Provence : Bientôt une éolienne pour Carpe Diem

Après la vigne, Alberic et Marie-Caroline Philipon envisagent de “planter” des éoliennes sur leur domaine Carpe Diem à Cotignac dans le Centre Var. Pour produire de l’électricité mais aussi pour lutter contre le gel de printemps.

Il ne s’agit pas de grands mâts comme ces oiseaux blancs désarticulés que l’on voit fleurir le long des autoroutes mais une petite aérogénératrice sans nuisance sonore qui se fondra dans le paysage. Le château Carpe Diem a été choisi comme site pilote de Collaborative Energy, une entreprise de solutions d’énergies décarbonées, basée près de Grenoble (38) mais disposant également d’une filiale à Cotignac. La machine de 6 mètres de haut, couleur brun mat pour qu’elle reste discrète, est moins gourmande en vent ; elle produira à la fois de l’électricité propre pour le domaine et pourra être inversée afin de créer un courant d’air dans le but de lutter contre les gelées printanières. “Les ceps de vignes arrachés et des ballots de foin pourront été brûlés au pied de l’appareil pour obtenir un courant chaud qui pourrait faire gagner quelques degrés sur une surface d’environ un hectare, précise Albéric Philipon. A terme, nous pourrions en installer une dizaine sur le domaine, en particulier sur les parcelles des bas-fonds plus gélives. Quand on gèle trois fois en cinq ans, il faut chercher des solutions”. L’aérogénératrice peut produire 7,5 kWh. Avec une dizaine couplées également avec du photovoltaïque, Carpe Diem pourrait à terme être autonome, notamment pour alimenter le matériel et les véhicules électriques.

Collecte de fonds

Reste à financer le projet. Le coût d’une telle machine innovante avoisine les 40 000 € ; Collaborative Energy la met gracieusement à disposition du domaine dans le cadre de l’expérience pilote. Celui des travaux de terrassement et de génie civil, autour de 15 000€, doit être pris en charge par les Philipon. Albéric a donc eu l’idée de solliciter le site de collecte de fonds participatif WineFunding qui lui avait déjà permis en 2017 de récupérer avec un bail à long terme un vignoble voisin en bio d’une douzaine d’hectares et de financer une partie de l’agrandissement du chai. “Nous avons besoin d’une levée de fonds de 30 000 € pour l’installation de l’aérogénératrice et en même temps pour financer le matériel nécessaire qui nous permettra de lancer la conversion du domaine en biodynamie – un dynamiseur et un pulvérisateur à turbine”. Le domaine d’une trentaine d’hectares en Côtes-de-Provence et Coteaux-Varois-en-Provence espère atteindre son objectif d’ici le 7 juin, fin de la souscription. Les adhérents au dossier WineFunding avancent les fonds, entre 150 et 1000€, et sont remboursés en vins sur trois années, à raison de 3 à 24 bouteilles par an selon la formule choisie. “Outre le financement des projets et l’avance de trésorerie, ce système crée aussi une communauté de passionnés et de clients fidèles” conclut Albéric Philipon.


(photo @collaborative Energy)

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Vins de Bordeaux : un “moment difficile” mais de l’optimisme

L’interprofession des vins de Bordeaux, réunie lundi en assemblée générale, a attesté un “moment encore difficile” pour la filière, entre contexte pandémique et gel d’avril, mais décelé une “demande qui va s’accélérer” et “de beaux millésimes pour y répondre”.

“Nous sommes encore dans un moment difficile, mais accueillons ce qui approche à grands pas positivement”, a déclaré le président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) Bernard Farges, lors de l’AG à Bordeaux. “La perspective d’ouverture des restaurants et plus largement, la sortie de la pandémie seront un booster pour nos ventes. La demande va s’accélérer car la consommation va reprendre (…), et nous avons de beaux vins à proposer pour répondre à cette demande”, a-t-il ajouté.

Les contrats d’achats (entre viticulteurs et négociants) pour la période août 2020-avril 2021 sont ainsi supérieurs de 29% à ce qu’ils étaient pour la même période 2019-2020, a précisé le CIVB. “A l’export, la suspension des taxes américaines a radicalement changé la donne pour nos ventes” et en Chine, premier marché des Bordeaux à l’export, “nos chiffres récents et les perspectives sont très encourageants”, a énuméré M. Farges. Les contrats d’achat avec la Chine ont ainsi connu un bond de +41% sur décembre-janvier-février, par rapport à la même période l’an dernier, en lien avec le redémarrage de la demande chinoise post-pandémie, selon le CIVB.

D’après les comptes présentés en AG, les sorties à la propriété (première mise sur marché) à fin décembre 2020 étaient de 3,9 millions d’hectolitres, soit -2% par rapport à l’an dernier. M. Farges a souligné le besoin pour les vins de Bordeaux de mieux “réguler nos mises en marché”. On ne peut se satisfaire, a-t-il expliqué, “de passer d’une situation où notre stock agissait comme un boulet, écrasant nos prix de vente jusqu’au 6 avril avant le gel, à une situation 10 jours plus tard où ce stock devient une opportunité, parce que nos vins à la vente sont bons et que nous pourrons alimenter les marchés”. Il a donc appelé à un meilleur “partage du risque entre nos deux familles” – production et négoce – par exemple via davantage “de contrats pluriannuels ou de contrats suivis”.

S’agissant du gel 2021, il a évoqué des dégâts “très lourds par endroits”, mais refusé de donner une estimation, avant les Déclarations de récolte du millésime 2021 (en fin ou tout début d’année).

Enfin le CIVB a acté le lancement d’une campagne de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), déjà engagée avec une trentaine de viticulteurs, négociants, caves pilotes. La démarche, s’appuyant sur la norme internationale de référence ISO 26.000, vise à commercialiser, d’ici 2030, 30% des volumes du Bordelais avec un label RSE ad hoc, “Bordeaux cultivons demain”.

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En 2020, le champagne a fait de la résistance

Célébrant cette année le 80ème anniversaire de sa fondation, le Comité Champagne vient de publier les chiffres détaillés des expéditions de la filière sur l’année 2020. Un tableau contrasté derrière lequel on lit en filigrane la gestion plus ou moins maîtrisée de l’épidémie selon les pays.

Les chiffres plus précis sur l’année 2020 publiés par le Comité Champagne sont rassurants : la chute des ventes de champagne de 17,9% en volume étant supérieure à celle du chiffre d’affaires, -16,7%, le prix moyen de la bouteille n’a pas baissé mais augmenté. Le champagne n’a donc pas été bradé, comme cela a pu se produire à l’occasion d’autres crises d’ampleurs similaires. En 1992, à la suite de la Guerre du Golfe, la chute de 14% des volumes s’était accompagnée d’un recul de 18% du prix moyen de la bouteille, mettant en danger l’image haut de gamme du produit.

Le deuxième paradoxe réside dans la non résilience du marché français (-19,9% en volume), alors que dans les circonstances difficiles il sert en général d’amortisseur. C’est l’export qui cette fois a le mieux résisté. Non pas grâce aux Etats-Unis, premier marché en valeur après la France, mais grâce à l’Union européenne dont les ventes n’ont baissé que de 13,4%. Cette résistance au sein de l’Union n’est elle-même pas le fait des gros marchés traditionnels tels que le Royaume-Uni, l’Allemagne (-13,2% en volume mais -17,7% en valeur) ou l’Italie, mais des Pays d’Europe du Nord comme la Belgique (-1,9% en volume), les Pays-Bas (+14,5% !), le Danemark (+2%), la Norvège (+ 18,4%) ou encore la Suède (+1%), un pays qui s’est distingué en refusant de fermer ses bars et ses restaurants. Au sein de l’Europe, le bilan apparaît ainsi très contrasté, avec des baisses considérables dans certains pays du Sud, comme l’Espagne qui perd 30,3% de ses volumes ou la Grèce -45,5%.

Pour les pays du grand export, les situations sont elles aussi très diverses. Au Japon, troisième pays importateur, où le champagne est essentiellement vendu dans les bars et les restaurants, la chute des ventes a été très importante : -24,5%. A contrario, l’Australie qui a très bien géré l’épidémie en imposant des confinements stricts mais circonscrits, a connu une croissance de ses ventes de 11,2% par rapport à 2019 !

Si on regarde ensuite les types de cuvées les plus vendues, on constate une baisse plus importante des expéditions des cuvées de prestige (-25,1% en volume) et des champagnes faiblement dosés (-20,1%). Pour cette deuxième catégorie, le plus souvent destinée à la gastronomie, la fermeture des restaurants a dû être un facteur décisif. Le brut sans année (-16,7%) et le rosé (-14,4%) résistent davantage. Aux Etats-Unis, où le rosé est très prisé et représente 18,2% des volumes (contre 8,4% en UE), la crise n’a fait que renforcer sa part de marché qui a progressé de 1,2 points par rapport à 2019. C’est l’autre intérêt de ces statistiques qui dressent un tableau détaillé des goûts de chaque pays. L’Asie apparaît ainsi comme le grand marché des cuvées de prestige, alors que l’Afrique reste très orientée vers les champagnes dosés : au Nigeria, ces ventes représentent 48% des volumes importés et 39% en Afrique du Sud !

En France, même les ventes de la Grande distribution ont baissé…

Enfin, l’analyse détaillée du marché français est riche d’enseignements. On aurait pu croire que la fermeture des restaurants et des bars aurait entraîné une hausse des ventes de champagne en Grande Distribution. Dans les supermarchés et les hypermarchés l’univers des liquides n’a-t-il pas progressé de 2,9% en Chiffre d’Affaires ? Mais le champagne, qui reste un vin de fête et de convivialité d’abord lié aux réunions amicales et familiales, n’en a pas bénéficié, avec une baisse de 4,2% sur l’année, même s’il se défend mieux sur ce terrain que les autres effervescents. La comparaison des ventes de la semaine précédant Pâques par rapport à celle de la même semaine en 2019 est parlante. On observe une chute de -55% en volume ! Au-delà du confinement, la Loi Egalim a joué un rôle. Les ventes de champagne dans le cadre des promotions reculent de 16,5% à 15,8%, alors que les ventes des bouteilles en fond de rayon sont en progression.

En revanche, contrairement aux prédictions alarmistes de la filière à la suite de l’annonce des restrictions imposées à l’occasion des vacances de fin d’année (maintien de la fermeture des restaurants pendant les vacances de Noël, couvre-feu le soir du Nouvel An), le chiffre d’affaires toutes ventes confondues sur cette période en France loin de chuter a augmenté : +18,7%. Les Français contraints de fêter ces événements en petits comités ont choisi d’en profiter pour investir dans la qualité et se faire plaisir avec des flacons plus luxueux. Enfin, sans surprise, on observe un bel essor des ventes en ligne qui ont connu un bond de 75,6% en 2020.

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