Nouvelle campagne promotionnelle d’Alsace : responsabilité d’abord

L’interprofession des vins d’Alsace lance une campagne d’affichage originale, qui prône habilement la modération. Cette initiative qui semble inédite pour une région viticole française, arrive à point nommé lorsqu’affluent les encouragements à un mois de janvier sans alcool

Lancée le 28 décembre, la nouvelle campagne promotionnelle des vins d’Alsace n’aura peut-être pas encore touché très largement à la veille du réveillon et des festivités du 1er de l’an. Mais il est certain qu’à la rentrée du 2 janvier, elle frappera les consommateurs pile au moment des résolutions de début d’année. Pour nombre d’hésitants, elle pourrait bien jouer juste en proposant une alternative au strict janvier sans alcool.

Si nos vins sont si nets, si uniques…

Dans sa nouvelle campagne promotionnelle, le CIVA, Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace, reprend l’image de sa bouteille élancée traditionnelle (et obligatoire), étiquetée de noir et or, tout comme son sigle VA-Vins Alsace. Avec la typographie sobre et frappante qu’elle affectionne depuis quelques années elle affiche ses caractéristiques en grandes lettres noires, suivies d’une suite en petits caractères dorés, qui attirent le regard. Sur quatre affiches différentes, on découvre quatre propositions qui encouragent à la consommation intelligente et modérée des vins d’Alsace. À la façon d’une fable, on vous explique l’Alsace et on vous précise que « ce n’est pas pour les boire avec excès » ou « en découvrir les 51 grands crus le même jour ». Pour deux des affiches, le visuel ajoute un clin d’œil supplémentaire avec une étiquette floutée car « ce n’est pas pour les voir en flou » ou une deuxième bouteille derrière la première « car n’est pas pour les voir en double ».

Responsabilité des professionnels

À l’écoute des enjeux de société et pile dans les tendances de consommation, la filière alsacienne semble être la première à déployer une campagne nationale pour encourager la modération et la responsabilité. En cela elle répond à une demande des consommateurs, qui étaient déjà 79 % en 2018 à souhaiter que « les professionnels du vin valorisent davantage la consommation responsable » (selon une enquête IFOP- Vin & Société).

8 500 affichages

La campagne « tant de personnalité(s), en responsabilité » se déploie dans toute la France jusqu’à fin janvier, avec 8 500 faces en affichage national sur l’intégralité de la période 28 décembre-31 janvier, dans les villes de plus de 100 000 habitants ainsi que dans la presse magazine et les médias numériques. On remarquera un renfort local appuyé, avec plus de 600 faces dans les principales villes alsaciennes. Il est important que les touristes soient tentés par les vins locaux. Et que les Alsaciens soient fiers de leurs vins et puissent en être de bons ambassadeurs.

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À Bordeaux, les pirates ont leurs cuvées

L’association « Vignerons Bordeaux Pirate » a été créée en septembre 2022 suite au succès du groupe Facebook éponyme/ En cette fin d’année 2022, un jury a été réuni pour déguster et élire les cuvées Bordeaux Pirate 2023.

Mettre en valeur les vignerons ou négociants bordelais qui œuvrent pour présenter des cuvées personnelles, qualitatives et qui se démarquent de l’image guindée souvent associée aux vins de Bordeaux.” Si la formule est abrupte, on peut reconnaître au collectif le mérite de la clarté : une volonté assumée de donner une définition différente de l’identité des vins girondins.

Dans un contexte morose où Bordeaux ne fait plus vendre, le mouvement prône la diversité de styles, quitte à “ jouer hors les murs ” et envoyer balader la doxa locale. Laurent Cassy (Château Chillac), Laurent David (Château Edmus), Fabien Lapeyre (Château La Peyre) et Jean- Baptiste Duquesne (Château Cazebonne) sont à l’initiative de ce projet, concrétisé il y a quelques mois. Suite au succès de la page « Bordeaux Pirate, des vins en dehors des sentiers battus », il s’agit désormais de faire émerger un label visible pour le consommateur.

À cet effet, un jury composé de professionnels de tous horizons s’est réuni le 28 novembre pour déguster les 79 cuvées présentées par les vignerons. Cépages historiques ou exotiques, vinifications inhabituelles et élevages créatifs, chaque bouteille propose son lot de surprises pour le dégustateur aux mœurs classico-classiques. Deux notes sont attribuées, l’une portant sur la qualité organoleptique, l’autre sur le “potentiel pirate” de la cuvée.

Au final, 52 cuvées ont obtenu le grade Pirate à l’issue de la dégustation. La totalité des bouteilles proposées sont labellisées Bio ou en conversion. À noter aussi que les vins revendiquant ce label sur l’étiquette ne pourront être commercialisés que dans un circuit traditionnel : restaurants, cavistes, épiceries…

Le palmares complet :

Blancs :

Ovoid, Bordeaux, 2021, Château Haut Tellas
Effect by Nokat – Sauvignon blanc, AOP Bordeaux BIO , 2021, Pure Line W&S
Jeriko de Boutinet,IGP Atlantique, 2021, Château Boutinet
Volcelest blanc, Vin de France, 2021, Domaine Jean-Yves Millaire
513 Sémillon, 2020, VDF, La Renouée
Embellie, VDF, 2021, Entre-Deux-Terres
Métissage blanc, VDF, 2020, Ducourt Vins
Sèm, Bordeaux, 2020, Vignobles Lopez
Séric, VDF, 2021, Château Clos Séric
Pot de terre blanc, VDF, 2021, Vignobles Gourgourio
La Macération, VDF, 2020, Château Cazebonne
L’aube de Chillac, VDF, 2021, Château Chillac

Rouge :

Château Haut Tellas sans sulfite, Bordeaux Supérieur, 2020, Château Haut Tellas
S, Haut-Médoc, 2021, SKJ Domaines
Effect by Nokat, AOP Bordeaux rouge BIO , 2021, Pure Line W&S
La cuvée de nos pères, VDF, 2020, Château Chillac
Château Boutinet,Bordeaux Supérieur, 2020, ChâteauBoutinet
Loupiot, VDF, 2021, Domaine Jean-Yves Millaire
Volcelest rouge,Canon-Fronsac, 2019, Domaine Jean-YvesMillaire
L’autrement, Francs Côtes de Bordeaux, 2021, Domaine Haut Ventenac
Dans l’instant 2021, Bordeaux, 2021, Vignobles Mauro Guicheney
L’Echappée, VDF, 2019, Château Tire Pé
Tire Pé, Bordeaux, 2019, Château Tire Pé
Tire’Vin’ vite, Bordeaux, 2021, Château Tire Pé
L’Usufruit, Bourg, 2021, Clos du Notaire
[iconoKlaste], Bourg, 2021, Clos du Notaire
Les aigles d’Anthonic, Moulis en Médoc, 2021, Château Anthonic
M de Côts, Bourg, 2020, Vignobles Bergon
Métissage rouge, VDF, 2020, Ducourt Vins
PHi by EDMUS, Saint-Emilion, 2021, Château Edmus
Domaine de Chastelet, VDP Atlantique, 2017, Chastelet
A Chastelet, VDP Atlantique, 2016, Chastelet
Héritage, Bordeaux, 2021, Château Mallié Chante L’Oiseau
Excellence, Bordeaux, 2018, Château Mallié Chante L’Oiseau
Audace de Brunette,Côtes de Bourg, 2021, Expressiondes Domaines Corporandy
Bouchales 100%, Vin de France, 2016, Château de la Vieille Chapelle
Encore Soif Merlot, Bordeaux , 2020, Vignobles Chaigne et Fils
Encore Soif Malbec, Bordeaux, 2020, Vignobles Chaigne et Fils
La Clandestine de La Peyre, Vin de France, 2021, Château La Peyre
Château La Peyre « par nature », Bordeaux, 2021, Château La Peyre
Château Tour Calon Nature, Montagne Saint-Emilion, 2019, Lateyron
Comme en 1900, VDF, 2020, Château Cazebonne
Biographie, Bordeaux Supérieur, 2020, Vignobles Lopez
Cuvée Pauline, Bordeaux Supérieur, 2020, Château Clos Séric
Maison Blanche Nature, Montagne-St-Émilion, 2012, Vignobles Despagne Rapin

Rosé

La Colombine Vinum Clarum, VDF, non millésimé, Château Les Graves de Viaud
Clairet de Boutinet, Clairet de Bordeaux, 2020, Château Boutinet
Le Bonbon de Lestang, VDF, 2022, Vignobles Chaigne et Fils

Effervescent

Bul’bonne, Petnat VDF, 2020, Château Cazebonne
Les demoiselles de Chillac, VDF, 2020, Château Chillac
Amélie Constant, Crémant de Bordeaux rosé, 2018,Vignobles Despagne Rapin

Liquoreux

Interstellar, VDF, 2020, Château La Peyre

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Honneur à Pasteur pour les 200 ans de sa naissance

Le mardi 27 décembre, le monde entier se devait de rendre hommage à Louis Pasteur, génie jurassien qui a révolutionné à la fois la médecine et le monde du vin. À Dôle et à Arbois, le 200e anniversaire de sa naissance sera célébré comme il l’a été tout au long de l’année 2022

Louis Pasteur a été un précurseur, en développant une nouvelle approche sur la manière de « faire de la recherche ». Il était profondément soucieux de ses finalités humanistes et universelles et de la nécessité de former les futures générations de chercheurs. Mais, au départ, sa curiosité fut aiguisée par une question très pratique.

Comment empêcher l’alcool de betterave de tourner au vinaigre ?

C’est ce défi, lancé à Louis Pasteur en 1854 par des distilleries lilloises, qui est à l’origine de nombreux travaux et des découvertes de Louis Pasteur sur les fermentations du vin ou de la bière, prémices de la microbiologie. Il poursuivait le travail que le chimiste Lavoisier avait réalisé dans les dernières années du XVIIIe siècle sur la fermentation alcoolique, dont on a retenu la citation apocryphe et simplificatrice « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». En 1861, Pasteur réalisa l’expérience décisive qui réfutait une fois pour toutes la théorie de la génération spontanée. Commissionné par l’empereur Napoléon III, il publia dès 1866 ses fameuses « Études sur le vin » sous-titré : Ses maladies, causes qui les provoquent, Procédés nouveaux pour le conserver et pour le vieillir. L’œnologie moderne découle entièrement des travaux de Pasteur.

Les œnologues lui rendent hommage

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur (27 décembre 1822 – 28 septembre 1895), l’Union des Œnologues de France s’est associée à la Chaire Unesco Culture et Traditions du Vin ainsi qu’à l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin) pour célébrer les 200 ans du père de l’œnologie moderne lors d’un colloque le 7 décembre 2022, à Arbois, ville de son enfance. Chercheurs, médecins, philosophes, agronomes se sont succédé pour rappeler l’histoire du grand homme mais surtout montrer sa modernité et son héritage, jusqu’à un lien possible avec les vins « méthode nature ». La totalité des débats avec entre autres Luigi Moio, président de l’OIV, Valérie Closset, vigneronne, président de la société des viticulture du Jura ou Michèle Guilloux Benatier (Université de Bourgogne) est passionnante, à visionner en suivant le QR code.

Retrouvez l’ensemble des manifestations à la mémoire de Louis Pasteur qui se poursuivent en 2023 sur pasteur2022.fr

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[Entretien] Mais qui est Philippe Marques, le nouveau sommelier du Royal Champagne ?

Ouvert en 2018, le Royal Champagne est déjà une adresse plébiscitée par les Champenois, et pour animer sa cave qui ne compte pas moins de 500 références de champagnes, il fallait un sommelier d’élite. Le choix s’est porté sur Philippe Marques qui nous a raconté son étonnant parcours

Comment avez-vous épousé la carrière de sommelier ?

Je suis né à Orléans, la première ville productrice de vinaigre, on ne peut donc me taxer de chauvinisme lorsque je dis que j’aime un vignoble ou un autre. Je suis arrivé à la sommellerie par pur égo. Je sortais de troisième et je faisais un apprentissage dans un Novotel comme serveur. Un jour, un client m’a demandé le cépage d’un Saumur-Champigny. Je lui ai répondu du tac au tac, et j’ai senti son regard changer. J’ai découvert alors que le vin était quelque chose de puissant. Lorsque l’on s’y connaît, on gagne le respect des gens. J’ai commencé à m’y intéresser. Le hasard a voulu que ce soit Paul Brunet qui me fasse passer mon CAP, l’homme qui a inventé la sommellerie moderne en France. J’avais fait l’impasse sur la cuisine. Tous les candidats passés avant moi avaient commencé par la connaissance des plats. Les deux examinateurs au moment où je suis arrivé ont voulu débuter par la partie vin pour varier les plaisirs. J’ai très bien répondu à leurs questions, mais ils m’ont dit « jeune homme, on ne va pas vous mettre vingt comme ça ! », et ils ont continué à jouer avant de s’apercevoir qu’ils n’avaient plus le temps de m’interroger sur la partie cuisine. Paul Brunet est ensuite venu me trouver pour me recommander de rejoindre la mention complémentaire de Strasbourg.

Vous avez collectionné les belles adresses…

J’ai travaillé chez Georges Blanc avant de faire mon service militaire en tant que maître d’hôtel du premier ministre Alain Jupé, très amateur de Lynch-Bages. Ensuite, je suis parti travailler à Bordeaux au Pavillon des Boulevards. J’ai été un peu déçu par l’accueil réservé par certains domaines bordelais aux sommeliers. Le coup de grâce a été lorsque j’ai contacté un grand cru classé qui m’a répondu que les visites étaient réservées aux professionnels, ce qui n’intégrait apparemment pas mon corps de métier !

C’est ce qui m’a poussé à partir en Angleterre où j’ai vécu un bonheur absolu. Outre-Manche, on a affaire à des gens qui s’intéressent au vin et qui savent qu’ils ne savent pas, ce qui fait qu’ils finissent par accumuler beaucoup d’érudition. N’importe quel vin produit dans le monde est disponible. Ainsi, c’est là-bas que j’ai dégusté mon premier riesling mosellan. Comme ils ne sont pas producteurs, ils ne sont pas limités par un quelconque chauvinisme.

Puis, je suis revenu à Paris chez Lucas Carton. Alors que je n’étais qu’un gamin, M. Sendereins m’a fait déguster tous les plats pour me demander mon avis sur les accords. C’était fou de se retrouver face à un tel monstre qui vous faisait confiance et acceptait la remise en question. Chez lui, j’ai rentré quelques champagnes de vignerons dont Françoise Bedel, une illustre inconnue en 2004. À l’époque, tout le monde ne voulait que du Veuve Clicquot ou du Roederer. Pour vendre un champagne de vigneron à un client, il fallait lui tordre le bras ! Lorsque j’ai fait l’ouverture du prince de Galles, je me suis battu pour que l’on maintienne une ligne de libre pour un champagne de vigneron en plus du champagne de maison sous contrat. On était en 2013, et je me suis rendu compte que le monde avait changé, les champagnes de vignerons avaient fait un bond en termes de qualité et de diversité, la réceptivité de la clientèle elle aussi était devenue folle. Ils représentaient 50 % de nos ventes ! Tout le monde était curieux de découvrir chaque mois celui que j’avais choisi.

Au Bistro Volnay, vous vous êtes illustré par vos accords poivres et vins…

J’avais une quarantaine de poivres à disposition qui me servaient de traits d’union avec les plats. Sur un poisson que l’on aurait marié avec un vin blanc, je m’amusais par exemple à proposer un Mercurey. Sans le poivre, les deux s’autodétruisaient, mais avec le poivre on s’apercevait qu’ils se respectaient ! Comme le monde de la gastronomie est essentiellement axé sur les vins blancs, le poivre m’a permis de sauver quelques belles bouteilles…

Qu’est-ce qui vous a amené en Champagne ? Quels sont vos projets au Royal ?

La Champagne n’a de cesse de progresser, il y a beaucoup à découvrir et pour moi, le Royal Champagne qui se trouve au beau milieu des vignes, en est le nombril ! Parmi mes projets, j’ai commencé à rentrer des Bruts sans année pour les faire vieillir. Peu de gens connaissent cette aptitude qu’ils ont et pensent qu’elle est réservée aux millésimés. Ce qui pourrait être intéressant, ce serait par exemple de pouvoir proposer au client la base en cours de commercialisation en même temps qu’une base plus ancienne qui aurait bénéficié des mêmes conditions climatiques.

https://royalchampagne.com/fr/

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Bouchard Père et Fils présente ses 2020 : nos coups de cœur

La « grande maison » de Beaune, qui a récemment rejoint les domaines de François Pinault, dévoile les cuvées issues de ce millésime de grande chaleur. A la clé : complexité aromatique, textures sapides et potentiel de garde, en rouge comme en blanc.

Amatrice d’élevages longs, la maison bourguignonne Bouchard Père et Fils présente depuis peu ses 2020. « Le plus beau millésime des vingt dernières années », avance son directeur Frédéric Weber. Pour triompher d’un millésime exceptionnellement sec et chaud, qui a subi « un climat qu’on trouve d’ordinaire à Montpellier », l’œnologue confie qu’il a pu « compter sur les archives de cette maison pluriséculaire, et s’inspirer de la gestion d’autres millésimes solaires, par les vignerons des générations précédentes ».

La leçon des grands terroirs

En rouge, l’élégance des textures a de quoi ravir. Le Beaune du Château, signature de la maison, propose dans ce millésime des tanins poudrés, des arômes mûrs de fruits noirs juteux, avec une tension sous-jacente. Modèle d’élégance, le Volnay 1er cru Les Caillerets se distingue lui aussi par sa structure délicate et par sa fraîcheur, lui qui craint pourtant les excès de soleils. Sa bouche ample, ses tanins caressants, ses arômes délicats de prunelles et cacao laissent place à une finale saline. Le grand cru Le Corton mérite aussi une mention, avec son aromatique florale et ses tanins à la fois fins et affirmés, qui présage d’un long potentiel de garde.

Du côté des blancs, aucun doute : les grands terroirs ont parlé. Le Meursault 1er cru Genevrières fait étalage de sa complexité, profitant d’un assemblage de deux parcelles du climat. Citron confit, fleurs blanches, tilleul et notes iodées se confondent dans cet ensemble profond et harmonieux. À peine plus au sud, le Chevalier-Montrachet déploie une énergie à couper le souffle, sur des nuances d’agrumes et de fleurs, avec une longueur infinie. Un régal dès aujourd’hui. On ne peut conclure sans citer son voisin, Le Montrachet, tout en densité, avec sa superbe consistance et ses notes finement salines. Moins affable que son voisin Chevalier, mais au potentiel hors-norme, il prendra sa dimension unique au monde après quelques années (décennies?) de cave.

ENCADRÉ Propriété aux 130 hectares, dont de nombreux 1er et grands crus, Bouchard Père et Fils fait partie des grandes maisons beaunoises. Créée en 1731, elle se distingue par sa longévité ainsi que par son patrimoine unique. Sa collection de vieux millésimes, pour certains du XIXe siècle, patientent entre les murs épais des caves du Château de Beaune. Propriété du groupe champenois Henriot jusqu’en septembre 2022, la maison bourguignonne a rejoint à cette date les domaines Artemis Domaines, groupe de François Pinault, dont Henriot est devenu l’actionnaire minoritaire.

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[Étrennes du vin N°6] : Abelé 1757 x Ercuis

Un fondateur venu de Liège au XVIIIe siècle pour créer à Reims sa maison de Champagne, des caves creusées dans la craie de la butte Saint-Nicaise, des familles de vignerons qui travaillent depuis des générations pour ces cuvées qui illuminent nos verres et où le chardonnay est roi… Ce cadeau apportera son lot de soleil et de rêve au milieu de l’hiver !

La Maison Abelé est l’une des plus anciennes maisons de Champagne, et a joué pendant longtemps un rôle d’avant-garde sur le plan technique. Elle fut ainsi la première au XIXe siècle à employer le dégorgement à la glace. Aujourd’hui, elle représente environ 27 hectares et s’appuie sur la collaboration d’une trentaine de familles vigneronnes. Pour découvrir ce champagne de connaisseurs, le coffret conçu par la maison en collaboration avec l’orfèvre Ercuis est une belle porte d’entrée. La cuvée n’est autre que le millésime 2014 60 % chardonnay, 40 % pinot noir dont on appréciera d’autant mieux « l’attaque franche et la belle maturité » que les deux coupes qui l’accompagnent se rapprochent davantage du verre à vin que de la flûte et laisseront pleinement les arômes se dévoiler. Quant au bouchon « Saturne » en métal argenté, il est l’outil indispensable pour qui veut préserver au-delà de la première ouverture la vivacité de la bulle.

Prix : 240 €
À retrouver sur : www.abele1757.com

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Comtes de Champagne 2012 ou le parfait équilibre entre verticalité et horizontalité

Comtes de Champagne 2012 décoche une flèche qui vient frapper en plein milieu de la cible, équilibrant tous les paramètres : tension, minéralité, fruité, structure, texture… Alexandre Ponnavoy, chef de caves de la Maison Taittinger, nous en dit plus sur ce grand seigneur des chardonnays

Qu’est-ce qui fait que l’on choisit ou non de faire une année un Comtes de Champagne ?

La décision ne repose pas seulement sur la qualité du millésime, mais aussi sur le potentiel de vieillissement. Sur une année comme 2009, qui ressort bien dans les annales, où les chardonnays étaient intéressants par leur gourmandise, on a observé qu’ils étaient en même temps un peu trop ouverts. Un autre élément qui garantit le contrat qualitatif, consiste à ne pas avoir déterminé de volumétrie, ce qui nous permet, dans les années moins homogènes, d’opérer une sélection, quitte à réduire considérablement le tirage. In fine, seule compte la dégustation des vins clairs.

Comment décririez-vous l’architecture de votre assemblage ?

C’est une osmose entre cinq Grands Crus. Chouilly est utilisé pour la partie bois (mais pas uniquement), parce que l’on y trouve un chardonnay plus structuré, capiteux et chaleureux. À Avize, on retrouvera une expression plus élégante, aérienne, en dentelles. Mesnil représente la partie charnelle et puissante. Oger a un caractère fruité. Quant à Cramant, c’est l’un des crus où la salinité ressort le plus. Nous assemblons ainsi vraiment nos chardonnays comme un vin auquel nous ajoutons ensuite simplement la finesse de la bulle.

Comment caractériseriez-vous ce nouveau millésime 2012 par rapport au précédent ?

2011 était un millésime solaire. Dans l’univers des « Comtes », il s’agit du plus voluptueux que nous ayons eu, avec ses notes gourmandes de pain d’épices, de réglisse, de meringue. 2012 a été une année particulière du point de vue végétatif. Au printemps, le gel, les pluies diluviennes, et des températures froides au moment de la floraison ont mis la vigne à rude épreuve. L’été ensoleillé et la faible charge ont cependant permis d’atteindre une parfaite maturité. Le vin porte la trace de cette campagne contrastée avec d’une part une grande fraîcheur et une certaine précision, et en même temps une maturité prononcée et une belle structure. Au nez, en première approche, on a cette pointe de réduction qui est dans l’ADN de la cuvée, et que nous travaillons. S’exprime alors la minéralité du terroir, la craie. Puis, sur l’aération, on est davantage sur des arômes légèrement toastés, torréfiés et vanillés. On sent très légèrement la patine du bois, qui représente 6 % de l’assemblage, et qui vient souligner l’ensemble, mais sans prendre le dessus sur la complexité aromatique. Sa présence se confond presque avec le côté noisette du chardonnay. La bouche, très cohérente avec le nez, offre des notes puissantes d’acacia, mais aussi beaucoup de fruit et de texture.

Quels accords suggèreriez-vous ?

Certains champagnes sont horizontaux, d’autres, verticaux. 2008 était vertical, 2011 très horizontal. 2012 se situe entre les deux. On peut donc suggérer des accords moins salins et iodés que sur le 2008. Le consommateur pourra aller vers des choses plus crémeuses et gourmandes, même s’il peut rester sur des produits de la mer. Simplement, plutôt que l’huître, il préfèrera sans doute le turbot à la crème ou le homard qui a de la chair. La viande blanche peut fonctionner. En réalité, 2012 est davantage tout terrain, parce qu’il s’exprime pleinement.

Avec la maison Lehman, vous avez développé un verre spécial…

Nous avons décidé de ne pas partir complètement sur un verre à vin parce que nous voulons continuer à mettre aussi en avant l’effervescence. Les verres trop proches de ceux conçus pour les vins tranquilles ont tendance à ouvrir démesurément le vin et à créer une discordance avec la verticalité du champagne. Ici, nous sommes sur un bel équilibre. Le verre concentre les arômes sur la partie haute, et en particulier le fruit in fine, mais sans perdre la tension, la minéralité et la fraîcheur.

En Champagne les ventes s’orientent de plus en plus vers les cuvées premiums, pensez-vous à l’avenir augmenter le tirage de Comtes de Champagne ?

Comtes de Champagne a toujours été issu exclusivement des cinq Grands Crus de la Côte des Blancs même si nous ne le revendiquions pas. Nous avions donc dès le départ placé cette cuvée sous le signe de la rareté. À partir du millésime 2007, nous avons fait apparaître la dénomination « Grands Crus », confirmant définitivement ce choix qui nous empêche d’envisager des possibilités de croissance significative.

Prix recommandé : 200 €

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[Étrennes du vin N°5] : Des fêtes taille magnum

Demain, nous fêtons la fameuse nouvelle année ! Quoi de mieux que de célebrer 2023 avec une belle cuvée taille XL ? Voilà un sublime magnum de rosé AOP Côtes de Provence pour démarrer les festivités

Clos Saint-Vincent, Domaine Roger Zannier

Situé à Cogolin, au cœur de la presqu’île de Saint-Tropez, le Château Saint-Maur cultive l’art des grands vins et de l’excellence. Le domaine couvre près de 100 hectares de vignes sur les contreforts du massif des Maures dont 75 hectares en AOP Côtes de Provence et 23 hectares en IGP Vin de Pays du Var. Ce précieux vignoble dispose également d’un petit bijou de 14 hectares, le Clos Capelune qui donne naissance à des cuvées d’exception en rosé et blanc.

Le Château Saint-Maur, Cru Classé, prépare la sortie en décembre de son Clos Saint Vincent 2022. Ce rosé AOP Côtes Provence est lancé tous les ans à l’occasion des fêtes de Noël. Serti dans son sublime flacon noir et or, ce rosé unique est une édition limitée avec seulement 600 magnums numérotés.

Issu d’une parcelle de 0,8 hectares, ce rosé dévoile toute la quintessence de son terroir d’exception. Né de l’assemblage précis de Syrah (44 %), de Mourvèdre (29 %) et de Tibouren (27 %) le Clos Saint Vincent est un vin subtil et délicat qui se révèle par son élégance, sa finesse et sa complexité. Dès le premier regard ce rosé révèlera une robe limpide et brillante. Le nez est sur des arômes de fruits exotiques et de notes florales. La bouche est harmonieuse, puissante, de belle gourmandise, sur de délicates notes de fraise. La finale est subtile sur des notes légèrement épicées.

Les accords ?

Ce rosé unique s’apprécie sur des mets raffinés tels un loup grillé et tartare de petits légumes, une salade de homard bleu sur une vinaigrette de carotte, orange et gingembre, sur une côte de veau aux girolles mais également sur une omelette norvégienne aux fruits exotiques.

Réservez le dès maintenant !

Prix : 80 €
Ce rosé sera disponible mi-décembre sur la boutique en ligne : chateausaintmaur.com

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Qu’est-ce qu’un « fine wine » ?

ARENI est un think tank consacré aux réflexions stratégiques sur les fine wines. Le 17 janvier prochain, il présentera son dernier « White Paper » chez Sotheby’s à Paris. Nous sommes allés rencontrer sa présidente, Pauline Vicard, pour recueillir sa vision à l’heure où de nombreuses appellations françaises sont en quête d’un nouveau souffle.

Chaque année depuis 2017 votre think tank mène des dizaines d’entretiens auprès de toutes les catégories de professionnels pour proposer une définition de ce que sont les fine wines…

Nous avons dégagé cinq éléments. Une dimension objective qui est la finesse du vin et sa capacité à vieillir. Le second élément réside dans l’intensité de l’émotion provoquée. A l’image du moment vécu lors de la coupe du monde 1998, lorsque vous avez bu ce vin, des années après, vous vous souvenez d’où vous étiez et avec qui. Cette capacité à bloquer le temps, c’est vraiment ce qui distingue pour beaucoup de gens un bon vin d’un grand vin. Le troisième élément réside dans l’intention du vigneron. Un grand vin n’arrive pas par hasard. Il est l’expression très personnelle de la vérité par son élaborateur, ce qu’il pense être le mieux, son interprétation. Dans les fine wines, on peut regrouper ainsi des approches très différentes avec tout l’écart qu’il peut y avoir entre un Dom Pérignon Plénitude 2 et un vin naturel. Depuis le Covid, un quatrième élément a émergé : la notion de « sustainability ». Lorsque l’on est un fine wine, on est en haut de la pyramide, cela implique des responsabilités, vous avez des ressources et une voix, on ne vous pardonnera pas de ne pas être engagé. Cette année enfin, nous avons ajouté une dernière condition : la reconnaissance.

Qu’est-ce qui différencie un fine wine d’un luxury wine ?

Si on compare notre définition des fine wines à celle proposée par Peter Yeung et Liz Thach des luxury wines, certains attributs sont communs comme la « highest quality » ou même le « sense of place » qui est la traduction moderne de terroir. Nous ne l’avons pas incluse directement, mais lorsque nous parlons de l’interprétation du vigneron, il s’agit aussi de celle de son terroir. Ensuite, lorsque l’on regarde les autres attributs des luxury wines, on trouve la rareté et le prix qui participent au sentiment de privilège apporté à l’acheteur. Les fine wines impliquent ainsi une définition du vin d’abord drivée par le producteur, sa vision, alors que le luxury wine est davantage drivé par le consommateur, comment on veut qu’il perçoive le vin. Dans un cas, le prix est une conséquence, dans l’autre il fait partie de la définition. Ce qui est amusant, c’est que lorsque je présente ces définitions en Angleterre et en France, je n’ai pas du tout les mêmes réactions. En Angleterre, certains vous diront qu’ils ont toujours pensé que le luxury wine était supéreur au fine wine. En France, dans le milieu du vin, le luxury wine a une image très négative. Certains producteurs mettront en avant que l’argent représente la fin des grands vins. Ce à quoi je réponds : vous vous rendez compte que si on n’intègre jamais le consommateur, il y a une limite tout autant que lorsque l’on élabore un vin uniquement en fonction du consommateur ?

La crise que connaissent certains vignobles français n’est-elle pas liée à cette conception du fine wine qui ne prend pas assez en compte le consommateur ?

Lorsque j’étais petite, en Bourgogne, les vignerons avaient tendance à dire si tu n’aimes pas mon vin, tant pis pour toi ! Je l’élabore ainsi, parce que c’est de cette manière qu’il doit l’être. Est-ce que l’on doit adapter ses techniques de vinification au consommateur ? Oui et non. Pour moi, il est hypocrite de penser que le goût du consommateur ou les marchés n’influencent pas le style du vin. C’est d’ailleurs une erreur française de penser que les vins de lieu ont toujours eu le même goût.

En revanche, on peut discuter du passage que l’on observe de la recherche de typicité à la recherche d’authenticité. La typicité implique une approche collective du terroir. On avait des villages qui, parce qu’ils faisaient tous la même chose, produisaient des vins qui avaient une ligne directrice. Vous pouviez ainsi reconnaître facilement un Meursault d’un Puligny. La recherche d’authenticité place les vignerons dans des démarches beaucoup plus individuelles, cela a provoqué des bons en qualité dans certaines régions, parce que des vignerons ont arrêté de faire ce que tout le monde faisait et se sont posés des questions sur la maturité du raisin, l’extraction des tanins etc… Mais du coup, on a sur un même terroir des résultats si disparates, des styles si différents, que cela remet en cause l’existence même de ce terroir. Evidemment, lorsque l’on voit dans les dégustations d’agrément d’une appellation, des vins atypiques éliminés alors qu’ils étaient très intéressants par leur approche qualitative novatrice, on touche la limite. Mais on ne doit pas oublier qu’en matière de fine wine, l’image collective d’une région auprès des consommateurs compte beaucoup. La Bourgogne a ce halo, parce qu’il existe une approche stylistique, qualitative, qui fait que cela monte ensemble. Le Swartland en Afrique du Sud, c’est la même chose, les vignerons seuls ne seraient pas parvenus au même succès. Cela fait partie du débat ouvert par notre prochain white paper « is fine wine a collective or an individual project ? »  Cette question est très intéressante à étudier à partir des pays du Nouveau Monde, qui eux, partent d’une page blanche.

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Bérillon et Dubernet : plaidoyer pour un vignoble vivant et pérenne

C’est ensemble, lors d’une conférence de presse commune il y a quelques jours, que les célèbres pépiniéristes Lilian Bérillon et Mathieu Dubernet, à la tête du plus important laboratoire d’analyse œnologique français, ont attiré l’attention sur la situation dégradée des sols et des vignes en France. Avec pour objectif de sensibiliser à un changement nécessaire de paradigme.

Autant le dire tout de go, ce n’est pas un tableau très optimiste que Lilian Bérillon et Mathieu Dubernet ont dressé lors de cette conférence de presse. Le premier, spécialiste du matériel végétal, a rappelé un état de fait en France et plus largement dans les plus grands vignobles du monde. Les vignes plantées dépérissent de plus en plus rapidement. « Il n’est pas rare aujourd’hui que les vignes soient arrachées après seulement 20 ou 25 ans », explique-t-il. « Les vignes sont presque toutes clonées, l’ensemble des porte-greffes l’étant également. Ceux-ci sont incapables de faire face aux changements climatiques ». Et de manière générale, Lilian rappelle que « l’offre proposée aux vignerons en matière de matériel végétal est minime. Sur les 220 millions de plants qui sont produits chaque année, 95 % sont des clones. Et 70 % de toute la production se concentre uniquement sur 10 cépages avec, chaque fois, seulement quelques clones disponibles. Tout ceci constitue un véritable appauvrissement génétique intervariétal ». Animé depuis de nombreuses années par l’envie de faire les choses différemment, Lilian œuvre pour la promotion de vignes issues de sélections massales qu’il a patiemment constituées avec ses équipes. Des vignes qui sont greffées en utilisant la technique de la fente anglaise, plus coûteuse en temps et en main d’œuvre (2 000 greffages par jour contre 12 000 avec des techniques moins qualitatives à la machine), mais ô combien plus efficace. Tous les plants produits font également l’objet de toutes les attentions pendant plusieurs années pour garantir qu’ils soient notamment exempts de virose et de flavescence dorée (avec échaudage systématique de chaque individu). Des vignes au patrimoine génétique plus diversifié, plus résistantes et résilientes, capables de vivre de nombreuses décennies. « Nous travaillons par exemple avec le Mas de Libian depuis 25 ans et nous en constatons qu’un taux de mortalité de 0,5% » renchérit-il. Un véritable pied-de-nez au regard de l’enjeu global de dépérissement du végétal. Avec évidemment un surcoût à l’achat (les plants sont au moins 4 fois plus chers) mais que Lilian tient à remettre en perspective. « Cela ne représente in fine que 10 centimes dans le coût d’une bouteille, soit moins que le prix du verre, de l’étiquette ou du bouchon ! ». Son souhait ? Que les vignerons investissent enfin dans leur matériel végétal qui est tout de même la base essentielle si l’on souhaite produire de grands vins.

De l’importance de la vie des sols

Mathieu Dubernet a pour sa part souhaité mettre en avant l’importance de la meilleure connaissance du vivant dans les sols pour pouvoir mieux adapter les travaux en viticulture. Jusqu’à aujourd’hui, il n’était même pas possible de connaître avec précision le taux de matière organique des sols viticoles. « Si un grand nom comme Claude Bourguignon avait sensibilisé sur l’importance de la vie dans les sols pour produire de grands vins, il ne s’était toutefois limité qu’au vivant facilement observable comme les vers de terre. Pourtant, 90 % de la vie des sols sont représentés par les champignons et les bactéries » tient à rappeler Mathieu, « en particulier les mycorhizes qui sont des champignons très spécifiques associés aux racines du plant ». Et de continuer, « grâce à toutes les mesures désormais faites, il est possible de montrer à quel point le vivant du sol est nourricier pour le pied de vigne ». C’est ainsi que Mathieu et ses équipes ont pu constater que le phosphore, élément vital pour les vignes, est notamment assimilé par elle grâce aux champignons du sol. Pour pouvoir porter ce regard sur l’importance des sols vivants, Mathieu s’appuie sur un nouvelle technologie que son entreprise a développée. Le procédé breveté Terra Mea s’appuie sur la technologie Cyto-3D qui permet d’ores et déjà de réaliser des analyses microbiennes particulièrement fines des moûts et des vins. En quelques minutes, il est désormais possible de réaliser des analyses extrêmement précises du vivant du sol, ses contaminants et de faire un état des lieux du niveau de fertilité des sols. De quoi mieux appréhender le travail du vigneron au quotidien pour garantir par exemple un meilleur taux de carbone dans les sols, à la base de la fertilité de ces derniers et utile évidemment dans la course contre le réchauffement climatique. Cette sensibilisation doit permettre de lutter efficacement contre la désertification massives des sols observée depuis des décennies. Couplée à l’utilisation d’un matériel végétal de grande qualité et à de la formation à l’égard des professionnels de la vigne et du vin (ce que Lilian a mis en œuvre), gageons que la pérennité des vignobles français pourra alors être plus sereinement envisagée.

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