[Lyon Tasting] Fleurie en force et en majesté

Le cru Fleurie s’est fait une place d’honneur ce week-end à Lyon Tasting. Incarné par les cuvées du Château des Bachelards, du château de Poncié, du Château de Corcelles et du Château du Chatelard, le cru révèle sa puissance comme son élégance granitique au travers de différents parcellaires.

Chatelard le gourmand

Propriété de la famille Duboeuf depuis 2012, le Chatelard produit deux cuvées en Fleurie, « Renaissance », élevée en fût pendant un an, et « La cuvée des vieux granits » (dégustée en 2020, 14,85€), qui se veut une identité de Fleurie matinée de gourmandise beaujolaise avec une vinification semi-carbonique et un assemblage d’égrappés et de non-égrappés. Le moto de la famille Duboeuf se concentrant dans la volonté farouche de préserver le fruité du gamay, tout en lui conférent les caractéristiques du terroir duquel il provient, donne une cuvée aux notes et à la texture de graphite typique du cru, ainsi qu’un fruit gourmand.
D’importants travaux sur la cuverie ont démarré pour les deux ans à venir, avec l’optique de se donner les moyens de travailler davantage les parcellaires du cru.

Poncié la nordiste

Le Château de Poncié, tout en bio, aux mains de Jean-Loup Rogé et de Marion Fessy pour la vinification, présente deux Fleurie : les Hauts du Puy (18€) et Les Moriers (24€). Les granits roses sur lesquels s’épanouissent les vignes de 55 ans à 400m d’altitude pour la première donnent, sur cet élégant millésime 2019, une cuvée sur les épices et notamment le poivre noir, avec une bouche ample et fraîche avec de jolis amers en finale et une agréable finesse de tanins.
En 2018 et sur « Les Moriers », l’effet millésime se fait sentir avec une expression plus concentrée, plus solaire, des épices plus marquées et plus nombreuses, qui se dégustera idéalement à partir de mi-2023. Des cuvées que vous pouvez découvrir directement au domaine, et profiter de l’offre oenotouristique, pourquoi pas en essayant la dernière-née des activités : la chasse au trésor en famille au travers des vignes du domaine.

Bachelards l’élégante

La Comtesse de Vazeilles cisèle son millésime 2020 pour transformer le côté solaire en puissance raffinée. « Le Clos » (80€), présenté à Lyon Tasting, illustre ce que peut engendrer un gamay éduqué en bio, biodynamie sur les granits roses des sols entourant la propriété, et vinifiés à la bourguignonne, deux ans en foudres : une belle complexité aromatique autour des épices, des fleurs et des fruits mûrs reposant sur une structure équilibrée.
En 2022, Alexandra a produit pour la première fois une cuvée en rosé (16€), issu de ses vignes à Fleurie. Ce rosé de saignée offre une robe séduisante à la couleur intense, pour une aromatique et une structure soutenues par seulement 12,5 degrés. En espérant que l’essai soit reconduit car il a été transformé dès la première.

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[Lyon Tasting] Lyon-Bordeaux, match retour

Pour cette cinquième édition de Lyon Tasting, les vins de Bordeaux sont de nouveau en force, bien décidés à conquérir les amateurs de la capitale des Gaules. Et à en juger par l’enthousiasme des visiteurs, le travail de fond commence à payer.

Défendre Bordeaux en terre lyonnaise, venir vanter les mérites du Médoc ou du Libournais, du merlot et du cabernet au pays de la syrah, du pinot et du gamay, ce n’est pas une mince affaire. Les vins girondins sont loin d’être naturellement présents dans l’imaginaire – et dans les caves – des amateurs rhodaniens, et pourtant, dans cette ville de gastronomes où l’on sait célébrer le bien manger et le bien boire, le nouvel aggiornamento de Bordeaux a tous les arguments pour venir conquérir les consommateurs. Preuve en est faite pendant cette cinquième édition de Lyon Tasting, dont les visiteurs, qui étaient encore très timides devant les stands bordelais il y a cinq ans, n’hésitent plus à venir goûter les cuvées bordelaises en toute curisioté et ouverture d’esprit.

« J’ai pu constater une belle évolution depuis la toute première édition« , confie Pierre Lauret, représentant le château Pindefleurs en Saint-Émilion Grand Cru pour lequel il présente les millésimes 2019, 2018 et 2016 en magnum (24-53 €). « On voit venir vers nous de plus en plus de jeunes amateurs, qui ont envie d’apprendre la dégustation, n’ont aucun préjugé et veulent en savoir plus sur Bordeaux ». Une impression confirmée par Justine Memmi, représentant le château Lagrange, 3ème Grand Cru Classé de Saint-Julien : « je dirais qu’un visiteur sur trois qui s’arrête sur le stand connaît déjà Lagrange ou du moins l’appellation Saint-Julien. Ensuite, il faut faire un travail d’explication, reprendre les bases, la géographie médocaine, le classement 1855… Le public est composé de beaucoup d’étudiants, mais aussi d’étrangers, qui viennent vers nous sans idées reçues« . L’occasion pour Justine de faire le point sur toutes les actualités du château Lagrange, qui termine une phase de travaux sur l’espace réceptif & dégustation après avoir rénové les 14 chambres de la propriété : l’accueil au château est une activité importante, soutenue par le groupe japonais Suntory qui en est l’actionnaire depuis 1983. Lagrange présente, au passage, son second vin « Fiefs de Lagrange » 2016, son premier vin sur le même millésime, et le premier vin en 2014 pour donner deux approches différentes (prix de 32 à 65 €).

Faire un travail de pédagogie et d’explication, c’est possible tout en étant ludique et divertissant. C’est le talent de Caroline Decoster, qui présente les vins du château Fleur Cardinale, Grand Cru Classé de Saint-Émilion, à un jeune trio d’amateurs peu familiers des productions de l’appellation, en comparant son 2018 à « un adolescent prometteur, un étalon fougueux qui a besoin d’être débourré » (50 €) et son 2014 à « un jeune actif qui vient de se mettre en couple et entre dans la vie active, qui a encore plein de choses à apprendre mais a troqué les nuits blanches contre les soirées Netflix » (49 €). Le second vin « Emotion » 2018 séduit par sa buvabilité savoureuse, une approche plus simple mais qui permet d’ouvrir la porte vers la complexité des bordeaux.

C’est d’ailleurs la même approche qui prévaut sur le stand du château Laroque, autre Grand Cru Classé de Saint-Émilion, dont le directeur David Suire, accompagné d’Amandine Bidault de Gardinville, chargée de développement commercial, met à un point d’honneur à expliquer les terroirs et les aspects techniques de la vinification à Bordeaux. Convaincu qu’il y a à Lyon de la place à conquérir pour les vins de Bordeaux dans leur profil frais et élégant, taillé pour la table, il présente Tours de Laroque 2018 (18 €), Laroque 2018 (45 €) et surtout Laroque 2019, un petit bijou de précision et d’allonge, construit sur une belle trame crayeuse et juteuse, savoureux et taillé pour la garde (45 €). Le jeune public qui se presse sur le stand ne s’y trompe pas. Il en va de même sur le double stand d’Axa Millésimes, qui présente en même temps Château Pichon Baron 2017, 2ème Grand Cru Classé de Pauillac (et le second vin Tourelles de Longueville 2016) et, juste à côté, Château Suduiraut 2017 1er Grand Cru Classé de Sauternes, ainsi que son second vin Castelnau de Suduiraut 2016 et le blanc sec Lions de Suduiraut 2021. Il en ressort que les grands noms du Médoc, tout comme les grands liquoreux bordelais, savent piquer la curiosité des amateurs lyonnais.

Moins prestigieux que Pichon Baron ou Suduiraut mais présentant une autre image de Bordeaux, le château Birazel situé dans l’Entre-deux-Mers, a été racheté en 2017 par l’investisseur belge Paul Boeckx qui a totalement relancé le vignoble de quelque 14 hectares pour lancer une marque à partir de zéro. La cuvée Romane en blanc 2020, à grande dominante de sémillon (70%) et à l’élevage en partie sous bois, demande encore à se fondre mais présente une gourmandise prometteuse (20 €). Quant aux deux rouges, la cuvée Paulus 2020 totalement sur le fruit joue la carte de la séduction, tandis que la cuvée Auguste 2020, élevée 18 mois en barriques et cuves « diamant », déroule du fond, une jolie complexité et une trame tannique qui semble indiquer un beau potentiel d’évolution (30 €). Canon-Fronsac ne figure pas non plus parmi les terroirs les plus médiatisés de Bordeaux et pourtant le château Gaby est présent de longue date à l’événement Lyon Tasting, pour présenter ses jolis vins du Fronsadais. Fortement chamboulé par une actualité récente, entre l’incendie qui a frappé le bâtiment du château il y a quelques semaines et le rachat récent de 60 ares à Pomerol (Clos Beauséjour) par le propriétaire américain de Gaby, Tom Sullivan, le directeur Damien Landouar, par ailleurs président du syndicat Fronsac et Canon-Fronsac, présente côte-à-côte les millésimes 2016 et 2017, l’un dans un registre solaire, capiteux, au profil alcooleux tenu par une très belle trame minérale (30 €), l’autre plus frais, droit, distingué et digeste (28 €). Deux expressions d’un même terroir et un cas d’école pour les visiteurs.

Enfin, à Bordeaux, l’innovation peut se dénicher derrière les oripeaux du plus grand classicisme, comme le démontre Jean-François Quenin, propriétaire du château de Pressac, Grand Cru Classé de Saint-Émilion. Outre son millésime 2018 en rouge, M. Quenin présente à Lyon Tasting un atypique rosé de saignée baptisée « La Rosée » 2021 (15 €), à la belle couleur soutenue et gourmande, et dont la mâche sapide à l’aromatique florale doit beaucoup à un élevage en barriques d’acacia -M. Quenin étant par ailleurs propriétaire d’une tonnellerie, TSO / Tonnellerie du Sud-Ouest. À l’aveugle, ce rosé charnu et tendre envoie de nombreux dégustateurs sur une piste de vin blanc, certains n’hésitant pas à lui trouver un profil de viognier. Comme quoi, de Bordeaux au Rhône, la connexion n’est jamais coupée.

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[Lyon Tasting] Cap à l’est, focus sur le Bugey

La maison Lingot-Martin est présente à Lyon Tasting et met à l’honneur ses cuvées effervescentes. C’est aussi l’occasion de mettre un pied dans le Bugey, vignoble qui produit certes le gourmand Cerdon, mais également de nombreux vins tranquilles.

Entre Jura et Beaujolais

Le vignoble du Bugey se divise en deux parties, la septentrionale entre Beaujolais et Jura, et l’orientale plus tournée vers la Savoie.
Que ce soit pour le Cerdon ou les vins tranquilles, le Bugey cultive les cépages présents dans les vignobles qui l’entourent, comme le gamay, le chardonnay, la mondeuse, le pinot noir et le poulsard.
Majoritairement constitué de sols argilo-calcaires, le vignoble produit d’autres cuvées effervescentes que le Cerdon, en méthode traditionnelle, comme le Bugey Brut (ou Montagnieu brut) à l’image de cette cuvée Blanc de blanc présentée par la maison Lingot-Martin, 100% chardonnay, où les fruits blancs s’expriment tout en finesse sur une bulle présente mais délicate, en faisant une alliée parfaite pour l’apéritif ou accompagnée de crustacés.

Cerdon forever

Bulle fine, robe rose fuschia, fruits rouges ultra gourmands, sans oublier évidemment la touche sucrée qui patine l’ensemble : l’identité du Cerdon ne change pas, faisant le lien entre les générations de façon intemporelle.
Les Anciens aiment à sortir les coupettes à la fin du repas dominical pour accompagner la tarte aux pralines ou autres desserts avec un trait de Cerdon (qui reste rarement à la dose minimale vu sa gourmandise), quand les plus jeunes l’apprécient à la table familiale, le choisisse pour leur mariage, ou s’initie au monde des effervescents avec ces cuvées accessibles.
Chez Lingot-Martin, vous pourrez déguster le Cerdon « classique » 100% gamay, de Vucher, (associé de la maison), mais aussi le Cerdon bio, composé de 75% de gamay et 25% de Poulsard, apportant une teinte plus saumonée et des arômes floraux délicats se mariant à merveille avec la gourmandise du gamay, pour une cuvée tout en plaisir et finesse.

Mise en grotte

En plus de ses paysages parfaits pour un break oenotouristiques, le Bugey n’hésite pas à tenter quelques expériences sur ses vins. Parce qu’il n’y a pas que de la bulle, et parce que les cuvées tranquilles du Bugey peuvent offrir un beau potentiel de garde, l’appellation a descendu 600 bouteilles dans la grotte de Cerdon en juin 2022, pour les laisser reposer deux ans, et voir l’impact que peut présenter ce genre de milieu sur le vieillissement des cuvées.

L’occasion parfaite pour venir ou revenir dans le vignoble découvrir le panorama géographique comme celui des vins de l’appellation.

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[Lyon Tasting] Masterclass Gigondas : le millésime 2012 à l’honneur

La première masterclass du jour à Lyon Tasting était consacrée aux vins de Gigondas. L’appellation vauclusienne déclinait sa diversité à travers cinq cuvées, toutes sur le millésime 2012. L’occasion de démontrer le potentiel de garde sur les terroirs des Dentelles de Montmirail.

Un voyage de dix ans dans le temps, toujours le long du Rhône, mais bien plus au sud : c’était la promesse de cette première masterclass du jour à Lyon Tasting, le festival des grands vins organisé par « Terre de Vins » au Palais de la Bourse de Lyon. Une belle occasion de mettre en avant le département du Vaucluse (qui tire son nom de « vallée close » entre Rhône et Durance), sa riche histoire aux racines antiques et à l’héritage religieux incandescent comme en témoigne la Cité des Papes d’Avignon, sa géologie complexe courant du Mont Ventoux aux Dentelles de Montmirail. Ce sont d’ailleurs ces Dentelles qui étaient mises à l’honneur ce matin avec l’appellation Gigondas, vignoble à forte identité qui a récemment fêté ses cinquante ans d’AOC.

Animée par Sylvie Tonnaire, rédactrice en chef de « Terre de Vins », en présence de Pierre Amadieu, inlassable ambassadeur de Gigondas avec sa famille implantée de longue date dans la région, et de Laurent Derhé, MOF Sommelier, cette masterclass mettait à l’honneur le millésime 2012 à travers cinq domaines, cinq cuvées, chacune déclinant une nuance de cette magnifique appellation juchée sur des terroirs d’exception, présentant de très beaux potentiels de garde et de très intéressants rapports qualité-prix pour les professionnels comme pour les amateurs. Le millésime 2012 se prête d’ailleurs très bien à l’exercice, tant il est un millésime d’équilibre, marqué par un hiver sec et extrêmement froid, marqué par un épisode de gel extrêmement violent en février qui a profondément meurtri les plus vieux pieds de grenache, un printemps humide, puis de nouveau un été sec et chaud, jusqu’aux pluies d’arrière-saison qui ont permis de combiner maturité et acidité.

Domaine Montirius, « Terre des Aînées » 2012, ouvre le bal avec la triple particularité d’être un pionnier de la biodynamie sur l’appellation, d’être situé sur les premières terrasses de l’appellation, plus sableuses, et d’être entièrement vinifié et élevé en cuve. Un vin encore en pleine jeunesse (« insolente », précise Laurent Derhé), avec un nez encore typique du grenache (80% de l’assemblage, le solde en mourvèdre) avec de la datte, de la figue, de la garrigue, du romarin. Une bouche peu volumineuse mais délicate, aux tannins affriolants, « au bon endroit à la bonne heure ». Sylvie Tonnaire l’imagine à table sur une poule au pot ou une andouillette, tandis que Serge Navel, dégustateur de longue date pour « Terre de Vins » participant à la dégustation, tenterait une belle côte de bœuf pour accompagner le côté encore « saignant » du vin.

Château Saint-Cosme 2012, un domaine historique de Gigondas (les anciennes cuves gallo-romaines situées dans les caves en attestent encore), situé un peu plus en altitude, est mené par Louis Barruol, également président du syndicat de l’appellation. Cette cuvée présente l’intérêt d’associer 60% de grenache, 20% de syrah, 18% de mourvèdre et 2% de cinsault, l’ensemble co-fermenté avec une part de vendange entière puis élevé 12 mois, aux deux-tiers en pièces de un à quatre vins, le reste en cuve. Robe scintillante, nez de fruit macéré, de fraise des bois, de pétale de rose, une touche mentholée, ce vin combine rondeur et puissance, avec une note sauvage, racinaire, légèrement giboyeuse. En accords, on imagine un faisan en cocotte aux légumes anciens ou un civet de colvert.

Domaine Les Goubert 2012, vignoble familial tenu par Mireille, Florence et Jean-Pierre Cartier, nous fait revenir sur le plateau du bas du village, avec une expression plus chaleureuse et évoluée du millésime. Le grenache se marie avec la syrah, le mourvèdre, le cinsault et la clairette – l’occasion de rappeler que l’aire de production de Gigondas est aussi une terre historique de blancs, et que l’appellation « Gigondas Blanc » devrait enfin voir le jour en 2023. En attendant, les rouges peuvent inclure jusqu’à 10% de raisin blanc dans l’assemblage, d’où la présence de la clairette. Celle-ci vient contrebalancer le caractère plus évolué de ce vin, tant dans la robe qu’au nez, déclinant notes de sous-bois, de cannelle, une touche chocolatée, confiture de vieux garçon, l’ensemble tenu par des tannins à leur juste place et une finale zestée. À marier avec une tourte au foie de volaille ou une terrine d’abats de sanglier relevée au genièvre.

Maison Gabriel Meffre, Domaine de Longue Toque 2012, nous fait monter en altitude, sur les terrasses marquées par les éclats calcaires des Dentelles. Longue Toque est un domaine historique de l’appellation, qui connaît un second souffle grâce à la maison de négoce Gabriel Meffre, laquelle en a fait son fleuron. 50% grenache élevé en cuve, 50% syrah élevée sous bois 18 mois, cette cuvée renoue avec la jeunesse et la vitalité, avec de la profondeur, de la densité, peu d’évolution, un fruit noir bien mûr lorgnant vers la tarte à la myrtille, des épices, des dattes… La bouche est onctueuse, marquée par un beau volume, de l’élégance, de l’onctuosité, un toucher soyeux et des tannins présents sans fermeté, qui soutiennent bien l’ampleur du vin. On l’imagine sur un petit salé aux lentilles ou un plat oriental, tel qu’une jambette d’agneau confite aux quatre épices et une semoule fine aux fruits secs.

Pierre Amadieu, « Le Pas de l’Aigle » 2012 est un terroir calcaire d’altitude (300-400 mètres) dans les Dentelles chouchouté par la famille Amadieu, implantée de longue date dans la région. De vieilles vignes de grenache faisant face au nord et à l’ouest, bénéficiant d’élevages longs en foudres – majoritairement 100 hectolitres – et oubliées deux ans en bouteille avant d’être mises en vente. Un vin plein et savoureux, intense, d’abord sur la réserve au nez avec ses notes de cacao puis explosif en bouche, signé par un grain de tannin crayeux, minéral. Il en a encore sous la pédale ! À servir sur un paleron braisé au vin rouge, sauce liée au chocolat noir.

Photos ©A. Viller

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[Lyon Tasting] Masterclass: vous saurez tout sur Pomerol !

Pomerol, le nom fait rêver, mais qui peut se prévaloir de bien connaître cette petite appellation où domine un merlot velouté, gourmand et frais ? Les participants de la Master Class organisée par Terre de vins hier avec la collaboration de l’Association Pomerol Séduction, ont pu pénétrer une part du mystère à travers la dégustation de neuf millésimes de neuf châteaux différents.

C’est l’une des plus petites appellations de Bordeaux, avec un peu moins de 800 hectares, elle-même morcelée entre 160 exploitants, autant de propriétés qui ont chacune leur typicité. Ici, c’est le merlot et le cabernet franc qui dominent avec en substrat le fameux argile-bleu, dont les vertus d’éponge, stockant l’eau l’hiver pour la restituer l’été est un sérieux avantage face au réchauffement climatique. Elle offre des vins aux tanins très ronds, veloutés, un touché qui en ont souvent fait la porte d’entrée la plus facile pour qui veut pénétrer l’univers des vins de Bordeaux. L’appellation n’en est pas moins restée longtemps assez mystérieuse aux yeux des consommateurs, peut-être parce que les propriétaires n’étaient pas toujours très enclins à partager et à communiquer. C’est ce qui a motivé la création de l’Association Pomerol Séduction. Outre des voyages collectifs de promotion des vins, les neuf vignerons membres ont aussi créé un parcours avec des podcasts partageant en différents points de l’appellation des informations pédagogiques sur le terroir et leur savoir-faire. Néanmoins, la meilleure façon de comprendre, restera toujours la dégustation, d’où cette verticale proposée dans une master class de haute volée animée par notre confrère Mathieu Doumenge à l’occasion de Lyon Tasting.

Pour commenter les vins, l’inénarrable Laurent Derhé, meilleur ouvrier de France de sommellerie, a fait merveille, avec l’éloquence, la poésie, et l’humour qu’on lui connaît. Quelques exemples de jolies pépites ?

Le millésime 2019 du château La Pointe a été choisi par la maison parce qu’il est emblématique du travail intra-parcellaire mis en place pour préserver la vie des sols, permettant d’avoir des vignes en bonne santé avec plus d’énergie et donc plus résilientes face au changement climatique. Ainsi, même si sur ce millésime caniculaire le vin tape à 14,5 degrés, le bon niveau d’acidité, qui témoigne justement de cette vigueur des ceps, lui conserve une belle fraîcheur. On a ainsi à la fois le côté gourmand du merlot, cette texture soyeuse, mais en même temps une certaine dynamique, sans oublier la finesse du cabernet franc. Laurent Derhé retient quant à lui les jolies notes toastées, grillées, presque chocolatées qui sont la marque d’un élevage très maîtrisé et qui se fondront avec le temps.

Très différent, mais non moins intéressant, le Clos du Clocher 2017. « Après le côté plus caniculaire de 2019 et 2018 qui étaient parfaitement maîtrisés. Ici on a une année naturellement plus équilibrée, j’appellerai cela presqu’une année de restaurateur. Nous autres avons tendance à ne pas toujours vouloir garder les vins, parce que c’est compliqué, on n’a pas la place, les finances. Ici le vin est prêt à la dégustation, on est sur les fruits noirs un peu confiturés, des notes de sous bois, une pointe minérale, mine de crayon, en bouche on appréciera cette cerise croquante, presqu’acidulée. C’est un vin qui commence à s’ouvrir. Un vrai millésime de tendresse et de plaisir ! Cela aurait été dans les années 1980, on aurait dit « grand millésime », mais avec la succession des années très solaires du réchauffement climatique, on oublie d’en voir toute la subtilité. »

Avec Clinet 2011, on goûte tous les charmes du vieillissement. Là aussi, on est sur une année un peu oubliée parce que moins chaude que les précédentes. On l’a jugée austère pendant longtemps, mais c’est justement ce qui lui a donné un fort potentiel de garde. « Les tanins sont dans la force de l’âge, on dirait un quinquagénaire en pleine forme qui continue à aller à la salle de sport. Ils sont là et en même temps, ils assument toute leur maturité, ils ont commencé à se calmer, à amener de la noblesse. C’est l’exemple parfait de ce que l’on appelle l’apogée. En accord, il faut commencer à faire attention à laisser le vin exister, j’irais donc sur une côte de veau accompagnée d’un jus brun.»

On conclura avec Château Beauregard 2010. « Ce n’est peut-être pas le vin avec lequel on aura trouvé le plus de plaisir immédiat, mais on y trouve l’équilibre parfait, ce vin est magnifique par sa complexité, ses arômes, sa robe encore affriolante, on a une belle tension, il est en pleine forme. A l’été 2010, la chaleur des journées a été équilibrée par de belles nuits fraîches ce qui a permis à la maturité de prendre son temps. Ce n’est pas le vin le plus ouvert, les tanins ont encore une certaine fermeté. Il fait partie de ceux que je mettrai dans ma cave, celle dont mes enfants n’ont pas la clef ! »

Pour autant, les autres millésimes n’étaient pas moins fascinants : Château Vieux Maillet 2018, Château Rouget 2016, Château La Conseillante 2016, Château Gazin 2009… Des noms enchanteurs qu’il faut absolument aller découvrir !

Photos: ©A. Viller

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[Lyon Tasting] Champagne Prieuré de Viverie : quand la dégustation raconte une histoire !

Le champagne a l’art de mêler le vin au patrimoine. A Lyon Tasting, nous sommes allés rencontrer Vincent Grandpierre qui nous a fait découvrir la gamme que lui a inspiré la rénovation de son magnifique prieuré bénédictin à Vivier sur Artaut.

Si vous avez l’occasion de visiter l’Aube, cette étape est incontournable, le Prieuré de Viverie, à Vivier sur Artaut, nous rappelle que la Côte des Bar n’était pas le monopole des Cisterciens, les Bénédictins eux aussi y ont laissé leur empreinte.

Cette forteresse vieille de 800 ans qui tombait en ruine, a été restaurée grâce à Vincent Grandpierre qui n’a pas hésité à investir 1,5 millions d’euros pour lui redonner vie.  Ce vigneron passé par l’école d’arts appliqués de Troyes, passionné de peinture, a le sens de l’esthétique. Il a su inscrire le monument dans son temps en ajoutant un geste architectural à travers la construction d’une structure en verre et en bois qui prend la forme d’un fût et relie les deux corps de bâtiment.

Un soin que l’on retrouve dans la manière de cultiver la vigne de Vincent Grandpierre sur son domaine de neuf hectares et demi entièrement centré sur le village. Certifié HVE niveau 3 et n’utilisant plus de désherbants chimiques depuis 11 ans, il a tenté l’année dernière d’entamer une conversion bio, mais les difficultés sur le millésime 2021 où la succession des pluies ont engendré une pression sanitaire inédite, l’ont finalement contraint à abandonner cette voie. « Ce qui m’a dérangé l’année dernière, c’est de devoir sortir aussi souvent l’enjambeur. Avec le bio, on privilégie le sol et la qualité de l’eau, mais on ne prend pas assez en compte les dégagements de CO2. Cette expérience m’a toutefois permis de me faire tout un programme qui me semble plus équilibré, un peu mixte entre l’approche conventionnelle, pour maîtriser davantage le nombre de passages, et l’approche bio qui reste soucieuse de l’environnement ».

Vincent Grandpierre propose deux gammes. La première, « Grandpierre », est la plus accessible et se veut la plus pure expression du terroir. La seconde, « Prieuré de Viverie » nous fait entrer dans le monde de la haute couture tout en s’appuyant sur une sélection parcellaire et en se focalisant sur les têtes de cuvée qui permettent de ne retenir que le cœur de la baie. Centrée sur le chardonnay et le pinot noir, seuls les chardonnays sont élevés sous bois. Les vins ne sortent ensuite qu’après minimum sept ans de cave. « On est vraiment sur des champagnes gastronomiques, avec plus de complexité, d’évolution ».

Cette gamme se raconte de manière originale à travers quatre cuvées. Chacune porte en guise de nom une date clef de l’histoire du Prieuré. La cuvée 1180 (110€) commémore l’édification de la bâtisse par les Bénédictins. Sur cette cuvée 80 % chardonnays, 20 % pinot noir, millésimée 2012 et dosée à 7 g, le vin offre des saveurs légèrement toastées et de beaux agrumes tandis que se dessine en filigrane une trame calcaire et saline. « 1205 » correspond à une date qui symbolise la montée en puissance du Prieuré, lorsque les Cisterciens lui firent don d’une part de leurs terres. De puissance, justement, cette cuvée n’en manque pas grâce à la part belle du pinot noir (80%) (52€)! On appréciera en particulier l’intensité de ces arômes de coing. « 1505 » est la date du passage du prieuré sous la coupe de l’évêque qui en désigne désormais le prieur à la place de l’abbé. Elle symbolise un métissage. On a donc choisi un rosé (56€) qui mêle le principe du rosé d’assemblage et celui du rosé de macération, en associant 35 % de pinot noir travaillés comme un rosé de macération, à 35 % de pinot noir travaillés en blanc de noirs, et 30 % de chardonnay. Enfin, « 1740 » correspond à la date de la reconstruction de la bâtisse sous sa forme actuelle après deux incendies successifs. Il s’agit d’un rosé dosé en extra dry (56€) dont la légère sucrosité vient exalter les fruits rouges. L’erreur serait de l’associer comme on le fait trop souvent à un dessert, au contraire il faut jouer la carte du sucré/salé et parier sur un roquefort par exemple.

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[Lyon Tasting] Concours Chateaunet : aveuglément, à la folie…

Ce Dimanche à 13 h 30 à Lyon Tasting, ne manquez pas le grand défi que lance Terre de vins en collaboration avec le site de vente en ligne Chateaunet : un concours où les participants devront déguster à l’aveugle cinq vins et deviner le cépage majoritaire, la région d’origine, le millésime, et pour les plus talentueux, le domaine !

L’exercice de la dégustation à l’aveugle est toujours redoutable. Par ces temps de Covid, vous pouvez bien-sûr prétexter l’anosmie passagère pour vous défiler, ou faire montre d’un élan soudain de piété en prétextant que le dimanche, où le créateur lui-même s’est reposé, il est interdit de travailler. Terre de vins vous propose cependant quelques outils pour vous aider et ressortir sinon vainqueur, au moins la tête haute.

En matière de cépage tout d’abord, on peut lister des traits généraux que l’on est presque sûr de retrouver sur chaque variété. Ainsi, le cabernet sauvignon, très présent dans le Bordelais sur la rive gauche, se caractérise par son aspect tannique, corsé, des notes parfois de poivron et une finale un chouya mentholée. Le pinot noir, cépage chéri par les trois vignobles septentrionaux que sont la Bourgogne, la Champagne et l’Alsace, lorsqu’il est vinifié en rouge est souvent un peu plus dilué avec une robe rubis moins dense, plus transparente. Il offre des arômes de cerise, des épices comme la cannelle et un aspect beaucoup moins tannique. La roussanne, cépage blanc originaire de la vallée du Rhône présente une robe jaune paille, des arômes à la fois floraux (aubépine, pivoine, tilleul), fruités (abricot, pêche), et parfois assez minéraux (touches salines notamment). Le viognier, cépage blanc que l’on trouve surtout sur l’appellation Condrieu dans la partie Nord de la Vallée du Rhône, mais pas seulement, est un séducteur. Rond, onctueux, sa palette aromatique est très étendue : mangue, fruits à noyau, coing, chèvrefeuille, musc et en vieillissant, fruits secs, miel d’acacia…. Enfin, la syrah, cépage iconique de la vallée du Rhône à la robe sombre, fleure bon la violette, les fruits noirs, le réglisse et le poivre.

Pour essayer de deviner l’année, on se rappellera que les années solaires offrent des vins de forte maturité, puissants, avec de l’épaule et un fruit intense. Ils peuvent aussi être davantage chargés en alcool. Mais la maturité et la concentration peuvent aussi être accentués par une plus faible charge en raisin, en particulier lorsqu’un gel tardif au printemps a fait chuter les rendements. Les étés très pluvieux, à l’inverse, ont tendance à donner des vins dilués, à l’expression moins affirmée. Une caractéristique qui n’est pas nécessairement négative, elle peut donner une impression de légèreté et donc d’élégance. En général, ces vins sont également moins chargés en alcool. Enfin, si la maturation a été ralentie par des températures plutôt fraîches, on peut aussi avoir plus de tension, alors qu’une année caniculaire aura tendance à limiter l’acidité.

A noter que l’heureux vainqueur remportera une belle bouteille de vin et un bon d’achat valable sur le site de vente chateaunet.

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[LYON TASTING] Côte Rôtie et Condrieu, la force de l’évidence

Les deux appellations voisines, qui figurent parmi les grandes stars de la vallée du Rhône, sont en force ce week-end à Lyon Tasting, avec des ambassadeurs de talent. L’occasion pour ces domaines, quelquefois très célèbres, de revenir au contact du grand public et de conforter leurs positions dans leur « fief » lyonnais.

À Lyon, on peut dire que les vins de la Vallée du Rhône jouent « à domicile » mais, suivant une contorsion d’un vieil adage selon laquelle on pourrait considérer que nul n’est garanti de conserver sa place de prophète en son propre pays, un événement tel que Lyon Tasting (dont la cinquième édition se déroule ce week-end au Palais de la Bourse de Lyon) est une occasion de renouer le contact ou de conforter ses relations avec les amateurs de la Capitale des Gaules. Le Rhône septentrional est particulièrement bien représenté cette année, avec une quinzaine de domaines présents – parmi lesquels bon nombre de nouveaux exposants – qui portent haut les couleurs des appellations Côte Rôtie et Condrieu.

Le Domaine Niero est de ceux-là. Première participation à Lyon Tasting pour ce domaine familial qui, depuis deux ans, connaît une nouvelle dynamique. Au côté des propriétaires, qui veillent depuis trois générations sur 9 hectares de vignes (dont 4 en Condrieu et 2 en Côte Rôtie) se trouve désormais un nouveau directeur, Adrien Encontre, qui se charge notamment d’orchestrer lanouvelle stratégie de distribution des vins. « Étant lyonnais d’origine, je suis particulièrement ravi d’être à Lyon Tasting, mais pour un domaine tel que le nôtre, il est indéniable qu’il faut être présents sur des places fortes de notre région comme Lyon ou Vienne, pur revenir au contact du consommateur mais aussi des professionnels : il y a beaucoup de chefs présents pendant l’événement et c’est une occasion formidable d’associer les vins de la région à la gastronomie lyonnaise ». Décidé à relancer la part de vente en direct aux particuliers à hauteur de 25% du business du domaine, Adrien Encontre consolide la part d’export en Europe mais entend repartir à la conquête du marché français. Pendant Lyon Tasting, il présente plusieurs cuvées dont trois en Condrieu (sur les quatre figurant dans la gamme du domaine). Notre coup de cœur du jour va à la cuvée Chéry 2020, une sélection parcellaire de viognier sur sol granitique, élevée à 60% en cuve et à 40% en fût neuf, déclinant un beau parfum floral et capiteux, à la fois brioché et ciselé, avec de très beaux amers en fin de bouche. Taillé pour la garde et la gastronomie (49 €).
www.vins-niero.com

Si l’on peut utiliser le terme « emblématique » pour qualifier un domaine de Côte Rôtie, c’est bien à l’égard du Domaine Jean-Michel Gerin. Ce dernier a fait partie d’une génération de vignerons qui, avec les Cuilleron, Villard, Gaillard, Gangloff & co, a hissé l’appellation au sommet au cours des quarante dernières années. Désormais, c’est une nouvelle génération qui prend le relais, incarnée ici par Michaël Gerin et son frère Alexis. Suivant les traces de leurs parents, ils ont repris les rênes de l’exploitation (20 hectares, dont 13,5 en Côte Rôtie), Michaël assurant pleinement la partie production depuis 2017 – une conversion bio est en cours, pour une certification en 2023. Présent à Lyon Tasting pour défendre « à domicile » les vins de la famille, il entend montrer que, loin de se reposer sur ses lauriers, l’appellation Côte Rôtie se réinvente aujourd’hui pour continuer de conquérir de nouveaux marchés internationaux sans se départir de son ancrage régional. Il présente, pour l’illustrer, trois cuvées, dont un Champin le Seigneur 2020 encore en pleine vigueur de la jeunesse (46 €) et La Viallière 2020, une superbe syrah sur coteaux schisteux, très identitaire, fumée, minérale et lardée, déployant du fond, de la texture et de l’allonge. Un grand vin complet qui a plusieurs vies devant lui (62 €). On termine sur un condrieu « La Loye » 2021 (45 €) tout en floralité contenue, qui nous montre que le viognier travaillé en finesse sait se tenir à distances de ses notes abricotées et miellées traditionnelles.
www.domaine-gerin.fr

Autre « success story » du Rhône Nord, l’aventure des Vins de Vienne a vu le jour en 1996 sur l’impulsion des vignerons Yves Cuilleron, François Villard et Pierre Gaillard, avec pour ambition de replanter le vignoble historique de Seyssuel, remontant à l’époque romaine. 25 ans plus tard, les Vins de Vienne couvrent une trentaine d’hectares en propre, auxquels s’ajoute une part d’achat de raisins – représentant un volume de 680 000 bouteilles, excusez du peu. Présents à Lyon Tasting depuis la première édition de l’événement, ils mettent un point d’honneur à rester au contact des amateurs lyonnais et à les inciter à venir jusqu’au caveau, situé à Chavanay. Parmi les nouveautés présentées cette année, une cuvée en appellation Brézème (la plus sudiste du Rhône septentrional, ou bien la plus méridionale du Rhône Nord, c’est selon…) « Lieu Dit Brézème Est 2020 », issue de 2 hectares actuellement en fermage. 100% syrah sur coteaux granitiques, élevé 12 mois en barriques, cuves béton et inox, ce beau jus concentré et trapu, nourri d’une part de vendange entière, équilibre sa vigueur savoureuse avec une touche de « grip » dans les tannins qui lui va très bien (29,50 €). À noter qu’une conversion bio est en cours sur plusieurs années, sur les vignes en propre comme auprès des vignerons fournisseurs.
www.vinsdevienne.com

Et puisque l’on parle d’œnotourisme avec les Vins de Vienne, impossible de ne pas faire le parallèle avec l’auguste maison E. Guigal dont le caveau situé à Ampuis est un point d’attraction pour tous les amateurs de la région. Inutile de présenter Guigal, négoce historique qui s’est imposé comme l’une des « marques » les plus renommées à travers le monde, et pourtant la maison met un point d’honneur à participer à un événement tel que Lyon Tasting pour maintenir sa proximité avec le grand public. En présentant son condrieu 2021 (34 €), sa côte rôtie « Côte Brune & Côte Blonde » 2019 (49 €) et surtout sa cuvée en propriété Château d’Ampuis 2018, un assemblage de sept parcelles jouxtant différents terroirs prestigieux de la maison, élevée 38 mois sous bois. Un vin qui combine la générosité du millésime solaire, équilibrée par une partie de vendange entière, auquel le temps d’élevage apporte complexité et définition dans le grain de tannins (85 €).
www.guigal.com
www.lecaveauduchateau.com

Première participation pour Aurélien Chatagnier, un vigneron plutôt habitué aux salons professionnels qu’aux événements grand public. « Nous avons une volonté de nous recentrer sur le consommateur local », explique-t-il. « Rien ne sert d’être comme nous, certifié bio (depuis 2022, NDLR) si c’est pour aller vendre tout son vin au bout du monde ». Cela fait exactement vingt ans qu’Aurélien a entamé sa trajectoire de vigneron, d’abord sur un hectare en Saint-Joseph avant de s’étendre progressivement sur d’autres appellations. Il gère aujourd’hui 7,5 hectares en Condrieu, Côte Rôtie, Saint-Joseph, Cornas… Son condrieu 2021 présente de jolis arômes de noisette fraîche ponctuées par de fins amers en finale (35 €) tandis que son saint-joseph rouge « Zélée » 2020, issu d’une sélection parcellaire granitique, vinifié avec un peu de rafle, déploie une certaine élégance, de l’énergie et de la finesse, sur une sucrosité précise balancée par une juste tannicité et signée par une finale savoureuse (35 €).
En savoir plus

S’il est loin d’être le plus médiatisé des vignerons de Côte Rôtie, Christophe Semaska n’en est pas loin une figure majeure de l’appellation – qu’il a co-présidé pendant quelques années. C’est justement un manque de représentation de l’appellation sur les événements grand public qui l’a incité à participer pour la première fois à Lyon Tasting, en espérant inciter de nombreux autres vignerons à faire de même. Installé depuis 1987, Christophe, originaire de Vienne mais non d’une famille viticole, a commencé par exploiter avec un cousin les vignes du château de Montlys, vignoble historique qui était pratiquement à l’abandon. À partir des années 1990, il se retrouve seul aux manettes, décrochant de nombreuses médailles au marché des vins d’Ampuis, séduisant de grands chefs comme Bocuse ou Ducasse mais aussi des chefs d’État tels que Jacques Chirac ou François Hollande. Il gère aujourd’hui 14 hectares au total, dont 4 sont plantés au Château de Montlys – dont il n’est pas propriétaire mais seulement exploitant. Son « navire amiral » qu’il présente comme « le Château-Grillet de Côte Rôtie, un terroir à part qui donne des vins d’une grande élégance, sur le velouté et la subtilité. Au début des années 2000, Christophe a lancé une cuvée « Fleur de Montlys » incluant 10% de viognier avec la syrah et élevé 100% en fût neuf. S’en sont suivi d’autres extensions (sur Condrieu, Saint-Joseph, et jusqu’à Châteauneuf-du-Pape), puis un nouveau chai construit en 2012, et la création d’une cuvée d’exception « L’Élixir d’Ariane » issue de parcelles sélectionnées et produite uniquement sur des millésimes choisi – 2013, 2015, 2018, 2020. C’est également en 2012 qu’il a récupéré un fermage de moins d’un hectare sur la parcelle Lancement, avec des vignes datant de 1974. C’est cette cuvée qui a particulièrement retenu notre attention : avec ses 50% de vendange entière, son élevage de 24 mois, le millésime 2018 décline des notes de camphre, de mûre sauvage et de violette, une bouche tectile et racée, sur un grain de tannins ciselé (115 €). Depuis 2019, Christophe Semaska a été rejoint par ses enfants Clément et Floriane, qui poursuivent l’aventure familiale à ses côtés.
www.domaine-semaska.com

Également présents à Lyon Tasting pour représenter les appellations Côte Rôtie et Condrieu :
Domaine Lionel Faury
Maison Vidal-Fleury

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[Lyon Tasting] Champagne: Haro sur le trio !

Ras-le-bol de la Sainte trinité champenoise pinot noir/meunier/chardonnay ? A Lyon Tasting, les vignerons aubois nous font découvrir un autre visage de la Champagne, celui des cépages rares qu’ils cultivent et vinifient avec amour, soucieux de procurer aux amateurs de la divine bulle de nouvelles émotions.

©A. Viller

Il y a d’abord le domaine Moutard-Dangin à Polisy entre Bar-sur-Seine et Les Riceys, à la confluence de la Laignes et de la Seine. Un petit village qu’il faut absolument visiter pour sa succession de lavoirs privés (là aussi une rareté, d’habitude, on en trouve qu’un seul et il est communal). Corinne cultive six hectares et demi, et vient de faire évoluer le nom de sa marque (autrefois Corinne Moutard) en intégrant le nom de son mari et de ses enfants (Dangin), alors que ces derniers s’impliquent de plus en plus au domaine. Son fils aîné notamment, architecte, a donné sa démission pour se lancer dans un BTS viti/oeno. En 2005, elle avait planté en pinot blanc une parcelle restée en jachère située près d’une vieille croix en pierre. Le monument classé a été érigé par un abbé au XVIe siècle pour le salut de son âme. Le portrait de l’ecclésiastique figure sculpté sur la partie Est. Il veille aujourd’hui sur ces quelques arpents de vignes exposés plein sud, les pieds enracinés dans un sol argilo-calcaire. Issue de la récolte 2018, c’est la toute première fois que cette cuvée intitulée « La croix aux curés » est dévoilée (57€). Un champagne de caractère, droit, tendu comme un arc, qui donne l’impression de croquer dans une pomme fraîche avec derrière une très belle trame de calcaire un peu fumé et quelques notes de fleurs séchées.  C’est l’équilibre parfait, sur un millésime 2018 solaire mais sans le côté caniculaire de 2020, un choix idéal pour accompagner un plateau de fruits de mer. A bon vin, beau flacon, celui-ci bénéficie d’une très belle étiquette, toute en sobriété où sur un fond blanc presque monastique figure simplement un dessin de la croix.

A croire que les cépages rares sont une lubie familiale, nous sommes allés rencontrer le cousin de Corinne, Alexandre Moutard, dont le domaine, Champagne Moutard, est installé à Buxeuil. Avec sa cuvée 6 cépages (75€), créée par le père d’Alexandre en 2000, la famille nous propose l’un des plus beaux assemblages de la Champagne et une palette aromatique extraordinaire. On retrouve sur le millésime 2011 les arômes de coing de l’arbane, la tension du meslier avec ses notes d’ananas et de fruits à chair blanche, la légèreté du pinot blanc, la rondeur du meunier, la puissance du pinot noir et l’élégance du chardonnay. Le vieillissement de dix ans sur lie a apporté une belle complexité, mais sans fatiguer le vin, peut-être grâce au tirage liège (une tradition familiale, jamais abandonnée depuis 1927). Quant à l’absence de dosage, il fait confiance à l’équilibre apporté par l’âge et permet la plus pure expression du terroir. On l’aura compris, nous sommes face à un vrai champagne cousu main !

Dernière jolie découverte : le champagne Palg Devitry à Urville. Un nom insolite, Palg étant l’acronyme de Philippe (le père), Aurélie (la mère), et Laura et Guillaume (les deux enfants). Alors que le grand-père avait fondé la coopérative du village, ils ont décidé en 2017 de s’équiper de leur propre pressoir et de lancer leur champagne. L’histoire de la famille n’est pas commune. Au XVe siècle, les Vitry étaient les seigneurs du village voisin « Vitry le Croisé ». Sans que l’on sache très bien pourquoi, en 1650, on les retrouve vignerons à Urville. Au XVIIIe siècle, pressentant peut-être la fureur révolutionnaire, ils décident de rattacher leur particule à leur nom qui devient « Devitry ». La maison propose un pinot blanc, la cuvée blanc vrai (38€), issue de leur parcelle « Les champs des Maréchaux ». Vous la dégusterez sur un barbecue de brochettes de gambas/ananas, confortablement installé sur leur terrasse (en projet) située sur les hauteurs du village et baptisée « Les jardins suspendus de Beauregard » en référence au nom de la parcelle de vignes voisine. Et là, tandis que les notes d’oseille, de silex et de citron vert vous émoustilleront les papilles, vous contemplerez une larme à l’œil, le coucher de soleil sur Urville.

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[Lyon Tasting] L’ouragan bio verdit la Bourgogne

Du nord au sud du vignoble, c’est un phénomène massif : les plus grands domaines s’engagent sans réserve dans la certification, voire au-delà. Présents lors du 5e Lyon Tasting, les samedi 8 et dimanche 9 octobre à Lyon, les domaines Brocard, Moreau et Picard en sont la preuve.

Et si, dans 10 ans, le bio était majoritaire en Bourgogne ? Farfelue il y a encore quelques décennies, l’hypothèse ne fait plus sourire aujourd’hui, tant le label interdisant les produits de synthèse a convaincu dans le vignoble. Aux Hospices de Beaune, chez Faiveley… Les grands noms du pinot et du chardonnay passent le cap un par un, et la tendance va croissante.

Le domaine Louis Moreau, à Chablis (stand B1), annonce la conversion de 18 à 20 hectares sur les 100 qu’il possède. « C’est un pas supplémentaire, après le passage en HVE des 50 hectares du domaine en 2020 », indique Louis Moreau. Le label n’effraie pas le vigneron. « Il y a 15 ans, on nous disait qu’on ferait des rendements catastrophiques. Et je vois maintenant autour de moi que ça fonctionne. Sur nos premiers et grands crus, nous pratiquons déjà dans les faits, ce qui ne pose pas de problème. Cette année par exemple, la récolte a été quantitative et qualitative. »

Un éco-chai à Mercurey

Ce parcellaire en conversion s’intègre dans la nouvelle entité juridique Louis Moreau et filles. L’occasion d’officialiser les projets de transmission d’Anne et Louis Moreau. « Notre plus jeune fille, Diane, étudie à Dijon et compte aller vers le diplôme d’oenologue. Je la pousserai à accumuler de l’expérience, en France comme à l’étranger, pour revenir plus tard au domaine. »

D’autres grands noms de Bourgogne avancent à grands pas vers la démarche environnementale, avec des rythmes et des process différents. Chez Jean-Marc Brocard (stand D6), autre producteur de Chablis, le bio a commencé bien plus tôt, et s’étoffe cuvée par cuvée. « On consolide l’offre petit à petit, depuis l’arrivée de Julien Brocard, il y a une vingtaine d’années, et les premières conversions », relate Olivier Amiet, directeur commercial. À ce jour, « 110 hectares sur les 220 du domaine » sont convertis. Derniers arrivés : « un bourgogne chardonnay et un petit chablis, sur le millésime 2022 »

Plus au sud, les domaines de la famille Picard (stand F3) entreprennent l’une des plus grandes transitions environnementales de Bourgogne. Ses domaines de la Côte chalonnaise, plus de 80 hectares (domaines Voarick, Levert-Barault, et de Davenay, ) poursuivent tous leur parcours vers le label, avec, en parallèle, la construction d’un éco-chai à Mercurey.

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