Grands Jours de Bourgogne : rendez-vous dans un mois

Du 18 au 22 mars se tiendra la 17ème édition des Grands Jours de Bourgogne, grand événement réunissant des professionnels du monde entier sur le territoire bourguignon. Cavistes, sommeliers, restaurateurs, importateurs, distributeurs, journalistes viennent d’une cinquantaine de pays différents pour rencontrer un millier de producteurs, du Chablisien au Mâconnais, en passant par la Côte de Nuits, la Côte de Beaune et la Côte Chalonnaise. Raphaël Dubois, vigneron et président de l’association des Grands Jours de Bourgogne, répond à nos questions à un mois du coup d’envoi.

Quels sont les temps forts auxquels s’attendre pour cette nouvelle édition des Grands Jours ?
L’événement conserve sa structure habituelle en cinq journées déployées sur le territoire bourguignon : Chablis et les vignobles de l’Yonne le lundi, Côte de Beaune le mardi, le Mâconnais (présenté à Beaune) le mercredi, la Côte Chalonnaise le jeudi et la Côte de Nuits le vendredi. Nous conservons le même nombre de manifestations sur chaque journée, avec des lieux de dégustation différents, ce qui nous permet de gérer au mieux la circulation des professionnels qui nous rendent visite, mais aussi les « off » en soirée. C’est un format qui a fait ses preuves, qui semble satisfaire les exposants comme les visiteurs, donc nous lui restons fidèles.

Avez-vous déjà un indicateur sur le visitorat ?
La dernière édition, en 2021, se situait encore dans la période de pandémie de Covid-19. Deux ans plus tard, nous renouons avec la venue de professionnels du monde entier, en particulier asiatiques. À plus d’un mois de l’événement nous avions déjà enregistré près de 1800 inscrits, ce qui nous positionne avec deux à trois semaines d’avance par rapport à la dernière édition. Certaines manifestations comme le rendez-vous au Clos de Vougeot le vendredi étaient déjà complètes avant Noël. Nous essayons de fluidifier les déplacements des uns et des autres en instaurant des plages horaires au cours de la journée pour venir sur les différents lieux de dégustation. Cela confirme l’engouement pour les Grands Jours, et un « retour à la normale » très réjouissant.

L’inauguration, l’année dernière, des Cités des Climats et Vins de Bourgogne représente-t-elle un argument d’attraction supplémentaire, et allez-vous vous appuyer sur ces cités dans le cadre de l’organisation des Grands Jours ?
Nous avons quelques surprises à ce sujet. Les cités ont une vocation grand public avant tout, mais elles sont un superbe outil de valorisation de nos vins et de nos terroirs. C’est pourquoi tous les professionnels qui viendront aux Grands Jours pourront, pendant l’année qui suit, venir les visiter gratuitement avec leur badge de l’événement. C’est une façon de maintenir et renforcer nos liens avec tous les amoureux de la Bourgogne, et de promouvoir ces installations qui sont passionnantes. Mais cela étant posé, il n’y aura pas de manifestation spécifique situé dans les cités dans le cadre des Grands Jours.

Ces Grands Jours de Bourgogne arrivent à un moment où la demande pour les vins de Bourgogne n’a jamais été aussi forte. C’est une occasion de consolider cette dynamique, à un moment compliqué pour la filière vin dans son ensemble ?
Nous devons être humbles et prudents. Alors que la filière vin en France est plutôt en souffrance, la Bourgogne va bien ; nous venons d’enchaîner deux millésimes plutôt généreux en qualité comme en volume, 2022 et 2023. Les Grands Jours s’imposent donc plus que jamais comme un point de rencontre essentiel entre les acheteurs, les vignerons, les négociants. C’est une plateforme inestimable pour le rayonnement de nos vins. C’est, aussi, l’occasion de rappeler que beaucoup d’opérateurs restent raisonnables sur les prix : on entend une grogne montante autour des tarifs pratiqués par certains domaines à forte notoriété, mais cela ne doit pas se répercuter sur toute notre filière. Ces cinq jours de rencontres et de dégustations sont l’occasion de montrer qu’il y a encore, en Bourgogne, de très bons rapports qualité-prix.

www.grands-jours-bourgogne.fr

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Château Raymond Lafon : une notoriété bien fondée

Raymond Lafon fait partie des rares châteaux de Sauternes non classés en 1855 qui auraient pu l’être si l’histoire en avait décidé autrement. La famille Meslier, propriétaire depuis 1972, a fait, dans les années 80-90, un travail de fond pour reconquérir une notoriété maintenant retrouvée et bien établie.

Le visiteur se gare sur le parking entre le château et une grange dans laquelle une cariole du début du 20ème siècle attire le regard. « Je ne suis jamais monté dedans » dit Jean-Pierre Meslier en vous accueillant. Pour se diriger vers la salle de dégustation, vous passerez devant le château : une curieuse et imposante bâtisse dans le style napoléon III, à mi chemin entre le château et la villa arcachonnaise, et dont la façade regarde avec envie le château Yquem et sa magnifique croupe de grave qui lui font face. L’homme vous expliquera que la propriété était en bien mauvais état lorsque son père, ingénieur agronome et régisseur au château Yquem voisin, l’acheta, en 1972. Seuls 4 ha restaient de ce château qui en 1928 en comptait une dizaine. Le Féret « Bordeaux et ses vins » de 1928 ne dit-il pas que « le château devrait avoir sa place au rang des 1er crus de la commune de Sauternes » et que « ses vins sont recherchés à cause de leur finesse, de leur moelleux et de leur agrément » ? Si le style de la description a bien évolué et s’est enrichi depuis, le terroir lui, n’a pas bougé. La raison principale de la qualité des vins est que les parcelles sont cernées par celles d’Yquem, Lafaurie Peyraguey, Sigalas Rabaud, Rabaud Promis et Suduiraut, tous classés : rien de moins. Mais pourquoi ce château ne fait-il donc pas partie du classement de 1955 ?

Un classement manqué de peu, mais une forte communication qui a payé
La propriété fut créée en 1850 par M Raymond Lafon. Pour être éligible au classement de 1855, il fallait être en mesure de justifier des prix de vente établis sur plusieurs décennies. Raymond Lafon « n’avait pas assez de millésimes à faire valoir » explique Jean-Pierre Meslier. Il ne fut donc pas classé. Un handicap que seule une entreprise de communication puissante pouvait compenser. C’est ce à quoi Jean-Pierre Meslier s’est attaché. La famille n’a dû compter que sur elle-même pour vendre ses vins « Le négoce a refusé de commercialiser nos vins car on n’était pas classé ». Aujourd’hui la situation a changé puisque 20 % des vins sont achetés par le négoce. C’est finalement peu et c’est bien la clientèle particulière constituée par Jean-Pierre qui achète. Les 15 années passées en Californie, à San Francisco, en tant qu’importateur, n’y sont pas pour rien. Mais c’est aussi, à l’occasion de voyages à l’étranger, les dégustations organisées dans de grands hôtels ou des restaurants réputés qui ont contribué à forger la réputation du cru et ont constitué un fichier clients. « Un travail de fond qui a permis de s’attacher des clients qui appelaient le négoce. Mais le négoce n’en avait pas. Alors les clients revenaient vers nous ». 

©Jean-Pierre Meslier

Beaucoup de châteaux de Sauternes complètent leur gamme avec la production de vins secs plutôt haut de gamme qui se vendent bien. Sur ce sujet, Jean-Pierre hésite : « Je ne sais pas. Est-ce que cela ne va pas brouiller l’image du château. Si on le fait, cela ne peut être que du haut de gamme. On en a fait jadis, pas à Sauternes, mais sur la région des Graves où nous avions une parcelle ». La famille se concentre pour le moment sur les deux Sauternes qu’elle produit, car il ne faut pas oublier « Jeunes Pousses », comme une promesse d’avenir, le 2ème vin, du nom du « Home d’enfants », un sanatorium pour jeunes enfants, que la famille avait créé au début du 20ème , à Briançon. 

Terre de Vins a aimé : Raymond Lafon 2019. 50 €.
Belle couleur vieil or. Nez expressif sur des arômes de poire, d’ananas, et de bonbon au citron. Un éclat de fraicheur vient relever l’ensemble. L’attaque est safranée et le milieu de bouche révèle vite une très belle liqueur, étirée et fine, bien équilibrée par l’acidité. La fine amertume des notes de pamplemousse se dissipe pour laisser la place à une réminiscence d’ananas, et surtout, en finale, des saveurs d’orange confite, de mandarine impériale, et un filigrane de mangue. Riche, fin et persistant. 

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Le plan de bataille de la Vallée du Rhône  

La vallée du Rhône passe à l’offensive pour conjurer les mauvais chiffres 2023. Des budgets et des actions vont venir soutenir les ventes en France et à l’export en misant notamment sur la diversification couleur.

Le bilan annoncé par le président d’Inter Rhône Philippe Pellaton est pour le moins mitigé : une récolte en retrait de 7% (2,4 M hl) pénalisant surtout les appellations régionales et en particulier les rouges (-9% pour une couleur représentant les trois-quarts de la récolte). En revanche, la production de blancs ne cesse de monter (+9%) ; elle atteint désormais le chiffre record de 12% de la production, tutoyant désormais les rosés en léger retrait (-6%). « Depuis cet été, l’ensemble des appellations marquent le pas, principalement à cause du pouvoir d’achat en baisse et d’un export frileux, reconnaît Philippe Pellaton. Le sur-prudence des marchés, la hausse des stocks tant chez les distributeurs que chez les négociants, des transactions plus calmes en début de campagne génèrent quelques angoisses ». Le surstock dans le vignoble estimé à 21 mois, a déjà été écrêté à 18 par quelques demandes de distillation avec un objectif à 15. « La baisse de rendements en 2023 a au moins permis d’équilibrer production et commercialisation, quelques arrachages tactiques de parcelles pourraient permettre quelques restructurations mais rien n’est décidé ».

Miser sur la diversification couleur
Les retraits sont constatés sur la plupart des marchés à – 10% au global (-19% aux Etats-Unis, – 10% en Grande-Bretagne) mais + 3% aux Pays-Bas, + 9% en Norvège et le Canada qui résiste bien. Ces ralentissements s’additionnent aux difficultés sur le marché français. Certes, le bateau amiral des Côtes-du-Rhône semble un peu mieux résister à -1,6%, les Villages et les autres appellations étant les plus chahutées. « Ce n’est pas faute d’actions puisque l’interprofession a mis en œuvre en 2023 un plan d’investissements de 12 millions d’euros sur quatre ans, rappelle Philippe Pellaton. Et on entend maintenir le cap car le potentiel est avant tout à l’international ». Inter Rhône entend miser à l’export sur la diversification en blancs et en rosés, notamment sur le marché nord-américain et en Chine et défricher des terres telles que la Corée et Singapour. 

Soutien à la grande distribution et à l’œnotourisme 
Un budget de 150 000€ va venir soutenir le marché français, notamment avec des actions de promotion en GD (38% de la commercialisation) où les ventes ont reculé de 4,4 %, de 5,8% pour les AOP de la Vallée du Rhône. Tracts et prospectus pourraient expliquer les vins ou les labels environnementaux – aujourd’hui plus de 50% du vignoble est certifié ou labellisé. 

350 000€ vont également être injectés dans l’œnotourisme « pour activer la destination ‘Vallée du Rhône’ avec une nouvelle plateforme de marque, pour synthétiser les actions sous une ombrelle régionale et recentrer l’offre sur les vins, que l’on raccroche le wagon régional aux initiatives territoriales ». Inter Rhône entend également remettre sur le métier l’ouvrage des vins rouges, afin qu’ils collent mieux aux tendances de consommation. La réflexion se poursuit pour baisser l’intensité colorante, augmenter la fraîcheur, étudier la faisabilité des no-low en partenariat avec l’Institut Rhodanien, réfléchir à quels profils de vins pour quels marchés.

Un pas vers Châteauneuf-du-Pape
Autre annonce : un rapprochement avec Châteauneuf-du-Pape, non pas avec l’ODG – quelques décennies de brouille ne s’efface pas d’un trait, mais dans le cadre d’une association de metteurs en marché. En négociation avec le Ministère de l’agriculture, elle pourrait intégrer des opérateurs déjà adhérents d’Inter Rhône avec d’autres appellations. « Il s’agit de leur permettre de présenter aussi des vins de Châteauneuf lors des opérations collectives, explique Philippe Pellaton. Beaucoup d’opérateurs sont déjà chez nous à 85% avec les autres crus, c’est une demande légitime qu’ils puissent présenter tous leurs vins. On ne fera pas la promotion de Châteauneuf à la place de l’ODG; on veut juste permettre aux exposants de présenter leurs bouteilles officiellement sans les cacher sous la table. Expliquer aux distributeurs le trou au milieu au milieu de la vallée du Rhône, c’est déjà compliqué à faire comprendre à Paris mis plus on est loin, plus ça apparaît une aberration. Et dans le contexte actuel, il serait dommage de se priver d’une locomotive; les marchés internationaux ont besoin de signes positifs ».

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Mouton Cadet engagé… et labellisé « Fair For Life »

Figurant parmi les vins les plus vendus au monde, la marque Mouton Cadet (groupe Baron Philippe de Rothschild) s’engage sur le plan environnemental et social en se dotant d’une labellisation « Fair For Life », qui vient récompenser une démarche responsable entamée depuis une dizaine d’années.

Dans les allées du salon professionnel Wine Paris & Vinexpo Paris, qui a fermé ses porte hier soir à la Porte de Versailles, les grands opérateurs français et internationaux du monde du vin tenaient tous pavillon ; parmi eux, le groupe Baron Philippe de Rothschild (BPDR) était venu défendre aussi bien ses propriétés, des grands crus bordelais aux domaines du Nouveau Monde, que ses vins de marque, parmi lesquels la plus célèbre d’entre elles, Mouton Cadet. Référence internationale produite à hauteur d’environ 12 millions de bouteilles chaque année, Mouton Cadet entend jouer pleinement son rôle de porte-drapeau d’une AOP Bordeaux quelque peu chahutée depuis quelques années. « Dans une période de tension pour la filière vin et notamment la filière bordelaise, la famille Rothschild veut assumer son rôle d’acteur engagé, bien sûr avec ses grands crus mais aussi avec sa marque phare, créée par le baron Philippe en 1930 », explique la directrice générale pour les vins de marque de BPDR, Véronique Hombroekx.

150 vignerons, 1500 hectares
Cet engagement s’inscrit dans une logique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) entamée depuis une dizaine d’années au sein du groupe, et qui porte aussi bien sur les pratiques environnementales que sur la pleine intégration des vignerons partenaires à cette démarche vertueuse : ce sont environ 150 viticulteurs bordelais, pour une surface de 1500 hectares, qui fournissent les approvisionnements nécessaires à la production de Mouton Cadet ; mais loin d’être de simples fournisseurs, ces « vignerons artisans » sont considérés comme une communauté à part entière. Pour renforcer les liens avec cette communauté et s’inscrire sur une relation durable, le groupe a ainsi mis en place une politique portant sur une juste rémunération des viticulteurs, un accompagnement vers la transition environnementale, et un accompagnement dans la transmission des métiers. « Notre action ne porte pas que sur la défense de la marque Mouton Cadet mais sur la défense de Bordeaux », poursuit Véronique Hombroekx. « Nos vignerons sont suivis, formés – à la taille, aux couverts végétaux, aux pratiques de confusion sexuelle, à la réduction des intrants, à la réflexion sur les cépages résistants, mais aussi à la façon dont ils pourront, demain, transmettre le relais aux générations suivantes, d’où un volet apprentissage essentiel. » Cet engagement au plus près du vigneron est incarné, sur le terrain, par Jérôme Aguirre, qui a pris la direction des vins Mouton Cadet en mai 2022, mais aussi son équipe de sept œnologues et par toutes les ressources internes de BPDR, à commencer par Julien Lecourt, directeur Recherche & Développement du groupe. « Notre rôle est de valoriser tous les terroirs de Bordeaux sur lesquels nous travaillons, de travailler au plus près des vignerons pour les mobiliser, les embarquer avec nous, les protéger aussi, car le métier de vigneron est en danger », précise Jérôme Aguirre.

30% de surfaces en bio, 100% en HVE 3
Pour donner une résonance forte à cet engagement, Mouton Cadet a opté pour une labellisation « Fair For Life », créé en 2006 par la Swiss Bio-Foundation en coopération avec le Groupe IMO, puis intégré au Groupe Ecocert en 2014. Programme de labellisation de produits pour le commerce équitable et les filières responsables dans les domaines de l’agriculture, de la fabrication et du commerce, « Fair for Life » apporte une garantie d’engagement des acteurs de la filière dans la mise en œuvre et l’amélioration continue de pratiques éthiques et durables (droits de l’Homme, conditions de travail, biodiversité, bonnes pratiques agricoles, gouvernance, relations commerciales équitables, etc.) C’est après un audit indépendant de plusieurs mois, opéré par Ecocert, que le label a finalement été attribué en janvier 2024, et officialisé dans le cadre de Wine Paris & Vinexpo Paris.

Loin d’être un aboutissement, ce label « Fair For Life » est une invitation à continuer d’avancer sur les sujets RSE, qu’il s’agisse de renforcer la solidité de la communauté (en 2023, 70% des vignerons Mouton Cadet avaient plus de 9 ans d’ancienneté), l’orienter vers une viticulture plus durable (100% des surfaces sont certifiées HVE 3, et 30% sont en agriculture biologique ou en cours de conversion) mais aussi de réfléchir à la viticulture d’après-demain, entre neutralité carbone et recours aux cépages résistants. Pour la première fois, lors du Salon de l’Agriculture qui se tiendra du 24 février au 3 mars, tous les viticulteurs partenaires seront réunis afin d’incarner cette dimension communautaire et engagée. Enfin, le 19 mars, se tiendra la première Assemblée Générale de l’association des vignerons Mouton Cadet, gérée par le collectif et qui doit travailler sur tous les projets à venir. Pour une marque mondiale aussi emblématique, le message envoyé est fort et assumé.

« Terre de Vins » recommande :
Mouton Cadet bio 2022
Lancée en 2019, la version certifiée AB (et aussi, désormais, « Fair For Life », bien que ce logo ne figurera que sur la cuvée « classique ») de la marque Mouton Cadet joue sur du velours l’interprétation d’un millésime solaire, entre fruit noir pulpeux, touche de grip tannique et finale subtilement vanillée. De la gourmandise et de la droiture. 11,50 €.

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[REPLAY] « Vino Veritas » Bordeaux : malgré la crise, ils y croient

Ce mois-ci, l’émission « Vino Veritas » sur TV7 prend le contrepied de la morosité qui touche la filière vin, notamment bordelaise, en mettant le projecteur sur des vigneronnes et vignerons qui demeurent optimistes malgré la crise.

Ventes en berne, crise de l’arrachage, baisse de la consommation (en particulier de vin rouge)… Dans un contexte plutôt morose, une nouvelle génération de vignerons bordelais se retrousse les manches et continue de croire à un avenir souriant pour les vins girondins. Xavier Sota et Mathieu Doumenge en parlent avec deux invités : Sophie Guimbertau-Foray, vigneronne au château Franc-Baudron (Montagne Saint-Emilion), membre du collectif « Bordeaux Rocks » et très engagée sur la voie du bio, du vin nature comme de l’œnotourisme ; et Jean-Guillaume de Giancinto, un néo-vigneron de l’Entre-deux-Mers qui, après une première carrière dans le commerce du vin, a repris le vignoble familial, le Domaine Le Trébuchet, pour signer des cuvées originales élevées dans des contenants tous différents.

Voir toutes les émissions « Vino Veritas »

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Le mouton à suivre

Il y a trois M dans ce Dommmaine des M : Fabien Moinier, Jean Mouton et Jean-Pierre Marre. Trois hommes assez déterminés pour signer leurs premiers vins. 

C’est une histoire de copains. Fabien a été maître de chai dans différentes caves coopératives et rêve de faire son vin, Jean est viticulteur sur l’AOC Vinsobres et Jean-Pierre est prêt à transmettre ses vignes, situées à Vaison-la-Romaine. Les voici associés en 2022, avec une cave en état de marche et un vignoble vieillissant mais bien tenu. Les deux jeunes vignerons ont étudié le parcellaire et compris que le terroir sableux serait propice à des vins frais et fruités. Ils entament la conversion AB.
Le premier millésime sert de test pour un rosé et un rouge. Essai concluant mais Fabien et Jean sont exigeants. Ils taillent différemment, tombent des raisins et se concentrent sur deux styles de vin rouge, tout en chouchoutant le demi hectare de blanc. La cave est équipée d’un groupe de froid et la cuverie est assez grande pour vinifier en parcellaire. 
La commercialisation débute sur la zone de chalandise, autour de Vaison-la-Romaine. Les restaurateurs jouent le jeu, le réseau s’active. Enthousiastes, les M se positionnent sur les petits salons régionaux et vont créer des animations estivales dans leur cave. La clientèle va sûrement suivre ce mouton. 

Terre de vins à déguster le millésime 2023
Côtes du Rhône rosé (9€). Un assemblage de grenache, syrah et carignan, mixant pressurage et saignée. Sa robe est rosée tendre, aux arômes fleuris et amyliques. L’attaque est franche sur une belle acidité et une finale à l’amertume sympathique. 

Côtes du Rhône blanc (9€). Grenache et clairette expriment la richesse des fleurs et des fruits blancs où dominent la pêche, l’abricot et un léger miellé. La bouche, moins exubérante, joue la carte du citron vert sans agression. Il y a de la gourmandise, de la finesse, de la longueur, dans un juste équilibre. 

Côtes du Rhône rouge (9€). Un joli fruité, légèrement floral et épicé pour ce duo grenache-syrah. Même sensation en bouche, sur la fraîcheur, la légèreté, dans un paysage de violette.

Côtes du Rhône rouge (11€). Le carignan a rejoint le grenache et la syrah, pour une version plus corsée. Mûre et cassis dominent avec un bâton de réglisse et un voile de tapenade. Un beau potentiel qui va se révéler avec un peu d’âge.
Instagram : Dommmaine_des_M

Fabien Moinier ©MP Delpeuch

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[Coup de cœur] Chablis 1er cru Les Fourchaumes vieilles vignes 2022 du Domaine Laroche

Le domaine Laroche, propriété du groupe Advini, est l’un des grands acteurs chablisiens avec un vignoble d’une superficie de 90 hectares. Et parmi les très belles cuvées, on retrouve l’un des premiers crus les plus célèbres : les Fourchaumes.

En remontant le long du Serein, après avoir dépassé la colline des grands crus, Fourchaume apparaît comme le premier cru le plus septentrional de l’appellation. Considéré comme « porte-étendard », il peut donner son nom aux premiers crus voisins que sont Vaupulent, Côte de Fontenay, Vaulorent et L’homme mort. Curieuse coïncidence puisque l’origine du nom Fourchaume viendrait d’une déformation de four à chaux ou de fourche à hommes, en somme le gibet ! En tout cas, Fourchaume qui s’étend sur 130 hectares dispose d’un terroir homogène qui produit des vins toujours très plaisants, ouverts et ronds, dotés d’une belle complexité. Le domaine Laroche en possède 2,44 ha de vieilles vignes âgées de 70 ans, exposées à l’ouest et au sud, abritées du vent du nord. Le vin est vinifié en cuves inox ainsi que dans des fûts de tailles différentes de 1 à 7 vins. Au sein des caves historiques de l’Obédiencerie, l’élevage sur lies fines se fait ensuite dans les mêmes contenants. Dès le nez, le vin impose sa présence et sa concentration. On est emporté dans un mélange charmeur d’agrumes (citron) et de tilleul. Expressif en bouche, doté de fins amers délicats, le vin déploie une matière pleine et dense secondée d’une acidité bien intégrée. Belle longueur. Beau potentiel de garde. Une cuvée qui se mariera parfaitement sur des gambas à la plancha ou un risotto aux langoustines.  

Domaine Laroche
Chablis 1er cru Les Fourchaumes vieilles vignes 2022 – 42€

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Clair de Brumes : un voyage au cœur des terroirs de Pouilly-Fumé

Le lancement du millésime 2022 est l’occasion pour la Maison Saget la Perrière de présenter sa nouvelle gamme : Clair de Brumes, en appellation Pouilly-Fumé. Ce repositionnement représente l’opportunité pour la famille Saget de s’enraciner plus fermement dans cette appellation tout en se tournant vers l’avenir. Explications.

C’est dans le sillage de la Loire que s’inscrit l’histoire du vignoble de la famille Saget avec cinq domaines viticoles. En amont, le domaine de La Perrière à Sancerre et le Domaine de Terres Blanches où sont produits des vins de trois appellations : Pouilly-Fumé, Sancerre et Coteaux du Giennois. En aval, les muscadets de Locus viennent conclure le voyage ligérien dont les méandres sont ponctués par le Domaine des Grandes Espérances au cœur de la Touraine et le Château de la Mulonnière en Anjou. Mais c’est à Pouilly-sur-Loire que débute l’histoire viticole de la famille Saget et qu’elle a choisi, début 2024, d’en partager un nouveau chapitre. 

À la redécouverte d’un terroir
S’engager dans une démarche de conversion en agriculture biologique modifie certes la manière de conduire la vigne, mais peut aussi affiner la perception d’un terroir. Depuis neuf générations, la famille Saget cultive du sauvignon blanc au domaine Saget en appellation Pouilly-Fumé. Avant le millésime 2022, la production du domaine est répartie entre une cuvée « classique » et une seconde, haut de gamme, mettant en valeur le terroir « Les Roches ». Grâce aux efforts consentis pour une viticulture plus respectueuse des sols et de leur nature, deux autres terroirs, qui entraient autrefois dans l’assemblage du Pouilly-Fumé classique, ont davantage exprimé leurs qualités. Pour mettre en valeur les singularités des parcelles « Vaurigny » et « Les Déserts », émerge l’idée de redéfinir la gamme du domaine en y insérant deux cuvées éponymes, reflets fidèles de ces terroirs. 

La réflexion sur le repositionnement de la gamme crée également l’occasion de mettre fin à la confusion qui s’était installée avec le développement de la Maison Saget la Perrière et le domaine Saget devenu entité du groupe. C’est ainsi que la gamme Clair de Brumes, évocatrice des nuages de brumes qui enveloppent la Loire et les vignes au lever du jour, met fin à l’homonymie et accompagne la redécouverte des terroirs de Pouilly-Fumé. 

Clair de Brumes, une approche « terroirs » du Pouilly-Fumé
La gamme Clair de Brumes réussit la jonction entre un savoir-faire et une mise en valeur contemporaine des terroirs. Pour parfaire cette approche et révéler les terroirs au plus juste, la maison familiale a choisi de conserver un même mode de vinification pour les quatre cuvées afin de laisser le terroir s’exprimer de la façon la plus franche possible. Un bel exercice de variation sur l’appellation Pouilly-Fumé… 

Pour chacune des quatre cuvées donc, les vendanges sont organisées en début de matinée pour conserver la fraîcheur des raisins. S’ensuit un pressurage doux puis un débourbage statique à froid pendant quarante-huit à soixante-douze heures avant la fermentation en cuves inox thermorégulées. L’élevage sur lies fines est accompagné d’un bâtonnage régulier pendant huit à douze mois. Et c’est ainsi que s’expriment quatre typicités différentes : la première emblématique de l’appellation Pouilly-Fumé et les trois autres « Vaurigny », « Les Déserts » et « Les Roches », reflets du terroir dont elles sont issues.  

Le millésime 2022 sera disponible à partir du 20/02 sur le site de la maison.

Pour plus d’informations : clairdebrumes.fr

Pouilly-Fumé « Présage » 2022 | Clair de Brumes
Entrée de gamme, c’est la seule cuvée « assemblée », les trois autres étant issues de parcelles identifiés. Elle offre une expression nuancée représentative de Pouilly-Fumé grâce à une fermentation parcellaire.
Dégustation : Nez typique de pierre à fusil avec une note de pamplemousse, la bouche est minérale sur des arômes de bourgeons de cassis.
Parfait avec des gambas grillées.
20€ TTC 

Pouilly-Fumé « Vaurigny » 2022 | Clair de Brumes
Terroir : La cuvée tire son nom de la parcelle « Vaurigny » de 2ha 02a. La vigne exposée sud-ouest, plantée sur sols de « petites caillottes » sur des calcaires du Barrois. Les vins se démarquent par leur équilibre.
Dégustation : Encore sur la jeunesse, le vin doré conserve de légers reflets verts. Le nez s’exprime sur des notes de fruits exotiques avec des notes miellées. Après une attaque souple et fraîche, on retrouve en bouche les arômes de fruits exotiques. La finale est portée par une belle minéralité.
Pour accompagner un plateau de sushis ou simplement un crottin de chavignol.
26 € TTC

Pouilly-Fumé « Les Déserts » 2022 | Clair de Brumes
Terroir : Situé à Saint-Andelain, le village le plus haut de l’appellation, cette parcelle représente 1ha 01a sur des sols de marnes kimméridgiennes. Son exposition ouest et son terroir tardif offrent des vins au caractère affirmé, marqués par une structure racée.
Dégustation : Nez frais et fruité sur des notes d’agrumes. Un vin vif et équilibré porté par une minéralité saline.
Déguster un homard est un bon prétexte pour en ouvrir une bouteille.
28 € TTC

Pouilly-Fumé « Les Roches » 2022 | Clair de Brumes
Terroir : Située sur les bords de la Loire, la parcelle de 1ha 01a s’étend sur des terrains de calcaires et de roches. Ce terroir précoce exposé sud-ouest profite habituellement d’une excellente maturité, offrant des vins denses et lumineux.
Dégustation : Le nez s’exprime sur des notes de fruits jaunes confits et de coing. Avec douceur et élégance, la bouche évolue sur ces arômes de fruits à chair blanche avec une finale ronde, ample et persistante.
L’allié d’un risotto aux coquilles Saint-Jacques.
30€ TTC

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Laurent Gerra : « J’ai toujours fait les choses avec passion »

Imitateur, humoriste, chroniqueur radio et télé, auteur, scénariste de bandes dessinées, comédien, mais aussi vigneron, restaurateur et désormais parrain du Concours du Meilleur Caviste de France 2024 créé par le Syndicat des Cavistes Professionnels et organisé par Terre de Vins. Mais qu’est-ce qui fait avancer le touche-à-tout Laurent Gerra dans des univers si divers ? Découverte en questions-réponses au micro de Rodolphe Wartel, directeur de Terre de Vins.

Comment Laurent Gerra est-il devenu l’humoriste que l’on connaît aujourd’hui ? 
Plus jeune, j’aimais les chanteurs, j’écoutais beaucoup de musique et je me suis dit « voilà, c’est ça le métier que j’ai envie de faire, j’ai envie de monter sur scène ». Aujourd’hui, ça fait une trentaine d’années que j’ai commencé professionnellement, et j’ai toujours autant de plaisir ! 

La politique constitue une colonne vertébrale de toutes tes tournées. Sarkozy, Hollande, Chirac et tant d’autres, des personnages t’ont inspiré… Aujourd’hui comment fais-tu ? 
Ce n’est pas facile, j’ai une crise de voix ! Que ce soit dans la politique, la chanson ou le cinéma, il n’y a pas beaucoup de voix qui sont identifiables. Il faut que ça fasse écho auprès du public, comme un vin. On n’a pas beaucoup de grandes personnalités. On eu des leaders politiques qui étaient tonitruants, mais aujourd’hui, ils font attention, notamment du fait des réseaux, c’est un peu codifié. 

Outre les politiques, tu as aussi côtoyé et imité quelques noms emblématiques de la chanson française. Raconte-nous…
Côtés artistes, j’ai eu la chance de chanter avec des grands de la chanson, comme Johnny ou Aznavour. Sans être passéiste, ils ont fait des tubes. D’ailleurs, j’ai un copain qui dit que préférer Mozart à David Guetta ce n’est pas être passéiste, mais avoir du goût ! Faire revivre ces artistes sur scène, c’est intéressant et émouvant. 

Tu travailles tes textes pour une tournée qui va commencer en France en mai 2024. Tout n’est pas encore écrit. Qu’est-ce que tu nous réserves ? 
Mon précédent spectacle s’appelait « Sans modération » et j’avais une étiquette de pinard collée sur le front. La suite s’appellera « Laurent Gerra se met à table », car il y a pas mal de trucs à dire sur cette époque. Je suis bien énervé, donc je suis content d’avoir l’exutoire de la scène, tout comme celui de la radio. La scène, c’est le dernier espace de liberté. On nous emmerde pas, on peu encore à peu près dire ce qu’on veut. 

Quelques mots sur le vin, la bonne chère. Ce que tout le monde ne sait pas, c’est qu’à Lyon, tu as investi dans différents restaurants, ce qui fait que le vin c’est vraiment ton sujet…
Oui, ce n’est pas aberrant avec le métier que l’on fait. Le vin comme la scène, c’est le partage. La scène, ça se prononce comme la cène, cena en italien. Le vin m’a toujours passionné. Au départ, c’est parti de vignerons que j’ai voulu aider, en fouilly-fuissé d’abord, puis en moulin-à-vent. Je suis ensuite descendu en Vallée du Rhône, à Vinsobres, où on finançait un peu en échange de bouteilles, avant d’acheter des parcelles pour produire du côtes-du-rhône rouge puis blanc. J’ai ensuite investi à Carcès, au sud de Brignolles, où je produis du côtes-de-provence rosé. J’ai l’habitude de dire que je suis entre Brad Pitt et Georges Clooney, mais que j’étais là avant ! C’est passionnant, c’est une alchimie fascinante qui existe depuis la nuit des temps. J’ai toujours fait les choses avec passion, que ce soit la scène, quand j’ai fait des films ou été scénariste. J’ai eu la chance inouïe de pouvoir faire ce que j’avais envie de faire. Je dis toujours qu’avoir son nom sur une étiquette de vin, c’est comme avoir son nom devant l’Olympia !

Nous aurons peut-être l’occasion de découvrir tes vins pendant les épreuves finales du Concours du meilleur caviste de France, mais tu es aussi plus largement un fervent ambassadeur de la gastronomie française. Toi, l’enfant de Bourg-en-Bresse, tu as choisi Lyon, ta ville de cœur, pour ouvrir plusieurs tables. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Si on veut bien s’emmerder, il faut avoir des restaurants, mais c’est aussi passionnant ! J’ai repris une institution lyonnaise, Léon de Lyon, ainsi que d’autres restaurants, dont une pizzeria, une cave, et le Chanteclair à la Croix Rousse. J’y vais beaucoup, j’adore ça ! J’adore la musique du service, des couverts, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’y a pas de musique dans mes restaurants. Je trouve irrespectueux de  mettre de la musique quand on dîne. Comme disait mon copain Guy Savoy, on n’emmène pas des plateaux restaurant à l’opéra, donc on ne va pas mettre la musique dans les restaurants. Ce patrimoine culinaire français, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Lyon était la ville de la gastronomie, et pourtant aujourd’hui, en déambulant dans les rues lyonnaises, on s’aperçoit que nombre d’enseignes sont écrites en anglais, et que la qualité peut parfois ne pas être au rendez-vous… J’espère contribuer à mon échelle à aider à retrouver les vraies valeurs de la cuisine.

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Champagne : de grandes victoires et de beaux projets !

Le président du Syndicat général des vignerons, Maxime Toubart, et le président de l’Union des Maisons de Champagne, David Chatillon, ont profité de leur venue à Wine Paris pour faire le point sur les marchés, présenter les grands chantiers de la filière en 2024 mais aussi les dernières grandes avancées de la défense de l’appellation.

Maxime Toubart, le président du Syndicat général des vignerons, a résumé en une phrase l’état d’esprit de la Champagne : « Nous gardons confiance en l’avenir, mais nous ne faisons pas seulement que rêver d’un monde où le champagne conserve sa place de leader, nous construisons ce monde ! La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés ».

En témoigne tout d’abord le travail effectué pour défendre l’appellation, avec chaque année de nouvelles avancées. En 2023, le Comité Champagne peut ainsi s’enorgueillir d’avoir remporté une belle victoire en Chine, où l’appellation Champagne était déjà reconnue, mais où elle a obtenu le statut de « nom notoire » ce qui offre une protection encore renforcée. « Peu de noms accèdent à ce titre, c’est d’ailleurs une première pour une appellation étrangère, il permet d’avoir une protection y compris en caractères chinois contre toute utilisation quels que soient les produits concernés » explique David Chatillon, le président de l’UMC. On notera aussi au Canada l’interdiction pour les vins effervescents autres que ceux de l’appellation Champagne d’utiliser désormais la mention « méthode champenoise » pour désigner la méthode traditionnelle (seconde fermentation en bouteille).

Ces combats juridiques s’accompagnent de tout un travail pédagogique. Tout d’abord à travers l’établissement de véritables ambassades du champagne dans le monde entier. En avril prochain, ce réseau international devrait être complété d’un nouveau Bureau du champagne qui s’installera à Stockholm. Un investissement justifié par l’essor extraordinaire des marchés scandinaves où les expéditions se sont accrues de 67 % en dix ans.

Un deuxième pan de ce travail de communication passe par la formation. Afin de renforcer la culture des prescripteurs du champagne (cavistes, sommeliers, journalistes…) le Comité Champagne qui avait déjà par le passé créé un MOOC a décidé de lancer un programme complet et certifiant baptisé « Champagne Education » en partenariat notamment avec l’Ecole du vin à Paris, la Napa Valley Wine Academy et la Deutsche Wein und Sommelierschule en Allemagne.

Un nouveau centre de recherche et un nouveau siège pour le Comité Champagne

Epernay était connu autrefois pour abriter des usines fabriquant des locomotives. C’est dans ces anciens bâtiments de style Eiffel, le long de la Marne, que devrait s’installer le nouveau siège social du Comité Champagne, ainsi que le nouveau centre de recherche de l’Association viticole champenoise, jusqu’ici dispersé en quatre sites différents. Montant du projet ? Entre 35 et 40 millions d’euros. Quant à l’ancien siège historique bâti en 1947, dans la mesure où il constitue un élément du patrimoine architectural champenois, il sera préservé et devrait conserver un usage en lien avec le champagne, même si rien n’a encore été décidé.

Le renouvellement des marchés

Bien que la Champagne ait vu ses expéditions reculer nettement en 2023 pour retrouver un niveau similaire à ce qu’elles étaient avant le Covid, la filière reste optimiste, notamment parce qu’elle a vu ces dernières années ses marchés se renouveler. Alors qu’il y a peu encore le brut sans année constituait 90 % des ventes, les catégories plus premiums prennent désormais davantage de place. A commencer par le rosé qui fin 2022 représentait plus de 10 % des ventes à l’export, répondant à une demande de champagne rosé qui s’est multipliée par cinq en vingt ans. Autre signe d’une évolution vers un usage plus gastronomique du champagne, l’essor très impressionnant des champagnes peu dosés extra bruts et non dosés, dont le volume commercialisé a été multiplié par 70 en 20 ans. On notera toutefois que sur 171,7 millions de bouteilles exportées en 2022, leur part restait restreinte : 6,4 millions de bouteilles à peine.

Outre ce renforcement des cuvées de niche qui traduit une diversification des occasions où le champagne est consommé, il semble que la filière puisse aussi diversifier davantage encore les pays dans lesquels elle exporte. Car si l’export est passé en dix ans de 45 à 60 % des expéditions de l’appellation, 80 % des ventes restent centrées sur huit pays seulement (France incluse). De nouvelles destinations suscitent ainsi de grands espoirs, comme le Canada où la consommation a doublé sur les dix dernières années pour atteindre 3,5 millions de bouteilles en 2022, l’Afrique du Sud, où elle a été multipliée par près de trois, pour atteindre 1,3 millions de bouteilles, ou, plus spectaculaire encore, la Corée du Sud où elle a été multipliée par 4,5 pour atteindre 2,3 millions de bouteilles en 2022.

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