Rhône: Olivier & Lafont, le négoce façon amicalement votre

Œnologues, Gérald Lafont et Baptiste Olivier ont créé leur petite maison de négoce sur la rive droite du Rhône. Une association amicale qui a débouché sur une belle aventure internationale.

L’un est originaire de Saint Laurent des Arbres dans le Gard, l’autre de Léognan dans le Bordelais. Tous deux diplômés en œnologie à Montpellier, ils ont forgé leur expérience dans différents domaines, ou maisons de négoce, en France et à l’étranger. C’est à l’ICV de Beaumes-de-Venise, où ils étaient tous deux employés, que la rencontre a eu lieu. Des valeurs communes, l’envie d’élargir leurs horizons, couplées à une belle amitié ont donné une nouvelle orientation à leur métier et leur avenir.

Gérald et Baptiste sont complémentaires. Immergés dans la vallée du Rhône, avec leur activité de consulting en œnologie, ils ont construit leur réseau. De Châteauneuf du Pape, Lirac, Tavel jusqu’à Crozes-Hermitage ou Cornas, en débordant sur le Languedoc et la Provence, le duo signe de belles cuvées pour de grands domaines et de petits vignerons.

Quand un importateur américain leur demande un lot de Côtes du Rhône, le sourcing a été aisé. L’envie de se diversifier, d’avoir un peu plus d’autonomie fait son chemin. L’envol  de la Maison de négoce Olivier & Lafont a lieu en 2011.

La gamme se construit peu à peu, au fil des nouvelles rencontres et sollicitations. Des Côtes du Rhône, rouge et blanc et des crus sont commercialisés, principalement à l’export, aux USA et en Europe du Nord. Prochaine étape, élargir le sourcing certifié bio, en maîtrisant la qualité. « Notre force et notre plaisir », assure Gérald Lafont.

Terre de Vins a aimé

Côtes du Rhône blanc 2021 (8,50€)

Atypique, car les senteurs de fruits jaunes du viognier (à hauteur de 70 % dans l’assemblage) habituellement dominants, sont supplantés par la cire d’abeille, les notes miellées, la fleur d’acacia. C’est un séducteur au nez et en bouche, avec une attaque sur le gras, suivie d’une belle vivacité. Un tajine aux abricots secs fera un bel accord. 

Gérald Lafont est également vigneron au domaine d’Arbousset. Propriété familiale, en conversion bio, qui produit une cuvée confidentielle en appellation Lirac.

La Vigne d’Yvon, 2017 (15€), est un assemblage de 75% de grenache de 50 ans, 10% de syrah, 5% de mourvèdre, 5% de cinsault. Ces derniers sont situés sur l’immense plateau de Claretière à Lirac, un joli terroir de galets roulés, de sables et d’argiles rouges. Les arômes de crème de cassis sont exubérants à l’ouverture, moins prégnants en bouche. Sa texture est fine et soyeuse, ses tanins souples, il rayonne sur un bel élan de jeunesse. En accord parfait avec une côte de bœuf grillée, accompagnée d’une purée de pommes de terre aux truffes.

www.olivier-lafont.com

http://domainedarbousset.com

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La vertu des vins matures

Depuis bien des années, l’évolution des modes de vie a bousculé notre rapport au vin. Nous le buvons généralement très (parfois trop ?) jeune. Et pourtant, bien né, quelque soit la couleur, il peut procurer de grandes émotions après 10 ans, 20 ans et plus…

Beaucoup de gens n’ont plus de cave digne de ce nom, c’est-à-dire présentant des conditions optimales pour la conservation du vin, tant en termes de constance de température que du niveau d’hygrométrie. Cela n’était auparavant pas un vrai problème puisque les amateurs, à défaut de pouvoir conserver longtemps des bouteilles chez eux, pouvaient se faire plaisir au restaurant. Pas de chance, cette option n’est généralement plus disponible, l’immense majorité des établissements ne souhaitant plus porter la charge financière de stocks de vins en vieillissement. La course au jeunisme a encore une fois triomphé. Alors bien sûr, les vins bien produits sont bons, souvent tout en fruit, fougueux de leur jeunesse. Cela flatte les papilles, c’est énergique. Très bien. Mais aller s’aventurer parfois sur le terrain méconnu des vins qui ont un peu de bouteille révèle des émotions souvent grandes, pour le moins différentes.

Vinapogée, la célébration des vins épanouis

Pour sa 6ème édition, le salon Vinapogée se déroulait en cette mi-janvier porte Dauphine à Paris. Quelques citations discrètement affichées dans les carnets de dégustation donnaient le la : « il est urgent d’attendre ! », « Château Poujeaux 1928 n’aurait commencé à parler qu’en 1995. Et alors ? ». Sans remonter aussi loin dans le temps, une quarantaine de domaines avaient décidé de participer en suivant un principe simple : celui de présenter au public des vins dans la fleur de l’âge. L’on pourrait commencer avec les champagnes dont le potentiel de garde est immense et qui offrent, lorsqu’ils se patinent, une profondeur enthousiasmante, des arômes d’évolution de bon aloi. On pourrait d’ailleurs penser que seules les grandes cuvées vieillissent bien (excellent R.D 2002 de Bollinger, très grand Clos des Goisses 2007 en magnum de Philipponnat, éblouissant Dom Ruinart rosé 2004 en magnum…). Ce serait faire totalement fausse route. Les Bruts Sans Année, cuvée classique des maisons ou des domaines s’avèrent souvent magiques après 5 ou 10 ans de garde. Faites l’essai, vous risquez d’être surpris !

On pourrait aussi parler des vins liquoreux ou des vins doux naturels qui ont gravé dans leur ADN cette capacité à défier le temps et à attendre des sommets de complexité aromatique. Suduiraut 2001 goûte superbement mais c’est un jeunot qui ne demande qu’une chose, être oublié en cave pour quelques décennies supplémentaires. Vins blancs et rouges tranquilles ne sont pas en reste. Le Coteau des Treilles, ressuscité à la fin des années 1990 par Jo Pithon, produit ainsi des chenins splendides. Le 2012 est en pleine forme aujourd’hui, avec une bouche patinée et savoureuse. Une pointe oxydative fine et une allonge folle le rendent très charmant. Mais c’est le 2008 qui séduit encore davantage par sa droiture, sa netteté chirurgicale, ses notes florales de chèvrefeuille et de coing. Et une longueur sans fin. Alain Chabanon, grand viticulteur du Languedoc, montre aussi que ses terroirs pauvres argilo-calcaires de Montpeyroux donnent naissance à des vins parfaitement structurés et armés pour vieillir sereinement. L’Esprit de Font Caude 2005 est ainsi magnifique, avec des pointes truffées, des tanins bien souples et un soyeux de bouche admirable. Un adolescent de 16 ans épanoui et qui va continuer de grandir. On pourrait aussi citer les splendides Cahors du domaine Cosse Maisonneuve. La cuvée les laquets, plantée sur les 3ème terrasses de l’appellation, sont bâties pour la garde. Il suffit pour s’en convaincre de goûter le 2010, au fruité mûr mais d’une droiture édifiante et doté d’un équilibre évident porté par beaucoup de fraîcheur. De l’émotion, voilà ce qui caractérise tous ces vins épanouis. Pour finir de vous convaincre, quelques autres exemples : le velouté Clos Adrien 2011 de Terra Remota (superbe domaine espagnol en DO Empordà), le salin Sancerre 2013 de Vincent Gaudry, le ciselé Bourgueil Bretêche 2010 du domaine de la Chevalerie, le gracieux château Haut-Marbuzet 2012 ou bien encore le vibrant « Elise » 2014 du domaine La Terrasse d’Elise. 

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Dom Ruinart rosé 2004, meilleur champagne du monde !

Dans les concours, on s’émerveille souvent de découvrir des pépites de vignerons ignorés du public qui coiffent au poteau les grandes marques. Mais lorsqu’ils confirment des notoriétés anciennes, cela a aussi quelque chose de rassurant. C’est le cas cette année pour le Champagne & Sparkling Wine World Championships qui a décerné le titre de meilleur champagne du monde au magnum Dom Ruinart rosé 2004.

Terre de vins dans sa sélection de Juillet avait attribué un coup de cœur au Dom Ruinart rosé 2007. La revue n’est pas la seule à apprécier cette cuvée… Le magnum de Dom Ruinart rosé 2004 vient d’être couronné meilleur champagne du monde par le Champagne & Sparkling Wine World Championships, un concours qui voit s’affronter plus de 3000 vins effervescents. Créé par le critique britannique Tom Stevenson, le jury réunit à ses côtés le hongrois Georges Markus et la finlandaise Essi Avelan. La dégustation se fait à l’aveugle, dissimulant même les bouteilles couvertes, leur forme suffisant à révéler une marque.

On notera la persistance du trio dans ses goûts : l’année dernière, c’était déjà un magnum de rosé 2004 qui avait emporté les cœurs (un flacon de Cristal Roederer). Frédéric Panaiotis, le chef de caves de la Maison Ruinart, nous en dit plus sur les caractéristiques du nouveau champion. « Ce sont des vins que je trouve aujourd’hui encore très élégants. Au départ, beaucoup de spécialistes ont plutôt misé sur 2002 pour devenir le grand millésime des années 2000. Or 2004 a un raffinement qui sied bien au champagne et à Dom Ruinart en particulier. On est sur des vins avec davantage de tension. Je ne dirais pas qu’ils sont légers parce qu’il y a une véritable intensité aromatique, mais la texture fait penser à du taffetas. La vendange avait été généreuse par opposition à 2003. Les Champenois savent que les années abondantes ne sont pas les moins bonnes, ce qui est différent pour les vins tranquilles et en particulier les rouges. 1982, 1983 ou 2018 qui sont de grands millésimes correspondent à de grosses vendanges. Ce volume donne aussi plus de choix et permet d’être encore plus sélectif lors de l’assemblage, tout en sachant que Dom Ruinart représente au maximum 2 % du tirage. »

La cuvée incorpore 19 % de pinots noirs de Sillery, des vieilles vignes depuis arrachées. « Pour produire du vin rouge, l’ancienneté des ceps permet d’avoir davantage de concentration ce qui est encore plus précieux sur une année comme 2004 à fort rendement. Cela donne plus de couleur mais aussi de chair. Nous vinifions à la Bourguignonne avec une macération d’une dizaine de jours. »

Côté chardonnay, c’est un heureux mariage des grands crus la Côte des blancs (Avize, Cramant, le Mesnil) et de la Montagne (Sillery, Puisieulx). « Si on devait faire une comparaison avec la Bourgogne, la Côte des Blancs ce serait plutôt Meursault, Chassagne, Puligny, avec parfois un peu de Chablis au Mesnil. En revanche, sur la Montagne de Reims, je trouve qu’on a un peu moins d’élégance mais plus de puissance, de structure, de sève et j’assimilerais ces chardonnays au Corton-Charlemagne, ou au Beaune blanc qui sont un peu moins fins mais qui ont une allonge vraiment intéressante. Les deux sont donc très complémentaires. »

Un grand champagne mérite un accord recherché. Grâce au format magnum, le vin a conservé beaucoup de jeunesse et de fruit. Certes, il commence à prendre des arômes tertiaires avec de belles épices, mais sans atteindre le stade « truffe » des très vieilles cuvées. « Notre cheffe Valérie Radou travaille sur une pintade basse température, à la sauce champagne et au sumac. Cette viande fondante a en même temps beaucoup de finesse. Je pense qu’il faudra laisser le vin vieillir davantage pour aller jusqu’à la tourte au faisan et aux ceps. Si on souhaite un plat végétarien, pourquoi pas un risotto à la betterave, l’idée étant d’aller chercher cet aspect un peu terrien dans des légumes racines ? »

Prix 600€
www.ruinart.com

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Décès de Pascal Piégay, dirigeant du domaine Amaury en Beaujolais

Pascal Piégay s’est éteint le 16 janvier, à l’âge de 57 ans, laissant derrière lui son fils Amaury, et sa compagne, Laëtitia Garand, qui l’accompagnait au domaine baptisé domaine Amaury en l’honneur de son fils, aujourd’hui sommelier aux Châteaux Emker.

C’est lui qui reprendra les rênes du domaine, situé en appellation Brouilly dans le Beaujolais, et également producteur de cuvées en Beaujolais-Villages (et Beaujolais-Villages nouveau) et Coteaux Bourguignons.

A la tête du consortium des Châteaux Emker (regroupant plusieurs domaines, dont Amaury, mais aussi le domaine de Rotschild, le domaine de Château Paradis en AOP Côtes de Provence, le domaine d’Azenay en Bourgogne et Mâcon-Villages, le domaine de La Fayette en Brouilly et le domaine de Saint-Bénézet en Costières de Nîmes), Pascal Piégay était un amoureux des terroirs et des terroirs beaujolais en particulier.

Passionné du vin depuis son adolescence, il n’a cessé de les travailler et les mettre en valeur, présentant ses cuvées lors de chaque édition de Lyon Tasting. Il s’est également formé sur les spécificités de la vinification bourguignonne afin d’élargir son panel de savoirs et de savoir-faire.

Son engagement et son investissement ont été récompensés par une médaille d’or pour le Brouilly du domaine Amaury au concours de Mâcon, puis à celui de Lyon, ou encore Miami et Hong-Kong, mais aussi l’or au concours des vignerons indépendants pour sa cuvée rosé « Princesse Sarah » du Château Paradis et de nombreuses médailles pour ce même domaine sur les cuvées blanc et rosé « Ryan- Charles ».

Ces distinctions lui permettaient non de flatter son ego mais de continuellement se remettre en question, et ainsi améliorer la qualité des vins produits.

Terre de Vins présente ses sincères condoléances et ses plus chaleureuses pensées à sa famille.

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Max & Friends, la Champagne autrement

Sa sincérité est désarmante, Maxime Renault, ancien ouvrier viticole, rêve depuis son enfance de produire ses propres cuvées. Ses quelques ares ne suffisent guère, alors il a trouvé trois amis pour se lancer dans une aventure plus collective autour de la marque Max & Friends, consacrée exclusivement à l’élaboration de coteaux champenois !

Maxime Renault est le fils d’un ouvrier viticole de Champillon. Dans la famille, on possède quelques ares de vignes, à Hautvillers notamment, mais pas suffisamment pour en vivre. Vinifier a toujours été un rêve de gosse. A 14 ans, il a déjà sa carte de récoltant et à 19, il réalise sa première cuvée. « J’ai fait cela dans un bidon de 10 litres. Cela a marché ! Je m’en faisais une montagne. En réalité, c’est facile. Un enfant peut élaborer du vin ! »

Pour mener ses premières expériences, il bricole le weekend dans la cave de ses grands-parents, régulièrement inondée, puis dans celle de coopératives qui le laissent vinifier à part. Le reste du temps, il est obligé d’exercer une activité salariée. « Au début, j’étais jaloux de mes amis qui avaient plus de vignes que moi. En fait, c’était une chance. Si j’étais né dans une famille avec des hectares, j’aurais été conditionné à certaines choses, je n’aurais pas pu m’exprimer librement comme aujourd’hui ». Maxime voyage. Il rencontre des vignerons qui l’inspirent comme Pierre Overnoy « Quelle pureté ! S’il y en a un qui sait ce que c’est que la vinification naturelle, c’est lui ! ». Il passe par la viticulture bio, puis biodynamique, pour finalement abandonner ces deux approches. « La biodynamie enferme, ce sont des pratiques vieilles d’un siècle qui n’ont pas bougé. Tout change, la vie change ! Cela m’empêchait d’être moi-même. On dit que l’humain est important, pourtant on laisse presque passer la nature avant l’humain. C’est ce que j’ai fait, mais c’était lié à mon manque d’amour et d’estime personnelle ».

Maxime dénonce aussi la course aux logos, et cette hiérarchie ridicule, avec tout en bas les conventionnels, ensuite les HVE, les bios et enfin les biodynamistes, convaincus d’être au-dessus de tout le monde. Il a soif d’ouverture : « J’ai envie de ramener plein de gens dans mes vignes, des personnes qui travaillent sur la musicothérapie, des mathématiciens, des philosophes… » Il se passionne aussi pour la permaculture « Entre les rangs, il y a des fraises, c’est un vrai petit jardin où j’essaie de recréer un écosystème, qu’il y ait une harmonie, des oiseaux, des fleurs, de la vie ! Si je n’avais pas été vigneron, j’aurais été paysagiste. Le vin ne se fait pas à la cave, mais à la vigne. Avant d’être un grand vinificateur, il faut être un grand vigneron, et avant d’être un grand vigneron, il faut avoir un grand cœur ! »

S’il essaie d’abord de lancer ses propres vins seul, il lui apparaît rapidement que l’aventure pour être un succès ne peut être que collective. D’où la création de Max & friends il y a deux ans, qui compte aujourd’hui quatre associés : Maxime, Cyrille Taczynski, vidéaste, Virgile Lacroix et Julie Marano, co-gérants de l’Agence Cideo. Grâce à cette structure commune, il réunit un domaine viticole plus important (1ha80) et le matériel de vinification installé dans une ferme à Romery.

L’originalité de cette nouvelle marque ? Elle ne produit que des coteaux champenois. « Ce sont des vins que l’on ne peut pas maquiller. Avec le champagne, la prise de mousse transforme le vin, sans parler de la liqueur. Je voulais élaborer des vins qui soient les plus purs possibles, les plus proches du jus de raisin ». De fait, l’approche est très peu interventionniste : levures indigènes, zéro sulfite… « Le seul produit que vous trouverez dans notre cave, c’est du savon bio pour la nettoyer ». Le rouge 2020, de très belle facture, ne présente aucune déviance. C’est un vin vif, avec des arômes de cassis, de cerise cuite et de tabac. Il devrait sortir sur le marché dans les prochains mois…

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Trois jeunes cavistes récompensés à l’Elysée

Ces étoiles montantes de la profession ont été distingués mercredi 12 janvier à Paris, à l’occasion de la 9e édition des Trophées des Rabelais des Jeunes Talents de la gastronomie 2021, organisés par la Confédération Générale de l’Alimentation en Détail (CGAD)

Ils s’appellent Marc Pottier (Cave Henri IV à Argentan), Eva Huguenotte (Conroy Vins et Spiritueux à Annemasse), Léa Perret (Nicolas à Lyon). Ces trois cavistes figuraient fièrement aux côtés de 32 autres talents primés lors des « Rabelais des Jeunes Talents de la gastronomie », compétition visant à « promouvoir l’apprentissage et les métiers de l’artisanat et du commerce alimentaire de proximité ». Agés de 17 à 26 ans, les lauréats, représentant treize métiers de la gastronomie française (boucher, boulanger, brasseur, caviste, charcutier-traiteur, chocolatier, épicier, crémier-fromager, glacier, pâtissier, poissonnier, primeur et cuisinier-serveur), ont reçu leur trophée des mains d’Emmanuel Macron, président de la république, en présence des ministres Elisabeth Borne et Jean-Baptiste Lemoyne, et de la Secrétaire d’Etat Nathalie Elimas. « Ce sont des métiers d’engagement, de passion, de transmission qui font le socle de notre nation et dont il faut être fier » a salué le chef de l’Etat.

Le futur de la gastronomie française

Orchestrée depuis 2012 par la Confédération Générale de l’Alimentation en Détail (CGAD) (organisation qui rassemble l’ensemble des métiers de l’artisanat, du commerce alimentaire de proximité et de l’hôtellerie restauration, soit plus de 415 000 entreprises alimentaires de proximité), cette cérémonie a auréolé depuis sa création 253 talents. Ces jeunes professionnels se sont distingués dans leurs métiers respectifs, à travers différents examens et concours organisés au sein de leur interprofession. C’est notamment le cas des trois titrés dans la catégorie « Caviste 2021 ». Ils ont été sélectionnés par les membres du conseil d’administration du Syndicat des cavistes professionnels (groupement qui réunit à la fois des cavistes indépendants et de chaînes, créateur du Concours du Meilleur caviste de France), pour s’être démarqués en 2020 par leur charisme et leur prestance lors de cette compétition.

La remise de prix a été ponctuée par une visite de la cave de l’Elysée, en présence de la sommelière des lieux, Virginie Routis.

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Médoc: La Tour Carnet va dépasser les 200 hectares

Bernard Magrez, le propriétaire du Grand Cru Classé 1855 La Tour Carnet, vient de faire une nouvelle acquisition de 45 hectares en Haut-Médoc pouvant – potentiellement – faire monter la taille du vignoble à au moins 225 hectares. Loin devant tous les autres…

Ce fut le signé le 10 janvier dernier. La famille Nony vient de vendre les Châteaux Caronne-Sainte-Gemme et Labat en Haut-Médoc à Bernard Magrez via son Château La Tour Carnet. Ce Grand Cru Classé 1855 étant en appellation Haut-Médoc (avec Belgrave, Cantemerle, La Lagune et Camensac), les 45 hectares pourraient être intégrés à La Tour Carnet. Il faut rappeler que le classement 1855 n’est pas un classement de vignoble mais de marque. Ainsi, moyennant des acquisitions dans la même appellation que le Grand Cru Classé, il est tout à fait possible de s’agrandir. En cela, être en appellation Haut-Médoc est une aubaine, eu égard au prix du foncier et à la disponibilité dans les appellations communales de Pauillac, Margaux, Saint-Julien ou encore Saint-Estèphe. À cette stratégie-là, Bernard Magrez est le plus fort. Avant cette acquisition, le vignoble de La Tour Carnet avoisinait les 180 hectares, le voici potentiellement à 225. Parmi les autres Grands Crus Classés 1855 viennent loin derrière les Châteaux Lascombes, Lafite-Rothschild et Lagrange qui tutoient les 120 hectares. Par ailleurs, énormément de marques classées approchent ou dépassent les 100 hectares, (Latour, Lynch Bages, Cos d’Estournel, la Lagune, Montrose, Talbot…). La moyenne des 60 Grands Crus Classés 1855 médocains étant de 70 hectares !

Il reste à connaître le devenir des 45 hectares de la famille Nony. Le Château Caronne Sainte-Gemme en comptait 38 et Labat 7. Les marques sont-elles amenées à disparaître ? La proximité des vignobles avec La Tour Carnet va-t-elle simplement opérer une répartition qualitative ? Aucune des deux parties ne souhaitent pour l’instant s’exprimer sur cette opération.

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Anthony Barton, un exemple au quotidien

Au lendemain du départ d’Anthony Barton, les témoignages pleuvent sur Saint-Julien. C’est une figure médocaine qui s’en va, plus encore une leçon de savoir-vivre.

Depuis ce mardi 18 janvier 2022, un silence étrange enveloppe le Médoc : Anthony Barton est mort. C’est un territoire, une profession, un univers qui est en deuil. Descendant d’une grande lignée de négociant et de propriétaire, il laisse le souvenir d’un homme sympathique et élégant. Son petit-fils, Damien Sartorius-Barton, fut un témoin privilégié : « Je retiens tellement de choses, une ouverture d’esprit assez unique, un grand orateur, beaucoup de charme de d’humour, tout l’inverse de l’égocentré, toujours porté sur les autres, un exemple pour moi au quotidien, dans notre malheur, nous avons la chance d’avoir tous été là pour son dernier souffle, chez lui. Il a eu une vie extraordinaire, il n’était pas destiné à venir vivre ici, éconduit de Cambridge, il est venu à Bordeaux pour travailler avec son oncle qui n’avait pas d’enfants, c’est drôle, quand on sait la carrière qui va suivre ». Le plus irlandais des Médocains rattrape à lui seul l’histoire des Grands Crus Classés 1855. Le propriétaire des Châteaux Léoville-Barton et Langoa-Barton en fut l’esprit avec tout le professionnalisme et la modestie que ça requiert. « C’était un véritable ami, avec qui j’ai entretenu des relations de confiance pendant près de 40 ans, nous avons beaucoup voyagé ensemble, il avait une connaissance intime de la culture du vin et j’aimais son élégance, sa finesse, son humour », confie Jean-Michel Cazes. De son côté, May-Éliane de Lencquesaing, l’ancienne propriétaire du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, conserve aussi un précieux souvenir du défunt : « Anthony Barton nous quitte mais il restera le symbole de la présence irlandaise en Médoc par son élégance et celle de ses vins, par l’harmonie de sa rigueur professionnelle et de sa bienveillance. Il restera une grande figure du monde des vins de Bordeaux ». On retrouve cette estime dans les mots de Philippe Casteja, propriétaire et négociant, mais également président du Conseil des Grands Crus Classés 1855, qui a travaillé à ses côtés : « Il fut un temps vice-président du Conseil et je peux dire que c’était un homme formidable, un ami, un homme engagé et très droit, je suis très triste de sa disparition », souligne-t-il. Anthony Barton marchait sur sa quatre-vingt-douzième année. Ce 18 janvier, un peu de presqu’île fut emportée dans les remous de l’estuaire.

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[Saga Barton] Gentleman Farmer

En 1951, Anthony Barton, qui n’a que 21 ans, quitte son Irlande natale pour Bordeaux. Soixante ans plus tard et après des débuts sans le sou, il est à la tête de deux des onze crus classés de St-Julien – Léoville-Barton et Langoa-Barton -, perpétuant ainsi trois siècles d’histoire.

Terre de vins continue de rendre hommage à Anthony Barton, décédé mercredi à l’âge de 91 ans, en rediffusant la Saga que nous consacrions à sa famille en janvier 2012.

Ses cheveux tirés en arrière, son regard bleu et son élégance « so british » auraient pu attirer l’œil des cinéastes des années 1950. Seulement, Anthony Barton a pris une autre voie, un autre bois. À celui horizontal des scènes, il a préféré les courbes du chêne. Celui des douelles. Des chais et de leurs éclairages minimalistes. Bien lui en a pris. Alors que les places sont chères pour figurer au générique du « Ocean’s Eleven du Médoc » avec seulement onze crus classés à Saint-Julien, son portefeuille en aligne deux. Et non des moindres. Un second : Léoville-Barton. Et un troisième : Langoa. Un duo que les Barton possèdent depuis les années… 1820. Une exception, donc, qui inciterait même le plus mal élevé des fantômes à aller grincer du plancher ailleurs.
En effet, alors qu’à minuit sonné, il n’y a plus âme qui vive dans la plupart des grands crus de l’appellation, à Léoville-Barton rien de tel. Ici, les ectoplasmes sont priés de mettre une sourdine à leurs soupirs. N’en déplaise d’ailleurs aux très nombreux ancêtres des Barton dont la généalogie s’étire jusqu’au XVIIe siècle, se noyant dans les soubresauts du royaume d’Angleterre, leur patrie d’origine. Du moins jusqu’à ce que ces bossus du commerce ne se dispersent…

Mais pour l’heure, le château est habité. Jour et nuit. En dépit de cette tendance qui voit nombre de propriétaires de 1855 installer leurs pénates à Bordeaux. Avec la famille Borie, de Ducru-Beaucaillou, autre second cru classé de Saint-Julien, les Barton sont les derniers à vivre en permanence ici. Un enracinement qui ne saurait toutefois se résumer au seul cadre de cette chartreuse unique et de son superbe jardin gardé d’un bec de fer par un redoutable couple de cygnes. Derrière, affleure surtout le fruit d’un parcours parsemé d’embuches. Une trajectoire qui, en janvier 1951, a vu un jeune homme de 21 ans quitter son Irlande natale pour rejoindre Bordeaux et tenter sa chance dans le vin au côté de son oncle Ronald.

Mauvais souvenirs

Toutefois, si aujourd’hui Anthony Barton se féliciterait presque chaque jour d’avoir fait ce pari, il n’est pas prêt d’oublier ses premiers pas dans cette France de la IVe République et de son président Vincent Auriol. Car avant de profiter du confort d’une berline avec chauffeur et de voyager à bord des avions privés de la très select compagnie Net Jet, il a d’abord eu comme premier véhicule de ses ambitions une magnifique… galère. De ses débuts, il le dit volontiers : « Je n’étais pas heureux. Ce n’est pas un très bon souvenir. Je ne parlais pas français. J’ai eu du mal à m’installer. » Surtout qu’il ne rejoint pas le château Léoville-Barton, déjà propriété de son oncle, mais la maison de négoce Barton et Guestier dont Ronald possède 50 % des parts.
« J’ai dit à mon oncle qu’étant élevé à la campagne, dans une ferme, j’aurais préféré m’occuper de la propriété plutôt que de m’enfermer dans un bureau sombre à Bordeaux. » Peine perdue : « Tu peux oublier ça tout de suite, m’a-t-il rétorqué, parce qu’à Bordeaux on a des chances de gagner de l’argent alors qu’à la propriété on en perd tous les ans. » Là encore, précaution inutile. « J’ai passé deux ans sans toucher de salaire. Rien. J’avais un petit héritage de ma grand-mère, mais ce n’était pas suffisant. »
Trois ans plus tard, une première éclaircie se dessine néanmoins. Anthony Barton rencontre Eva, une jeune Danoise venue apprendre le français à Bordeaux. Mais alors qu’il commence à faire son chemin dans le négoce – et dans le mariage – la parenthèse Barton et Guestier se referme douloureusement avec son rachat par Seagram : « Au début, raconte-t-il, ils disent toujours : “Vous connaissez le métier, nous allons vous financer, ne vous inquiétez pas.” Mais de plus en plus, ils ont mis le nez dans nos affaires. »

Quatre ans plus tard, l’affaire est entendue. Seagram devient majoritaire. « Et leur première réaction a été de mettre la famille à la porte. » Si son oncle résiste, Anthony Barton fait partie des fusibles. « Comme j’étais plus jeune, ils m’ont remercié – c’est une expression que j’aime beaucoup en français – mais avec un coup de pied dans les fesses… »
La politesse encaissée, il hésite sur son avenir. Rentrer au pays ou s’accrocher ? Il décide de rester et ouvre sa maison de négoce Les Vins fins Anthony Barton. Nous sommes en 1968, il a 38 ans. « Je suis parti de rien. Je n’avais pas de capitaux. » Son banquier a le nez creux : la nouvelle maison Barton devient une référence.

Anthony Barton

De petits mensonges

Rétrospectivement, il valait mieux. Car ce n’est que quinze ans plus tard, en 1983, qu’il prend les rênes de Léoville-Barton et de Langoa. Mais toujours sous l’autorité de cet oncle Picsou. « Même là, je ne touchais pas de revenus de la propriété, en quelque sorte j’avais la nue-propriété mais pas l’usufruit. » Un modus operandi dont il s’accommode toutefois en forçant le destin via de petits mensonges : « On s’est toujours bien entendus, reconnaît-il. Mais quand j’ai voulu qu’il installe un nouveau fouloir-égrappoir, j’ai demandé à notre maître de chai de mentir et de dire que notre pompe était en panne et irréparable. » Ronald Barton n’y voit que du feu. Et achète l’appareil. « Mais le premier jour des vendanges, sourit Anthony Barton, on a eu du mal à le mettre en marche. Je me rappelle que mon oncle était ravi… Il regardait ça avec un grand sourire. Finalement, il est reparti avec sa canne en me disant : “Je savais que tu aurais des problèmes.” » 
Résonne encore son argument massue : « J’ai fait les 45 et les 49 avec ça, disait-il, pourquoi on ne continue pas ? » Frappée au coin du bon sens et du porte-monnaie, cette remarque lui rappelle toujours cette réflexion de Michel Bettane, compagnon de route de « Terre de vins ». Lors d’un dîner à Paris où étaient servis des 45, il avait égrainé la recette miracle d’un tel millésime :  « D’abord, il faut six ans de guerre pendant lesquels la vigne est plus ou moins abandonnée, où il n’y a pas de produits pour la traiter, où il n’y a pas de vignerons pour la tailler au bon moment et, plus important, que le propriétaire ne soit pas encore démobilisé et le plus loin possible pendant les vendanges. Comme ça, on fait du grand vin… » Anthony Barton en rit encore, lui qui désormais ne s’occupe que de l’élaboration des vins. Son entreprise de négoce étant désormais entre les mains de sa fille Lilian et de son gendre Michel Sartorius.

À jamais négociant

Toutefois, malgré son recentrage sur la propriété, il n’a jamais vraiment quitté sa casquette de négociant. Une expérience qui, si on la rapproche de ses débuts difficiles, explique en partie sa politique des prix, l’une des plus atypiques du marché. Alors que la plupart des châteaux attendent les notes de Parker, où de savoir ce que décideront les voisins, lui n’attend personne : « Je suis souvent le premier à fixer mes prix. Il ne faut pas oublier que j’ai été négociant pendant longtemps. » Surtout, il ne s’est pas engagé dans cette course à la surenchère qui a vu les prix s’envoler : « J’essaie d’être raisonnable mais à long terme, si je suis convaincu que ma politique est la bonne, on peut quand même se demander si mes voisins qui touchent 20 ou 25 % de plus n’ont pas raison. » Un de ses voisins justement lui a fait cet aveu : « Bien sûr que c’est trop cher, mais quand un train passe, je monte dessus. » Une caravane qu’a donc laissée filer Anthony Barton. Préférant les mouillages solides, ce protestant, qui a toujours vécu dans un pays catholique, observe le marché avec le calme d’un chat sûr de ses griffes : « Aujourd’hui, on vend toute la récolte en une matinée. Je préfère que mes vins soient achetés par des clients qui vont les boire. Et ce qui me satisfait, c’est qu’on voit rarement des Léoville-Barton aux ventes aux enchères. Ça veut dire qu’il n’y a pas de stocks qui se promènent sur le marché. Alors que ce n’est pas le cas pour d’autres vins qui sont tout le temps en vente et qui changent de main sans être consommés. »
Et ce n’est pas la bulle chinoise qui lui fera perdre la tête : « Il ne faut pas oublier qu’en Chine, ils sont assez changeants dans leur façon de vivre. Il y a quelques années, c’était le cognac et puis il y a eu le whisky. Maintenant, ce sont les grands vins, mais est-ce que dans quelques années ce ne sera pas le saké ? On ne sait pas. »

Lilian Barton-Sartorius et Michel Sartorius

Des leçons… d’œnologie

Une certitude, Anthony Barton inspire le respect. Pierre Lurton, qui préside aux destinées d’Yquem et de Cheval Blanc, le confirme sans détour : « Avec son épouse, ce sont de grands professionnels. Ce ne sont pas des mondains, à discuter dans les salons. Ils croient à leur marque, ils sont derrière leurs bouteilles. » Et d’ajouter : « Anthony a cette classe anglaise inimitable. C’est un gentleman de la viticulture. Il fait partie de la grande histoire de Bordeaux. »

Une histoire dont il a perpétué l’héritage avec Lilian, sa fille. Elle a grandi ici, dans ce château qui, longtemps, n’a pas compté ses gouttières dans la toiture et dont les convecteurs électriques ont souvent réchauffé le chai en catastrophe. « J’ai fait mes premières vendanges à 7 ans », sourit-elle. Pourtant, il n’était pas écrit qu’elle ferait carrière dans le vin. « Ce n’était pas prévu et puis j’avais un frère », dit-elle pudiquement. Il s’appelait Thomas. Un accident de la route l’arrachera aux siens.

« Après mes études, poursuit-elle, j’ai travaillé pendant deux ans à Hong Kong dans le transport maritime. » Une page qu’elle referme lorsque son père lui demande de rejoindre son affaire de négoce. Des débuts qu’elle entame par des cours… d’œnologie. Un enseignement que suivra aussi son mari quelques années plus tard à la suite d’un très beau virage à 180 degrés. Natif de Roubaix, les grands vins lui sont en effet totalement étrangers lorsqu’il est muté à Bordeaux en 1973. « Je travaillais dans une PME qui fabriquait des pompes industrielles. Quand je suis arrivé, ici je ne connaissais personne mais j’ai toujours voulu rester dans la région. »
En 1990, cinq ans après son mariage avec Lilian Barton, Michel Sartorius se lance donc à son tour dans le vin. À 41 ans, il découvre les bancs de la faculté d’œnologie de Talence et multiplie les stages : « J’ai appris à tailler les vignes, j’ai tourné dans les bureaux de courtage. Je voulais comprendre. » À l’issue de cet apprentissage, il envoie sa candidature à Jean-Michel Cazes, le propriétaire de Lynch-Bages. « Il m’a dit d’appeler Pierre Montagnac, le directeur général de la Compagnie Médocaine des Grands Crus, où j’ai réussi à me faire embaucher. Durant sept ans, j’ai appris le vrai métier de négociant. »
Une expérience profitable. En 1989, il rejoint sa femme à bord de la maison de négoce. « Les rôles sont clairement définis », assure-t-il. Elle à l’international, lui pour le marché hexagonal. Et Anthony Barton à la propriété. Soit la constitution d’un triangle particulièrement efficient où stratégie commerciale et précision des assemblages marchent de concert.

Et dire qu’à son arrivée à Bordeaux, le jeune Anthony n’avait goût que pour la Guinness… « Mais, glisse-t-il, je ne l’apprécie plus. » L’Irlande ne lui manque pas non plus. Et ceux qui verraient en Doon, son facétieux setter irlandais, un trait d’union avec ses racines se trompent. « La propriété de mon père a été vendue et comme elle était destinée à mon frère ainé… Mais les fois où je me sens le plus Irlandais, c’est pendant les matches de rugby. Là, oui ! »

Pourtant ce lien entre l’Irlande et les Barton n’est pas totalement distendu. Il est à chercher du côté de Lilian. Bien que née au Danemark, elle revendique pleinement son passeport irlandais : « Mon mari dit toujours que je suis la seule travailleur immigrée à ne pas vouloir la nationalité française… »
Pour ses enfants, la question est en revanche réglée. Mélanie, 21 ans, et Damien, 23 ans, sont franco-irlandais. C’est d’ailleurs pour eux que leurs parents ont acheté, en 2011, le château Mauvesin à Moulis. Une propriété de 50 hectares de vignes dont la majorité en appellation Moulis. « J’aurais vraiment été triste si personne n’avait pris la suite. Mais on ne les a pas poussés », précise Lilian Barton.

Soixante ans après son arrivée sur la pointe des pieds, Anthony Barton peut donc regarder l’avenir sereinement. « Si j’avais décidé de rentrer et de laisser tomber, j’aurais eu des regrets, vous vous rendez-compte…. Personne n’aurait pu prévoir ce qu’il passe actuellement. » Sans le savoir, en 1951, en s’embarquant pour la France, un jeune homme passionné de pêche a fait mouche. Perpétuant ainsi une riche lignée de gentlemen farmer.

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[REPLAY] « Vino Veritas » : les enjeux de la filière en 2022

Pour sa première émission de l’année, “Vino Veritas”, le rendez-vous 100% vin de la chaîne TV7 (avec Sud-Ouest et Terre de Vins), se penche sur les enjeux de la filière vin en 2022.

Quels sont les enjeux de la filière vin en 2022, en particulier à Bordeaux ? Pour répondre à cette question, Xavier Sota (TV7 / Sud-Ouest) et Mathieu Doumenge (Terre de Vins) accueillent deux invités : Christophe Château, directeur de la communication du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, et Fabrice Bernard, Président-directeur général de la maison de négoce Millésima. Une émission à revoir en replay ci-dessous.

Pour voir tous les épisodes de Vino Veritas, c’est par ici.

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