[Documentaire] »Un point c’est tout ! » : demain, la mort des grands vins ? 

Le pépiniériste Lilian Bérillon, engagé depuis près de 30 ans dans un autre modèle de production (des plants de vigne), alerte par ce documentaire sur le dépérissement du vignoble et l’importance d’une prise de conscience rapide sur le sujet pour pouvoir pérenniser la production de grands vins identitaires.

Cela ressemble fort à la bataille de David contre Goliath. Dans un monde viticole où, depuis des décennies, la qualité du végétal n’est parfois plus qu’un détail dans l’équation globale, Continuer la lecture de « [Documentaire] »Un point c’est tout ! » : demain, la mort des grands vins ?  »

Le vin nature, une plus juste valorisation des vignerons 

On évoque trop peu que Bordeaux abrite aussi des distributrices et distributeurs de vins natures. L’Appétit du Vin, crée par Laurene Amiet il y a presque 10 ans, désormais co-dirigé par Guillaume De Mecquenem, est un acteur important de la reconnaissance d’une production longtemps boudée et désormais plébiscitée. Continuer la lecture de « Le vin nature, une plus juste valorisation des vignerons  »

Clos Louie : une sélection massale pour retrouver le « goût vrai » du vin

Pour replanter malbec et cabernet franc, Pascal Lucin de Clos Louie, AOP Castillon Côtes de Bordeaux, a eu recourt à la sélection massale. Un investissement non négligeable* mais surtout une remise en cause de la sélection clonale qui selon lui ne répond plus aux exigences de qualité pour faire un grand vin de lieu. L’implantation du vignoble est pour tout vigneron l’étape primordiale dans la réussite de son domaine, Pascal Lucin, le sait.

Utiliser des plants issus de sa propre sélection et les porte-greffes qui correspondent à ses objectifs d’adaptation au sol, il y a longtemps que cette idée fait son chemin chez ce vigneron castillonnais adepte de la biodynamie qui se définit surtout comme un artisan ultraprécis. Il est le propriétaire de presque 5 hectares de vignes sur les beaux plateaux et pentes des Terres Blanches. Des élevages aux petits oignons avec la récente acquisition de foudres et enfin le recours à une sélection massale doivent – condition sine qua none – selon lui, l’aider à produire un vin meilleur. Clos Louie est une pépite de l’AOP dont Pascal Lucin, secondé par sa femme Sophie, tire depuis 2003, des cuvées singulières et fortement marquées par des choix forts de vigneron et des sols de calcaire affleurant. Il plante également des arbres, qui s’ils ne concourent pas directement à produire un grand vin, participe, selon le vigneron, à l’amélioration de l’écosystème et à préserver la biodiversité sur le petit domaine. Il ajoute cependant, que cette recherche constante de l’amélioration gustative du vin va de pair avec la recherche constante d’aménagement paysager et de progression de la biodiversité.

Pascal et Sophie Lucin – Clos Louie

Vive la singularité
« En 2012, je prends la décision d’aller rencontrer le pépiniériste Bérillon, sur les conseils d’un voisin vigneron ». Il est rapidement convaincu par la démarche qui s’appuie sur une profonde connaissance de la vigne et la volonté de partir du vivant. La sélection massale, rappelle-t-il, permet de sélectionner, avec le pépiniériste, des individus différents dans les parcelles. Une méthode largement répandue dans le vignoble français jusqu’aux années 1970 et désormais supplantée par la sélection clonale, soit la reproduction à l’identique d’un même individu. Une sélection clonale qui emporte alors tout sur son passage dans la mesure où elle garantit de meilleurs rendements, une bonne capacité d’accumulation des sucres. Il est surtout convaincu qu’il faut prendre en compte d’autres paramètres, dont le terroir et la complexité gustative d’un vin. Selon Pascal Lucin « On multiplie un même sujet, une même « gueule », une même capacité à produire un raisin qui aura d’un pied à l’autre une configuration identique». La sélection massale évite les standards de production.

Sélection massale, nouveau cépage et densité : trio gagnant ?
L’artisan de Terres Blanches reste persuadé de pouvoir ainsi obtenir des profils gustatifs bien définis. « Je constate que les vins issus de sélection massale ont plus de subtilité, une aromatique différente et, au risque d’utiliser un mot parfois galvaudé, plus d’éclat. » Pascal Lucin décide également de replanter plus serré, à 7300 pieds hectare. Ce qui selon lui favorise le développement des racines en profondeur et produit des vins plus frais, aux tanins plus soyeux. Dans cette quête de qualité et d’identité, il choisit également de replanter du malbec, concourant ainsi à remettre à l’honneur un cépage anciennement très présent dans le libournais. « Le malbec a un profil très identifiable et apporte quelque chose aux vins que je fais. Je trouvais que la proportion 1/3 de malbec pour 2/3 de cabernet franc sur ce type de sol faisait sens. Il ne faut pas se contenter de faire ce que l’appellation demande, il faut chercher d’autres aromatiques et surtout se faire plaisir et proposer des choses différentes aux consommateurs. » ajoute-t-il tout sourire. 

* Le coût d’un plant peut varier de 1,50 € HT à 6€ HT pour un plant de sélection massale.

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Bilan pastel pour les rosés de Provence

Sur Wine Paris la semaine dernière, les vins de Provence s’affichaient en rose pastel avec près de 110 stands dans le hall 4 (80 lors de l’édition précédente). De quoi conjurer les mauvais chiffres 2023. 

Les rosés de Provence, en belle progression depuis le milieu des années 2000, marquent le pas : -9 % de sorties de chais en 2023, -10 % en volumes en grande distribution, -13 % à l’export. Seul paramètre à la hausse, les prix notamment qui ont fait un bond de 7 % en Grande Distribution. Le vignoble « qui bénéficiait depuis plus d’une décennie d’un cycle favorable » comme le rappelait le directeur de l’interprofession Brice Eymard, est en net recul, « imputable d’abord à l’inflation qui a un impact majeur sur le comportement des ménages. Les consommateurs achètent de mois en moins cher, quelle que soit la CSP (catégorie Socio-professionnelle), et la tendance touche d’autant plus le positionnement premium de nos rosés au profit des IGP, une tendance qui va sans doute perdurer en 2024 ». 

Une diversification marchés et couleur
Pendant 10 ans, l’export des rosés de Provence a explosé, en particulier sur les marchés anglo-saxons, en passant de 5 à 45 % tandis que les ventes en GD dans l’Hexagone reculaient de plus de 50 % à moins de 20 % du total. « Nous sommes passés d’une grande région de rosés vendus surtout en France à une petite appellation de rosés premium avec une notoriété mondiale. Aujourd’hui, nous avons un socle solide grâce à ce changement structurel, à la montée en gamme et aux progrès qualitatifs, mais dans les prochaines années, il va falloir se battre » reconnaît Brice Eymard. « C’est dans les moments difficiles qu’il faut réfléchir à l’avenir » insiste le président du CIVP Eric Pastorino qui tient à confirmer « le maintien des ambitions à l’international, mais sur des marchés plus diversifiés. Nous avions resserré nos actions sur quelques pays, notamment les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique, le Canada et nous allons à nouveau élargir la prospective aux pays émergents comme la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande… ».  La Provence découvre néanmoins que le blanc est un marché porteur. « Comme les blancs se vinifient comme les rosés et qu’ils peuvent entrer dans leur assemblage, nous incitons les vignerons à planter des cépages blancs pour développer la couleur en complément de gamme, même s’il s’agit toujours d’un petit créneau [5-6% sur une production totale de 1,2 million d’hl] et que la priorité reste aux rosés ». 

Pistes de réflexion multiples
L’interprofession souligne qu’elle planche également sur les grands enjeux climatiques, la gestion de la ressource en eau, les expérimentations sur d’autres cépages comme ceux d’origine grecque qui devraient bénéficier de premières vinifications en 2025, sur les Vifa (variétés d’intérêt à fin d’adaptation) en collaboration avec le Centre du Rosé, et même sur la désalcoolisation. 

La baisse inopinée des rendements annoncée en août 2023 et qui avait fait grincer le vignoble, surtout les opérateurs qui avaient toujours des marchés en demande, semble être « mieux acceptée aujourd’hui, affirme Eric Pastorino. Mais nous réfléchissons également, pour ajuster l’offre, à un projet de réserve interprofessionnelle qui pourrait être mise en place cette année afin de mieux gérer les stocks sur un an et tenter d’éviter le yoyo des récoltes qui nous pénalise ».  

Pour faire parler des rosés pendant les JO, l’interprofession entend par ailleurs mettre en œuvre cet été une « communication tactique » chez les cavistes parisiens, à l’aéroport et dans le tramway de Marseille et renforcer la communication digitale. « La demande de rosés est toujours là ; il faut juste aller chercher d’autres consommateurs » conclut Brice Eymard.

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Domaine Raboly : jeunesse et audace

Théo Xavier est un jeune homme entreprenant. Viticulteur à la cave Rhonéa de Beaumes-de-Venise, il s’est mis en tête de vinifier ses propres cuvées.

Voici une personnalité rayonnante, intarissable sur son métier, son amour du vin et de son village. Théo Xavier croque la vigne à pleines dents. BTS viti-oeno à Beaune en poche, le voici parti vinifier en Afrique du Sud. Son avenir semble tracé, mais Beaumes-de-Venise le rappelle à son souvenir. Fils et petit-fils de viticulteurs, un oncle propriétaire du domaine de Durban, là où il y a des gênes, il y a forcément du plaisir. L’opportunité d’un métayage le ramène au pays natal et lui permet de s’installer aux côtés de son père, sur 25 hectares. « Il est très à l’écoute, il m’a laissé la main totalement. Les temps ont changé, il faut produire différemment, nous sommes certifiés AB depuis 2021 », explique-t-il. La vinification le démange tellement qu’il négocie avec Rhonéa la possibilité de créer sa propre cuvée, mais surtout pas en nom de domaine. « J’ai mes deux cuves et mes barriques, j’utilise leurs outils de vinification et profite d’installations au top », s’enthousiasme le vigneron. Bouillonnant, mais réfléchi, il a choisi les parcelles appropriées. Des vieilles vignes de grenache de 80 ans et des syrahs, en sélection massale, installées du côté de Saint-Véran sur des sables. Les raisins sont vendangés à la main en sur-maturité, seuls les jus de goutte sont conservés pour être vinifiés dans des demi-muids, qui ont accueillis jadis des muscats. Sortie de l’école bourguignonne, Théo aime la notion de climats, il a ainsi apposé les coordonnées GPS des parcelles sur l’étiquette.

Deux cuvées en AOC Beaumes-de-Venise, deux assemblages pour ce premier millésime 2022. La première (20€) est composée de 70 % de grenache et 30 % de syrah. Le nez est fort joli et bien ouvert, sur un registre de fruits noirs légèrement compotés, qui expriment leur densité généreuse. L’effet est le même au palais. Entre souplesse et fraîcheur, le fruit ampli la bouche. Seul petit bémol, la jeunesse qui donne des tanins granuleux. Il n’en sera que mieux dans les prochaines années. Pour la seconde cuvée, patience, elle ne sortira qu’en mars.

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Grands Jours de Bourgogne : rendez-vous dans un mois

Du 18 au 22 mars se tiendra la 17ème édition des Grands Jours de Bourgogne, grand événement réunissant des professionnels du monde entier sur le territoire bourguignon. Cavistes, sommeliers, restaurateurs, importateurs, distributeurs, journalistes viennent d’une cinquantaine de pays différents pour rencontrer un millier de producteurs, du Chablisien au Mâconnais, en passant par la Côte de Nuits, la Côte de Beaune et la Côte Chalonnaise. Raphaël Dubois, vigneron et président de l’association des Grands Jours de Bourgogne, répond à nos questions à un mois du coup d’envoi.

Quels sont les temps forts auxquels s’attendre pour cette nouvelle édition des Grands Jours ?
L’événement conserve sa structure habituelle en cinq journées déployées sur le territoire bourguignon : Chablis et les vignobles de l’Yonne le lundi, Côte de Beaune le mardi, le Mâconnais (présenté à Beaune) le mercredi, la Côte Chalonnaise le jeudi et la Côte de Nuits le vendredi. Nous conservons le même nombre de manifestations sur chaque journée, avec des lieux de dégustation différents, ce qui nous permet de gérer au mieux la circulation des professionnels qui nous rendent visite, mais aussi les « off » en soirée. C’est un format qui a fait ses preuves, qui semble satisfaire les exposants comme les visiteurs, donc nous lui restons fidèles.

Avez-vous déjà un indicateur sur le visitorat ?
La dernière édition, en 2021, se situait encore dans la période de pandémie de Covid-19. Deux ans plus tard, nous renouons avec la venue de professionnels du monde entier, en particulier asiatiques. À plus d’un mois de l’événement nous avions déjà enregistré près de 1800 inscrits, ce qui nous positionne avec deux à trois semaines d’avance par rapport à la dernière édition. Certaines manifestations comme le rendez-vous au Clos de Vougeot le vendredi étaient déjà complètes avant Noël. Nous essayons de fluidifier les déplacements des uns et des autres en instaurant des plages horaires au cours de la journée pour venir sur les différents lieux de dégustation. Cela confirme l’engouement pour les Grands Jours, et un « retour à la normale » très réjouissant.

L’inauguration, l’année dernière, des Cités des Climats et Vins de Bourgogne représente-t-elle un argument d’attraction supplémentaire, et allez-vous vous appuyer sur ces cités dans le cadre de l’organisation des Grands Jours ?
Nous avons quelques surprises à ce sujet. Les cités ont une vocation grand public avant tout, mais elles sont un superbe outil de valorisation de nos vins et de nos terroirs. C’est pourquoi tous les professionnels qui viendront aux Grands Jours pourront, pendant l’année qui suit, venir les visiter gratuitement avec leur badge de l’événement. C’est une façon de maintenir et renforcer nos liens avec tous les amoureux de la Bourgogne, et de promouvoir ces installations qui sont passionnantes. Mais cela étant posé, il n’y aura pas de manifestation spécifique situé dans les cités dans le cadre des Grands Jours.

Ces Grands Jours de Bourgogne arrivent à un moment où la demande pour les vins de Bourgogne n’a jamais été aussi forte. C’est une occasion de consolider cette dynamique, à un moment compliqué pour la filière vin dans son ensemble ?
Nous devons être humbles et prudents. Alors que la filière vin en France est plutôt en souffrance, la Bourgogne va bien ; nous venons d’enchaîner deux millésimes plutôt généreux en qualité comme en volume, 2022 et 2023. Les Grands Jours s’imposent donc plus que jamais comme un point de rencontre essentiel entre les acheteurs, les vignerons, les négociants. C’est une plateforme inestimable pour le rayonnement de nos vins. C’est, aussi, l’occasion de rappeler que beaucoup d’opérateurs restent raisonnables sur les prix : on entend une grogne montante autour des tarifs pratiqués par certains domaines à forte notoriété, mais cela ne doit pas se répercuter sur toute notre filière. Ces cinq jours de rencontres et de dégustations sont l’occasion de montrer qu’il y a encore, en Bourgogne, de très bons rapports qualité-prix.

www.grands-jours-bourgogne.fr

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Château Raymond Lafon : une notoriété bien fondée

Raymond Lafon fait partie des rares châteaux de Sauternes non classés en 1855 qui auraient pu l’être si l’histoire en avait décidé autrement. La famille Meslier, propriétaire depuis 1972, a fait, dans les années 80-90, un travail de fond pour reconquérir une notoriété maintenant retrouvée et bien établie.

Le visiteur se gare sur le parking entre le château et une grange dans laquelle une cariole du début du 20ème siècle attire le regard. « Je ne suis jamais monté dedans » dit Jean-Pierre Meslier en vous accueillant. Pour se diriger vers la salle de dégustation, vous passerez devant le château : une curieuse et imposante bâtisse dans le style napoléon III, à mi chemin entre le château et la villa arcachonnaise, et dont la façade regarde avec envie le château Yquem et sa magnifique croupe de grave qui lui font face. L’homme vous expliquera que la propriété était en bien mauvais état lorsque son père, ingénieur agronome et régisseur au château Yquem voisin, l’acheta, en 1972. Seuls 4 ha restaient de ce château qui en 1928 en comptait une dizaine. Le Féret « Bordeaux et ses vins » de 1928 ne dit-il pas que « le château devrait avoir sa place au rang des 1er crus de la commune de Sauternes » et que « ses vins sont recherchés à cause de leur finesse, de leur moelleux et de leur agrément » ? Si le style de la description a bien évolué et s’est enrichi depuis, le terroir lui, n’a pas bougé. La raison principale de la qualité des vins est que les parcelles sont cernées par celles d’Yquem, Lafaurie Peyraguey, Sigalas Rabaud, Rabaud Promis et Suduiraut, tous classés : rien de moins. Mais pourquoi ce château ne fait-il donc pas partie du classement de 1955 ?

Un classement manqué de peu, mais une forte communication qui a payé
La propriété fut créée en 1850 par M Raymond Lafon. Pour être éligible au classement de 1855, il fallait être en mesure de justifier des prix de vente établis sur plusieurs décennies. Raymond Lafon « n’avait pas assez de millésimes à faire valoir » explique Jean-Pierre Meslier. Il ne fut donc pas classé. Un handicap que seule une entreprise de communication puissante pouvait compenser. C’est ce à quoi Jean-Pierre Meslier s’est attaché. La famille n’a dû compter que sur elle-même pour vendre ses vins « Le négoce a refusé de commercialiser nos vins car on n’était pas classé ». Aujourd’hui la situation a changé puisque 20 % des vins sont achetés par le négoce. C’est finalement peu et c’est bien la clientèle particulière constituée par Jean-Pierre qui achète. Les 15 années passées en Californie, à San Francisco, en tant qu’importateur, n’y sont pas pour rien. Mais c’est aussi, à l’occasion de voyages à l’étranger, les dégustations organisées dans de grands hôtels ou des restaurants réputés qui ont contribué à forger la réputation du cru et ont constitué un fichier clients. « Un travail de fond qui a permis de s’attacher des clients qui appelaient le négoce. Mais le négoce n’en avait pas. Alors les clients revenaient vers nous ». 

©Jean-Pierre Meslier

Beaucoup de châteaux de Sauternes complètent leur gamme avec la production de vins secs plutôt haut de gamme qui se vendent bien. Sur ce sujet, Jean-Pierre hésite : « Je ne sais pas. Est-ce que cela ne va pas brouiller l’image du château. Si on le fait, cela ne peut être que du haut de gamme. On en a fait jadis, pas à Sauternes, mais sur la région des Graves où nous avions une parcelle ». La famille se concentre pour le moment sur les deux Sauternes qu’elle produit, car il ne faut pas oublier « Jeunes Pousses », comme une promesse d’avenir, le 2ème vin, du nom du « Home d’enfants », un sanatorium pour jeunes enfants, que la famille avait créé au début du 20ème , à Briançon. 

Terre de Vins a aimé : Raymond Lafon 2019. 50 €.
Belle couleur vieil or. Nez expressif sur des arômes de poire, d’ananas, et de bonbon au citron. Un éclat de fraicheur vient relever l’ensemble. L’attaque est safranée et le milieu de bouche révèle vite une très belle liqueur, étirée et fine, bien équilibrée par l’acidité. La fine amertume des notes de pamplemousse se dissipe pour laisser la place à une réminiscence d’ananas, et surtout, en finale, des saveurs d’orange confite, de mandarine impériale, et un filigrane de mangue. Riche, fin et persistant. 

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Le plan de bataille de la Vallée du Rhône  

La vallée du Rhône passe à l’offensive pour conjurer les mauvais chiffres 2023. Des budgets et des actions vont venir soutenir les ventes en France et à l’export en misant notamment sur la diversification couleur.

Le bilan annoncé par le président d’Inter Rhône Philippe Pellaton est pour le moins mitigé : une récolte en retrait de 7% (2,4 M hl) pénalisant surtout les appellations régionales et en particulier les rouges (-9% pour une couleur représentant les trois-quarts de la récolte). En revanche, la production de blancs ne cesse de monter (+9%) ; elle atteint désormais le chiffre record de 12% de la production, tutoyant désormais les rosés en léger retrait (-6%). « Depuis cet été, l’ensemble des appellations marquent le pas, principalement à cause du pouvoir d’achat en baisse et d’un export frileux, reconnaît Philippe Pellaton. Le sur-prudence des marchés, la hausse des stocks tant chez les distributeurs que chez les négociants, des transactions plus calmes en début de campagne génèrent quelques angoisses ». Le surstock dans le vignoble estimé à 21 mois, a déjà été écrêté à 18 par quelques demandes de distillation avec un objectif à 15. « La baisse de rendements en 2023 a au moins permis d’équilibrer production et commercialisation, quelques arrachages tactiques de parcelles pourraient permettre quelques restructurations mais rien n’est décidé ».

Miser sur la diversification couleur
Les retraits sont constatés sur la plupart des marchés à – 10% au global (-19% aux Etats-Unis, – 10% en Grande-Bretagne) mais + 3% aux Pays-Bas, + 9% en Norvège et le Canada qui résiste bien. Ces ralentissements s’additionnent aux difficultés sur le marché français. Certes, le bateau amiral des Côtes-du-Rhône semble un peu mieux résister à -1,6%, les Villages et les autres appellations étant les plus chahutées. « Ce n’est pas faute d’actions puisque l’interprofession a mis en œuvre en 2023 un plan d’investissements de 12 millions d’euros sur quatre ans, rappelle Philippe Pellaton. Et on entend maintenir le cap car le potentiel est avant tout à l’international ». Inter Rhône entend miser à l’export sur la diversification en blancs et en rosés, notamment sur le marché nord-américain et en Chine et défricher des terres telles que la Corée et Singapour. 

Soutien à la grande distribution et à l’œnotourisme 
Un budget de 150 000€ va venir soutenir le marché français, notamment avec des actions de promotion en GD (38% de la commercialisation) où les ventes ont reculé de 4,4 %, de 5,8% pour les AOP de la Vallée du Rhône. Tracts et prospectus pourraient expliquer les vins ou les labels environnementaux – aujourd’hui plus de 50% du vignoble est certifié ou labellisé. 

350 000€ vont également être injectés dans l’œnotourisme « pour activer la destination ‘Vallée du Rhône’ avec une nouvelle plateforme de marque, pour synthétiser les actions sous une ombrelle régionale et recentrer l’offre sur les vins, que l’on raccroche le wagon régional aux initiatives territoriales ». Inter Rhône entend également remettre sur le métier l’ouvrage des vins rouges, afin qu’ils collent mieux aux tendances de consommation. La réflexion se poursuit pour baisser l’intensité colorante, augmenter la fraîcheur, étudier la faisabilité des no-low en partenariat avec l’Institut Rhodanien, réfléchir à quels profils de vins pour quels marchés.

Un pas vers Châteauneuf-du-Pape
Autre annonce : un rapprochement avec Châteauneuf-du-Pape, non pas avec l’ODG – quelques décennies de brouille ne s’efface pas d’un trait, mais dans le cadre d’une association de metteurs en marché. En négociation avec le Ministère de l’agriculture, elle pourrait intégrer des opérateurs déjà adhérents d’Inter Rhône avec d’autres appellations. « Il s’agit de leur permettre de présenter aussi des vins de Châteauneuf lors des opérations collectives, explique Philippe Pellaton. Beaucoup d’opérateurs sont déjà chez nous à 85% avec les autres crus, c’est une demande légitime qu’ils puissent présenter tous leurs vins. On ne fera pas la promotion de Châteauneuf à la place de l’ODG; on veut juste permettre aux exposants de présenter leurs bouteilles officiellement sans les cacher sous la table. Expliquer aux distributeurs le trou au milieu au milieu de la vallée du Rhône, c’est déjà compliqué à faire comprendre à Paris mis plus on est loin, plus ça apparaît une aberration. Et dans le contexte actuel, il serait dommage de se priver d’une locomotive; les marchés internationaux ont besoin de signes positifs ».

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Mouton Cadet engagé… et labellisé « Fair For Life »

Figurant parmi les vins les plus vendus au monde, la marque Mouton Cadet (groupe Baron Philippe de Rothschild) s’engage sur le plan environnemental et social en se dotant d’une labellisation « Fair For Life », qui vient récompenser une démarche responsable entamée depuis une dizaine d’années.

Dans les allées du salon professionnel Wine Paris & Vinexpo Paris, qui a fermé ses porte hier soir à la Porte de Versailles, les grands opérateurs français et internationaux du monde du vin tenaient tous pavillon ; parmi eux, le groupe Baron Philippe de Rothschild (BPDR) était venu défendre aussi bien ses propriétés, des grands crus bordelais aux domaines du Nouveau Monde, que ses vins de marque, parmi lesquels la plus célèbre d’entre elles, Mouton Cadet. Référence internationale produite à hauteur d’environ 12 millions de bouteilles chaque année, Mouton Cadet entend jouer pleinement son rôle de porte-drapeau d’une AOP Bordeaux quelque peu chahutée depuis quelques années. « Dans une période de tension pour la filière vin et notamment la filière bordelaise, la famille Rothschild veut assumer son rôle d’acteur engagé, bien sûr avec ses grands crus mais aussi avec sa marque phare, créée par le baron Philippe en 1930 », explique la directrice générale pour les vins de marque de BPDR, Véronique Hombroekx.

150 vignerons, 1500 hectares
Cet engagement s’inscrit dans une logique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) entamée depuis une dizaine d’années au sein du groupe, et qui porte aussi bien sur les pratiques environnementales que sur la pleine intégration des vignerons partenaires à cette démarche vertueuse : ce sont environ 150 viticulteurs bordelais, pour une surface de 1500 hectares, qui fournissent les approvisionnements nécessaires à la production de Mouton Cadet ; mais loin d’être de simples fournisseurs, ces « vignerons artisans » sont considérés comme une communauté à part entière. Pour renforcer les liens avec cette communauté et s’inscrire sur une relation durable, le groupe a ainsi mis en place une politique portant sur une juste rémunération des viticulteurs, un accompagnement vers la transition environnementale, et un accompagnement dans la transmission des métiers. « Notre action ne porte pas que sur la défense de la marque Mouton Cadet mais sur la défense de Bordeaux », poursuit Véronique Hombroekx. « Nos vignerons sont suivis, formés – à la taille, aux couverts végétaux, aux pratiques de confusion sexuelle, à la réduction des intrants, à la réflexion sur les cépages résistants, mais aussi à la façon dont ils pourront, demain, transmettre le relais aux générations suivantes, d’où un volet apprentissage essentiel. » Cet engagement au plus près du vigneron est incarné, sur le terrain, par Jérôme Aguirre, qui a pris la direction des vins Mouton Cadet en mai 2022, mais aussi son équipe de sept œnologues et par toutes les ressources internes de BPDR, à commencer par Julien Lecourt, directeur Recherche & Développement du groupe. « Notre rôle est de valoriser tous les terroirs de Bordeaux sur lesquels nous travaillons, de travailler au plus près des vignerons pour les mobiliser, les embarquer avec nous, les protéger aussi, car le métier de vigneron est en danger », précise Jérôme Aguirre.

30% de surfaces en bio, 100% en HVE 3
Pour donner une résonance forte à cet engagement, Mouton Cadet a opté pour une labellisation « Fair For Life », créé en 2006 par la Swiss Bio-Foundation en coopération avec le Groupe IMO, puis intégré au Groupe Ecocert en 2014. Programme de labellisation de produits pour le commerce équitable et les filières responsables dans les domaines de l’agriculture, de la fabrication et du commerce, « Fair for Life » apporte une garantie d’engagement des acteurs de la filière dans la mise en œuvre et l’amélioration continue de pratiques éthiques et durables (droits de l’Homme, conditions de travail, biodiversité, bonnes pratiques agricoles, gouvernance, relations commerciales équitables, etc.) C’est après un audit indépendant de plusieurs mois, opéré par Ecocert, que le label a finalement été attribué en janvier 2024, et officialisé dans le cadre de Wine Paris & Vinexpo Paris.

Loin d’être un aboutissement, ce label « Fair For Life » est une invitation à continuer d’avancer sur les sujets RSE, qu’il s’agisse de renforcer la solidité de la communauté (en 2023, 70% des vignerons Mouton Cadet avaient plus de 9 ans d’ancienneté), l’orienter vers une viticulture plus durable (100% des surfaces sont certifiées HVE 3, et 30% sont en agriculture biologique ou en cours de conversion) mais aussi de réfléchir à la viticulture d’après-demain, entre neutralité carbone et recours aux cépages résistants. Pour la première fois, lors du Salon de l’Agriculture qui se tiendra du 24 février au 3 mars, tous les viticulteurs partenaires seront réunis afin d’incarner cette dimension communautaire et engagée. Enfin, le 19 mars, se tiendra la première Assemblée Générale de l’association des vignerons Mouton Cadet, gérée par le collectif et qui doit travailler sur tous les projets à venir. Pour une marque mondiale aussi emblématique, le message envoyé est fort et assumé.

« Terre de Vins » recommande :
Mouton Cadet bio 2022
Lancée en 2019, la version certifiée AB (et aussi, désormais, « Fair For Life », bien que ce logo ne figurera que sur la cuvée « classique ») de la marque Mouton Cadet joue sur du velours l’interprétation d’un millésime solaire, entre fruit noir pulpeux, touche de grip tannique et finale subtilement vanillée. De la gourmandise et de la droiture. 11,50 €.

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[REPLAY] « Vino Veritas » Bordeaux : malgré la crise, ils y croient

Ce mois-ci, l’émission « Vino Veritas » sur TV7 prend le contrepied de la morosité qui touche la filière vin, notamment bordelaise, en mettant le projecteur sur des vigneronnes et vignerons qui demeurent optimistes malgré la crise.

Ventes en berne, crise de l’arrachage, baisse de la consommation (en particulier de vin rouge)… Dans un contexte plutôt morose, une nouvelle génération de vignerons bordelais se retrousse les manches et continue de croire à un avenir souriant pour les vins girondins. Xavier Sota et Mathieu Doumenge en parlent avec deux invités : Sophie Guimbertau-Foray, vigneronne au château Franc-Baudron (Montagne Saint-Emilion), membre du collectif « Bordeaux Rocks » et très engagée sur la voie du bio, du vin nature comme de l’œnotourisme ; et Jean-Guillaume de Giancinto, un néo-vigneron de l’Entre-deux-Mers qui, après une première carrière dans le commerce du vin, a repris le vignoble familial, le Domaine Le Trébuchet, pour signer des cuvées originales élevées dans des contenants tous différents.

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