Lombard : du champagne au Gin et du Gin au champagne…

Permettre à la vigne de révéler l’identité d’un terroir, tel est le rôle d’un vigneron, dont le devoir est de chercher à s’effacer pour que cette expression puisse être la plus directe, la plus transparente possible. Mais on peut s’amuser à prendre le chemin inverse et tenter de recréer cette identité de manière artificielle. Il faut pour cela un produit dont le cahier des charges soit très libre : le champagne Lombard a choisi le Gin pour évoquer sa cuvée parcellaire Les Ribauds.

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[Entretien] Hervé Bache-Gabrielsen : « Séduire et fidéliser l’amateur éclairé »

Sorti du salon Wine Paris pour courir le monde, Hervé Bache-Gabrielsen, directeur-général de sa maison éponyme, nous délivre son ressenti sur le marché du cognac. Hervé B. G. est aussi Chef de famille du négoce au Bureau National Interprofessionnel du Cognac.

Wine Paris, le monde des spiritueux était à Paris, quelle est votre stratégie pour sortir le cognac du lot ?
L’organisation du pavillon Spiritueux à Wine Paris était pertinente Continuer la lecture de « [Entretien] Hervé Bache-Gabrielsen : « Séduire et fidéliser l’amateur éclairé » »

Monaco, capitale mondiale de la sommellerie

Du 22 au 25 février 2024, Monaco sera le point de convergence des sommeliers du monde à l’occasion de l’Assemblée Mondiale de l’ASI. Organisée par Dominique Milardi, président délégué de l’Association Monégasque des Sommeliers, elle promet d’être un événement exceptionnel puisqu’elle revêt une importance particulière. Elle coïncide en effet avec le 55ème anniversaire de l’Association de la Sommellerie Internationale, une occasion unique de célébrer l’art de la sommellerie et son évolution au fil des années.

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Pépites ligériennes et coups de cœur irrésistibles

A Angers, le regroupement de trois salons (Salon des vins de Loire, Levée de la Loire, Demeter) dans un même lieu, permet des découvertes de toute la France, mais le point fort demeure la Loire. Plusieurs jeunes domaines y exposant pour le première fois, nous avons fait notre marché et vous proposons en primeur de nouveaux cuvées irrésistibles. 

Le grand Fé 
Jean-Louis Naudin est un néo-vigneron revenu de la région parisienne pour s’installer à La Limouzinière, au cœur du Muscadet. Continuer la lecture de « Pépites ligériennes et coups de cœur irrésistibles »

Le vin nature, une plus juste valorisation des vignerons 

On évoque trop peu que Bordeaux abrite aussi des distributrices et distributeurs de vins natures. L’Appétit du Vin, crée par Laurene Amiet il y a presque 10 ans, désormais co-dirigé par Guillaume De Mecquenem, est un acteur important de la reconnaissance d’une production longtemps boudée et désormais plébiscitée. Continuer la lecture de « Le vin nature, une plus juste valorisation des vignerons  »

[Documentaire] »Un point c’est tout ! » : demain, la mort des grands vins ? 

Le pépiniériste Lilian Bérillon, engagé depuis près de 30 ans dans un autre modèle de production (des plants de vigne), alerte par ce documentaire sur le dépérissement du vignoble et l’importance d’une prise de conscience rapide sur le sujet pour pouvoir pérenniser la production de grands vins identitaires.

Cela ressemble fort à la bataille de David contre Goliath. Dans un monde viticole où, depuis des décennies, la qualité du végétal n’est parfois plus qu’un détail dans l’équation globale, Continuer la lecture de « [Documentaire] »Un point c’est tout ! » : demain, la mort des grands vins ?  »

Un recul, mais un record pour les exportations de vins et spiritueux

La Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) a parlé d’un « atterrissage en douceur » pour ce bilan 2023 qui affiche un net recul, mais reste la deuxième année record.

La Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) qualifie le bilan 2023 « d’atterrissage en douceur ». Il apparaît surtout très nuancé puisqu’il accuse un recul de près de 6% à 16,2 milliards d’euros en 2023, mais affiche quand même le second record historique à l’export après l’année record de 2019 et surtout après deux années de fortes progressions (les exportations avaient fait un bond de 28% en 2021 en valeur, 11% en 2022). Le secteur reste d’ailleurs avec 14,8 Mds€ le premier excédent agroalimentaire et le troisième de la balance commerciale de la France. « L’année 2023 reste marquée par une forte inflation et un recul de la consommation liée notamment à la baisse des revenus disponibles » précise le président de la FEVS Gabriel Picard. « Dans ce contexte, la réduction des surstocks présents sur certains marchés – notamment aux USA – a eu pour conséquence une réduction du volume des exportations [‐10,4% à 174,5 millions de caisses de 12]. Ce fléchissement est une alerte pour nos entreprises. Il nous rappelle la nécessité constante de nous adapter à une demande évolutive des consommateurs et des marchés.»

Des vins qui résistent mieux que les spiritueux
Les vins perdent 9,4 points à 122,6 M de caisses (de 12) soit 11 M hl, touchant toutes les catégories sauf la niche des vins pétillants, et en particulier les trois principales catégories que sont les champagnes qui pèsent 11% des volumes (13,7 M de caisses à – 11,2%), les bordeaux 14% (17,3 M à -11,8%), et les Pays d’Oc 18% (21,8 M à -7,8%). En valeur, les exportations à 11,3 Mds € ne reculent que de 3%, celles du Champagne qui ne représentent pas moins de 38% du total restent stables (4,2 Mds € à -0,6%). Les bordeaux (20 % du total) reculent de 4,6% à 5,3 Mds € mais ce sont les vins de la vallée du Rhône et du Languedoc-Roussillon qui chutent le plus respectivement à -10,7% (483 M€) et -13,7% (197 M€).
Les spiritueux (48,4 M de caisses pour 4,8 Mds €) s’effondrent de 13,3% en volume, 12% en valeur, entraînés par le leader cognaçais qui souffre à – 21% en volume (14 M de caisses), et près de – 15% en valeur (3,3 Mds€). Le spiritueux représentant près de 29% des volumes et 70% du chiffre d’affaires, il pénalise tout le marché.

©FEVS

Un marché américain qui plombe les résultats
C’est aux Etats-Unis, de loin le premier marché, que le recul est le plus marqué à – 22% (3,6 mds €), pesant sur le résultat global. Il traduit la volonté des grossistes de réduire les stocks constitués pendant la période Covid et les tensions logistiques qui ont suivi. Cette situation concerne surtout les spiritueux (‐37%) et les vins mousseux (‐16%), les vins tranquilles restant stables en valeur. Les autres marchés montrent en revanche une certaine résilience. Au Royaume-Uni, la valeur des exportations s’établit à 1,7 Md€ (+1%), les vins reculant davantage en volume (-5%) qu’en valeur plutôt stable, et les spiritueux se maintiennent. L’Asie connaît une évolution comparable à 4 Mds€ d’euros (+1%), le Japon fléchissant de 4% tandis que la Corée du Sud et Taiwan sont stables et que la Malaisie et les Philippines font des bonds de 20 et 74% mais sur des volumes encore modestes. Le bilan est beaucoup plus contrasté pour la Chine avec une bonne dynamique des spiritueux (+3%) tirés par le cognac et profitant de la réouverture des lieux de consommations post-Covid alors que les vins fléchissent d’environ 20% en volume et en valeur après avoir tiré parti de l’absence de la concurrence australienne pendant deux ans. L’Union Européenne reste orientée positivement avec des indicateurs stables sur les deux principaux marchés allemand et belge et même de belles croissances en Espagne et en Italie.

©FEVS

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Clos Louie : une sélection massale pour retrouver le « goût vrai » du vin

Pour replanter malbec et cabernet franc, Pascal Lucin de Clos Louie, AOP Castillon Côtes de Bordeaux, a eu recourt à la sélection massale. Un investissement non négligeable* mais surtout une remise en cause de la sélection clonale qui selon lui ne répond plus aux exigences de qualité pour faire un grand vin de lieu. L’implantation du vignoble est pour tout vigneron l’étape primordiale dans la réussite de son domaine, Pascal Lucin, le sait.

Utiliser des plants issus de sa propre sélection et les porte-greffes qui correspondent à ses objectifs d’adaptation au sol, il y a longtemps que cette idée fait son chemin chez ce vigneron castillonnais adepte de la biodynamie qui se définit surtout comme un artisan ultraprécis. Il est le propriétaire de presque 5 hectares de vignes sur les beaux plateaux et pentes des Terres Blanches. Des élevages aux petits oignons avec la récente acquisition de foudres et enfin le recours à une sélection massale doivent – condition sine qua none – selon lui, l’aider à produire un vin meilleur. Clos Louie est une pépite de l’AOP dont Pascal Lucin, secondé par sa femme Sophie, tire depuis 2003, des cuvées singulières et fortement marquées par des choix forts de vigneron et des sols de calcaire affleurant. Il plante également des arbres, qui s’ils ne concourent pas directement à produire un grand vin, participe, selon le vigneron, à l’amélioration de l’écosystème et à préserver la biodiversité sur le petit domaine. Il ajoute cependant, que cette recherche constante de l’amélioration gustative du vin va de pair avec la recherche constante d’aménagement paysager et de progression de la biodiversité.

Pascal et Sophie Lucin – Clos Louie

Vive la singularité
« En 2012, je prends la décision d’aller rencontrer le pépiniériste Bérillon, sur les conseils d’un voisin vigneron ». Il est rapidement convaincu par la démarche qui s’appuie sur une profonde connaissance de la vigne et la volonté de partir du vivant. La sélection massale, rappelle-t-il, permet de sélectionner, avec le pépiniériste, des individus différents dans les parcelles. Une méthode largement répandue dans le vignoble français jusqu’aux années 1970 et désormais supplantée par la sélection clonale, soit la reproduction à l’identique d’un même individu. Une sélection clonale qui emporte alors tout sur son passage dans la mesure où elle garantit de meilleurs rendements, une bonne capacité d’accumulation des sucres. Il est surtout convaincu qu’il faut prendre en compte d’autres paramètres, dont le terroir et la complexité gustative d’un vin. Selon Pascal Lucin « On multiplie un même sujet, une même « gueule », une même capacité à produire un raisin qui aura d’un pied à l’autre une configuration identique». La sélection massale évite les standards de production.

Sélection massale, nouveau cépage et densité : trio gagnant ?
L’artisan de Terres Blanches reste persuadé de pouvoir ainsi obtenir des profils gustatifs bien définis. « Je constate que les vins issus de sélection massale ont plus de subtilité, une aromatique différente et, au risque d’utiliser un mot parfois galvaudé, plus d’éclat. » Pascal Lucin décide également de replanter plus serré, à 7300 pieds hectare. Ce qui selon lui favorise le développement des racines en profondeur et produit des vins plus frais, aux tanins plus soyeux. Dans cette quête de qualité et d’identité, il choisit également de replanter du malbec, concourant ainsi à remettre à l’honneur un cépage anciennement très présent dans le libournais. « Le malbec a un profil très identifiable et apporte quelque chose aux vins que je fais. Je trouvais que la proportion 1/3 de malbec pour 2/3 de cabernet franc sur ce type de sol faisait sens. Il ne faut pas se contenter de faire ce que l’appellation demande, il faut chercher d’autres aromatiques et surtout se faire plaisir et proposer des choses différentes aux consommateurs. » ajoute-t-il tout sourire. 

* Le coût d’un plant peut varier de 1,50 € HT à 6€ HT pour un plant de sélection massale.

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Domaine Raboly : jeunesse et audace

Théo Xavier est un jeune homme entreprenant. Viticulteur à la cave Rhonéa de Beaumes-de-Venise, il s’est mis en tête de vinifier ses propres cuvées.

Voici une personnalité rayonnante, intarissable sur son métier, son amour du vin et de son village. Théo Xavier croque la vigne à pleines dents. BTS viti-oeno à Beaune en poche, le voici parti vinifier en Afrique du Sud. Son avenir semble tracé, mais Beaumes-de-Venise le rappelle à son souvenir. Fils et petit-fils de viticulteurs, un oncle propriétaire du domaine de Durban, là où il y a des gênes, il y a forcément du plaisir. L’opportunité d’un métayage le ramène au pays natal et lui permet de s’installer aux côtés de son père, sur 25 hectares. « Il est très à l’écoute, il m’a laissé la main totalement. Les temps ont changé, il faut produire différemment, nous sommes certifiés AB depuis 2021 », explique-t-il. La vinification le démange tellement qu’il négocie avec Rhonéa la possibilité de créer sa propre cuvée, mais surtout pas en nom de domaine. « J’ai mes deux cuves et mes barriques, j’utilise leurs outils de vinification et profite d’installations au top », s’enthousiasme le vigneron. Bouillonnant, mais réfléchi, il a choisi les parcelles appropriées. Des vieilles vignes de grenache de 80 ans et des syrahs, en sélection massale, installées du côté de Saint-Véran sur des sables. Les raisins sont vendangés à la main en sur-maturité, seuls les jus de goutte sont conservés pour être vinifiés dans des demi-muids, qui ont accueillis jadis des muscats. Sortie de l’école bourguignonne, Théo aime la notion de climats, il a ainsi apposé les coordonnées GPS des parcelles sur l’étiquette.

Deux cuvées en AOC Beaumes-de-Venise, deux assemblages pour ce premier millésime 2022. La première (20€) est composée de 70 % de grenache et 30 % de syrah. Le nez est fort joli et bien ouvert, sur un registre de fruits noirs légèrement compotés, qui expriment leur densité généreuse. L’effet est le même au palais. Entre souplesse et fraîcheur, le fruit ampli la bouche. Seul petit bémol, la jeunesse qui donne des tanins granuleux. Il n’en sera que mieux dans les prochaines années. Pour la seconde cuvée, patience, elle ne sortira qu’en mars.

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Bilan pastel pour les rosés de Provence

Sur Wine Paris la semaine dernière, les vins de Provence s’affichaient en rose pastel avec près de 110 stands dans le hall 4 (80 lors de l’édition précédente). De quoi conjurer les mauvais chiffres 2023. 

Les rosés de Provence, en belle progression depuis le milieu des années 2000, marquent le pas : -9 % de sorties de chais en 2023, -10 % en volumes en grande distribution, -13 % à l’export. Seul paramètre à la hausse, les prix notamment qui ont fait un bond de 7 % en Grande Distribution. Le vignoble « qui bénéficiait depuis plus d’une décennie d’un cycle favorable » comme le rappelait le directeur de l’interprofession Brice Eymard, est en net recul, « imputable d’abord à l’inflation qui a un impact majeur sur le comportement des ménages. Les consommateurs achètent de mois en moins cher, quelle que soit la CSP (catégorie Socio-professionnelle), et la tendance touche d’autant plus le positionnement premium de nos rosés au profit des IGP, une tendance qui va sans doute perdurer en 2024 ». 

Une diversification marchés et couleur
Pendant 10 ans, l’export des rosés de Provence a explosé, en particulier sur les marchés anglo-saxons, en passant de 5 à 45 % tandis que les ventes en GD dans l’Hexagone reculaient de plus de 50 % à moins de 20 % du total. « Nous sommes passés d’une grande région de rosés vendus surtout en France à une petite appellation de rosés premium avec une notoriété mondiale. Aujourd’hui, nous avons un socle solide grâce à ce changement structurel, à la montée en gamme et aux progrès qualitatifs, mais dans les prochaines années, il va falloir se battre » reconnaît Brice Eymard. « C’est dans les moments difficiles qu’il faut réfléchir à l’avenir » insiste le président du CIVP Eric Pastorino qui tient à confirmer « le maintien des ambitions à l’international, mais sur des marchés plus diversifiés. Nous avions resserré nos actions sur quelques pays, notamment les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique, le Canada et nous allons à nouveau élargir la prospective aux pays émergents comme la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande… ».  La Provence découvre néanmoins que le blanc est un marché porteur. « Comme les blancs se vinifient comme les rosés et qu’ils peuvent entrer dans leur assemblage, nous incitons les vignerons à planter des cépages blancs pour développer la couleur en complément de gamme, même s’il s’agit toujours d’un petit créneau [5-6% sur une production totale de 1,2 million d’hl] et que la priorité reste aux rosés ». 

Pistes de réflexion multiples
L’interprofession souligne qu’elle planche également sur les grands enjeux climatiques, la gestion de la ressource en eau, les expérimentations sur d’autres cépages comme ceux d’origine grecque qui devraient bénéficier de premières vinifications en 2025, sur les Vifa (variétés d’intérêt à fin d’adaptation) en collaboration avec le Centre du Rosé, et même sur la désalcoolisation. 

La baisse inopinée des rendements annoncée en août 2023 et qui avait fait grincer le vignoble, surtout les opérateurs qui avaient toujours des marchés en demande, semble être « mieux acceptée aujourd’hui, affirme Eric Pastorino. Mais nous réfléchissons également, pour ajuster l’offre, à un projet de réserve interprofessionnelle qui pourrait être mise en place cette année afin de mieux gérer les stocks sur un an et tenter d’éviter le yoyo des récoltes qui nous pénalise ».  

Pour faire parler des rosés pendant les JO, l’interprofession entend par ailleurs mettre en œuvre cet été une « communication tactique » chez les cavistes parisiens, à l’aéroport et dans le tramway de Marseille et renforcer la communication digitale. « La demande de rosés est toujours là ; il faut juste aller chercher d’autres consommateurs » conclut Brice Eymard.

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