10 kilomètres de haies plantées à Saint-Julien

Les 19 propriétés de l’appellation Saint-Julien, dans le Médoc, ont mis collectivement en place un programme de plantation de plus de 10 kilomètres de haies à proximité des cours d’eau, dont la touche finale a été donnée jeudi 23 mars avec des écoliers locaux.

Jeudi 23 mars, à proximité du terrain de tennis de Saint-Julien-Beychevelle, des écoliers de la commune plantaient quelques arbres destinés à former une future haie entre les vignes avoisinantes et le court où s’exercent les futurs Roger Federer médocains. Cette séquence pédagogique était le point final d’un grand programme de plantation mis en place par l’ODG (Organisme de défense et de gestion) Saint-Julien en 2021, qui a vu le déploiement de 10 600 mètres de haies à travers l’appellation. Ces haies sont partiellement disposées à proximité de sites « sensibles » (quand les vignes sont proches des riverains), mais essentiellement auprès des cours d’eau de l’appellation.

François-Xavier Maroteaux, propriétaire du château Branaire-Ducru et président de l’ODG, détaille cette initiative : « depuis plusieurs années, de nombreuses propriétés de Saint-Julien ont mis en place des initiatives individuelles sur le plan du développement durable, de la défense de la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique. Mais en échangeant tous ensemble, il nous est apparu qu’il serait vertueux de collaborer sur un projet à l’échelle de toute l’appellation. Ainsi nous est venue l’idée d’un grand programme commun de plantation de haies, plus facile à déployer et surtout plus efficace lorsque l’on fait ça collectivement. L’avantage de Saint-Julien est d’être une appellation de taille raisonnable (910 hectares) avec seulement 19 producteurs. Parmi eux, 11 châteaux sont des grands crus classés. Tous les producteurs ont participé aux travaux et 14 dossiers de plantation ont été déposés au total ».

Protéger les cours d’eau, limiter l’érosion, contenir les traitements, apporter de la fraîcheur
Ce grand projet a été élaboré en collaboration avec la société girondine Phloème, qui a permis de localiser les endroits de plantation adéquats et les bonnes essences à sélectionner, suite à un état des lieux du territoire établi par l’association Arbres et Paysages 33. Cet état des lieux a permis de mettre en exergue la nécessité d’implanter ces haies à proximité des cours d’eau se trouvant sur l’appellation et de déclencher le soutien de la DRAFF Nouvelle-Aquitaine ainsi que de l’Agence de l’Eau Adour Garonne. Financé en partie grâce au plan France Relance, ce programme a permis de planter 31 essences d’arbres, à 80% locales, choisies en fonction de leur apport sur un lieu bien précis. Les bénéfices de ces plantations de haies sont multiples : régulation des ruissellements et limitation de l’érosion des parcelles ; barrage contre la dispersion des embruns et des produits phytosanitaires ; formation d’un microclimat (brise-vent, régulation des températures) ; maintien du bon état sanitaire des cours d’eau ; production de bois de chauffage, bois d’œuvre et fruits en fonction des espèces sélectionnées.

Ces haies constituent aussi un réservoir de biodiversité : lieux de vie, d’abri et de croissance pour la faune environnante ; source d’alimentation grâce à la production de fleurs, de graines et de fruits qui permettent le développement de nombreuses espèces d’insectes, d’oiseaux ou de petits mammifères ; réservoirs de faune auxiliaire, luttant contre les ravageurs des cultures agricoles de façon écologique. Elles sont, enfin, un élément de structuration du paysage, ce dernier étant actuellement en grande partie dessiné par la monoculture viticole.

« Le fait que cette initiative soit collective et qu’elle ait bénéficié d’une aide de l’État nous a permis d’aller beaucoup plus vite que si chacun avait planté des haies dans son coin », poursuit François-Xavier Maroteaux. « Le fait que le conseil d’administration soit composé de tous les membres de l’appellation nous a permis de prendre cette décision de façon unanime, et c’est notre force. Tout comme nous avions tous mis en place la confusion sexuelle il y a une vingtaine d’années et créé notre propre GDON en 2010 contre la flavescence dorée, cette mutualisation des efforts permet une grande efficacité. Cela nous permet même d’anticiper de futures nouvelles règlementations, par exemple sur les distances de traitements. À nous maintenant d’entretenir ces haies, de les faire grandir, et il ne fait pas de doute qu’elles vont donner naissance à d’autres initiatives, d’autres pistes de réflexion ».

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