On va quand-même passer des tisanes de valérianes et d’achillée millefeuille pour tenter de ramener un peu de chaleur autour de la plante et la booster mais il est clair qu’on ne fera pas de miracle ».

Si la colline de l’Hermitage semble avoir limité les dégâts, l’appellation Crozes-Hermitage semble également avoir été « en grande partie épargnée, notamment dans le Sud où se concentre 80% des volumes », estime Yann Chave, du domaine éponyme et co-président de l’AOP. Le nord de l’appellation sur Crozes, Larnage et Erôme a en revanche été sévèrement touché. Seule consolation, une grande solidarité entre vignerons et avec les habitants. « Nous avons reçu beaucoup de messages de soutien et même de propositions d’aides sur les réseaux sociaux, ça réchauffe un peu le cœur », conclut Mathilde Chapoutier.


Ci-dessus : Domaine Ratte dans le Jura

Trois nuits de souffrance dans le Jura

Les derniers jours dans le Jura ont également été particulièrement douloureux et les viticulteurs pourraient avoir perdu entre 60 et 90% de leur récolte. La neige tombée la semaine dernière avait humidifié les vignes et donc accéléré l’impact du gel. « Ce n’est plus des gelées blanches de printemps mais bien des gelées noires avec un froid partout en altitude sans compter l’humidité, explique Jean-Michel Petit du Domaine de la Renardière à Pupillin. Les bougies ont réussi à sauver une partie des bourgeons la première nuit mais la deuxième il faisait trop froid et la troisième a rajouté encore une couche. La situation est très différent de 2017 qui était déjà catastrophique – on n’avait récolté qu’un raisin par pied alors que cette année, on peut espérer récolter 5-6 grappes par pied et atteindre 15 hl/ha car le deuxième bourgeon n’était pas encore sorti ». En 2019, l’impact était très varié selon les secteurs, le gel ayant surtout frappé la région d’Arbois ; en 2021, tous les secteurs ont été abîmés par ce gel d’hiver après un magnifique week-end de Pâques chaud et ensoleillé qui a largement contribué à faire sortir les bourgeons. « Mais geler un 7 avril, ça n’est jamais arrivé ici ; en général, on prend un gel de printemps entre le 20 et le 30. S’il fait beau pendant les trois prochaines semaines, on peut encore sauver une partie de la récolte ».

A Pupillin, les chardonnays et les poulsards ont été dégommés, les trousseaux pour la moitié et ce sont sans doute les savagnins qui s’en sortent le mieux, autour de 20% de pertes. Même constat chez Benoit Badoz du Domaine Badoz qui a perdu tous ses poulsards et trousseaux, 70% de ses pinots noirs et de ses chardonnays. « Seuls les coteaux les plus en hauteur ont été un peu plus préservés surtout le savagnin parce que c’est un cépage plus tardif ». Pas moins de dégâts sur Arbois au domaine Ratte où « tout est grillé, les jeunes pieds tout noirs et on saura dans 15 jours pour les savagnins, pas tous débourré »s, déplore Françoise Ratte dont le domaine familial avait déjà gelé à 90% en 2019. « Trois nuits de suite, c’était trop. La première nuit, les bougies ont plutôt été efficaces mais comme c’est un lourd investissement, on n’est équipé que pour 2 ha sur les 9, ce qui revient quand-même à 3500€ et les bougies ne durent que 8h. Comme la deuxième nuit, il y a eu également de la neige mais vaporeuse qui n’a rien protéger, ça n’a pas arrangé la situation et la troisième nuit, il faisait ‘seulement’ -1*C mais nous n’avions plus de bougies ». Peu de recours car les traitements à la valériane et à l’achillée et les infusions ne fonctionnent pas en dessous de 2°C. « Ce qui est le plus décourageant, c’est de déployer une énergie de dingue, mettre en place toutes les bougies dans le vignoble, les allumer à 2h du mat’ et stresser avant, pendant et après… pour rien, conclut Jean-Michel Petit. Et comme maintenant, ça revient tous les deux ans. Ajoutez à cela, la flambée du prix du foncier, il devient difficile d’être vigneron dans ces conditions… »

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Gel : le gouvernement va activer le régime de calamité agricole

Le gouvernement va déployer le régime de calamité agricole à la suite de l’épisode de gel qui a touché de nombreuses régions et cultures ces derniers jours, a annoncé jeudi soir Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, évoquant un événement « particulièrement difficile ».

« Notre mobilisation est totale pour que les mesures d’accompagnement soient mises en place le plus rapidement possible. On va lancer notamment la mise en œuvre du régime de calamité agricole », a déclaré le ministre sur France Info. « On va étudier également les dispositifs fiscaux habituels que nous pouvons mettre à disposition de ces agriculteurs qui sont face à ces difficultés », a-t-il ajouté, tout en précisant qu’il est encore trop tôt pour déterminer le coût exact des dégâts, notamment car d’autres épisodes de gel sont à craindre ces prochains jours.

Une chose est déjà sûre à ce stade, « les pertes sont importantes », a prévenu le ministre. Celui-ci a par ailleurs promis la pleine mobilisation des assureurs et des banquiers pour accompagner les exploitants touchés.

« On est aujourd’hui face à une situation qui est tout à fait exceptionnelle, qui est particulièrement difficile, qui touche un grand nombre de cultures, la viticulture bien sûr, l’arboriculture, mais aussi les grandes cultures comme celles de la betterave, du colza », a détaillé M. Denormandie, évoquant une « violence assez inédite ». « On est en train de faire l’évaluation chiffrée, ce qu’on constate c’est que énormément de régions sont aujourd’hui impactées, que ce soit au nord de l’Ile de France jusqu’au sud-est et une partie du centre du pays », a-t-il dit.

Les Régions de France demandent « un fonds d’urgence dédié »

De son côté, l’association des Régions de France a demandé vendredi au gouvernement la création « d’un fonds d’urgence dédié » après l’épisode de gel qui a endommagé « des pans entiers de notre agriculture ». « Face à l’ampleur des dégâts, le fonds de calamités ou les solutions classiques, comme le report de charges ou des impôts, apportés en cas d’épisode de gel, doivent être renforcés par un effort exceptionnel permettant la compensation des charges et des pertes de recettes », affirme Régions de France dans un communiqué.

Les Régions « demandent au gouvernement de mettre en place ce mécanisme au nom de la solidarité nationale ». « Le risque, aujourd’hui, est de voir de nombreuses exploitations disparaître », soulignent-elles. « Il faut à tout prix mettre en place un dispositif à la hauteur du sujet et des pertes rencontrées par nos agriculteurs ».

La création d’un fonds spécial d’indemnisation a déjà été réclamée par le président LR du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.

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Médoc : Agassac change de mains

Le récent propriétaire du château Fourcas Dupré, Gérard Gicquel, confirme sa soif de Médoc en achetant le château d’Agassac à Groupama.

Ce fut après de nombreuses virgules, de parenthèses et de petits tirets que la vente fut finalisée d’une signature, en bas, à droite. Ainsi, Groupama, qui possédait le château d’Agassac depuis 1996, promu Cru Bourgeois Exceptionnel l’an passé, a trouvé un acquéreur. Ce mois d’avril 2021, Gérard Jicquel, entrepreneur breton, devient le nouveau propriétaire de ce Haut-Médoc au foncier – comme au potentiel œnotouristique – magnifique. « Ce projet répond au développement du groupe familial avec des investissements ambitieux dans le service aux entreprises, autour de « l’hospitality » porté par le groupe Beautiful Life Hotels avec déjà 10 établissements hôteliers haut de gamme et dans le domaine viticole avec l’acquisition de château Fourcas Dupré », indique le communiqué. Beautiful Life Group conforte ainsi sa présence dans le vignoble médocain avec un volume de 500 000 bouteilles. Lucas Leclercq, directeur général du nouveau pôle viticole, présidera aux destinées du château de la Belle au Bois Dormant…

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Vallée du Rhône : épisode noir pour gelées blanches

La nuit du 7 au 8 avril laissera des traces dans le vignoble rhodanien. Le gel a fait d’énormes dégâts, les vignerons sont très pessimistes.

Feux de fossés et de bottes de paille, tous les moyens ont été mis en œuvre par les vignerons pour faire face à la vague de froid descendue de l’Arctique. L’énergie déployée n’a, malheureusement, eu aucun effet. Du Nord Vaucluse, en passant par la Drôme provençale, jusqu’à Châteauneuf-du-Pape, toutes les AOC de la vallée du Rhône ont été touchées, certaines énormément selon le premier état des lieux.

En ce début avril, la végétation était déjà bien avancée. Avec les fortes chaleurs de la fin mars, la vigne avait débourré rapidement. Les cépages précoces comme le viognier, la syrah et le grenache sortaient même leur deuxième feuille, particulièrement sur les plantiers.
Avec des températures négatives de -3 à -5 et jusqu’à -9 dans le vignoble du Ventoux, ces derniers n’ont eu aucune chance. Seules les parcelles en coteaux ont été un peu moins touchées. C’est le cas à Visan, en appellation Côtes-du-Rhône-Villages communale où, grâce à la conjugaison de l’altitude et du fort Mistral qui avait asséché la végétation, les dégâts sont moindres. Toutefois, Pascal Tourniayre, le président de la cave coopérative Les Coteaux, déplore une perte flirtant avec les 90 % dans les garrigues, hors parcelles taillées tardivement. Même triste tableau à Suze-la-Rousse où les carignans et les grenaches ont gelé à hauteur de 90 %.

À Châteauneuf-du-Pape, le phénomène est similaire sur les jeunes vignes. Mais, grâce à un débourrement inégal, les vignes plus âgées s’en sortent mieux. Carignans, mourvèdres et clairettes ont été épargnés, par exemple au domaine de La Bastide Saint Dominique.
Même s’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les pertes réelles, le pronostic du millésime 2021 est bien engagé. Les pluies annoncées dans les prochains jours relanceront la végétation et l’espoir des vignerons.

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Languedoc : une gelée noire exceptionnelle dévaste les vignobles

L’épisode de gel dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 avril a dévasté une grande partie des vignobles du Languedoc. Du Pic Saint-Loup à Saint-Chinian, en passant par les Corbières, le Minervois, le Limouxin, Faugères, les Terrasses du Larzac, rien n’a finalement été épargné ou presque. La future récolte 2021 s’annonce déjà famélique.

« Catastrophique », « désastreux », « désolant », les qualificatifs ne manquent pas à l’heure d’un premier bilan suite au sévère et historique épisode de gel qui a frappé les vignobles languedociens dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 avril. Une vague de froid qui est descendue, fait assez exceptionnel, jusqu’à la Méditerranée. Et ce, quelques jours après un épisode printanier qui avait engendré un débourrement (la sortie des bourgeons) massif. « Aujourd’hui, on peut dire que 100 % des surfaces viticoles héraultaises (environ 80 000 hectares) sont touchés par le gel et la moitié affiche des pertes à hauteur de 80 %, assure Jérôme Despey, le président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault. La zone la moins impactée se trouve à l’est, du côté de Beaulieu, Saint-Christol, Lansargues, Saint-Geniès-des-Mourgues où on considère que seulement 30 % des surfaces sont impactées. » Dans la région, le Haut du Minervois a également moins subi comme le confirme Delphine Gangletas, directrice technique du domaine de l’Ostal : « Pas de dégâts à la Livinière, nous sommes restés en températures positives, nous devons être les rares privilégiés du Languedoc. »

La partie ouest de Montpellier durement touchée

En revanche, du côté des Corbières (65 à 70 % de parcelles impactées selon Bernard Augé, le directeur des IGP de l’Aude), de Cabardès, de Malepère (Stéphane Roux, le directeur de la Fédération Sud des AOC, estime qu’il s’agit de l’appellation la plus touchée) ou du Limouxin, le gel a frappé fort. « A priori, aucun secteur n’a été épargné sur notre zone d’appellation, de façon plus ou moins importante, détaille Marlène Tisseire, la directrice du syndicat de l’AOC Limoux. Les dégâts concernent principalement les cépages précoces (Chardonnay et Pinot Noir) dans des proportions très variables. » « C’est quasiment du jamais vu, relance Isabelle Vermorel, la présidente de l’AOC Grès de Montpellier, qui évalue la perte de récolte de 30 à 90 % selon les endroits. La partie ouest, Aumelas, Saint-Pargoire, Gignac, Cournonsec, Villeveyrac a notamment été durement touchée. » À Aniane aussi, le constat est implacable. « Le mercure est descendu à -5,5°C chez nous, les cépages blancs dont la maturité est plus avancée ont payé un lourd tribut, confirme Roman Guibert de l’historique Mas de Daumas Gassac. Sur ces parcelles, on estime environ à 50 % de perte sur la prochaine récolte en étant optimiste. Le cabernet a été plus épargné puisqu’on estime que 70 % de la production n’a pas été touché. »

L’appellation Terrasses du Larzac affectée à 80 %

En dépit des dispositifs de protection mis en place par les vignerons, « dans l’ensemble, tout le monde est touché, constate Jean-Philippe Granier, directeur technique de l’AOC Languedoc. Des zones qui n’avaient jamais gelé depuis cinquante ans, et notamment depuis le fameux gel de 1956, l’ont été. Dans beaucoup d’endroits, la perte de récolte est de 50 %. C’est énorme car certaines parcelles sont raclées, et ça m’étonnerait que ça repousse. L’appellation Terrasses du Larzac est affectée à 80 % ». Au nord de l’Hérault, où les températures ont atteint « -7 à -8°C dans la plaine de Vacquières, déclare Sophie Landreau, directrice de l’AOC Pic Saint-Loup, la situation dans l’appellation est hétérogène. On table pour l’instant sur 50 % de pertes ». Confirmation du côté du Mas Peyrolle : « Hier, j’ai vu pas mal de collègues en détresse car on a ramassé assez sévère ici dans le Pic Saint-Loup, explique Jean-Baptiste Peyrolle, le vigneron. On a perdu au moins la moitié de la production, c’est quasi une certitude. Les grenaches, plus précoces, sont ravagés. Quant aux syrahs, on va encore attendre mais ça s’annonce pas glorieux non plus. » Pour Maxence Panchau, c’est pire : « Je viens de finir le tour de mes parcelles et je pense que je vais frôler les 80 % de perte, déplore le vigneron du domaine Caussarelle. Même certains bourgeons dans le coton ont grillé, c’est dire l’ampleur de la catastrophe ! »

« Certains vignerons ont tout perdu ! »

En AOC Picpoul de Pinet, dans l’Hérault, « 15 à 90 % des vignes sont touchées. C’est descendu très bas, jusqu’en bordure du Bassin de Thau », témoigne Céleste Renaud, directrice du syndicat. Dans l’appellation Saint-Chinian, le gel a grillé « grosso modo 50 % des vignes. Seules quelques parcelles sur les hauteurs ont été préservées. » Même chose pour l’AOC Faugères : « Les zones de plaine ont beaucoup souffert. Sur les coteaux, la situation est hétérogène. Fos et Faugères ont été assez préservées. » Sur l’appellation Pézenas, les dégâts sont estimés entre 20 et 90 % de parcelles gelées. « Les vignes dans les vallons et les cours d’eau ont été saisies par le gel. Celles qui se trouvent en hauteur ont été plus épargnées. » Directrice de l’IGP Hérault, Sylvie Olivet est dépitée : « C’est catastrophique. En zone d’indication géographique protégée, on estime la perte de récolte entre 60 et 90 %. Certains vignerons ont tout perdu… ». À l’est du Languedoc, « les pertes sont évaluées entre 60 et 70 % en Cévennes gardoises », livre Dany Pérégrine, directeur des IGP Sud de France. « Dans un contexte économique difficile marqué par la crise sanitaire, la fermeture du secteur de la restauration, les taxes Trump sur les USA, c’est un événement climatique particulièrement brutal qui vient fragiliser plus encore la filière viticole française, a réagi Miren de Lorgeril, présidente du CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc). Comme toujours, nous saurons faire preuve de résilience, mais nous aurons besoin du soutien de l’État à la hauteur du préjudice subis et de la contribution de notre filière à l’économie et à l’image de la France. »

Témoignage émouvant d’Émilie, du domaine La Grande Canague, à Montady

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