[Vidéo] 4e cérémonie des Trophées de l’Œnotourisme

Organisé par Terre de Vins, en collaboration avec Atout France, Les Trophées de l’Œnotourisme, réunissent les acteurs de la filière viti-vinicole hexagonale autour de son attractivité touristique.

Après une étude minutieuse de 340 dossiers, 18 lauréats répartis en neuf catégories ont été récompensés dans le cadre emblématique de l’auditorium de la Cité du Vin.

Le palmarès 2022 des Trophées de l’Œnotourisme et les photos de la cérémonie sont disponibles en cliquant sur ce lien.

Le Top 100 2022 des Trophées de l’Œnotourisme est disponible en cliquant sur ce lien.

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[Pauillac] Jan Voss épouse Lynch-Bages

Le nouveau Château Lynch-Bages, récemment inauguré, poursuit sa coopération artistique débutée en 1989 avec la galerie newyorko-parisienne Lelong. C’est au tour de Jan Voss d’éclairer le Grand Cru Classé 1855 de Pauillac, et ce jusqu’au 30 octobre.

Natif de Hambourg, le jeune homme Jan Voss fait son Grand Meaulnes dans les années 1950 en fuyant le domicile familial pour découvrir un ailleurs. Ce sera la Turquie en auto-stop jusqu’à ce que son père lui envoie un billet de train retour. Il revient avec sous le bras des dessins qui lui permettent d’entrer à l’Académie des beaux-arts de Munich. Sa deuxième « évasion » sera la France et la figuration narrative, un mouvement qui s’oppose au pop art américain pas assez engagé aux yeux des adeptes de cette école artistique. Le peintre – également graveur – s’éloignera progressivement de ce mouvement et imprime son style où ses œuvres racontent des histoires. Avec une obsession : la ligne et son mouvement perpétuel. « Les lignes sont les mouvements d’un tableau, son activité, explique-t-il. L’activité d’un tableau est souvent extrêmement déconcertante, on voudrait bien comprendre où elle veut en venir avec tous ses parcours, ses sauts et arrêts subits. Mais quand parfois les lignes, en perte de vitesse, languissent, il faut les secouer sérieusement pour qu’elles ne s’endorment pas. Surtout ne jamais concéder de repos à une seule ligne ! ». Faussement désinvolte, produit d’un recyclage de tout ce qui lui tombe sous la main (planches, cartons, chiffons…), son art est lumineux, cohérent et dense. Une quinzaine d’œuvres exposées dans le cuvier historique de la propriété attendent l’amateur d’art et de vin.

Visite sur rendez-vous.

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[Provence] Le chemin des anges prend son envol

La nouvelle dénomination régionale Notre-Dame-des-Anges, la cinquième de Côtes-de-Provence, était à la fête et à la découverte la semaine dernière avec un premier événement œnotouristique organisé au château Réal d’Or à Gonfaron (83).

L’appellation qui présente son troisième millésime avec le 2021 avait voulu initié un événement spécifique, ni portes ouvertes ni randonnée gourmande déjà organisée par la dénomination Pierrefeu. Elle a donc imaginé une balade découverte entre vignes et forêts baptisée Sur le Chemin des Anges. Deux parcours étaient proposés de 4 et 12 km ponctués d’ateliers pour raconter la biodiversité, la faune, la flore, l’apiculture, le travail du liège, la prévention des incendies et bien sûr le vigne et les cépages.

Plus de 200 visiteurs s’étaient inscrits pour participer à celle nouvelle aventure mise en place au château Réal d’Or à Gonfaron (83). Chacun partait avec une carte pour suivre l’itinéraire avec quelques charades et énigmes à résoudre en chemin, notamment en écoutant les passionnants intervenants des différents thèmes. Le jeu pour toute la famille était orchestré façon escape game par la société LogicEscape du Luc avec la précieuse aide des Vins de Provence et de Cœur de Var tourisme. L’occasion de gagner quelques bouteilles mais également d’apprendre à reconnaître la lavande des îles d’Hyères, le myrte ou la ciste, pourquoi la réserve des Maures s’appelle ainsi, de tenter d’apercevoir une tortue d’Hermann ou un aigle Saint Jean le Blanc, de comprendre le cycle des cigales (cacan en provençal) ou la vie des abeilles, comment prélever le liège d’un arbre avant d’en faire un bouchon et quels cépages retrouve-t-on dans les rouges et les rosés de Notre-Dame-des-Anges….avant de goûter les vins de la dizaine de domaines de l’appellation présents devant le château Real d’Or. D’autres ateliers permettaient d’en apprendre davantage sur la façon de faire du miel ou du compost et de déceler le goût de bouchon dans un vin avec la société Diam.

Après ce joli succès, l’aventure devrait être renouvelée tous les ans, sans doute avec un seul parcours et un système de pré-ventes sur internet pour mieux gérer les départs échelonnés des visiteurs qui pourraient être limités à 300. « Nous pourrions le refaire à Réal d’Or l’an prochain car nous sommes encore en période de calage mais le lieu pourrait changer les années suivantes à condition de rester sur l’appellation, précise Eric Pastorino, président des vins de Provence. Nous étudions également la possibilité de l’avancer un peu plus tôt en mai pour éviter la chaleur mais surtout pour voir davantage d’orchidées ».

Photos: ©F. Hermine

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Défi de Bacchus 2022 : les grandes écoles toujours au top

La 21ème édition du Défi de Bacchus, regroupant les associations d’œnologie étudiantes pour s’affronter le temps d’une journée et organisé par les membres de l’association Sup’de Coteau de l’EM Lyon à l’Intercontinental, a encore marqué le haut niveau des participants.

Des épreuves périlleuses

Comme à l’accoutumée, les participants ont dû passer trois épreuves, et les finalistes une épreuve supplémentaire pour les départager.

Le jury, composé de Frédéric Schaff (caviste à Lyon), Michael Cuennet (directeur général d’iDal, partenaire officiel du concours) et de Damien Gateau (critique gastronomique et agent commercial en vin), a donc assisté à une épreuve pointue de culture générale, une dégustation de quatre vins blancs à l’aveugle et de quatre vins rouges où l’enjeu était évidemment d’identifier, pays producteur, appellation, millésime, producteur, cépage(s).

Les quatre blancs dégustés furent un Riesling Grand Cru Muenchberg 2017 de Wolfberger, un Larrivet Haut-Brion (Pessac-Léognan) en 2018, un Savennières d’Eric Morgat sur la cuvée Fidès en 2015 et enfin l’Hermitage « Chevalier de Sterimberg » de la maison Paul Jaboulet Ainé en 2020.

Côté rouge, le Pessac-Léognan de Smith Haut-Lafitte en 2012 a été dégusté aux côtés du Châteauneuf-du-Pape du domaine La Barroche (2019), de l’Hermitage 2017 du domaine des Tourettes et du Beaune 1er cru « Champs Pimont » de Joseph Drouhin (2017).

Quant au questionnaire de culture générale, le niveau avait été volontairement encore monté d’un cran, voire deux ou trois, par rapport aux années précédentes, dans le but de démontrer que si les étudiants savent festoyer comme Bacchus, ils sont également capables de bosser et faire honneur au prestige de leur école.

La Coulée de Serrant 2020 et la Côte-Rôtie de Guigal 2017 en finale musicale

A l’issue de ces trois premières épreuves, l’ENSTA (institut polytechnique de Paris, souvent présent dans l’équipe de finalistes) dominait confortablement la compétition, devant Agro Paris Tech et l’université de Cambridge dans un mouchoir de poche. Ces trois équipes finalistes ont donc remis les compteurs à zéro pour la dernière épreuve, qui permit finalement à l’université de Cambridge de remporter la première place du Défi 2022.

Chaque équipe avait pour défi de deviner le blanc et le rouge qui leur ont été servi à l’aveugle, ainsi que de proposer un plat en accord avec chaque cuvée, ainsi qu’une alternative végétarienne. Cambridge identifia le chenin blanc mais chez Huet, le mariant avec un « singapourian chicken rice », où l’acidité du vin sera de nature à trancher le gras du poulet et sublimer le gingembre, ou des asperges sautées accompagnées d’une sauce légèrement crémeuse, jouant là aussi l’accord de mariage comme d’opposition.

Les équipes durent également proposer un accord musical pour accompagner la Côte-Rôtie (presque trouvée pour Agro Paris Tech qui identifia un cru du Rhône Nord chez Guigal mais en se dirigeant vers l’Hermitage), qui se retrouva donc mariée avec le Lacrimosa du Requiem mozartien, « Listen to me » du jazzman Eddie Harris pour l’ENSTA et la Valse de Fleurs de Tchaïkovski pour Agro Paris Tech.

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Union des Maisons de Champagne : la feuille de route du nouveau président

Nouveau président de l’Union des Maisons de Champagne, David Chatillon présente la feuille de route des Maisons pour l’appellation dans un contexte très particulier où la demande excède de plus en plus l’offre.

Comment se porte le commerce du champagne depuis le début de l’année ?

Les expéditions sont toujours très dynamiques : à fin avril, sur douze mois glissants, on était à 332,5 millions de bouteilles ! Ce rythme devrait ralentir au second semestre parce que la disponibilité des vins ne peut pas suivre. Par ailleurs, certains marchés ont sans doute anticipé des commandes pour se prémunir contre les difficultés logistiques ou même l’inflation.

Vous venez de prendre la présidence de l’UMC, quelle est votre feuille de route ?

L’objectif est de co-construire le contexte d’un développement durable des Maisons et de la Champagne pour leur permettre de satisfaire les clients et consommateurs les plus exigeants au niveau mondial, afin d’assurer une croissance de leur chiffre d’affaires. Pour cela, il faut renforcer la valeur matériel et immatériel du mot « champagne » via les trois dimensions du développement durable. Parmi les priorités, la première consiste à assurer un volume de production de raisins à la hauteur de la demande des marchés. Notre modèle de fixation du rendement commercialisable est performant mais nous devons améliorer nos outils de régulation pour éviter de nous priver du moindre kilo de raisins de qualité comme en 2020.

La deuxième priorité vise à assurer une production de raisins de très grande qualité. De nombreux outils sont à notre disposition (bon de livraison, tri optique, analyses…) pour continuer de progresser encore et toujours… On ne peut pas croître en valeur, si on ne croît pas en qualité.

La troisième priorité, c’est l’innovation dans le vignoble pour relever le double défi de la réduction des intrants, de l’empreinte carbone et du changement climatique. Dans cette rubrique « innovation », nous devons aussi intégrer la question de la productivité du vignoble dans un contexte où le rendement moyen décennal a baissé ces douze dernières années.

Nous menons actuellement un très gros travail interprofessionnel pour enrichir la feuille de route du Comité Champagne et la hisser au niveau des enjeux qui sont énormes. De premières décisions y compris budgétaires seront prises en juillet.

Dans votre discours à la dernière Assemblée du SGV, vous avez évoqué la question de l’ODG dont toutes les missions devraient être assumées par le Comité Champagne selon vous…

Au départ, l’ODG c’est l’idée d’un ministre qui s’est dit qu’il était intelligent que « tous les opérateurs » (c’est-à-dire les Vignerons et Maisons) se parlent et co-gèrent ensemble leurs appellations. C’est exactement le modèle champenois depuis plus de 100 ans. Par un tour de passe/passe, « tous les opérateurs » sont devenus « les déclarants de récolte » mais uniquement pour les appellations viticoles. C’est absurde : en se privant de l’expertise de ceux qui connaissent les marchés pour fixer les conditions de production, on finit par produire des choses dont personne ne veut plus. Heureusement, en Champagne, l’ODG nous associe à ses travaux sur le cahier des charges mais il serait plus sain et efficace que cette mission soit aussi confiée au Comité Champagne. Ce serait fidèle au modèle qui a contribué à construire le succès de notre appellation. Je le redis : s’il y a 80 ans, nos prédécesseurs n’avaient pas tenu compte de l’évolution du goût des consommateurs pour des vins moins sucrés, nous serions restés un vin de dessert et sans doute morts aujourd’hui.

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[Pichon Baron] Jean-René Matignon : 37 millésimes chevillés au corps

Jean-René Matignon est déjà à la retraite mais il a refait une apparition au Château Pichon Baron pour une verticale de ses 37 millésimes… autant d’années passées sur ce terroir mythique. Accompagné d’un panel de dégustateurs, l’ancien directeur technique du Grand Cru Classé 1855 de Pauillac a pris la mesure du temps qui passe.

Ce mardi 24 mai, des larmes sont montées plusieurs fois. Jean-René Matignon a été ému par les vins en présence de dégustateurs d’horizons divers et des équipes du Château Pichon Baron dont son successeur Pierre Montégut – également à la direction technique du Château Suduiraut – ou le directeur général d’AXA Millésimes Christian Seely. Les hostilités ont débuté sur le millésime 1985, Jean-René Matignon, le technicien originaire de la Loire, prenait ses marques à Pauillac. À l’époque, la famille Bouteiller était propriétaire des lieux. « Les moyens étaient modestes mais le grand terroir était là, en dégustant d’anciens millésimes, je savais où je mettais les pieds », explique-t-il. Si le 1985 montre quelques signes de fatigue, la divine surprise vient de 1986 avec un nez orgueilleux sur des notes torréfiées et une bouche qui délivre un vin encore très vivant sur les fruits confits et la fraise écrasée. L’année suivante est celle de l’acquisition du Château Pichon Baron par AXA Millésimes alors piloté par Jean-Michel Cazes. Matignon reste en poste et les trois derniers millésimes des années 1980 se dégustent toujours merveilleusement bien. Les 87 et 88 portent une grande fraîcheur où le fruit noir est lové dans du velours. La très belle année 1989 répond aux attentes avec un nez puissant et profond, en somme fidèle aux vins de Pauillac. L’attaque est dense et équilibrée, c’est Pichon Baron dans son grand art, avec une palette aromatique entre la menthe et le chocolat.

L’année suivante, 1990, fut très généreuse en raisins comme en témoigne Jean-René Matignon : « On disait que même les piquets de vignes avaient du raisin, pour autant d’importants rendements ne veut pas forcément dire que la qualité ne sera pas au rendez-vous, la preuve ». Le cabernet sauvignon se lâche, montre ses muscles. La bouche est du même acabit, d’une grande amplitude avec des notes de truffes et de cuir. En ce début des années 1990, Pichon Baron agrandit son terrain de jeu, passant de 50 hectares à 75 hectares, ce qui permet une meilleure sélection parcellaire pour élaborer le grand vin. Sur cette décennie, les 96, 97, 98 et 99 se sont magnifiquement comportés. Avec le 96, on retrouve Pichon Baron dans toute sa splendeur et ce dès le nez. C’est puissant d’arômes nobles, sur les épices et les fruits confits. L’attaque est vive, la longueur est immense, on retrouve la trame solaire du 1990. Le 97 est une belle surprise, suave et dense, offrant une grande buvabilité tandis que le 98 demande du temps pour s’ouvrir, fort d’une très belle acidité qui tient, tend, suspend le vin. Le 99 enfin, libérant un nez très chaud sur le poivron grillé. L’attaque est dense et fraîche, il y a beaucoup de matière en bouche. La réglisse se dispute aux fruits noirs, c’est très beau, opulent au sens rabelaisien du terme : bluffant !

Le millésime 2000 est d’abord mythique par son chiffre anniversaire. À Pichon, on semble entrer dans une nouvelle ère, avec un élevage plus structurant et une quête de densité et de gras. C’est un nez pâtissier qui s’impose mais délicat à quoi se mêlent des notes de chocolat au lait. La bouche est très suave, un gras conduit le vin et ses arômes de fruits noirs. Il est dense et séducteur, encore jeune… 2001 signe l’arrivée à la direction générale d’AXA Millésimes de Christian Seely et Jean-René Matignon poursuit son œuvre. « J’ai eu carte blanche, beaucoup de liberté, la priorité était à la qualité », souligne l’ancien directeur technique. Cette décennie 2000 est impressionnante de constance. Comme attendu, les 2001, 2005 et 2009 sont grandioses, portés par des conditions climatiques exceptionnelles. Les structures tanniques donnent des potentiels de garde étourdissants. Il faut noter les très beaux 2002, 2004, 2006, l’année du nouveau cuvier. Le millésime 2003, caniculaire, est toujours une curiosité pour les amateurs. Vingt ans plus tard, ce vin est debout, vivant, sur la fraîcheur, la complexité aromatique est superbe, c’est un vin à déguster en ce moment, un pur bonheur. Enfin, mention spéciale sur cette décennie au 2008, souvent oublié, négligé. Il offre une superbe patine, la maturité est parfaite, c’est grand, complexe et riche. Que 2010 soit en tous points génial est une lapalissade. Plus discret, le 2011 pourrait bien devenir avec les années une vedette. Son architecture ténue et sa tension sont annonciatrices d’une garde immense. Il deviendra un grand classique. « Chaque année est un combat mais on nous a toujours donné les moyens de trier, de garder le meilleur, ce qui nous a permis même en 2013, de faire un vin qui se goûte bien », confie Jean-René Matignon qui termine sa carrière après un septennat exceptionnel. Du millésime 2015 au 2021, c’est la puissance et la gloire, dixit Graham Greene, sous le signe de la densité et de la matière. Là encore, le plus discret en termes de sortie fut le 2017 et à Pichon Baron, c’est une bombe avec une sensation crayeuse en bouche. Nous sommes désormais dans l’histoire du temps présent et ces sept derniers millésimes seront à déguster dans 20, 30 ans. Ce mardi 24 mai 2022, Jean-René Matignon avait 37 ans, seul le magnum 1959 qui fut servi lors du déjeuner lui rappela son âge.

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[Portrait] Alain Malard et la permaculture dans les vignes

Constamment en train de sillonner les vignobles pour rendre visite à ses clients, Alain Malard est l’un des plus grands spécialistes de l’agroécologie dans le secteur viticole. Une partie de sa méthode consiste à réimplanter une vigne adaptée dans son environnement, très utile pour les défis climatiques qui arrivent.

Un travail de passionné

Consultant auprès des vignerons depuis presque 30 ans, Alain Malard a d’abord suivi une formation complémentaire à l’Institut Agro de Montpellier. Il s’est ensuite intéressé de très près à la permaculture, pour en faire une spécialité presque unique en France : le design viticole. Après 10 ans d’étude et de compréhension de ce mode de production australien théorisé dans les années 1970*, le consultant est également passé à l’acte en créant son petit domaine à Neffiès dans l’Hérault. Parti d’une feuille blanche, il a dessiné son vignoble en creusant des keylines (des tranchées retourner dans le sol) qui ont désigné son vignoble, à l’intérieur de 4,5 hectares de terres vierges. Sur quelques parcelles, le vigneron a planté des cépages languedociens comme le Carignan blanc, le Piquepoul blanc, la Clairette et le Bourboulenc, mais de façon adaptée aux courbes de niveau et au relief : “en plantant la vigne de cette façon, les parcelles auront une meilleure répartition et une quantité plus importante d’eau”.

L’objectif est aussi que la vigne se connecte au réseau mycorhizien des plantes locales implantées autour et dans les parcelles”. S’inspirer de la nature, la permaculture lui a permis d’aller encore plus loin en créant par exemple des mares pour les animaux. “Les sangliers vont pouvoir boire de l’eau au lieu de se rafraîchir avec les futures grappes”. Quelques figuiers de barbarie autour des parcelles sont également plantés pour empêcher certains animaux de rentrer trop facilement dans les vignes.

Une nouvelle façon de voir un vignoble

Le designer accompagne également des domaines dans leur transition agroécologique. Au Clos Saint-Michel (40 hectares certifiés AB) à Châteauneuf-du-Pape, Alain Malard travaille avec les frères Mousset, les propriétaires, sur les couverts végétaux pour augmenter le taux de matière organique des sols. Il les a aussi accompagnés dans la création d’une nouvelle parcelle plantée là aussi en fonction du relief, notamment pour obtenir une meilleure répartition de l’eau. Des noues (marre d’eau) ont été creusées pour garder le surplus d’eau et des corridors de plantes locales la traversent pour apporter de la diversité. « L’objectif avec Franck et Olivier est de créer des parcelles en suivant les principes du keyline design quand il faut replanter et introduire les techniques de la permaculture dans les parcelles existantes »

Les courbes de niveau du Clos Saint-Michel

Autre client du consultant, Véronique Gourdon et Cédric Aubert du domaine des Quarres dans la vallée du Layon. Là-bas, il aidé au réaménagement total du réseau hydrique d’une grande parcelle de 13 hectares implantée en terrasse. 1800 mètres de noues seront installées à l’automne sur trois terrasses pour répartir, infiltrer et stocker l’eau et enfin évacuer les excédents. Des keylines adaptées au relief ont été réalisées sur chacune des terrasses. Une noue récupérera en bas de la parcelle les excédents d’eau pour créer un autre écosystème. Un enherbement choisi sera semé entre les rangs de vigne et des fraises des bois seront semées sous chaque rang de vigne. « L’idée est de ne plus toucher au sol et de laisser faire les vers de terre et les micro-organismes qui travaillent mieux que nous, pour atteindre avec le temps l’auto fertilité ».

Enfin, une grande parcelle de 10 hectares de vigne vient d’être entièrement conçue selon les grands principes du « keyline design » dans le Gers à Lectoure au Château Arton (40 hectares). Les propriétaires, Lili et Jean de Montal, terminent la plantation de Colombard destinée à produire un grand Armagnac, dessinée en suivant les courbes de niveau et agrémentée de noues arborées. « Cette création est une première sur une surface aussi importante, elle permettra de faire la démonstration que la permaculture n’est pas réservée à de petites parcelles marginales, d’autres réalisation de même ampleur sont en cours dans différents vignoble, dans tout l’hexagone, un projet de plusieurs hectares est même en cours de réalisation en Irlande ! ».

Des domaines célèbres comme Château Fougas, Château Guibeau ou Les Laurets dans le bordelais, Alphonse Mellot et Didier Dagueneau en vallée de Loire, Michel Juillot en Bourgogne ou encore les vignobles Paul Mas dans le Languedoc ont, dans le passé, fait appel au consultant, également auteur d’un livre sur son œuvre Vignes, vins et permaculture paru en 2021 aux éditions France Agricole.


*La permaculture est une méthode théorisée par Bill Mollison et David Holmgren sur les bases d’un modèle développé par l’australien Percival Alfred Yeomans. L’objectif de la permaculture est de s’inspirer des écosystèmes naturels pour créer un domaine agricole harmonieux, autonome et résilient.

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Hat trick à Cognac

Le hasard veut que trois flacons de haute facture déboulent sur le marché. Ils proviennent de trois maisons aussi prestigieuses par leur renommée que confidentielles par leur taille : Fanny Fougerat, Ragnaud-Sabourin et Pierre de Segonzac.

Fanny Fougerat d’abord dont la propriété est basée à Burie, dans le cru Borderies. Les 30 hectares de cette propriétaire et distillatrice sont aussi sur le cru Fins bois et c’est de ce terroir dont est issu le nouveau flacon : Marin. Ce dernier vient compléter la collection Hors-Série de Fanny qui aime aller chercher des eaux-de-vie racées. Ce petit dernier s’appelle Marin car il a connu un finish cask – une dernière phase de vieillissement – dans du merrain qui a séché dans les embruns de l’Île-de-Ré durant 1 an. C’est un cognac très fin, à la véritable palette aromatique sur la salinité. Ce beau projet s’est fait en partenariat avec la tonnellerie de Jarnac et l’incontournable chef triplement étoilé de La Rochelle Christopher Coutanceau. Dans l’ambiance, un crayonné sur la bouteille montre une jeune femme perdue dans ce qui pourrait être le rivage des Syrtes. Cette sélection limitée est de 1050 bouteilles… L’autre nouveauté est signée du bouillant propriétaire et distillateur Pablo Ferrand. Ses cognacs Pierre de Segonzac sont toujours d’une belle densité avec de la complexité aromatique et ce velours en bouche propre au terroir de la Grande Champagne et à la distillation sur lies. Avec sa distillation à l’ancienne, Pablo Ferrand délivre ici un tout jeune cognac pour proposer une entrée en matière sur la pureté. C’est réussi et si ce cognac taquine le monde du cocktail, il reste un bonheur simplement sur glaces. Ce Premium en bouteille de 50 cl est un très joli bébé. Non loin de Segonzac, toujours en Grande Champagne, on se retrouve chez Annie Ragnaud Sabourin qu’on ne présente plus. L’heureuse nouvelle ou divine surprise s’appelle XXO pour une eau-de-vie d’une bonne trentaine d’années. L’ineffable rancio est au rendez-vous passé la gelée de coings, les écorces d’orange, les notes torréfiées et la pointe de clou de girofle. C’est un cognac de très haut vol, fidèle à la maison sise à Lignières-Ambleville. Voici trois flacons que les amateurs de cognac ne manqueront pas et qui nous rappellent cette phrase que l’on prête à Einstein : Le hasard, c’est dieu qui se balade incognito.

« Marin » de Fanny Fougerat : les 70cl.
« Premium » de Pierre de Segonzac : 35€ les 50 cl.
« XXO » de Ragnaud-Sabourin : les 70 cl.

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Pique-nique en blancs pour la Périgord Attitude

Et si on se faisait un pique-nique ou un barbecue bergeracois en blanc pour amorcer la saison avec la Périgord Attitude? On dit qu’on garde quelques rosés pour la plage et on cherche dans la cave de ses souvenirs un blanc, sec ou moelleux, qui pourrait convenir à quelques grillades et planches de fromages, un vin d’été sans élevage en bois qui s’accommodera fort bien aux premières chaleurs estivales. Nous avons plutôt opter pour la minéralité et la fraîcheur avec cette sélection de cuvées dont les domaines sont à retrouver sur la Grande Dégustation des Vins de Bergerac & Duras le 9 juin à Paris.

Un nouveau côtes de Duras 2020 bio de la cave Berticot rend hommage à l’écrivaine Marguerite Duras (Marguerite Donnadieu avait pris ce pseudonyme en référence au domaine de son père qui s’était installé dans la région). Une cuvée collector avec juste sa signature sur fond blanc, à majorité sauvignon avec une pointe de sémillon, vif et aromatique, sec et minéral sur une note de fruits exotiques, à servir avec une brochette de poisson, une tartine de saumon fumé ou de chèvre (7,20€). Quand on dit Montravel, on pense plutôt au rouge mais le domaine des Templiers élabore un bel assemblage de sauvignon blanc et gris (à 80 %) complété de sémillon, minéral et floral sur le citron, le tilleul et les fleurs blanches avec une belle amertume et une pointe de menthol (6€)

En appellation Bergerac, partons à la découverte de nouveaux domaines pour des Saint-Jacques, des aiguillettes de poulet grillées, ou des fromages à pâte cuite. Un bergerac blanc du Clos le Joncal ou un blanc du Domaine de Combet. Le premier domaine a été repris depuis trois ans par Romaric Tatard (premier millésime date de 2019)  après 15 ans comme graphiste à Paris. La cuvée Nuit Blanche 2021 certifiée bio (depuis 2009), en sauvignon-sémillon avec une pointe de muscadelle pour une note florale, est particulièrement aérienne et saline sur les fruits blancs, la fleur d’acacia avec une belle tension d’agrumes (10 €). Le second est une reprise progressive du domaine par Matthieu Simon venant de l’informatique, David Notteghem de la finance venus épauler le vigneron Daniel Duperret. Le domaine certifié bio depuis 2021 élabore son Hespérides blanc très aromatique à partir d’une seule parcelle de sauvignon vinifié en levures indigènes. Un vin rond sur les fruits blancs et les zestes d’agrumes  avec un parfum exotique (10 €)

Mais pour accompagner des crevettes grillées sauce aigre douce ou une tartine de fromage persillée, mieux vaut miser sur un peu de douceur avec la cave de Monbazillac et sa cuvée de Côtes-de-Bergerac Marquis de Chamterac. Issue de trois parcelles de Monbazillac ramassées un peu plus tôt pour davantage de fraîcheur sur cet assemblage avec une majorité de sauvignon en pressurage direct. Un vin bio, floral sur des arômes de fruits exotiques, d’agrumes confits et d’ananas frais (8,50 €). Ou opter pour un rosette du château de Peyrel en sémillon-muscadelle-sémillon à seulement 35 g de sucres, frais et léger sur des notes de fleurs et de thym (13€).


Vous pouvez prendre vos entrée pour la Grande Dégustation des Vins de Bergerac & Duras du jeudi 9 juin 2022 à bord de la Péniche Louisiane Belle en cliquant ici.

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Le Blanc de Rosé de Pierre Gimonnet & Fils : un anti-rosé ?

Quand on est un vigneron de la Côte des Blancs et que l’on souhaite d’abord élaborer des vins qui mettent en valeur son terroir, proposer un champagne rosé représente un défi. Depuis 2010 Didier Gimonnet l’a relevé et nous sommes allés l’interviewer à l’occasion du lancement de la base 2019 de son fameux Rosé de Blancs (assemblage 222).

Comment est née cette cuvée ?

La cuvée Rosé de Blancs est atypique. Lorsque je suis arrivé sur le domaine il y a 35 ans, le rosé représentait 2 % des ventes de champagne. Aujourd’hui, on est entre 8 et 10 %, et il y a certains pays comme les Etats-Unis où cette catégorie représente plus de 15 %. Pour cette raison, en 2010, mes importateurs m’ont demandé d’en élaborer. Or, ma philosophie, c’est qu’une marque doit toujours être le reflet de l’origine de ses approvisionnements. Notre domaine est composé de 30 hectares sur la Côte des blancs, aussi notre expertise est-elle davantage sur les champagnes blancs de blancs qu’autre chose. Il fallait par conséquent que je produise un rosé qui, en bouche, reflète vraiment les caractéristiques de la Côte des Blancs. Cela m’a amené à produire un rosé dont on pourrait presque dire que c’est un blanc de blancs avec simplement de la couleur. D’où son nom, pour lequel j’ai dû batailler lorsque je l’ai déposé à l’INPI parce qu’évidemment un rosé de blancs, cela n’existe pas, même si j’ai pu le justifier par la proportion de chardonnays !

Avec un tel concept, vous êtes forcément allé vers un rosé d’assemblage…

On met aujourd’hui de plus en plus en avant en Champagne les rosés de macération. Mais il existe dans l’appellation ce droit que l’on ne retrouve dans aucun autre vignoble français d’assembler du vin rouge avec du vin blanc pour le rosé. Cette méthode me convient bien parce que j’estime que le champagne est justement d’abord un vin d’assemblage dont l’art est d’ajuster des vins d’origines différentes pour avoir le plus de complexité possible. Au contraire, dans le cas du rosé de saignée, on choisit d’emblée les raisins qui composeront la cuvée pour les faire macérer et obtenir la couleur rose. On ne pourra pas rectifier les caractéristiques par l’assemblage avant la mise en bouteille. De plus, dans leur style même, je trouve que les rosés de saignée donnent des choses plus tanniques et sont en opposition avec ce que l’on recherche en Champagne à savoir l’élégance et la finesse que l’on obtient grâce au climat septentrional et à la craie. C’est ce qui nous différencie des autres mousseux dans le monde !

Pouvez-vous nous décrire plus précisément cet assemblage ?

Mon but premier est d’obtenir un rosé qui ait une attaque franche et une finale saline, en ayant même un côté crayeux. Mais je veux aussi des nuances de fruits rouges qui rappellent qu’il s’agit bien d’un rosé. Le principe de cette conception est donc simple, les chardonnays doivent dominer le pinot noir, on privilégie par conséquent ceux des grands crus qui sont plus puissants même si sur cette nouvelle édition il y a davantage de premier cru de Cuis que d’habitude, parce que la base 2019 avait une belle matière.

Je veux aussi que mes vins restent digestes. Aujourd’hui, les rosés ont plutôt tendance à être très fruités, relativement puissants et généreux, et on les propose souvent pour accompagner un repas. Moi, je privilégie l’harmonie à l’intensité. Et surtout je vais travailler la texture, parce que c’est elle qui engendre la « buvabilité ». Un vin est fait pour être bu et pas seulement être dégusté ! Ainsi, pour la prise de mousse, je n’ajoute que 22 grammes de sucre et non 24, ce qui permet d’obtenir plus de crémosité. Celle-ci vient aussi de l’origine des raisins. J’ai la chance d’avoir beaucoup de vignes sur les terroirs de Chouilly et Cramant qui ont la particularité de donner naturellement une texture crémeuse, pas seulement d’ailleurs du point de vue tactile, mais aussi d’un point de vue aromatique, avec un côté presque lacté.

Une fois seulement cet assemblage de blanc de blancs opéré, on ajoute avec parcimonie le Bouzy rouge (entre 5 et 7%) en essayant de conserver une couleur très pâle. Ce pinot noir n’a pas été vinifié comme si on élaborait un coteau champenois, mais avec cette finalité d’assemblage pour un rosé. On a recherché la couleur et le fruit, surtout pas les tannins.

Prix : 42 €

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