Hennessy s’engage à planter et restaurer 50 000 hectares de forêts

Le numéro 1 du cognac a détaillé son programme « Forest Destination », les 25 et 26 novembre 2022, lors de l’Université de la Terre, au siège de l’Unesco à Paris

« La planète ne risque rien. C’est nous, les humains, qui allons être secoués ! Mais nous pouvons encore agir collectivement […]. La maison que je représente prend sa part et même un peu plus… »

Ce samedi 26 novembre 2022, Laurent Boillot, le président d’Hennessy, le premier acteur économique du cognac, a assuré être un « pragmatique résolument optimiste ». Il s’exprimait à la tribune de l’Université de la Terre et du Parlement des entrepreneurs d’avenir, au siège de l’Unesco à Paris, dont le négociant figure parmi les partenaires engagés. On y débattait de « la Vie à l’heure des grandes transitions », lors d’une cinquantaine de causeries et tables rondes réunissant plus de 250 personnalités de tous horizons.

“Question de bien commun”

En marge des conférences, Hennessy avait monté une exposition détaillant son programme « Forest Destination » lancé en 2020. L’initiative (rendue publique en mars 2022) consiste à planter ou restaurer 50 000 hectares de forêts en France et dans le monde à l’horizon 2030, en partenariat avec l’entreprise Reforest’Action. « Le défi est colossal […]. Ce chantier dépasse les seuls intérêts particuliers. Il est ici question de bien commun. Il faut enrayer le dépérissement des sols et des forêts, dans le respect de la biodiversité et le soutien aux communautés locales », souligne Laurent Boillot.

Plus de deux millions d’arbres ont d’ores et déjà sur près de 4 800 hectares ont d’ores et déjà été plantés sur près de 4 800 hectares. Les actions sont notamment menées en Afrique-du-Sud, au Kenya, au Nigéria, à Madagascar, aux États-Unis et en Chine. Un exemple : au Kenya, Hennessy et son partenaire local Trees for Kenya accompagnent la régénération d’une partie de l’espace domanial du Mont Kenya en plantant 250 000 arbres d’une trentaine d’essences (prunier d’Afrique, cèdre rouge, tulipier du Nil) sur 415 hectares.

Dans le “temps long”

L’action du négociant est également locale. Elle Charente, elle intervient près d’Angoulême, en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF), où 27 055 chênes vont étoffer la forêt de la Braconne malmenée par la tempête Martin (dite du siècle) en 1999. Le leader mondial du cognac fait aussi le pari de l’agroforesterie dans son vignoble expérimental du domaine de La Bataille, à Saint-Preuil, où 7 km de haies ont été créés.

L’engagement de la maison répond bien évidemment à une logique économique et historique : l’art subtil du vieillissement des eaux-de-vie se fait en fûts. « Le bois de chêne est un élément incontournable de la qualité de nos cognacs », écrit Hennessy, dont la prospérité s’inscrit dans le « temps long ». Première entreprise du secteur des spiritueux à être certifiée ISO 14 001 dès 1998, le négociant dit porter une « attention continue aux enjeux de transmission, de génération en génération ». On parle ici de patrimoine matériel et immatériel, de terroir et de savoir-faire.

“A la limite de la désobéissance”

Cet engagement est-il sincère ? A écouter Laurent Boillot ce week-end à l’Unesco, nul doute ! Il a parlé de son émotion lorsqu’il a pour la première fois pénétré une forêt primaire, « berceau des premiers thés en Chine », du temps où il dirigeait la maison Guerlain. Il s’est aussi prononcé pour une instauration d’une taxe carbone plus contraignante et d’une aide financière plus conséquente du monde industrialisé aux pays du Sud. « Je suis parfois à la limite de la désobéissance », a-t-il souri. Mais ce samedi 26 novembre, à Paris, lors de la conférence « Reforestons la planète », il a surtout applaudi ceux qui s’exprimaient à ses côtés : Sebastiao Salgado, photographe brésilien de renom, cofondateur de l’Instituto Terra ; Francis Hallé, biologiste, qui appelle à la recréation d’une forêt primaire de 70 000 ha en Europe ; et Marina Piatto Garcia, directrice exécutive de l’ONG brésilienne IImaflora, persuadée que « la meilleure façon de conserver les forêts tropicales est de leur donner une destination économique associée à de bonnes pratiques de gestion ».

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[J-11 Bordeaux Tasting] L’hommage de Veuve Clicquot au pinot noir

Il s’appelle Pierre Casenave et cet enfant du Sud-Ouest a choisi l’exil de la Champagne pour les beaux yeux de la Veuve Clicquot. De retour exceptionnellement sur sa terre natale, l’œnologue sera présent à Bordeaux Tasting, samedi 10 décembre à 13h30, pour présenter lors d’une Master Class, la quintessence du savoir-faire de la marque jaune : la cuvée La Grande Dame…

Si aujourd’hui vous êtes un pur champenois, ici à Bordeaux, vous n’êtes pas un inconnu…

Je suis très content de revenir dans les terres où j’ai fait mes classes. Mon père est médecin, mon frère aussi. Sans conviction, j’ai donc fait dans cette belle ville des études de pharmacie avant de m’apercevoir que j’étais plus intéressé par tout ce qui avait trait à la vigne. D’où le choix du sujet de ma thèse de pharmacie sur la chimie du vin. A ma grande surprise, il a été accepté. Il est vrai qu’on était à la grande époque des articles sur le vin et la santé… Puis je suis parti faire mon DNO à Montpelier, en réalisant mes stages à Bordeaux. J’ai beaucoup voyagé, en particulier en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, avant de rejoindre finalement la Maison Veuve Clicquot. Jacques Peters, le chef de caves aujourd’hui décédé, cherchait un œnologue formé à l’extérieur de l’appellation. Mes connaissances sur les vinifications en rouge l’intéressaient et l’une des premières tâches qu’il m’a confiées a été la gestion de la cuverie de Bouzy sous la supervision de Cyril Brun.

La Master class que vous présentez est consacrée à La Grande Dame, une cuvée qui a connu des évolutions…

Dominique Demarville, lorsqu’il a pris la suite de Jacques Peters, lui a donnée une nouvelle orientation. Avant 2008, nous étions sur un équilibre de 2/3 pinot noir, 1/3 chardonnay. Dominique a voulu renforcer la place du pinot noir en s’appuyant davantage sur les pinots noirs du Nord de la Montagne, plus ciselés et fins, sans toutefois se figer sur l’objectif de faire un pinot noir absolu, préférant, comme toujours chez Veuve Clicquot, laisser la dégustation faire foi, d’où ces proportions sur 2008 et 2012 où il reste environ 10% de chardonnay. Ce changement, perpétué par notre chef de caves actuel Didier Mariotti, nous a amenés à modifier légèrement le dosage en passant de 8 g à 6 g pour tenir compte de la puissance et de la texture qu’apporte le pinot noir. Ce qui est fabuleux avec La Grande Dame, c’est que lorsque vous la faîtes déguster à l’aveugle, les gens ont du mal à croire qu’il y a une telle proportion de pinot noir. L’influence de la localisation sur la face Nord l’emporte presque sur le variétal. Le pinot noir a ici l’élégance d’un chardonnay, avec cet aspect minéral et citronné…

Nous allons déguster un jéroboam de La Grande Dame 1990, un flacon exceptionnel…

Il fait partie de mon panthéon. Il a tout ce que j’aime dans les vieux vins, en particulier ce côté presque barriqué alors même qu’il n’a jamais vu de bois. Le vieillissement a apporté cette touche empyreumatique que l’on peut retrouver dans les chauffes des fûts bordelais. J’adore cet aspect fumé, mais aussi ce côté cave au bon sens du terme. Je n’aime pas utiliser l’adjectif complexe que je trouve passe partout, mais ici, nous avons effectivement les trois familles d’arômes.

Vous nous présenterez aussi le coteau rouge Clos Colin de Bouzy, qui sert à l’assemblage de La Grande Dame Rosé….

On parle souvent de la subjectivité du goût. Néanmoins, si je fais déguster à un simple groupe d’amateurs nos vingt cuves de rouge, la majorité choisira le Clos Colin. Rien qu’au niveau de la couleur, l’intensité est extraordinaire sans parler des maturités exceptionnelles que l’on obtient sur cette parcelle bénéficiant d’un sol sableux posé sur le substrat de craie. Elle a frôlé en 2018 les 14 degrés ! Lorsque nous vinifions pour le rosé sans année, nous avons tendance à soutirer avant la fin des fermentations pour éviter une extraction trop importante et ce côté herbacé que cela peut apporter, en sachant que compte tenu du climat plus froid, nous n’avons pas des pépins aussi bruns que dans le Bordelais. Mais quand il s’agit du rouge destiné au millésimé et à La Grande Dame, nous cherchons au contraire davantage d’extraction. Nous soutirons donc plus tard. Nous sélectionnons aussi des raisins plus mûrs, sur des parcelles exposées plus au sud. Enfin, nous ajoutons davantage de rouge à l’assemblage, soit environ 15 % contre 12 % dans le non vintage. Il faut en effet anticiper le vieillissement et donner au vin la structure nécessaire à ce voyage, tout en sachant que la couleur aura tendance à s’étioler avec le temps. Cette concentration ira jusqu’à donner des notes de fruits noirs. Les Bourguignons adorent d’ailleurs La Grande Dame Rosé, parce que dès le nez, on a cette expression qui « pinote ».

Sur La Grande Dame rosé 2012, auriez-vous une recommandation d’accord ?

Moi qui suis du Sud-Ouest, j’aurais tendance à recommander une bécasse. Mais la cuisine japonaise est aussi très adaptée, un sashimi de thon ferait merveille. Vous pouvez même aller vers des choses simples, comme un vieux comté. Dans La Grande Dame Rosé, il y a le côté rosé mais on sent également le terroir, on peut donc oser les champignons. A Bordeaux, au restaurant Le cochon volant, je me souviens avoir dégusté des calamars aux girolles, l’accord pourrait être très intéressant. Enfin, si on veut rester dans l’esprit « Garden Gastronomy », pourquoi ne pas tenter une tomate farcie à l’aubergine fumée ?


Il est encore temps de prendre votre entrée à Bordeaux Tasting ainsi que votre place à la master class Veuve Cliquot, le samedi 10 décembre à 13h30, en cliquant sur ce lien.

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Mariage entre champagne Palmer et L’Assiette Champenoise 3*

Découvrez le mariage parfait entre la cuvée Grands Terroirs millésimée 2015 de chez Palmer & co et un turbo, oignons et sauce vin jaune du restaurant gastronomique l’Assiette Champenoise (3 * au Guide Michelin) dans ce nouveau numéro de notre série sur les accords mets et vins : D’accords !

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Bernard Magrez célèbre les 770 ans du château Pape Clément

Pour fêter dignement cet anniversaire unique, Bernard Magrez a convié, lors d’un déjeuner Chez Yannick Alléno au Pavillon Ledoyen à Paris, journalistes, amateurs et célébrités qui ont pu s’imprégner de toute la magie de ce grand château bordelais.

© Bertrand Rindoff Bestimage© Bertrand Rindoff Bestimage© Bertrand Rindoff Bestimage© Bertrand Rindoff Bestimage

Fêter une décennie qui passe, c’est toujours un événement. Se réunir pour marquer le tournant d’un siècle d’histoire, c’est exceptionnel. Alors quel qualificatif utiliser lorsqu’il s’agit de célébrer un 770ème anniversaire ? Unique, mémorable, phénoménal, étourdissant… Rares sont les propriétés dans le monde qui peuvent se targuer d’avoir eu une activité continue depuis le XIIIème siècle, en l’occurrence depuis 1252. Car c’est bien cette année là que furent cultivées les premières vignes « dont on connaît même les parcelles », explique Bernard Magrez. Un vignoble développé par la famille Goth et qui connaîtra rapidement une très grande renommée grâce à Bertrand de Goth qui le recevra de sa famille. Archevêque de Bordeaux, celui qui deviendra pape en 1305 sous le nom de Clément V renommera ainsi sa propriété « Pape Clément ». Ce dernier fut très attaché à ses vignes, y développant de nouvelles techniques culturales pour l’époque, et venant même passer l’une de ses convalescences en son domaine. A sa mort, il léguera son bien à l’archevêché de Bordeaux qui en assurera la gestion jusqu’à sa confiscation à la Révolution française. Pendant les deux siècles suivants, le château connaîtra des heures parfois difficiles, mais inspirera ses propriétaires successifs qui mettront toute leur énergie à lui redonner ses lettres de noblesse, à commencer par Bernard Magrez qui l’a repositionné parmi l’élite des grands vins de Bordeaux depuis qu’il l’a racheté en 1985.

Des célébrités en chair et en bois

Parmi les invités présents lors de cet anniversaire, quelques têtes bien connues du grand public, toutes amatrices de bons vins. Patrick Bruel, François Berléand et Stéphane de Groodt étaient présents aux côtés d’un excellent compteur, l’historien Fabrice d’Almeida. Ce dernier n’a pas manqué de rappeler l’importance de ces vignes pour Bertrand de Goth qui pouvait ainsi disposer d’un bon vin de messe et plus généralement d’un « produit de luxe […] qui permettait de pouvoir accueillir dignement des invités de marque ». Autre compteur, Christian Morin de Radio Classique, a introduit le quatuor exceptionnel qui avait été convié pour l’occasion. 4 musiciens de grande qualité jouant sur les instruments achetés par le château pape Clément pour porter des actions de mécénat culturel auprès d’artistes. Les autres stars étaient bien là, de bois cette fois-ci. Un Stradivarius de 1713 confié à Nicolas Dautricourt, un alto Cassini de 1660 confié à Lise Berthaud, un second violon Nicolas Lupot de 1795 confié habituellement à Guillaume Chilemme (remplacé pour l’occasion par Cécile Agator qui jouait sur son propre violon) et un Violoncelle Fernand Gagliano confié à François Salque. Un ensemble de chambre à la hauteur de l’importance du moment et qui a interprété la méditation de Thaïs de Massenet, le quatuor américain de Dvorak ainsi la pièce Oblivion de Piazzolla. Une vibration unique qui faisait un écho merveilleux aux vins qui étaient proposés à la dégustation. 7 millésimes de Pape Clément rouge, du puissant 2020 au 2009 à peine évolué et encore promis à un long avenir, tous les vins ont montré une grande densité, avec une mention spéciale pour le 2016 d’un belle rondeur équilibrée. Les Pape Clément blancs, 2015 et 2017, ont également démontré tout le potentiel de ce terroir de Graves à produire de très beaux sauvignons blancs et sémillons. En somme, un moment de grâce, simple jalon dans une histoire pluri-séculaire d’un vin devenu, au fil du temps, un symbole de la pérennité du Bordelais à travers les âges.

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[Spiritueux] Quatre sur quatre

À l’approche des fêtes, les maisons de spiritueux rivalisent de nouveautés dans différentes catégories de prix. Du contenu au contenant, voici un cognac, un rhum, un whisky et un gin qui ont toutes les chances de se retrouver sous le sapin.

Élevons-nous d’abord à 2300 mètres au-dessus du niveau de la mer pour découvrir le rhum guatémaltèque Zacapa 23, un spiritueux naturellement épicé, racé, suave qui, ajouté de quelques glaçons, est un véritable bonbon. C’est un bonheur à l’apéritif. Le coffret bois inspiré de l’univers de ce pays d’Amérique centrale se déstructure, tel un puzzle, en six dessous de verres pour agrémenter la dégustation de ce rhum élevé au-dessus des nuages.

Cap vers le Japon désormais pour aller chercher un whisky avec le Nikka From The Barrel. Titrant 51,4%, ce blend a connu une maturation dans d’anciens fûts de bourbon. Là aussi, les épices sont présentes, conjuguées à des notes fruitées, principalement la pomme et l’abricot pour une finale saline. C’est une leçon de pureté et de puissance pour un coffret du même acabit, compact et pur. Il s’adresse aux connaisseurs.

Les deux derniers spiritueux mis en avant ont été pensés et élaborés en France. Le premier est un gin aux accents de calvados. La Maison Busnel délivre un gin à petit prix autour du genièvre bien sûr mais aussi de l’angélique, du fenouil, etc., et du Calvados Pays d’Auge AOC. Singulier et très aromatique, il dépasse le caractère parfois pharmaceutique de certains gins pour le rendre davantage accessible. La Maison Busnel le conseille en cocktail, le Busnel Mule, avec du vinaigre de cidre, du ginger beer et de l’Angostura bitters : why not ?

Le cognac enfin, avec une pépite sur-mesure de la collection Hors-Série de Fanny Fougerat. Le Notoire est une sélection d’un fût pour 680 bouteilles d’une vieille eau-de-vie du cru Fins Bois. Il est destiné aux collectionneurs. Titrant à 44,8%, ce cognac se décline autour du rancio et de l’écorce d’orange, porté par une longueur immense. C’est la classe, c’est tout l’automne concentré dans un flacon : belle dégustation.   

ZACAP 23 (Coffret en bois avec sous-verres) : 61 € les 70 cl.  
NIKKA From The Barrel : 49,50€ les 50 cl.
Le Gin BUSNEL : 24,90€ les 70cl.
Le Notoire de Fanny FOUGERAT Hors-Série : 140€ les 70 cl.

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[Cognac] Rémy Martin mise sur l’agroécologie

Face à l’urgence environnementale, le négociant charentais, fleuron du groupe Rémy-Cointreau, verdit encore ses pratiques. Il convie ses 820 viticulteurs partenaires à adopter l’agroécologie avant 2030.

Bientôt vingt ans que Rémy Martin, troisième acteur économique du cognac, privilégie la viticulture raisonnée. Ses domaines (environ 270 hectares) furent parmi les premiers à être certifiés Haute Valeur Environnementale (HVE), dès la création du dispositif gouvernemental en 2012. L’urgence climatique contraint aujourd’hui le négociant à accélérer le mouvement.

« On dit qu’en 2050, les températures à Cognac seront celles aujourd’hui relevées à Porto ! Il faut donc anticiper et vite », a déclaré Jean-Philippe Hecquet, directeur général de la maison, le jeudi 24 novembre 2022, lors d’un point presse au Domaine du Grollet à Saint-Même-les-Carrières (Charente). Objet de la rencontre : la présentation détaillée de la feuille de route RSE de l’entreprise. Premier objectif : la diminution de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour arriver au zéro net carbone à l’horizon 2050, dixit Laetitia Delaye, directrice RSE du groupe.

Un terroir à chérir

Rémy-Cointreau, dont Rémy Martin est le fleuron, a fait de « l’exception durable » plus qu’un slogan, un mantra. Il dit puiser sa force dans « la terre, le temps et les hommes ». Une terre qu’il chérit, notamment sur une parcelle de Juillac-le-Coq, où Rémy Martin expérimente l’agroécologie depuis 2018, avec l’aide de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). Le projet place la vigne et son milieu naturel au cœur de toutes les préoccupations, en limitant voire supprimant les intrants de synthèse au profit des produits dits de biocontrôle. Le test a porté ses fruits. Rémy Martin l’élargit aujourd’hui à 20 hectares d’ugni blanc au Grollet ; il convertira l’ensemble de ses domaines à l’agroécologie avant 2028.

Cela passera par la plantation de couverts végétaux entre les rangs, le retour d’arbres et de haies entre les parcelles et un inventaire de la biodiversité (en collaboration avec la Ligue de protection des oiseaux). « Nous transformons nos domaines en laboratoire. L’idée, c’est de tester, déployer puis accompagner nos 820 viticulteurs partenaires », a souligné Jean-Philippe Hecquet.

Huit viticulteurs « pionniers »

L’élan sera collectif. Huit exploitants dits « pionniers » vont verdir leurs pratiques dès 2023. Puis tous les adhérents de la coopérative Alliance Fine Champagne seront conviés à adopter l’agroécologie avant 2030.

Par ailleurs, Rémy Martin souhaite que tous ses livreurs soient certifiés HVE ou CEC (une certification spécifique au vignoble du cognac) en 2028. «Cette mutation s’inscrit dans un contexte socio-économique dont nous connaissons les enjeux. Il s’agit de réduire les intrants et de limiter nos impacts environnementaux en gardant une production viable, en qualité et en quantité », a souligné Laura Mornet, directrice des domaines Rémy Martin, notamment en charge des questions de recherche et de développement spécifiques à la viticulture.

Ce jeudi 24 novembre 2022, le négociant a aussi fait état d’une première évaluation du cépage Lumignan, résistant à l’oïdium et au mildiou, mais un tantinet précoce et sensible au black-rot, une maladie du bois. Ce programme expérimental est mené avec d’autres négociants, dont Hennessy, et le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC). Il profitera à l’ensemble de la filière.

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[Entretien] Faut-il investir dans les vieux champagnes ?

L’aptitude extraordinaire du champagne aux très longs vieillissements est restée pendant des années le secret de quelques amateurs éclairés. La tendance se renverse. En témoigne la place grandissante des vieux champagnes sur le marché des ventes aux enchères. Nous sommes allés rencontrer Pascal Kuzniewski, expert agréé par le Conseil des Ventes Volontaires auprès des commissaires-priseurs, pour mieux comprendre cet engouement.

Qui sont les vendeurs de vieux champagnes ?

On a peu de lots massifs. Il s’agit majoritairement de personnes qui possèdent des caves en Champagne, qui en ont acheté à une époque lointaine, en ont bu une partie, continuent à en boire, mais décident de se séparer de quelques bouteilles. Champenois d’origine, je me souviens que tous les repas de famille s’y faisaient au champagne. Il y a donc eu énormément d’achats. L’avantage, c’est que dans cette région, tout comme en Bourgogne, les caves sont idéales pour la conservation. Il peut y avoir des restaurateurs, mais c’est très rare. Peu détiennent des champagnes anciens, parce que c’est un vin qui s’écoule rapidement. Certains restaurants de prestige en possèdent, mais ils tiennent à les garder. Dans le cadre de liquidations, cela peut arriver, mais les liquidations touchent surtout des restaurants de création récente et pour détenir de vieux champagnes, il faut avoir une certaine ancienneté…

Comment faites-vous pour vous assurer de la qualité des lots ?

Il faut d’abord s’assurer des conditions de conservation, donc se rendre sur place et visiter la cave, discuter directement avec le vendeur… J’essaie d’identifier l’origine du lot, d’avoir une traçabilité. J’ai des confrères qui ont peut-être tendance à trop manipuler ces vieilles bouteilles, en leur mettant la tête en bas pour vérifier le niveau. Pour ma part, je préfère les incliner et utiliser comme repère la collerette. Il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas un voile et tenter d’évaluer s’il reste de l’effervescence. En bougeant légèrement la bouteille, on peut regarder s’il y a des remontées de gaz. On s’assure aussi de l’absence de coulures sur la coiffe, même si sur le plan de l’effervescence, cela ne constitue pas une garantie : on peut avoir des niveaux parfaits et une effervescence qui a disparu.

Qui sont les acheteurs ?

On trouve peu de vraies collections de champagnes, à la différence des collections de vins et celles qui existent ont été constituées par des amateurs, sans calcul. Il faut se rappeler que pendant longtemps, on considérait que le champagne n’était pas fait pour vieillir, qu’il devait être consommé immédiatement après l’achat. Celui qui achetait par exemple un millésime 1988 en 1995, le revendait quasiment le même prix cinq ans plus tard. Dans les enchères, la place des vieux champagnes était très restreinte, alors que Bordeaux représentait 90 % des ventes. C’est ce qui a changé ces dernières années, Bordeaux ne représente plus que 30 à 35 % des lots, et cela s’est fait au profit des champagnes et des bourgognes. Les gens sont à la recherche de nouvelles expériences, de nouveaux goûts. Il y a aussi eu tout un travail de vulgarisation sur les vieux champagnes opéré par des prescripteurs comme Richard Juhlin. Les amateurs ont l’impression d’être passés à côté de quelque chose et y retournent, un peu comme on reviendrait contempler un monument que l’on a ignoré par négligence. Du même coup les prix commencent à s’envoler attirant les investisseurs et les spéculateurs. Aujourd’hui, quelqu’un qui achète six bouteilles de Dom Pérignon à chacun de ses enfants, réalise un placement de bon père de famille. Ces lots gagneront cinq à dix pourcents par an. C’est mieux qu’un livret d’épargne ! Ceux qui achètent le plus de vieux champagnes sont les Scandinaves, les Anglais, et les Américains. Le marché asiatique n’est pas encore très concerné.

Existe-t-il beaucoup de contrefaçons ?

Aujourd’hui, on a peu de contrefaçon alors que sur les autres vins, cela se développe beaucoup. Je me bats contre les commissaires-priseurs qui mettent en vente des bouteilles vides ou à moitié vides. On peut craindre qu’elles ne soient rachetées que pour être re-remplies. Dans le cas du champagne, c’est plus difficile à faire, il y a la résistance du bouchon, la pose de la coiffe…. Pour ma part, lorsque j’expertise des bouteilles qui ne sont pas entièrement pleines, j’indique le niveau dessus et je signe sur l’étiquette. C’est mon NFT !

On observe de plus en plus de maisons de champagne commercialiser directement leurs œnothèques ?

C’est intéressant pour le consommateur qui bénéficie alors d’une excellente garantie sur les conditions de conservation, et peut avoir des cuvées récemment dégorgées. Pour les maisons qui observent les prix de leurs vieux champagnes s’envoler, c’est une manière de récupérer au maximum ces marges, plutôt que de laisser d’autres opérateurs en profiter et réaliser des bénéfices bien supérieurs aux leurs alors qu’ils ne se sont pas levés à deux heures du matin pour surveiller les vignes. Certaines maisons de vente ont compris cette problématique et ne se cantonnent plus aux capitales, mais s’installent désormais au plus près des vignerons, dans des villes comme Beaune ou Bordeaux. Elles leur proposent, pour qu’ils puissent capter davantage cette marge, de vendre directement leurs vins, et offrent aux acheteurs des produits « en sortie de domaine » très fiables en termes de traçabilité et d’authenticité.

Terre de vins aime : La collection œnothèque d’Edouard Brun et son millésime 1996 (170€)

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2022 en IGP Pays d’Oc : retour à la normale en quantité, des vins élancés en qualité

Les deux laboratoires emblématiques du Languedoc-Roussillon, Dubernet et Natoli, ont présenté les caractéristiques du millésime 2022 en IGP Pays d’Oc aux jurés des commissions de contrôle organoleptique qui participent à l’agrément de la première IGP de France en production (120 000 hectares et entre 6,5 et 7 millions d’hectolitres), à l’export et sur le segment des vins de cépage.

2021 fut l’année du gel, 2022 fut celui de la canicule : les œnologues des laboratoires Dubernet (Damien Kalanquin) et Natoli (Caroline Lefebvre pour la partie viticulture et Sébastien Pardaillé) parlent d’un “tunnel caniculaire” dans lequel les vignes ont été engouffrées de début juin à mi-août. Les vignes qui avaient été arrosées de pluies hivernales et printanières ont bien résisté. Les mois de novembre et décembre 2021 avaient en effet été particulièrement généreux en précipitations sur le Roussillon, l’Aude et le Nord de l’Hérault ainsi que le Gard du côté des Cévennes. Mais les plaines côtières de l’Hérault et du Gard n’ont pas connu ces pluies, parfois rattrapées ça et là par des précipitations printanières en mars et avril.

Effet résilience après le gel de 2021

Toujours est-il que, là où il a plu, les vignes ont pu laisser parler leur résilience et compenser les pertes occasionnées par le gel de 2021. Repues d’eau avant le début de leur période végétative, elles étaient au garde à vous pour l’arrivée du printemps et ont enchaîné les phases végétatives à marche forcée. Le mois de mai les a vues développer une végétation luxuriante et une belle sortie pour la floraison, jusqu’au mois de juin et le début de la canicule. “A ce moment-là, les cépages précoces ont poursuivi leur marche rapide jusqu’à des vendanges qui ont débuté très tôt”, explique Caroline Lefebvre : dès les premiers jours d’août pour les blancs aromatiques et les rosés. Pour les cépages plus tardifs, “les pluies d’orage de la mi-août ont été salvatrices”, elles ont relancé des processus de maturation bloqués par le stress hydrique. Puis septembre et octobre sont arrivés, cléments et humides, pour attendre la maturité optimale.

Retour à la “normale” en quantité

“Qu’appelle-t-on un millésime normal quand on voit la succession de millésimes hors-normes que nous avons traversés ces dernières années?” s’interroge Damien Kalanquin. Toujours est-il que la vendange 2022 devrait s’établir quelque part entre 12,5 et 13 millions d’hectolitres après un millésime 2021 en dessous de 10 Mhl. Les effets de la sécheresse sur les rendements dans les zones qui n’avaient pas reçu assez de pluies avant août, ont été compensés par la vigueur des vignes dans les zones qui avaient refait leurs réserves en eau.

Les effets de la chaleur sur la qualité des vins

“Les grands gagnants du millésime sont ceux qui auront su gérer la précocité en août et attendre la maturité en septembre”, résume Sébastien Pardaillé. Pour ces derniers, la chaleur, et en particulier la chaleur des nuits, a dégradé les acidités, il a fallu protéger la fraîcheur des vins au chai “à cette condition, le millésime 2022 est assurément un beau millésime, mais en aucun cas un millésime facile !” poursuit-il.

Les stars du millésime : en blanc, le sauvignon et plus généralement les cépages aromatiques dont les thiols ont été richement nourris et qui sont très expressifs. Les rosés et rouges légers présenteront quant à eux des profils “élancés et digestes” en phase avec les attentes des marchés. Pour les cépages les plus tardifs destinés aux rouges structurés, comme le grenache, le mourvèdre ou encore le cabernet-sauvignon, de belles charges en polyphénols et une trame tannique solide les prédispose à des élevages ambitieux qui devraient donner de très grands vins, là encore pour les producteurs qui ont su attendre leur pleine maturité.

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Hérault : la cave de l’Estabel a la mine des grands jours

La cave de l’Estabel, à Cabrières, dans l’Hérault, va dévoiler une cuvée inédite élevée pendant trois ans en bouteille au cœur de la mine de cuivre de Pioch Farrus. Terre de Vins a eu la chance de pénétrer dans ce site antique avant de comparer le vin élevé en son sein et celui qui n’a connu que le chai;

©Estabel et Mathias Leclerc©Estabel et Mathias Leclerc©Estabel et Mathias Leclerc©Y.Palej

À quelques encablures de Clermont-L’Hérault, le Pic de Vissou se dresse fièrement comme le point culminant (480 m) du terroir de Cabrières. Ce petit village de 500 habitants, situé dans un cercle fermé marqué par cinq vallons dans la partie orientale de la Montagne Noire, est le fief de la cave de l’Estabel, fondée en 1937, et tout récemment élue « Vigneron de l’Année » par le guide Hachette. « C’est la première fois que cette distinction est décernée aux hommes et aux femmes d’une cave coopérative et nous en sommes fiers, glisse Luc Flache, directeur et œnologue de la coopérative qui a déposé cet été un dossier de reconnaissance du cru auprès de l’INAO. On a vraiment un terroir de schistes très particulier où la minéralité, la salinité et cette légère amertume de fin de bouche sont les marqueurs de nos vins. »

Les rosés sont parmi les plus réputés du Languedoc. « On n’a jamais surfé sur la vague, le rosé est un savoir-faire ancestral chez nous », prolonge Richard Cuillé, président de la cave depuis 2013. Mais ce jeudi 24 novembre, ce n’est pas le rosé qui crée l’effervescence devant le site antique de la mine de cuivre de Pioch Farrus mais bien un vin rouge. « En 2018, on a décidé de créer une cuvée qui soit un trait d’union entre notre terroir de schistes et le riche passé minier de la commune. » L’idée de l’élever pendant plusieurs années à l’intérieur de la mine germe alors. En tout, 528 bouteilles d’un assemblage grenache-syrah-mourvèdre (élevage d’un mois en cuve) sont stockées, depuis 2019, dans des conditions particulières : 14° en permanence et un taux d’humidité de 70 %.

Avant de sortir l’entièreté des bouteilles ce samedi pour une journée festive à Cabrières, la presse avait été conviée à pénétrer dans cette galerie de plus d’un kilomètre de long. « C’est une mine de cuivre mais surtout une mine d’or pour des passionnés comme nous, confie Noël Houlès, président de l’association culturelle des Amis de Cabrières. On a monté un partenariat avec la commune qui a racheté le site pour le réhabiliter et l’ouvrir au public d’ici quelques années. »

Casque sur la tête, on pourra prochainement contempler les filons de quartz, les roches dolomitiques et schisteuses, les cristaux d’aragonite, et tous les vestiges préhistoriques de cette mine découverte en 1983. À la sortie, le moment de déguster livre son lot de surprises. Au nez, la cuvée élevée dans la mine est plus discrète, presque fermée mais en bouche, la fraîcheur est exacerbée et la structure plus fine, plus douce. « On sent bien que l’élevage dans ces conditions ralentit le processus de vieillissement, constate Luc Flache, l’œnologue maison. Je l’ai goûté chaque année pour voir son évolution et le constat est flagrant : le vin se patine, gagne en souplesse de tanins et affiche même un côté plus tendre, plus suave. »

Pour s’en rendre compte, rendez-vous samedi 26 novembre à Cabrières

Un coffret de deux bouteilles, dont une vieillie dans la mine et l’autre vieillie dans les murs de la cave, sera même mis exceptionnellement à la vente pour l’occasion.
Pour plus d’informations : https://www.estabel.fr/es-arribat-lo-vin-ques-sortit-dos-cops-del-ventre-de-la-terra/

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