Abel Lorton : La Saintonge retrouvée

C’est dans le XVIIIe siècle que la famille Guiberteau est allée puiser pour produire aujourd’hui en Charente-Maritime de la counoise, du chauche gris, du baroque, du balzac ou encore du crouchen. Non seulement, ces vins chatouillent la curiosité des amateurs et, cerise sur le gâteau, ils tiennent la route.

Montendre est une petite ville paisible nichée dans le sud de la Charente-Maritime comptant 3 222 âmes précisément. D’aucuns la connaissent pour son festival Free Music mais pas vraiment pour ses pratiques viticoles. Jouxtant le département de la Gironde, nous sommes encore dans l’appellation Cognac et pourtant les Guiberteau ont choisi une autre voie pour leurs vignes. L’idée remonte à 2014, un soir d’été. Les deux frères Xavier et Fabrice décident de faire simplement du vin et non de l’eau-de-vie. Mieux, le domaine de l’ancêtre Abel Lorton va être le lit de cépages ancestraux, des variétés oubliés de la Saintonge et de l’Aunis. « L’ugni blanc représente à l’heure actuelle près de 98 % des surfaces du vignoble charentais, une standardisation qui en ferait oublier la diversité de cépages dont jouissaient l’Aunis et la Saintonge à la vielle de la Seconde Guerre mondiale », expliquent les deux frères.

Ainsi sont venus s’épanouir sur les terres argilo-limoneuses calcaires ou argilo- sableuses de Montendre des OVNI tels le chauche gris, le baroque, le crouchen blanc, la counoise noire ou encore le balzac noir. « Les Bordelais savent très bien vinifier le cabernet sauvignon, la Bourgogne est la reine du chardonnay, pourquoi la Charente-Maritime ne reviendrait pas à ce qui a fait son identité profonde ? », s’interroge Fabrice Guiberteau, ce diplômé d’œnologie et vinificateur au célèbre château libanais Kefraya.

Xavier est quant à lui à 100 % au domaine Abel Lorton. « De par mon expérience passée, je suis devenu sensible aux écueils de la standardisation, j’ai souhaité redonner du sens à mon quotidien en étant un fervent défenseur de la biodiversité », souligne-t-il. Ainsi, des années de recherche ont coulé sous les ponts pour que les deux hectares se transforment en autant de cuvées. Les premières vendanges effectives ont été réalisées sur le millésime 2020.

Allégories Ataviques Rouge (30 €) est un assemblage de balzac noir et de counoise, ajouté d’une pointe de cabernet sauvignon et de cabernet franc, qui a connu un élevage en barrique de 9 mois. Il requiert du temps à l’ouverture ou une carafe. Passé la réduction, il s’ouvre sur des notes de cassis, de cuir et de tabac. Il pourrait nous rappeler de la négrette ou certains mourvèdres. L’attaque est très douce, les tannins sont délicats, les frères Guiberteau l’imaginent notamment sur un bœuf bourguignon…

Allégories Ataviques Blanc (30 €) retient une vieille vigne d’ugni-blanc, du baroque blanc et du crouchen blanc. L’élevage s’est opéré en amphores. Nous sommes sur la même délicatesse mais le vin se libère très vite sur des notes légères d’ananas, de pierre à feu, l’ensemble est rocailleux et minéral. L’accord mets et vin est cette fois une poularde de Bresse sauce morilles.

Ces deux curiosités sont disponibles chez le négociant Barrère & Capdevielle : www.b-et-c.com

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