Provence : Château Malherbe sur la voie de la biodynamie

Le Château Malherbe sur le littoral varois a repensé tout le travail au vignoble avec une nouvelle équipe pour passer en biodynamie.

C’est une vraie révolution à la Malherbe sur les contreforts du Cap Bénat. Le vignoble de 25 hectares de Côtes-de-Provence au bord de la Méditerranée s’était déjà converti en bio, certifié depuis 2014 après un demi-siècle sans pesticides ni produits de synthèse, mais “il restait une certaine insatisfaction en vignes après un gros travail sur les vinifications, avoue Sébastien Ferrari, propriétaire du domaine avec son frère et dont la mère Mireille avait transformé en 1965 l’ancienne ferme du Fort de Brégançon en domaine viticole. La nouvelle cave prévue il y a deux ans et qui devait être confiée à Jean-Michel Wilmotte attendra. « Nous avons pris le taureau par les cornes il y a deux ans pour tout remettre à plat et après mûres réflexions, nous nous sommes lancés dans la biodynamie”. Jannick Uttard qui avait déjà converti en bio le domaine de la Navicelle et pour qui la biodynamie est aussi une évidence a été embauché en 2019. Il a eu pour mission de créer une équipe en interne “pour se réapproprier les parcelles et arrêter d’externaliser le travail des vignes qui est une pratique courante en Provence mais pas toujours compatible avec un haut niveau d’exigence”, reconnait Sébastien Ferrari. Le nouveau chef de culture s’est engagé dans une année de remise en état et de travail des sols en “gratouillant” pour réinstaller une flore annuelle propice aux réserves hydriques et en évitant un enherbement total, trop concurrentiel dans ces contrées chaudes du littoral varois. “Une présence quotidienne est indispensable pour faire évoluer la vigne en fonction des observations et trouver les bonnes fenêtres de tir en fonction de la météo pour optimiser les applications. Sur 25 hectares, c’est possible” estime Jannick Utard qui compte soigner les vieilles vignes cinquantenaires de Malherbe, certaines ayant plus de 80 ans mais donnant encore de beaux raisins. Le premier traitement à la bouse de corne a été fait le 12 avril et le tandem n’en est pas peu fier. Il espère même obtenir une certification Demeter dès cette année.

Le retour des blancs

A La Pointe du Diable, l’autre parcelle des Ferrari côté mer, la production de blanc avait été arrêté avec le millésime 2016 et les vignes, plus jeunes, avaient été dédiées au développement des rosés et des rouges. “Mais en acquérant une parcelle voisine de 3-4 hectares qui était la propriété des Tezenas (Château de Brégançon), nous avons récupéré de vieux ugnis blancs, plus tardifs et plus nerveux que les rolles, et nous avons décidé de refaire des blancs à la Pointe du Diable en assemblage avec une parcelle voisine de sémillon” précise Sébastien Ferrari. La Pointe du Diable au terroir d’alluvions sableuses et de quartz a également replanté des porte-greffes résistants au sel pour ses grenaches.

En attendant de réfléchir à de nouvelles installations, le travail en cave n’est pas en reste avec une nouvelle politique “la moins interventionniste possible à partir de raisins refroidis en cagettes, sans éraflage ni remontage, juste un foulage au pied avec en 2021, des vinifications dans des contenants divisés par deux et en levures indigènes pour les rouges”, détaille Jannick Utard. Ici pas de négoce mais Malherbe offre désormais deux gammes, Château dans les trois couleurs et Grand Vin avec cette année, un blanc 2016, la couleur de prédilection du domaine (il n’y aura pas de 2017 ni 2018). Un Grand Rosé est prévu l’an prochain et à terme un Grand Rouge à partir des vieilles vignes de grenache, cinsault et mourvèdre. Depuis le millésime 2020, la Pointe du Diable est à à nouveau élaborée dans les trois couleurs (17,80€ à 24€). Des habillages épurés accompagnent le virage sur toute la gamme.

Ci-dessous : Sébastien Ferrari et Jannick Utard (©F.Hermine)

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Amal et George Clooney rachètent un domaine varois

Le célèbre couple formé par l’acteur américain George Clooney et sa femme Amal, avocate libano-britannique, devrait signer dans quelques jours le rachat du Domaine de Canadel à Brignoles (83), non loin de Miraval, propriété des Pitt-Jolie.

Les Clooney ne vont sans doute pas acheter le Domaine du Canadel pour son vin. Il n’y en a pas. Ne pas confondre d’ailleurs avec le Château du Canadel, propriété des Châteauvieux à Bandol et exploitée depuis 12 ans par la fille, Laure et son mari Vianney Benoist. Les quatre hectares de vignes du Domaine de Canadel, au cœur du Var, au milieu des 172 hectares de la propriété brignolaise, ont été confiés il y a 20 ans à l’œnologue-conseil Laurence Berlemont et les raisins sont livrés à la coopérative locale. Le vignoble, uniquement en cépage blanc (rolle), a été converti d’emblée en bio comme tous les vins de la cave de Correns, seul village entièrement bio de France. Les vignes sont plantées dans un cirque de restanques au sein d’un parc de quelques centaines d’oliviers.

D’abord un lieu de villlégiature

Le domaine est avant tout un lieu de villégiature, une belle bâtisse du XVIIIe siècle blottie derrière une haie de cyprès, dans une forêt de chênes et de pins qui ne va pas simplifier le travail des paparazzi. La maison de 900 m2 sur trois étages comprend des jardins à la française, une piscine, un lac, un court de tennis, un terrain de pétanque… La transaction, estimée entre 5 et 10 M€, devrait être signée le 5 mai prochain. La propriété, entre la commune du Val et le golf de Barbaroux, appartenait depuis 1992 à un homme d’affaires australien qui y passait plusieurs semaines par an. La maison avait été entièrement réaménagée un an plus tard par l’architecte designer Bruno Lafourcade, disparu en 2016 et dont le cabinet de Saint-Rémy de Provence tenu par sa femme Dominique et son fils Alexandre a également signé la rénovation des Châteaux de Berne et Estoublon, l’Abbaye de Pierredon…

Le maire de Brignoles, Didier Brémond, se félicitait dans la presse locale et sur France Bleu de l’arrivée de ce nouveau résident de notoriété internationale qui offrait un beau coup de projecteur à sa commune et au Centre Var, déjà connue grâce au rachat par le couple Pitt-Jolie de Miraval à Correns, dont les rumeurs de vente, suite à la séparation du couple de stars, se sont d’ailleurs révélées infondées. Canadel n’est également qu’à quelques kilomètres du Château Margüi à Châteauvert, propriété de George Lucas depuis 2017 via Skywalkers Vineyards. “On n’avait pas vu une telle effervescence à Brignoles depuis longtemps, ironise Jean-Jacques Bréban, président de l’interprofession des vins de Provence et également brignolais. La bonne nouvelle, c’est que l’on parle de la Provence verte. George Clooney et sa femme y trouveront sans doute plus un paradis de tranquillité que sur le littoral tropézien”.

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Nouvel Extra Brut de Champagne Gosset : décomplexé

On peut être une Maison de Champagne qui veut faire d’abord des grands vins plutôt que simplement de la bulle et promouvoir en même temps une approche décomplexée, qui s’adresse à un public plus large pour une consommation sans cérémonial, spontanée et conviviale. C’est toute l’idée de la nouvelle cuvée Extra Brut lancée par le champagne Gosset.

Avec son “flacon antique” sans étiquette, ses fermentations malolactiques bloquées, ses vieillissements sur lies très longs et travaillés, le champagne Gosset a un style bien marqué. “Nous sommes les derniers à avoir des vins sur pointe, qu’on fait passer plusieurs mois ainsi, parce qu’on a toujours besoin de l’influence des lies, mais plus forcément de cette grande interface qui risque de nous faire basculer vers un style trop réductif » souligne Odilon de Varine, son directeur général. Et lorsqu’il nous explique qu’il existe deux catégories de champagne “ceux pour qui la bulle est un support du vin et ceux pour qui le vin est un support de la bulle”, on imagine sans peine que Gosset se rattache à la deuxième école, celle qui cherche d’abord à élaborer de grands vins, qu’elle sublime ensuite par l’effervescence.

Seulement voilà, quand on est la plus vieille maison de vins de la Champagne (fondation en 1584), on sait mieux que quiconque que ce n’est sûrement pas en restant immobile, fossilisée sur un modèle, qu’on peut réussir à perdurer et à traverser toutes les époques. D’où cette envie de la Maison de faire bouger les lignes et de montrer qu’elle est capable de tout faire, de s’adresser à de nouveaux publics, d’innover. Le Rosé petite douceur, dosé en Extra Dry (17g) et proposé pour un brunch s’inscrivait déjà dans cette perspective. Suivant la même démarche, Gosset vient de lancer une nouvelle cuvée très singulière dans sa gamme : l’Extra Brut.

Gabrielle Malagu, la cheffe de caves explique : “Nous voulions que des personnes non expertes puissent commencer à découvrir notre savoir-faire par un champagne plus abordable à la dégustation, moins déroutant pour des novices. On est sur des arômes fruités, la pêche de vigne, la mirabelle, les fruits à chair jaune du mois d’août, c’est-à-dire du milieu de l’été, donc pas trop mûrs. Ils ont de la gourmandise mais encore de la fraîcheur. La balance entre l’acidité, le sucré, et les arômes très chaleureux est parfaite : on a ce côté rond, avec une belle texture crémeuse et en même temps on garde un peu de tension. C’est un Extra brut qui se goûte un peu comme un Brut, ce qui en fait un champagne décomplexé, de toute occasion, de convivialité, spontané…”

Base 2016 avec quatre ans de vieillissement sur lies

Certes, les cuvées Celebris sont déjà dosées dans la catégorie Extra Brut, parce qu’on a jugé après coup que cette proportion convenait bien au vin. La nuance ici c’est que dès l’assemblage on a voulu imaginer un vin pour ce type de dosage. Par ailleurs, les cuvées Celebris ont une élégance un peu austère et droite, alors que cet Extra Brut grâce à un dosage plus élevé (4,8g) garde une certaine gourmandise. La cheffe de caves, exceptionnellement, n’a pas bloqué les fermentations malolactiques, ce qui renforce encore cette rondeur tout en permettant à la cuvée d’arriver plus vite à maturité. On est en effet sur une base 2016 avec quatre ans de vieillissement sur lies alors que les cuvées Celebris vieillissent 10 ans en cave. Enfin, contrairement au reste de la gamme, l’assemblage intègre aussi, à côté du pinot noir (40%) et du chardonnay (28%), le meunier, un cépage qu’on ne retrouvait que sur le Brut Grande Réserve et en faible proportion (10 %). Peut-être moins profond mais plus charmeur que les deux premiers, il apporte une chair et une générosité supplémentaires.

Cette dimension décomplexée se lit jusque dans la forme de la bouteille, une champenoise classique, qui tranche là aussi. “Ce qui est amusant, c’est que notre responsable de production, Yvain, qui n’était pas dans le monde du champagne avant d’arriver chez Gosset et qui ne connaissait donc jusqu’ici que l’habillage de notre gamme considère qu’une bouteille standard, c’est notre bouteille datée du XVIIIe siècle qui n’a pas d’étiquette mais juste une collerette ! Alors pour lui cette bouteille classique avec une étiquette est une spéciale…”

Prix recommandé : 38 €
https://boutique.champagne-gosset.com

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[PRIMEURS] Le regard de Ronan Laborde, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux

Tout au long de la période des Primeurs et en avant-première du n°71 de Terre de Vins qui sortira en kiosques le 19 mai prochain, des figures du vignoble bordelais nous font partager leur regard sur le millésime 2020 et la campagne qui s’annonce.

Après une présentation réorganisée en 2020 pour cause de Coronavirus, la campagne primeurs 2021 prévue à Bordeaux et dans neuf autres villes du monde (New-York, San-Francisco, Londres, Paris, Bruxelles, Zurich, Francfort, Shanghai, Hong-Kong) s’annonce-t-elle comme une renaissance pour les grands crus de Bordeaux sur la scène internationale ?
“Je ne pense pas que ce soit une renaissance. L’an dernier, la campagne s’est quand même déroulée dans un nouveau format, qui ressemble de très près à ce que l’on propose cette année. Elle a été un événement fort qui a redonné le sourire aux professionnels comme au client final. Ce millésime 2020 suscite de l’attention, et sans doute des attentes. Cela nous tient à cœur de présenter ces vins savoureux jeunes, et offrant un grand potentiel de garde, à ceux qui sont là pour les commenter, les juger, les vendre. Alors que la pandémie est toujours présente, ce format nous permet de pérenniser nos actions de façon plus intimiste et encore plus professionnelle.”

Terre de Vins n°71, spécial Primeurs 2020 à Bordeaux, en kiosques le 19 mai.

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