[Cognac] Rémy Martin mise sur l’agroécologie

Face à l’urgence environnementale, le négociant charentais, fleuron du groupe Rémy-Cointreau, verdit encore ses pratiques. Il convie ses 820 viticulteurs partenaires à adopter l’agroécologie avant 2030.

Bientôt vingt ans que Rémy Martin, troisième acteur économique du cognac, privilégie la viticulture raisonnée. Ses domaines (environ 270 hectares) furent parmi les premiers à être certifiés Haute Valeur Environnementale (HVE), dès la création du dispositif gouvernemental en 2012. L’urgence climatique contraint aujourd’hui le négociant à accélérer le mouvement.

« On dit qu’en 2050, les températures à Cognac seront celles aujourd’hui relevées à Porto ! Il faut donc anticiper et vite », a déclaré Jean-Philippe Hecquet, directeur général de la maison, le jeudi 24 novembre 2022, lors d’un point presse au Domaine du Grollet à Saint-Même-les-Carrières (Charente). Objet de la rencontre : la présentation détaillée de la feuille de route RSE de l’entreprise. Premier objectif : la diminution de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour arriver au zéro net carbone à l’horizon 2050, dixit Laetitia Delaye, directrice RSE du groupe.

Un terroir à chérir

Rémy-Cointreau, dont Rémy Martin est le fleuron, a fait de « l’exception durable » plus qu’un slogan, un mantra. Il dit puiser sa force dans « la terre, le temps et les hommes ». Une terre qu’il chérit, notamment sur une parcelle de Juillac-le-Coq, où Rémy Martin expérimente l’agroécologie depuis 2018, avec l’aide de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). Le projet place la vigne et son milieu naturel au cœur de toutes les préoccupations, en limitant voire supprimant les intrants de synthèse au profit des produits dits de biocontrôle. Le test a porté ses fruits. Rémy Martin l’élargit aujourd’hui à 20 hectares d’ugni blanc au Grollet ; il convertira l’ensemble de ses domaines à l’agroécologie avant 2028.

Cela passera par la plantation de couverts végétaux entre les rangs, le retour d’arbres et de haies entre les parcelles et un inventaire de la biodiversité (en collaboration avec la Ligue de protection des oiseaux). « Nous transformons nos domaines en laboratoire. L’idée, c’est de tester, déployer puis accompagner nos 820 viticulteurs partenaires », a souligné Jean-Philippe Hecquet.

Huit viticulteurs « pionniers »

L’élan sera collectif. Huit exploitants dits « pionniers » vont verdir leurs pratiques dès 2023. Puis tous les adhérents de la coopérative Alliance Fine Champagne seront conviés à adopter l’agroécologie avant 2030.

Par ailleurs, Rémy Martin souhaite que tous ses livreurs soient certifiés HVE ou CEC (une certification spécifique au vignoble du cognac) en 2028. «Cette mutation s’inscrit dans un contexte socio-économique dont nous connaissons les enjeux. Il s’agit de réduire les intrants et de limiter nos impacts environnementaux en gardant une production viable, en qualité et en quantité », a souligné Laura Mornet, directrice des domaines Rémy Martin, notamment en charge des questions de recherche et de développement spécifiques à la viticulture.

Ce jeudi 24 novembre 2022, le négociant a aussi fait état d’une première évaluation du cépage Lumignan, résistant à l’oïdium et au mildiou, mais un tantinet précoce et sensible au black-rot, une maladie du bois. Ce programme expérimental est mené avec d’autres négociants, dont Hennessy, et le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC). Il profitera à l’ensemble de la filière.

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