Exports français : un « atterrissage en douceur »en 2023

Les exportations de vins et spiritueux français ont reculé en 2023, un « atterrissage en douceur » après deux années record mais aussi « une alerte » rappelant « la nécessité constante de s’adapter » aux consommateurs, a indiqué mardi la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).

Les ventes à l’étranger de vins, champagnes et cognacs français ont reculé de 6% en 2023 pour descendre à 16,2 milliards d’euros. Mais elles avaient bondi en valeur de 28% en 2021 et de 11% en 2022, ce qui incite la FEVS à parler d’un « atterrissage en douceur ». Cette filière représente le troisième secteur d’excédent commercial de la France après l’aéronautique et la cosmétique. L’année 2023 a été marquée par une forte inflation, qui a pesé sur les budgets des ménages, a relevé Gabriel Picard, président de la FEVS, dans un communiqué. Dans certains pays, particulièrement aux Etats-Unis, les vendeurs ont réduit les stocks qu’ils avaient constitués, et ont donc moins importés. « Ce fléchissement est une alerte pour nos entreprises » qui « nous rappelle la nécessité constante de nous adapter à une demande évolutive des consommateurs et des marchés« , a avancé Gabriel Picard. Il faut envisager d’autres types de vin, des canettes ou des capsules à vis, a-t-il donné en exemple lors d’un point presse. Les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer, notamment en évitant que des marchés se ferment par des mesures de rétorsion commerciale, a-t-il ajouté, en mentionnant les négociations d’accords de libre-échange ou des litiges commerciaux avec les Etats-Unis et la Chine. La hausse des prix des bouteilles exportées a en tout cas permis de limiter la baisse en volume, qui a elle atteint 10% en 2023. « On n’a jamais eu un volume de vins exporté aussi bas depuis 2009« , a mis en garde Gabriel Picard. Les Etats-Unis restent de loin les premiers acheteurs d’alcools français, même si leurs importations ont chuté de 22% en valeur. Vers le Royaume-Uni, deuxième marché pour la France, les exportations se sont stabilisées (+1%), tandis que vers la Chine, troisième marché, elles ont fléchi de 6%, avec des tendances opposées: -20% pour les vins mais +3% pour les spiritueux, qui « bénéficient de la réouverture des lieux de consommation post-Covid« . Les exportations vers l’Union européenne se stabilisent, avec un léger recul vers l’Allemagne (-1%) et la Belgique (-1%) mais une augmentation vers la Suisse (+3%) ou l’Italie (+4%).

Cet article Exports français : un « atterrissage en douceur »en 2023 est apparu en premier sur Terre de Vins.

Pomerol fait une halte à l’Hôtel Intercontinental Paris – Le Grand 

L’appellation Pomerol a fait un pas de côté pendant Wine Paris, et donnait rendez-vous aux amateurs de vin parisiens pour une grande dégustation à l’hôtel Intercontinental Paris- Le Grand. Parmi plus de 550 visiteurs peu de professionnels donc, surtout un public curieux de l’appellation et de ses subtilités. 

Faire connaître l’appellation et se rapprocher des consommateurs, l’appellation Pomerol a rempli ce double objectif en faisant salle comble ce 12 février. Si les visiteurs ont pu découvrir les millésimes 2020 et 2021, les producteurs de leur côté ont pu rencontrer les amateurs parisiens. 

Entretenir la notoriété de Pomerol
Sur la place de Bordeaux, les rôles sont bien définis : aux propriétés le soin de faire le vin, aux négociants celui de le vendre. Sans remettre en cause cette répartition, Luc Nebout du Château Tailhas, vice-président de l’appellation reconnaît qu’il est important d’entretenir la notoriété de Pomerol : « Aujourd’hui, les consommateurs recherchent d’abord le côté humain, nous souhaitons ainsi aller à leur contact et créer des occasions pour échanger. Désormais, de plus en plus de propriétés s’ouvrent à l’accueil du public, notamment par le biais de la vente à la propriété et de l’œnotourisme. » Parmi les visiteurs, de nombreux jeunes se pressent pour déguster : une aubaine « ce sont les consommateurs de demain », conclut Luc Nebout.
Chacune des propriétés faisait déguster le millésime 2021 ou 2020 et un millésime plus ancien de son choix. « L’avantage du merlot c’est qu’il peut se déguster jeune avec beaucoup de plaisir mais l’idéal serait d’attendre que les vins gagnent en complexité. Aujourd’hui les amateurs n’ont pas la possibilité de faire vieillir les vins. » remarque Jean-Marie Garde, du Clos René, président de l’appellation. Deux facettes de Pomerol que les visiteurs ont donc eu l’occasion d’apprécier avec des millésimes plus anciens « prêts à boire » et deux millésimes plus jeunes dont on peut d’ores et déjà apprécier le potentiel. 

Les millésimes 2020 et 2021 à l’honneur 
Entre le millésime 2020 et 2021, l’écrasante majorité des propriétés a opté pour 2020. Un choix stratégique pour le Château Fayat : « dans la mesure où cette dégustation s’adresse au grand public, nous avons choisi un millésime déjà disponible chez les distributeurs » nous précise Elena Aroztegui. À la raison s’ajoute aussi le cœur pour ce plébiscite : 2020 fut un millésime solaire, généreux, qui séduit, même sur la jeunesse. Il bénéficie en effet de conditions météorologiques plus favorables que 2021. Outre la qualité, les quantités produites pour ce dernier millésime sont réduites en raison notamment du mildiou. Mais les quelques propriétés qui ont présenté 2021 n’ont pas démérité. « Certes, concède Nathalie Despagnes du Château La Rose Figeac, 2021 était un millésime compliqué mais il ne faut pas le condamner sans déguster, son fruité plaît ». Même son de cloche pour le Château Gazin : « Il ne faut pas négliger ce millésime, nous précise Christophe de Baillencourt. D’habitude nous assemblons toujours avec un peu de cabernet sauvignon et de cabernet franc, pour ce millésime c’est un pur merlot. Les gens apprécient beaucoup sa douceur. »

Entre 2020 et 2021, sans doute les visiteurs se sont fait une idée et pour les autres amateurs, il faudra venir l’année prochaine pour ce rendez-vous désormais très couru. 

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner

©Jean-Charles Gutner


Cet article Pomerol fait une halte à l’Hôtel Intercontinental Paris – Le Grand  est apparu en premier sur Terre de Vins.

Dame de Carreau, un champagne de vigneron qui cartonne

Trois médailles, deux grand or et un or, c’est l’ensemble de la toute nouvelle gamme Dame de Carreau qui avait remporté le pli aux Vinalies internationales en 2023. À l’occasion du banquet de l’Union des œnologues à Verzy, nous avons pu déguster ces jolies pépites et rencontrer Oriane Carreau, jeune vigneronne de talent qui porte haut les couleurs de la Côte des Bar.

À Celles-sur-Ource, la famille Carreau est présente depuis le XVIe siècle. D’abord artisans, les premiers ancêtres connus se virent récompensés pour leurs services d’une dotation en terres par les moines de l’Abbaye de Maur. Pendant longtemps, leurs descendants ont cultivé la vigne uniquement par passion, et s’ils vinifiaient un peu, c’était d’abord pour leur propre consommation. Après la Seconde-Guerre, le négoce marnais s’est intéressé de plus près au vignoble de la Côte des Bar. Les Carreau vendaient du raisin à Moët & Chandon, à Veuve Clicquot et à certaines coopératives. Jusqu’en 1990, où Lionel a décidé pour la première fois de champagniser sous la marque Lionel Carreau. Depuis 2012, il est épaulé par sa fille Oriane dont le parcours est pour le moins original. « Je suis un petit extraterrestre. Je n’avais aucun bagage viticole et vinicole, à part ce que j’avais appris auprès de mon père. J’ai fait des études de commerce international en Amérique du Nord et en Angleterre. J’ai pourtant choisi d’aller m’enterrer à Celles-sur-Ource au fin fond de la Côte des Bar, en voyant mes amis d’enfance revenir sur les domaines de leurs parents. Le milieu m’intéressait, je me suis aperçu qu’en fait il y avait dans le vin une très grande diversité de métiers. »

© Mika Boudot

Oriane pousse son père à aller plus loin dans la réflexion déjà engagée sur la préservation de l’environnement. « L’année prochaine, un tiers de nos six hectares seront certifiés en viticulture biologique et à terme la totalité. C’est tout l’objet de notre nouvelle gamme Dame de Carreau issue de ces parcelles et dont le nom est un clin d’œil à mes deux sœurs. Cette certification biologique traduit aussi notre état d’esprit, nous sommes d’abord une famille de vignerons et en tant que telle, nous avons une attention particulière à la vigne, alors que la vinification passe presque au second plan, l’objectif étant d’avoir un raisin suffisamment qualitatif pour avoir le moins possible à intervenir. »

Vendanges dans la famille Carreau en 1913

Une démarche qui semble porter ses fruits, puisque c’est l’ensemble de cette nouvelle gamme composée de trois cuvées qui a été primée au concours des Vinalies internationales en 2023. Marie-Alice Deville, de l’Union des œnologues, nous explique : « Pour la Champagne, nous dégustons 158 vins. 61 sont médaillés dont 39 or et 9 grand or ». Une belle reconnaissance donc pour ces cuvées qui défendent farouchement la spécificité auboise. Ainsi, Le Blanc vrai (35€), un 100 % pinot blanc, met en avant un cépage rare typique de la Côte des Bar. « Sa conduite est difficile, parce qu’il est sensible aux maladies. On a une attention particulière à la pourriture grise qui survient juste avant la vendange, d’autant que notre parcelle est dans une mouillère. À la dégustation, son empreinte est très aérienne, mais il a aussi paradoxalement beaucoup de structure au sens où c’est un vin qui va se maintenir longtemps en bouche. » Dans un tout autre registre, Les Bonnes bondes (30€) est un champagne 100 % pinot noir issu de la vigne des Bondonnots. « Cette parcelle est géniale. Les plants ont cinquante ans, mon grand-père travaillait déjà dessus, ils proviennent d’une sélection massale locale et sont étonnement robustes. Ils défient toutes les maladies. C’est un pinot noir avec beaucoup de fruit, en particulier des agrumes parfois un peu confit. On reste sur quelque chose de frais, de droit et vigoureux, qui se conclut sur des beaux amers. En fin de compte, ce vin pour lequel nous venons de passer sur le millésime 2015 est assez révélateur de cette facilité qu’a notre pinot noir à tenir dans le temps. » La troisième cuvée, « La Bâtarde », est un champagne plus classique dans la mesure où il assemble trois cépages, alliant la puissance du pinot noir, la finesse du pinot blanc et la fraîcheur accompagnée des notes de brioche et de beurre du chardonnay (30€).

© Mika Boudot

Cet article Dame de Carreau, un champagne de vigneron qui cartonne est apparu en premier sur Terre de Vins.

Ça bouge à Bandol

Toujours en attente d’une évolution de son cahier des charges, Bandol (Hall 4- stand 007 Vinexpo) prépare le retour de la Fête des Vins.

« Le millésime 2023 a été compliqué et a nécessité de la rigueur pour garder de l’équilibre et de la tension après un été très chaud avec peu d’eau » reconnaît volontiers Olivier Colombano, directeur des vins de Bandol. La vigne est résiliente, mais le vigneron doit aussi s’adapter. 2023 impliquait de bien connaître ses parcelles. Avec le changement climatique, il n’y a plus de place pour l’improvisation, car les maturités sont resserrées et tout mûrit en même temps. Dans ce cadre, le mourvèdre, tardif, est intéressant, mais le grenache, précoce, ne peut plus être planté n´importe où ». Le conservatoire du mourvèdre sur le domaine de la Bégude devrait d’ailleurs être étendu sur une autre parcelle de 20 ares du Conservatoire du Littoral à Saint-Cyr-sur-Mer, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture du Var afin de pouvoir multiplier les essais de clones et les dégustations de baies. 

Un élevage toujours en discussion
Après l’autorisation d’irrigation, actée en 2022 dans le cahier des charges, reste en discussion la modification de l’élevage. Une majorité des acteurs bandolais s’est déclarée favorable à une modification des règles d’élevage pour les rouges : pas de changement de la durée, toujours à 18 mois, car le mourvèdre a besoin élevage, mais en négociation avec l’Inao une diversification du contenant : 12 mois minimum en bois qui pourraient être complétés par quelques mois en cuves, en amphores, en béton… Pas de changement en revanche pour la commercialisation au 1er mai N+2. « Il s’agit surtout d’adapter le passage en bois au millésime plus qu’au profil consommateur » souligne Cédric Gravier, président de l’appellation.

Cédric Gravier ©F. Hermine

Retour annoncé de la fête des vins
Autre changement à venir : le retour d’une Fête des Vins sur le port de Bandol le deuxième week-end décembre (7-8) qui remplacerait les Portes Ouvertes organisées depuis 2018 dans une vingtaine de domaines et qui avaient succédé à la Fête du millésime lancée en 1982. « Nous gardons le principe de la dégustation avec les vignerons qui a toujours remporté un franc succès, mais nous réfléchissons à réinstaller les stands sur le bord de mer, les mêmes pour tous, avec comme nouveauté, une possibilité pour les exposants vignerons et coopératives de vendre leurs vins (ce qui n’était pas le cas avant) et de les faire livrer à l’acheteur par cargo vélo devant sa voiture ou sur un point de collecte au parking ». En réflexion, le maintien du concours des vins rouges de garde. Les vins sont toujours disponibles à la dégustation toute l’année à la Maison des vins de Bandol du Port et aux beaux jours a la maison du Castellet.

Cet article Ça bouge à Bandol est apparu en premier sur Terre de Vins.

« WineTech For Good » : un petit livre blanc pour l’innovation et l’environnement

Collectif regroupant les entreprises innovantes de la filière vin & spiritueux, la WineTech occupe un espace agrandi pour l’édition 2024 de Wine Paris & Vinexpo Paris. Elle présentait, en ouverture du salon, un « livre blanc pour l’innovation au service de la décarbonation et de la régénération de la filière vin ».

Officiellement lancée en 2016, la WineTech est un « écosystème qui connecte, valorise et fait grandir les startups et acteurs innovants du vin pour construire le futur de la filière ». Plus de 130 start-ups ont rejoint le collectif (elles étaient une vingtaine à sa création), dont le succès est manifeste lorsqu’on traverse l’espace qui lui est dédié dans le cadre du salon Wine Paris & Vinexpo Paris, qui se tient du 12 au 14 février au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. « Il s’agit de la quatrième participation de la WineTech au salon », rappelle son président Laurent David. « Ce qui avait pratiquement commencé avec deux planches et quatre tréteaux est devenu un lieu de rencontre de 500 m2, avec une trentaine d’entreprises exposantes et trois jours de conférences et tables rondes sur les sujets d’innovation qui touchent la filière vin et spiritueux ». De la blockchain à l’intelligence artificielle, de l’utilisation des données aux nouvelles règles d’étiquetage, de nombreux sujets sont abordés dans le cadre de ce mouvement qui, d’abord franco-français, s’ouvre désormais à l’internationalisation, en intégrant des start-ups d’autres pays. « Si un groupe doit donner le cap en matière d’innovation internationale, autant qu’il soit français », souligne Laurent David, qui se félicite de voir la WineTech rejoindre l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin) en tant que membre observateur et de voir de plus en plus de grands groupes, de LVMH à Bollinger en passant par Amorim, se rapprocher du collectif pour explorer des voies innovantes pour la filière de demain.

Un arsenal de solutions innovantes et vertueuses

Et puisqu’il est question d’avenir et que le sujet climatique et environnemental est incontournable, la WineTech présentait, en ce premier jour de Wine Paris & Vinexpo Paris, un livre blanc à destination de toute la filière, baptisé « WineTech For Good : l’innovation au service de la décarbonation et de la régénération de la filière ». En s’appuyant sur l’expertise des entreprises qui composent le tissu de l’association, ce livre blanc (élaboré en collaboration avec une trentaine d’étudiants de l’INSEEC Lyon, sous l’autorité du professeur David Beck) propose un ensemble de solutions innovantes et vertueuses qui s’appliquent à tous les postes, de la production à la communication : viticulture (émissions des machines agricoles, valorisation des sous-produits végétaux, lutte contre le gel, biodiversité, préservation de la ressource en eau), vinification (optimisation des consommations d’énergie, valorisation des sous-produits de la vinification, gestion de l’eau et traitement des effluents), conditionnement (utilisation du verre, bouchage, étiquetage, emballage et protection), transport, stockage, commercialisation, outils numériques destinés à la communication et à la sensibilisation… Ce livre blanc entend proposer un éventail de solutions concrètes dans un monde en mutation accélérée.

Cela n’aura pas échappé au Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, ni au Ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, tous deux présents à l’inauguration du salon pour montrer leur soutien à la filière vin & spiritueux, suite à la vague de colère qui a secoué le monde agricole français ces dernières semaines. Dans la foulée des annonces récentes du gouvernement, entre fonds de soutien de 80 millions d’euros, augmentation du budget lié à l’arrachage des vignes (s’élevant désormais à 400 millions d’euros), mise en pause du plan Ecophyto et assurance récolte, les deux représentants de l’exécutif ont voulu porter un message « optimiste » en ces temps troublés.

Cet article « WineTech For Good » : un petit livre blanc pour l’innovation et l’environnement est apparu en premier sur Terre de Vins.

36 sommeliers s’affrontent pour devenir le meilleur de France

Douze minutes de dégustation à l’aveugle, une question flash et un questionnaire chronométré : c’est le défi relevé aujourd’hui par 36 sommeliers français à Vinexpo-Wine Paris. Leur objectif : décrocher une place en demi-finale du concours du Meilleur Sommelier de France et succéder à Xavier Thuizat, sacré en 2022.

« Il faut tendre vers le meilleur pour avoir le meilleur« , affirme Fabrice Sommier, Président de l’Union de la Sommellerie Française. La première épreuve consistait à identifier un Châteauneuf-du-Pape 2020 du Château Beaucastel ainsi que deux gins français : un gin aux algues de Saint-Malo et un gin du sud parfumé à l’huile d’olive de la Distillerie Manguin. « Sur les 36 sommeliers, seulement 1 ou 2 ont trouvé les deux gins« , confie Fabrice Sommier. « Quand tu en identifies un, tu ne penses pas qu’il puisse y en avoir un second. » La deuxième épreuve, un quiz flash en anglais, mettait à l’épreuve la réactivité des candidats. En deux minutes seulement, ils devaient identifier un vignoble français et ses cépages à partir d’une photo. Cette année, il fallait reconnaître le village d’Arbois qui a accueilli la Percée du vin jaune le week-end dernier. Enfin, 40 questions et une carte des vins erronée à corriger attendaient les sommeliers pour la dernière épreuve. « L’objectif est de sélectionner les 7 meilleurs« , explique Fabrice Sommier. « Faire un concours, c’est une bataille contre soi-même. Ceux qui sont là méritent tout le respect qu’on doit avoir, même s’ils n’iront pas plus loin. Ils ont eu envie de se mettre en situation, se challenger et pour moi c’est très important de ne pas oublier ça. »

*Logan Guignot-Trufley – Chef Sommelier, Château Lafaurie-Peyraguey Hôtel***** & Restaurant**
*Julia Scavo, Master of Port 2027 et Meilleur sommelier de Roumanie 2018
*Clément Sommier, sommelier conseil Berthaudin SA
*Bastien Debono, directeur de la sommellerie chez Yoann Conte
*Marie Wodecki, Meilleure jeune sommelière de France 2023
*Edmond Gasser, Chef Sommelier de la Maison PIC
*Quentin Vauléon, Chef sommelier restaurant Frevo*

Les demi-finales se dérouleront en septembre à Bordeaux, et les trois finalistes s’affronteront le dimanche 3 Novembre 2024 durant le Salon EquipHotel à Paris.

Cet article 36 sommeliers s’affrontent pour devenir le meilleur de France est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Wine Paris] Tariquet, ferme pilote d’Occitanie

Présent à Wine Paris (Hall 6-E046), le Domaine Tariquet, en Gascogne, est devenu ferme pilote pour le programme Life Biodiv’Paysanne du Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie.

Tariquet a été retenu comme ferme pilote dans le cadre du projet avec le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) d’Occitanie. « Nous sommes en train de finir l’inventaire et le diagnostic et on commence le plan d’actions en faveur de la biodiversité » précise Rémy Grassa à la tête du domaine gersois avec son frère Armin. « Il a été répertorié une multitude d’oiseaux, environ 20 à 30% de plus que ce que l’on avait estimé, et de nombreuses espèces d’insectes ». Ont ainsi été établis en fonction de ce premier bilan des plans de tontes et de fauches. Une alternance d’espaces entre forêts et prairies de différentes hauteurs et des couloirs pour abriter la faune. Au total, 400 hectares de surface écologique sont dispersés entre les 1125 hectares de vignes. « Nous avions déjà arrêté les pesticides, nous n’utilisons pas de produits systémiques et privilégions les biocontrôles de synthèse et les décoctions de produits naturels. Nous utilisons également des pulvérisateurs avec panneaux de récupération. Cela implique de déterminer les périodes idéales de passages pour l’environnement même si ce n’est pas la meilleure période pour la vigne avant de procéder à des arbitrages »

Récolte de données optimisée 
On dénombre une soixantaine de fermes pilotes en Occitanie mais à ce jour une seule viticole. Le CEN Occitanie investit dans les équipes et le temps de travail dans le cadre du programme de six ans (2022-2027) Life Biodiv’Paysanne pour préserver les espaces naturels menacés par l’intensification de l’agriculture ou l’artificialisation des milieux . Des travaux de R&D sur les résidus sont également menés avec la start-up Bioboun Agrology, ainsi qu’une thèse avec l’université de Bordeaux sur les capteurs embarqués par les tracteurs, encore plus précis qu’un drone pour mesurer la physiologie du vignoble, l’épaisseur des sarments, le stress dû aux maladies, et pour cibler les traitements avec un suivi quasiment pied par pied. « L’important est d’arriver à zéro résidus dans les sols mais aussi dans les vins et nous allons les faire mesurer par un laboratoire à partir du millésime 2023 » insiste Rémy Grassa. Les capteurs et la collecte de données sont subventionnés par la région Occitanie, le salaire du doctorant par la région Nouvelle-Aquitaine et Tariquet finance le projet à 80% sur trois ans. Le premier objectif est la cartographie des foyers de démarrage des maladies qui servira à améliorer le support des tractoristes et augmenter l’observation via une interface pour intervenir plus en amont et dans les zones les plus sensibles. « On ne sera pas propriétaire de la solution mais on avance en think tank dans la connaissance du domaine. Certes, c’est un peu schizophrénique pour gérer le bilan carbone car il y a plus de passages de tracteurs mais nous travaillons en parallèle sur l’allègement du poids des bouteilles, le verre représentant 30% de l’empreinte carbone. Nous avons déjà diminué le poids des bouteilles et nous devrions arriver entre 250 à 300g par bouteille en verre recyclé d’ici deux ans ». Autre gros enjeu en particulier dans le Sud-Ouest, la gestion de l’eau avec des économies en chai mais également en vigne grâce à des captations par stries dans les sols et sans irrigation. « Dans le Gers, quand on irrigue, ce n’est pas une question de survie, c’est juste pour augmenter les rendements donc nous y avons renoncé ».

À découvrir sur Wine Paris 
Outre le nouvel assemblage de la cuvée Classic et le repositionnement de la cuvée effervescente Entracte, Tariquet a relooké sa gamme Séducteurs (3 vins blancs en sauvignon, chardonnay et chenin-chardonnay), lancé de nouveaux formats de 3 et 6 l. pour les cuvées Classic et Premières Grives, et des formats magnums et pots de 2,5 l. pour les 3 bas-armagnacs Le Légendaire, Montreur d’Ors et Pure Folle blanche 25 ans.

Terre de Vins a goûté les dernières cuvées du domaine 
Classic 2023 avec sa nouvelle étiquette vert bouteille, désormais à majorité gros manseng (30%) associé a l’ugni blanc (25%), le colombard (25%) , la syrah(15%) avec une touche de chardonnay et de chenin. (A l’origine, 100% ugni blanc, associé dans les années 80 au colombard puis au gros manseng et au sauvignon à partir de 2011 avant de devenir un six cépages. Un vin léger (11% vol.)  vif et frais aux arômes de fleurs blanches, une note de fruits exotiques et une  finale saline et salivante. (7€)

Cuvée Entracte 2022, revendiquée en Vin De France à son lancement en 2019, elle est désormais en IGP Comté Tolosan (pas d’effervescents en Côtes-de-Gascogne. À 70% chenin complété de chardonnay en cuve close méthode Charmat à zéro dosage coiffée d’un bouchon muselet traditionnel avec agrafe. Des bulles très fines et légères, des arômes de fruits blancs, de coing, une note de jasmin (15€)

Cet article [Wine Paris] Tariquet, ferme pilote d’Occitanie est apparu en premier sur Terre de Vins.

« Dans les spiritueux, la tendance est toujours à la nouveauté »

A l’heure où l’espace Be Spirits dédié notamment aux spiritueux s’agrandit sur Wine Paris-Vinexpo et accueille toujours plus d’exposants, nous avons fait le point sur le marché et les tendances avec Thierry Bénitah, p-dg de la Maison du Whisky

Comment évaluez-vous-vous le marché des spiritueux ? Souffre-t-il du contexte inflationniste ?
Depuis le printemps dernier, le marché des spiritueux en général tourne au ralenti et c’est un phénomène mondial. L’explosion de la consommation pendant le covid, était délirante mais artificielle par un phénomène d’investissements et pas seulement de hausse de consommation. Elle a engendré un surstockage dans les boutiques. D’où le phénomène boomerang : Les professionnels deviennent frileux car ils ont encore des stocks et on constate un décalage avec la réalité des ventes. Les distilleries s’en plaignent mais c’est un phénomène de balancier classique ; le problème c’est qu’il a fait disparaître beaucoup de distilleries au siècle dernier.

Quelle catégorie bénéficie actuellement du plus grand intérêt ?
La tendance dans les spiritueux, c’est toujours la nouveauté, plus qu’une catégorie. C’est un marché à deux vitesses : il y a encore une demande pour des bouteilles exceptionnelles à 2000 € et pour des produits qualitatifs jusqu’à maximum 60 € mais ça se révèle plus difficile pour les références à 90€ et plus. Vu le contexte de l’inflation, ce n’est déjà pas si mal. Les rhums restent des valeurs sûres. La catégorie est encore en pleine évolution et va sans doute suivre les traces des whiskies, avec de nouvelles appellations, des règlementations plus strictes et une premiumisation, notamment par des éditions limitées. Les aficionados et les prescripteurs font parfois la queue devant notre boutique rue d’Anjou pour un single cask en édition limitée, toujours très attendu, comme pour le whisky il y a 25 ans. Il peut y avoir des émeutes pour une bouteille de rhum parce qu’elle suscite de la spéculation et peut se revendre quatre fois le prix. Heureusement, il y a aussi des amateurs qui consomment leurs achats. C’est moins le cas aujourd’hui pour le whisky tant il y a l’embarras du choix avec une offre pléthorique de références. Ce marché mature suscite moins d’excitation pour un seul produit d’autant qu’il se vend en même temps dans 150 pays. Même les whiskies d’exception ont aujourd’hui un caractère un peu moins exceptionnel et en même temps, les vieux whiskies deviennent inaccessibles. Mais on peut penser que certaines bouteilles avec la crise vont sans doute revenir d’Asie et peut-être baisser un peu en prix. Le saké voit aussi la demande progresser. Pour y répondre, nous avons rentré 80 références à la boutique rue d’Anjou, une centaine au bar Golden Promise.

Les whiskies français sont en plein développement avec près de 150 distilleries. Constatez-vous un enthousiasme particulier pour la catégorie ?
On ne constate pas encore d’engouement pour les whiskies français comme avec les whiskies japonais depuis 20 ans mais ils intéressent de plus en plus  de cavistes qui veulent élargir leur assortiment. On atteindra sans doute bientôt les 200 distilleries, ils ont donc le choix. Il faut reconnaître que la recherche qui arrive en tête sur notre site, c’est pour le « whisky français », sans doute parce que les amateurs les connaissent moins bien. La Bretagne est toujours la référence historique et le fer de lance de la catégorie mais en matière de whisky, le tourbé reste la grande tendance toutes origines confondues. Toutes les distilleries ont au moins une référence tourbée. Même Armorik s’y est mis et il faut reconnaître que ça a accéléré leur développement et leur reconnaissance.

Et comment se portent les alcools bruns ? Parviennent-ils à intéresser les consommateurs français ?
Le Cognac devient surtout la nouvelle grande région productrice de whisky. Ils ont l’outil de production, le savoir-faire de la distillation, et une disponibilité des installations hors saison de la distillation du cognac de novembre à mars et comme le cognac est toujours difficile à vendre en France, à cause de l’image et parce que le long drinks n’est pas tendance dans l’Hexagone, c’est une opportunité. On constate en revanche un frémissement de l’armagnac que les amateurs de whisky regardent avec intérêt. Il bénéficie d’une image plus authentique et au vieillissement, il peut ressembler au whisky. En Allemagne, il y a même de clubs d’amateurs d’armagnac que nous n’avons pas ici.

En matière de développement durable, êtes-vous satisfait des résultats de l’emballage circulaire EcoSpirits ?
Nous avons lancé EcoSpirits il y a deux ans auprès des CHR et bartenders avec leurs références habituelles à remplir en vrac dans un conteneur de 4,5 l. et nous le proposons maintenant chez les cavistes. Cette offre de spiritueux en vrac permet d’économiser le verre et rend aussi les produits moins chers. Mais en cave, l’approche est plus difficile car il n’y a pas de références classiques, plutôt des spiritueux décalés, des batchs spécifiques, des éditions limitées qui permettent de lancer des nouveautés. Le consommateur achète une bouteille qu’il peut remplir ensuite avec le produit qu’il souhaite et à prix inférieur et la formule est disponible en 70, 50 et 20 cl. Le présentoir est très esthétique, les clients le remplissent eux-mêmes en choisissant des bouchons personnalisables et une étiquette auto-détachable. Pour l’instant, il n’y a que quelques références (le rhum  Tudes Hopes de Renegade, le gin Verger Sauvage de Drouin, le scotch blend Synthesis Compax Box et Armorik 14 ans) car ça prend beaucoup de place. On y croit fortement mais pour l’instant, ça reste expérimental.

Cet article « Dans les spiritueux, la tendance est toujours à la nouveauté » est apparu en premier sur Terre de Vins.

La filière Vin dévoile ses chiffres

À la veille de Wine Paris-Vinexpo Paris, la filière Vin met en avant les chiffres divulgués par l’étude Deloitte pour valoriser son impact et sa valeur ajoutée dans l’économie française. 

440 000 emplois directs et indirects, 59 Mds € de chiffre d’affaires de la vigne au verre, 6,4 milliards € de taxes, 1,4 % du PIB de la France, soit une valeur ajoutée de 32 Mds €. Vin & Société et le CNIV (Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d’Origine et à Indication Géographique) ont dévoilé une farandole de chiffres provenant de l’étude exclusive du cabinet Deloitte destinée à mesurer la contribution socio-économique de la filière vitivinicole. Pour Samuel Montgermont, président de Vin & Société et Bernard Farges, président du CNIV, c’est « un outil précieux pour nous permettre d’objectiver les contributions concrètes de notre filière. Nous savions le poids symbolique, culturel, patrimonial du vin. Nous découvrons désormais avec précision le cercle vertueux qu’il crée autour de lui pour des milliers d’entreprises et pour notre économie. À l’heure où nous sommes confrontés à de multiples crises (déconsommation, crise climatique, etc), preuve est désormais faite que la filière vitivinicole demeure résiliente et contributive. Elle participe de façon primordiale au dynamisme économique de la France. Cette vitalité ne doit toutefois pas occulter l’ampleur des défis qui nous attendent ». 

Bernard Farges rappelle d’ailleurs que l’impact économique et social de la filière n’avait « jamais été mesuré objectivement » tant pour obtenir une photo de la filière que pour avoir une idée de la valeur ajoutée des entreprises et des fournisseurs. « Le secteur viticole est appelé à se restructurer. Nous devions bénéficier d’indicateurs pour avoir une vision objective de la situation ». Et Samuel Montgermont de souligner que si les emplois à la vigne et à la mise en marché forment le cœur de notre métier, la filière est également liée à la commercialisation (restauration, GD, cavistes) qui pèse déjà plus de 250 000 ETP (Équivalents à Temps Plein) sans compter les fournisseurs de matériel végétal, engrais, matières sèches, soit 115 000 emplois supplémentaires. 

©Deloitte

Une filière pourvoyeuse d’emplois et de valeur ajoutée
Il s’agit de rappeler avant tout que la viticulture est particulièrement pourvoyeuse d’emplois, ce qui n’est pas inutile à la veille d’un des plus grands salons de vins et spiritueux. Ce bilan a été établi en compilant de nombreuses données, des informations récoltées lors d’entretiens de professionnels du secteur et en privilégiant l’agrégation des chiffres individuels des entreprises avant d’appliquer des effets d’entraînement basés sur une comptabilité analytique sectorielle de l’Insee. Et on ne parle que de contribution directe sans compter par exemple la manne œnotouristique et la capacité d’attraction des touristes étrangers en France. Deloitte souligne aussi deux conséquences marquantes : le fait que la filière soit peu centralisée et pas exclusivement concentrée dans les territoires les plus favorisés économiquement, et une intensité en emploi relativement forte, notamment chez les acteurs spécialisés qui pèsent plus de 57% des ETP et qui emploient en moyenne 15 personnes pour 1 M € de valeur ajoutée (contre 10,5 en général pour le secteur des industries et des services selon l’Insee-Esane).

La filière Vins représente donc au global un CA de 92 Mds €. Dans le détail, les viticulteurs génèrent 10 Mds € au sein de 59 000 exploitations viticoles s’étendant sur 750 000 ha, soit 125 000 ETP. Les 600 coopératives pèsent à elles-seules 8600 ETP. Négociants et commerces de gros génèrent selon l’étude 34 Mds € de CA pour 44 000 ETP ; côté distributeurs, 21 % du CA (7,2 Mds €) provient de la restauration ; 5,1 Mds € (soit 2,3 %) de la GD ; 2,1 Mds € des cavistes et 253 M€ de la vente en ligne. Les acteurs intermédiaires de la filière (intrants, tonneaux, bois…) par effets d’entraînement, pèsent 33 Mds € supplémentaires et 186 000 TEP. Sans oublier les taxes de 6,4 Mds € qui alimentent les comptes publics.

Cet article La filière Vin dévoile ses chiffres est apparu en premier sur Terre de Vins.

A 18 : quand Ayala conjugue Montagne et Côte des blancs

Le blanc de blancs d’Ayala était jusqu’ici centré sur la Côte des blancs, même si la Maison est à Aÿ. La nouvelle version lancée par la marque rend désormais davantage honneur à ses origines, en intégrant une proportion de chardonnays de la Montagne. Explications…

Qu’est-ce qui différencie A 18 de votre ancien blanc de blancs ?
Hadrien Mouflard (président) : Cela fait plusieurs années que nous travaillons pour pouvoir incarner l’expertise et l’excellence chardonnay en Champagne. Nous avons relancé notre brut sans année l’année dernière avec un nouveau flacon et un chardonnay qui représente désormais au moins 55 % de l’assemblage contre 40 % autrefois. Parmi les grandes maisons historiques, nous sommes ainsi devenus celle où la proportion de chardonnay dans le brut sans année est la plus élevée. Cette fois, c’est notre blanc de blancs que nous souhaitons mettre davantage en avant. Nous voulons être en mesure de sortir une nouvelle édition de cette cuvée chaque année, tout en conservant le style Ayala. Pour cela, nous avons fait évoluer le cahier des charges. Alors que nous étions centrés uniquement sur la Côte des blancs, dorénavant, tout en restant sur les premiers et grands crus, nous intégrons également des chardonnays de la Montagne. L’objectif est de proposer une bibliothèque de toutes les vendanges, quitte certaines années plus difficiles à restreindre le volume pour ne garder que le meilleur. On dit que le principe d’un millésimé consiste à ne pas sortir tous les ans. En réalité, cela dépend des appellations, à Bordeaux ou en Bourgogne, c’est pourtant bien ce qui se pratique, simplement on s’autorise à ce que les styles et les rendements varient.

En quoi les chardonnays de de la Côte des blancs et de la Montagne peuvent-ils être complémentaires?
Julian Gout (chef de caves) : 2018 a été mon premier millésime chez Ayala. Une année pléthorique, solaire, presqu’idéale. À la sortie d’un millésime 2017 qui s’était avéré très compliqué, il semblait salvateur. Mais je me souviens que lorsque nous avons réalisé les premiers essais d’assemblage avec Caroline Latrive, il nous semblait qu’il manquait un petit quelque chose. Nous avons donc voulu faire un essai en sortant pour la première fois du cahier des charges de la cuvée pour intégrer en plus de la colonne vertébrale de Chouilly, Cramant, Mesnil-sur-Oger et Oger, une proportion de Bisseuil. Alors que le risque sur ce millésime de gros rendement était d’aboutir à quelque chose d’un peu dilué qui aurait manqué de profondeur, cela nous a permis de récupérer de la largeur, de la structure. Sur la Montagne, on a moins cette austérité calcaire, si difficile à maîtriser sur la jeunesse. Il y a un peu plus de sol avant la craie, ce qui donne du gras, du crémeux. La Montagne nous donne ainsi la possibilité de venir équilibrer, dompter cette austérité, dont on a cependant besoin pour faire des grands vins sur le long terme. Je pense aussi qu’avec le dérèglement climatique où les années sont toujours plus excessives dans un sens ou un autre, il est important d’ouvrir ses chakras pour mieux s’adapter. C’est aussi le sens de cet aménagement. 

Vous osez un dosage en extra-brut, sur un cépage dont on sait qu’il est en général plus tendu que le pinot noir ou le meunier…
Nous avons dégorgé en juillet et dosé à cinq grammes. Au début, j’ai pensé que nous avions peut-être été un peu audacieux. Mais en réalité, l’équilibre apporté à la fois par ce nouvel assemblage et le vieillissement le justifient. Maintenant que l’on commence à avoir un peu de tertiaire qui ressort, le vin est parfait.

L’année 2023 se caractérise par un recul des volumes expédiés en Champagne, qu’en est-il chez Ayala ?
Hadrien Mouflard : Nous venons d’achever une année record chez Ayala, en chiffre d’affaires, en résultat, et même en volume. Nous avons toutefois noté un ralentissement en fin d’année. Je pense que 2024 va être une année de consolidation. Beaucoup d’augmentations de prix ont été passées par les maisons et les vignerons. Aujourd’hui, les consommateurs demandent une pause. Il est indispensable d’accompagner ces positionnements de prix d’un discours sur la spécificité de nos savoir-faire. Il ne s’agit pas de dire qu’on a augmenté nos tarifs à cause de l’inflation, mais de justifier cette hausse en insistant davantage sur ce que représente l’art de l’assemblage. Aujourd’hui, nos consommateurs comprennent finalement parfois mieux les cuvées parcellaires ou millésimées des vignerons stars, que ce que sont les bruts sans année des grandes maisons. L’œnotourisme joue à ce titre un rôle central et permet de faire venir nos consommateurs pour se rendre compte de la complexité de notre travail. Nous avons d’ailleurs un projet de développement pour faire du sur mesure en proposant à l’avenir deux parcours différents, l’un pour le grand public et l’autre, davantage tourné vers les professionnels qui ont déjà une certaine expertise et qui attendent un autre niveau de discours.

Prix : 74,90 €

Cet article A 18 : quand Ayala conjugue Montagne et Côte des blancs est apparu en premier sur Terre de Vins.