Vin de Normandie : un balcon sur la mer

Avec le réchauffement climatique, la culture de la vigne remonte imperturbablement vers le nord et l’ouest de la France. Découverte des vignes plantées par Ludovic Messiers à Sainte-Adresse (Seine Maritime), avec vue sur la mer.

Déguster un vin né au bord de la mer en Normandie, c’est une occasion rare et nouvelle. Le vignoble est minuscule et les premières bouteilles sorties en 2020 ne se savourent que sur place. Le vin s’appelle Dionysien, car le vignoble se trouve à Sainte-Adresse. La commune située aux portes du Havre (Seine Maritime) fait un sacré clin d’œil à Dionysos, le dieu de la vigne et du vin des anciens Grecs : les habitants de Sainte-Adresse s’appellent tout à fait officiellement des Dionysiens.

Pur chardonnay normand

Pour son vin Dionysien, Ludovic Messiers a choisi le cépage chardonnay qui a fait ses preuves ; il explique l’implantation du vignoble : « Comme jeune vigneron, plutôt que d’aller là où il y avait déjà du vin, j’ai décidé de créer un terroir : 500 000 m3 de terre ont été apportés, j’ai des amis qui ont bien voulu m’écouter et m’aider ». Il a réuni une craie séculaire, non touchée, profitant de travaux à Tancarville, une carrière de sable, des terres du bord de la Lézarde (une rivière qui se jette dans l’estuaire de la Seine) et des limons de Jardiland. Pour le porte-greffe, il a joué sur le S04 de Loire et le 41B de Champagne. Le premier a plus de vigueur, le second est « plus long à la détente, mais sort des vins plus expressifs ». Côté viticulture, il est minimaliste : il a cultivé sans aucun traitement « pour voir comment ça se passe ». Une fois tous les deux ans, la technique fonctionne. Cela ne l’empêche pas de prévoir un nouvel hectare de plantation dès la fin des restrictions dues à la Covid-19.

Le réchauffement climatique justifie son implantation en Normandie. Il s’inquiète de ce qui se passe à Saumur-Champigny où les vins prennent un degré chaque année. Il connait bien ce vignoble qui l’inspire, le vigneron des Clos Maurice, Mickael Hardouin est son œnologue. Ensemble ils sont un parti pris sur le soufre : « 3 gouttes au pressurage pour protéger la couleur, une barrique méchée et ensuite plus du tout de S02, les fermentations mangent tout ce qu’il peut y avoir ».

Un vignoble pour transmettre

Ludovic Messiers est un passionné de vigne et de vin, normand de naissance, qui a fait son apprentissage en Champagne et continue d’y exercer. Son souhait depuis toujours était de planter chez lui en Normandie. C’est ce qu’il fit en 2014, avant de créer une association pour regrouper les autres micro-vignobles de la zone de l’estuaire de la Seine, autour du Havre. On y trouve les quelques centaines de pieds de l’abbaye de Graville, au Havre, à Etretat et aussi à Fontaine-la-Mallet, là où Ludovic a construit son chai. Entre le Havre et Etretat, à côté de l’aéroport d’Octeville, il y reçoit des amateurs pour les initier à la dégustation, mais aussi à la taille et aux différents travaux de la vigne. Théorie et pratique sont regroupés en un seul lieu, totalement modulable selon le souhait des amateurs. On peut même loger une douzaine de personnes ou en recevoir cent en séminaire. La visite des vignes avec dégustation au chai du vin de Normandie Dionysos se fait en une heure et demie (avec tartines de conserves 100% naturelles de Normandie, 50 € par personne). D’autres formules permettent d’approfondir l’œnologie, la viticulture, la vinification et les accords mets-vins (65 à 80 € par personne).

Le vin de Normandie, Ludovic Messiers y croit sérieusement et pense que cela ne sert à rien d’être seul. Il veut créer une association de compétences et raconter une histoire. Son idée est de faire converger autour du chardonnay car « pourquoi réinventer ce qui marche depuis les Cisterciens » et de mettre en avant les forêts de Normandie. Bien sûr il travaille avec Valéry Desfrièches, Tonnellerie du Pays d’Auge, située aux portes de Lisieux. Et rêve d’une grande dégustation normande à l’Abbaye aux Hommes de Caen, sous l’œil bienveillant d’Hervé Morin, président de la région Normandie.

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[PRIMEURS] Jean-Charles Cazes, Château Lynch-Bages : “un nouvel élan”

Tout au long de la période des Primeurs et en avant-première du n°71 de Terre de Vins qui sortira en kiosques le 19 mai prochain, des figures du vignoble bordelais nous font partager leur regard sur le millésime 2020 et la campagne qui s’annonce.

Aujourd’hui : Jean-Charles Cazes, Château Lynch-Bages (5e grand cru classé, Pauillac)
Issu d’un nouveau cuvier et d’un nouveau chai en fonctionnement, ce 2020 s’annonce-t-il comme un millésime de relance, après deux années 2020 et 2021 mondialement perturbées par le Coronavirus ?
« Je ne parlerais pas de relance, car cela supposerait qu’on ait été à l’arrêt à un moment donné. Même si l’année dernière a été particulière, avec des incertitudes préalables aux Primeurs, nous avons fait une belle Campagne et sommes restés dans nos bases de fonctionnement en termes de mise en marché. C’est plutôt un nouvel élan. Cet outil technique nous permet de travailler avec plus de précision, pour accompagner tout le processus d’identification des terroirs et de redécoupage intra-parcellaire. Il va dévoiler l’ampleur de son potentiel dans les millésimes à venir. Il doit nous permettre de nous adapter aisément, et de peaufiner nos méthodes d’extraction pendant les vinifications, et nos élevages. » Né dans ce nouvel outil, ce 2020 est « un millésime très équilibré, de grande concentration, de remarquable maturité phénolique, avec de très beaux tanins, des degrés d’alcool modérés. Il a à la fois de la densité et une belle fraîcheur aromatique, dans une norme plus classique à Bordeaux, après deux millésimes plus chauds. C’est un nouveau grand millésime, formant une trilogie avec 2018 et 2019. »

Terre de Vins n°71, spécial Primeurs 2020 à Bordeaux, en kiosques le 19 mai.

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[JEU] Maison Prosper Maufoux : découvrez les noms des gagnants

Du 22 avril au 2 mai 2021, vous pouviez jouer avec Terre de Vins et la Maison Prosper Maufoux et tenter de gagner des bouteilles de Meursault Premier Cru « La Pièce sous le Bois ». Découvrez les noms des gagnants.

Voici le nom des 3 gagnants tirés au sort parmi les candidats ayant répondu correctement aux questions…

Philippe TAINON (28)

Emmanuelle PREVOT (89)

Laurent LABADIE (34)

Ils gagnent chacun une bouteille de Meursault Premier Cru « La Pièce sous le Bois ».

Merci à tous d’avoir participé. Pour rester informé de nos prochains jeux, inscrivez-vous à notre newsletter !

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L’AOC Bourgogne cherche toujours ses frontières

Plus d’un an après la manifestation des viticulteurs bourguignons devant le siège de l’Inao, le dossier de la délimitation de l’AOC Bourgogne a connu peu d’avancées. Dans ce débat, une question cristallise toujours les tensions : celle de la frontière entre Bourgogne et Beaujolais, et ses conséquences économiques.

Où s’arrête l’AOC Bourgogne ? La question peut paraître simple. Pourtant, plusieurs générations de vignerons et de juristes s’y sont cassé les dents. En 1937, le décret d’appellation originel effectue un premier tracé très large, englobant des centaines de communes, tout en prévoyant de l’affiner par la suite, en supprimant les aires qui ne répondent pas à certains critères techniques et historiques. Chose faite dans le cœur de la Bourgogne. Mais jamais dans le Chablisien, ni dans le Beaujolais.

Historiquement parlant, le Beaujolais fait partie de la “Grande Bourgogne”, d’où son intégration au sein de l’AOC Bourgogne lors de sa création en 1937.

Une situation de flou juridique dont hérite aujourd’hui l’AOC Bourgogne. Entendez ici « Bourgogne générique », soit le premier échelon dans la hiérarchie des appellations bourguignonnes. Car dans ce dossier, les « villages », « Premiers crus » et « Grands crus » ne sont pas concernés. Du moins pas directement : à travers cette AOC régionale, c’est l’image de tout un vignoble qui est en jeu.

Un nouveau projet fin 2021

Ainsi dans ce dossier, chaque mouvement peut mettre le feu aux poudres. Ce qui est arrivé début 2020, quand un groupe d’experts a proposé à l’Inao, qui gère les appellations françaises, d’exclure le Chablisien de l’aire géographique des Bourgognes, tout en conservant 43 communes du Beaujolais. Une « mise en danger » de l’AOC pour nombre de ses viticulteurs. Le 6 février, 400 d’entre-eux manifestent devant le siège de l’Inao. Christian Paly, président du comité vins, souhaite alors les rassurer : il n’aurait « jamais entériné une sortie de secteurs aussi emblématiques, et ne le fera pas. »

Ce qu’il confirme aujourd’hui. « Il s’agissait d’une piste de travail, que l’on aurait jamais validée politiquement ». Et d’annoncer : « un nouveau projet, incluant le Chablisien et réduisant l’aire du Beaujolais à 48 communes, devrait être proposé d’ici la fin de l’année 2021″. Mais cette perspective peine à convaincre le Syndicat des Bourgognes, qui représente les viticulteurs de l’AOC. Si cette fois la question du Chablisien est réglée, reste la problématique du Beaujolais. »Pour le consommateur, il y a deux identités fortes que sont Bourgogne et Beaujolais. Si l’on mélange les deux, un problème d’image s’ensuit. La notion même d’origine contrôlée est remise en cause», estime Guillaume Willette, directeur du syndicat, qui craint «des conséquences économiques pour l’ensemble de la Bourgogne ».

Sur ce point, Christian Paly insiste, « nous appliquons des critères objectifs, dans le cadre de procédures précises. Nous ne pouvons pas faire de délimitation, où qu’elle soit, à la tête du client. Même si nous avons conscience que nous devons pas faire n’importe quoi en matière économique. »

Quels critères pour délimiter une AOC ?
– Des critères techniques, comme la géologie ou le climat
– Des critères humains, parmi lesquels l’usage de l’appellation, c’est à dire sa revendication actuelle et historique. C’est surtout sur ce point que l’AOC Bourgogne divise.

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