Cantemerle : la marque qui raisonne partout dans le monde 

Derrière la campagne des primeurs qui s’annonce, le Château Cantemerle, Grand Cru Classé 1855 en Haut-Médoc, change petit à petit de visage. Laure Canu, la directrice générale – également à la tête du Château Grand Corbin à Saint-Emilion – nous donne quelques informations sur l’avancée des travaux. D’une pierre deux coups, nous prenons le pouls de son millésime 2022.

Pouvez-vous nous donner quelques informations sur l’avancée des travaux au Château Cantemerle ? 
Le projet est très ambitieux car nous envisageons de boucler, en trois ans, la rénovation de l’intégralité de la propriété : le parc de 30 hectares, les installations techniques, le château et l’orangerie. Les travaux ont débuté il y a maintenant 8 mois. Notre cuvier provisoire est terminé et nous avons commencé à y installer nos cuves afin d’aborder sereinement la vendange 2023. Pour le moment le planning est tenu, nous espérons donc terminer la rénovation du Château datant du XVIIIème en avril 2024 puis l’ensemble des travaux – chai enterré, cuvier, orangerie, salles de dégustation et parc – en juillet 2025. Ce projet de rénovation s’accompagne de plusieurs recrutements et d’une réflexion de fond concernant notre approche des questions environnementales et sociales, notre stratégie de distribution ainsi que la communication autour de nos vins. 

La campagne des primeurs commence, dans quel état d’esprit l’abordez-vous ? 
Nous avons beaucoup voyagé en France, en Europe et aux Etats-Unis depuis le début de l’année 2023 et c’est un plaisir de constater l’attente que suscite le millésime 2022. Cantemerle est une marque qui raisonne partout dans le monde, elle bénéficie d’un énorme « capital sympathie ». Notre planning pour la semaine des primeurs est déjà extrêmement chargé. Ces retours très positifs des marchés ne doivent néanmoins pas nous faire oublier le contexte dans lequel interviendra la campagne. Je pense, notamment, aux taux d’intérêts auxquels nos négociants et leurs clients vont devoir faire face. J’espère que la campagne 2022 confirmera l’élan de bienveillance dont semble bénéficier Bordeaux sur de nombreux marchés.

En terme purement vinique, comment décrivez-vous le 2022 de Cantemerle ainsi que le 2022 du Château Grand Corbin ? 
Le millésime 2022 a été ponctué de nombreuses difficultés et il a fallu toute la détermination et l’expérience de nos vignerons pour arriver au résultat exceptionnel qui se présente aujourd’hui. Sur les deux rives, la qualité des vins est au-delà de nos espérances. À Cantemerle, malgré une récolte de très faible quantité, nous avons pris la décision de réduire la production de notre 1er vin afin de gagner en précision. Je suis particulièrement séduite par la grande douceur de ses tannins, sa structure crémeuse et une onctuosité qui tapisse le palais. À Grand Corbin, grâce notamment au travail mis en place avec Axel Marchal, notre nouvel œnologue, le fruit est net, éclatant, il est porté loin par la structure douce des tanins, les équilibres sont justes.

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Les premiers Trophées Cognac Vignoble Engagé sont de nature à créer un élan

Christophe Forget, viticulteur à Allas-Champagne (Charente-Maritime), dit tout l’intérêt de participer au concours organisé par “Terre de vins” et le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), en partenariat avec “Sud Ouest” et “Charente Libre”

Quel intérêt la filière cognac a-t-elle à coorganiser les premiers Trophées Cognac vignoble engagé ?
Parler positivement de tout ce que l’on fait ! Nos initiatives pour une croissance durable et partagée au pays du cognac sont nombreuses. Elles sont modestes ou ambitieuses, chez les viticulteurs et les négociants, mais aussi chez tous les partenaires de la filière. Ce concours va les mettre en valeur. Il va donner du sens à la transition environnementale dans laquelle nous sommes engagés. Vous savez, on peut imaginer bien des règlements, des contraintes et des sanctions… Cela n’est guère efficace. Si vous ne donnez pas de sens à l’action, les mesures administratives ne sont pas comprises.

Que peut apporter le concours ?
Les premiers Trophées Cognac vignoble engagé sont de nature à créer un élan. Ils vont mettre en évidence ce que font les uns et les autres, parfois seuls, dans leur coin. Face aux réalités du réchauffement climatique, il est temps d’agir. Nous sommes tous une petite part de la solution. Il faut que les initiatives individuelles soient partagées, au service du bien commun.

Donnez-nous quelques exemples…
Je pense aux méthodes retenues pour réduire les intrants et apprendre à se passer des produits phytosanitaires de synthèse. Je pense aussi au choix de bons couverts végétaux, à la plantation d’arbres et de haies, au recours aux cépages résistants, à nos efforts de recherche et de développement pour une distillation bas carbone. Les exemples sont nombreux. Certains gestes peuvent sembler anodins. Tenez, le dialogue avec les riverains, c’est primordial ! Nous présenter, expliquer nos pratiques, faire goûter nos produits : on pourrait appeler cela l’empreinte sociale ! Nous devons l’améliorer.

Que diriez-vous à celle ou celui qui hésite à se présenter au concours ?
Postulez ! Votre exemple servira toute la filière. Il peut être dupliqué. Certains gestes, je me répète, paraissent anodins ; mais lorsqu’ils sont renouvelés, généralisés, tout change ! Je ne crois pas à un vignoble avec une poignée d’exploitants et de négociants au top, avec d’excellentes pratiques environnementales, et une majorité d’attentistes et de gens circonspects. Je crois à l’émulation et à la force du collectif. Oui, ces premiers Trophées sont utiles.

Dates, inscriptions, renseignements pratiques

Parcours
Christophe Forget a dirigé le Syndicat général des vignerons (SGV) et présidé à la naissance de l’Union des viticulteurs pour l’AOC cognac (UGVC) en 2011. Christophe Forget, exploitant et bouilleur de cru à Allas-Champagne (Charente-Maritime), est un amoureux de la vigne toujours très investi. Il préside Alliance Fine Champagne, la coopérative associée à la maison Rémy Martin, et siège au Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), notamment au sein de la commission “communication” où il participe à un groupe de travail sur les questions environnementales.

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Les jeunes se bougent en Crozes-Hermitage

Une bande de jeunes vignerons de l’appellation rhodanienne s’est regroupée à l’initiative de Daphné Chave (fille de Yann), David Combier (fils de Laurent) et Raphaël Faugier (fils de Franck) pour mieux communiquer « nouvelle génération » et lancer des événements et projets en commun. Nous avons demandé à David Combier de nous raconter la genèse de cette aventure.

Comment est née l’idée de créer une commission de jeunes vignerons dans le cadre de l’appellation de Crozes-Hermitage ?
En échangeant un jour par hasard avec Daphné Chave, nous nous sommes rendus compte qu’outre le fait d’avoir plusieurs amis en commun et des pères qui se voyaient souvent, on ne se connaissait pas alors que l’on faisait le même métier dans la même appellation. Avec Raphaël Faugier et Daphné, nous avons donc décidé de tâter le terrain en vue de rassembler quelques jeunes vignerons de la nouvelle génération qui seront les futurs acteurs de l’appellation dans 10-15 ans. Donc autant bien s’entendre dès le départ et apprendre à nous connaître en commençant par organiser ensemble quelques dîners.

L’idée, je suppose, ne s’est pas résumée à se retrouver autour d’une table pour partager quelques flacons?

Nous voulions aussi travailler sur la communication, montrer que chez les jeunes vignerons, il y avait des vignobles de toutes tailles et de toutes les familles et qu’il y avait des successeurs derrière  les chefs de file actuels. Nous pensons également organiser des voyages de découvertes et de recherches dans d’autres régions, entre jeunes mais pas que. On défend avant tout une appellation et il nous reste beaucoup à apprendre. Ce n’est pas non plus un mouvement de révolte contre l’ancienne génération mais juste une impulsion pour créer une bonne entente entre nous.

Et qu’en pensent justement les « anciens »?
Ils n’ont pas tout de suite compris l’intérêt mais on leur a expliqué la démarche et maintenant, ils trouvent ça super. Pierre Combat, le président de l’ODG, a validé l’idée de mettre en place une commission Jeunes pour organiser des événements locaux comme la soirée off de Découvertes en Vallée du Rhône (DVR). Nous avons réussi à mobiliser une quinzaine de jeunes sur cette soirée dégustation de vieux millésimes dans la cave Pradelle et il y a eu pas mal de monde, juste en envoyant des invitations via nos fichiers. Pour une première, c’était plutôt réussi et ça nous a permis d’évaluer qui était prêt à aider ce type d’initiatives. Au total pour l’instant, nous sommes environ 25 dans la mouvance.

Et quels sont les critères pour faire partie du groupe?
Il faut être exploitant ou propriétaire d’au moins une parcelle en Crozes. Il n’y a pas que des vignerons indépendants puisque nous comptons également Marco Beckmann, l’œnologue de la maison Delas, Maxime Chapoutier, et deux coopérateurs des caves de Clairmont et Tain. L’ancien président de la Commission Jeunes de la cave de Tain, Benjamin Amblard, nous a d’ailleurs beaucoup aidé à réfléchir et organiser notre commission. Il a aussi fallu fixer un critère d’âge, un sujet plus sensible, et nous nous sommes finalement décidés pour une fourchette entre 18 et 35 ans.

Vous avez déjà choisi les prochains projets?
Comme nous venons de démarrer, nous n’avons pas pu refaire deux semaines après DVR  une soirée pour le marché aux vins de Crozes-Hermitage mais nous espérons bien en organiser une l’an prochain, type « reboule », une grande tablée comme une paulée où chacun apporte une bouteille à faire déguster. Pour la première édition, nous resterons peut-être entre vignerons avant de l’ouvrir à des clients et des invités mais rien n’est encore fixé. Nous avons déjà le feu vert de Pierre Combat et nous bénéficierons sans doute de l’aide de l’agence de communication de l’appellation (Clair de Lune). Nous organiserons aussi des soirées pour toutes les tranches d’âge afin de favoriser les échanges entre les générations.

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L’Aventure du Vin racontée par une jeune œnologue Montpelliéraine

C’est avec une énergie débordante et un grand talent que Emilie Daret, oenologue dans l’Hérault, a élaboré sa toute première bande dessinée intitulée Oenologia, l’Aventure du Vin, parue aux Editions Ellipses. Un ouvrage qui rend hommage aux métiers du vin.

Présentez-nous votre parcours professionnel ? Pourquoi le mundovino ?
Quand j’étais petite, je trouvais dingue toutes les saveurs que l’on pouvait créer avec du raisin. Aujourd’hui, j’en comprends mieux les mécanismes, néanmoins la magie est la même à chaque dégustation.
C’est ma mère qui m’a poussé à faire de l’agronomie. Elle le sentait bien et je pense qu’elle avait raison. Je suis le produit d’un parcours scientifique avec au démarrage un BAC S puis un DUT agro. J’ai ensuite fait une prépa ATS et enfin une école d’ingénieur agronome sur Montpellier. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai passé le double diplôme pour être œnologue à SupAgro (maintenant Institut Agro Montpellier). Et après plusieurs vinifications en France et à l’étranger, je travaille aujourd’hui comme œnologue et agronome conseil dans un laboratoire de conseil à côté de Montpellier.

L’objectif est de détricoter le vin

Emilie Daret

Quelles sont les origines de ce projet de BD ?
Œnologia est née après mes études, du sentiment que les métiers pour lesquels nous étions forgés étaient mal valorisés et peu connus du grand public. L’agriculture est au centre de nos vies et des enjeux sociétaux de notre pays. Et pourtant très peu de personnes ne savent comment leurs aliments sont produits. Il en découle beaucoup de confusions et d’erreurs, et le vin, boisson alcoolisée préférée des français, ne fait pas exception à la règle. Le mythe du vin rend obscure toute son élaboration et engendre beaucoup de fausses idées.

A qui s’adresse votre livre ? Quel est l’objectif en toile de fond ?
Oenologia s’adresse à tous les amateurs de vin, du néophyte au professionnel. Les notions abordées sont assez approfondies, mais vulgarisées. Les sujets abordés sont à la fois techniques comme la vinification ou les fermentations, et sociétaux avec l’irrigation et les sulfites. L’objectif est de détricoter le vin, mettre en lumière les métiers de vignerons et d’œnologues. Il s’agit aussi, à travers les sujets sociétaux, de présenter la filière viticole comme une entité en mouvement, connaissant ses faiblesses (l’irrigation, les produits phytosanitaires) et de tenter de les améliorer.

Combien de temps a pris l’écriture et les dessins ?
L’entière conception de la BD est de moi, histoires et illustrations. Il aura fallu globalement 8-9 mois pour trouver une maison d’édition. J’avais fait le choix de ne pas m’avancer tant que la maison d’édition n’était pas trouvée. Ensuite, il m’a fallu environ une année et demie pour écrire et dessiner en parallèle de mes périodes de travail.

Pourquoi ne pas t’être mise en scène dans l’ouvrage ? Est-ce qu’il y a un parallèle entre toi et Jimmy ?

J’aime bien créer des personnages. Me mettre en scène ne m’aurait pas permis de créer Anouk ou Jimi. Dans le dessin, je copie rarement, tout est issu de mon imagination.
Pour la BD, il me fallait des personnages facilement reconnaissables et faciles à dessiner. Même Anouk, qui me ressemble physiquement, n’est pas vouée à me représenter.
Je voulais que ce soit une jeune femme, pour des raisons qui me paraissent évidentes : mettre en avant les femmes dans ce métier.

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Trois néo-vigneronnes sur Cahors

Eva, Aurélie et Myriam sont toutes les trois issues d’un autre milieu que celui du vin. Elles viennent pourtant de prendre la tête d’un domaine situé sur les terres de l’appellation Cahors.

Elles sont officiellement cheffes d’exploitation depuis ce début d’année. Eva Lacoude du domaine Ostalad’Oc et les sœurs, Aurélie Breuil et Myriam Guenser, du Château d’Aix, figurent désormais parmi les vigneronnes situées sur l’appellation Cahors.

Ancienne assistante funéraire, Eva Lacoude, développe le domaine qu’elle a commencé à constituer avec ses parents, Jean-Marc et Marie-Jo Lacoude, producteurs de plants de plantes aromatiques. « Nous avons récupéré une vigne abandonnée, de 0,7 hectares de Malbec, en 2018 », explique la vigneronne de 34 ans. Depuis, elle a commencé à planter sur de nouvelles parcelles toujours situées sur le plateau de l’appellation. Plantation qui lui permettront dans quatre ans de vinifier un peu moins de deux hectares. Pour Aurélie Breuil, 37 ans, et Myriam Guenser, 55 ans, le domaine était déjà constitué. Elles ont repris les vignes de Joël Vigouroux – dix hectares- et son verger de pruniers à Saux. Ce vignoble est situé à l’extrémité ouest de l’appellation Cahors, à la frontière avec le Tarn-et-Garonne et le Lot-et-Garonne.

Comme la nouvelle vigneronne du plateau, Myriam et Aurélie ont commencé à travailler la vigne il y a déjà plusieurs années. « Joël Vigouroux est le compagnon de notre mère, nous l’avons rencontré en 2003 », explique Aurélie Breuil. Toutes deux ont commencé en donnant des coups de main. Puis, à partir de 2018, elles se sont investies encore davantage à la vigne comme au chai. « Lorsque Joël a pris sa retraite, on a décidé de reprendre car nous trouvions dommage que le vignoble soit vendu et peut-être divisé avec d’un côté la vigne, de l’autre les pruniers. » Les deux femmes, qui pour le moment continuent à exercer leur deuxième profession (professeur d’espagnol pour Aurélie et organisatrice de voyages pour Myriam), veulent conserver l’exploitation en polyculture et le traitement bio de la vigne. Forte de leur expérience professionnelle, elles espèrent également développer l’œnotourisme. Côté chai, elles se font accompagner par l’un des œnologues cadurciens les plus renommés : Eric Filipiak.

Eva Lacoude (Ostalad Oc) ©DR

Eva Lacoude, en appellation Vin de France a, elle, bénéficié des conseils de Jérémy Illouz, du domaine Parlange et Illouz. La jeune femme a été séduite par la possibilité de créer du vin sans intrant, « juste avec du raisin ». Celle qui vinifie en nature souhaite apporter à Cahors, d’autres cépages que du malbec. « Nous avons un terroir suffisamment riche pour proposer autre chose. » Un travail auquel elle s’est attelée en plantant dès 2020 du valdiguié et du prunelard.

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[Crozes-Hermitage] Jean Esprit se met au rolle

Le domaine familial de la famille Esprit vient de créer deux nouvelles cuvées à base de rolle, en Vin de France donc, blanc et rosé, du nom d’un ancien pont sur l’Isère.

Jean Esprit est revenu en 2017 sur le domaine familial de Pont-de-l’Isère, entre les vignes de Laurent Combier et Alain Graillot. La cinquième génération est aujourd’hui à la tête d’une vingtaine d’hectares au sud de l’appellation Crozes-Hermitage sur les galets roulés et les graviers de l’ancien lit de l’Isère lorsqu’il rejoint le grand Rhône. On y a toujours produit du rouge, certaines syrahs comptent parmi les plus vieilles de l’appellation datent de 1920. Sur ces terres longtemps dédiées à l’arboriculture (pêches, abricots), c’est Joseph l’Ardéchois qui s’est installé le premier en 1909, de retour du 4e régiment de zouave, pour développer la culture de la vigne. Jean, cinq générations plus tard, lui a rendu hommage avec une cuvée le Zouave (36€) élaborée à partir de vignes plus que cinquantenaires, les manquants étant remplacés par des pieds en sélection massale. Jeannette, la grand-mère de Jean, veille toujours au domaine et en cuisine, comme son fils Bernard qui a étendu le vignoble de 5 a 15 hectares. Jean en a déjà planté cinq autres, dont un pour développer le crozes blanc en complément des marsannes-roussannes autour du chai.

©F. Hermine

Le domaine autrefois de La Croix a été rebaptisé du nom de son vigneron au retour de Jean qui travaille désormais avec sa femme Lydia. Ils se sont alors offert une nouvelle cave gravitaire et enterrée, avec un caveau au-dessus qui accueille régulièrement des brunchs le dimanche matin, organisés avec la Maison Chabran. Mais Jean n’étend pas garder les deux pieds dans la même vigne.

Pour développer les blancs, il s’est essayé à un cépage plus sudiste, le rolle qui n’avait encore jamais pointé le bout d’une feuille dans les parages. Il en a planté un hectare sur une parcelle hors AOP sur des sols alluvionnaires calcaires dans le bas de Pont-de-l’Isère. Il le vinifie en pressurage direct et l’élève en amphore de grès pour mieux préserver sa typicité. Il a été baptisé Pont de la Déesse. Il évoque l’ancien pont sur l’Isère, près de la via Agrippa (qui suit à peu près le trajet l’ancienne Nationale 7). Il a enjambé la rivière pendant plus de 500 ans avant d’être détruit par une crue en 1200 de notre ère. Il avait été nommé pont de la déesse en référence à un temple à proximité dédié à Cybèle. « Ça change de la syrah et de la marsanne, ironise le jeune vigneron. Le cépage très répandu en Provence peut être intéressant dans la perspective du réchauffement climatique, et nous le revendiquons ouvertement en Vin de France ». Il donne deux nouveaux vins dans ce premier millésime 2022 : un blanc en monocépage, mais aussi en rosé avec 2% de syrah, le premier rosé du domaine (15€). Un premier millésime de cornas en 2021, issu de jeunes vignes plantées sur le granit et les éboulis calcaires près des Royes, est prévu en mai.

Le domaine est travaillé en bio depuis le début des années 2000 (amendements organiques de pépins de raisins, enherbement naturel, griffage des sols, friches, luzernes…). Il sera officiellement certifié pour le millésime 2024. Jean a restructuré beaucoup de parcelles et soigne la biodiversité en créant une mare, en replantant des chênes verts des cormiers, des tilleuls entre les vignes où volètent mésanges, perdrix, huppes fasciées…. Il fabrique même des nichoirs le week-end à partir de palettes et de coffrets en bois.

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Les Villa virent en vitiforesterie

Les Villa père et fils ont créé avec l’œnologue-agronome Justin Prudhomme un véritable laboratoire de vitiforesterie sur une parcelle dans les collines de Chavanay au-dessus du Rhône.

« L’idée était de démontrer que l’on pouvait passer en bio et en même temps s’adapter au réchauffement climatique sans avoir de problème de concurrence avec l’enherbement ». Pierre-Jean Villa, vigneron emblématique du Rhône Nord avec une petite vingtaine d’hectares, a pris le sujet à bras le corps avec l’œnologue-agronome et directeur technique Justin Prudhomme et son fils Hugo sorti de Sup Agro de Montpellier. Les compères ont lancé la conversion en bio (certifié en 2019) sur le domaine avant de s’intéresser aux principes de biodynamie, (traitements par tisanes, couverts végétaux) et à l’agroforesterie pour une nouvelle parcelle à flanc de coteau sur les hauteurs de Chavanay avec une trouée ouvrant sur la vallée. « Nous avons vite compris qu’elle serait compliquée à travailler et on aurait pu être enclin à la laisser en conventionnel mais ce n’est pas l’avenir, commente Villa père. Nous voulions mettre en oeuvre une démarche propre et un projet transgénérationnel sans faire pour autant du 5 hl/ha ». Pierre-Jean Villa, vigneron à part entière sur sa terre natale depuis 2009 (après avoir géré les Vins de Vienne) reconnait volontiers qu’en la matière, Michel Chapoutier reste le pionnier du Rhône Nord mais il regrette « que l’image de l’herbe partout dans les vignes et les faibles rendements en aient découragé plus d’un pour suivre l’exemple ».

Ceinturer, protéger et biodiversifier
En 2017, les Villa achètent donc un hectare de vigne en IGP sur les hauteurs de Chavanay, à 350 m d’altitude avec vue sur Condrieu et Saint-Joseph. Elle était autrefois plantée en vignes, fruits et légumes. Suite à des expériences faites sur des parcelles mixtes, l’Inrae avait constaté moins de gel et de sécheresse et des doses de cuivre et de soufre diminuées de 40 %. « Il y a souvent trop de mortalité sur des vignes en coplantation, surtout à cause du stress hydrique. On s’est donc orienté vers la vitiforesterie avec moitié moins de mortalité, même si on perd un peu en productivité immédiate, et une devise ‘ceinturer, protéger et biodiversifier’ » .  Après avoir passé la débroussailleuse uniquement en inter rangs, le trio a finalement choisi de planter des couverts végétaux non racinaires  (trèfle, thym, sedum…) qui évitent les mauvaises herbes sans concurrencer la vigne. Un travail réalisé en collaboration avec Caroline Champailler, la technicienne en agroécologie du Parc Naturel Régional du Pilat qui a participé financièrement à l’achat des arbres.

©F. Hermine

Recréer l’équilibre naturel de la vigne
Après avoir planché un an et demi sur le projet, reconstruit 175 m de murets et réfléchit aux cépages en collaboration avec le pépiniériste Lilian Bérillon, le tandem Villa-Prudhomme a estimé que la syrah était capable de travailler sur ces sols granitiques dans un environnement forestier. Pour compléter la ceinture d’arbustes existante, il a replanté, à partir de l’hiver 2021, près de 500 arbres entre les vignes en terrasses et en échalas. La haie assez haute, capte les premiers coups de vents et abritent insectes et oiseaux; les arbres tous les 15 rangs avec des fruitiers en quinconce font parasols, l’ombrage ponctuel apportant de la fraîcheur et de l’équilibre dans les vins.

Ont ainsi été validés pommiers, poiriers, pêchers de vigne, amandiers, noisetiers, pas tous les chênes, aux feuilles trop acides, pas d’abricotiers trop gourmands en traitements ni de cerisiers attirant les mouches des fruits. Des broyats d’arbres ont été répandus au pied des ceps, des clôtures installées contre les sangliers et les chevreuils, une dizaine de ruches placées au bord des vignes et des moutons amenés de décembre à mars sur la parcelle. « Le projet ne vise pas à être rentable au vu des arbres plantés qui grignotent sur le vignoble, environ 10% de la surface, avoue Pierre-Jean Villa. Mais c’est un vrai laboratoire qui nous vaut la visite de deux châteaux bordelais tous les mois. C’est aussi mon plus beau projet car tout est à faire et il représente la transmission et la pérennité du vignoble en recréant l’équilibre naturel de la vigne ». La première récolte n’est pas prévue avant 2024.

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Tannat Day : découvrez des cuvées venues d’Uruguay

Le 14 avril est, depuis 2019, le « Tannat Day », célébrant ce cépage emblématique du Sud-Ouest de la France et particulièrement de Madiran. C’est pourtant en Uruguay qu’est née l’initiative de ce « Jour du Tannat », en hommage à Pascual Harraigue, l’immigré basque qui apporta le Tannat dans ce pays dont il est devenu la variété emblématique.

Lorsqu’on parle de Tannat, l’amateur français pense spontanément à Madiran, à Irouléguy, à certains Côtes-de-Gascogne et éventuellement à Cahors – où il s’invite quelquefois en complément du Malbec. Originaire du Sud-Ouest de la France, le Tannat est aussi le cépage emblématique de l’Uruguay, pays d’Amérique du Sud qui a développé une culture viticole de grande qualité depuis le XIXème siècle : c’est en effet un immigré basque, Pascual Harraigue, qui l’a introduit sur le continent sud-américain. Le Tannat, qui concentre aujourd’hui près du tiers des quelque 6000 hectares que recouvre le vignoble uruguayen, s’épanouit magnifiquement dans ce petit pays de 3 millions d’habitants, enclavé entre Argentine et Brésil, bercé par l’influence conjuguée de l’océan Atlantique et du Río de la Plata. Une « World Escapade » sera prochainement publiée dans le magazine « Terre de Vins » pour vous dévoiler un pan de ce vignoble uruguayen qui mérite d’être découvert, à l’image de ce pays à la remarquable hospitalité. En préambule de ce reportage, et à l’occasion du « Tannat Day » qui, depuis 2019, célèbre tous les 14 avril la mémoire de Pascual Harraigue, voici quelques cuvées (monocépages ou d’assemblage) qui méritent le détour. Les prix sont indiqués en dollars car ils sont indicatifs de leur valeur sur le marché uruguayen. Plusieurs de ces cuvées sont trouvables en euros sur des sites de vente en ligne.

Los Cerros de San Juan
« Maderas de San Juan Tannat » 2018
Ce domaine fondé en 1874 est l’un des plus anciens d’Uruguay. Situé dans la région de Colonia, à l’ouest du pays en suivant le Río de la Plata, il appartient aujourd’hui à un propriétaire argentin, Sebastian Planas. Le vignoble recouvre environ 35 hectares, et le domaine accueille aussi un restaurant, des habitations abritant 70 personnes (un petit village intégré dans l’exploitation) et déploie une large gamme de vins. Cette cuvée, 100% Tannat élevé un an en barriques, affiche une certaine puissance, des notes de figue très mûre, une légère touche grillée, annonçant une imposante architecture tannique qui vient souligner la jutosité sanguine de la matière. Un vin de caractère qui est une très belle illustration du Tannat uruguayen, taillé pour accompagner une belle viande. Env. 18 $.
www.bodegaloscerrosdesanjuan.com

Narbona
« Blend 004″ 2020
Toujours dans le département de Colonia, et plus précisément à Carmelo, Narbona (qui tient son nom de l’origine de ses fondateurs, en 1909, venus de… Narbonne dans le Languedoc) est un magnifique domaine qui a hissé la culture de l’hospitalité, de l’art de vivre et d’un œnotourisme haut de gamme à un niveau très élevé. En plus des 15 hectares de vignes (dont 10 de tannat), Eduardo « Pacha » Cantón et son épouse Maria-José, propriétaires depuis 1990, ont ainsi développé une offre d’hébergement de luxe au cœur du vignoble, de la restauration, de la production de miel, une laiterie (leurs yaouts et leur dulce de leche sont délicieux)… Mais le vin demeure le cœur du projet et la winemaker Valeria Chiola signe avec talent une gamme précise et très complète, dont la figure de proue est la cuvée « Blend 004 ». Ce 2020 est un mariage de 40% de Tannat avec 40% de Merlot et 20% de Cabernet Franc, chaque cépage étant élevé séparément (cuve inox pour le cabernet franc, 8 mois de barriques pour les autres) avant assemblage final : il arbore un jus tonique, sapide, signé par une trame acidulée de belle élégance et une belle texture de tannins. Il appelle le verre suivant. Env. 25 $.
www.narbona.com.uy

Pisano
Pisano Arretxea « Gran Reserva » 2015

Coup de cœur pour cette propriété familiale qui vient de célébrer sa centième vendange en Uruguay. Une belle histoire d’immigrés piémontais arrivés au XIXème siècle et qui ont créé leur propre domaine dans les années 1920. Aujourd’hui, les trois frères Gustavo, Eduardo et Daniel veillent sur les 15 hectares, accompagnés de la nouvelle génération incarnée par Gabriel, jeune winemaker qui a aussi son propre vignoble, Viña Progreso (voir plus loin). Pisano produit des vins d’un superbe classicisme intemporel, associant élégance et caractère, où le Tannat exprime toute sa personnalité à l’épreuve du temps. Le « Gran Reserva » 2015 est une cuvée produite uniquement lors des grands millésimes, à hauteur de 5000 bouteilles environ. Un vin en trois dimensions, opulent, plein de ressort, vibrant et tactile, délivrant des notes de cassis, de tabac blond, de menthol, de tilleul, sur un costume tannique très finement brodé, l’ensemble déclinant une jutosité impeccablement savoureuse. Env. 40 $.
www.pisanowines.com

Garzón
« Balasto » 2020

Créée en 2007 par l’homme d’affaires argentin Alejandro Bulgheroni dans la région de Maldonado, une zone dont le potentiel viticole était à l’époque à l’état embryonnaire, la bodega Garzón est devenue, en une quinzaine d’années, une réussite internationale et une locomotive des vins uruguayens. Dans un environnement spectaculaire aux sols majoritairement granitique, le domaine, qui s’étend au total sur plus de 1400 hectares, compte 250 hectares de vignes – mais aussi des oliviers, de l’élevage de vaches et de moutons, une quasi-autosuffisance dans la production d’énergie… Les installations techniques n’ont rien à envier aux plus beaux chais européens ou nord-américains, et l’œnotourisme est ici une activité de tout premier plan, attirant près de 50 000 visiteurs par an. Le tannat concentre à lui seul la moitié de l’encépagement. Il compose 45% de l’assemblage de la cuvée iconique Balasto, premier vin uruguayen à être distribué via la Place de Bordeaux. Marié au cabernet franc, au marselan et au petit verdot, ce vin de grande classe conjugue amplitude et finesse, une grande richesse aromatique, une texture fondue et racée, une très belle définition de tannins. Superbe. Env. 200 $.
bodegagarzon.com

Bouza
Tannat « Pan de Azúcar » 2020
Ce domaine familial fondé en 2003 est lui aussi un très bel exemple de réussite fulgurante, en vingt ans seulement. La famille Bouza a mis la qualité de la production au tout premier plan et propose elle aussi une très belle offre d’œnotourisme, avec un excellent restaurant situé sur le domaine et une grande salle de dégustation décorée de voitures anciennes. Les 50 hectares d’exploitation (dont 30 actuellement en production) se répartissent sur cinq zones différentes entre Canelones, Montevideo et Maldonado. Une part importante de production de vin blanc, et notamment d’Albariño, contribue au succès du domaine Bouza, mais c’est bien un rouge qui a retenu notre attention, un 100% Tannat issu d’un terroir de la région de Maldonado, « Pan de Azucar ». Nez concentré de cassis bien mûr et de prune cuite, de cerise confiturée, rehaussé de notes poivrées, de cèdre. En bouche, une masse tannique dense mais fondue vient associer son architecture au gras de la matière, dense et savoureuse. Un énorme vin de garde. Env. 40 $.
bodegabouza.com

Juanico
Preludio 2016
Avec ses caves bâties par des jésuites au milieu du XVIIIème siècle et son histoire viticole remontant au XIXème, Juanico fait partie des institutions historiques de la viticulture uruguayenne, qui s’était un temps assoupie. La famille Deicas, qui en a repris les rênes dans les années 2000, a relancé le domaine à travers une gamme extrêmement variée. Si c’est une grande expression du Tannat en monocépage que l’on recherche, la cuvée « Massimo Deicas » 2018, sélection de deux barriques ultra qualitatives (sur quelque 300 hectares), est un océan de puissance contenue, escorté de tannins denses mais superbement intégrés (env. 75 $). Mais les curieux voudront sans doute voir le Tannat se marier avec canernet franc, cabernet sauvignon, marselan, merlot et petit verdot dans la cuvée « Preludio », dont le 2016 séduit par son fruit noir savoureux, finement compoté, habillé de lavande et d’eucalyptus, à la structure très élancée (env. 65 $).
familiadeicas.com

Santa Rosa
Famiglia Passadore 2017
Voilà une autre saga familiale, commencée en 1898 par Marco Passadore, un immigrant génois dont les descendants continuent d’écrire la belle histoire du domaine, 125 ans plus tard. Plus important producteur de vins effervescents (en méthode champenoise, mais pas seulement) d’Uruguay, Santa Rosa se targue également de posséder l’une des caves souterraines les plus longues d’Amérique du Sud : 98 mètres ! Six catégories différentes de vins sont produites ici, du « vin de table » au premium, en passant par des effervescents bien sûr, des vins mutés… Coup de chapeau à la cuvée « Famiglia Passadore », un assemblage des meilleures barriques de la bodega, sur différents terroirs de Canelones. 65% tannat 30% cabernet sauvignon 5% merlot : derrière sa robe dense, concentrée, enveloppante, il déploie une chair équilibrée, séveuse et tendue, aux tannins finement crayeux, tout en toucher de bouche salivant. Env. 60 $.
www.bodegasantarosa.com.uy

« Terre de Vins » recommande aussi les cuvées suivantes :
De Lucca – Tano « Tannat Natural » 2021 : sans sulfite ajouté, super gourmand ! (env. 15 $)
Viña Progreso – Revolution Tannat 2021 :
une interprétation moderne du cépage, très digeste, signée par un jeune talent à suivre, Gabriel Pisano (env. 18 $)
Cerro del Toro – Alquemia – Tannat 2019 :
un domaine tout jeune situé dans un emplacement de rêve, et un Tannat puissant et élégant, soutenu par une belle couture de tannins (env. 42 $)
Casa Tannat – 474 : micro-domaine de 3 hectres situé à Antigas, dans le nord du pays, dans un climat plus chaud. Des tannats puissants et imposants, à l’image de celui-ci, particulièrement intense (env. 70 $)
Sierra Oriental – Casa del Oriental « Grand Vin » 2020 : un petit domaine de 8 hectares voisin de Garzón, créé à partir de rien par Rodrigo Diz. Cet assemblage 62% tannat 30% cabernet sauvignon 8% petit verdot est taillé pour la garde (env. 30 $).
Villa Edén – Tannat Cemento 2018 : un autre domaine de 8 hectares créé en 2008, qui propose un 100% Tannat entièrement vinifié et élevé en cuve béton, campé sur une jolie fraîcheur de fruit (env. 27 $).

… et enfin, deux autres cuvées « hors Tannat » originales signées par des domaines qu’on a beaucoup aimés :

Spinoglio
Tinaja 2020

Diego Spinoglio perpétue, avec son épouse Alejandra, architecte de formation, une aventure familiale démarrée en 1898 par des immigrés piémontais. Un domaine de 32 hectares (dont 15 hectares de vignes) dans le département de Montevideo, travaillé avec énormément de soin et dont les raisins sont vinifiés avec beaucoup de précision. On a beaucoup aimé toute la gamme, notamment un « Toneldiez – Corte Unico » assemblage de Tannat, de Merlot et de Cabernet Franc travaillé en solera, mais le coup de cœur est une originalité, « Tinaja », assemblage 60% merlot 40% cabernet franc, élevé neuf mois en amphores. Une bombe de fruit, de gourmandise, d’énergie sensuelle signée par une très jolie finesse de tannins. Env. 30 $.
bodegaspinoglio.com

Bracco Bosca
Gran Ombú Cabernet Franc 2021
On ne peut que tomber sous le charme de l’énergie contagieuse de Fabiana Bracco, qui a repris en 2016 les rênes du domaine familial suite au décès de son père. Avec sa jolie famille, Fabiana a insufflé un très bel élan à cette exploitation de 11 hectares, apportant une touche décalée à la gamme des vins (un super « La Revuelta del Clarete », assemblage de merlot et d’ugni blanc co-fermentés donnant un « blouge » à la jolie buvabilité) tout en continuant à travailler les classiques Merlot et Tannat en cuvées monocépages. Mais la plus grande réussite de Bracco Bosca est le 100% Cabernet Franc, plusieurs fois récompensé comme le meilleur d’Uruguay voire d’Amérique du Sud. Un nez séduisant, à la fois fumé, sanguin, zesté, une bouche énergique et vibrante, sur une cerise juteuse, conclue par une signature salivante. Un délice ! Env. 46 $.
www.braccobosca.com

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Châteauneuf-du-pape met ses blancs en lumière

Quoi de mieux qu’un atelier consacré aux vieux millésimes blancs de l’appellation pour tester leur potentiel de garde ?

Avec seulement 7 % de production, soit 100 000 hectolitres, les vins blancs de Châteauneuf du pape font figure de rareté. Vite commercialisés dans leur prime jeunesse, ils sont plutôt rares à débusquer dès qu’ils prennent de l’âge. Un phénomène inverse aux rouges qui, eux, patientent dans les caves. Quelques domaines les écoulent au compte goutte, attendant leur apogée. Chance pour les amateurs, les organisateurs des Printemps de Châteauneuf sont partis à la quête aux vieux flacons ! Six cuvées de six domaines différents ont été présentées par leurs vinificateurs lors d’un atelier. L’occasion de scruter la couleur des robes, aussi changeantes que chatoyantes, peu ou pas évoluées. Mais aussi de récuser certains a priori. Par exemple, que l’élevage sur bois est systématique et que le 100 % roussanne est monnaie courante. Elles ont encore fière allure et démontrent le savoir-faire des vignerons.

Domaine La  Durbane 2017 (AB)
Un été très chaud et sec, de belles maturités et une faible récolte. La pointe d’oxydation s’est vite évaporée pour donner place aux fleurs blanches, au zeste de citron avec quelques notes vanillées. L’attaque est légèrement citronnée, arrivent les fruits à chair blanche, la fraîcheur, la minéralité du silex, sur une bouche patinée.

Domaine Pierre Usseglio 2010
Un des plus grands millésimes de l’AOC. Le nez est très miellé, pétrolé, avec des accents de fruits évolués. Impressions similaires en bouche, sur une gamme de prune, de miel, tout en conservant une certaine fraîcheur.

Domaine Côte de l’Ange 2005
Une année très chaude mais pas caniculaire. Des fruits jaunes miellés sur une pointe d’oxydation, se retrouvant au palais pour se conclure sur une finale saline.

Domaine Grand Tinel 2002
Une année pluvieuse où le brouillard s’est accroché pendant toutes les vendanges, favorisant le départ du botrytis et de faibles rendements. Un vrai bonbon au miel, mâtiné d’écorces d’orange, avec de la sucrosité sensible au nez. La bouche est puissante, mixant le safran, les fruits confits.

Domaine André Mathieu 1996
Les conditions de récolte ont été parfaites cette année là, pourtant ce fut un millésime compliqué. Le nez est discret, miellé. En bouche, l’acidité est bien présente, le vin est frais, tendu, minéral, sereinement jeune.

Domaine Beaurenard 1993 (Demeter)
Encore une année pluvieuse, aux vendanges tardives et nocturnes pour profiter des nuits fraîches. Le nez heurte de prime abord. Il faut l’aérer longuement pour découvrir le fenouil et la truffe. Miel et pétrole portent la dégustation sur une finale saline.

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Tyson Stelzer lance un guide du champagne en ligne

La Champagne fascine encore et toujours plus le public à travers le monde. Les ventes qui selon les derniers chiffres ont continué à augmenter au mois de février en témoignent, mais aussi le foisonnement de publications de livres et de sites que lui consacrent d’éminents spécialistes. Le dernier en date ? Le guide en ligne lancé cette semaine par l’Australien Tyson Stelzer sous le haut patronage des plus grands noms de la Champagne.

Pour ceux qui ne connaissent pas Tyson Stelzer, il est l’équivalent australien de Tom Stevenson. Cet ancien professeur de mathématiques, passionné de vins, a publié sur le sujet plus de 17 livres en vingt ans. Il a découvert la Champagne en 2010 et en est tombé littéralement amoureux au point de lui dédier un guide sous format papier qu’il réédite régulièrement. « Le premier faisait 150 pages, la dernière version en compte 600 ! » Son travail figure en effet parmi les plus exhaustifs. Dans l’édition 2021, l’auteur partageait ses notes de dégustation sur les cuvées de 127 maisons de champagne et sur 800 cuvées de vignerons. En Australie, ce critique a ainsi accompagné le nouvel engouement qui touche le champagne, dont les ventes se sont multipliées par dix en vingt ans. « Même si les Australiens sont devenus très amateurs, c’est un terroir qui demeurait secret, et ils avaient soif d’en savoir davantage ».

A compter de samedi, la nouvelle édition du guide sera dorénavant en ligne, un format devenu indispensable vu la quantité de cuvées désormais référencées. Le nouveau site permet de regrouper le travail des six dernières éditions et de mettre ainsi plus facilement en perspective l’évolution des différents champagnes, puisque chaque cuvée pourra ainsi être comparée aux commentaires et aux notes données sur les précédents opus. Pour se donner une idée de la profondeur de champ, si on prend comme exemple la cuvée Dom Pérignon, Tyson Stelzer a pu déguster tous les millésimes depuis 1975 ! Pratique et pédagogique, les lecteurs disposeront d’un glossaire et d’un chapitre détaillant la manière de déchiffrer les étiquettes, en particulier tous ces codes obscurs pour les étrangers que sont « NM », « RC », « RM »… Le site donnera aussi accès aux analyses très suivies du journaliste sur l’économie du champagne et ses performances sur ses dix premiers marchés. On y découvrira enfin les webinars réalisés par Tyson Stelzer avec certains chefs de caves, les actualités événementielles du champagne, et une rubrique oenotouristique inventoriant les meilleures adresses gastronomiques où se rendre en Champagne …

A tout seigneur, tout honneur, c’est sous le haut parrainage des plus grandes maisons de champagne et de quelques vignerons stars que le guide sera lancé en France samedi à Reims, dans la Résidence Eisenhower du groupe EPI (Piper-Heidsieck, Rare Champagne, Charles Heidsieck). Seront notamment présents Vincent Chaperon, chef de caves de la Maison Dom Pérignon, Antoine Roland-Billecart de la maison Billecart-Salmon, Caroline Latrive, cheffe de caves de la Maison Deutz, le champagne Egly-Ouriet, Xavier Millard de la coopérative Mailly Grand Cru, Jean-Paul Hébrart du champagne Marc Hébrart, Axel Gillery du champagne Pol Roger, Emilien Boutillat, chef de caves de Piper-Hedisieck, Elise Losfelt, cheffe de caves du champagne Charles Heidsieck, Guy de Rivoire du champagne Bollinger, le champagne Taittinger…

Le prix de l’abonnement annuel est de 85 €.

Pour accéder au site : https://champagne.guide/

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