[Entretien] Fusion Artémis Domaines et Maisons & Domaines Henriot, l’interview de Gilles de Larouzière Henriot

Alors qu’Artémis Domaines et Maisons & Domaines Henriot viennent d’annoncer leur fusion, Gilles de Larouzière Henriot, désormais président du conseil de surveillance du nouveau groupe nous a confié les motifs stratégiques de ce mariage.

Comment ce projet de fusion est-il né ?

Ce n’est pas une acquisition mais vraiment une fusion, un mariage, et comme tout mariage son origine se trouve dans une rencontre, celle que j’ai faite avec François Pinault voici maintenant deux ans. Nous avons alors parlé de ce qui nous anime : le vin, la vigne… Je me suis assez vite rendu compte dans la discussion et dans la relation qu’il y avait beaucoup de choses que nous partagions. D’abord la vision de nos domaines, non pas comme des entreprises viticoles, mais comme des éléments d’un patrimoine français, naturel, de savoir-faire, historique et même culturel. C’est ce qui me porte et m’inspire et c’est ce que j’ai retrouvé chez François Pinault. Ainsi, au fil des rencontres, est venue cette idée de réunir nos deux activités et de constituer ensemble un acteur de référence, assez unique dans le monde des vins d’exception, qui rassemble des trésors de notre patrimoine et qui pérennise leur ancrage français. Cela permet à ma famille de s’inscrire dans le temps long, et de se projeter dans l’avenir de ses activités avec sérénité autour d’un projet que les prochaines générations continueront à faire vivre.

D’un point de vue économiques, on peut imaginer de belles synergies…

Lorsque l’on regarde, nos implantations sont très complémentaires. Les Domaines Henriot sont très forts en Bourgogne grâce à Bouchard Père & Fils et William Fèvre, en Champagne nous avons une maison assez emblématique de l’histoire de l’appellation tournée non pas vers le volume mais orientée vers les vins fins. Artémis est bien-sûr un acteur majeur du bordelais, leur groupe possède des pépites magnifiques en Bourgogne et dans la vallée du Rhône avec château Grillet. Ils sont dans la Nappa, nous sommes dans l’Oregon. Outre le partage des valeurs, il y avait donc vraiment une pertinence économique, et la possibilité de déployer un projet magnifique autour de tout cela.  Pour le conduire à bien, il y aura un conseil de surveillance dans lequel les actionnaires des deux familles seront représentés. C’est cet organe que je vais présider désormais. Il y aura aussi une unicité de management, de direction générale, confiée à Frédéric Engerer, déjà directeur général d’Artémis, qui va piloter ce groupe vers l’excellence et la pérennité. Le management sera la partie de Frédéric, moi ce sera plutôt la partie gestion des actionnaires et vision long terme. C’est une répartition des rôles théorique car je vais bien-sûr rester très proche des domaines, passer beaucoup de temps avec Frédéric pour que nous réfléchissions ensemble. C’est lui qui va conduire le groupe avec son bâton de berger, mais nous partagerons nos idées en permanence.

Ce projet a un vrai sens pour la distribution et la montée vers le haut de gamme sur laquelle je pousse et recentre le groupe depuis des années. Il crée les conditions d’une accélération forte dans cette direction. C’est vrai dans la distribution, mais aussi dans l’élaboration des vins, la façon dont les marques s’expriment. De ce côté, il y a un vrai savoir-faire et une grande maîtrise d’Artémis dont nous allons bénéficier.

Envisagez-vous la création d’une filiale commune de distribution ?

L’idée n’est pas d’arriver comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ce sont des métiers de temps long, où les hommes sont importants, il n’y aura pas de licenciement. Il ne s’agit pas de faire du « restructuring » de manière industrielle, c’est vraiment un projet familial, patrimonial, de long terme, qui doit respecter les hommes et les organisations. Ensuite, on va prendre le temps de bien comprendre les activités, les subtilités de la distribution des uns et des autres et progressivement on fera émerger sous la houlette de Frédéric une vision stratégique qui sera ensuite mise en œuvre progressivement. Chaque maison gardera son identité, sa spécificité, sa particularité. Cela ne va pas devenir un grand magma mutualisé. Au contraire, ce que l’on veut cultiver, c’est une collection de petits trésors, de pépites et les polir, les faire briller pour les porter au plus haut, chacun pour ce qu’il est, parce qu’il a son histoire, son nom, ses terroirs, c’est ce qui nous passionne.

Que représente votre famille dans la nouvelle société ?

Nous détenons un quart des parts.

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Tour des Cartes Occitanie: résultats de la 3eme édition.. le 3 octobre !

Le compte à rebours est lancé jusqu’à lundi 3 octobre prochain pour connaître les résultats de l’édition 2022 du Tour des Cartes d’Occitanie : retour sur les impressions du jury.

Le 3 octobre prochain les résultats du Tour des Cartes Occitanie 2022 seront dévoilés lors de la soirée de gala au domaine de Manse à Lattes, siège social des Vins Pays d’Oc IGP, en présence des membres du jury et de personnalités du monde du vin et de la restauration d’Occitanie, autour de ce thème fédérateur: les plus belles cartes de vin.

Le jury s’est réuni le 5 septembre, dans l’hôtel Richer de Belleval, à Montpellier, la nouvelle adresse de prestige du Groupe Château Pourcel, ouverte en juin 2021. L’hôtel Richer de Belleval, Relais & Châteaux, a vu son restaurant gastronomique, Le Jardin des Sens, étoilé en 2022. Cette reconnaissance rapide est le fruit de la collaboration, depuis 1988, entre Olivier Château, sommelier, et Jacques et Laurent Pourcel, cuisiniers. Elle a conduit le premier Jardin des Sens jusqu’à 3 étoiles et fait grandir le groupe avec des adresses en Asie, une offre allant de la gastronomie, au restaurant de plage et au bistrot, où les vins d’Occitanie ont toujours tenu une place de choix… une démarche qui fait écho aux qualités recherchées dans le Tour des Cartes Occitanie.

Il a suscité quelques 300 candidatures, sur lesquelles 50 finalistes étaient soumis au jury pour désigner un lauréat sur chacune des 5 catégories : bar à vin, restaurant de plage, restaurant traditionnel, restaurant gastronomique, restaurant de chaîne.

Jacques Mazerand, chef du restaurant le Mazerand à Lattes depuis 33 ans et président du Club des Chefs d’Oc, présidait ce jury 2022 : « Notre travail est de sublimer les produits de la terre, de la mer et des vignerons : il n’y a pas de bon repas sans bon vin et réciproquement. C’est très important pour les clients d’avoir une jolie carte des vins, un choix qui invite à la découverte, avec les conseils d’un sommelier. Nous avions une belle sélection de candidats, avec des qualités différentes ».

Sébastien Martinez, chef exécutif vins du Jardin des Sens depuis 2008, participait au jury pour la première fois, en apportant le regard du sommelier « C’est très bien de valoriser le travail au quotidien sur ce secteur : quand une carte est étoffée sur le vin, il y a de bonnes chances que la cuisine soit à la hauteur ! On voit une démarche conséquente sur les vins du Languedoc-Roussillon, mais il ne faut pas oublier les autres régions ! ».  

Le jury comptait aussi Gauthier Zahonéro propriétaire de la Plage des Lézards à Palavas (Lauréat 2021), Florence Barthès, directeur général des Vins Pays d’Oc IGP, Christophe Felèz sommelier du même label et Sylvie Tonnaire rédacteur en chef de Terre de vins : leur verdict sera à découvrir dans quelques jours !

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Les domaines de François Pinault et du groupe Henriot fusionnent

Le groupe Artémis, propriété de François Pinault, annonce ce vendredi 30 septembre devenir actionnaire majoritaire d’un nouveau géant des vins français : le regroupement des domaines d’Artémis et de ceux du groupe champenois Henriot.

C’est un petit séisme dans le monde du vin, de Bordeaux à Reims, en passant par Beaune. Artémis domaines, qui regroupe les propriétés viticoles de la famille Pinault (Kering), fusionne avec les Maisons & Domaines Henriot. L’ensemble prend le nom d’Artémis Domaines. Le regroupement a été signé ce vendredi 30 septembre. La nouvelle société précise que « la famille Pinault sera actionnaire majoritaire, à un peu plus de trois-quart des parts, tandis que la famille Henriot est actionnaire minoritaire». Elle est « dotée d’un conseil de surveillance présidé par Gilles de Larouzière Henriot, et pilotée par Frédéric Engerer, directeur général d’Artémis Domaines avec l’ensemble des équipes. »

Un nouveau géant

Objectif : opérer une synergie entre les moyens et les équipes des deux groupes.  « Le rapprochement des propriétés de Maisons & Domaines Henriot et d’Artémis Domaines est une formidable opportunité pour rassembler sous une même bannière des trésors de notre patrimoine viticole. C’est la garantie qu’un groupe français assurera dans la durée la préservation de tels joyaux et poursuivra la quête de l’excellence qui a marqué leur prestigieuse histoire», assure François Pinault, propriétaire d’Artémis Domaines.

De son côté, Gilles de Larouzière Henriot, PDG de Maisons & Domaines Henriot, déclare : « Pour les propriétés de notre groupe familial, cette alliance est pleine de promesses. Avec Artémis Domaines, nous partageons un attachement profond pour le patrimoine viticole exceptionnel de la France et l’ambition de mettre pleinement en valeur l’ensemble incomparable que nous constituons par la réunion de nos domaines. Cette opération a vocation à s’inscrire sur plusieurs générations, à l’image du temps long qui fait les grands vins. »

De cette fusion émerge un nouveau géant français des vins de prestige. En effet, les deux groupes observaient jusqu’ici une stratégie d’investissement parallèle, dans des domaines ou des parcelles d’exception, par leur histoire comme par leur valeur foncière. L’opération n’implique pas de licenciement chez les collaborateurs, au nombre de 140 chez Artémis, et 250 chez Henriot.

Les propriétés réunies :

– Famille Pinault : Château Latour (1er CC à Pauillac) Château Grillet (Côtes du Rhône septentrionnales), Clos de Tart (Côte de Nuits), domaine de l’Eugénie  (Côte de Nuits), domaine Eisele Vineyard (Napa Valley), ainsi qu’une participation minoritaire dans les champagnes Jacquesson

– Famille Henriot : Bouchard Père & Fils (Beaune), William Fèvre (Chablis), Maison Henriot (Champagne) et Beaux-Frères (Oregon).

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[Chateauneuf-du-pape] Le Château Maucoil vendu

Le Château Maucoil a été racheté par Bernard Duseigneur, vigneron du domaine éponyme à Châteauneuf-du-Pape et l’entrepreneur bourguignon Jean-Philippe Girard. Ce dernier est le Président fondateur du Comité de Surveillance EUROGERM, Président de l’agence Dijon Bourgogne Invest et propriétaire du domaine Chantal Lescure à Nuit Saint Georges. Situé à Orange, Maucoil est l’un des domaines historique de l’appellation. Propriété de Frédéric et Benoît Lavau, associés à Charles Bonnet et Bénédicte Arnaud, il comprend 43 hectares certifiées AB, 26 en AOC Châteauneuf du pape et 13 en AOC Côtes du Rhône Villages, en rouge et blanc.

« C’est l’un des plus beau terroir de Châteauneuf du pape, un lieu phénoménal », assure Bernard Duseigneur, qui a l’ambition de le convertit à la biodynamie et à l’œnotourisme. Les deux associés souhaitent lui redonner son lustre. Le château du début du XVIIème siècle a besoin d’être rénové et le chai modernisé. Le projet ambitieux comprend la création de 30 chambres et d’un restaurant. « Un lieu d’accueil pour les amoureux du vin, où le vin sera le centre de séjours winerie, avec un parcours découverte de la biodynamie et de la biodiversité, des accords mets-vins », précise le vigneron. Ouverture prévue en 2025-2026.

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Un Negroni à la française

Tout dans ce cocktail nous pousse dans les charmes de la Renaissance italienne sauf que le nouveau Negroni de Médicis est une création française de la maison Villevert.

A lui seul le terme de Médicis renvoie à moult images d’Épinal incarnant la Renaissance italienne, plus encore une famille florentine dont le pouvoir a souvent été mis au service de l’art. Mécènes, esthètes, précieux autant que fines gueules, les Médicis trinquaient volontiers un Negroni au café Casoni. C’était le soir, c’était chic, c’était une création du comte Camillo Negroni qui suggéra un jour à son mixologue – qu’on n’appelait pas comme ça à l’époque – de bouleverser les codes de son cocktail habituel fait de vermouth, d’amaro et d’eau gazeuse. Entre légende et réalité, le barman remplaça l’eau gazeuse par du gin. Le Negroni était né à Florence et quelques siècles plus tard ce mythique cocktail apparaît directement assemblé dans un flacon sous le nom de Negroni de Medicis. Au petit détail près qu’un discret drapeau tricolore relie le bouchon à la bouteille… Cette création est sortie des pensées non moins florentines de ce fou de cocktails Jean-Sébastien Robicquet, le fondateur et PDG de la maison Villevert (Ciroc, G’Vine, Nouaison Gin, Quintinye Vermouth, La Guilde…). « Hymne au passé et aux bonnes manières », ce cocktail est un « hommage au célèbre élixir Amaro, l’apéritif favori de la famille Médicis », peut-on lire sur l’étiquette craft. Naturellement, c’est un blend maison constitué de Gin Nouaison, d’Amaro Santoni Aperitivo, de Quintinye Vermouth Royal Rouge. Il reste à faire valser quelques glaçons et siroter en pensant à Botticelli, Vinci et autre Michel-Ange.

Cette édition limitée a été créée pour la Negroni Week mais certaines créations éphémères s’installent parfois durablement dans le temps…   

www.maisonvillevert.com  

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Un jeune Savoyard acquiert le domaine Eugène Carrel & Fils

Thomas Senger, jeune entrepreneur né en Savoie vient d’acquérir le domaine Eugène Carrel & Fils. La propriété située sur la commune de Jongieux poursuit ainsi une histoire de près de deux siècles sous le nom de domaine Carrel & Senger.

Agé seulement de 34 ans, Thomas Senger est un entrepreneur passionné par le vin et la Savoie, sa région d’origine. Formé dans les métiers de la finance et de l’audit, il a rejoint, il y a près de dix ans, le groupe LVMH dans la division vins et spiritueux. D’année en année, son travail l’a conduit à voyager à travers le monde dans les entreprises et vignobles du groupe, afin d’y optimiser les opérations et y développer les stratégies marketing et commerciales des marques. En ce mois de septembre 2022, il est aux commandes de ses premières vendanges au sein du nouveau domaine Carrel et Senger, qui regroupe désormais 30 hectares

Comment avez-vous décidé de quitter un grand groupe pour vous investir totalement dans ce vignoble de Jongieux

C’est un alignement de planètes. J’ai grandi à La Motte-Servolex (Savoie), aux portes de Chambéry, au pied des vignobles savoyards et je revenais souvent me ressourcer dans ces espaces alpins, entre lacs, montagnes et vignobles. J’ai tellement appris en travaillant, en particulier aux Etats-Unis, que j’avais envie de donner à mon tour. Le confinement m’a permis de prendre un peu de temps. Je me suis souvenu que c’est en faisant le tour du lac du Bourget à vélo avec mes parents que j’avais réalisé le potentiel (et la pente !) du coteau de Marestel, le Condrieu savoyard de mon point de vue. Aussi souvent que possible, je venais déguster et rencontrer les vignerons savoyards. C’est justement grâce à des amis vignerons j’ai rencontré Eugène, Paulette et Olivier Carrel, les propriétaires du domaine Eugène Carrel & Fils, qui souhaitaient pérenniser le domaine. J’ai pu le racheter en maintenant l’équipe. Olivier Carrel reste comme chef de cave. J’ai également repris les vignes d’Hubert Rouquille, un vigneron hors pair dont la famille est installée à Marestel depuis au moins cent ans. Il intègre le domaine comme chef de culture.

Quelles est pour vous la force du vignoble de Savoie ?

En Savoie, on a des vins qui reflètent vraiment leur terroir, ce qui n’a pas toujours état un avantage, mais se révèle maintenant, car on est une niche. On a de la fraîcheur grâce au découpage du vignoble et à l’altitude. C’est recherché maintenant à cause des perturbations climatiques actuelles. Pour Jongieux, à mes yeux, il y a beaucoup d’éléments positifs. D’abord un terroir d’exception avec le cru Marestel qui donne des vins très complexes, où on trouve des notes de truffes, de fleurs, de coing, du confit. Mais aussi on est dans une zone vraiment scénique avec le Rhône en bas, le coteau abrupt, le village classé. Quand on arrive là, tout est dédié au vin.

Quels sont vos premiers projets pour le domaine Carrel et Stenger ?

Créer un espace pour accueillir sur place, avec un nouveau caveau et une salle de réception, agrandir la cuverie pour l’améliorer, aménager un hangar qu’on vient d’acheter pour y stocker le vin dans de bonnes conditions. Cela va prendre un an et demi. Dans l’immédiat, nous sommes déjà au travail en interne sur le marketing pour mieux valoriser nos vins et accompagner nos partenaires commerciaux. On va aussi élargir nos marchés à l’export, même si on est déjà présents dans 30 pays et qu’on souhaite maintenir nos clients restaurateurs et locaux.

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Château Fonroque, élémentaire

Le Grand Cru Classé de Saint-Émilion a récemment dévoilé son nouveau cuvier. Conçu en accord avec les principes de biodynamie chers à Alain Moueix, qui conduit la propriété, cette nouvelle installation vise à faire encore progresser les vins en précision.

Converti de longue date à la biodynamie, Alain Moueix a amorcé la transition de Château Fonroque vers ce mode de culture peu de temps après avoir repris les rênes de la propriété, au début des années 2000 – comme il l’a fait sur son domaine de Pomerol, le château Mazeyres. Si, depuis, il y a eu du changement au capital de ce Grand Cru Classé (récemment confirmé à sa place dans le classement), la famille Guillard l’ayant racheté en 2017 avant de reprendre également Mazeyres en 2020, Alain Moueix continue de piloter les deux vignobles avec le même engagement et la même philosophie. Cette philosophie, qui dépasse le simple cadre environnemental, vise à atteindre une forme de vibration, de pureté et d’harmonie dans les vins. Et c’est ce qui a présidé à la conception du nouveau cuvier de Fonroque, tout récemment dévoilé – bien qu’il ait été étrenné sur le millésime 2021.

D’un point de vue technique, ce cuvier ambitionne d’apporter encore plus de précision dans la vinification, en adéquation avec le découpage parcellaire des 17,5 hectares du vignoble, le nombre de cuves béton passant de 13 à 27, avec des volumes de contenance allant de 30 à 100 hl. Il aspire, surtout, à prolonger l’inspiration biodynamique qui est mise en œuvre à la vigne. Ainsi, une étude géobiologique a été réalisée au préalable, afin de “positionner les cuves sur des zones énergétiques favorables”, explique Alain Moueix. Les proportions ont été calculées selon l’harmonie du nombre d’or. Les cuves ont été fabriquées en jours “fleur” et “fruit”, puis nourries avec une eau “informée avec le vin du cru”.

L’éclairage du cuvier se veut naturel, la thermorégulation se fait sans circulation aérienne “pour une vraie qualité de silence”. Matériaux nobles peu transformés, couleur “symbolique du détachement terrestre” et recherche constante de la “verticalité” dans la disposition des lieux complètent la conception de ce cuvier dont la réalisation a été menée par l’architecte nantais François Bureau. “C’est ainsi que nous choisissons d’accompagner nos raisins en biodynamie vers la magie de la transmutation”, souligne Alain Moueix. “Le nouveau cuvier de Fonroque, c’est tout un poème en somme, que nous adorons partager”.

Pour l’inauguration du cuvier, Alain Moueix a fait appel à l’artiste synesthète, plasticien et compositeur Eddie Ladoire, pour une expérience immersive autour du La 432, soit la fréquence de propagation des ondes sonores dans l’eau de notre corps : “tout comme le vin naît du raisin et demande par l’assemblage l’architecture de son existence, la musique d’Eddie Ladoire arrive d’une récolte, celle des sons du lieu”. La conjugaison de la vibration et des éléments, une quête infinie pour Alain Moueix, qui avec le soutien de la famille Guillard, continue de tracer un sillon singulier dans le vignoble bordelais.

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La folle aventure d’Ampelidae

Actionnaire depuis 2004 et à la direction d’Ampelidae depuis 2020, la famille Meuli poursuit la folle aventure de ce négoce ligérien en investissant le Château des Roches. Isabella Meuli se confie sur ce tournant oenotouristique. 

 Ampelidae au Château des Roches : quelle est l’histoire en quelques mots de cet édifice ?

Les origines du Château des Roches remontent au XIème siècle. Sa version actuelle date du XIXème pendant lequel il a connu ses heures de gloire en étant la résidence de vacances du célèbre écrivain Gilbert Cesbron. Il fut surtout la demeure du Président de la Société́ Française des Hybrideurs, Jacques Marot. Sous son impulsion, le vignoble local s’est massivement reconverti aux hybrides producteurs directs qui, en 1895, sont les seuls à pouvoir répondre à l’énorme soif d’un pays ravagé par le phylloxera. Le Château des Roches deviendra à cette époque la toute première entité́ viticole de la Vienne, tant pour son activité́ de pépinière que celle de producteur et de négociant. Une seconde jeunesse lui est donnée par notre famille avec le rachat du château en 1990 et le rachat du domaine viticole en 2004. L’exploitation du « Chai-Cave » semi-troglodyte datant de 1893, unique en son genre, a été intégralement redessinée par Ampelidae et propose un ensemble de vinification à la fois grandiose et extrêmement fonctionnel. Il permet d’accueillir près de 1000 personnes pour les évènements festifs et surtout de vinifier la production de plus de 200 hectares de vignes.

Pourquoi avez-vous choisi de miser sur l’œnotourisme ?

Nous avons choisi de miser sur l’œnotourisme pour faire connaître cette partie méridionale du Val de Loire qui a failli disparaître de la carte des vignobles de France. C’est un joyau caché non seulement pour son cadre magnifique, mais aussi pour sa riche histoire et la multitude de terroirs qui donnent naissance à nos grands vins.

Quelles sont les formules qui vont être proposées au public ?

Nous proposons trois formules au public. La formule « vigneron » avec une visite guidée du chai d’Ampelidae et de sa cave avec une dégustation de trois vins du domaine. Nous prenons des groupes de 15 personnes au maximum. La formule du « sommelier » est une visite guidée des vignes, du chai d’Ampelidae et de sa cave avec une dégustation de 5 vins du domaine accompagnée de tapas, de charcuterie et de fromage. C’est aussi limité à 15 personnes tout comme la formule de « l’épicurien » avec une visite guidée des vignes, du chai d’Ampelidae et de sa cave avec une dégustation de 5 vins du domaine et un panier des vendangeurs avec des charcuteries, terrines, fromages de chèvre, salade, légumes et fruits du potager, dessert maison…

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[J-9 Lyon Tasting] Champagne Drappier sort la Grande Sendrée 2012

Urville, l’aube cistercienne, le général de Gaulle… Lorsque Michel Drappier vous raconte l’histoire de sa maison, le voyage n’est jamais décevant ! Alors que la marque sera présente à Lyon Tasting les 8 et 9 octobre, Michel a accepté de revenir avec nous sur l’origine de sa fameuse cuvée « Grande Sendrée » qui sort le tout nouveau millésime 2012.

D’où vient ce nom étonnant de Grande Sendrée ?

En 1836, un incendie détruisit le village d’Urville. A l’endroit où se trouvent les parcelles actuelles, existait une forêt qui fût elle aussi la proie des flammes, laissant derrière elle une couche de 20 centimètres de cendre sur le sol. L’un de mes ancêtres a décidé d’y planter des vignes. Alors que le phylloxéra n’avait pas encore frappé et que le vin était considéré comme un nutriment, la mode était d’en mettre partout. La cendre étant un excellent fertilisant, il s’est aperçu qu’elle y poussait merveilleusement bien. L’incendie avait tué tous les ravageurs, champignons, maladies qui pouvaient nuire à la vigne et pendant des dizaines d’années, elle n’a donné que de beaux raisins sains. Les vignerons baptisèrent le lieu-dit « Cendrée » du nom de ces tas de cendres amassés au cours de l’hiver que l’on étalait ensuite dans les champs. Une erreur d’orthographe au cadastre transforma le C en S…

Contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre pour une grande cuvée, ce n’est pas un coteau plein sud. Néanmoins, avec le réchauffement, cela constitue un avantage, en lui apportant un surcroît de fraîcheur qui fait que ses vins mettent longtemps à se dévoiler. Ainsi, la cuvée n’arrive jamais avant au moins neuf ans de cave sur le marché. Le sol est lui aussi étonnant. On est sur le Jurassique Kimméridgien, le même qu’à Chablis, sauf que les cailloux ont été arrondis par la marée et forment des galets un peu comme à Châteauneuf-du-Pape. On a aussi des oxydes qui rappellent la Côte de nuit !

De quand date le premier millésime et quelles sont les caractéristiques de la vinification ?

Dans les années 1970, mon père voulait faire une cuvée spéciale, il avait retrouvé un vieux flacon qu’il voulait utiliser. Nous avons pensé à ce lieu-dit. Nous avons commencé en 1974. Je m’en souviendrai toute ma vie, j’étais en train de vendanger et il s’est mis à neiger ! Compte tenu de la réputation de l’année, on n’a pas osé revendiquer le millésime, même si grâce à un tri rigoureux, nous avions réussi à faire une belle cuvée. Le premier millésime officiel est donc 1975. Les vignes se composent d’environ 60 % de pinot noir et 40 % de chardonnay. Les pinots noirs sont issus pour l’essentiel d’une sélection massale initiée par mon grand-père. Les parcelles sont cultivées en bio, et labourées souvent avec le cheval. Côté vinification, nous n’utilisons que le début de la première presse. Pour donner de la tenue au vin, nous en mettons 30 à 40 % sous bois, exclusivement en demi-muids ou en foudres, jamais en fûts, pour ne pas avoir d’oxydation excessive ni de marquage boisé prononcé.

Comment décririez-vous ce vin, avec quoi l’accompagneriez-vous ?

Austère au départ, lorsqu’il s’ouvre, il est très aubois, très pinot noir avec un effet terroir fort qui passe devant le millésime. Il s’agit vraiment d’un vin que l’on reconnaît. Mais pour cela, il faut choisir l’année qui va bien. On a fait par exemple du 2003 en millésime d’exception, mais nous n’aurions jamais fait de grande Sendrée. L’année était trop atypique. Avec 2012, on coche toutes les cases de la Champagne, raisins sains, nuits fraîches, on aligne tout ce qu’il fallait au bon moment. Il y a à la fois cette complexité, cette richesse et cette fraîcheur. Le dosage est très faible, à peine 4 grammes. On a des notes de groseille et d’agrumes confits. Les Anglais m’amusent, parce qu’ils disent que cela sent le toasté et la cendre ! Mais la cendre de la parcelle est partie depuis longtemps, le côté toasté vient du brûlage des foudres et de la réduction. Vous avez enfin la salinité procurée par le kimméridgien. En accompagnement, je prendrais un poisson, mais comme il est déjà vineux, il faut aller vers quelque chose de charnu et musclé, je verrais bien un blanc-manger de lotte, j’aime ce mélange de plats raffinés et un peu canailles.

Prix 90 € www.champagne-drappier.com

La Maison de champagne Drappier sera présente sur Lyon Tasting, les 8 et 9 octobre au palais de la Bourse de Lyon, Stand CH12.

Vous pouvez encore prendre votre billet d’entrée en cliquant sur ce lien.

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Thomas Seiter remplace Pierre-Henri Gagey à la tête de Jadot

Pierre-Henri Gagey, à la tête de la maison Louis Jadot depuis 31 ans, cède son poste à Thomas Seiter, actuel directeur général de la maison Bouchard Père et Fils. Thibault Gagey, fils de Pierre-Henry, se voit pour sa part confier la direction générale.

C’est un mouvement remarqué en Bourgogne, et plus particulièrement à Beaune. Pierre-Henry Gagey, président de la maison Louis Jadot depuis 1992, prend sa « retraite opérationnelle » et laisse la place à Thomas Seiter, actuel directeur général de la maison Bouchard Père et Fils (propriété du groupe champenois Henriot), ainsi qu’à son fils, Thibault Gagey.

« Nous avions prévenu  le personnel et nos importateurs depuis 1 mois et demi », confie Pierre-Henry Gagey. L’ancien président du BIVB va désormais prendre la tête de la holding de Louis Jadot, qui comprend d’autre affaires, notamment des participations chez des importateurs. « Mon rôle s’approchera du rôle de président d’un conseil de surveillance, bien que nous n’en ayons pas chez Jadot », précise-t-il.

Une succession en retard de 2 ans

Thomas Seiter, 47 ans, lui succède à la présidence, ce qui lui accordera un rôle stratégique. De son côté, Thibault Gagey, représentant de la 3e génération de la famille Gagey dans la maison, se voit confier le poste de directeur général, plus opérationnel. Un choix des actionnaires : la famille Kopf, originaire des États-Unis, qui avait racheté la maison familiale en 1985.

La succession, envisagée de longue date, a traîné en raison de la crise Covid.  « Au départ, je pensais prendre ma retraite opérationnelle fin 2020, mais il y a eu la pandémie ainsi qu’un millésime très restreint en 2021, et j’ai pensé que ce n’était pas un cadeau à faire à mes successeurs», confie Pierre-Henry Gagey. Après 31 ans à la tête de la maison, dont le chiffre d’affaire atteint désormais les 100 millions d’euros, il se dit préparé. « Il est normal de laisser la place aux jeunes, c’est très bien pour la maison. »

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