Prendre en compte la pénibilité en viticulture

Les métiers de la viticulture sont au contact de la nature, et c’est ce qui les rend attractifs pour ceux qui veulent travailler au grand air. Pour autant, les accidents du travail et les maladies professionnelles dans ce milieu ont des taux de fréquence et de gravité élevés, supérieurs à la moyenne du secteur agricole. 

Ces métiers peuvent être une source de Trouble Musculo Squelettique (TMS) car le corps peut être soumis à de fortes contraintes dues au climat, aux postures contraignantes, à la répétition des gestes pour en citer quelques-unes. Limiter ces troubles et anticiper pour éviter leur apparition devient un enjeu fort.

On en parle

Tout le monde gagne à parler de la pénibilité. Il y a quelques années, le salarié taisait sa douleur, maintenant on n’attend plus l’arrêt de travail pour en parler. Un dialogue qui ne s’oppose pas à la productivité et participe à une ambiance détendue et plus respectueuse.

C’est ainsi que certains domaines ont mis en place un « groupe de réflexion pénibilité ». C’est le cas depuis 2007 pour les champagnes Veuve Clicquot, pionnier dans ce domaine. À Haut-Bailly (cru classé de Graves), « un ergonome est intervenu sur la chaîne de conditionnement pour une adaptation du poste de travail» nous dit Gabriel Vialard, le directeur technique. Mais ce n’est pas le domaine où le besoin est le plus fort.

La vigne : un milieu contraignant

Marcher sur un sol irrégulier, subir les aléas climatiques, être au contact des produits phytosanitaires, tels peuvent être les risques professionnels auxquels sont exposés l’ouvrier agricole. Mais un des plus importants risques est le travail de la taille. Il est répétitif pour la main qui taille avec un sécateur (450 000 coups au minimum, sur un hectare) et contraignant pour la posture (agenouillé, penché, accroupi). Pour préparer l’ouvrier, Haut-Bailly a mis en place optimouv : « une séquence d’échauffement musculaire qui a lieu le matin, pendant 20 min, de 8h00 à 8h30 » explique Gabriel Vialard. De même à Yquem un coach sportif vient 4 fois par semaine pour travailler les gestes et postures mais aussi pour favoriser le bien-être. De plus, à Haut-Bailly (comme à Brane-Cantenac et à Kirwan), « des exosquelettes, avec sangles et élastiques, sont mis à disposition. 4 vignerons sur 10 ont adhéré au système » précise Gabriel Vialard. 

Et puis, il y a le scooter des vignes : un étonnant appareil qui permet à l’ouvrier de se déplacer de pied en pied, assis, face à la vigne, avec tout son matériel : un engin mis au point par une entreprise du Maine-et-Loire et qui a un bel avenir si les employés s’en saisissent. Car il n’est pas souhaitable d’imposer, il faut proposer. L’enjeu est d’alléger la pénibilité mais aussi de pouvoir durer dans son travail. Un sujet d’actualité.

Des ouvriers concernés ?

Le compte professionnel de prévention (C2P), actuellement en vigueur, prend en compte la pénibilité selon 6 facteurs. Deux retiennent notre attention : ceux liés au rythme du travail (dont la répétition d’un même geste) et ceux liés à un environnement physique agressif (dont les températures extrêmes). Les facteurs de risques professionnels sont caractérisés par une exposition du salarié au-delà de certains seuils. Ils doivent avoir une intensité et une durée minimales. 

Il n’est donc pas certain que l’ouvrier en viticulture satisfasse les facteurs de pénibilité car les seuils d’expositions ne sont pas atteints. C’est ce que pense Gabriel Vialard à Haut-Bailly pour qui le facteur « répétition » aura du mal à être pris en compte : « ce geste répété se fait pendant une période de l’année seulement : c’est le cas pour la personne en poste sur le conditionnement dont le geste n’a pas été jugé suffisamment répétitif ». Et pour l’exposition aux températures extrêmes « ils ne cochent pas la case. Ils ne travaillent pas par exemple dans une chambre froide 7 h par jour ». Des propos que confirme Mickaël Nicolas de la « Prévention des Risques Professionnels en MSA Bourgogne ». « Si l’on peut constater qu’il y a des risques TMS, ceux-ci ne sont pas toujours pris en compte dans le C2P car la quantification est difficile ou les seuils pas atteints. Les ouvriers ne sont pas sur des postes à risques à temps plein ». Le projet de réforme des retraites, dans son état actuel, propose seulement d’abaisser les seuils d’acquisition de points pour le travail de nuit et pour le travail en équipes successives : rien qui ne concerne les ouvriers agricoles.

Cet article Prendre en compte la pénibilité en viticulture est apparu en premier sur Terre de Vins.

Trois nouvelles gammes de vin pour Gabriel & Co

Le groupement de vignerons Gabriel & Co, labellisé « Fair For Life » pour sa pratique d’une viticulture équitable, n’est pas épargné par la crise qui frappe le bordelais. Pour autant, elle affiche ses ambitions pour 2023 avec notamment la création de trois nouvelles gammes de vins. 

Né dans les années 1990, ce collectif qui regroupe 34 vignerons de la rive droite de Bordeaux entend garder le cap malgré les difficultés que connaît l’ensemble du vignoble greffé autour de la capitale girondine. En toute transparence, l’association affiche pour 2022 un chiffre d’affaires en recul de 11 points en rapport à l’année précédente. La crise est bien présente, qui plus est pour les domaines qui ne bénéficient pas d’une aura internationale. « On subit de plein fouet la crise viticole combinée à une hausse des matières sèches et à une hausse de l’énergie », explique le collectif présidé par Jean-François Réaud avant d’ajouter : « Pour rappel, selon la Chambre d’Agriculture de la Gironde, un quart des viticulteurs souhaitent arracher totalement leurs vignes et près d’un tiers s’estiment en difficulté ». Malgré ce constat, Vignobles Gabriel & Co entend se retrousser les manches et aller de l’avant dans ce qui fait sa force, l’entraide vigneronne et l’indépendance commerciale. Cela passe notamment par une diversification de la distribution – entamée en 2022 – en renforçant toujours davantage la présence des vins dans le circuit traditionnel (CHR, cavistes…). Pour assoir cet objectif, le collectif lance trois nouvelles gammes. Primo la gamme « 100% Équitable » pour bien montrer sur l’étiquette que la marque garantit une juste rémunération aux viticulteurs. Cette gamme sera disponible sur les appellations Bordeaux, Bordeaux Supérieur, Blaye Côtes de Bordeaux, Côtes de Bourg, Puisseguin-Saint-Emilion et Lussac-Saint-Emilion. Secundo, naît la gamme « Le Vin méthode nature » pour des vins sans sulfites, sans intrants et labellisée bio. Avec cette gamme, Gabriel & Co entend intégrer davantage la région parisienne et le Japon où la demande est forte. Tertio, le collectif de 34 vignerons lance « Le Vin à faible teneur en alcool » avec des vins titrant entre 9 et 10 °C d’alcool. « Le vigneron ramasse le raisin plus tôt, il sera moins sucré et donnera moins d’alcool lors de la fermentation », explique l’équipe de Gabriel & Co. C’est un vigneron du collectif qui produit cette gamme dans l’idée de faire un vin très frais et pur. Là aussi, le marché japonais est visé. Capitalisant sur la force du collectif et cherchant toujours à sortir des sentiers battus avec des vins de très belles qualités, Vignobles Gabriel & Co entend délivrer de l’optimisme et de la nouveauté pour affronter la conjoncture.    

www.vignoblesgabriel.com

Cet article <strong>Trois nouvelles gammes de vin pour Gabriel & Co</strong> est apparu en premier sur Terre de Vins.

Le Lys de Buzet réhabilité pour ses 30 ans

La cuvée emblématique des Vignerons de Buzet est relancée en bouteilles légères sérigraphiées et colorées pour fêter ses 30 ans en 2023.

Le Lys de Buzet a 30 ans. Il ne s’agit pas des fleurs replantées dans le vignoble à l’instar des tulipes d’Agen préservées par la coopérative mais d’une cuvée emblématique des Vignerons de Buzet. Cette gamme créée en 1993 s’est renouvelée au fil des années pour changer de profil et de packaging en fonction des tendances. Ces vins frais et légers dans les trois couleurs, d’abord en flûtes galbées à long col avant de repasser en bouteille bordelaise, avaient rencontré un franc succès en restauration pendant un quart de siècle. Lorsque la cave repense toutes ses références en éco-conception, le modèle ne semble plus coller à cette nouvelle image et stratégie de développement durable. Elle est donc abandonnée.

Le Lys dont les ventes s’étiolaient (la gamme avait enregistré jusqu’à 700 000 bouteilles par an) laisse alors la place sur les tables des bars et restaurants au nouveau « Petit Baron » associé à une contribution 1% pour la planète et une drôle de tête sur l’étiquette, celle de la petite chouette Athéna préservée dans le vignoble de Buzet. La communication qui se fait sur cet engagement environnemental trouve aisément son public dans les bars à vins. 

Une renaissance en couleurs

« Nous avions de nombreuses demandes de clients restaurateurs de toutes les régions pour ressortir le Lys mais nous avions peur qu’il cannibalise Petit Baron, avoue Sébastien Bourguignon, directeur marketing de la cave. Pour éviter cela, il fallait vraiment changer de style et de profil de vin pour répondre à la fois aux nostalgiques du Lys qui aiment garder la bouteille comme carafe et trouver de nouveaux consommateurs par une approche décomplexée et un profil fruit-plaisir (la gamme titre à 12 %) ». Le Lys, travaillé finalement comme une marque à part entière avec une page Facebook, un compte Instagram et une campagne influenceurs dédiés vient donc de ressortir dans une bouteille légère tout en fleurs sérigraphiées et colorées avec cartons assortis. La marque, malgré une interruption momentanée du tirage, fêtera ainsi ses 30 ans en 2023, toujours en trois couleurs commercialisées à 7 € en CHR et au caveau : le rosé, référence phare en cabernet franc, cabernet sauvignon et merlot accaparant la moitié des ventes, le blanc (sauvignon-sémillon) et le rouge (merlot, cabernet franc et une touche de cabernet sauvignon).

Cet article <strong>Le Lys de Buzet réhabilité pour ses 30 ans</strong> est apparu en premier sur Terre de Vins.

90 printemps pour la Cave de Tain

2023 sera l’année des 90 ans de la cave de Tain L’Hermitage. Elle sera émaillée de différents événements entre le Rhône et la colline de l’Hermitage mais démarrait en février par une belle dégustation dans le salon des Aigles à l’hôtel de Crillon, au-dessus de la place de la Concorde à Paris. 

« À la création de la coopérative en 1933, la filière vin n’était pas encore structurée, et nous produisions un vin aliment de consommation courante », a rappelé le président Claude Laÿs en évoquant l’histoire de la cave née en 1933 à l’initiative de Louis Gambert de Loche pour mettre en commun un outil de vinification et une commercialisation pour une centaine de vignerons. « Nous nous sommes d’emblée positionnés sur la syrah, croisement de dureza d’Ardèche et de mondeuse blanche de Savoie ». La cave est devenue aujourd’hui le premier vinificateur de syrah en Europe. Mais la coopérative représentait avant tout un idéal, de redistribution de la valeur ajoutée aux producteurs, et de transmission d’une génération à l’autre. Gambert de Loche, sans héritier, avait vendu en viager ses vignes à la coopérative, 22 hectares en Hermitage.

Des investissements constants

Au fil des années, la cave a beaucoup investi dans sa capacité de vinification, dans la modernisation de ses équipements puis dans l’œnotourisme. Le dernier investissement a porté sur la nouvelle « Maison Cave de Tain » inaugurée fin 2022 face à la Cité du chocolat Valrhona sur la mythique Nationale 7. La coopérative dénombre, en 2023, 255 adhérents à la tête de plus d’un millier d’hectares, soit des exploitations moyennes d’environ 4 hectares entre Drôme et Ardèche, dans un rayon de 20 km autour de Tain. L’entreprise de plus de 70 collaborateurs élabore cinq crus rhodaniens, Saint-Joseph, Saint-Péray, Cornas rive droite, Hermitage et Crozes-Hermitage (cette appellation représentant plus de 40 % des surfaces) rive gauche sans compter des volumes en IGP Collines Rhodaniennes depuis la fusion avec la cave de Saint-Donnat-sur-L’Herbasse (26) en 1987. « Pas d’achat de raisin ni de négoce, la cave est juste producteur-vinificateur de nos adhérents en apport total » rappelle Claude Laÿs. Soit environ 50 000 hl par an à 90 % en rouge et 10 % en blanc, commercialisés à 90% en bouteilles représentant 4,5 millions de cols, ce qui en fait les plus gros vendeurs de bouteilles du Rhône septentrional. 30% de la production est désormais labellisée en bio ce qui en fait aussi le plus gros opérateur du Rhône Nord.

En 2022-2023, une enveloppe de 15 millions d’euros est prévue en particulier pour le nouvel espace de formations, séminaires et œnotourisme de la Villa Caroubes, face à la cave, avec rooftop et vue imprenable au pied de l’Hermitage, mais également pour développer la politique de RSE, travailler sur une meilleure adaptation du vignoble au dérèglement climatique et pour les travaux d’extension de stockage. « Nous nous attachons également à développer les expériences pour les consommateurs au-delà de simples dégustations et à assurer le renouvellement des générations en portant du foncier pour les jeunes vignerons. Nous sommes d’ailleurs fiers d’être parvenus à rajeunir la pyramide des âges ». 

Le Temps des rencontres

L’équipe dirigeante de la coopérative du Rhône septentrionale, notamment le président Claude Laÿs, le directeur Ludovic Beau, l’œnologue Xavier Fouin et le responsable de l’événementiel Benoît Petit, avait proposé pour l’occasion de déguster quelques-unes des plus belles cuvées de la gamme Trésors de Vinothèque, notamment les trois millésimes d’Hermitage « Le Temps d’une Rencontre » et un vin de paille 2003. Ce qui a permis à Laurent Derhé, sommelier MOF et président des sommeliers de Rhône-Alpes de rappeler « la culture de l’assemblage de la cave en Hermitage, chaque millésime de cette cuvée étant élaboré avec un sommelier invité et à partir d’une sélection de parcelles dégustées à l’aveugle pour obtenir un vin à la fois de garde mais aussi en gourmandise, accessible dans les premières années ». Comme c’est le cas tout particulièrement pour le 2017 aux tanins ronds et soyeux mais également le 2019 exubérant aux tanins enrobés et le tout nouveau 2020, plus complexe.

Cet article 90 printemps pour la Cave de Tain est apparu en premier sur Terre de Vins.

Sainte-Cécile-les-Vignes, si bien nommée

Suite des dégustations du nouveau millésime dans les Côtes du Rhône, avec 23 échantillons de l’AOC Côtes du Rhône Villages Sainte-Cécile.

Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, d’où que vous veniez vous ne verrez que des vignes en arrivant à Sainte-Cécile-les-Vignes. Jugez plutôt, 1 370 hectares qui s’étendent sur le village mais aussi sur les communes de Sérignan du Comtat et Travaillan en Vaucluse ainsi que Suze-la-Rousse et Tulette dans la Drôme. La bien nommée se niche dans une plaine en bordure de la rivière Aygues. Au centre du village, trône la statue en bronze de Pierre Le Roy de Boiseaumarie, dit Baron Le Roy, où l’on peut lire : « Les vignerons des Côtes du Rhône -reconnaissants- à l’un des leurs. ». Il faut se rappeler que l’homme fut à l’origine du renouveau des appellations vitivinicoles françaises. 

L’appellation Côtes du Rhône Villages Sainte-Cécile a vu le jour en 2016 et revendique 357 hectares. En 2022, 12 623 hectolitres ont été vinifiés par les quatre caves coopératives et les quinze caves particulières installées sur son aire. 

Un été chaud et sec, aucune pression phytosanitaire, une pluie mi-septembre sont autant de facteurs bienveillants pour ce nouveau millésime. Encore très jeune, il développe le côté solaire du grenache et les notes épicées de la syrah. Peu ouverts, les vins mixent fruits noirs et rouges, notes florales. Les tanins sont encore granuleux ou astringent sur certaines cuvées. D’autres ont déjà une vraie gourmandise, comme celles du domaine Moun Pantaï, du domaine Les Grands Bois, du Château de Ruth, du Château Clématis et des caves coopératives des Vignerons Réunis, Camille-Cécilia et des Coteaux du Rhône.

Xavier Tronc ©MP Delpeuch

Exemple avec Xavier Tronc qui a créé le Château Clématis en 2004. Prestataire de service pour le domaine Roquevignan à Rochegude, il a peu à peu acheté des terres puis fait construire sa cave à Sainte-Cécile-les-Vignes. Ses deux cuvées 2022, certifiées AB, augurent de joyeuses réjouissances. L’une, marquée fruits rouges, l’autre fruits noirs et zan. Sur le millésime 2021, sa cuvée « Excellence » à 12 €, 100 % grenache, s’affirme sur ce même registre. La bouche est fraîche, marquée d’épices, légèrement végétale en finale.

Cet article <strong>Sainte-Cécile-les-Vignes, si bien nommée</strong> est apparu en premier sur Terre de Vins.

« Capter un maximum d’eau et la conserver » pour combattre la sécheresse

Quelques gouttes de pluie commencent à tomber sur le vignoble bordelais mais la sécheresse est bel et bien là. A-t-elle déjà un impact sur la vigne ? En fonction des terroirs de chacun, comment les vignerons s’organisent-ils ?  

On le sait, à Saint-Emilion notamment, le calcaire forme une éponge salvatrice pour la vigne si tenté que le système racinaire soit profond. Et la sécheresse du millésime 2022 a finalement délivré sur les grands terroirs calcaires des jus sublimes. Pour autant le manque d’eau qui se prolonge en ce début d’année 2023 est visible à l’œil nu. « Il est clair que nous avons un hiver très sec, je n’ai jamais vu le niveau aussi bas, nous avons des points de repère à la base du calcaire à astéries de Saint-Emilion où se trouve la couche imperméable d’argiles bleues et c’est là que nous trouvons le niveau, on constate en effet que la nappe phréatique est extrêmement basse », explique le propriétaire des Châteaux Ausone, La Clotte ou Simard. Mais Alain Vauthier n’est pas du tout inquiet : « La sécheresse pour la vigne n’a aucune influence, c’est la culture qui supporte le mieux la sécheresse, la preuve fut le millésime 2022, la problématique pour moi concerne davantage les haies que nous créons dans le vignoble, ce sont des jeunes plantations qui n’ont pas de chevelu racinaire alors là il faut arroser ». Par ailleurs, Alain Vauthier a observé qu’une vigne peut stresser quand un millésime de sécheresse succède à un millésime très humide. Mais la succession de millésimes de sécheresse que nous connaissons n’entraîne pas ce phénomène, la plante s’adaptant.

 L’hiver, période cruciale

Le grand défi pour la vigne est de plonger son système racinaire le plus profond possible. Dans les terroirs de graves qui composent et font la réputation du Médoc plusieurs actions viennent répondre à cette sécheresse. Pour Vincent Bache-Gabrielsen, directeur des Châteaux Pédesclaux et Lilian-Ladouys, le gros du travail est de conserver au mieux la fraîcheur avec des engrais verts. « Pour nous le souci est davantage le gel que la sécheresse mais il est clair que les semis d’engrais verts et de tous les composts apportent de la matière organique, nous voulons capter un maximum d’eau et la conserver, c’est notre mission ». Ainsi, aux vignobles de la famille Lorenzetti, c’est davantage une réponse à l’évolution de la climatologie de ces dernières années qu’une réaction à court terme sur cette sécheresse de ce début d’année 2023. Mais cette période hivernale où la vigne est peu réceptive représente un moment crucial pour capter les éléments propres à éviter toute forme d’évaporation afin de stimuler la microbiologie. Du côté des Côtes de Bourg, le directeur du syndicat Didier Gontier observe également ce travail chez les propriétaires. « Toutes les techniques sont les bienvenues, mais c’est vrai que nous aussi nous tremblons davantage pour le gel que pour la sécheresse, il n’empêche que nous allons de record en record concernant le manque d’eau, c’est encore un souci supplémentaire pour les vignerons », souligne-t-il. Au-delà de la résilience de la plante et du travail des vignerons, des évolutions de style émergent aussi ici ou là comme notamment le cépage malbec que les vignerons des Côtes de bourg apprécient de plus en plus. « Cet outil végétal est une réponse, il supporte bien le réchauffement climatique et certains vignerons jouent même la carte du mono-cépage sur des cuvées », ajoute Didier Gontier. D’une manière générale, le vignoble bordelais s’adapte à la sécheresse, le principal ennemi reste les impacts climatologiques brutaux, des très fortes températures aux épisodes tardifs de gel en passant par des pluies massives qui font le lit des maladies. 

Cet article « Capter un maximum d’eau et la conserver » pour combattre la sécheresse est apparu en premier sur Terre de Vins.

La bouteille à moins de 10 € : Petite Selve 2021

Parce que la qualité d’un vin ne dépend pas de son prix, nous vous présentons chaque semaine une cuvée à moins de 10 euros qui nous a particulièrement enthousiasmés. Sans oublier les quelques accords mets-vin qui l’accommoderont au mieux.

Château de la Selve (07)
Petite Selve 2021
IGP Coteaux de l’Ardèche
9,90€

C’est quoi ? 

Maison forte, relais de chasse des ducs de Joyeuse, puis exploitation agricole, le château est désormais la propriété de Benoît et Florence Chazallon. Descendant de la famille de négociant Delas, Benoît exploite 44 hectares de vignes certifiées Demeter. La belle demeure du XIIIème entièrement restaurée accueille également cinq gîtes. Convaincu que l’Ardèche est un terroir au potentiel sous exploité, le vigneron favorise la vie des sols et les défenses naturelles de la vigne. En cave, son approche est peu interventionniste afin de créer des vins vivants.

Pourquoi ? 

Parmi les 9 cuvées du domaine, Petite Selve est un assemblage de grenache (40%), cinsault (30%) et syrah (30%), issus de différentes parcelles, aux sols argileux et calcaire. La vendange est égrappée, 30 % mouillée avec les cœurs de presse des rosés, dynamisée quotidiennement pour une cuvaison de 20 jours. L’élevage sur lies fines dure 4 mois en cuve béton.

Avec quoi ?

Vin de copains par excellence, sans prétention mais avec une belle franchise, il remplit son office. Friand, gourmand, sur des notes de mûre, son attaque est juteuse. Les papilles sont aiguisées par le jus de groseille puis le palais s’arrondit, laissant place à la souplesse sur quelques épices douces. L’andouillette-purée lui sera confortable.

Château de la Selve

07120 Grospierres 

04 75 93 02 55 – chateau-de-la-selve.fr

Cet article La bouteille à moins de 10 € : Petite Selve 2021 est apparu en premier sur Terre de Vins.

Trophées Bordeaux Vignoble Engagé : les signaux sont au vert

Les candidatures sont ouvertes pour la cinquième édition des Trophées Bordeaux Vignoble Engagé. Une nouvelle occasion de mettre en avant la transition environnementale qui est en cours au sein du vignoble girondin.

Depuis la semaine dernière et jusqu’au 17 mars, les opérateurs de la filière vin bordelaise peuvent s’inscrire à la cinquième édition des Trophées Bordeaux Vignoble Engagé. Créés en 2018, ces trophées (organisés par Terre de vins, Sud Ouest et le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Gironde et le Crédit Agricole d’Aquitaine) récompensent chaque année les vignerons et vignobles girondins les plus engagés sur le plan des démarches environnementales et du développement durable. Et de fait, ce vignoble autrefois critiqué pour ses pratiques – et notamment son usage des produits phytosanitaires – a amorcé depuis plusieurs années une véritable mutation écoresponsable : ainsi, en 2022, 75% de la surface du vignoble girondin était engagé dans une certification environnementale, contre 35% en 2014.

Premier vignoble bio de France (mais pas seulement)

Au niveau du label le plus reconnu par les consommateurs qui est le Bio, Bordeaux revendique le titre de « premier vignoble AOC bio de France en surface » avec 1 247 exploitations certifiées ou en conversion (+20% en un an), soit 25 300 hectares conduits en agriculture biologique dont 9568 certifiés (+27% en un an), ce qui revient à dire que 23% du vignoble bordelais est actuellement conduit en bio. Le label le plus suivi en Gironde est HVE (Haute Valeur Environnementale), puisqu’il concerne 2700 exploitations certifiées (+162% en deux ans) et 50 000 hectares, environ la moitié de la superficie du vignoble bordelais. Du côté de Terra Vitis (viticulture raisonnée), 328 opérateurs sont certifiés, soit environ 10 000 hectares. Enfin, la biodynamie a également le vent en poupe puisque 74 exploitations sont certifiées Demeter (1800 hectares) et 24 exploitations sont certifiées Biodyvin (591 hectares) sur les 192 domaines certifiés en Europe. D’autres labels environnementaux comme Agri Confiance (1400 opérateurs), Area (494 entreprises) ou la certification ISO 14001 (220 entreprises, soit 12 000 hectares) sont également adoptés en Gironde. Signe que la révolution verte du vignoble bordelais est en cours, et même qu’elle s’accélère !

Les Trophées Bordeaux Vignoble Engagé accompagnent cette mutation et ont pour vocation de saluer, depuis cinq ans, les initiatives les plus vertueuses mises en place par les acteurs de la filière. Les lauréats 2023 seront dévoilés lors d’une cérémonie qui se tiendra le 5 juin à la Cité du Vin, à Bordeaux. Ils seront une nouvelle fois répartis en cinq catégories (« Empreinte », « Vivre Ensemble », « Faune et Flore », « Nature et Respect », « Innovation et Avenir »). Deux prix spéciaux seront également décernés : le prix spécial “Démarche collective” qui récompense l’engagement de toute une organisation professionnelle (interprofession, appellation…) et le prix spécial “Vigneron Engagé”.

Les inscriptions sont ouvertes depuis le 16 février et jusqu’au 17 mars 2023.
Suivez ce lien pour participer

Cet article Trophées Bordeaux Vignoble Engagé : les signaux sont au vert est apparu en premier sur Terre de Vins.

La Maison Roederer distribuera les vins mythiques d’Ornellaia en France

Parmi les stars de la viticulture italienne, les vins dits « super toscans » tiennent une place particulière. Ornellaia, devenu une icône en la matière, moins de 40 ans après sa création, sera désormais distribué dans l’Hexagone par Roederer.

Assez peu visibles des consommateurs, les réseaux de distribution des grands domaines sont pourtant un enjeu absolument majeur pour pouvoir garantir un maillage optimal des marchés, indispensable pour maintenir la notoriété de ces vins. Ornellaia, propriété de la famille Frescobaldi, ne fait pas exception à la règle et a décidé de confier toute sa distribution internationale hors Europe à la place de Bordeaux, imitant ainsi d’autres vins iconiques dont Opus One qui fut le premier à utiliser sa force de frappe exceptionnelle. Au niveau de chacun des grands marchés européens, la stratégie de ce domaine phare de Toscane est légèrement différente et s’appuie sur des distributeurs exclusifs. Ce rôle était joué jusqu’ici par la division France du négociant bordelais Duclot. L’annonce récente d’un changement de partenariat a donc surpris, le domaine Ornellaia ayant décidé de se tourner vers la Maison Louis Roederer pour écrire son avenir sur un marché national « à très forte visibilité » d’après Vianney Gravereaux, Directeur commercial d’Ornellaia. Un choix raisonné faisant écho aux relations déjà existantes entre les deux Maisons. « A la lumière de notre expérience au Royaume-Uni avec MMD, filiale de distribution britannique de Roederer, une discussion s’est engagée et la concordance des vues nous a amené à prendre cette décision » précise M. Gravereaux.

De grandes ambitions

Les vins d’Ornellaia sont reconnus par les amateurs du monde entier pour leur qualité. Nés sur les collines de Bolgheri, à quelques encablures de la Méditerranée, ces vins bénéficient d’un excellent terroir où les cépages bordelais s’épanouissent particulièrement bien. Créé en 1981, le domaine a produit son premier millésime d’Ornellaia en 1985. Depuis lors, un soin de chaque instant permet de donner naissance à un grand vin rouge complexe, d’une grande finesse de structure (Ornellaia Bolgheri DOC Superiore) et son pendant en blanc (Ornellaia Bianco). Les seconds vins Le Serre Nuove dell’Ornellaia (Bolgheri DOC Rosso) et Le Volte dell’Ornellaia complètent la gamme de vins rouges, tandis que Poggio alle Gazze dell’Ornellaia complète la liste des vins blancs. Nul doute que ces prochains vins seront encore plus visibles sur le territoire dans les prochains mois. Car, comme le rappelle M. Gravereaux, « nous pensons pouvoir donner une résonnance plus large en France à la qualité de nos grands vins de Toscane et faire encore mieux en termes de présence dans les lieux où une clientèle internationale est déjà familière des vins d’Ornellaia ».

Cet article La Maison Roederer distribuera les vins mythiques d’Ornellaia en France est apparu en premier sur Terre de Vins.

Un plan de bataille … Corsé !

Outre une visibilité accrue grâce à une communication musclée, les vins de Corse ont mis autour de la table toutes les générations pour réfléchir à l’avenir de la viticulture de l’île.

La Paillotte corse a encore battu des records sur Wine Paris, mobilisant cette année six chefs et une quinzaine de sommeliers pour 550 couverts et 200 cuvées dégustées. « On est carrément devenu ‘the place to be’ » annonce fièrement Caroline Franchi, la directrice de l’interprofession des vins de Corse, qui apporte dans ses malles une trentaine de vignerons de l’île disposant également d’un espace de 450 m2 pour faire rayonner le vignoble. La formule qui affiche 20 ans de réussite sur le continent fonctionnait déjà à plein régime sur Vinexpo avec un restaurant au bord du lac. « C’est l’un de nos outils de communication majeur qui booste notre notoriété. Nos vignerons peuvent venir avec leurs acheteurs et clients potentiels pour faire goûter leurs vins et les visiteurs professionnels en profiter pour découvrir cuisine et vins corses ». La présence sur le salon parisien est devenu le plus gros poste budgétaire de l’interprofession. Sur les stands, une foison de goodies (badges-cépages, carnets de notes, stylos, porte-clés…et le fameux passeport, petit carnet pour tout savoir sur les vins corses…) diffusé à 20 000 exemplaires par an sur les salons, chez une centaine de cavistes, dans les caveaux et auprès des sommeliers. Car les vins corses misent ces dernières années avant tout sur l’image, une stratégie renforcée par une présence accrue sur les réseaux sociaux. Les résultats sont déjà bien au-delà des espérances pour un vignoble qui ne pèse que 1% de la production nationale avec à peine 340 000 hl par an. 

Caroline Franchi ©F. Hermine

Place à la nouvelle génération

Cette stratégie est l’une des lignes directrices qui avait émergé du séminaire initié en 2019. La réflexion a permis de rassembler davantage d’opérateurs et d’impliquer plus de jeunes vignerons nombreux à s’installer à Sartène, Figari, Calvi, Patrimonio…, la plupart par transmission, certains en récupérant du foncier par héritage et en profitant pour changer de métier et de vie, quelques-uns avec des restructurations. « La viticulture se renouvelle et la jeune génération prend le relai », affirme le président de l’interprofession Eric Poli. « Mais il faut reconnaître que si l’on passe entre les gouttes des difficultés, c’est grâce à notre identité forte et à nos cépages autochtones, mais c’est aussi parce que nous avons su prendre le virage du rosé, aujourd’hui 70 % en moyenne de la production corse, et parce que nous essayons de mettre tout le monde autour de la table pour avancer ».

Réflexions et commissions

Le plan à cinq ans a fourni une vision du vignoble avec un repositionnement affirmé et des objectifs en matière de développement durable, changement climatique, production en bio, hausse de l’export qui atteint désormais 20%… Dans la boîte à outils fournie ensuite aux vignerons, outre les goodies, ils ont récemment trouvé une précieuse calculette export digitale. Ils rentrent le prix rendu Marseille (prix avec TVA puisqu’en Corse le prix des vins est en HT), le pays de commercialisation souhaité et la machine leur indique les taxes, la fourchette de prix à l’arrivée, si le marché est adapté à la production… 

Autre outil précieux, l’observatoire économique renforcé par l’embauche d’un chargé de mission et coordinateur Enzo Martel, et pour le printemps une plateforme logistique qui permettra d’externaliser et mutualiser les expéditions à tarifs préférentiels. « Nous fonctionnons en commissions d’une dizaine de vignerons chacune avec la charge de recenser les besoins, proposer des méthodes de travail, faire remonter les éléments de réflexion, explique Enzo Martel. Nous intervenons comme un cabinet conseil avec compte-rendu aux vignerons pour rendre la filière plus opérationnelle ». Sur la table, un autre dossier plus délicat à étudier, l’amélioration qualitative et la hiérarchisation des vins rouges pour la garde car ils tendent à se voir grignoter ces dernières années par les blancs dont la demande s’accroît comme sur le continent.

©F. Hermine

Cet article Un plan de bataille … Corsé ! est apparu en premier sur Terre de Vins.