Nicolas Feuillatte : un géant (plus) vert

La marque phare de Terroir et Vigneron de Champagne (TEVC) vient de présenter le nouvel opus de sa cuvée Organic, symbole de sa montée en puissance sur le segment des champagnes bio.

« D’ici 2 ou 3 ans, notre objectif est de pouvoir pérenniser une production annuelle de 300 000 bouteilles de champagne bio » confie Guillaume Roffiaen, le chef de caves de Nicolas Feuillatte. Une goutte d’eau évidemment si l’on met cette donnée en perspective avec les 10 millions de bouteilles de la marque vendues chaque année. Mais une véritable inflexion pour l’un des principaux acteurs champenois. Tout a commencé en 2009 lorsqu’une poignée de vignerons partenaires ont choisi la voie du bio. A l’époque, ces approvisionnements venaient presque exclusivement de la Côte des Bars. Mais la volonté de Guillaume était de pouvoir construire une cuvée au profil organoleptique stable dans la durée. Cela nécessitait donc de diversifier les secteurs d’approvisionnement. Une vraie réflexion a donc été menée dès les années 2015 2016 pour développer le bio au sein des champagnes Nicolas Feuillatte. Jusqu’en 2019, on en comptait qu’un peu moins de 10 hectares de vignes concernées. Mais les choses vont alors se structurer et accélérer. « Nous avons mis en place un accompagnement technique avec un référent bio qui accompagne les coopérateurs souhaitant se diriger vers le bio. Nous soutenons aussi financièrement cette démarche en payant le kilo de raisin 20 à 25 centimes plus cher au kilo pendant les 3 années de conversion » ajouter Christophe Suarez, le Directeur Général. De manière générale, les raisins bio sont payés 30% plus chers que ceux conventionnels. L’an passé, 50 hectares étaient labelisés et les fins de conversion attendues cette année devraient permettre d’ajouter encore 15 hectares supplémentaires. « Avec des parcelles issues de la Montagne de Reims, de la Vallée de la Marne, de la Côte des Bars, mais aussi du massif de Saint-Thierry, de la vallée de l’Ardre et du Mont de Berry dont un tiers en premiers crus » souligne Guillaume avec enthousiasme. 

Cuvée Organic, 2ème opus
La cuvée Organic (41€) que présente aujourd’hui Nicolas Feuillatte est en réalité le second opus produit. Une première version avait été produite il y a quelques années mais avec une palette de terroirs très réduite et le résultat n’était pas celui que Guillaume souhaitait pérenniser. Cette nouvelle bouteille a, pour sa part, été produite avec une base de 2017 et sort donc après un vieillissement prolongé en caves de 6 ans. « A terme, nous devrions plutôt avoir un vin qui vieillira entre 3 et 4 ans » précise toutefois Guillaume. Assemblage de 95% de pinot noir et 5% de chardonnay, c’est une cuvée extra-brut, dosée à 4,4g/l. Immédiatement, ce sont les notes de fruits à noyau (pêche de vigne) qui marquent le nez. Le milieu de bouche est large et plein, où les notes de pain grillé s’affirment et se mêlent à quelques fruits jaunes puis rouges sur l’allonge. L’ensemble, doté de bulles très fines, séduit par une belle homogénéité et une acidité pimpante mais polie qui lui donne un bel éclat. Le tout s’étire sur de fins amers bien intégrés. Le mois prochain, le nouvel opus de ce champagne Organics sera mis en bouteille sur une base 2023 qui devrait enfin révéler dans quelques années la typicité définitive de cette cuvée dont la distribution évoluera progressivement vers davantage de cavistes, de distribution spécialisée et à l’international.  

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Clap de fin pour Bien Boire en Beaujolais

Pour sa 9ème édition, Bien Boire en Beaujolais a clos ses portes sur des notes positives. Fréquentation à l’identique par rapport à 2023, soit environ 2500 visiteurs sur l’ensemble des sites ; cavistes régionaux comme importateurs : ce premier salon commercial du Beaujolais a définitivement rencontré son public.

Pour sa deuxième édition, la nouvelle présidente Elisa Guérin, qui succède à Louis-Benoît Desvignes, est satisfaite de plusieurs éléments, démontrant la bonne santé du vignoble. L’enjeu d’un tel salon est en effet « de toujours avoir des groupes soudés malgré les identités différentes dans les styles de vin, pour regarder commercialement dans la même direction. C’est le premier salon du Beaujolais qui rassemble autant de professionnels. Et puis je suis la première femme à la tête de BBB, la seule femme du bureau, ça montre aussi que la région change et que la nouvelle génération est plus inclusive. Ça dynamise également le vignoble, puisqu’on se réunit régulièrement, aussi bien sur les techniques de vin et le style ; ça fédère : nous sommes 225 opérateurs vignerons présents ! »

Lieux et associations : dynamisme et collectif
Cette année, six associations se sont réparties sur cinq lieux emblématiques de la région.
Le Château de Pizay, disposant d’un hôtel, restaurant et spa en plus de sa production viticole, accueillait la Beaujol’Art, la Beaujol’Wines et Beaujo’Styles. Le Château de Poncié hébergeait la Biojolaise tandis que Biojolab était au domaine de la Grange Charton et la Beaujoloise au domaine La Javernière. Le seul critère obligatoire pour appartenir à l’une des six associations est d’être propriétaire récoltant. Pour le reste, ce sont les affinités et les façons de travailler commune qui regroupent les uns et les autres au sein d’une même association. Les amateurs de nature se sont donc réunis à la Javernière pour déguster la Beaujoloise, tandis que les vignerons bio étaient regroupés au sein des deux associations dont le nom ne porte guère à confusion sur le sujet. Mais cela ne veut pas dire que tous les vignerons en bio sont exclusivement dans ces deux associations, qui peuvent se retrouver au sein des trois autres, dont les valeurs se rejoignent. La volonté de Beaujo’Styles est par exemple de démontrer l’amour du gamay dans toutes ses versions, bio, conventionnel, petits ou grands domaines. Beaujol’Art réunit des vignerons « amoureux de leur terre, qui travaillent chacun de façon différente, à la vigne comme à la cave mais dont le seul point d’ordre, commun à tous, est de produire un vin d’artisan , en incarnant l’art de vivre à la Beaujolaise, avec convivialité et partage ». Enfin, Beaujol’Wines a pour ambition de faire rêver les amateurs avec de bons vins du Beaujolais dans le respect des traditions.

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Edouard Normandin-Mercier : « L’Aunis était autrefois couvert de vignes ! « 

La maison Normandin-Mercier a fait l’acquisition de terres en vue de recréer comme autrefois un vignoble dans l’arrière-pays rochelais. Edouard Normandin-Mercier nous explique la genèse et le financement de ce projet… durable. 

Comment est née cette idée de replanter un vignoble dans l’arrière-pays rochelais ? 
C’est une idée de longue date. Elle a germé il y a plus de 10 ans déjà, mais elle n’a pas pu se réaliser en raison de la non-disponibilité des terres agricoles. Il a donc fallu attendre de pouvoir les récupérer pour lancer ce projet.

Vous évoquez dans votre communiqué l’idée de ne pas faire un copié-collé de ce qui existe déjà dans l’AOC, alors quel est le cahier des charges de ce projet ? 
En effet, pour moi la monoculture n’a pas d’avenir et plus particulièrement en viticulture et il me parait nécessaire d’intégrer aux projets de la biodiversité… Ainsi l’agroforesterie m’a beaucoup séduit et je suis convaincu qu’un mode cultural résiliant permettra d’accueillir un bon biotope et qu’il est vain de lutter en utilisant des pesticides et de la chimie. Dans ce sens, une large diversité de cépages sera plantée pour permettre à la fois d’élargir la résistance aux maladies et au stress hydrique et aussi d’apporter une large palette aromatique sur l’élaboration de nos pineaux biologiques. En plus des 16 cépages autorisés dans l’appellation Pineau des Charentes, je souhaite innover avec un trois nouveaux cépages résistants dont le coutia qui vient d’intégrer en 2024 le cahier des charges. Une analyse de sol a été effectuée par un laboratoire spécialisé et une fosse pédologique a été analysée par la chambre d’agriculture afin de trouver le ou les portes greffes les mieux adaptés à la parcelle. Coté greffe, mon souhait est de privilégier une sélection massale et non clonale une fois de plus, pour élargir le patrimoine génétique et donc la faculté de réponse (aux aléas du climat ? au réchauffement climatique ?)  Et aussi tout simplement à la vie.

Et quels sont les acteurs de ce projet, à la fois sur le vignoble et dans son financement ? 
Les acteurs d’aujourd’hui sont essentiellement familiaux mais par le biais du financement participatif nous désirons partager cette expérience avec des néophytes passionnés par notre terroir, et des professionnels curieux de nouvelles expériences. Nous voulons élargir notre passion avec des gens intéressés par les moments forts de la vie de la vigne (plantation, relevage, taille et vendanges manuelles). Nous voulons les initier avec nous ! Ainsi, coté financement, il est à la fois personnel et participatif sachant que c’est un projet de longue durée dont il faudra adapter les différentes étapes sur 3 à 5 ans pour l’achat du matériel de vendange, de vinification et de stockage. Nous espérons que les acteurs seront nombreux à nous rejoindre. Enfin, avec le Comité de promotion du Cognac et du Pineau des Charentes, nous avons la chance d’avoir à nos côtés un partenaire associatif intéressé par la partie conservatoire de vieux cépages et par l’ouverture du projet aux visites scolaires et oenotouristiques. Dans ce cadre, nous espérons qu’il recueillera un soutien actif. N’oublions pas que l’Aunis était autrefois couvert de vignes ! 

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[BOVA] 1988, retour sur les sept champagnes lauréats !

Un peu comme le chanteur Calogéro, lorsque l’on déguste du champagne, il y a certains jours où l’envie nous prend d’attraper notre skate et de partir faire un tour dans les années 1980. Aujourd’hui, ce n’est cependant pas en 1987, une année médiocre au pays de la craie, mais en 1988, pour découvrir les commentaires de dégustation des sept cuvées retenues sur ce millésime dans le cadre de la première édition du Best Old Vintage Awards. Rappelons que ce challenge qui a eu lieu en février dernier au Royal Champagne portait sur la fameuse trilogie 1988, 1989, 1990.

Vous vous souvenez de 1988 ? Jacques Chirac affrontait François Mitterrand aux élections présidentielles et alors que le premier ministre rappelait lors du débat télévisé d’entre deux tours, que ce soir, il n’y avait plus ni premier ministre, ni président, le malheureux corrézien recevait cette réponse assassine : « Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre ». Cette année-là aussi, Citroën mettait un terme à la production de sa fameuse 2CV, les Parisiens inauguraient la pyramide du Louvre et les Français plongeaient dans les abysses aux côtés de Jacques Mayol dans le Grand Bleu de Luc Besson… 

La nature, elle, suivait son cours, et donnait en Champagne une vendange exceptionnelle. Alexandre Ponnavoy, chef de caves de la Maison Taittinger, raconte : « En 1988 l’hiver est doux ce qui occasionne un débourrement précoce. La vigne est ainsi exposée aux gelées printanières qui frapperont effectivement, mais n’occasionneront des dégâts que dans des secteurs limités, tout comme la grêle.  La floraison survient assez tôt et se déroule entre le 16 et le 21 juin. Le début de l’été est sec, puis une période orageuse passe avant le retour du beau temps à la fin de la saison. Il faut noter tous les maux auxquels la vigne a échappé, à commencer par la pourriture grise, souvent latente, qui ne s’est pas propagée contrairement aux craintes des vignerons. La récolte débute assez tardivement entre le 26 septembre et le 2 octobre. Le raisin aura ainsi bénéficié d’une très longue période de maturation. Le volume est légèrement supérieur à la moyenne décennale. Les moûts puis les vins sont parfaitement équilibrés et harmonieusement constitués. On les a souvent comparés à ceux de 1969. » 

Avec 9,2 degrés d’alcool potentiel et 9,4 g d’acidité, il s’agissait de toute évidence d’un millésime sur la fraîcheur, promis à une longue garde. Dans ce concours, c’est le vin qui a obtenu les meilleurs résultats. 35 cuvées de la trilogie 1988, 1889 et 1990 ont en effet été présentées, parmi lesquelles figuraient dix 1988 dont sept ont été primés pour figurer dans le top 20. Voici leurs commentaires de dégustation, les cuvées étant classées par ordre alphabétique.

Collet Millésimé 1988 (bouteille)
Le nez est appétissant, mêlant des notes de sherry, de beurre, de nougat, d’abricot sec, avec en filigrane une légère odeur d’humus et de foin. En bouche, c’est sur une pointe de groseille à maquereau que se dévoile une acidité presque électrique, tandis que la complexité s’exprime pleinement en milieu de bouche sur des notes de cire, de cannelle, d’orange cuite et de caramel mou.
Dégorgement d’époque Dosage 10 g/l

Franck Bonville Millésime 1988 (bouteille)
Cette cuvée rappelle le profil de certains 1996 par le contraste qu’elle offre entre le nez et la bouche. Le nez semble plus évolué, plus complexe, avec des notes de moka, de résine de pin, de biscuit, de confiture d’abricot. La bouche très vive est au contraire encore sur la jeunesse, elle est marquée par des arômes de citron jaune, de coing, de noix de coco et de romarin avant de conclure sur une finale saline.
100 % Chardonnay, dégorgement d’époque.


Gonet Sulcova Brut Blanc de blancs 1988 (jéroboam)

Le nez dégage une certaine fraîcheur, mêlant fruits rouges et fruits noirs un peu cuits, gaufrette au caramel, cannelle, bois de chêne et une légère touche d’hydrocarbure. La bouche est mentholée, anisée, presque pimentée. On retrouve une touche de cassis avec l’amertume de la peau et son côté légèrement astringent, mais aussi des notes un peu boisées. Un vin tout en dentelles que l’on médite longtemps.
100% Chardonnay, Dégorgement 02/2024, Dosage 0g/l

Legras & Haas Blanc de Blancs Grand Cru Chouilly Millésime 1988 (bouteille)
Le nez nous régale des arômes typiques des vieux chardonnays : le miel, la noisette, le beurre cuit, les agrumes confits, l’amande. En bouche, le vin est juteux, avec de magnifiques notes d’abricot cuit, de figue, de beurre de citron, de brioche. La texture est douce comme le satin. Un profil à la fois gourmand et rafraîchissant qui trouvera sans peine ses amateurs.
100% Chardonnay, Dégorgement 1994, Dosage 11 g/l


Mailly Grand Cru Les Echansons 1988 (bouteille)

Le nez fleure bon la marmelade, la pâte d’amande et le café. La bouche a la droiture propre au millésime 1988, mais le temps est venu apporter à la colonne vertébrale de fraîcheur un enrobage plus gourmand. L’ensemble évoque un gâteau à l’orange, au kiwi, au nougat et à la vanille, nappé d’un jus caramélisé d’agrume. La minéralité ressort en fin de bouche sur des arômes de silex. 
75% Pinot noir, 25 % Chardonnay, Dégorgement 1999, Dosage 6g/l

Perrier-Jouët Belle Époque 1988 (magnum)
Un champagne pimpant et printanier, qui s’ouvre au nez sur les fleurs blanches, la pomme rôtie et les fruits à noyau, tout cela agrémenté de quelques épices douces et de notes pâtissières. La bouche conserve cette veine florale, mais s’étoffe de notes de noisette grillée, de chocolat au lait, et de silex. Elle reflète parfaitement l’extraordinaire acidité du millésime 1988 qui lui donne une certaine brillance, à travers des arômes éclatants de kiwi, de citron meringué et d’ananas.
50% Chardonnay 50% Pinot noir, Dégorgement 04/2017, Dosage 9g/l

Taittinger Comtes de Champagne 1988 (bouteille)
Au nez, l’aromatique tourne autour du malte, des céréales un peu fermentées, de la cerise blanche avec une touche florale proche du géranium. En bouche, la vivacité et la fraîcheur sont au rendez-vous. Elles s’expriment sur des notes de menthol éclatantes et de citron meringué. C’est la cuvée qui a le plus divisé le jury, certains ont littéralement adoré son exubérance !
100 % Chardonnay, Dégorgement 07/2016, Dosage 9g/l

Rappelons que toutes ces cuvées seront vendues au profit de la Mission Unesco Champagne à la fin de l’année aux enchères par Hart Davis, la plus importante maison d’enchères spécialisée dans les vins aux Etats-Unis.

Le jury était présidé par Tyson Stelzer, auteur d’un Guide du champagne qui fait référence en Australie. Il était composé de Tom Hewson, membre de l’équipe de rédacteurs experts de Decanter, Yuri Shima spécialiste japonaise, le Suédois Andreas Larsson, Meilleur sommelier du monde 2007, Essi Avellan, Master of Wine finlandaise, auteur de l’Encyclopédie mondiale du champagne, Jeannie Cho-Lee, également Master of Wine, contributrice du Wine Spectator, l’Italien Alberto Lupetti, auteur du Guide Grande Champagne, Peter Liem, directeur pour la dégustation du magazine Wine & Spirits, David Morin, meilleur caviste de France, Sylvie Tonnaire, directrice de la rédaction de Terre de vins et Yves Tesson, rédacteur en chef adjoint. « Terre de vins » tient à remercier Xavier Mayran de Chamisso, qui a initié ce projet, Christian Holthausen, qui nous a ouvert son carnet d’adresses avec générosité et enthousiasme, ainsi que le Royal Champagne et l’équipe du sommelier Philippe Marques pour leur accueil chaleureux et extrêmement professionnel. 

Une master class inédite aura lieu à Champagne Tasting le 25 mai à Paris
Les Best Old Vintage Awards : Ode au vieillissement17h45 à 18h30

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Ruinart conforte son expérience Blanc Singulier

La maison rémoise installe dans le temps sa cuvée expérimentale Blanc Singulier avec le millésime 2019, un champagne imaginé en réponse au dérèglement climatique et qui pourrait bien devenir le blanc de blancs du futur.

La présentation de cette nouvelle cuvée était corrélée à la délocalisation cette semaine du restaurant pas-de-calaisien la Grenouillère dans un lieu éphémère parisien. Le chef doublement étoilé Alexandre Gauthier avait déménagé casseroles et fourneaux dans un garage désaffecté du 8e arrondissement de Paris pour quelques jours. La Grenouillère au bord des marais de Madelaine-sous-Montreuil, sinistrée lors les dernières inondations de mars, a dû fermer pendant quelques semaines, sans doute jusqu’en juin. En attendant la réouverture, le garage mis en scène par Julien Gosselin accueillait la Maison Ruinart qui avait tenu à soutenir le chef en ces temps difficiles. Frédéric Panaiotis a profité de l’occasion pour faire un point sur le millésime 2003 : « Il a été vite rentré à cause de l’humidité et beaucoup trié. Les chardonnays s’en sont mieux sortis que les pinots mais au global, on a récupéré un beau volume de récolte avec des grappes de plus de 30 % en poids. D’où une certaine dilution, et en tout cas un manque de concentration » : il n’y aura donc pas de Dom Ruinart millésimé ni de Blanc Singulier en 23. « Dans les années 80, il n’était pas rare de devoir sauter deux ans pour millésimer. Aujourd’hui, nous avons plus d’années ‘millésimables’ ; il est donc plus facile de renoncer à une vendange ». Ainsi, le chef de caves a présenté cette semaine le Blanc Singulier 2019 en attendant le Dom Ruinart Blanc de blancs 2013 qui sortira cet été.

2019, un immense millésime
Le Blanc Singulier avait été lancé en prototype avec le 2017 (en « concept car » selon les termes du chef de caves Frédéric Panaiotis), uniquement vendu à la boutique de Reims de Ruinart. Le 2018, plus tendu, avec 20% de réserve perpétuelle dont une partie conservée en foudres, une révolution pour la Maison, a été le premier véritable millésime, lancé en 2023. Et voilà le 2019, un champagne riche, intense, charnu et croquant, sur des arômes de fruits blancs bien mûrs (poire, nectarine), de notes d’agrumes, de citron confit et de fleurs blanches (chèvrefeuille), une trame tendue délicatement crayeuse et une finale légèrement fumée-épicée. Il a été élaboré avec 23% de vins de réserve (depuis 2016 élevé pour moitié en foudres), vinifié avec fermentation malolactique avant trois ans de vieillissement. « Un immense millésime, toujours en non dosé même si ça ne sera pas la règle ». 2019 était une année très chaude avec un été sec, des épisodes caniculaires et le cycle le plus court de la vigne (81 jours) enregistré depuis 2003.  « Ce qui a débouché sur des maturités plus poussées, idéales pour élaborer un Blanc Singulier car nous avons bénéficié d’un choix plus large de cuves pour l’assemblage, en provenance de la Montagne de Reims (Sillery, Taissy), de la Côte des Blancs (Bergères-les-Vertus, Cramant), de la vallée du Petit Morin et du Cézannais. C’est une très grande année, entre la fraîcheur du 2017 et la richesse et la complexité du 2018. » 

Panaiotis Frédéric chef de caves de la Maison Ruinart ©F.Hermine

Une réponse au dérèglement climatique
Frédéric Panaiotis a imaginé cette cuvée en réponse au dérèglement climatique en Champagne : Des gelées noires plus fréquentes avec une descente d’air froid à -6-7°, une légère tendance au débourrement plutôt début avril mais surtout un cycle accéléré au printemps, des étés plus secs, des vendanges raccourcies démarrant de plus en plus tôt (début septembre en 2023). « Cette année, j’ai même demandé à mes équipes de prendre leurs vacances en juillet car nous pourrions devoir vendanger à la mi-août ». Ce qui implique un décalage de maturité, une montée des sucres et une baisse de l’acidité qui convient mieux au chardonnay, plus flexible, qu’aux pinots qui pourraient être en danger à l’avenir avec le réchauffement, surtout le meunier ». Frédéric Panaiotis se base pour ce Blanc Singulier sur l’indice de Huglin qui tient compte de différents paramètres bioclimatiques (températures moyennes, maximales, longueur du jour…) pour établir le potentiel de sucre des cépages. « Les années que l’on considérait comme chaudes jusqu’au début du siècle ont été dépassées depuis longtemps et on n’a plus de sous-maturité en Champagne.  On travaille donc pour ce blanc Singulier 100 % chardonnay avec une expression plus mûre et thiolée du chardonnay, une acidité plus douce et à dosage minimal tout en jouant sur les vins de réserve pour conserver la fraîcheur signature de la Maison. Cette cuvée est sans doute le blanc de blancs du futur ».

Blanc Singulier Edition 19 (110 €) : Servir frais à 10-12°C avec un carpaccio de bar et une sauce aux agrumes et safran, un bavarois aux nectarines,

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Chinon dévoile son millésime 2023 

Les millésimes se succèdent sans se ressembler. Samedi 20 avril prochain, aura lieu la 15ème édition de « Chinon : les Vignerons dans la ville ». Après un week-end de Pâques marqué par une crue dont l’impact reste à minorer pour le millésime 2024, la promenade au bord de la Vienne va s’animer autour de la soixantaine de domaines présents pour faire déguster leurs cuvées et dévoiler le millésime 2023. 

Depuis 15 ans, à chaque printemps, l’appellation Chinon donne rendez-vous dans un seul et même lieu. « Chinon, les Vignerons dans la Ville » attire ainsi, sur une journée, pas moins de 5 000 curieux et amateurs de vins, pour une déambulation festive et savoureuse. Des touristes, les premiers d’une nouvelle saison, et des amateurs de vins se presseront, mais pas seulement : « L’objectif premier de cet événement est la présentation du millésime aux Chinonais qui sont les premiers ambassadeurs de nos vins. L’appellation n’appartient pas aux vignerons, mais à un territoire et les vignerons montrent le résultat de leur travail » précise Jean-Martin Dutour Président du Syndicat des Vins de Chinon. Parfois réticents, certains vignerons déplorent qu’à ce stade les vins ne sont pas toujours prêts à être dégustés, cette année, l’exercice s’avère plus facile : le nouveau millésime possède des atouts qui s’apprécient dès à présent. 

Une année complexe pour un millésime de plaisir 
Jean-Martin Dutour qualifie la campagne 2023 de « sportive » : « ce fut une année compliquée pour beaucoup de vignerons qui ont dû affronter de sévères attaques de mildiou, renforcées par un faible ensoleillement et de l’humidité. » Finalement, ce millésime qui avait de quoi surprendre : impossible de se référer à un précédent, offre un résultat remarquable avec une jolie couleur et un beau fruit, « grâce à l’entre-aide et à la force de notre collectif nous nous en sommes sortis gagnants ». Ces efforts sont récompensés par des rendements supérieurs aux années précédentes et une qualité qui a tout pour plaire aux amateurs de vins rouges frais et légers qui ont fait la réputation de l’appellation : « la fraîcheur et le fruité du millésime 2023 laissent entrevoir un vin délicat, de plaisir à savourer sans attendre ». 

Les premières cuvées sont à déguster en exclusivité, sur place, avec modération.

Programme de la journée 

10h30 – Défilé des Entonneurs Rabelaisiens au départ de la place Mirabeau

12h30 – Discours officiels en présence du Président du Syndicat des vins de Chinon

Dégustation des cuvées rouge, blanc, rosé de plus d’une soixantaine de domaines de Chinon

« Le P’tit Rabelais » vendra des tee-shirts, tabliers et autres sweat siglés « Chinon »

« Ma Fouée », pour déguster une spécialité locale succulente

Thierry Truffert « Une autre cave » animera des ateliers d’initiation à la dégustation

John’s présentera son atelier de menuiserie de douelles de tonneaux

Musique en déambulation

Le Lycée agricole de Chinon, France Travail et le Centre de Formation Professionnelle Promotion Agricole Tours-Fondettes, seront présents pour informer sur les métiers de la vigne et du vin et les formations proposées

La Prévention routière sera également présente toute la journée

Visite guidée des Caves Painctes à 10h30, 11h30, 12h30, 15h, 16h et 17h Durée : 30 min Entrée gratuite, sur présentation du coupon remis pour l’achat d’un verre de dégustation du salon.

Informations pratiques 
« Chinon : Les vignerons dans la ville » de 10h00 à 18h30.
Promenade du Dr Mattrait, Chinon
Entrée libre
Verre de dégustation édition spéciale + visite guidée dans les des Caves Painctes = 8 € Renseignements : Syndicat des Vins de Chinon :
Tél. 02 47 93 30 44
www.chinon.com 

L’AOC Chinon est également sur Facebook et sur Instagram

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Apprendre à toucher le vin

Les ateliers des Printemps de Châteauneuf-du-Pape offrent tous les spectres de la dégustation. L’occasion pour les amateurs et professionnels de savourer les propos d’éminences grises. Exemple avec « le toucher du vin » par Georges Truc.

Une question sur l’ère tertiaire de la Vallée du Rhône ? Une coupe pédologique à décrypter L’oenogéologue Georges Truc est votre homme. L’ancien universitaire enseignant-chercheur, né à Visan, est un casseur de cailloux qui fait parler les pierres. Protéiforme, il se pique de dégustation géosensorielle afin de « décrypter les liens qui unissent la terre, le cep, les raisins et le vin ». Pour cet exercice grandeur nature, un kit didactique composé d’un cercle chromatique, de différentes formes géométriques, d’un taste-vin et d’un bandeau permettait d’appréhender les sept cuvées de l’AOC Châteauneuf-du-Pape rouge servies et présentées par leurs vigneronnes et vignerons respectifs.

Deux heures ne suffisent pas pour percevoir toutes les subtilités de la notion de terroir et de la dégustation intuitive. Il faut laisser de côté ses bases. Ne pas humer le vin, ne pas l’aérer en bouche, mais au contraire le mâcher pour activer la salivation. La dégustation géo-sensorielle privilégie les aspects tactiles et met en second plan l’olfaction. On s’attache ici à la sensation de luminosité : vin chaud ou froid, à la texture, la consistance, la souplesse, en exprimant la granulométrie des tanins, leur angulosité ou rondeur, la minéralité ou la salinité, par exemple. Utiliser un bandeau pour s’extraire de toute influence extérieure ou d’un taste-vin, replace au centre les perceptions. Cet objet désuet, à la conception savante (godrons, cupules, ombilic) conçus par des gourmets (corporation qui organisait le commerce du vin) active la dimension tactile et la rétro-olfaction, tout en permettant d’apprécier la robe du vin. La dégustation de quatre bruts de cuve 2023, 100 % grenache, de quatre secteurs différents étaient là pour corroborer les propos. Terroirs de grès et rugosité, terroirs de sables et finesse aérienne, terroirs de galets de quartzite et velours sphérique… Autant de subtilités venant parfaire caractère et personnalité de chaque cuvée. Décidément, la dégustation a encore bien des subtilités à nous offrir.

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Vign’Art : quand le land art réinvente la Champagne

Pour sa cinquième édition, le festival de landart organisé au sein du vignoble de Champagne a reçu 150 candidatures, 19 ont été retenues, les oeuvres se répartissent sur 16 communes que vous pourrez découvrir pendant toute la belle saison au gré de vos escapades, entre deux coupes de champagne et quelques belles rencontres avec des vignerons.

Qu’est-ce que le landart? Des oeuvres contemporaines dont le dénominateur commun est d’utiliser le plus souvent des matériaux naturels, d’être exposées à l’extérieur, en pleine nature, et d’être des créations éphémères. Or le champagne n’est-il pas lui aussi l’art du naturel et de l’éphémère? Fruit de la nature et de plusieurs années de travail en cave, voici qu’en une gorgée, sitôt après nous avoir fait connaître le sublime, il retourne au néant… Tout cela avait de quoi évidemment inspirer les artistes venus cette année encore monter leurs oeuvres dans le vignoble à l’occasion du festival Vign’Art qui s’est ouvert aujourd’hui dans le Parc de la Maison Gosset. On y découvrira un mobile en acier inoxydable, un matériau fort prisé des Champenois pour construire leurs cuves. L’ensemble créé par Gilles Gabry et Sébastien Fargueta représente une mésange posée sur une feuille de chardonnay. Les deux piliers de la Champagne que sont l’univers des vignes et celui des caves, le monde des vignerons qui cultive le raisin et celui des maisons qui les vinifient, sont ainsi réunis en une seule sculpture, un beau symbole ! On se régale bien-sûr aussi du délicieux jeu de mots que sous entend le titre « la mésange et le chardonnay » qui joue sur la presque homonymie entre le cépage chardonnay et le nom d’oiseau « chardonneret ». Ce dernier n’est autre que le deuxième nom de la mésange charbonnière.

Chez Bollinger, c’est le relooking d’une loge de vignes que l’on a confié à Antoine Janot. Vestiges des pratiques d’antan, les loges nous racontent déjà en elles-mêmes toute une histoire, elles sont le témoignage de cette époque « où les machines n’avaient pas encore transformé le monde agricole » et où le vigneron qui partait cultiver sa vigne, faute de moyen de transport rapide, devait y rester déjeuner. Tel était l’objet de ces abris de fortune, qui font depuis toujours partie du paysage du Champagne et de ce fait du classement au patrimoine mondial. Recouverte d’une peinture miroir, la loge de Bollinger exprime cette parfaite intégration au vignoble, puisque grâce à la technique de l’artiste, il reflète désormais cet environnement sur toutes ses facettes.

Avec Catherine Baas à Monthelon, on découvre une oeuvre qui plaira sans aucun doute aux vignerons passionnés de permaculture et de biodynamie. Elle met en effet en lumière que les différentes plantes ne sont pas des individus séparés, mais qu’elles communiquent entre elles, forment un sytème, avec des interactions. L’installation proposée vous invite ainsi à prendre place entre deux arbres que l’artiste a reliés, pour mieux méditer la nature de leur coexistence, tout en nous rappelant que nous aussi sommes connectés à cette société végétale, nous en sommes membres et nous ne pouvons pas simplement considérer les végétaux comme des objets extérieurs et les traiter comme tels. Quelques sphères suspendues dans les arbres rappellent enfin les raisins devenus bulles et leur balai ascensionnel onirique.

La vigne est une liane et le spectacle de ses courbes, de la manière dont elle s’enroule le long des rangs tirés de fils bien tendus et droits n’est pas sans rappeler la façon dont l’écriture s’étale en mille figures courbes sur les lignes d’un cahier. C’est ce qu’évoque « Amplitude », la sculpture créée par Xavier Rèche à Cramant tout contre une loge de vignes. « Une liane démesurée de bois et de fils d’acier, sinueuse et chantournée comme certains motifs d’enluminures médiévales, s’enracine au promontoire du Belvédère. Sa forme fait corps avec les mouvements souples et ondoyants des coteaux où s’enroulent secrètement les petites spirales des vrilles.« 

Ce ne sont là que quelques échantillons des merveilles du festival. Mais les autres valent tout autant le coup d’oeil. En voici la liste: « L’éveillé » de Fred Martin au Château Perrier à Epernay, « Arbres secrets » de Caroline Léger à Mardeuil, « Les hommes outils » de Lionel Tonda, à Pierry, « Théière de Babel » de Tracey Sough et Adam Varley à Chouilly, « Epanouie » de Haomin Chang à Plivot, « Sonorisation naturelle du Parc Vie » de Jean Saint-Clair à Avize, « Toutes voiles dehors » d’Eric Junod à Verzenay, « Pavillon for Picnic » de Jette Mellgren à Chigny-les-Roses, « Torus » d’Elparo à Rilly-la-Montagne.


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Maison Joseph Drouhin : pour une Bourgogne pérenne et accueillante

Baisse de 15% des prix, l’arrivée du millésime 2022 et l’ouverture au public de La Folie du Vougeot offrant une expérience oenotouristique hors du commun, la Maison Joseph Drouhin œuvre pour une Bourgogne pérenne et accueillante : action !

Un puissant esprit de famille anime cette grande Maison bourguignonne. Cela contribue sans doute à sa volonté d’être un moteur et un modèle par ses initiatives au service de la pérennité des vins de Bourgogne et de l’image offerte aux visiteurs. Rester attractif aux yeux du monde et enrichir de nouvelles offres vont ainsi de pair.

Fière de son passé, la Maison Drouhin a à cœur d’en transmettre les vestiges et les joyaux.
L’ouverture au public des caves historiques d’un hectare, au cœur de Beaune fait traverser des siècles d’histoire, du castrum à la collégiale Notre-dame du XIIIe siècle, des Ducs de Bourgogne aux Rois de France sans oublier l’histoire familiale. Les caves hébergeant une collection impressionnante de vieux millésimes (environ 1000 références depuis 1959) ainsi que les fûts en cours d’élevage. La conservation de bouteilles, témoins de chaque millésime, a débuté avec Robert, père de Frédéric, l’actuel directeur de la Maison qui souhaite « offrir aux jeunes l’expérience des vieux millésimes » ; la transmission se vit ici en actes. Cette histoire est entretenue, en témoigne l’usage régulier du pressoir à perroquet du XVIe siècle, qui, outre l’aspect folklorique, a offert des qualités gustatives inédites au vin. Cette histoire s’écrit aussi aujourd’hui avec des visites/dégustations quotidiennes et sur mesure qui se terminent depuis 2012 à la boutique rue d’Enfer où se côtoient les cuvées de Bourgogne ou d’Oregon.

Saint-Romain, nouveauté de la Maison
L’acquisition en 2023 de 7 hectares dans ce village du Sud de la Côte est pleine de promesses. Ses vignes en altitude bénéficient d’un climat plus frais, apte à répondre aux caprices météorologiques. La dégustation du Saint-Romain 2022 (issu du négoce) est une des belles surprises : fraîcheur, bon amer et finale saline rehaussent avec brio la réputation de cette appellation parfois considérée comme secondaire. En blanc comme en rouge, les cuvées réputées de la Maison dont le fameux Clos des Mouches allient une belle fraîcheur malgré le millésime chaud, de la puissance contenue, une grande délicatesse et surtout des personnalités variées.

Rendre la Bourgogne plus accueillante, cela vaut bien une Folie !
Les portes ne sont pas toujours ouvertes en Bourgogne, et en cela dessert quelque peu l’image de la région. Les offres touristiques au plus près des vignes ne surabondent guère. La Maison Drouhin apporte là aussi sa pierre à l’édifice. Après l’ouverture de La Maison 1896 (qui jouxte sa maison) à Beaune l’été dernier, c’est à présent au cœur du Clos Vougeot que les Drouhin investissent et innovent. La Folie de Vougeot propose une expérience totalement inédite et atypique et sur mesure au milieu d’un grand cru. À la carte, il sera possible de louer les lieux le temps d’une dégustation (que rêver de mieux pour déguster un Clos-Vougeot ?) ou d’un repas (pour douze maximum) ou d’y passer une ou plusieurs nuits dans cette niche dorée qui a incontestablement la vue la plus fantastique sur l’ensemble des vignes du grand cru grâce à sa charmante terrasse circulaire. Après un an de travaux, cette merveille architecturale héritée de la fin du XIXe siècle, qui se nommait « châtelet de Vougeot » et dont les propriétaires avaient fait un lieu de villégiature privilégié et intime, retrouve son éclat. C’est un trio de passionnés qui a rendu la chose possible. Ayant à cœur la préservation du patrimoine viticole bourguignon, ils n’ont pas supporté de voir ce « chalet » tomber en ruine. Magnifiquement restaurée, ornée de meubles et d’objets Art Nouveau, d’un charme romantique absolu, gageons que ce site si particulier saura attirer les amateurs de Musigny, Amoureuses, Grand-Echezeaux, Clos-Vougeot et autres grands vins de Bourgogne. Les chapitres de la Confrérie voisine comme la centaine de propriétaires du Clos-Vougeot joueront peut-être quelques portées de cette partition…

Serge Chapuis

Serge Chapuis


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La renaissance de la Mandarine Napoléon

La Mandarine Napoléon en a ras le bicorne des légendes et veut que l’on s’intéresse davantage à sa recette, inchangée depuis 1892. Elle profite de la nouvelle dynamique des liqueurs pour relifter sa bouteille et changer de stratégie en France, son marché principal.

Antoine-François Fourcroy, chimiste et comte d’empire sous Napoléon Bonaparte aurait imaginé la recette d’origine après avoir constaté que l’Empereur aimait faire macérer dans du cognac des mandarines, fruits importés en France à partir du début du XIXe. L’ingénieur se serait inspiré de cette habitude pour créer sa propre liqueur à base de mandarines d’Andalousie et d’eaux-de-vie. Perdue puis retrouvée par la famille Fourcroy, la recette de ce spiritueux baptisé Mandarine Napoléon mais également appelée Grande Liqueur Impériale, est recréée par l’ingénieur chimiste belge Louis Schmidt. Il affiche alors un bicorne napoléonien sur l’étiquette apposée sur une bouteille haute gravée rappelant l’écorce des agrumes. 

De Fourcroy à De Kuyper
Les Fourcroy transmettent la recette au fil du XXe siècle jusqu’à ce que l’entreprise belge, également propriétaire du Domaine Napoléon abritant un musée de la Liqueur, ne soit rachetée par le groupe néerlandais De Kuyper en 2009. La liqueur a 38. % vol. est alors surtout distribuée en Belgique et en France, un peu aux Etats-Unis. Ici, elle est longtemps distribuée par Rothschild France Distribution (RFD) devenu Campari France Distribution jusqu’à ce que le propriétaire néerlandais ne la confie, début 2021, en exclusivité au distributeur cognaçais Major ISD. « La liqueur était très présente en GD et en CHR, en particulier dans le quart Nord Est de l’Hexagone mais De Kuyper connu pour ses liqueurs voulait la pousser davantage en CHR, explique Aline Chaigne, directrice marketing de Major. De surcroît, lorsque Campari a racheté Grand Marnier, il n’était plus pertinent de garder deux produits similaires dans leur portefeuille ».

La Mandarine Napoléon est historiquement consommée en digestif et utilisée en cuisine, notamment en accompagnement des crêpes mais aussi en gastronomie avec une appétence croissante des chefs. « Elle se boit également en cocktails, en particulier en side-car et surtout en margarita, comme la plupart des triple secs, précise Kevin Galiindo, brand manager. Cointreau et Grand Marnier jouaient déjà sur ce cocktail mais peu de consommateurs ont de la tequila chez eux et la tendance est plutôt aux long drinks facilement reproductibles et moins chers qu’avec plusieurs spiritueux ». D’où la création par le mixologue de l’équipe de Guillaume Verger d’une recette plus accessible. Ce sera une boisson à base de Mandarine Impériale allongée de ginger ale et d’un trait de citron vert. Depuis deux ans, Major, surfant sur l’explosion des liqueurs, la seule en croissance en 2023, a lancé des actions commandos quatre soirs par an. Le distributeur mobilise sur une ville sa force commerciale de 25 personnes aux couleurs de la Mandarine Napoléon pour faire la tournée d’établissements avec de belles terrasses et faire goûter le cocktail aux consommateurs. Une carte avec d’autres cocktails classiques retwistés est proposée aux bars.

Un recentrage vers les bars
En parallèle, la marque tente de séduire à nouveau les barmen mais la nouvelle génération de mixologues aime savoir ce qu’elle boit. On communique donc davantage sur les ingrédients (des mandarines de Sicile infusées dans du cognac avec des épices tels que la noix de muscade, la cannelle, le clou de girofle, la cardamome). Le quartier de mandarine vient remplacer le bicorne. Major estime que la belle endormie ne demande qu’à être plus visible. « La bouteille gravée orange avait toujours une belle notoriété et même si les consommateurs ne se rappelaient pas forcément du goût, ils se souvenaient l’avoir souvent vue chez les grands-parents » précise Kevin Galindo. De Kuyper a donc choisi de la moderniser avec un nouveau design sans changer la recette ni le verre écorce gravé. La marque a par ailleurs été repositionnée au bon tarif (19,90€) en GMS où elle avait été dévalorisée par de nombreuses promos prix, souvent sous la barre des 15€. Cette mécanique promotionnelle a été remplacée sur ce circuit par une offre de coffret en édition limitée avec un verre. « Ce changement global de stratégie a fait passer la liqueur impériale en trois ans de 115-120 000 cols à 150 000 et avec une croissance toujours à deux chiffres depuis le début de l’année, nous devrions rapidement atteindre les 180 000 » estime Aline Chaigne. La Mandarine Napoléon entend ainsi se faire une véritable place au soleil d’Austerlitz des liqueurs.

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