Carmes Haut-Brion : 2021, « millésime All Blacks »

Au château Les Carmes Haut-Brion, en appellation Pessac-Léognan, le millésime 2021 n’a pas été – pas plus qu’ailleurs – une promenade de santé. Pourtant, selon son directeur Guillaume Pouthier, il ne faut pas juger à l’avance ce millésime qui a demandé une attention de tous les instants.

En bon toulousain et adepte de rugby, Guillaume Pouthier manie la métaphore et la référence à l’ovalie avec maestria. « 2021, c’était le millésime All Blacks« , explique le directeur du château Les Carmes Haut-Brion, en appellation Pessac-Léognan, faisant référence au niveau de jeu très élevé que l’on doit produire lorsqu’on affronte la sélection néo-zélandaise. « Si tu te loupais sur le moindre détail, tu prenais un essai« . Et des détails, il fallait en considérer tout au long de cette année. Tout a commencé par le gel d’avril qui, s’il n’a guère frappé le terroir des Carmes protégé par la proximité de la ville, a pu inciter la vigne à se mettre en hibernation, entraîner des décalages, accentuer plus tard les phénomènes de coulure sur les merlots, et engendrer des carences, notamment en potasse. Puis le mildiou est arrivé, à la faveur d’un printemps et d’un été particulièrement arrosés. « Un mildiou sur grappes et sur feuilles, de mai à juillet, une bagarre permanente« , précise Guillaume Pouthier, qui souligne toutes les difficultés d’une telle pression sanitaire au regard des choix culturaux. Il explique notamment pourquoi une telle année le conforte dans le choix de ne pas avoir choisi la voie de l’agriculture biologique, en tout cas pas sur l’ensemble du vignoble : « en bio, cette année, on passait deux fois plus dans les vignes pour les traitements, ce qui n’était pas sans conséquence pour le bilan carbone, ni pour le tassement des sols. Aujourd’hui je considère que le bio est l’une des pistes possibles pour la conduite de la vigne, mais pas la seule. Nous utilisons des produits bio, des produits de biocontrôle, nous essayons de trouver la meilleure solution tout en gardant un œil sur l’ensemble de notre impact environnemental. Et il ne faut pas perdre de vue que la finalité d’un vigneron, c’est de produire du raisin« .

« Tri sauternais »

En questionnement permanent sur la façon de s’adapter au mieux au changement climatique, Guillaume Pouthier embrasse tous les paramètres qui peuvent permettre au vignoble des Carmes Haut-Brion de mieux se défendre : lutte contre le gel, réflexion sur les porte-greffes, le matériel végétal et son adéquation aux sols pour gérer la contrainte hydrique, la densité de plantation… Autant de points de détail qu’il s’agit de ne pas négliger si l’on ne veut pas se prendre un nouvel essai à chaque fois que la vague All Black avance. « L’autre paramètre important cette année était le choix de la date de récolte« , poursuit Guillaume Pouthier. « On pouvait être tenté de céder à la pression et de vendanger trop tôt, mais pour pouvoir attendre, il fallait aussi avoir un feuillage actif afin d’atteindre les bonnes maturités, ce qui n’était pas évident pour tout le monde suite à la pression mildiou« . Entre le vignoble des Carmes Haut-Brion et celui de Martillac dédié au « C des Carmes », le second vin de la propriété, les vendanges se sont étalées du 25 septembre au 14 octobre. Le point d’orgue de la récolte : trois jours de « tri sauternais », entre le 4 et le 7 octobre, pour sélectionner de façon ultra drastique les grappes qui avaient été touchées par le botrytis, permettant de ne pas perdre du volume et de contenir l’évolution du champignon. Combiné à des solutions technologiques comme le bain densimétrique et le tri optique, ce tri manuel très minutieux a permis de « conserver une très belle qualité de raisins, d’avoir de bons rendements équivalents à ceux de 2020 [40 hl/ha, NDLR] et de nous prémunir contre le risque des ‘faux goûts’ qui peuvent se manifester lorsque le mildiou et le botrytis se sont invités au millésime« .

Vendange entière

Malgré toute cette attention, une fois les raisins rentrés, il manquait encore « l’équivalent de 250°C jour, soit à peu près deux semaines de maturité« , explique Guillaume Pouthier. D’où son choix de recourir à une chaptalisation raisonnée, qui a permis de gagner +0,5° d’alcool dans les vins – une décision qui n’est pas un tabou cette année dans le Bordelais, comme on a pu le voir. « La vraie question que l’on doit se poser, c’est : quelle type de vin voulons-nous faire ? » précise Guillaume Pouthier, « et se donner les moyens d’y arriver. Aux Carmes, quel que soit le caractère du millésime, nous voulons faire des vins sur l’éclat, une aromatique pure, des tannins élégants. Aujourd’hui, dans l’univers des grands vins, on doit être prêt à boire jeune, et taillé pour la garde« . Pour parvenir à ses fins, Guillaume a recours, depuis son arrivée aux manettes en 2012, à une part conséquente de vendange entière, ce qui lui permet de réguler l’alcool, l’acidité et le profil aromatique du vin. Sur un millésime comme 2020, la vendange entière peut occuper plus de 50% des cuves. En 2021, elle se situe aux alentours de 40%. Les vinifications sont gérées « en infusion« , en superposant les strates de vendanges égrappées ou entières et en les immergeant délicatement dans les jus pour révéler en douceur couleur, arômes et tannins, sans libérer des astringences ou des amers qui, selon Guillaume, « seront certainement l’un des écueils du millésime« . Chaque cuve reçoit des cépages différents, assemblés à la vendanges en fonction de leurs types de terroirs (calcaires, graves, etc.), même si leur niveau de maturité est différent. Une approche de l’assemblage tout à fait singulière qui constitue la « signature » des Carmes Haut-Brion et qui permet aux vins de la propriété, depuis quelques années, de figurer parmi les valeurs montantes de Bordeaux. Lorsqu’on veut battre les All Blacks, il vaut mieux faire preuve de French Flair.

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Les Colin écrivent la Champagne à travers champs

Richard-Delphine-Romain-Colin

Richard-Delphine-Romain-Colin

Vignerons indépendants depuis 25 ans, les Colin ont construit au fil des ans une très belle gamme, entre grands classiques et vision plus parcellaire d’un terroir magique dont ils offrent une expression sincère et émouvante.

Les champagnes Colin expriment par leur histoire le grand mouvement que connaît la Champagne depuis plusieurs décennies maintenant. Famille implantée depuis près de 2 siècles (1829) dans la prestigieuse Côte des Blancs, du côté de Vertus, elle s’est longtemps concentrée sur la production de raisins qui étaient vendus. Des viticulteurs en somme, comme il en existe encore beaucoup dans la région et qui fournissent l’essentiel de la matière première nécessaire aux grandes Maisons. Et puis, en 1996, décision a été prise par Romain et Richard, représentants de la 7ème génération, de devenir vignerons indépendants et de pouvoir ainsi exprimer sur leurs 10 hectares de vignes en premier et grand crus leur vision de ce terroir qu’ils chérissent. Sans renier l’histoire de la région qui s’est construite autour de l’art ô combien délicat de l’assemblage, deux familles de cuvées ont ainsi été créées. D’un côté, les « Portraits de famille » qui expriment la quintessence du style Colin. On y retrouve notamment la très charmeuse cuvée Alliance qui est un pont entre le vignoble du Sézannais et celui de la Côte des Blancs. Mais aussi le très agréable Blanc de Blancs « Parallèle » (34,90€), un 100% chardonnay issu uniquement du village premier cru de Vertus. Un vin d’une belle franchise, aux notes florales et d’agrumes légèrement confits très délicates, et doté d’une grande précision. A côté de cela, la gamme « à travers champs » s’inscrit comme une ode à la diversité, à l’unicité de styles où le parcellaire prend tout son sens.

Un nouveau venu et des évolutions en perspective

Beaucoup d’émotions dans cette gamme où l’on retrouve notamment des coteaux champenois blancs ainsi qu’un rosé de saignée en 100% pinot noir. Et puis, il y a La croix Saint-Ladre (55,90€) qui a été isolé sur le millésime 2016. Romain Colin explique ainsi que « des carottages sur cette parcelle ont permis de percevoir toute la typicité de ces sols. Nous les avons sentis, goutés et le côté amer et tendu ressortait nettement ». Et de préciser que « cette cuvée n’est pas produite tous les ans. Nous l’avons sortie sur 2016, seul millésime où nous n’avons pas bloqué les fermentations malolactiques ce qui confère au vin une magnifique rondeur, puis sur 2017 et 2019 ». A la dégustation, ce champagne surprend par son côté complexe mais accessible dans le même temps. Un très beau bouquet d’agrumes mêlé de fruits blancs et de quelques épices douces s’étire avec une très nette allonge en finale portée par de très beaux amers. Et que les amateurs se réjouissent, la cuvée les Grandes Terres, un Blanc de Blancs grand cru, va évoluer dans les prochaines années. Actuellement assemblage de parcelles sur Cramant et Oiry, la cuvée sera à l’avenir un mono-cru Cramant car les vignes seront arrachées sur Oiry. Cela va renforcer encore sa typicité. Et puis, Romain ne cache pas qu’il aimerait beaucoup produire un Blanc de Noirs de Vertus, ce terroir de très beaux pinots noirs en pleine Côte des Blancs. Un projet que l’on suivra avec attention et qui témoigne de tout le dynamisme de ce très bon domaine.

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3700 magnums de la Côte de Nuits aux enchères, en ligne

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Jusqu’au 15 novembre, 3719 magnums du domaine de la Poulette sont mis aux enchères, en ligne, par la maison Ader Entreprises et Patrimoine. Parmi ces flacons, une majorité de nuits-saint-georges et de vosne-romanée, les millésimes allant de 1993 à 2017.

Les vignerons bourguignons stockent de moins et les vieux bourgognes se font rares, en particulier dans les caves de la très prisée Côte de Nuits. La mise en vente de 3719 magnums du domaine de la Poulette, situé à Nuits Saint-Georges, résonne ainsi comme un petit événement au royaume du pinot noir. « Nous avons décidé de garder quelques bouteilles pour notre consommation personnelle et de vendre le reste », confie Hélène Michaut, qui reprend les rênes du domaine à la suite de ses parents, Françoise et François Michaut. « Cette vente se déroule dans le cadre de la transmission de l’exploitation. C’était le bon moment. »

Des lots de 1 à 3 magnums

Pour la famille vigneronne, le choix des enchères est vite apparu comme une évidence. « Nous proposons cinq cuvées différentes, sur une vingtaine de millésimes. Cela fait près de 100 références. Il était trop compliqué de les marketer une à une. » Au marteau : la maison Ader Entreprises et Patrimoine, qui a mis en place ces enchères en ligne sur la plateforme Drouot Online.

La vente a débuté le 8 octobre et prendra fin le 15 novembre. Seules des cuvées rouges sont disponibles, réparties en lots de 1 à 3 magnums. Dans le détail :

856 Magnums de Côte-de-Nuits-Villages «Vierville» de 1997 à 2017

717 Magnums de Nuits-Saint-Georges 1er Cru «Clos des Poulettes» de 1995 à 2013

658 Magnums de Nuits-Saint-Georges «Les Vallerots» de 2003 à 2017

866 Magnums de Nuits-Saint-Georges 1er Cru «Les Vaucrains» de 1993 à 2017

622 Magnums de Vosne-Romanée 1er Cru «Les Suchots» de 2000 à 2017

Photo: Domaine de la Poulette

De mère en fille depuis six générations

Directement en provenance du domaine, ces cuvées sont « dans un état de conservation idéal », d’après la maison d’enchères. Et « taillées pour la garde », assure Hélène Michaut. « Tous les magnums datent de la période où mon père vinifiait. Il privilégiait un style assez tannique, propice à la bonne évolution. »

Depuis plus de six générations, le Domaine de la Poulette s’est transmis par les femmes. La famille est propriétaire d’environ 16 hectares, de Nuits-Saint-Georges à Vosne-Romanée.

Vente à retrouver sur le site ader-ep.com.

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La métamorphose audacieuse de Rieussec

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Le château Rieussec, propriété depuis 1984 des Domaines Barons de Rothschild Lafite et 1er grand cru classé en 1855, poursuit sa métamorphose, dans le prolongement de sa transition écologique et propose une nouvelle bouteille, en rupture avec toutes les conventions auxquelles est rattachée le Sauternes. Une prise de risque assumée.

Saskia de Rothschild, qui dirige aujourd’hui l’ensemble des Domaines Barons de Rothschild Lafite part d’un postulat sans appel : « l’aura du Sauternes a pâli, sa consommation s’est raréfiée, se limitant aux célébrations de fin d’année, cantonné au foie gras une fois par an et aux desserts de temps en temps. Il s’est installé confortablement dans la tradition, le folklore et les accords convenus sans se soucier du monde qui l’entourait. Le classicisme auquel il se raccrochait semblait lui interdire d’accompagner toutes les occasions, et de célébrer toutes les gastronomies. » S’en tenir aux regrets ne satisfait pas Saskia de Rothschild : le Sauternes a des atouts remarquables, il fallait donc réagir et impulser une nouvelle image de ce merveilleux vin liquoreux et infléchir son mode de consommation. Modifier radicalement la bouteille a été une priorité car elle est, à l’évidence, un vecteur d’image puissant.

Accompagné par le studio Laure Flammarion, Rieussec a provoqué « un acte de ré-enchantement » en créant dès 2022, pour le millésime 2019, une bouteille en rupture avec la tradition afin « d’ attirer la curiosité et provoquer du désir ». Et cela « sans se dénaturer, ni se dévergonder, ou se vulgariser » : un exercice délicat.

Nouveaux codes

Ceux qui ne se lassaient pas d’admirer la couleur de la robe du vin à travers la bouteille et de suivre son évolution devront attendre de l’avoir désormais dans leur verre, car la bouteille est maintenant opaque. « Notre bouteille a tant confiance en son nectar qu’elle n’en dévoile pas sa robe ». Mais ont-il eu le choix ? Non, car c’est bien la contrainte du verre recyclé qui a imposé cette opacité. Jean de Roquefeuille, le directeur d’exploitation du château précise : « le verre blanc recyclé n’existe pas ». La bouteille est en verre PCR (Post Consuming Recycle) composé à 96% de verre domestique récupéré et recyclé. « Notre bouteille assume ses imperfections. Elle est charismatique, solide et faite pour durer et protégera toute la finesse du vin».

La forme de la bouteille évolue. Il s’agit de la bouteille BOLD, à la forme ramassée. L’anneau saillant classique disparaît et laisse place à une ligne continue depuis l’épaule jusqu’à la bague. Cette bague et le corps de la bouteille sont associées par une simple petite rainure située sur le col.

La communication autour du nouveau bouchon surprend. L’accent est mis sur un bouchon en forme de bilboquet (d’où son nom : Bil). Le bouchon traditionnel aurait-il disparu ? Jean de Roquefeuille rassure en disant que « Rieussec reste un vin d’amateur mais aussi de garde. Il faut lui laisser sa chance de vieillir. Le bouchon de garde, c’est-à-dire, le bouchon long, traditionnel, que nous avons l’habitude d’utiliser bouche bien la bouteille ». Le bouchon Bil, supplémentaire, livré avec la bouteille, est une création de l’agence de design suisse Big Game : le voici avec une « forme à la fois simple, judicieuse et résolument contemporaine. il se suspend à la bouteille par un cordon ». Jean de Roquefeuille justifie son utilité : « il est en liège aggloméré, écologique, avec une colle alimentaire neutre. Le bouchon long est souvent difficile à remettre lorsqu’on ne finit pas la bouteille ».

Quant à l’étiquette, celle-ci adopte un style résolument plus contemporain. Son esthétique « passe des codes dorés et des enluminures à un vin orné d’une simple couronne à 3 branches ». Une couronne qui existait déjà sur les anciennes étiquettes et qui est l’emblème traditionnel associé depuis toujours au Sauternes. Cette coiffe, sérigraphiée sur la bouteille, est accompagnée de la simple appellation « RIEUSSEC ». Il y a bien entendu une contre étiquette qui porte toute les mentions légales, et la mention 1er grand cru classé qu’on ne saurait omettre. Une contre étiquette que l’on peut décoller si bien qu’une fois le vin bu, cette bouteille peut devenir carafe nous dit le communiqué de presse. Elle se veut « sympathique, joviale, imparfaite ». Une bouteille simplement décorée pour « accompagner avec humour et élégance le quotidien des amateurs de Rieussec ». 

Et pour achever l’œuvre, La caisse bois disparaît. Ce sera désormais un emballage en carton kraft qui se veut compact et qui contiendra 4 bouteilles et leurs bouchons réutilisables. « Pour des questions d’écologie, nous avons privilégié l’usage d’un carton kraft, et minimisé l’ajout de matière plastique en utilisant une étiquette et un ruban adhésif en papier ». Jean de Roquefeuille avance des raisons supplémentaires qui ont conduit à ce choix : « la forme de la bouteille, un peu trapue, dicte un peu l’emballage. La caisse de 6 c’est un peu trop. Cette nouvelle bouteille de Rieussec 2019 va sortir entre 110 et 120 € : c’est une valeur tout de même. La caisse de 4 semble plus adaptée pour distribuer le vin. » Chaque bouteille est accompagnée d’un mode d’emploi bilingue, imprimé recto verso sur du papier recyclé. Il explique brièvement la nature du Rieussec et l’usage de cette nouvelle bouteille. Le premier vin sera-t-il le seul concerné par le changement de bouteille ? Jean de Roquefeuille indique que « le deuxième vin, les Carmes de Rieussec, fait l’objet d’une réflexion pour le passage à une nouvelle identité, très probablement avec une charte graphique similaire ».

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Photo: Château Rieussec

Nouveaux accords mets-vin.

Mais la nouvelle esthétique de la bouteille et la transition écologique ne suffisaient pas pour élargir la diffusion du château Rieussec. La volonté de modifier la consommation du Sauternes pour un Sauternes « désinhibé, désenclavé et surtout désirable » et d’élargir sa consommation au-delà du seul apéritif et foie gras a conduit Saskia de Rothschild à s’associer à trois chefs réputés. Il s’agit de proposer des accords mets vins capables de « régénérer le vin de Sauternes et de le désenclaver, grâce à une cuisine éloignée des habitudes de sa consommation traditionnelle ». Convaincre le public qu’il y a une autre manière de boire du Sauternes. « Nous éveillons le public aux multiples possibilités qui s’offrent à lui pour accompagner ce vin » : tel est l’objectif pour élargir le champ des possibles en matière de consommation du Sauternes.

En bousculant les codes, Rieussec prend des risques. Des risques calculés et qui ont l’allure d’un pari audacieux. L’esthétique des visuels et du contenant gagne en modernité et permet de mieux insérer le vin de Sauternes dans l’actualité du monde qui l’entoure. De même, la notion de développement durable prend du sens auprès d’un public de plus en plus attentif à cette notion et est en cohérence avec la transition écologique amorcée au château : la conversion en bio a été amorcée en 2021. Mais la rupture avec les codes traditionnels est franche et un certain public pourra perdre ses repères. Certains choix pourront laisser penser qu’on s’éloigne de l’image du premium telle qu’on l’entend traditionnellement et faire douter les aficionados du Sauternes « à l’ancienne ». En contrepartie, grâce à une stratégie audacieuse, ce pari espère fortement conquérir de nouveaux adeptes et sans doute convaincre les traditionnalistes. Le Sauternes cherche à quitter, à juste raison et avec de réels atouts, une tradition parfois handicapante pour sa diffusion. Les Domaines Barons de Rothschild font un pari courageux pour faire évoluer l’image du Sauternes et augmenter sa consommation. Reste à observer si le public suivra. Seule la qualité des vins de Rieussec avait fait jusqu’ici sa réputation , le nouveau design entre dans les paramètres désormais. Rendez-vous d’ici quelques temps pour faire le point.

Rieussec 2019.

Nez très pur, sur des notes prononcées de litchi et de rhubarbe, puis en arrière plan des arômes d’ananas frais et une sensation de fraîcheur. Une bouche à spectre large, en queue de paon, sur l’abricot frais mais aussi, sec (marque du botrytis), tisane d’anis étoilé. Finale longue, étirée sur le citron acidulé et « tarte citron meringué » nous dit Jean de Roquefeuille. Les 119 gr/l de sucre résiduel sont parfaitement équilibré par l’acidité. Un vin distingué, fin, équilibré, sans lourdeur.

Château Rieussec

33210 Fargues

05 57 98 14 14

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