Edouard Normandin-Mercier : « L’Aunis était autrefois couvert de vignes ! « 

La maison Normandin-Mercier a fait l’acquisition de terres en vue de recréer comme autrefois un vignoble dans l’arrière-pays rochelais. Edouard Normandin-Mercier nous explique la genèse et le financement de ce projet… durable. 

Comment est née cette idée de replanter un vignoble dans l’arrière-pays rochelais ? 
C’est une idée de longue date. Elle a germé il y a plus de 10 ans déjà, mais elle n’a pas pu se réaliser en raison de la non-disponibilité des terres agricoles. Il a donc fallu attendre de pouvoir les récupérer pour lancer ce projet.

Vous évoquez dans votre communiqué l’idée de ne pas faire un copié-collé de ce qui existe déjà dans l’AOC, alors quel est le cahier des charges de ce projet ? 
En effet, pour moi la monoculture n’a pas d’avenir et plus particulièrement en viticulture et il me parait nécessaire d’intégrer aux projets de la biodiversité… Ainsi l’agroforesterie m’a beaucoup séduit et je suis convaincu qu’un mode cultural résiliant permettra d’accueillir un bon biotope et qu’il est vain de lutter en utilisant des pesticides et de la chimie. Dans ce sens, une large diversité de cépages sera plantée pour permettre à la fois d’élargir la résistance aux maladies et au stress hydrique et aussi d’apporter une large palette aromatique sur l’élaboration de nos pineaux biologiques. En plus des 16 cépages autorisés dans l’appellation Pineau des Charentes, je souhaite innover avec un trois nouveaux cépages résistants dont le coutia qui vient d’intégrer en 2024 le cahier des charges. Une analyse de sol a été effectuée par un laboratoire spécialisé et une fosse pédologique a été analysée par la chambre d’agriculture afin de trouver le ou les portes greffes les mieux adaptés à la parcelle. Coté greffe, mon souhait est de privilégier une sélection massale et non clonale une fois de plus, pour élargir le patrimoine génétique et donc la faculté de réponse (aux aléas du climat ? au réchauffement climatique ?)  Et aussi tout simplement à la vie.

Et quels sont les acteurs de ce projet, à la fois sur le vignoble et dans son financement ? 
Les acteurs d’aujourd’hui sont essentiellement familiaux mais par le biais du financement participatif nous désirons partager cette expérience avec des néophytes passionnés par notre terroir, et des professionnels curieux de nouvelles expériences. Nous voulons élargir notre passion avec des gens intéressés par les moments forts de la vie de la vigne (plantation, relevage, taille et vendanges manuelles). Nous voulons les initier avec nous ! Ainsi, coté financement, il est à la fois personnel et participatif sachant que c’est un projet de longue durée dont il faudra adapter les différentes étapes sur 3 à 5 ans pour l’achat du matériel de vendange, de vinification et de stockage. Nous espérons que les acteurs seront nombreux à nous rejoindre. Enfin, avec le Comité de promotion du Cognac et du Pineau des Charentes, nous avons la chance d’avoir à nos côtés un partenaire associatif intéressé par la partie conservatoire de vieux cépages et par l’ouverture du projet aux visites scolaires et oenotouristiques. Dans ce cadre, nous espérons qu’il recueillera un soutien actif. N’oublions pas que l’Aunis était autrefois couvert de vignes ! 

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