[Bordeaux Tasting] Château Margaux, une master class en bouquet final

La onzième édition de Bordeaux Tasting s’est achevée cet après-midi avec une master class de grand prestige, consacrée au château Margaux, Premier Grand Cru Classé 1855. Un moment hors du temps qui a ravi tous les amateurs présents.

(photos Adrien Viller)

Certains moments ont une saveur particulière, celle des émotions qui nous donnent le sentiment que le temps s’arrête et qui nous permettent, un bref instant, de capturer la beauté. La dernière master class de Bordeaux Tasting, qui a conclu cette onzième édition du festival des grands vins organisé par Terre de Vins, était l’un de ces moments. Il s’agissait d’une dégustation entièrement consacrée au château Margaux, légendaire Premier Grand Cru Classé 1855 – une première en onze éditions, qui ont pourtant déjà vu passer bon nombre de propriétés emblématiques du Bordelais. Cette master class se tenait en présence d’Alexis Leven-Mentzelopoulos, directeur général adjoint, représentant la troisième génération à la tête de ce domaine iconique : c’est en effet en 1977 qu’André Mentzelopoulos, homme d’affaires d’origine grecque (qui fit fortune grâce au développement de la chaîne de grands magasins Félix Potin), fit l’acquisition auprès de la famille Ginestet de cette propriété qui exigeait alors, comme beaucoup de grands crus girondins, de sérieux efforts de réhabilitation. Ce à quoi il s’emploiera avec passion, avant que sa fille Corinne reprenne le flambeau suite à son décès prématuré en 1980. Quatre décennies plus tard, Château Margaux a retrouvé sa juste place au firmament des grands vins de Bordeaux et du monde, grâce au travail accompli par Corinne Mentzelopoulos, toute son équipe, et désormais ses enfants Alexandra et Alexis.

« Main de fer dans un gant de velours »

Au côté de ce dernier, Rodolphe Wartel, directeur général de Terre de Vins, Sylvie Tonnaire, rédactrice en chef, et Serge Dubs, Meilleur Sommelier du Monde 1989, assuraient l’animation d’une dégustation qui laissera des traces indélébiles dans la mémoire des amateurs présents. Soulignant les constants investissements, financiers, techniques et humains, qui ont été consentis ces dernières années pour hisser sans cesse le niveau des vins de Margaux (à commencer par un chai moderne conçu par l’architecte Lord Norman Foster, inauguré en 2015), Alexis Leven-Mentzelopoulos s’attache toutefois à souligner que l’enjeu en tant que « passeur » est avant tout de préserver, pérenniser et transmettre l’essence d’un lieu d’exception : « on est que de passage ». Propriété de 260 hectares pratiquement inchangée depuis le XVIème siècle, comptant 82 hectares de vignes dédiées à la production de vin rouge et 12 hectares de vignes dédiées au vin blanc, Château Margaux occupe une place à part dans le club des Premiers Grands Crus Classés, donnant naissance à des vins d’une indéfinissable élégance, « main de fer dans un gant de velours ». La dégustation de quatre vins de la propriété a pu le confirmer.

La dégustation

Pavillon Blanc 2019 – Le blanc de Château Margaux, produit au moins depuis 300 ans et rebaptisé Pavillon Blanc en 1920. Un 100 % sauvignon d’une remarquable pureté aromatique, coïncidant avec le caractère cristallin de la robe, déployant un caractère élancé et aérien, sans le moindre marqueur variétal, souligné par une touche de tilleul, de citron vert, de citronnelle. Serge Dubs y voit un accord possible sur un homard breton aux champignons sauvages, Sylvie Tonnaire oserait un tarama maison au jus de citron vert. Alexis Leven-Mentzelopoulos souligne le succès de ce vin au Japon, ce qui ouvre une foule de possibilités d’accords…

Pavillon Rouge 2009 – Le second vin de Château Margaux, produit lui aussi depuis le XVIIème siècle. Sur un millésime solaire, cet assemblage à dominante de cabernet sauvignon (67 %) saisit par son équilibre aromatique tout en retenue, son boisé maîtrisé et son léger truffé. « Ce vin est d’une telle évidence, il a l’air tellement « facile » qu’on en oublierait presque que c’est la grande classe », s’enthousiasme Serge Dubs. « C’est un peu addictif ! » Sylvie Tonnaire imagine de cuisiner avec ce vin un tataki de thon au poivre, ou un grenadin de veau aux champignons noirs et légumes racines.

Château Margaux 2004 – Sur un millésime dit « classique » à Bordeaux, le « style Margaux » s’exprime à plein, sur une élégance distinguée qui ne se hausse pas du col mais délivre un vin plein et étiré, à la belle persistance. Un millésime (pioché dans l’impressionnante œnothèque du domaine remontant jusqu’à 1848) que la famille Mentzelopoulos aime particulièrement servir en ce moment, tant le vin paraît ouvert et aimable à ce stade. « Un millésime à maturité », souligne Serge Dubs. « La fermeté de ses tanins en fait un parfait compagnon de table », une appréciation partagée par Sylvie Tonnaire qui met l’accent sur le caractère « floral, marqué par la jacinthe, mais aussi la droiture et la très belle énergie en bouche » de ce 2004 qui appelle, en effet, « une cuisine riche », comme un tournedos Rossini ou un coq au vin.

Château Margaux 1989 – « Un millésime d’exception à Bordeaux », annonce Alexis Leven-Mentzelopoulos qui retrace le « parfait scénario climatique » d’une année 1989 qui a permis d’atteindre de parfaites maturités. « Tout est là, le plaisir et l’émotion, ce qui fait la signature des grands vins ». C’est une folle palette de nuances qui se déploie dans le verre, le fruit confit (quetsche, datte) se mêlant au laurier, à l’eucalyptus, à de fines notes viandées et truffées. Serge Dubs s’attarde longuement sur la robe du vin, « profonde, à la fois grenat et teintée de reflets caramel, évoluée mais pas fatiguée, tout comme le nez, complexe sans être marqué par la moindre note de volatile ou d’oxydation ». En bouche, le Meilleur Sommelier du Monde 1989 salue « structure, puissance, volume sans lourdeur, tannins présents mais d’une superbe élégance, persistance remarquable ». « Cet équilibre entre puissance et délicatesse, c’est vraiment la typicité de cette propriété », abonde Alexis Leven-Mentzelopoulos. « On a de la chance », poursuit Sylvie Tonnaire qui met en lumière le caractère « giboyeux et sanguin » du vin, « mais aussi ses notes de cire de bois noble, son attaque juteuse et sa finale désaltérante », sur lequel elle imagine un canard à l’orange amère. Serge Dubs, pour sa part, conclut son commentaire par ces mots : « c’est comme ça que j’adore Margaux ! » On l’adore aussi, et on n’est pas près d’oublier ce moment.

Lire aussi l’article consacré à la famille Mentzelopoulos dans Terre de Vins n°80, actuellement dans les kiosques.

Cet article [Bordeaux Tasting] Château Margaux, une master class en bouquet final est apparu en premier sur Terre de Vins.

Banquet des Nobels : le champagne Legras & Haas à l’honneur

Le banquet des Nobels au Stockholm City Hall n’avait pas pu se tenir en 2020 et 2021. Il s’est déroulé hier soir en présence de la famille royale et de l’écrivaine française Annie Erneaux. Et c’est avec le millésime 2012 du champagne Legras & Haas à Chouilly que les toasts ont été portés, une maison de la Côte des blancs qui était également présente ce weekend à Bordeaux Tasting.

La tradition remonte à 1901, le banquet des Nobels a réuni hier soir 1500 convives pour un repas de quatre heures, ponctué des discours des lauréats, dont celui très attendu de l’écrivaine Anie Ernaux, honorée de rejoindre Albert Camus, lui aussi récompensé voici 65 ans.  Au menu : Sandre braisé aux algues et tomate farcie de sandre mariné à sec, suivi d’un rôti de cerf suédois farci de morilles et de sauge, avant de conclure sur un cheesecake au four et compote de prunes aromatisés à la badiane, le tout arrosé d’un superbe champagne : le Blanc de blancs grand cru 2012 de la Maison Legras & Haas à Chouilly, une belle reconnaissance pour cette petite pépite de la Côte des blancs, alors que la Maison Taittinger avait eu la préférence de 2014 à 2018, après Gaston Chiquet, Joseph Perrier, Fourny et Frank Bonville.

Jérôme Legras, directeur général du domaine, nous explique : « Un champagne millésimé, c’est à la fois l’expression d’une année et l’expression d’une origine lorsque, comme c’est le cas pour nous, il provient d’un seul terroir. Notre millésime est toujours un blanc de blancs grand cru Chouilly. L’originalité de la maison s’exprime par le choix du millésime. Certaines maisons vont privilégier des millésimes sur la fraîcheur, d’autres sur la puissance. La Maison Legras & Haas privilégie plutôt des millésimes au caractère aromatique original, présentant des facettes qui ne sont pas présentes sur le terroir chaque année, ou des textures atypiques. Sur le millésime 2012, ce qui a été déterminant dans notre choix, c’est la patine, la grande profondeur et la variété de ces arômes, de même que l’accessibilité absolue du vin en question. Pour l’origine des raisins, on ne s’interdit pas de parcelle particulière. Néanmoins, c’est souvent la butte du Mont Aigu et ses satellites qui sont choisis comme base, le Mont Aigu est un coteau qui fait la frontière entre les villages de Chouilly et de Cramant et dont la particularité est d’avoir toutes les expositions, mais sur des sols calcaires un peu plus anciens que les dépôts calcaires du cœur du village. Par leur niveau de dégradation, ils ont tendance à amener plus de minéraux dans les vins, et à donner une tension et un potentiel de garde très importants. »

www.legras-et-haas.com

Cet article Banquet des Nobels : le champagne Legras & Haas à l’honneur est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Saint-Émilion en six Grands Crus Classés 2019

Salle comble ce matin pour une prestigieuse master class à la découverte des terroirs de l’appellation de la rive droite bordelaise, à travers le millésime 2019 de six de ses ambassadeurs. Le récit comme si vous y étiez.

(photos Adrien Viller)

C’est le genre d’occasion qui vaut la peine d’oublier la grasse matinée dominicale et de braver les températures en dessous de zéro ! Ce matin, se tenait à Bordeaux Tasting une master class d’excellence sous la houlette du grand reporter de Terre de Vins Mathieu Doumenge, accompagné de François Despagne, à la tête du château Grand Corbin Despagne et président de l’Association des grands crus classés de Saint-Émilion. Sous les projecteurs de la très belle salle à l’étage du Palais de la Bourse, le millésime 2019 des châteaux Bellefont-Belcier, Corbin, Laroque, Sansonnet, Château Ripeau et Petit Faurie de Soutard.

À la découverte du terroir de Saint-Émilion

En préambule, une petite révision sur le terroir de la rive droite s’impose. Avec pour voisins directs Pomerol et Fronsac, Saint-Émilion compte 5 400 hectares sur les 112 000 du vignoble de Bordeaux. Sur ces terroirs argilo-calcaires, le merlot est roi, tirant profit des sols frais pour s’adapter aux conditions extrêmes parfois imposées par le réchauffement climatique. Quelque 700 producteurs exploitent ce vignoble, avec nombre de propriétés toujours familiales, et une cave coopérative vinifiant 20 % de la récolte.

Appellations et classement

Sur la même aire géographique, cohabitent les deux appellations Saint-Émilion et Saint-Émilion Grand Cru, avec des conditions de production plus strictes pour l’obtention de la deuxième. Pour décrocher ensuite l’appellation Saint-Émilion Grand Cru Classé, dix ans de production préalable en Saint-Émilion Grand Cru sont nécessaires.

Depuis 1955, Saint-Émilion dispose de son classement, théoriquement révisé tous les dix ans et « source de dynamisme pour les consommateurs et d’émulation pour les propriétés », selon François Despagne. Après les classements de 1955, 1969, 1986, 2006, 2012, la dernière mouture a été révélée en ce mois de septembre 2022, consacrant 71 grands crus classés, parmi lesquels 14 premiers grands crus classés, dont deux « A » (châteaux Figeac et Pavie). Le classement se base sur une notation établie pour moitié grâce à une note octroyée après dégustation à l’aveugle des dix derniers millésimes, et pour l’autre sur des critères liés à la culture de la vigne, au terroir et à la notoriété. Ce n’est qu’en décrochant la note de 14/20 qu’un grand cru classé peut ensuite demander à être auréolé du titre de premier grand cru classé (octroyé après dégustation à l’aveugle de 15 millésimes plus anciens et avec un poids plus important du critère de notoriété).

Parmi cette famille des grands crus classés, depuis 1982, certains ont fait le choix de se réunir au sein de l’Association des grands crus classés de Saint-Émilion, pour mener des actions de promotion en France et à l’international. Aujourd’hui, ce groupe compte une cinquantaine de crus – soit plus de 80 % de ceux de Saint-Émilion -, dont les six en dégustation ce dimanche. Douze à treize nouvelles adhésions sont attendues dans un futur proche.

Le millésime 2019

Ce 2019 fait partie d’une belle trilogie, aux côtés de 2018 et 2020, « trois millésimes merveilleux, commente François Despagne, je les aime tous comme mes enfants ! » Solaire et chaud, 2019 se dévoile « riche et fin, déjà étonnamment accessible. Il est en ce moment plus aimable que 2018 qui est plus tannique, et que 2020, riche en tout. » Cette amabilité dès la prime jeunesse, à l’image d’un mouvement de fond qui porte les vins bordelais, est « l’une des grandes évolutions saint-émilionnaises, tout comme l’obligation de certification environnementale qui pourrait bien bientôt être incluse dans le cahier des charges de l’appellation », prédit François Despagne. Sorti en primeur en 2020 en pleine crise du Coronavirus, dans un contexte mondial figé, ce 2019 est, aux dires de Mathieu Doumenge, « l’affaire du siècle, avec des tarifs accessibles dans le sillage de diminutions de prix d’environ 30 % initiées par les propriétés médocaines. »

2019 en six vins

Château Bellefont-Belcier 2019

Depuis 2017, ce domaine est possédé par l’homme d’affaires chinois, implanté à Bordeaux depuis vingt ans, Peter Kwok, également à la tête de six autres domaines sur la rive droite, réunis sous l’entité Vignobles K. Ce passionné de vin a mené une restauration remarquable de ce domaine de 13 hectares aux beaux terroirs à dominante calcaire, en en conservant notamment le très beau chai rond ancien. Assemblage à 70 % merlot, 25 % cabernet franc et 5 % cabernet sauvignon, ce 2019 se dévoile « sur un classicisme moderne, avec un bel éclat aromatique, une structure tannique fine et élégante, et une certaine fraîcheur en bouche », constate Mathieu Doumenge. « Déjà très aimable, il est élégant, offre beaucoup de plaisir, et fonctionnera très bien, même avec du poisson ou une viande blanche », assure François Despagne.

Château Corbin 2019

Jadis, nombre de crus étaient de grandes seigneuries affichant jusqu’à 300 ou 400 hectares de superficie. Morcelées après la Révolution française, elles ont donné naissance à plusieurs domaines, à l’image par exemple des châteaux Grand Corbin-Despagne et Corbin. D’une surface de 13 hectares, ce dernier est actuellement possédé par Anabelle Cruse et Sébastien Bardinet. Mitoyen de Pomerol, le domaine bénéficie de terroirs de sables sur argiles bleues à l’origine d’un « assemblage à 90 % de merlot complété de cabernet franc, très différent de château Bellefont-Belcier », commente le duo d’animateurs. Cette comparaison met avec force en évidence les subtilités des terroirs à l’honneur dans cette master class, plus argileux pour Corbin, plus calcaires pour Bellefont-Belcier. « Déjà délicat et agréable, ce 2019 sera délicieux avec un veau aux morilles, une volaille ou un chapon », selon François Despagne. Une alliance parfaitement d’actualité pour les fêtes de fin d’année !

Château Laroque 2019

Deuxième plus grand cru classé de Saint-Émilion en surface derrière le château Fombrauge, le château Laroque occupe 60 hectares sur la partie calcaire à l’est de Saint-Émilion. Ce terroir assure à la fois une belle maturité et une jolie fraîcheur, avec des pH bas dans les vins. Assemblage à 97 % de merlot et 3 % de cabernet franc, ce 2019 s’exprime avec « une droiture distinctive doublée d’une belle maturité, et d’une minéralité qui laisse en bouche une finale crayeuse. »

Château Sansonnet 2019

Depuis 2009, c’est une famille locale qui préside aux destinées de ce domaine, en la personne de la gérante Marie-Bénédicte Lefévère, docteur en pharmacie et fille de propriétaires à Pomerol et Saint-Émilion. Elle mène sur ces terres « une œuvre de précision, pour proposer une autre interprétation d’un terroir calcaire. Assemblage à majorité de merlot (90 %), agrémenté de cabernet sauvignon (7 %) et cabernet franc (3 %), ce Sansonnet 2019, peaufiné par un élevage avec 70 % barriques neuves, se dévoile « riche et plein », avec une puissance bien équilibrée par sa minéralité et sa verticalité. »

Château Ripeau 2019

Proche de Pomerol, ce secteur de Saint-Émilion voisin de Corbin se caractérise par partie ses argiles bleues ou crasse de fer. « Les vignerons font en sorte que les racines traversent le sable pour aller puiser dans ces argiles, qui permettent de ne pas souffrir de la sécheresse », explique François Despagne. Propriété de la famille Grégoire depuis 2015-2016, le domaine, d’une superficie légèrement supérieure à 16 hectares, est aujourd’hui dirigé par les deux frères vignerons. Cet assemblage 2019, alliance à 60 % de merlot, 35 % de cabernet franc et 5 % de cabernet sauvignon « aux jolis tanins offre une interprétation plus concentrée et riche du millésime » d’après le grand reporter.

Château Petit Faurie de Soutard 2019

Acquise récemment par la mutuelle santé AG2R, ce domaine est doté d’un vignoble en pied de côte en partie sableux et en partie calcaire. À partir des 5,5 hectares en production (sur les huit que compte le domaine), cet assemblage à 82 % merlot, 13 % cabernet franc et 5 % cabernet sauvignon, « fruit d’une extraction mesurée, est élancé, exprimant toute la délicatesse du terroir, et paré de tanins soyeux le rendant déjà accessible. »

Cet article [Bordeaux Tasting] Saint-Émilion en six Grands Crus Classés 2019 est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Vinothèque : la maître de chai du Château Duteurtre remporte le challenge !

Ils étaient une quarantaine cet après-midi à relever le challenge organisé par la Vinothèque, partenaire cette année encore de Bordeaux Tasting. L’objectif, déterminer à l’aveugle le cépage, le millésime, l’appellation et le domaine…

Pour ceux qui connaissent Bordeaux, La Vinothèque est une véritable institution. Sis en plein cœur de la ville, non loin du Grand Théâtre et du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, ce magasin caviste créé en 1972 a été racheté en 2007 par la maison Dubos Frères & Cie, l’un des plus prestigieux négociants bordelais. Celui-ci lui a donné une nouvelle dimension en lançant l’activité de vente en ligne. Avec deux millions de bouteilles en stock, la Vinothèque offre un choix remarquable et souvent presqu’exhaustif sur les plus belles appellations françaises et du monde. Pour la Champagne, par exemple, elle ne propose pas moins de 130 étiquettes ! L’esprit de ce caviste est d’abord de « désacraliser le vin, en faisant comprendre à la clientèle qu’il n’y a pas de question bête et que le vin est avant tout un plaisir », ainsi que nous l’a expliqué Noémie Lavigne, directrice commerciale de l’établissement.

La Vinothèque avait mis à disposition pour ce concours cinq cuvées qui ont été présentées à la fin du tournoi par les vignerons eux-mêmes. La première, la cuvée « Le Cygne 2021 » du Château Fonréaud, tendait un joli piège puisque ce vin blanc où dominait le sauvignon se situe sur le terroir de Listrac dans le Médoc, une appellation de rouges plus connue pour la gourmandise de ses merlots !

La deuxième cuvée était un Château La Pointe Pomerol rouge, dominé par le merlot. Le millésime 2019 servi marque un tournant pour le domaine, comme nous l’a confié son directeur général Eric Monneret : « Nous sommes restés longtemps sur une approche des années 1980, un peu sur la productivité, avec des bons vins mais pas forcément dans l’ère du temps. Nous avons opéré un travail en deux étapes. D’abord entre 2008 et 2011 où nous avons retravaillé l’approche parcellaire en s’intéressant à la composition des sols, pour vraiment retrouver l’identité de la propriété. A la fin des années 2010, mon équipe technique est partie à la retraite. Au début, cela m’a fait peur. Mais, autant ils avaient beaucoup œuvré sur la partie parcellaire, autant ils étaient moins motivés sur la partie non visible de l’iceberg, la vie des sols, leur pérennité, ce que nous avons pu faire avec la nouvelle équipe en changeant nos pratiques culturales. 2019 est l’illustration de ce virage, d’autant que c’est un millésime chaud et sec où justement une vraie vie des sols permet de tamponner cela et de garder beaucoup de fraîcheur. Un grand merlot surmature et mou, « it’s boring » ! »

La troisième cuvée était un Château Larmande Saint-Emilion Grand Cru Rouge 2018, qui faisait la part belle au cabernet sauvignon. Véronique Corporandy, la directrice technique, souligne : « notre domaine est l’archétype du Saint-Emilion classique, la propriété est située sur la côte nord de l’appellation, et produit des vins frais profitant des éboulis calcaires et des argiles sableux. Nous nous attachons donc plutôt à travailler l’élégance, la finesse, on est très loin de la concentration et du boisé massif. »

La quatrième cuvée était un Château Croizet-Bages Paulliac Rouge 2018. Personne n’a réussi à deviner l’appellation. Peut-être l’assemblage atypique 50 % cabernet sauvignon et 50 % de merlot a-t-il dérouté les candidats, alors que sur ce terroir on est davantage habitué à voir une proportion plus importante de cabernet sauvignon.

Enfin, le dernier vin était un Château Lascombes Margaux rouge, une propriété rachetée dernièrement par une famille américaine. Sur ce domaine de 120 hectares, très ouvert à l’œnotourisme, le merlot est roi, avec beaucoup de rondeur mais en même temps d’élégance, comme on a pu l’observer sur ce millésime 2016.

Le premier prix a été remporté par Louise Straub, ingénieur agronome et maître de chai du Château Duteurtre, propriété des Grands Chais de France : « Le Margaux ne pouvait pas m’échapper. J’ai réussi aussi à identifier le Pomerol, et les millésimes. En ce qui concerne le sauvignon, j’étais très surprise, je ne le mettais pas du tout à Bordeaux. Je suis cette année une formation à l’ISVV, le DUAD (Diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation). C’était une belle occasion pour moi de tester ce que j’ai appris ! »

Toutes les cuvées dégustées sont disponibles sur : https://vinotheque-bordeaux.com

Cet article [Bordeaux Tasting] Vinothèque : la maître de chai du Château Duteurtre remporte le challenge ! est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] La battle des champions

En cette 11e édition de Bordeaux Tasting, Terre de Vins inaugure un nouveau format en confrontant lors d’une dégustation à l’aveugle en équipe deux champions 2022 : le meilleur sommelier et meilleur ouvrier de France en sommellerie Xavier Thuizat, et le meilleur caviste de France David Morin.

Tous deux sont réunis par une passion commune. Tous deux officient en région parisienne. L’un a pour terrain de jeu le prestigieux hôtel parisien de Crillon. L’autre la Cave de Villiers-sur-Marne, en banlieue est de la capitale. Aujourd’hui, tous deux avaient le même but : remporter cette battle en trois liquides en dégustation à l’aveugle. À chaque nectar, ils disposaient de cinq minutes pour tenter de deviner collectivement, avec leur équipe composée d’amateurs à Bordeaux Tasting : la région, l’appellation, le domaine, le millésime et un prix indicatif, puis de trois minutes pour exposer leurs pronostics. « La dégustation à l’aveugle est l’une des plus grandes leçons d’humilité, s’accordaient à rappeler les deux champions. C’est un privilège d’être présents ici aujourd’hui pour jouer ensemble, se réjouissaient-il de concert. On va bien s’amuser ! »

Dégustation n°1

Le pronostic de l’équipe David Morin : « Un vin blanc avec de l’opulence, du gras, de la richesse en bouche et un bois qui ne domine pas au nez. Avec ses notes de fruits blancs, il nous fait penser à un assemblage bordelais de sémillon et sauvignon. Sa légère pointe oxydative nous fait pencher pour un millésime un peu évolué, par exemple un 2016, et plus précisément la cuvée Caroline du château de Chantegrive, en AOC Graves blanc. Nous proposerions un tarif indicatif autour de 20 €. »

Le pronostic de l’équipe de Xavier Thuizat : « Nous rejoignons le pronostic de David et son équipe. Nous pensons aussi que ce très joli vin, abouti, chaleureux, long, avec une belle acidité, est un Bordeaux blanc à base de sauvignon et sémillon, peut-être agrémenté d’une pointe de muscadelle. Nous étions un peu indécis sur le millésime, mais nous pencherions pour un 2018 du château Pape Clément en Pessac-Léognan. Nous le proposerions à un tarif de 25-30 €. »

La réponse : Château Hostens-Picant, cuvée Les Demoiselles 2015, en appellation Sainte-Foy Côtes de Bordeaux. Assemblage à 60 % de sauvignon blanc et 40 % de sémillon. Tarif : 18 €.

Le score : Équipe David Morin : 2 – Équipe Xavier Thuizat : 1

Dégustation n°2

Le pronostic de l’équipe de Xavier Thuizat : « Nous sommes tous rapidement tombés d’accord sur l’évolution de ce vin rouge, marqué par une couleur qui tirait sur le grenat, et un début d’évolution perceptible au nez, avec des notes de sous-bois et terre mouillée. Avec une bouche sur la fraîcheur, presque austère, nous pencherions pour un vin à base de cabernet sauvignon ultra-majoritaire, peut-être agrémenté d’un peu de cabernet franc, venu de Saint-Estèphe. Du côté du millésime, nous hésitions entre 2004 et 2007, mais avons finalement opté pour un château Cos Labory 2004. Ce joli vin à la belle allonge, avec beaucoup de panache, serait parfait à déguster avec quelques rougets. Pour le tarif, nous serions sur une fourchette de 35 à 40 €. »

Le pronostic de l’équipe David Morin : « Pour nous aussi, la couleur rouge grenat est un signe de maturité, qui nous a également fait hésiter entre 2004 et 2007, mais nous avons opté pour 2007. A l’unanimité, nous nous sommes accordés sur Bordeaux, et plus précisément sur Listrac-Médoc, du fait du profil sur la légèreté et la fluidité, avec un assemblage qui pourrait être 55 % de cabernet sauvignon, 5 % de cabernet franc et 30 % de merlot. Nous pensons que ce vin agréable et ample, qui serait parfait avec une volaille, pourrait bien être un château Reverdi, commercialisé au tarif de 22. »

La réponse : château Cantemerle, 5e grand cru classé 2009 en Haut-Médoc. Assemblage à dominante cabernet sauvignon (49 %), accompagné de merlot (38 %), petit verdot (7 %) et cabernet franc (6 %). Tarif : 43 €.

Le score : Équipe David Morin : 1 – Équipe Xavier Thuizat : 2

Dégustation n°3

Une manche décisive pour départager les deux équipes à égalité de trois points chacune…

Le pronostic de l’équipe David Morin : « Nous sommes sur un alcool à plus de 40°, d’après ses notes cuivrées, son gras et sa matière. Cet alcool brun est possiblement un armagnac ou un cognac. Son caractère fluide, doux, floral, épicé en attaque nous fait opter pour un cognac. Sa finesse et son élégance nous évoquent un cru de Grande Champagne, qui pourrait être un XO de la maison Delamain, autour de 100 €. »

Le pronostic de l’équipe de Xavier Thuizat : « Nous avons adoré, à l’unanimité ! Nous penserions à un cognac à base du cépage ugni blanc. Son élégance, sa finesse et sa fraîcheur nous font penser à un cognac XO venu de Petite Champagne, créé par la maison Lhéraud. Nous proposerions un tarif de 60 €. »

La réponse : Château de Laubade, millésime 1985, cépages baco, ugni blanc et colombard. Tarif : 180 €.

Le score final : Égalité parfaite entre les deux équipes !

Cet article [Bordeaux Tasting] La battle des champions est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Pleins feux sur les spiritueux

Pendant la onzième édition de Bordeaux Tasting qui se déroule ce week-end, une sélection inédite de spiritueux s’offre aux visiteurs dans le cadre du Musée des Douanes. Armagnac, cognac, whisky, rhum, gin, les amateurs ont la possibilité de découvrir une belle variété de parfums et de saveurs.

(photos Solène Guillaud)

Deuxième jour de Bordeaux Tasting, une édition qui renoue avec une belle affluence (les chiffres de fréquentation reviennent à ceux d’avant la pandémie de Covid-19) et se renouvelle en douceur avec l’introduction d’un nouveau parcours visiteurs, un nouveau lieu de dégustation pour les champagnes et, pour la première fois, un espace intégralement dédié aux spiritueux. Dans le cadre du Musée des Douanes, sur la place de la Bourse de Bordeaux, une quinzaine d’exposants sont réunis pour offrir aux amateurs une plongée dans l’univers riche et complexe des spiritueux : armagnac, cognac, mais aussi rhum, whisky et gin.

Côté armagnac, deux maisons emblématiques de l’eau-de-vie gasconne font découvrir quelques trésors : la maison Darroze, qui fait déguster son 20 ans dans la gamme « grands assemblages » , son millésime 2008 en 100 % folle blanche, son millésime 1995 en 100 % baco et – ne le répétez pas – pour les fins connaisseurs, un 1972 « de derrière les fagots » également en 100 % baco. On retrouve également un grand habitué de Bordeaux Tasting, le château de Laubade appartenant à la famille Lesgourgues. À noter que ces deux maisons, Darroze et Laubade, étaient à l’honneur cette semaine dans l’émission « Vino Veritas » consacrée aux spiritueux régionaux que sont l’armagnac et le cognac (à revoir ci-dessous).

Toujours en Armagnac, on retrouve quelques jolies maisons comme les armagnacs Delord (Jérôme Delord, nouveau président du BNIA, nous a récemment accordé un entretien sur le cap qu’il entend donner à l’armagnac) qui séduisent les amateurs avec leur blanche d’armagnac 100 % colombard, extrêmement fruitée, qui ouvre de belles perspectives en mixologie ; le Domaine du Hour, exploitation familiale dans le Gers récemment reprise par Marlène Ducos, qui fait déguster son millésime 2001, son 10 ans d’âge mais aussi sa liqueur Lik’A ; et le Domaine de Laballe, situé à Parleboscq dans les Landes, où Julie et Cyril Laudet s’échinent à « casser les codes » de l’armagnac – leurs eaux-de-vie Résistance, Exode XIV et Eau de Vie, sont là pour en témoigner. Enfin, le Domaine de Marquestau, situé à Hontanx dans les Landes, fait également découvrir ses eaux-de-vie mais aussi son étonnant Clandestino, spiritueux à base d’armagnac (VSOP) assemblé avec du sucre d’agave et de la vanille. Tous ces domaines sont bien sûr à retrouver dans le hors-série Spiritueux de Terre de Vins, actuellement dans les kiosques.

Côté cognac, les amateurs peuvent succomber au savoir-faire inestimable de la maison Delamain, située à Jarnac. Un régal pour connaisseurs grâce à l’expertise du maître de chai Dominique Toutain. On peut déguster, dans le cadre de cette édition de Bordeaux Tasting, l’incontournable Pale & Dry qui est l’étendard de la maison, une valeur sûre en termes d’élégance et de saveur. Mais aussi, dans la collection Pléiade, un single cask d’une eau-de-vie issue de la commune de Malaville en Charente, très racé, complexe, persistant (180 €). Toujours dans le cognaçais, la Distillerie des Moisans, située à Sireuil en Charente, fait goûter toute sa gamme de spiritueux : le cognac Deau bien sûr, mais aussi son gin Ginette, et toute la belle diversité de rhums et de whiskys produite par la maison.

En termes de diversité de spiritueux, les amateurs peuvent aussi se régaler avec le gin Mira (produit autour du Bassin d’Arcachon, également sélectionné dans le dossier gin du hors-série spiritueux de Terre de Vins, qui a salué « une formule minimaliste et gagnante qui donne un gin tendu, salin, déclinant un nez océanique, où la résine de pin s’impose sans excès, mais aussi une note de lichen, d’aubépine, de chèvrefeuille, de cèdre, d’eucalpyptus… On croirait une promenade en bord de mer à marée basse »), le whisky écossais Tullibardine (qui présente ses références 225, vieilli en fûts de sauternes, et 228, vieilli en fûts de vin rouge de Bourgogne), le rhum martiniquais Trois Rivières et enfin, les spiritueux de la maison familiale champenoise Moutard, à commencer par un whisky bio issu de brasseries locales et fermenté avec des levures de champagne avant d’être vieilli en fûts de chablis grand cru (68 € les 50 cl). À déguster également, le très vieux marc champenois 6 Cépages de la maison, d’une très jolie complexité.

Cet article [Bordeaux Tasting] Pleins feux sur les spiritueux est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Trois rouges de garde version Loire

Trois domaines du Val de Loire présents sur Bordeaux Tasting, samedi 10 et dimanche 11 décembre, présentent des rouges taillés pour la cave. Leur point fort : l’art d’associer complexité et buvabilité.

Présents au premier étage du Palais de la Bourse en cette 11e édition de Bordeaux Tasting, trois références de la Loire font déguster leurs cuvées. Parmi celles-ci, des rouges qui associent finesse et profondeur.

Joseph Mellot – Sancerre rouge « Le Connétable » 2019 (28 €)

Le pinot est dans son élément sur ce terroir argilo-calcaire. Il en extrait un profil délicat, fruité de prime abord (cerise noire à l’eau-de-vie, mûre…), avec des accents salins précédant une belle finale poivrée. Les tanins, structurants mais très mûrs, donnent une belle consistance. Un rouge de gastronomie, destiné à des mets délicats. Les années lui conféreront encore davantage de complexité.

Avec une terrine de canard à l’orange.


Domaine Henri Bourgeois – Sancerre rouge « Le Graveron » 2016 (40,1 €)

Déjà six années de bouteille pour ce pinot noir, et pas une ride. Au nez – très fin – de fruits rouges confiturés succède un profil digeste, avec ses tanins feutrés. La longueur est remarquable, et le fruité tient de bout en bout. À déguster immédiatement ou à garder encore 5 à 8 ans.

Avec un tataki de thon rouge en croûte de sésame.


Château Soucherie – Anjou rouge 2019 (15 €)

Pour une première édition, ce 100 % cabernet franc sur terroirs de schiste trouve une belle expression. Son élevage moitié amphore/moitié foudre lui sied à merveille : après une attaque à la fois gourmande et fraîche sur la violette et la confiture de fraise, la trame s’allonge et distille des notes délicatement fumées. Les tanins, un peu serrés mais très mûrs, sont élégants. À boire aujourd’hui, ou à oublier en cave 5 à 10 ans.

Avec un carré d’agneau et ses grenailles grillées.

Cet article [Bordeaux Tasting] Trois rouges de garde version Loire est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Burgers et champagnes : l’alliance paradoxale

Le champagne n’est jamais aussi bon que lorsqu’on le redécouvre sur des accords inattendus. Champagne et caviar, tout le monde connaît… Mais si le comble du snobisme, c’était de l’accorder avec le symbole même de la culture du fastfood et du fingerfood : le fameux burger. Six domaines présents à Bordeaux Tasting nous ont suggéré quelques idées.

Chez Lionel Carreau, sur la Côte des Bar, Orianne est allée consulter le chef du Saint James, Julien Dumas, qui lui a recommandé un burger de volaille. « Il faut un pain brioché, à cause de la levure et du beurre qui produiront un bel écho sur le champagne. On hache la volaille avec la peau avant de la poêler de manière à amener un peu de gras naturel. On ajoute des lamelles de cédrats marinées dans du jus de citron, pour retrouver cette fois l’acidité du vin. En guise de fromage, on sélectionnera un parmesan. Il doit avoir vieilli de manière à ce que le côté salin ressorte davantage et vienne relever la bulle. Enfin, pour que cela soit gourmand, on montera la mayonnaise à l’huile d’amande, et on ajoutera des éclats d’amandes torréfiés qui créeront une texture. » Orianne a choisi sa cuvée PréemBulles (29 €) qui associe pinot noir, chardonnay et pinot blanc sur le millésime 2015 et qui est elle-même une belle balance « entre le côté acidulé et le côté beurré crémeux avec des arômes de beurre qui vont très bien s’associer avec le côté amande ».

Nicolas Uriel, chef de caves du champagne Thiénot, nous propose son millésime 2012 (41 €). « Il faut un vin capable de soutenir cette structure un peu grasse du burger et justement, de gras, ce 2012 n’en n’est pas dépourvu, c’est un champagne puissant, gourmand, généreux, bien mûr, juteux, ce qui pourrait coller avec ces sensations de bouche assez pleine que l’on a lorsque l’on mange un burger. Cet opus correspond particulièrement bien, parce qu’il diffère un peu de son style habituel, davantage axé sur le chardonnay. Ici, au contraire, c’est le pinot noir qui domine. Quant au type de burger, ce que j’aime, ce sont ceux avec un minimum de fromage, évidemment un steak, de la salade, du concombre, de la tomate, et pourquoi pas un peu de bacon, ce qui ira très bien avec les notes grillées que l’on commence à voir poindre sur la cuvée ».

Jérôme Legras, du champagne Legras & Haas sur la Côte des blancs a jeté son dévolu sur un un burger poulet panné « un peu fried chicken, dans le style du sud des États-Unis, c’est-à-dire un peu épicé, mais pas trop », pour accompagner son Blanc de blancs grand cru millésime 2015 (61,30 €). « Ce qui est sympa dans les champagnes millésimés, c’est lorsqu’ils commencent à être un peu entre deux âges, qu’ils gardent encore leur fruit mais qu’ils prennent une petite patine oxydative. Cela fonctionne alors très bien avec les plats gras et sucrés. Lorsque tu viens mettre quelque chose d’un peu aigre doux, d’un peu réconfortant au-dessus de la patine oxydative d’un champagne millésimé, c’est juste fantastique ! Notre millésime 2015 est en plus particulièrement réussi, parce que nous sommes plutôt allés chercher des raisins issus de la fin des vendanges à Chouilly où on a une très grande richesse. »

Simon Saxby-Moutardier, du champagne Moutardier dans la vallée de la Marne, nous suggère un burger Rossini au foie gras et son confit d’oignons pour son millésime 2013 (30 €), une cuvée qui conjugue puissance et tension. « Un burger est synonyme de convivialité, ce qui correspond tout à fait à l’esprit des champagnes que nous élaborons ! »

Emilien Boutillat, le chef de caves de Piper-Heidsieck, a mis en avant sa cuvée Essentiel (coup de cœur Terre de vins dans la dégustation des BSA du hors-série Champagne !) pour un burger qui allie pain au sésame, bœuf haché charolais, chaource, jeunes pousses, tomates cerises, pickles de légumes, et sauces aux cornichons. « Les notes toastées du pain au sésame nous rappellent le côté grillé d’Essentiel obtenu grâce à sa maturation prolongée. En bouche, le crayeux du Chaource, fromage local, fait écho aux notes lactées et briochées d’Essentiel. L’acidulé des pickles de légumes se mêle à la fraîcheur du champagne. Enfin, le pinot noir majoritairement présent dans l’assemblage, apporte la puissance et la structure indispensables à l’accord avec le bœuf charolais. »

Et parce qu’au bout de cinq burgers, on a encore faim, Terre de vins vous en recommande un sixième, sur une idée d’Anne-Sophie Boever du champagne Boever A & S : un burger à la fourme d’Amber marié à sa cuvée 1865 (45 €), un blanc de noirs issu de ses vignes de Bouzy, un terroir solaire du sud de la Montagne, qui donne beaucoup de puissance, mais où la craie maintient en même temps une belle acidité, parfaite pour trancher le gras du burger tandis que les notes fumées et boisées (obtenues par un élevage en fût de 10 mois) de la cuvée produisent un bel écho sur la fourme.

Cet article [Bordeaux Tasting] Burgers et champagnes : l’alliance paradoxale est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Faites jouer vos talents de dégustateur

Dégustez cinq vins de Bordeaux à l’aveugle et devinez leurs appellations, cépages et millésimes lors du challenge de La Vinothèque, ce dimanche 11 décembre à 14h, à l’occasion du 11e Bordeaux Tasting.

Avez-vous un palais bordelais ? Le challenge de La Vinothèque, organisé ce dimanche 11 décembre à 14h lors de Bordeaux Tasting, vous donnera la réponse. Lors de ce concours de dégustation à l’aveugle, cinq vins de la région, anonymisés, vous seront présentés. À vous d’en distinguer l’appellation, le cépage majoritaire, le millésime, et le nom de domaine ! Avant d’ouvrir vos carnets, découvrez quelques astuces. Elles vous permettront, peut-être, de vous rapprocher des 100 points…

Appellation

En blancs comme en rouge, les bordeaux et bordeaux supérieurs couvrent un très vaste territoire, et se déclinent par conséquent dans une grande diversité de style. Un point commun : la recherche de « buvabilité », soit une certaine fraîcheur, du fruit, et une capacité à s’apprécier dans les jeunes années. Sur la rive droite, pomerol et saint-émilion peuvent être difficiles à distinguer. Les deux appellations révèrent le merlot, cépage majoritaire qui apporte sa gourmandise et son fruité, souvent accompagné du cabernet franc et de son caractère. On trouve dans ces vignobles des rouges suaves et opulents, pomerol se distinguant peut-être par son toucher plus feutré, et saint-émilion par sa puissance et la complexité tirée de sa mosaïque de terroirs.

Au tour de la rive gauche. Ici, les pauillac ont pour généralement pour signature une dominante de cabernet sauvignon, qui apportent caractère, complexité aromatique et tanins serrés dans les jeunes années. Son voisin médocain margaux pratique le même type d’assemblage, avec une différence de terroirs et de style. On dit les pauillac plus puissants ; les margaux plus délicats.

Cépage dominant

Côté blancs, Le sémillon distille de puissants arômes d’agrumes. Réputé pour sa présence riche et onctueuse, il est souvent assemblé au sauvignon, qui de son côté apporte fraîcheur et vivacité, ainsi que des senteurs caractéristiques de litchi ou pamplemousse, parfois des notes salines.  Également très aromatique, la muscadelle joue plutôt une partition florale, avec un touché tout en rondeur.

En rouge, le merlot offre générosité et gourmandise, sur les fruits rouges et noirs souvent juteux, avec des tanins très discrets. À l’inverse, le cabernet sauvignon se distingue par sa charpente affirmée, et ses arômes complexes de petites baies (cassis), fleur (violette), voire de poivron vert et épices douces. Des caractéristiques aromatiques partagées avec le cabernet franc, ce dernier étant toutefois moins tannique.

Millésime

2015 a charmé de la rive gauche à la rive droite pour son aspect solaire et ses tanins puissants mais mûrs. Plus frais, 2016 joue davantage sur le fruit croquant et l’élégance. 2017 a connu quelques difficultés, liées au gel printanier et à la pluviométrie. On dit ses vins plus vifs, et rapidement prêts à boire. En 2018, la puissance tannique s’impose – on parle d’un grand millésime de garde – quand 2019 séduit davantage par la volupté de ses rouges mûrs et juteux. En 2020, c’est l’équilibre qui plaît : malgré la puissance d’une année solaire, des fraîcheurs inattendues confèrent harmonie et potentiel de garde. Frais et réputé difficile, 2021 se distinguera plutôt par sa délicatesse, en rouge comme en blanc.

À vous de jouer !  Les dotations pour les 5 gagnants :

n°1 : Haut-Bages Libéral Pauillac Cru Classé 2016 + Malartic Lagravière Cru classé Pessac-Léognan Blanc 2018. Valeur : 115€

n°2 : Meyney Saint-Estèphe 2018 + Olivier Cru classé Pessac-Léognan Blanc 2016. Valeur : 70.00€

n°3 : Confidences de Prieuré Lichine Margaux 2015 + Bouscaut Cru classé Pessac-Léognan Blanc 2019. Valeur : 54€

n°4 : Demoiselle de Sociando Mallet 2016 en magnum. Valeur : 50.00€

n°5 : Patache d’Aux Médoc 2008 en magnum. Valeur : 45.00€

Cet article [Bordeaux Tasting] Faites jouer vos talents de dégustateur est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordeaux Tasting] Trois accords de fête originaux

Envie de changer des traditionnels champagnes et liquoreux pour les fêtes de fin d’année ? Nous avons trouvé à Bordeaux Tasting trois alternatives pour vous !

Le vin orange V.O 2021 du château L’Esparrou (Vignobles Bonfils, H2)

« C’est mon cousin qui a découvert à Montréal, où il vivait, le vin orange il y a quatre ans. On s’est dit qu’il nous en fallait un nous aussi ! » raconte Quentin Bonfils, export manager de la maison familiale. Le premier millésime de la cuvée de vin orange est sorti en 2019 à un millier de bouteilles sous le nom de Solaris, très rapidement écoulées au Canada. Trois ans plus tard, les quantités de ce blanc de macération en vin de France, qui a désormais également fait sa place sur le marché hexagonal sous l’étiquette V.O (au tarif de 12 € environ), ont explosé. Assemblage de vieilles vignes de vermentino (48 %), viognier (47 %) et muscat (5 %), cette cuvée est vinifiée comme un vin rouge. Après une fermentation longue à température basse, puis une fermentation malolactique, les raisins subissent une longue macération post-fermentaire de plusieurs semaines au contact des peaux. Ce sont elles qui, en s’oxydant, donnent sa couleur et ses arômes si caractéristiques à ce nectar.

L’accord de fête

« Le vin orange n’est pas encore démocratisé, il offre un côté fantaisie et nouveauté » explique Quentin Bonfils. Cette cuvée dévoile un profil combinant « la fraîcheur de la pêche et la complexité de l’amande et de l’orange amère, accompagnés de fruits cuits et d’une légère oxydation. Les fruits du verger et la rose se mélangent à l’amertume et la vivacité, avec une finale relevée. Certaines notes d’évolution font penser au thé Oolong et sa douce amertume. » Un vin qui se fera le compagnon idéal d’un poisson blanc grillé et du Comté.

www.bonfilswines.com

Grand vin rosé 2021 du Château La Coste (Palais de la Bourse, stand H14)

À dix kilomètres au nord d’Aix-en-Provence, le château La Coste étend ses 200 hectares dans un écrin de nature, entre garrigue, oliviers et œuvres d’art. Son vignoble de 130 hectares est certifié en agriculture biologique depuis 2009 et la propriété élabore ses vins selon les préceptes de la biodynamie avec une certification Demeter à venir cette année. Ici, la culture viticole est combinée avec l’art et l’architecture, à travers des créations des plus grands noms de l’art contemporain sur la propriété et un chai créé par le célèbre architecte Jean Nouvel. Parmi les cuvées rosées du domaine (cette couleur représentant 60 % de la production), le Grand vin rosé (27,60 €) est pensé comme un vin haute-couture. Il est le fruit d’un assemblage de vieilles vignes de syrah, grenache et vermentino de 50 ans, plantées sur des sols argilo-calcaires à 400 mètres d’altitude, exploitées avec un rendement très faible de 25 hl/ha et vendangées main. Un vieillissement d’un tiers de la cuvée en fûts durant quatre mois peaufine le style de ce vin, qui joue la carte de la délicatesse et de l’élégance.

L’accord de fête

Avec un profil « d’une grande fraîcheur sur les arômes floraux, de fruits blancs et agrumes, des notes de petites baies rouges et une belle minéralité, ce vin se caractérise par son équilibre, son volume et sa structure en bouche, avec une finale fraîche et persistante. » Ne cherchant pas à jouer sur le créneau des rosés opulents et au fruité exubérant, ce nectar délicat et ciselé est « un rosé de gastronomie, compagnon idéal de la table », explique Bertrand Lemoine, responsable régional des ventes. Il est d’ailleurs référencé par nombre d’établissements gastronomiques, dont récemment le prestigieux Crillon. Sur vos tables de fêtes, il ira parfaitement avec des brochettes de lotte et leur sauce aux pignons de pin, une salade tiède de poulpe aux câpres, une brochette de filet mignon aux abricots, ou des rougets grillés aux aubergines confites.

www.chateau-la-coste.com

Gin Mira (Musée des Douanes, stand SP 12)

La marque Mira a été fondée en 2016 à La Teste-de-Buch (33) sous l’impulsion de Jacques Bellec et Aurélien Rey. Elle combine un pub, une brasserie et la production du London Gin. Cet alcool est élaboré à partir d’une macération de baies de genévrier et végétaux naturels (coriandre, combava, poivre de Kampot, bourgeons de pin) dans un alcool de blé. Ensuite distillé dans un alambic à la distillerie Bercloux en Charente, il est enfin réduit à 45° à l’eau de source du bassin d’Arcachon, issues des mêmes nappes phréatiques que celles servant à la production de l’eau d’Abatilles. Cette méthode de confection octroie à ce gin une grande fraîcheur et une belle complexité aromatique, entre saveurs iodées, épicées et de sous-bois.

L’accord de fête

À déguster à tous les stades des repas de fêtes, bien frais en apéritif dilué avec le tonic de Mira, en entrée avec du saumon fumé, en plat avec de l’agneau, en dessert avec du chocolat noir, ou pour lui-même en digestif. S’il vous manque encore des cadeaux de Noël, Mira a créé un coffret avec deux tonics et son gin, au tarif de 53 €.

www.brasseriemira.fr

Cet article [Bordeaux Tasting] Trois accords de fête originaux est apparu en premier sur Terre de Vins.