Champagne Telmont, objectif « Net positive » pour 2050

On a vu dernièrement la filière annoncer son objectif de devenir Net zéro carbone pour 2050. La Maison Telmont a quant à elle décidé de placer la barre encore plus haut en affichant l’objectif de devenir Net positive pour 2050.

En achetant du champagne Telmont, si la Maison parvient à son objectif en 2050, non seulement le consommateur ne contribuera plus à l’accroissement des émissions des gaz à effet de serre mais il participera à leur réduction ! Reste à déterminer les moyens proposés par la maison pour y parvenir. Telmont publie à cet effet un guide qui détaille sa méthodologie. La Maison a choisi celle élaborée par la SBTi (Science Based Target Initiative) dont l’une des spécificités est de ne pas se cantonner aux émissions de CO2, mais de s’intéresser à tous les gaz à effets de serre, calculés en tonnes équivalent CO2.

Globalement, cela signifie d’abord pour cette entreprise une baisse des émissions de 485 tonnes équivalent C02 (chiffre de 2020) à 49 tonnes, et cela alors même que la maison prévoit de multiplier ses volumes par trois. Si on observe son bilan, celui-ci se répartissait en 2021 de la manière suivante, sur les scopes 1 et 2 qui concernent l’entreprise elle-même, 21 % des émissions proviennent de la production de l’électricité consommée, 7 % de la fertilisation azotée des vignes, 14 % des fluides frigogènes et 58 % des engins agricoles. L’activité viticole ressort donc comme le pôle prioritaire. En ce qui concerne le scope 3 qui concerne les partenaires de l’entreprise, c’est là-encore la production et la fourniture en raisins des viticulteurs livreurs qui arrive en tête (27 % des émissions du scope 3 et 25 % des émissions totales de l’entreprise, scopes 1, 2 et 3), puis vient la production de bouteilles (24 % du total des émissions). Les transports logistiques amont et aval représentent quant à eux 5 %.

La réduction envisagée passe par le développement des moyens déjà annoncés dans le projet « au nom de la Terre » : l’utilisation des biocarburants pour les engins agricoles, le travail sur la réduction du poids de la bouteille, la suppression des packagings (déjà opérée), la fin des transports aériens, le fret à voile, le recours à des sociétés de camionneurs utilisant des biocarburants…

En parallèle, pour devenir Net positive, les 48 tonnes restantes devront être plus que compensées. Cela passera par le programme de stockage de carbone que permettront des projets comme la plantation de haies en bordure des parcelles et le développement accru des couverts végétaux. « Nous planterons 4900 charmes d’ici 2030 et nous avons commencé à enherber systématiquement nos vignes à raison d’un rang sur deux pour l’instant, tout en testant sur certaines parcelles des plantations plus intéressantes que l’herbe ordinaire en matière de séquestration » confie Ludovic du Plessis, le président de la maison.

Certains s’agaceront de l’affichage de cet objectif qui pourrait apparaître comme une fanfaronnade et un positionnement marketing alors que les résultats n’ont rien de certain, l’ensemble des mesures envisagées pour le moment ne permettant pas d’atteindre la cible et reposant en partie sur l’espoir d’innovations à venir. Néanmoins, cette politique fait partie de la méthode SBTi : en faisant de la publicité autour de leur engagement, les entreprises s’exposent à un sévère retour de bâton en termes de communication si elles ne réalisent pas leurs objectifs, ce qui renforce chez elles la pression pour avancer.

Mais il est vrai qu’au milieu de cette surenchère d’annonces à laquelle on assiste dans le vin, on aimerait voir émerger des informations plus claires pour le consommateur, établies si possible par des organismes indépendants. La plus simple serait l’indication sur les étiquettes de la quantité de gaz à effet de serre en équivalent carbone émises par bouteille (fusse-t-elle à l’avenir négative !). L’acheteur pourrait ainsi opérer entre les différentes marques une comparaison objective. On notera cependant que la publication par Telmont de ce guide est un premier pas vers la transparence qu’il faut saluer et que son caractère très pédagogique permet justement d’éclairer le consommateur sur des notions qui sont encore chez lui très floues, d’autant qu’on a affaire à une science encore en construction et en perpétuelle évolution.

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Tour des Cartes 2023, millésime émouvant

La soirée du Tour des Cartes 2023, organisée par Terre de vins lundi 16 janvier à l’Intercontinental Paris Le Grand, a sacré huit établissements pour la qualité de leur carte des vins. Des lauréats récompensés et émus sous l’œil bienveillant de Patrick Timsit, parrain de l’édition.

« C’est une bonne idée de mettre à l’honneur les sommeliers. Comme nous artistes, ils racontent une histoire. Il suffit qu’ils disent pour qu’on ressente. » Grand amateur de vins et de gastronomie, Patrick Timsit, parrain de cette 7e édition, a introduit la soirée du Tour des Cartes 2023 avec un hommage appuyé à la restauration et au monde du vin, dans l’époustouflant salon Opéra de l’Intercontinental Paris. Face à lui, près de 200 convives attendent avec impatience les résultats.

Alors que les cuvées soigneusement sélectionnées par les interprofessions de l’IGP Pays d’OC et des Vins de Bordeaux, partenaires de l’événement, humidifient les verres, deux premiers satisfécits sont remis. Le N°5 Wine Bar de Toulouse, habitué du Tour, rafle le prix spécial de l’offre au verre. « C’est notre concept, et 90 % des ventes », confie sur scène Philippe Meynadier, propriétaire. Place à la catégorie brasseries, bistrots et restaurants bistronomiques : ici, c’est l’hôtel des bains de Charavines (38) qui se distingue. Au micro, le propriétaire Pascal Perino savoure aux côtés de son fils Martin. « L’établissement est l’un des plus anciens de France, il a 150 ans. Par notre taille – 60 000 couverts par an, nous avons la chance de pouvoir travailler les stocks, et proposer des crus d’exception. »

La « reconnaissance du travail de l’ombre »

Sous les marbres et les dorures du monument historique, les conversations s’animent et le suspens s’intensifie. Prochain prix : la carte engagée. Parmi trois finalistes, le Ververt de Montsoreau (49) l’emporte pour sa sélection mettant en valeur des vignerons à l’engagement environnemental. Pour son chef cuisinier Romain Butet « chaque année les consommateurs sont plus à l’affût de ce type d’engagement. » Lui succèdent les trois finalistes de la catégorie restaurants gastronomiques de prestige. Le double étoilé Anne de Bretagne empoche la palme et le jeune sommelier Steve Gellot monte sur scène, rendant hommage à son chef. « C’est un passionné de vin et dès qu’un nouveau plat sort, on échange beaucoup », apprécie celui qui n’hésite pas « à faire goûter à l’aveugle pour éviter les préjugés ». Au tour d’un autre partenaire, le patron de Somm’it Grégory Castelli, de prendre le micro. Il sacre La Cempote, de Saint-Étienne (42), dans la catégorie bar à vins. Son jeune propriétaire Alex Liotard dévoile ses accords « simples », avec des produits « peu cuisinés, comme des fromages ou des jambons affinés ».

Il est temps de rendre hommage aux très en vogue spiritueux, et à la carte qui les met le mieux en valeur. Pour remettre cette distinction, qui de mieux que Jérôme Delors, représentant de l’AOC Armagnac ? Celui qui voit un « avenir radieux » pour son appellation invite sur l’estrade Sabine et Laurent Brochard du Ver Di Vin, à Orléans (45). Le couple ne peut cacher son émotion, et c’est la voix pleine de larmes que la première savoure « la reconnaissance du travail de l’ombre de [son] mari ». Voilà « l’effet magique de l’Armagnac » plaisante Jérôme Delors, qui remet également le prix du meilleur restaurant traditionnel. Dans cette catégorie, le jury a reconnu le travail de Maxime Gallard, jeune collaborateur de l’Hôtel de la gare, à Couzon au Mont D’or (69), fier de son « parcours d autodidacte ».

« Des jeunes qui y croient »

Les desserts rejoignent les tables et il est temps de conclure avec la catégorie restaurants gastronomiques. Des trois finalistes – trois étoilés – se distingue L’Huîtrier Pie, de Saint-Émilion. De quoi ravir Thifany Miot et le chef sommelier Hugo Boyer.

Cadre de rêve, invités de prestige, filière d’excellence… Comment ne pas savourer cette soirée ? C’est ce que semble penser Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989, qui conclue par ces mots pleins de ferveur pour son métier. « Qu’importe la catégorie : on a senti ce soir de l’amour, de la passion. Il faut rappeler que ces professionnels vont rendre visite aux vignerons pendant leurs jours de repos. Et on a vu de la jeunesse, des jeunes qui y croient. Ces cartes, ce sont leurs signatures. » Les signatures de sommeliers, chefs, restaurateurs, ceux que Serge Dubs réunit sous le même vocable de « marchands de bonheur ».

Photos : @Adrien Viller


Encouragement à Pascaline Lepeltier

En rassemblant le monde de la sommellerie française, le Tour des Cartes se devait de mentionner le concours du meilleur sommelier du monde, les 7 au 12 février 2023 à Paris. Chose faite grâce à Philippe Faure-Brac, président de l’union de la sommellerie française ainsi que du jury du Tour des Cartes. Celui qui a lui même gagné le concours international en 1992 a manifesté son soutien à Pascaline Lepeltier, la candidate française, applaudie par la salle. Également membre de l’organisation du concours, Philippe Faure-Brac a confié qu’il ne restait presque plus de places pour l’événement. « Près de 2 000 billets ont été vendus, c’est pas mal non ? », a-t-il confié avec un clin d’œil à l’attention de Patrick Timsit.

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Le dynamisme du Muscadet en 3 domaines

Loin des poncifs qui lui ont longtemps collé à la peau, le Muscadet confirme sa très belle progression qualitative et son dynamisme. Riche de la diversité de son terroir, l’appellation permet l’expression de vins de caractère, portés par des vignerons audacieux. Découverte de 3 d’entre eux.

À l’occasion du très bon salon Atomes Goûtus organisé en ce début d’année à Paris, plusieurs producteurs du Muscadet avaient fait le déplacement. Tous sont membres de l’association Les vignes de Nantes qui leur permet de s’entraider, de gagner en visibilité tout en permettant de bien valoriser le travail important qui est entrepris. Parmi eux, le domaine Julien Braud situé à Monnières. Julien y a partiellement repris le domaine familial. Des 3 hectares initial, il est passé à 14 hectares et souhaite parvenir à exploiter 18 à 20 hectares, tous en bio. Ses Muscadet Sèvre et Maine offrent un rapport qualité-prix vraiment excellent, avec une gamme allant de 8 € à 15 €. Le cépage melon de Bourgogne montre ici toutes ses qualités comme sur la cuvée Les vignes du bourg 2022, un vin sur lies d’une grande gourmandise en bouche, doté d’un fruit blanc dense et de légères épices (poivre blanc), le tout d’une grande longueur. La cuvée Les grands quarterons 2022 offre pour sa part une droiture admirable en bouche et une largeur aromatique appréciable.

Autre domaine toujours en bio, Landron Chartier se situe sur la rive droite de la Loire, au nord-est de Nantes. Benoît Landron et son épouse y développent une approche très pédagogue pour faire découvrir notamment les spécificités des différents terroirs. D’où une intéressante dégustation de 3 vins vinifiés exactement de la même manière (22 € chacun). Beaucoup d’élégance pour Le Ponceau 2019, un Muscadet Côteaux de la Loire né sur des micaschistes, qui s’articule autour d’une densité de matière portée par une acidité très bien intégrée. La Grande Ouche pour sa part provient d’un terroir d’orthogneiss dérivant d’une roche magmatique. Le vin s’avère très frais, complexe avec des notes d’infusion subtiles et d’une grande longueur. Enfin Le Bois Mouchet provient d’un terroir de microgranite. Plus salin et plus gras, son nez miellé est très gourmand, créant la surprise d’une bouche traçante et sapide. Des vins exemplaires quant à la capacité à vieillir admirablement, au moins 10 ans, des vins du Muscadet bien nés.

Des crus à l’IGP

C’est au sud-ouest de Nantes que Jean-Gabriel Tridon et son épouse ont de leur côté repris le domaine Les Hautes Noëlles, 28 hectares en bio ou conversion au cœur des Côtes de Grandlieu, plus jeune appellation du Muscadet. Ils y produisent des vins typés comme le Côtes de Grandlieu 2021 issu de 5 parcelles différentes et élevé 7 mois. Nez de poire, notes exotiques, le vin charme par son relief salin, une profondeur guidée par de beaux amers ainsi qu’une grande fraîcheur. En revanche, l’originalité se trouve davantage dans le Côtes de Grandlieu sur lies 2021 qui est une cuvée élevée sur bourbes. Une approche atypique, assumée par Jean-Gabriel, qui donne un résultat inattendu. Nez pierreux, frais, saupoudré d’une pointe de tilleul, le vin est gras, conserve une acidité délicate et révèle une très belle allonge. Et le reste de la gamme offre un joli terrain de jeu. Aux côtés des vins dans l’appellation, l’IGP Val de Loire lui permet d’aller explorer d’autres univers. Il en est ainsi de sa cuvée Pléroma 2021, un 100 % egiodola, cépage basque, qui n’est pas sans rappeler au nez le gamay. Sa matière fine est friande, les tannins rustiques s’expriment de manière juste grâce à une extraction mesurée. Un vin identitaire !

Le domaine Landron Chartier n’est pas en reste. Et si les vins du cru Champtoceaux sont d’un intérêt évident, dotés d’un bel équilibre entre notes florales et fruitées, densité et fraîcheur, on ne peut que saluer la cuvée Aubin 2020, là aussi en IGP Val de Loire. Ce vin orange est issu d’une macération de 18 jours de pinot gris. Sa couleur rose foncée est superbe, le nez floral très charmeur. La matière est fondue, nette, offrant une belle résonnance fruitée en finale et de beaux amers. Le parfait candidat pour une dégustation à l’aveugle. Chez Julien Braud, le cru Monnières Saint-Fiacre est aussi bien mis en valeur. Le 2020 est élevé 30 mois en cuve béton et vibre par son aromatique complexe et sa fluidité de bouche. Un vin précis. Et là encore, Julien expérimente côté IGP val de Loire avec une cuvée de pinot noir 2022 gourmande de cassis frais et de fraise écrasée. Qu’il s’agisse du Muscadet, de ses crus ou de l’IGP Val de Loire, la région n’en finit pas de nous surprendre. Et c’est tant mieux !

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Le Tour des Cartes 2023 : le palmarès des meilleures cartes des vins dévoilé !

La cérémonie de la septième édition du Tour des Cartes vient de s’achever il y a quelques minutes à Paris, récompensant les établissements qui présentent les meilleures cartes des vins en France. Découvrez le palmarès 2023 complet.

Catégorie Bar à vins

LA CEMPOTE 42000 Saint-Étienne AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
LE 5 WINE BAR 31000 Toulouse OCCITANIE
LA CAVE SUR LE COMPTOIR 73150 Val d’Isère AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Catégorie Brasseries, bistrots et restaurants bistronomiques

HÔTEL DES BAINS 38850 Charavines – AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
LE PETIT SOMMELIER 75014 Paris – ÎLE-DE-FRANCE
VER DI VIN 45000 Orléans – PAYS DE LA LOIRE

Catégorie Restaurants traditionnels

HÔTEL DE LA GARE 69270 Couzon-au-Mont-d’Or – AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
LA CÔTE DE BŒUF 13001 Marseille – PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR
LE CHEVERNY 87000 Limoges – NOUVELLE-AQUITAINE

Catégorie Restaurants gastronomiques

L’HUÎTRIER PIE 33330 Saint-Emilion – NOUVELLE-AQUITAINE
L’OBSERVATOIRE DU GABRIEL* 33000 Bordeaux – NOUVELLE-AQUITAINE
LES CÈDRES* 26600 Granges-les-Beaumont – AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Catégorie Restaurants gastronomiques de prestige

ANNE DE BRETAGNE** 44770 La Plaine-sur-Mer PAYS DE LA LOIRE
HOSTELLERIE JÉRÔME** O6320 La Turbie PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR
DAVID TOUTAIN** 75007 Paris ÎLE-DE-FRANCE

Prix spéciaux


Prix spécial Meilleure Offre de Spiritueux par le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac : VER DI VIN 45000 Orléans – CENTRE-VAL DE LOIREPrix Spécial Offre Vin au Verre par les Vins IGP Pays d’Oc : LE 5 WINE BAR 31000 Toulouse – OCCITANIEPrix Spécial Carte Engagée par Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux : VERVERT 49730 Montsoreau – PAYS DE LA LOIRE

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La nouvelle expérience œnotouristique insolite du champagne Taittinger

Les caves du champagne Taittinger sont fermées pour deux ans en raison de travaux. La Maison propose aux visiteurs une alternative œnotouristique pour le moins originale : trinquer à la table de Thibaut IV de Champagne, en son ancien hôtel de la rue du Tambour à Reims !

Dans l’hôtel des Comtes de Champagne, une grande table reprenant la forme en U des banquets médiévaux a été dressée. Les visiteurs sont invités à prendre la place des anciens convives, celle de Thibaut IV, maître des lieux, et de ses hôtes, l’archevêque de Reims « Guillaume aux blanches mains », le Sénéchal de Joinville, vassal à la fidélité douteuse, ou encore la dame des pensées du Comte, la Reine Blanche… Avec très peu de moyens – le décor est minimaliste – le visiteur est ainsi plongé en plein XIIIe siècle, et tandis que lui est contée la folle histoire de Thibaut IV, grand inspirateur de l’amour courtois et chevalier sans peur et sans reproche, il déguste deux cuvées iconiques de la Maison : Le Brut Réserve et le Comtes de Champagne 2012.

Les troubadours qui ont monté cette jolie narration ont tous un lien ancien avec la Champagne et la famille Taittinger. La voix off et le récit sont l’œuvre de la comédienne Armelle Lesniak (Maeva dans Caméra Café !). Son parrain n’était autre que Jean Taittinger ! Pour la musique, c’est le groupe  » Alla Francesca  » qui interprète les compositions de ce Comte poète qui lui valurent le surnom de « Thibaut le Chansonnier ». Vitalie Taittinger, la présidente, a aussi fait appel à un compositeur local, Yuksek. « Il est connu pour ses talents de mixeur de son électro. Mais derrière toute musique contemporaine, il y a souvent un vrai bagage classique. Nous avons eu à Reims la même professeure de piano ! » Quant à l’histoire, c’est le professeur de la faculté de Reims Patrick Demouy qui apporte sa caution.

Alors que l’on submerge souvent d’images les touristes avec une surabondance de moyens numériques, ici au contraire, comme lorsqu’on lit un livre, on a préféré faire confiance à l’imagination des participants, ce qui rend l’expérience plus intime. Pour autant la magie fonctionne sans effort tant la poésie du parler de l’époque est évocatrice : « quand je vous vis mon cœur si fort a tressailli, qu’il est resté auprès de vous quand je partis ». Ah ! Comme la délicatesse de l’amour courtois, à l’heure d’#Me Too, peut faire rêver, cet art de courtiser secrètement une dame d’un rang supérieur avec élégance, en accomplissant de grands défis. Quant au pauvre Thibaut IV, le malheur a voulu qu’il occupe un rang si haut que la seule femme qui le dépassa dans la hiérarchie du royaume fusse la reine elle-même, rendant son amour impossible…

En écoutant cette histoire, on comprend sans peine qu’elle ait inspiré la famille Taittinger. Ne sont-ils pas les seigneurs contemporains de la Champagne ? Jean Taittinger fut ministre et maire de Reims. À l’image des Comtes, brillants organisateurs des foires de Champagne, ses enfants et petits-enfants sont des commerçants habiles à la tête d’une marque internationale. Une fortune amassée que ces grands princes mécènes utilisent pour financer les arts. Pierre-Emmanuel n’a-t-il pas repris l’atelier de vitrail Simon-Marq ? Enfin, suivant l’exemple du Chansonnier, ils sont eux-mêmes d’authentiques artistes (Vitalie a fait des études de dessin !). Voilà pourquoi on leur pardonne aisément les libertés qu’ils prennent avec l’histoire, celles-ci n’étant en somme qu’une forme de licence poétique s’inscrivant dans la plus pure tradition médiévale. Ainsi en va-t-il de la légende du chardonnay ramené de Terre sainte par Thibaut IV. Patrick Demouy nous confie « Jacques Le Goff aimait à dire que la plus grande conquête pour les Européens des Croisades avait été l’abricotier et il est certain que beaucoup de matériel végétal a été à l’époque importé, même si le chardonnay n’est apparu qu’au XIXe siècle ». Il en va de même de « l’Hôtel des Comtes de Champagne ». « Ce n’est pas une appellation d’origine contrôlée. Le nom lui a été donné par un érudit du XVIIIe siècle. Il avait en réalité été bâti par une famille de marchands. Néanmoins, à l’occasion des sacres, il est possible qu’il ait accueilli les Comtes. On sait que la ville établissait alors à la manière du Michelin un classement des demeures patriciennes les plus confortables dont les propriétaires auraient l’honneur d’accueillir les hôtes les plus illustres. »

Prix : 60 € / pers. (6 à 17 ans 13 €)
À faire en famille !
cellars-booking.taittinger.fr

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Les Côtes-de-Gascogne jouent blancs gagnants

Les blancs des Côtes-de-Gascogne sont tendances mais ils pourraient manquer de volumes pour faire face à la demande. Le président de l’appellation Olivier Dabadie nous a exposé le plan de bataille en attendant de meilleures récoltes.

Comment se porte les Côtes-de-Gascogne après ces deux années historiques à petits volumes ?

2021 a en effet été impacté par les grandes gelées d’avril, 2022 encore pire par la gelée noire, deux violents orages de grêle et la sécheresse. Nous avons donc perdu 35 à 40 % des volumes en deux ans, mais nous avons réussi à préserver le potentiel aromatique malgré la canicule qui tend à masquer les thiols si caractéristiques de nos vins. Nous sommes à 20 % sous la moyenne quinquennale qui est entre 700 et 800 000 hectolitres et nous sommes le seul vignoble à manquer autant de vins avec ce millésime 2022 aux faux airs de 2003. Les opérateurs ont donc choisi les marchés les plus rémunérateurs (les États-Unis, le Danemark, la Suède, la Finlande) et privilégié les débouchés dans l’Hexagone ; l’export est ainsi passé de 60 % en 2018 à 50 % en 2022, mais nous faisons juste le dos rond par manque de munitions. Quand la production reviendra à la normale, on repartira à l’export notamment sur des marchés dynamiques comme les États-Unis où nous sommes déjà présents, mais où nous pouvons encore largement nous développer et les pays de l’Est au fort potentiel. L’organisation de nos grandes entreprises et coopératives nous le permet. 

Mais la déconsommation du vin en France ne limite-t-elle pas le développement de la commercialisation ?

Nous sommes très présents chez les cavistes qui sont costauds et ont su bien résister à la crise (plus de 20 % des ventes) et nous avons augmenté nos ventes en grande distribution ; ce circuit pèse aujourd’hui 15 % des ventes, avec plus de valorisation (+ 3,9 % en volume, + 2 % en valeur en 2022) alors que les vins tranquilles au global sont en recul. C’est une façon de voir le bon côté des choses. Nous allons également travailler à structurer l’offre des vins à table pour mieux nous déployer en CHR. Il faut jouer sur le gros manseng qui apporte plus de structure aux bi-cépages pour accompagner les plats.

Profitez-vous également d’une demande croissante sur les vins blancs ?

Le marché français rétrécit mais il blanchit. Notre succès est sans doute dû à notre production à 83 % en blancs. Le colombard qui est notre signature reste le premier cépage avec la moitié de l’encépagement du vignoble suivi désormais par le gros manseng, en forte progression avec un peu plus de 20 %, talonné par le sauvignon. Mais l’export est encore plus friand de blancs. Et les gros investissements dans les chais et dans le commerce nous a permis de proposer des vins plus qualitatifs.

L’avenir des Côtes-de-Gascogne face au réchauffement climatique résidera-t-il dans d’autres cépages ?

Nous restons sur nos cépages identitaires que sont le colombard, le gros manseng et le tannat pour lesquels nous avons lancé un projet global avec les appellations voisines. Nous n’avons donc pas besoin de cépages résistants ; mais nous travaillons sur des idéotypes pour les croiser avec nos trois cépages endémiques mais cela va nécessiter au moins 15 ans d’expérimentation. Le deuxième axe de réflexion porte sur l’expression des thiols qui peut être écrasée par l’utilisation du cuivre ce qui est un frein pour le développement bio. Une thèse est en cours sur la façon de contourner les effets du cuivre en vinification.

En quelques chiffres

12 000 hectares dont près de 15 000 en bio et conversion (+ 34 % en un an) 200 domaines, 6 coopératives (800 adhérents) et 23 négociants-vinificateurs. Production de 642 091 hectolitres en 2021 (802 315 hectolitres en 2020) à 69 % de blancs secs, 14 % de blancs moelleux-liquoreux, 11 % de rosés, 6 % de rouges. Commercialisation moyenne 100 millions de cols (85 millions pour le millésime 2021) – 50 % à l’export (dont 13 % en Allemagne, 12 % aux Pays- Bas, 5 % au Royaume-Uni…)

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[Bourgogne] Tour du monde en goélette clos pour les vins de la maison Bichot

©DR©JM.Brouard©Eloi Stichelbaut

Partenaire de la Fondation Tara Océan depuis plusieurs années, la maison Bichot a embarqué 12 magnums pour leur faire parcourir un tour du monde sur les mers afin d’identifier l’influence que cela pouvait avoir sur la dégustation. La comparaison avec les magnums des mêmes vins conservés dans les caves à Beaune s’est révélée surprenante

Albéric Bichot, dirigeant de la maison éponyme, et Romain Troublé, Président de la Fondation Tara Océan depuis 20 ans, n’auraient peut-être jamais dû se rencontrer. Mais il est des hasards heureux comme cette vente des hospices de Beaune en 2017. Contrairement aux habitudes, l’une des associations choisies cette année-là comme bénéficiaire de la vente de la pièce du Président n’était pas issue du monde hospitalier. La Fondation Tara Océan a en effet été fondée par la créatrice agnès b. avec pour objectif de parler des océans aux Français. Toujours privée, elle est aujourd’hui financée principalement par des dons et reçoit le soutien de mécènes comme le prince Albert de Monaco ou la maison Bichot. « Une évidence pour nous qui sommes sensibilisés aux problématiques de changement climatique et de protection de l’environnement » explique Albéric. « La maison Bichot est en bio dans sa quasi-totalité (son domaine à Chablis est en conversion), nous avons changé tous nos emballages, utilisons des étiquettes recyclées. Il est déterminant pour nous de voir comment le monde viticole peut s’engager pleinement sur toutes ces problématiques ». Le partenariat avec la Fondation Tara Océan s’inscrit donc dans cette réflexion. Au moyen de la goélette Tara, celle-ci organise des missions de recherche océanographique à travers les océans de la planète. Après l’étude des microplastiques en 2019, une nouvelle mission a été menée de décembre 2020 à octobre 2022. 70 000 km parcourus pour mieux comprendre les microbiomes marins, tous ces microorganismes indispensables notamment pour le stockage du carbone (30 % à 40 % à l’échelle mondiale, soit autant que tous les végétaux). La maison Bichot en a profité pour disposer en fond de cale 2 magnums de 6 références de vins différentes pour mesurer l’impact de conditions extrêmes sur la structure et la qualité des vins.

Un accélérateur de vieillissement

À même la coque non isolée en aluminium du bateau, les vins ont connu des variations très sensibles de température (de +3° à 28°) ainsi qu’une mise en mouvement permanente due au tangage incessant du bateau. De quoi effrayer sur le papier tout amateur de vin, convaincu de l’importance de variations lentes de températures dans une cave et d’absence de vibrations. Eh bien quelle ne fut pas notre surprise lors de la dégustation comparative organisée ce mois de janvier par la maison Bichot entre ces magnums et ceux qui avaient été conservés comme étalons dans les caves beaunoises. Sans surprise, les vins embarqués ont tous montré des profils différents. Mais loin de présenter une qualité très dégradée, ils ont tous offert un profil assurément plus évolué mais sans déviation aromatique ou de structure. Un premier enseignement donc qui montre que lorsque les vins sont parfaitement sains (en termes microbiens) à leur naissance, ils s’avèrent étonnamment résistants face à des chocs exogènes. Blancs et rouges n’ont toutefois pas réagi de la même manière. 2 grands crus blancs étaient du voyage.

Le Chablis grand cru La Moutonne 2018 du domaine Long-Depaquit et le Corton-Charlemagne 2017 du domaine du Pavillon ont assurément perdu en intensité fruitée et en fraîcheur et présentent les caractéristiques associées à un vieillissement de quelques années supplémentaires. Le Chablis était davantage patiné, plus iodé avec une légère pointe de sous-bois quand le Corton-Charlemagne semblait être rentré dans une phase plus austère, typique du cru après quelques années. Les rouges de leur côté se sont avérés plus resserrés, les tannins apparaissant plus séchants et la matière globalement plus stricte. Le Moulin-à- vent Rochegrès du Domaine de Rochegrès était ici particulièrement édifiant, avec une structure tannique bouleversée. Le Pommard Clos des Ursulines 2016 du domaine du Pavillon offrant pour sa part une évolution aromatique nette, basculant d’un fruité encore éclatant à des notes de moka et de cacao. Parmi tous les vins, seul le Vosne Romanée Les Malconsorts 2017 du domaine du Clos Frantin est resté cohérent par rapport à son alter ego resté en caves. Beaucoup de classe pour ce très grand premier cru, voisin de La Tâche, dont la matière intense et profonde a montré une résilience plus grande. Plénitude, finesse ont demeuré même si la part de vendange entière dans la cuvée s’est révélée plus expressive au global. Seuls 6 magnums ont été ouverts in fine, les 6 autres ayant voyagé resteront désormais pour des décennies dans les caves beaunoises. « Ce sont les générations futures qui pourront les déguster » assure Albéric. Nul doute que les enseignements seront, là encore, très instructifs.

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Bernard Magrez installe son 2ème incubateur de start-up en Alsace

Deux ans après l’ouverture à Bordeaux du premier incubateur de start-up 100% dédié au vin et à l’œnotourisme, Bernard Magrez implante sa 2ème pépinière en Alsace. Il s’associe avec l’expert local de l’incubation « Quest for Change » et lance un appel international à candidatures.

L’histoire a commencé l’été dernier, lorsque le propriétaire viticole Bernard Magrez a été choisi pour parrainer la promotion 2023 de l’AIVA, l’Académie internationale des vins en Alsace. En septembre, il s’est rendu sur place avec son équipe de BM Start-Up Win, l’incubateur de start-up 100% dédié au vin et à l’œnotourisme qu’il a créé il y deux ans. Quand il a vu les locaux, les 300 étudiants, les intervenants, il a aussitôt compris qu’il y avait une synergie entre les start-up du vin qu’il accompagne et le travail qui est fait en Alsace par l’AIVA et Quest for Change, une association qui regroupe déjà 5 incubateurs de la région Grand Est. Dès le mois de mars, BM Start-Up Win Bordeaux se déploiera sous le nom de BM Start-Up Win Strasbourg qui occupera 750 m2 sur le site de l’Académie internationale des vins en Alsace, elle-même implantée dans l’ancien siège social du groupe Adidas à Landersheim (Bas-Rhin), aux portes de Strasbourg et de la route des vins d’Alsace, au cœur de l’Europe.

Un nouveau programme international

A Bordeaux, l’incubateur de Bernard Magrez effectue la rentrée officielle de sa 3è promotion le 19 janvier en accueillant Brigitte Bloch, adjointe en charge du secteur vin à la mairie de Bordeaux et vice-présidente du Conseil national de l’œnotourisme parmi les experts du secteur destinés à aider les jeunes pousses dans leur développement. Afin de proposer un programme aussi riche aux start-up implantée en Alsace, en Champagne et aussi en Europe, Bernard Magrez a décidé de dupliquer le modèle et de le rendre international. Les quatre niveaux d’accompagnement existant à Bordeaux – Cépages, Primeurs, Millésimes et Alumni – seront proposés à Strasbourg où ils seront complétés par un programme international dispensé en langue anglaise et accessible en visioconférence depuis le monde entier.

Appel à candidatures

L’appel à projets pour intégrer la première promotion de l’incubateur alsacien est ouvert aux start-up de tous pays jusqu’au 1er mars sur le site https://www.bmstartupwin.com. Un jury composé d’experts du secteur vitivinicole se réunira les 9 et 10 mars afin de sélectionner les start-up qui intégreront le programme dès le 23 mars. « C’est avant tout une initiative de mécénat entrepreneurial de la part d’un chef d’entreprise à la tête d’une start-up créée il y a près de 60 ans. » résume l’infatigable entrepreneur aux quatre crus classés qu’est Bernard Magrez.

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Des vignerons de garde pour le dimanche !

Expression habituellement réservée au secteur médical, pharmacie en tête, une poignée de domaines viticoles autour de Narbonne crée le concept de “Vignerons de garde”. Présentation de cette œuvre inédite du Languedoc.

Terminés les dimanches moroses à se promener dans les rues vides et les balades dans les nombreux sentiers que nous connaissons par cœur, place à la découverte de nos terroirs viticoles, accompagné d’un petit verre à la main (à boire avec modération). Sur la destination touristique de la Côte du Midi, une organisation promouvant entre autre les appellations du Minervois, de la Clape, de Fitou et des Corbières (vers l’abbaye de Fontfroide), les domaines labellisés Vignobles & Découvertes ont eu la chouette idée de s’organiser pour ouvrir le dimanche.

À tour de rôle, ils accueilleront amatrices et amateurs en quête de découvertes originales pour faire découvrir leurs vins et leurs terroirs viticoles. Facile d’accès, l’information est mise en ligne sur un calendrier qui est relayé par l’office de tourisme. Ce dispositif permet donc à chacun de connaître les vigneronnes et vignerons de garde les week-ends.

« Nous sommes partis du constat que nous avions seulement quelques domaines qui faisaient l’effort d’ouvrir le dimanche et que cette initiative n’était pas assez mise en valeur. » Interrogée, Delphine Ferrari, chargée du dispositif pour L’Office de Tourisme de la Côte du Midi, est satisfaite par les débuts de l’opération. « Depuis 3 mois, ce ne sont pas moins de 11 domaines viticoles qui participent au concept, sur la trentaine labellisés V&D. » L’engouement est donc déjà au RDV et la Côte du Midi s’attend à plus de succès. Une belle activité déjà prisée en été par les touristes où l’organisation mise sur cette initiative pour promouvoir toujours plus l’œnotourisme en hiver auprès des locaux.

Encore un dispositif inédit made in Vignobles & Découvertes qui valorise les vignobles locaux et l’œnotourisme de proximité. Label national porté par l’agence de développement touristique Atout France, Vignobles & Découvertes promeut toujours plus d’offres touristiques d’excellence sur le territoire métropolitain. En 2022, la Côte du Midi a obtenu sa quatrième labellisation sur son territoire viticole composé de 5 AOC et de 2 IGP et compte aujourd’hui 150 sites labellisés dont des domaines viticoles, des hébergements et autres prestataires touristiques.

À retrouver sur leur site internet les vignerons de garde.

Situé dans le département de l’Aude, le territoire de la Côte du Midi s’étend du littoral méditerranéen jusqu’aux terres avec ses vignobles, ses étangs et ses trois canaux (canal du Midi, canal de la Robine et canal de Jonction) en passant par Narbonne.

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Danemark : ce vin qui souffle du Njord

Il y a encore quelques années, le vin au Danemark restait une curiosité sinon un objet réservé aux connaisseurs. Deux décennies auront suffi à le rendre populaire, l’attestent les bars à vin qui naissent partout à Copenhague. Mieux, du vin danois est produit, et de belle qualité, le pinot noir de Njord en tête.

À deux pas des célèbres façades multicolores du port de Copenhague, le restaurant Amalie est une institution où se consacrent les longs repas de famille. Chaque plat (hareng mariné, filet de plie aux crevettes, porc au persil…) reste accompagné d’une pinte de bière ambrée et d’un dé à coudre de schnaps.

L’acculturation

Toutefois, sur le fromage, un verre de Porto s’invite à l’agape. Tout le monde se délecte, le père de famille expliquant que c’est un vin de cerises. C’est déjà un premier pas tandis que deux rues plus loin, au Palaegade, on ne se mélange plus les pinceaux de la sorte. La clientèle a une vingtaine ou une trentaine d’années et le sommelier court avec deux bouteilles à la main. « Nous multiplions les références, le vin devient branché, c’est un marqueur social, il suffit de voir tous les bars à vins qui ouvrent à chaque coin de rue dans la ville et cet engouement accompagne un intérêt grandissant pour la gastronomie », confie-t- il. Et sur la carte des vins, on trouve même une référence locale, Precoce, un pinot noir du domaine Njord. Le vignoble est situé à une bonne heure de route, à l’ouest de la capitale, au cœur de la presqu’île du Sjaelland. Le propriétaire s’appelle Sune Albertsen. Financier dans une compagnie d’assurances, il a créé ce vignoble de toutes pièces pour s’y consacrer entièrement désormais. Son domaine compte 2,5 hectares sur la grosse centaine plantée dans tout le pays que se partage une cinquantaine de producteurs. « Le vin est arrivé avec l’Union européenne qui a autorisé la production en 2000, c’est une histoire qui nous vient surtout d’Allemagne et de France pour l’importation de cépages, un croisement a même été créé pour résister à nos conditions climatiques mais ce n’est pas bon, j’ai choisi de planter du pinot noir », explique Sune Albertsen. Ses vignes plantées sur des terroirs sableux – un carottage confirme 90 mètres de sable en profondeur ! – ont désormais une quinzaine d’années et les résultats sont très concluants.

Du 55e parallèle

Ce n’est pas Sune qui le dit mais Nina Højgaard Jensen, une des meilleures sommelières du monde. « Mon opinion est que c’est le meilleur producteur danois à ce jour, il élabore d’excellents pinots noirs », explique celle qui officie au restaurant doublement étoilé de Copenhague, Alchemist. Deux cuvées du domaine Njord existent – différenciées par l’orientation des parcelles – et les vins sont floraux, sur la dentelle, digestes, avec une pointe de vernis à ongle qui n’est pas synonyme de défaut mais de fraîcheur. On retrouve ce genre de vin ciselé en Irancy, dans le Jura ou encore dans les nebbiolos produits autour du lac de Côme, en Valteline. Au domaine Njord comme ailleurs au Danemark, le réchauffement climatique a permis la viticulture au-delà du 55e parallèle – on trouve des vignobles encore plus au nord, notamment en Norvège flirtant avec le 62e parallèle. Pour Sune Albertsen, le grand combat est davantage de chercher la maturité que de lutter contre le gel. « Nous avons naturellement de très belles acidités et une belle minéralité, l’objectif est de trouver les bons équilibres », précise Sune qui a choisi la biodynamie pour conduire son vignoble, estimant que c’était la bonne philosophie. « Mon modèle reste la Bourgogne mais je ne me compare pas à Lalou Bize-Leroy », ajoute-t-il en souriant. Dans tous les cas, les quelques bouteilles de Njord se trouvent dans le commerce à 70 euros pièce et elles sont la fierté des bars à vins et des bonnes tables du pays – avec des coefficients tels qu’on retrouve les vins français au même prix qu’en France… Quelques bouteilles de Njord commencent enfin à s’envoler et, au domaine, des tests de sparkling de chardonnay sont en cours.

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