InterLoire candidate chez Vignerons Engagés 

Il est possible pour une interprofession d’adhérer au collectif « Vignerons Engagés », le label développement durable et RSE dans le vin, comme InterLoire nous le fait découvrir à l’occasion de sa candidature. Si celle-ci est retenue, elle deviendra la première interprofession à intégrer le collectif. 

Pour InterLoire, intégrer Vignerons Engagés ne conduira pas à une labellisation. Le collectif s’est ouvert à tous les acteurs de la filière pour aller plus loin dans sa démarche RSE et créer des solutions plus durables grâce aux échanges entre les différents acteurs. Ainsi l’adhésion d’InterLoire représenterait un nouveau jalon posé dans la perspective d’accompagner les mutations qui traversent l’interprofession.  

Une candidature en tant qu’interprofession
Sophie Talbot, directrice générale d’InterLoire, tient à évacuer toute équivoque quant à cette candidature : « InterLoire soutient cette démarche en son nom propre. En aucun cas, nous souhaitons influencer les vignerons de la région par cette démarche ou être prescripteur. Il ne s’agit pas d’une mesure incitative. Nous considérons qu’adhérer à un label ou être certifié en bio est un choix qui appartient à chacun ». C’est donc bien en tant que structure qu’InterLoire souhaiterait rejoindre « Vignerons Engagés » afin de s’ouvrir à une communauté à l’échelle nationale et de bénéficier de retours d’expérience.  

Si la candidature d’InterLoire est retenue, l’interprofession rejoindra donc, au sein de Vignerons Engagés le collège des partenaires et apportera un nouveau point de vue sur des enjeux de développement durable et RSE. Concrètement, cela contribuera aussi à organiser un premier audit RSE d’InterLoire (toujours en tant que structure) et permettra de mobiliser ses collaborateurs sur les problématiques afférentes. « Vignerons Engagés apporterait une ouverture, via le partage d’expériences et de bonnes pratiques », nous précise Sophie Talbot.   

Ça bouge chez InterLoire 
En 2023, les élus d’InterLoire ont élaboré un nouveau projet politique à l’occasion de deux séminaires dédiés qui se concrétise lors de son assemblée générale en décembre. InterLoire actualise sa raison d’être : « Représenter, promouvoir et valoriser les vins de Loire, en étant au service du collectif d’acteurs ligériens et en orientant et en coordonnant la réponse du vignoble face aux enjeux de demain, dans une démarche durable et d’équité » et se dote d’un nouveau projet politique : « Objectif InterLoire 2030 ». Les quatre axes stratégiques mis en évidence : leadership filière, synergie dans le collectif, communication et gouvernance permettront courant 2024 de structurer des réponses opérationnelles. 

En parallèle de ce nouveau projet politique, InterLoire coordonne, avec ses partenaires, le plan filière viticole Val de Loire 2030, élaboré en 2019 et régulièrement mis à jour. Sur le plan environnemental, cela se traduit par un objectif de 100% du vignoble ligérien engagé en certification environnementale ou en Agriculture Biologique d’ici 2030. Aujourd’hui, déjà 80% des surfaces du vignoble répondent positivement à cette exigence, de quoi alimenter les synergies entre interprofession et acteurs de la filière… 

Rendez-vous courant avril pour la réponse de Vignerons Engagés ! 

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La nouvelle « tuerie » de la maison Frapin   

Un nouveau cognac sorti des chais de la maison Frapin est toujours un événement pour les amateurs de spiritueux. Et la série n°1 de Trilogie Frapin se délivre à la hauteur des attentes. Du grand art ! 

Il n’est jamais inutile de rappeler que la maison Frapin est située à Segonzac, au cœur de la Grande Champagne, le 1er cru du cognac, avec un terrain de jeu de près de 250 hectares d’un seul tenant sur les plus beaux coteaux calcaires que compte l’appellation Cognac. Ce Latour du cognac, par sa taille et par la qualité des produits, caresse, pense, élabore le cognac de A à Z, de la vigne à la bouteille. Rien n’arrive de l’extérieur chez Frapin. Nous l’aurons compris, cette maison qui a pour aïeul un certain Rabelais est un monde à part et ses eaux-de-vie, historiquement distillées avec les lies, sont des merveilles de densité, de pureté et de profondeur. A coté du VSOP, des XO et des millésimés, le maître de chai et directeur général Patrice Piveteau, accompagné de son équipe, s’applique à tisser quelques assemblages rares. Ainsi est née cette trilogie Frapin pour une série limitée de 1600 exemplaires, une conjugaison des millésimes 1986, 1988 et 1990. Le plus jeune millésime faisant office d’âge, c’est donc un 32 ans d’âge qui sort des chais où l’explosion d’arômes dès le nez augure du meilleur. L’attaque en bouche confirme cet éclat, de notes épicées à l’abricot sec en passant par le coing et des notes racées de cuir. La bouche est d’une longueur stupéfiante, nous emmenant dans le règne du rancio, de la boîte à cigare et du bâton de réglisse. Fidèle à la maison Frapin, cette série n°1 de Trilogie Frapin titrant 41,2 % est un déjà un spiritueux mythique. 

Trilogie Frapin Série n°1 1986-1988-1990 : 310€ les 70 cl. 

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Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

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Rhum-whisky et cocktails gagnants

Rhum-whisky et cocktails gagnants

Le dernier baromètre d’opinion SoWine/Dynata a évalué également la tendance en matière de spiritueux. Il confirme l’intérêt pour le tandem rhum-whisky et pour les cocktails avec néanmoins une progression des non-consommateurs.

Si 38 % des Français déclarent un intérêt pour l’univers des spiritueux, plus marqué chez les hommes à 44 % (vs 33 chez les femmes), ils s’estiment majoritairement néophytes pour les trois-quarts des répondants, en légère baisse de 2 points. Mais ce recul ne semble pas affecter la consommation puisque 63% des consommateurs déclarent boire des spiritueux purs, autant en cocktails. 79 % des Français préparent d’ailleurs eux-mêmes leur cocktails (+ 2) et près d’un consommateurs cinq déclare improviser les recettes (+5). Mais il faut pourtant relever la progression des non consommateurs de spiritueux, plus nombreux que pour le vin : un tiers des répondants (+3).

Tendance rhum-whisky confirmée
Les spiritueux enregistrent sans surprise un intérêt plus marqué chez les hommes qui se déclarent néanmoins plus néophytes que pour les vins. 63% les consomment purs ; 37% sont toutefois non consommateurs, en hausse de 10 points en trois ans, un chiffre plus élevé chez les 18-25 ans et les femmes. Près des deux tiers des répondants privilégient les cocktails, plutôt occasionnellement avec une hausse également de non consommateurs, surtout chez les 50-65 ans. Les spiritueux purs sont cités par 21% des Français comme boisson préférée, les cocktails par 31% (+ 2 points) surtout chez femmes et les jeunes. 

Dans les spiritueux purs, le tandem whisky-rhum restent en haut du podium. « Le whisky à 72 %, en hausse de 4 points, reprend du poil de la bête et affiche une consommation plus régulière ; il peut même encore recruter, tandis que le rhum (79%) toujours leader marque le pas avec une consommation plus occasionnelle » détaille Sylvain Dadé, co-fondateur de l’agence SoWine. Contrairement au whisky toujours plus « masculin », le rhum intéresse autant les femmes que les hommes. Il ne bénéficie pas d’autant de consommateurs réguliers que son concurrent malté (12% vs 20%). La vodka arrive en troisième position (61%) juste devant les liqueurs (60%), puis le gin et le cognac. En cocktails, le rhum reste leader à 56% loin devant la vodka (37%), le whisky (29%), le gin (22%) le gin qui enregistre une belle dynamique (+ 5%), la tequila et les liqueurs. 

Une prémiumisation des achats
Plus des deux tiers des répondants ont acheté un spiritueux dans l’année, un chiffre en recul de 3 points. Les achats se font toujours très majoritairement en grande distribution, secteur largement privilégié, par 81% de répondants vs 24% chez un caviste, 10% sur internet (- 3 points), un circuit à la peine malgré une hausse chez les 18-25 ans. 

Le budget moyen est en progression de 5 points sur la tranche 21-50€. La tranche des bouteilles à plus de 20€ – près de la moitié des consommateurs déclarent son budget moyen dans cette tranche- est particulièrement dynamique. « On peut noter une tendance à la prémiumisation, les consommateurs étant enclins à dépenser plus pour une bouteille que dans l’univers du vin », commente Sylvain Dadé. « Mais la consommation des spiritueux devient encore plus occasionnelle que le vin avec une baisse plus marquée des grands acheteurs, déjà minoritaires à 6%, tandis que les acheteurs occasionnels (43%) restent stables ». On constate par ailleurs une hausse de la fréquence d’achats chez les 18-25 ans.

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Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

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Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

Cet article Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse est apparu en premier sur Terre de Vins.

Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

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Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

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Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

Cet article Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse est apparu en premier sur Terre de Vins.

Trop chère, la Bourgogne ? 15 cuvées qui prouvent l’inverse

La 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se déroulait la semaine dernière, a été l’occasion pour les dégustateurs professionnels de dénicher des pépites à prix encore accessible. Car oui, il y en a en Bourgogne lorsqu’on veut bien se donner la peine de les trouver !

C’est une petite musique que l’on entend de plus en plus, chez les sommeliers comme chez les cavistes et les journalistes spécialisés : « les vins de Bourgogne sont devenus trop chers, leurs grands crus sont des valeurs spéculatives hors de portée pour le budget du commun des mortel, et même les cuvées en AOC régionale sont devenues trop onéreuses ». Serait-on à la veille d’un désamour, ou du moins d’un début de « Bourgogne Bashing » ? Gardons la tête froide. Tout d’abord, la 17e édition des Grands Jours de Bourgogne, qui se tenait du 18 au 22 mars entre les vignobles de l’Yonne, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, a prouvé que le « désir de Bourgogne » est encore très vivace, si l’on en croit l’affluence record de 2600 professionnels venus du monde entier. À la faveur de deux millésimes affichant de beaux volumes, 2022 et 2023, la Bourgogne a de nouveau du vin à vendre et il y avait du monde pour en acheter. Pour autant, l’interprofession n’élude pas la question de la flambée des prix de ces dernières années : s’il est volontiers rappelé que les grands crus, dont certains sont désormais inatteignables, ne représentent que 1% du vignoble, et que la cote stratosphérique de certains vignerons stars – particulièrement de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune – ne saurait concerner l’ensemble de la filière, un discours de prudence est tenu par les instances dirigeantes pour appeler les producteurs bourguignons à garder raison dans leur positionnement prix. C’est un fait, les vins de Bourgogne doivent rester distributifs et ne pas succomber à la tentation de la spéculation. Bonne nouvelle, les quelques jours de dégustations passés dans le vignoble bourguignon nous ont permis de confirmer qu’il y a encore plein de cuvées bourguignonnes accessibles en prix, notamment dans le Chablisien, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise. En voici quelques exemples.

Chablisien
Quelques nouveaux exposants de cette édition 2024 des Grands Jours, qui méritent le détour. On vous avait déjà parlé, il y a deux ans, de Guillaume Michaut et de son Domaine 47°N3°E créé en 2018. En 2022, Guillaume a « rapatrié » les vignes familiales et travaille aujourd’hui sur 7,80 hectares. On adore son Premier Cru « Beauroy » 2022 élevé 14 mois en cuve inox, une démonstration de pureté chablisenne, ciselée, précise, aérienne (45 €). Au rayon des nouveaux exposants, le Domaine des Trois V est une exploitation familiale reprise en 2017 par Marjorie Molusson, première génération à faire, dès 2020, de la mise en bouteille (même si elle continue de vendre au négoce). Marjorie travaille avec sa fille Thessa, qui nous présente notamment un Premier Cru « Vaucoupin » 2022, 100% cuve inox, tout en palette florale et touche iodée, saline, doté d’une belle mâche salivante et d’une très belle persistance (18,70 €). Du nouveau aussi au Domaine Krantz, installé à Chitry : le fils Antoine a rejoint le père, Jean-Yves (installé depuis 30 ans sur 15 hectares), et ensemble ils ont mis leur premier millésime en bouteille en 2020. Coup de cœur pour le Bourgogne Chitry blanc 2022, 100% cuve, issu de vignes de chardonnay d’une quarantaine d’années, déroulant une jolie chair de poire juteuse à point, un agréable gras qui ne cède rien au côté désaltérant, tout cela pour 8,50 € seulement, quelle affaire ! Enfin, Domaine Vincent Wengier, pas vraiment une nouveauté – il a repris les rênes du domaine il y a 25 ans – mais une valeur sûre à (re)découvrir, annonce une certification bio de ses 28 hectares à partir du millésime 2023. Toute la gamme est impeccable mais si c’est une pépite que vous cherchez, optez pour le Bourgogne Chardonnay 2022, d’une belle densité vibrante, une chair plantureuse mais de la nervosité, un profil salivant, c’est un sacré bon chardo tout en dentelle ! (12,50 €)

Crémant de Bourgogne
Nous sommes au Domaine Bruno Dangin à Molesme, à la frontière entre Bourgogne et Champagne, où Matthieu Dangin a repris le flambeau de son père Bruno dans la production de crémants de très haute volée, certifiés bio depuis 2014. À la tête de 5 hectares (et d’une vingtaine d’ares en Champagne), il produit des bulles élégantes et toniques, essentiellement à base de pinot noir. Matthieu s’autorise à produire la même cuvée avec ou sans soufre (« Prestige de Narcès » et « Prestige de Constance », respectivement 22 et 23 €), signe un « Grand Éminent » 100% pinot zéro dosage, élevé 5 ans, combinant finesse et dynamisme (24 €), et s’aventure même en Vin de France pétillant avec sa cuvée « Territoires », qui marie pinot noir bourguignon, chardonnay languedocien, sylvaner alsacien et sémillon bordelais, une petite bombe de pur plaisir à 14 € seulement.

Mâconnais
Le Mâconnais reste une valeur sûre pour qui veut trouver des chardonnays bourguignons à prix doux. Encore faut-il savoir faire le tri dans une offre pléthorique ! Et si l’on vous a déjà parlé par le passé de quelques références de la région comme Saumaize-Michelin, Verpaille, Frantz Chagnoleau, Alexis Pollier ou encore l’incontournable domaine Guillemot-Michel en biodynamie, bien d’autres producteurs méritent le détour. On mentionnera en premier lieu Nicolas Maillet. À la tête de 8 hectares, il a repris l’exploitation familiale en 1999 (elle faisait alors 3,5 hectares et son père livrait sa production en coopérative), a amorcé un passage en bio et en biodynamie, travaillant en levures indigènes et sans contenant boisé. Outre son bourgogne aligoté qui remporte fréquemment les suffrages et séduit par sa savoureuse floralité, nous avons beaucoup aimé son mâcon Izé 2022 issu de vignes quinquagénaires, plein de vibration et doté d’un crémeux pixellisé. Mais surtout son mâcon Verzé 2022 « Le Chemin Blanc », assemblage de trois parcelles centenaires, tactile, traçant, salin (25 €).

Situé à Vergisson, Pierre Desroches cultive une douzaine d’hectares qu’il a repris en 2010 et considérablement développés, labellisés bio depuis 2022. Ses étiquettes sont sur Mâcon, Pouilly, Saint-Véran : une gamme très complète, très cohérente, sans fausse note, où se distingue son Pouilly-Fuissé Premier Cru « Clos de Solutré » 2022, très floral, minéral à souhait, déclinant une trame crayeuse sur chair mûre (26,40 €).

On part enfin à Viré chez Gondard-Perrin, domaine familial de 18 hectares montant au moins au XVIIè siècle, mené par Frantz-Ludwig depuis 2015. À 30 ans seulement, il perpétue le savoir-faire de ses prédécesseurs, qui se distingue par la recherche d’une maturité poussée qui s’équilibre toujours par une belle fraîcheur. Son viré-clessé « Climat Brechen » 2022, toujours en fût (on est entre 22 et 26 mois d’élevage) et prochainement mis en bouteille, est un modèle d’harmonie entre opulence et salinité, puissance et fraîcheur. Ses 6 grammes de sucre résiduel apportent une touche de gourmandise, le crémeux de la matière se teinte de cristaux de sel sur la langue, c’est délicieux (18 €).

Côte Chalonnaise
Alain Hasard, nous vous avions déjà parlé il y a quelque temps, est un vigneron extrêmement talentueux situé à Aluze, en Saône-et-Loire. Ses mercureys sont de véritables bijoux de pinots noirs mais, hélàs, victime de son succès, Alain ne les faisait pas déguster aux Grands Jours ! Nous avons pu apprécier ses cuvées en Bourgogne Côte Chalonnaise, « Les Oxfordiennes » et « Les Amourettes », ainsi que deux cuvées en Rully, « La Chatalienne » et « Les Cailloux ». Comme son nom l’indique, cette dernière vient d’un terroir ultra calcaire d’u demi hectare. En 2022, malgré le côté solaire du millésime, elle décline un profil très vertical, élancé, résolument crayeux sur la langue (37 €). Alain, qui exploitait jusqu’ici un peu plus de 5 hectares, a réduit la voilure à 3, pour pouvoir continuer d’accorder une attention méticuleuse à chacune de ses vignes. En attendant que l’un de ses cinq enfants vienne prendre doucement le relais ?

On reste à Rully avec le domaine Jaeger Defaix, qui décline une gamme de cuvées rendant magnifiquement honneur à l’appellation, grâce à l’incontestable talent d’Hélène Jaeger Defaix. Nous avons particulièrement aimé, en blanc, le Rully 1er Cru Rabourcé 2022, issu de sols de marnes blanches, exprimant une vitalité et une droiture irréprochables (35 €) ; et, en rouge, le Rully 1er Cru Clos du Chapitre 2022 : sur ce terroir de 6,5 hectares, Hélène en exploite 1,4, et en tire un jus d’un superbe velouté, absolument irrésistible (38 €).

On passe de Rully à Givry avec le domaine Sarrazin Michel & Fils, situé à Jambles (71). Une vaste exploitation familiale couvrant 47 hectares. Outre un excellent bourgogne Aligoté « Charnailles » 2022, véritable bonbon à 8,50 € seulement, on vous recommande le Givry 1er Cru « Champs Lalot » 2022, en blanc, un chardonnay élevé en fût neuf déclinant un confortable beurré, un joli équilibre entre suavité et finesse de texture, une matière gourmande mais aérienne (19 €). En rouge, le Givry 1er Cru « Les Grands Prétants » 2022, issu de vieilles vignes de pinot noir, arbore une touche de rusticité dans son dessin tannique mais un agréable juteux, qui laisse présager une bonne garde. À attendre, donc (23 €).
Stéphane Aladame, originaire de Montagny, a créé son domaine en 1992, d’abord avec 2,5 hectares en location. Il a progressivement agrandi la surface, avant de céder la majorité de son exploitation à de nouveaux associés en 2023. Il garde toutefois un tiers des parts du domaine et continue de faire les vins. On salue la précision florale, svelte et ciselée de son Montagny 1er Cru « Les Vignes Derrière » 2022, une belle expression de chardonnay au parfum d’acacia (27 €).

On se déplace du côté de Buxy pour rencontrer Aline Beauné, qui a repris en 2018 le vignoble familial dont ses parents, depuis plus de 40 ans, livraient le fruit en coopérative. Après avoir fait ses armes à Santenay, Aline a repris les 6 hectares pour produire exclusivement du blanc (Bourgogne, Aligoté, Montagny) et un peu d’achat de raisin à Santenay pour ouvrir sa gamme au rouge. En guise de chardonnay pur plaisir « sans prise de tête », son Bourgogne blanc 100% cuve en acier émaillé se signale par sa jolie tension et son aromatique acidulée sur la peau de citron (17 €). On monte de plusieurs crans en matière de complexité avec son Montagny Village 2022 « Reconnaissance », une nouvelle cuvée issue d’une parcelle isolée de vignes de 35 ans, élevées en foudre, en équilibre entre l’ampleur et la droiture, très fraîche et digeste (35 €).

Retour à Mercurey avec le Domaine Charton, vignoble de 12 hectares dont les blancs nous ont semblé campés sur un élevage un peu trop appuyé, mais qui signe de très jolis rouges où se distingue un 1er Cru « La Chassière » 2022, vigoureux, savoureux, plein et séveux, doté d’une belle allonge (30 €).
On finit en beauté ce tour d’horizon de la « Bourgogne accessible » avec une jolie histoire familiale en Côte Chalonnaise, celle du Domaine Bertrand, vignoble d’une dizaine d’hectares à Barizey. Le fils, Raphaël, qui avait suivi initialement une formation en mécanique auto, a repris les rênes du domaine en 2018 avec son épouse Catarina, d’origine portugaise. Cette dernière, ingénieure chimiste, a passé son diplôme d’œnologue et impulse désormais la partie technique, tout comme elle a piloté la modernisation des étiquettes. Après avoir vinifié au Chili, Raphaël et Catarina sont revenus à la maison avec de fermes ambitions, ils ont rénové la cuverie, revu les modes de réception vendange et de vinification, réorienté la conduite environnementale du vignoble et, tout en continuant de vendre une bonne partie de la production au négoce, développent progressivement la mise en bouteille (passé de 3000 à 20 000 unités entre 2020 et 2022). On craque pour deux de leurs cuvées : le Mercurey « Les Marcœurs » 2022, beau jus savoureux et sanguin, plein d’énergie (22 €), et le Mercurey « La Pidancerie » 2022, au profil plus aiguisé et tranchant, à l’aromatique déclinant fleur mauve et baie bleue, très appétissante (22 €). Un domaine à suivre !

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