La première Saint-Vincent en grand à Cahors

Les vins de Cahors relancent la fête de la Saint Vincent le week-end du 20 au 22 janvier avec des animations et dégustations dans toute la ville et le vignoble.

Le projet de relancer la fête du saint patron des vignerons flottait dans l’air cadurcien depuis quelques années. Elle existait déjà dans le petit village de Saint-Vincent Rive-d’Olt près de Luzech (Lot) à l’initiative d’une demi-douzaine de vignerons mais dans l’optique de doper l’attractivité œnotouristique du vignoble, l’interprofession avait décidé de voir plus grand dans la capitale lotoise et de lancer ainsi un ambitieux programme d’événementiels. Il devait donc commencer par une grande Saint-Vincent à Cahors… en janvier 2022. Déloyalement concurrencée par un sale petit virus qui avait choisi de reprendre du poil de la bête l’hiver dernier, elle avait du être annulée au dernier moment. Elle revient avec encore de plus beaux atours en 2023. « Nous avons voulu en faire un grand événement populaire sur tout un week-end pour attirer aussi des visiteurs venant de l’extérieur du territoire et rappeler le riche passé viticole de la cité , explique Armand de Gérard, directeur marketing de l’UIVC (Union Interprofessionnelle des Vins de Cahors). Nous tenions à offrir à nos vins une mise en avant qualitative en les associant avec des produits régionaux, notamment la truffe ». Elle sublimera le dîner de gala organisé le vendredi soir au restaurant La Chartreuse à Cahors au bord du Lot. Le repas gastronomique concocté en collaboration avec l’association des chefs cuisiniers des Bonnes Tables du Lot mariera en cinq services mets truffés et vins en présence d’une vingtaine de vignerons qui passeront à chaque table pour raconter leur domaine et leur production (130€, sur réservation).

De ville en vignes

Une grande dégustation itinérante animera la vieille ville en cinq pôles où chacun pourra associer les vins lotois avec un produit régional (la truffe bien sûr mais également le fromage de chèvre de Rocamadour, l’agneau fermier du Quercy, le canard IGP Sud-Ouest, les noix du Périgord, le pain « Croustillot », le tout en échangeant avec les vignerons sur le terroir, les cépages, la vinification.. (kit de dégustation à 15€ avec verre, porte-verre, totebag, coupons de dégustation et éthylotest, à retirer à la Villa Malbec). Plus d’une vingtaine de bars et restaurants cadurciens joueront également le jeu en proposant tout le weekend diverses animations telles que des repas accords mets-vins, des apéros concerts, des thèmes truffes, épices, huîtres, chocolat etc). Cavistes et épiceries partenaires ne seront pas en reste en offrant une remise de 10% sur les vins de Cahors tout le week-end.

Le dimanche, une grande messe de la Saint Vincent se tiendra à 10h dans la cathédrale animée par l’organiste Albertus Derksen et l’ensemble vocal de musique sacrée La Sportelle. Elle sera suivie a 11h30 dans le cloître d’un chapitre de la Confrérie du vin de Cahors et de la mise en perce de la barrique de vin apportée en charrette avec la statue de Saint Vincent et accompagnée par des enfants cadurciens en costume. Le dimanche après-midi, portes ouvertes dans une quinzaine de domaines avec de multiples propositions (verticale de vieux millésimes, sentier pédagogique dans les vignes, découverte des cépages résistants, de la viticulture bio, visites de chais…). La Saint-Vincent devrait désormais se tenir chaque année le 3e week-end de janvier à Cahors.

Plus de renseignements sur www.vinsdecahors.fr #SaintVincentCahors

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[Bourgogne] Couchey prêt accueillir sa Saint-Vincent Tournante

La grande fête des vignerons de Bourgogne se déroule à Couchey les 28 et 29 janvier 2023. Le village de la Côte de Nuits s’apprête à réunir des dizaines de milliers de visiteurs autour de ses vin en AOC marsannay, de stands gastronomiques et d’animations.

Saint-Vincent Tournante, J-15 ! La fête du saint patron des vignerons, qui, chaque hiver, réchauffe les cœurs dans un village différent de Bourgogne, se tiendra les samedi 28 et dimanche 29 janvier 2023 à Couchey, en Côte de Nuits. Le village voisin de Dijon compte seulement six domaines viticoles. D’où l’esprit familial des vignerons organisateurs, dont fait partie Romain Derey. « On est forcement très motivés ! Et le village s’est fédéré derrière nous : plus de 700 bénévoles vont nous aider. Heureusement qu’ils sont là. »

Le vigneron et ses confrères produisent des rouges, blancs et rosés d’appellation marsannay, la plus récente des AOC de la Côte de Nuits. Un vin au cœur des festivités : dans le village, décoré pour l’occasion, 9 caveaux accueilleront les visiteurs. On y dégustera les cuvées de la Saint-Vincent, élaborées par les domaines de la commune.

Kit de dégustation à réserver en ligne

En parallèle, des stands de restauration et des lieux de concerts et d’animations animeront les rues du bourg. De quoi festoyer après le programme traditionnel d’ouverture du samedi : défilé des 100 confréries vigneronnes de Bourgogne dès 7h30, et cérémonie à l’église à 10h.

Pour accéder à la manifestation, 4 000 places de parking ont été prévues autour du village. Les bénévoles seront chargés de guider les visiteurs. Si vous venez de Dijon, le mieux est « de prendre la navette qui part de la Cité de la Gastronomie, car elle dépose les passagers au plus près de la fête ». Si vous dégustez, il faudra vous procurer un kit de dégustation, au prix de 20 €. Vous le trouverez aux entrées du village. En le réservant en ligne, vous obtiendrez un QR code permettant d’éviter la queue.

Reste pour les organisateurs à prier pour éviter la pluie. Mais « comme on propose une cuvée de rosé, ça va faire venir le soleil ! », assure Romain Derey. Programme complet et infos pratiques sur svt2023.fr.


Un banquet le samedi soir

Envie d’une expérience gastronomique typiquement bourguignonne? Rejoignez le grand banquet vigneron de la Saint-Vincent, samedi soir à la maison de Marsannay. Les chefs Philippe Poillot, Pierre Lebaupin et Tony Belliet vous y proposent un repas en sept services accompagné des cuvées de la Saint- Vincent et de quelques flacons surprise… Prix par convive : 230 €. Il reste une semaine pour s’inscrire.

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[EXCLU] Gaston Burtin : des coulisses de la Champagne à l’avant-scène !

En lançant la gamme « hommage à Gaston Burtin », Frédéric Olivar, président de la Maison Burtin, veut rendre célèbre quelqu’un qui a toujours refusé de l’être. Car telle est bien l’histoire de Gaston Burtin, celle d’un homme de l’ombre, d’une éminence grise, et n’ayons pas peur des mots d’un flibustier de la Champagne, qui pendant des décennies a fait, dans le plus grand secret, la pluie et le beau temps sur l’appellation.

 « Gaston Burtin, c’est l’homme de l’incroyable réussite, c’est l’Amérique des chercheurs d’or et du Texas à Épernay, c’est la démonstration que tout est possible » s’enthousiasmait Michel Davoz dans son Encyclopédie du champagne en 1983, avant de poursuivre : « C’est vingt à trente millions de bouteilles en stock, c’est aujourd’hui le deuxième producteur de champagne. Son nom était inconnu il y a cinquante ans, rarement prononcé il y a trente ans, chuchoté discrètement aujourd’hui par quelques initiés. Gaston Burtin, c’est tout le contraire du faste et de la représentation luxueuse et festoyante du champagne et des maisons de Champagne. C’est un homme qui ne croit ni à l’esbroufe ni à la publicité, craint les dépenses inutiles, évite les collaborateurs surnuméraires et redoute les frais généraux. »

Né en 1900 dans l’Aisne, Gaston Burtin n’est pas champenois. Il débarque à Epernay en 1923 où il travaille pour son beau-père Léon Sacotte qui tient une affaire de vente d’alcool et de champagne, avant de créer sa propre société en 1933. En pleine crise, notre héros rachète des vins sur lattes aux vignerons (des bouteilles déjà élaborées) pour les revendre sous la marque « Gaston Burtin ». Il constate alors que son nom n’est guère vendeur « Il ne pouvait pas mettre devant « Veuve », et il manquait à « Burtin » une consonance germanique » explique Frédéric Olivar. Gaston réoriente donc son commerce vers les maisons de Champagne. Le principe est simple : acheter lorsque personne n’achète, que ce soit des raisins, des vins clairs ou des bouteilles sur lattes, pour revendre quelques années plus tard, souvent à ceux-là même qui lui avaient vendu, lorsque le marché explose et que les prix sont au plus haut. Des maisons, y compris des marques très réputées, collent ainsi en toute confiance leurs étiquettes sur ses flacons, elles connaissent en effet sa devise : « Oser, vouloir et savoir se taire ».

En 1950, où la récolte surabondante fait chuter les cours, Gaston Burtin réalise sa première belle opération. Il achète alors à tour de bras. Le gel du printemps 1951 lui donne raison et nombre de négociants viennent le solliciter. Ce succès lui permet de racheter en 1953 le champagne Giesler à Avize. Mais c’est en 1955 qu’il va définitivement asseoir sa fortune. Cette année-là le répartiteur du Comité Champagne, Pierre Koelgen, tire en vain la sonnette de toutes les maisons pour caser les raisins des vignerons. Gaston Burtin accepte de stocker leurs vins dans les caves qu’il occupe le long de la voie ferrée entre Castellane et Mercier. Il ne peut pas payer tout de suite, mais il demande à ce qu’on lui échelonne les versements. La timidité des maisons aura raison de la fidélité de nombre de leurs livreurs et 1955 marquera l’amorce du renouveau de la manipulation au vignoble et des projets coopératifs. Gaston Burtin, quant à lui, apparaîtra au contraire comme le sauveur des vignerons qui n’oublieront jamais son geste. Et comme 1956, 1957 et 1958 offrent de petites récoltes alors que démarrent justement les Trente Glorieuses, Gaston ressort doublement gagnant, revendant une fois encore à prix d’or ses vins aux maisons.

C’est ce coup de maître qui lui permet de racheter le champagne Gauthier en 1958, une autre maison historique qui compte à l’époque 400 ouvriers et se situe juste à côté de Moët & Chandon. Il y lance un chantier pharaonique en creusant à 35 mètres de profondeur pour créer un réseau de caves se superposant sur neuf étages reliés par un ascenseur. Il investit aussi dans des équipements automatisés lui donnant les moyens de sortir jusqu’à 100.000 bouteilles par jour. Il devient ainsi l’un des rares opérateurs capables de satisfaire en volume ce nouveau marché qui émerge, celui de la grande distribution qui accompagne la démocratisation du champagne. Habile, il multiplie les marques (plus d’une centaine) pour éviter qu’entre les différentes enseignes, les mêmes produits soient mis en concurrence. Il a également mis la main sur quelques jolis noms, qui entrent en résonnance avec des marques célèbres comme Eugène Cliquot ou Alfred Rothschild.

La société de Gaston Burtin baptisée « Marne et Champagne » est désormais l’usine cachée de l’appellation. Elle est assise sur des bases très saines. « Comme sa gestion était patriarcale, tout ou presque était sur fonds propres. Il était devenu extrêmement riche, le magazine L’Expansion, à la fin des années 1970, le classait parmi les cinquante plus grandes fortunes françaises. »

La maison transmise à sa nièce dans les années 1990 connaîtra quelques difficultés liées à des choix stratégiques mais peut-être aussi au recul du marché de la spéculation. Face aux révélations de la presse anglaise, des maisons qui n’étaient pas autosuffisantes au niveau de leur cuverie préfèrent désormais s’équiper et pouvoir ainsi légitimement revendiquer la parenté de leurs vins. En 2005, la maison Burtin est finalement reprise par BCC, où elle maintient son activité de prestation, mais désormais davantage sur mesure, tout en incluant dans sa clientèle certaines marques du groupe. Elle poursuit aussi son ancienne activité en direction de la Grande Distribution.

Lorsqu’en 2020, Frédéric Olivar en devient président, il fait un constat : la société a tout d’une grande maison de champagne, pourquoi ne pas en tirer parti et relancer la marque Gaston Burtin qui n’avait été utilisée depuis les années 1930 que pour les bouteilles offertes aux livreurs ? « Nous n’avons pas l’image d’une maison qui a les pieds dans la terre, pourtant nous possédons un réseau d’approvisionnement de 700 hectares répartis entre 800 livreurs issus de toute la Champagne. Ce sont des contrats long terme avec des familles qui nous suivent depuis parfois quatre générations. Côté vins, notre style est singulier. Nos malos ont toujours été bloquées. Sur la partie haut de gamme, nous avons souvent fait de la prose sans le savoir, comme en témoigne notre soléra créée voici quinze ans par mon prédécesseur. Enfin, nos 20 millions de bouteilles en stock, nous donnent accès à tout ce dont on peut rêver ! Pour cette nouvelle gamme, j’ai donc pu mettre de côté depuis mon arrivée ce qui me semblait intéressant, l’idée étant de proposer des vins sur le fruit, la finesse, la fraîcheur, l’élégance, en évitant la vinosité. Le vieillissement est de trois ans minimum pour que les champagnes soient un peu polis, mais pas de manière excessive. Nous ciblons en priorité l’export, le circuit traditionnel et le b to b, je suis en effet certain que l’histoire de Gaston Burtin parlera aux entrepreneurs ! Nous partons sur un volume de 70.000 cols et visons à terme les 300.000, en positionnant le BSA autour de 34 euros ».

La dernière dimension du projet est sociale. « Nos collaborateurs se sentent orphelins. C’est un milieu où la notion de maison, de marque, est primordiale et c’est sans doute encore plus le cas à Epernay qu’à Reims. Ils ont tous des copains, des cousins, des frères qui travaillent pour Pol Roger, Perrier-Jouët… C’est important pour eux de pouvoir revendiquer leur champagne. Gaston Burtin a quelque chose de fédérateur, il fait partie de la légende, il était proche de ses ouvriers, son esprit est toujours là, nous avons même conservé sa vieille 604 peugeot ! »

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[REPLAY] « Vino Veritas » : Bordeaux face à la crise de l’arrachage

Pour la première émission de 2023, « Vino Veritas », le rendez-vous de la chaîne TV7 dédié à l’actualité du vin, se penche sur la situation de crise traversée par une partie du vignoble bordelais et sur les perspectives d’arrachages de près de 15 000 hectares de vignes, seul espoir pour les vignerons en détresse de sortir de l’ornière.

Dans un contexte de surproduction par rapport à une demande déclinante et à une baisse de la consommation de vin (en particulier de vin rouge), une partie du vignoble bordelais traverse une crise inédite. Plusieurs centaines de familles de vignerons se trouvent dans une détresse alarmante, et avec elles c’est toute une filière qui tremble – une filière qui emploie des dizaines de milliers de salariés, prestataires, etc. Face à cette crise, la solution de l’arrachage des vignes et de plus en plus brandie comme la seule option viable, à hauteur de 10% de la superficie totale du vignoble bordelais, soit environ 15 000 hectares. Mais comment enclencher ce grand plan arrachage ? Comment le financer ? L’urgence a-t-elle été vraiment mesurée par les pouvoirs publics ?

Pour répondre à ces questions, Xavier Sota et Mathieu Doumenge invitent Didier Cousiney, porte parole du collectif Viti 33, et Florence Lassarade, Sénatrice (LR) de la Gironde.

Voir toutes les émissions « Vino Veritas »

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La consommation hors domicile en hausse … mais en baisse

Selon le cabinet GiraFoodService, la consommation des vins hors domicile affichait un réel dynamisme en 2021 mais elle est pourtant loin d’avoir retrouvé son niveau de 2019.

Dans le cadre d’une baisse tendancielle de la consommation des vins en France, la consommation hors domicile semble tirer son épingle du jeu. C’est ce que tend à démontrer la dernière étude sur le sujet commanditée par le CNIV et FranceAgriMer et réalisée par le cabinet IRI-Gira FoodService à partir des données récoltées chez les grossistes et les cash&carrys. Ce circuit de distribution représente 40 % du marché en volume, la moitié des achats étant réalisée en direct à la propriété. La restauration hors domicile dénombre 279 000 structures à plus de 70 % commerciales.

En 2021, une année toutefois atypique car marquée par un troisième confinement au premier semestre qui a impliqué la fermeture des établissements, le marché de la restauration hors domicile a ainsi progressé de 13% avec près de 6 milliards de prestations vs 2020 en pleine crise sanitaire. Mais il reste bien en deçà du niveau de 2019 (- 23 %). Le chiffre d’affaires également à 56,67 Mds HT en hausse de 18 % par rapport à 2020 mais en recul de 28 % vs 2019. Certes, le secteur est plus dynamique mais il est loin d’avoir retrouvé le niveau d’avant covid.

L’hôtellerie à la fête

Les vins tranquilles ont progressé de 2,5 % en volume, de 4,7 % en valeur avec un prix moyen avoisinant les 4,2 €/l. HT. Une «  évolution modérée » selon l’étude, due essentiellement à la valorisation des AOP et des vins sans indication géographique (VSIP), français et étrangers tandis que les IGP étaient en recul en volume et en valeur. Les effervescents affichaient de belles progressions, champagne et prosecco en tête avec le retour des occasions festives et la réouverture des CHR mais ils ne pèsent que 10 % des volumes totaux. Leurs prix augmentent surtout grâce aux champagnes à 19,12 € /eq 75 cl en moyenne.

Côté formats, la 75 cl tient toujours le haut du pavé avec 46 % des achats en 2021 (en moyenne à 6,52 € par col) devant le bag-in-box à 40% mais moins bien valorisé. La bouteille classique semble ainsi regagner du terrain. Côté couleurs, tous les indicateurs sont en légère hausse sauf les rosés stables à cause d’un été moins chaud et plus pluvieux. En 2021, les rouges représentent donc 41,8 % des ventes aux CHR, les rosés 27,7 %, les blancs secs 29,2 %, les blancs doux 1,3% Soit un total volumes de 1,15 M hl, en chute de 35 % comparés à 2019 tandis que les prix ont augmenté de 7 % en 2020 (à 5,6 € HT/l en moyenne). Dans les cafés, cette tendance est même accentuée ; les hôtels en revanche, avec pourtant les prix les plus élevés de tous les secteurs, champagne aidant (40 % des volumes sont vendus dans cette catégorie d’établissements) sont même parvenus à doper leurs volumes de 18 % en bénéficiant de la tendance des Français à voyager davantage et à se faire plaisir après la période de restriction.

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Château Rauzan-Gassies, tous les jours 20 ans

Vingt ans après avoir repris ensemble les rênes du Second Grand Cru Classé de Margaux acquis par leur grand-père Paul en 1946, Anne-Françoise et Jean-Philippe Quié s’appliquent à placer un peu plus dans la lumière ce vignoble de 28 hectares qui a toujours cultivé une certaine discrétion. La constance et la régularité des vins de la propriété est leur plus bel atout pour y parvenir.

L’implantation de la famille Quié dans le Médoc trouve ses racines en 1936, lorsque Paul Quié, négociant en vins officiant entre Bordeaux et Paris, décide d’offrir en guise de cadeau de mariage à son épouse Lucienne le château Bel Orme Tronquoy-de-Lalande. Outre le vignoble, c’est la belle chartreuse dessinée par l’architecte Victor Louis (auquel on doit notamment le Grand Théâtre de Bordeaux) qui séduit le couple, qui en font leur demeure familiale. En 1942, Paul Quié rachète le château Croizet-Bages (5ème Grand Cru Classé de Pauillac) et, en 1946, le château Rauzan-Gassies (2ème Grand Cru Classé de Margaux). Bien que bénéficiant de l’aura de prestige prodiguée par le classement de 1855, ces deux propriétés, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ont besoin d’un nouvel élan – ce à quoi va s’employer activement Paul Quié, puis à partir de 1968, son fils Jean-Michel.

Rauzan-Gassies, en particulier, dispose d’un très beau potentiel et d’une histoire foisonnante : la « Maison Noble de Gassies » remonte au moins au XIVème siècle et l’activité viticole prend un indéniable essor au XVIIème siècle grâce au chevalier Pierre Desmezures de Rauzan, qui donne son nom au domaine. En 1763, pour des raisons successorales, le vignoble est divisée en deux entités distinctes, le château Rauzan-Ségla et le château Rauzan-Gassies, qui sont tous les deux reconnus au rang de Second Grand Cru Classé en 1855. Pourtant, malgré ce riche patrimoine historique et la force de son terroir situé sur les graves profondes et sables graveleux de Margaux (où s’épanouit un encépagement au cabernet-sauvignon dominant, escorté de merlot et d’une pointe de petit verdot), Rauzan-Gassies continue de cultiver une certaine discrétion dans la galaxie des Grands Crus Classés. Le patient travail de fond amorcé par Paul puis Jean-Michel Quié, notamment pour restructurer le vignoble d’une trentaine d’hectares et moderniser les installations techniques, va toutefois permettre à la propriété de gagner la fidélité lingue durée de nombreux amateurs à travers le monde.

Au début des années 2000, Anne-Françoise et Jean-Philippe Quié, les enfants jumeaux de Jean-Michel, rejoignent les domaines familiaux pour un passage de relais en douceur vers la troisième génération qu’ils incarnent. Se partageant les tâches (plutôt le technique pour Jean-Philippe et la distribution pour Anne-Françoise, bien que cette dernière ait une formation d’œnologue) mais travaillant de concert, ils prennent pleinement la main à partir du millésime 2003. Vingt ans plus tard, ils cultivent toujours la philosophie de discrétion et d’exigence qui était celle de leur père et de leur grand-père, avec une volonté plus affirmée de placer Rauzan-Gassies dans la lumière. Une modernisation du cuvier en 2017, supervisé par leur frère architecte Paul-Henri Quié, permet d’accompagner la quête de qualité et la montée en précision dans la définition des vins – qui se traduit notamment dans une plus grande sélection entre le premier et le second vin, « Gassies ». La maison et la cour intérieure sont également rénovées pour un meilleur accueil à la propriété. Ce travail de valorisation s’applique aussi aux autres propriétés familiales, en particulier le château Croizet-Bages qui doit faire, lui aussi, prochainement l’objet de grands travaux au sein de son outil technique.

Avec vingt millésimes dans le rétroviseur, Anne-Françoise et Jean-Philippe Quié ont aujourd’hui suffisamment d’expérience et de recul pour mesurer le chemin parcouru, savourer la constance que leur offrent les terroirs de Rauzan-Gassies, mais aussi les points de détail qui restent perpétuellement à conquérir pour se maintenir en tête de peloton, dans un univers des grands vins toujours plus concurrentiel. Une verticale de ces 20 millésimes (2003-2020 en bouteille, plus les deux derniers millésimes encore en cours d’élevage ou d’assemblage) permet de constater la régularité des vins, qui ont en plus le grand avantage de rester accessible en prix – environ 50-60 € TTC pour les millésimes les plus récents.

La verticale Château Rauzan-Gassies

2003
Millésime très chaud. Vendange précoce. Bel arôme un peu cuir, épices, léger végétal mentholé et réglisse, eucalyptus, belle fraîcheur sous-jacente, note de fruit noir confit et de tabac. Belle densité en attaque, un léger sirupeux de la matière. Un milieu de bouche tapissant, marqué par une bonne sucrosité, de la cerise confite voire en coulis, un certain délié en finale, pas d’aspérité dans les tannins, un joli soyeux. Assez gourmand et sur une belle évolution, il ne tombe pas dans les travers quelquefois caricaturaux de ce millésime ni des styles parfois outranciers de l’époque. « Un cap pour la propriété, un millésime juge de paix », souligne Anne-Françoise Quié.
92/100

2004
Cacao frais, note de fleur mauve et de pot pourri, une certaine retenue délicate dans la palette aromatique. Beaucoup de charme. En bouche, il ne joue pas des coudes, ne roule pas des mécaniques, joli matière souple et aérienne, léger creux en fin de bouche mais ça reste « pepsy », avec un très agréable velouté tannique et une finale très légèrement acidulée-croquante, mais aussi des amers qui lui donnent du zest. Tout en finesse et prêt à boire.
91/100

2005
Nez dense, assez plongeant. On discerne une matière concentrée, chocolatée, mais aussi un léger viandé, se devine également une trame un peu cèdre, pin maritime, océanique. Légère note terrienne. Élégant, subtil, il a de belles facettes mais ne se donne pas immédiatement, il est encore sur le frein à main. Un vin défini par son équilibre entre une juste maturité, sans débord, et une acidité presque mordante qui l’irrigue et le porte d’un bout à l’autre. Presque zesté sur un profil sanguin, il s’étire en longueur, se montrant plutôt élancé malgré sa concentration juteuse. Les tannins sont un poil serrés encore. Un beau vin, qui ne se départit pas tout à fait d’une certaine austérité. « Un millésime rassurant, où on a pu pousser les choses ».
93/100

2006
On revient sur un nez plus classique, assez évanescent et floral, le cabernet s’impose un peu plus dans l’assemblage (67%), une légère note fumée se devine. En bouche, on revient sur une certaine douceur, un joli crémeux, des tannins enrobants, une certainedélicatesse dans la structure qui soutient la matière, en finesse, pas bombastique, sans la préempter. C’est un joli vin d’équilibre et une belle interprétation du millésime, avec un poil de délié dans la chair, de la buvabilité et une finale qui convoque de légères notes de café.
92/100

2007
70% cabernet. Nez un peu confit rehaussé de végétal fin, de tabac brun. C’est d’un bon équilibre entre une bonne concentration et un soutien acidulé, on devine des amers bien maîtrisés, l’harmonie est trouvée entre juste maturité et tension croquante, saillante. Le travail sur la trame tannique est encore remarquable, les tannins sont présents et tapissants mais ils n’ont aucune aspérité ni de caractère anguleux. Profil tonique, saignant, un peu strict en finale.
90/100

2008
68% cabernet-sauvignon. Nez un peu sur le végétal, on retrouve un côté eucalyptus / menthol assez prononcé. Tout en droiture, le jus s’étire, il est tendu, construit sur l’arête acide, avec une structure tannique légèrement granuleuse. La grande proportion de cab est l’identité voulue sur le château « on est sur le côté ciselé que l’on cherche ». C’est indubitablement un classique, très élancé, frais, aérien, c’est un vin respirant, aérien, qui se campe sur une structure sans exubérance mais sérieuse. La bouche reste fruitée et épicée. Finale fraiche sur grain tannique. Millésime « de déclic » en livrable, il trouve sa place de façon distributive.
92/100

2009
75% cabernet-sauvignon. « Flamboyant ». Nez concentré, un peu viandé, avec une petit côté liqueur, cerise à l’eau de vie. Bouche concentrée, juteuse, soulignée par un profil un peu confit, fruit noir intense, des tannins qui ont juste ce qu’il faut de grip,, une bonne sucrosité tapissante qui déroule bien en bouche mais se trouve balancée par une bonne fraicheur réglissée. Bien dans un registre gourmand, un peu exotique, avec une légère touche de rugosité en finale.
93/100

2010
« De la pureté, un millésime très Bordeaux ». 85% cabernet-sauvignon. Nez très concentré, robe encore très dense, éclatante. On devine du fond, un côté maîtrisé, musculeux et gainé, avec une certaine verticalité. Minéralité, pierre chaude, encre, crème de cassis. Un vin tout en velours, en toucher de texture, des tannins présents mais sur suspension, beaucoup de soyeux dans la matière, une énergie sous-jacente qui se tapit comme un volcan ; la finale est vibrante, juteuse, un peu granuleuse, c’est séveux et très salivant. Remarquable !
94/100

2011
On revient à 79% de cabernet-sauvignon. Nez un peu fermé de prime abord, ensuite sur la violette, un fruit noir un peu grillé et un coulis de fleur mauve ; on devine une certaine noblesse. En bouche, de l’allure, du soyeux, la matière est svelte et tonique, les tannins retrouvent un côté fondu et plaisant, jolie trame acide qui tient l’ensemble : c’est vraiment un joli vin taillé pour la table, qui a du fond, une belle allure, une finale fraiche et désaltérante malgré ce profil un peu retenu au départ.
92/100

2012
Nez concentré, assez pulpeux, 71% cabernet 29% merlot. Ce millésime arbore un côté sexy, il a des hanches. C’est un vin plaisant, un peu dodu, ample, c’est un vin de plaisir indéniablement mais qui n’a pas le côté précis, sharp, affuté des autres millésimes. On lui trouve un petit côté assis mais la chair est souple et pleine, habillée de tannins doux et conclue sur une ponctuation gourmande, d’une bonne sucrosité.
91/100

2013
Nez croquant, note de noyau, léger végétal herbacé, note de café frais. Jolie chair déliée, un fruit croquant mais pas acidulé, on n’a pas une énorme matière mais c’est plaisant, fais, légèrement canaille, un peu serré en finale, dans la logique du millésime.
89/100

2014
Nez sérieux, un peu carré, on devine quelques angles, un côté un peu architectural d’un vin plus « construit » qu’évident dans sa forme. Bonne concentration de fruit noir et rouge. En bouche c’est tout aussi sérieux, un peu strict, le jus est centré, sur un profil un peu articulé, une structure tannique prégnante. L’acidité porte bien l’ensemble, avec une élégance contenue. C’est pas le plus « fun » de la série mais il a pour lui son classicisme très Bordeaux.
90-91/100

2015
84% cabernet-sauvignon. Couleur profonde et dense, légère évolution vers le grenat sombre. Léger côté viandé sr l’aromatique. Bonne matière sur une sucrosité un peu trop prononcée, c’est très mûr, juteux, avec une certaine opulence touchée par des épices et un côté confit ; il pousse presque un peu trop le curseur sur le profil riche, généreux, on pourrait dire voluptueux. Malgré tout le vin se tient, avec de la chair, de la structure et du fond – on a presque aromatiquement un côté sauce soja ! Grain de tannins très enveloppant. C’est aussi un millésime avec davantage de sélection entre premier et second vin, et un « Gassies » plus abouti.
93-94/100

2016
Frais, précis, de l’éclat et du ressort dans le fruit, avec un « je ne sais quoi » en plus dans la définition d’ensemble et surtout dans la forme du vin. C’est à la fois vertical et profond, en trois dimensions, complexe dans sa palette, convoquant sureau, cassis, myrtille… La bouche est impeccable de précision, très vibrante et juteuse, ciselée dans sa trame tannique, portée par son arête acide, avec un vrai fond – gros travail sur les vins de presse, qui va crescendo à la propriété, accompagnée par l’œnologue Eric Boissenot. Le fond est superbe, avec une très légère rugosité du grain de tannins qui nous dit de l’attendre encore. C’est tonique, juteux, séveux, tout en gardant sa pureté de fruit.
94-95/100

2017
Premier millésime vinifié dans le nouveau cuvier, sélection drastique par rapport aux conditions climatiques et aux épisodes de gel. Joli éclat de fruit pimpant, on a du gras, de la volupté, ça se présente sur une note très cassis. C’est bon, frais, sur un côté gouleyant, un fruit plein, frais et juste, centré. La bouche est très souple, portée par des tannins fondus, qui accompagnent bien l’ensemble. C’est un joli classique qui va vieillir avec grâce.
92-93/100

2018
Encore très juvénile, dans une phase d’adolescence, mais explosif de fruit, exubérant, sur un profil solaire et légèrement confit, tout en étant fort énergique. La bouche est encore « percutante », c’est un première ligne qui vous rentre dans le buffet, avec un léger côté strict en fin de bouche malgré son côté tapissant, onctueux. Il est à une période un peu brut de décoffrage. Du crémeux, mais un côté petit fruit noir explosif en bouche qui lui va bien, en finissant sur un twist croquant.
93-94/100

2019
De la classe, une certaine pureté dès le premier nez, et une forme de retenue – il ne roule pas des mécaniques et est encore en pleine jeunesse. Floral et frais, très finement réglissé. La bouche est longiligne et tonique, saline, ciselé, presque cristalline dans sa définition. Un très joli toucher, une grande pureté d’arômes et de texture, du crémeux, c’est d’une très jolie élégance, avec une définition de tannins extrêmement précise. C’est vraiment un très beau 2019, en pleine possession de ses moyens.
93-94/100

2020
Millésime livrable. Dense, profond, très plongeant, concentré et crémeux, presque atramentaire dans sa palette aromatique d’une formidable amplitude. En bouche, un bel équilibre entre densité (plus importante qu’en 2019, signée par des tannins plus prégnants) et fraîcheur, c’est encore un « Monsieur Plus » qui doit se civiliser. Il va falloir le suivre de près dans les décennies à venir, mais c’est d’ores et déjà un très joli vin, vertical, puissant et racé.
94-95/100

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Château Sipian : le pari du mono-cépage

Alors que le territoire bordelais, à commencer par le Médoc, est le lieu de l’assemblage de différents cépages, le Château Sipian joue la carte de la différence en sortant des cuvées 100% de petit-verdot ou encore 100% de Sémillon.

Nous sommes sur la commune de Valeyrac, dans le nord viticole du Médoc, à une vingtaine de kilomètres après Saint-Estèphe. Le domaine Sipian compte une quarantaine d’hectares lovée sur une croupe de graves et sa renaissance remonte à l’année 1989. Cru Bourgeois dès 1932, le cru a connu une traversée du désert avant d’être relancé par la famille Mehaye qui préside toujours aux destinées de ce château aujourd’hui. Très attachés à ce que leurs vins soient dans le réseau des cavistes, Clarisse et Quentin Mehaye ont aussi à cœur de surprendre, de sortir des sentiers battus. Cela passe notamment par l’élaboration de cuvées mono-cépages.  « Le Château Sipian est un pionnier en la matière, il est l’un des premiers à avoir sorti un sémillon 100% dans le Médoc ainsi qu’un petit-verdot 100% qui représente la signature de notre cru, l’idée fut de valoriser un cépage trop souvent minoré dans les assemblages, c’est un challenge », expliquent les propriétaires. Pour le sémillon, l’objectif premier fut de s’éloigner des arômes végétaux et de fruits verts que l’on peut trouver dans le sauvignon. « Et nous sortons aussi des stéréotypes des sémillons trop gras ou trop lourds, nous restons sur la fraîcheur que nous allons chercher dans notre sol de grave profonde », ajoutent Clarisse et Quentin. Parmi les autres originalités, le Château Sipian délivre un rosé – Dunes – très clair dans la tendance des rosés de Provence. Pour autant, à côté de la gamme de vins iconoclastes, le Château Sipian a conservé sa collection de vins « plus classiques » avec des assemblages de merlot, de cabernet sauvignon, de petit-verdot, de malbec, de carménère et de cabernet franc. Et ce cru de Valeyrac peut se targuer de rester fidèle à ce qui a fait la notoriété du Médoc, à savoir la production de grands vins de garde. La méthode, le goût et l’instant composent le leitmotiv de la famille Mehaye pour une fourchette de prix allant de 10 à une vingtaine d’euros. 

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Le Château de Cérons coche les cases

Ce domaine de 30 hectares, revient de loin. En 2012, Xavier et Caroline Perromat en prennent les rênes. À force de travail et d’idées novatrices, ils le hissent au niveau des « châteaux avec lesquels il faut compter. »

C’est en 1958 que la génération précédente Jean et Suzanne Perromat, achète cette propriété de 9 hectares de vignes dont la « bâtisse était en très mauvais état » selon Xavier. « Ils lui ont donné un nouveau souffle. Mon père a apporté les terres du plateau de Cérons et a porté la surface aux alentours de 22 hectares; Aujourd’hui nous sommes à 30 ha. Les cyprès que l’on peut voir actuellement ont été plantés en 1962, la vigne arrivait au ras du château. Depuis, nous avons créé un parterre. » Le château a été construit entre la fin du 17e et le début du 18e , et est inscrit en totalité aux monuments historiques. Celui-ci impressionne par son style classique, ses lignes pures et sa patine. Il a servi d’hôpital durant la première guerre mondiale et a accueilli des réfugiés durant la seconde. La salle centrale séduit et évoque merveilleusement le début 18e siècle : rien ne semble avoir bougé.

L’évolution des vins

En 1958, lors du rachat, la mode était au blanc liquoreux et les vins produits en appellation Cérons (Barsac est à quelques kilomètres) étaient prisés. Si aujourd’hui l’encépagement en blanc reste le même (sémillon, sauvignon blanc et gris et une trace de muscadelle), il est désormais dédié majoritairement à la production de blanc sec. Et puis, « cela s’est rougi un peu » commente Xavier. « En 2012 on était sur du 50 % blanc / 50 % rouge. Maintenant on est à 2/3 rouge et 1/3 blanc (sec et liquoreux). » Des vins qui obtiennent régulièrement le label « ambassadeur de Graves », un label bien pensé qui « parle vrai » aux consommateurs.

L’inflexion de l’identité des vins est nette depuis quelques années. Le parcellaire a été repensé et des progrès significatifs sur l’extraction ont été faits. Le profil est plus aromatique, les vins ont gagné en finesse et en précision mais aussi en profondeur avec des tanins sont plus enrobants. Avec le couple Perromat, un des artisans de cette évolution est Julien Belle, leur œnologue conseil depuis 2012.

Château de Cérons blanc 2020. 17 €

Un soupçon de clou de girofle, eucalyptus, laurier, fleur d’aubépine, agrume bien entendu, fleur d’oranger et sureau. L’assemblage sémillon/sauvignon livre une bouche élégante et pure. Fin de bouche très saline (on en redemande). L’amertume reste très mesurée sur un pamplemousse délicat.

Château de Cérons blanc 2021. 17 €

Nez raffiné, délicat et nuancé, dans la discrétion et la complexité. Un côté fumé, citronnelle, fleur d’acacia, une touche de buis et de pierre chaude. Bouche sur des saveurs d’agrume. On aimera la douceur des saveurs et on appréciera le juste équilibre entre acidité, minéralité et fruité (citron et pamplemousse). Harmonie et complexité.

L’avenir en marche

Avant de se consacrer entièrement au château de Cérons, Caroline Perromat était à Haut Bailly à Pessac Léognan, pour s’y occuper du développement commercial et oenotouristique. Une expérience qu’elle met à profit pour développer sa propre offre oenotouristique. Et puis, il y a ce travail récent avec la route des vins de Graves et Sauternes pour proposer des circuits audioguidés et développés par la société « la bulle verte » : un projet partagé par 8 propriétés et qui sera opérationnel en mars 2023. Xavier et Caroline restent attachés à la certification HVE obtenue en 2018 et ont pris, en 2021, un nouvel engagement pour une certification bio sur la totalité de la propriété (1er millésime bio en 2024).

Enfin, le Château de Cérons est « un vignoble au milieu du village » dit Caroline. « Les gens sont émerveillés par cette appellation qui porte le nom de leur village ». Mais c’est aussi « une zone de densification urbaine ». Et il faut concilier les intérêts de chacun. « La communication est importante. On a des parcelles qui ne sont pas loin des lotissements. Mais ça se passe bien car nous expliquons ce que l’on fait. On envoie un message par WhatsApp ou sms à chaque habitant avant les traitements. » Les habitants disent qu’ils « ont choisi cet endroit parce qu’il y a des vignes. La présence de la vigne est une composante de l’identité du village. Ces vignes restent ouvertes et sont considérées comme des espaces verts. » Et de conclure que l’objectif est « d’avoir une cohabitation pérenne et de préserver les vignobles au sein du village. »

Avec la valorisation de son patrimoine, ses vins très adaptés au marché, et ses certifications ou labels, le château de Cérons est un des châteaux qui montrent la voie. Une voie d’excellence.

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Trois questions à Patrick Timsit, parrain du Tour des Cartes

L’acteur et humoriste, qui parrainera la soirée du Tour des Cartes lundi 16 janvier à Paris, revient en souvenirs sur son histoire avec le vignoble français.

Vous êtes un grand amateur de vins et le vignoble vous le rend bien : les confréries de Saint-Emilion, Châteauneuf-du-Pape, Vougeot vous ont intronisé… À quand remonte le début de cette idylle ?

Un lien particulier s’est créé via le monde associatif. Je m’explique : lors de ma première intronisation à Saint-Émilion, Jacques Bertrand m’a dit que la porte restait grande ouverte. Et j’ai pu constater que ce n’était pas du bluff. Je les ai contacté pour l’association Notre Regard [soutien aux personnes porteuses de trisomie 21, ndla], et ils ont organisé une vente aux enchères de primeurs. La générosité du monde vigneron m’a impressionné. Depuis, j’ai frappé à toutes les portes ! Avec les de Boüard pour Mécénat Chirurgie Cardiaque ; ou à Châteauneuf-du-Pape, quand 39 vignerons m’ont fait une barrique pour l’Institut du cerveau et de la moelle épinière… J’ai vite compris que dans ce milieu, l’humain est aussi important que la fonction, et je m’y suis attaché.

Depuis, quels sont vos plus grands souvenirs?

Au moment de la sortie de Pédale Douce, j’étais à Bordeaux au restaurant. On savait que les scores d’entrées devenaient très bons, et on me dit : ‘’maintenant, tu dois goûter le Pétrus !’’ C’est caricatural certes. Mais ça correspond à un moment de vie. Je pense aussi à un instant de magie à La Gaffelière. On était huit, avec Leo de Malet notamment, à essayer de faire le tour de l’immense cèdre du parc sans y parvenir. Et là, des oies sauvages se posent… Je pense aussi à Pierre Lurton qui m’ouvre un Cheval Blanc de l’année de ma naissance, dans des conditions toutes simples. Ou chez Ausone, quand ils ont ouvert un 1959 : j’avais la tête qui tournait après de nombreuses dégustations, et j’ai demandé quelque chose à manger, ce qui ne se fait pas vraiment. Je me suis retrouvé là, avec mon bout de jambon et un Château Ausone 1959 [rires]. Au Château Carteau aussi, quand on a mangé l’omelette de la mama, avec les grands vins… Je pourrais continuer longtemps comme ça !

Ce lien particulier avec le Bordelais, on le retrouve dans votre cave ?

Oui, mais pas que. J’aime tous les vignobles Français, réellement. J’ai de tout dans ma cave, comme dans ma discothèque. Car finalement je ne classe pas les vins par appellations, mais par émotions. Celui à boire quand on a soif, celui à ouvrir quand on a chaud, quand on est amoureux, quand on est triste, avec des amis… Et dans toutes les tailles de flacon !


Retrouvez le top 100, du Tour des cartes 2023, en cliquant sur ce lien.

A lire: « Intraitable » : le vigneron qui refusait de traiter interprété par Fred Testot, Patrick Timsit y interprète Pierre Dubois, dans le téléfilm inspiré de la vie d’Emmanuel Giboulot et d’un procès très médiatisé en 2014.

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« Faire en sorte que la France et la sommellerie en sortent grandies »

Entretien avec Philippe Faure-Brac à un mois du coup d’envoi du concours ASI de Meilleur Sommelier du Monde, qui se déroulera à Paris du 7 au 12 février : le président de l’Union de la Sommellerie Française, qui porte ce projet depuis de nombreuses années, fait le point avant l’ultime ligne droite.

J-1 avant le grand jour. Comment se déroulent les derniers préparatifs ?
Cela fait trois ans que l’on travaille sur l’organisation de ce concours, donc heureusement tout est en train de bien se finaliser. Le programme est quasiment bouclé pour toute la semaine de l’événement, la liste des candidats est connue : la totalité des pays sollicités, soit 66 délégations, ont présenté un candidat, auxquels il faut ajouter les vainqueurs des concours « continentaux » de Meilleur Sommelier d’Europe (Italie), des Amériques (Argentine) et d’Asie-Océanie (Singapour). Ce sont donc 69 candidats qui seront en lice pour ce concours ASI de Meilleur Sommelier du Monde. Les délégations sont attendues à Paris le 7 février pour une journée d’accueil qui se déroulera au Pullman Montparnasse, épicentre du concours pendant toute la semaine. Le soir même aura lieu une cérémonie d’ouverture au Quai d’Orsay, dans cette institution de la République qui a vocation à accueillir le monde entier, au son d’un quatuor de l’Opéra de Paris, en présence de la Ministre des Affaires Étrangères et des ambassadeurs de tous les pays concernés.

Comment vont se dérouler les épreuves ?
Les candidats vont s’affronter en 1/4 de finale, pour une épreuve écrite et des épreuves de dégustation, dans l’une des trios langues officielles – français, anglais ou espagnol. Les demi-finalistes seront annoncés le 9 février au soir et s’affronteront le 10 février au Pullman Montparnasse. La finale aura lieu le 12 février à 13h30, en public, au Paris La Défense Arena. Toutes les épreuves ont été coordonnées par le comité technique monde, co-dirigé par Shinya Tasaki (Meilleur Sommelier du Monde 1995) et Olivier Pousser (Meilleur Sommelier du Monde 2000) et dont font partie plusieurs anciens Meilleurs Sommeliers du Monde (Markus Del Monego, Andreas Larsson, Paolo Basso) et autres sommeliers de tout premier plan, comme Véronique Rivest ou Paz Levinson. Le président du jury est William Wouters, président de l’ASI, et pour ma part je suis président d’honneur en tant que président de l’union de la sommellerie du pays hôte.

Doit-on s’attendre à des surprises, des nouveautés pendant cette édition 2023 ?
La grande nouveauté de ce concours est que, pour la première fois, la finale va être ouverte au grand public dans un lieu spécialement prévu pour cela – d’ailleurs la billetterie est ouverte et elle marche déjà très bien ! On attend 3000 spectateurs pour suivre cet événement en direct, et nous avons déjà bon nombre de télévisions, françaises et étrangères, qui nous ont sollicités pour le couvrir. La finale sera suivie d’un dîner de gala réunissant 1000 professionnels. Il va y avoir aussi, pendant toute la semaine, pas mal de belles soirées « off ».
Pour ce qui est des nouveautés ou surprises dans le cadre des épreuves, moi-même je n’en sais rien ! Le comité technique travaille totalement au secret mais je sais que, par tradition, il y a toujours des nouveautés.

Parlons de la candidate qui représente la France, Pascaline Lepeltier. Comment se sent-elle à un mois de l’épreuve, et qu’est-ce qui a été mis en place par la « Team France » pour la préparer à cette compétition ?
Depuis un an que Pascaline a été désignée, on a mis en place autour d’elle une équipe managée par David Biraud (dernier candidat français au concours de Meilleur Sommelier du Monde, NDLR), entouré d’un certain nombre de compétences, pas seulement françaises mais venues du monde entier – il faut rappeler que Pascaline exerce son métier à New York – afin de travailler tout un ensemble de paramètres qui comptent fortement dans ce concours, comme la posture, la prise de parole, la théâtralisation, etc. Toute cette « Team France » s’est mobilisée pour l’accompagner dans le suivi des objectifs qu’elle s’est fixés, pour lui organiser des voyages, des dégustations, mais aussi pour l’aider à parfaire ses connaissances. Pascaline est arrivée il y a quelques jours à Paris pour une semaine et elle travaille dur à la préparation de la compétition, elle revoit des techniques de service au Crillon, elle révise sur le saké, la bière, etc. Ensuite elle va repartir à New York, et elle reviendra pour le mondial.
Bref, c’est une énorme préparation mais ce n’est pas propre à notre candidate : tous les pays le font. Par rapport à l’époque où j’ai gagné le concours il y a 30 ans, où certes il fallait beaucoup de préparation mais où chacun faisait ce qu’il pouvait dans son coin, les choses se sont énormément professionnalisées, comme pour un sportif de haut niveau. Je termine en disant que Pascaline a récemment écrit un live magnifique, différent de tous ce qui a été publié sur le vin, et ce travail de fond qu’elle a accompli constitue indéniablement une force supplémentaire. Enfin, au-delà de son expertise en sommellerie, son bagage en philosophie lui confère une aisance qui frappe ses interlocuteurs.

Le fait de jouer cette compétition « à domicile », c’est un avantage ou une pression supplémentaire ?
C’est clairement un supplément de pression. Mais c’est une pression qui peut être transformée en force. À nous aussi de la protéger pour ne pas trop l’exposer et lui permettre de se préparer sereinement.

On sait tous les efforts que vous avez mis en œuvre pour gagner l’organisation de ce concours, ici en France. À titre personnel, c’est donc une étape très importante. Comment la vivez-vous ?
J’ai eu la chance de vivre le seul concours qui s’est tenu en France à ce jour depuis la création de l’épreuve (1969, NDLR). C’était en 1989, Serge Dubs était notre candidat et il a gagné le titre cette année-là. Pour ma part j’étais Meilleur Sommelier de France sortant, j’étais donc présent en tant qu’observateur impliqué. On rêvait de récupérer cette organisation depuis plus de 30 ans, donc le fait de la décrocher en 2023 a été une énorme fierté. L’enjeu pour moi, en tant que président de l’UDSF, est de faire davantage connaître et rayonner notre métier. De susciter des vocations. C’est pour cela que nous avons offert des invitations à tous les élèves en mention sommellerie de Frane, afin de les motiver à s’impliquer dans notre filière. Notre ambition, c’est d’accueillir le monde entier et de donner une belle image de notre métier. Enfin, à titre personnel, je suis bien sûr très heureux : c’est un travail énorme, beaucoup de temps consacré à cet événement, une grande prise de risque aussi, mais c’est un grand moment à vivre. Mon mandat touche à sa fin mon successeur sera connu au mois d’avril, j’espère donc que tout le monde sortira heureux de cette compétition, que la France et la sommellerie en sortiront grandies.

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