[Portrait] Franck Launay, le chemin jusqu’aux Terrasses-du-Larzac

Terre de reconversions, la vigne a toujours attiré de nouveaux vignerons. C’est le cas de Franck Launay, ancien avocat parisien qui a senti l’appel du vignoble languedocien. Portrait d’un homme comblé et de son domaine, soumis aux aléas d’un secteur en transition.

Chemin d’une reconversion

C’est en 2018 que Franck Launay fonde avec Matthieu Dibon « Le Chemin », son associé lui aussi néo-vigneron. Ils reprennent tous les deux 5 hectares de vignes déjà certifiés à l’agriculture biologique, une chance pour ces passionnés de vins en général, bio en particulier. Franck Launay a exercé pendant près de 15 ans le métier d’avocat. Spécialisé dans le droit du travail, il a d’abord travaillé comme collaborateur puis a créé son propre cabinet. Le métier lui plaisait, il gagnait bien sa vie mais il a très vite senti un essoufflement : “Je faisais beaucoup d’heures et à chaque fois que je partais en vacances je ne décompressais pas. Je m’en suis rendu compte lors d’un voyage à Bali, ce tourisme à mille à l’heure m’a fait comprendre qu’il me fallait autre chose”. Une vie très active qu’il partageait déjà avec sa compagne, également avocate, qui l’a suivi dans le sud.

Parallèlement, Franck Launay entretenait sa passion pour le vin avec un groupe de copains non moins passionnés – dont faisait partie Matthieu Dibon – qui se retrouvait pour des sessions de dégustation à l’aveugle. “Une passion qui a commencé lorsque j’étais à l’école d’avocat en 2004”. Puis au fur et à mesure des découvertes, il est allé à la rencontre de vignerons. “En échangeant avec des vigneronnes et des vignerons, qui m’ont pour certains encouragés à franchir le pas,  je me suis progressivement convaincu que je pouvais faire quelque chose de cette passion pour le vin”.

En 2016, il prend une grande décision, celle de la reconversion. Il cède sa clientèle à ses associés et sera suivi de son acolyte qui deviendra également son partenaire. Plus tard en 2018, il passe un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole et trouve en même temps des vignes, celles de Laure Gasparotto sur l’appellation Terrasses-du-Larzac, un terroir qui sonnait comme une évidence pour le néo-vigneron : “Les Terrasses cochent toutes les cases. Des terroirs incroyables, un climat méridional dont j’avais besoin, des terres encore économiquement abordables et une belle dynamique entre les vignerons de l’appellation”.

Une certaine idée du vin

Installé à Gignac, le chai n’est qu’à quelques kilomètres des parcelles. Les deux hommes possèdent aujourd’hui 9 hectares et les cépages cultivés sont la syrah, le grenache, le carignan, le cinsault et une pointe d’Alicante, un cépage teinturier pour lequel ils ont beaucoup d’affection. La quasi majorité des vignes se situent à Arboras, au pied du Mont Saint-Baudille.

Franck Launay s’interroge en permanence sur comment cultiver au mieux, avec le moins d’impact possible sur les sols et la vigne tout en visant un rendement suffisant pour vivre. “Je tiens beaucoup à la qualité et à la vie de mes sols que je souhaite travailler le moins possible en trouvant le bon équilibre avec un enherbement maîtrisé”.

Même précision au chai où le vigneron a une certaine idée du vin. “On souhaite faire évidemment le meilleur vin possible, abordable et qui reflète le terroir”. Pour cela, les moûts sont vinifiés sans intrant oenologique et les fermentations sont indigènes. Durant l’élevage, seul le sulfite est utilisé à dose homéopathique. Les vins destinés à l’AOP Terrasses-du-Larzac passent près de deux ans en élevage en fûts de plusieurs vins avant leur mise en bouteille. Un temps que le jeune vigneron estime nécessaire pour la qualité gustative de ses cuvées.

Pas rose tous les jours

Les reconversions professionnelles sont belles mais sont souvent ponctuées d’embûches. Même avec un bon matelas financier et une situation stable, “sans ma compagne, rien ne serait possible”. Depuis leur installation en 2018, les deux vignerons ont déjà connu des millésimes délicats. La crise du mildiou en 2018, “quasiment pas de carignan pour notre première année”, la sécheresse de 2019, puis les gels des 7 et 8 avril 2021 – “nous avons essuyé 30% de perte avec le gel” – ont été autant d’aléas ayant impacté fortement le rendement du domaine.

Des déconvenues qui n’ont pas entaché le moral de Franck Launay, bourré de modestie et de courage, “ça fait partie du jeu, l’agriculture est une école de la modestie et de la persévérance”. Espérons que le millésime 2022 sera plus clément pour un domaine qui n’est qu’au début de son chemin…

Terre de vins a aimé :

Cuvée Le Chemin 2019 – Terrasses du Larzac (19 € TTC au domaine)- Cépages grenache (58%), syrah (26%) et carignan (16%)

Un superbe vin rouge structuré avec de la profondeur en bouche. Un nez sudiste sur les fruits noirs mais porté par de la fraîcheur et de l’élégance. Une bouche tendue, bien suave et ronde. Un vin destiné à la garde mais également à point dès à présent.

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Champagne Barons de Rothschild lance Rare Collection

A l’occasion de la sortie du millésime 2012, la gamme prestige du champagne Barons de Rothschild devient Rare Collection, et propose pour la première fois, en plus d’un blanc de blancs, un rosé vintage. Les responsables de la Maison et la famille ont fait part de leurs nouvelles ambitions pour la marque.

La famille Rothschild a mis du temps à trouver la bonne porte d’entrée en Champagne. Elle a commencé par une participation dans le capital du champagne Ruinart au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Puis, elle a collaboré avec Henriot. Enfin, les trois branches de la famille ont décidé d’unir leurs forces en créant leur propre maison sous la marque « Barons de Rothschild », tout en conservant toujours pour fil directeur leur amour inconditionnel du chardonnay. L’aventure a débuté en 2005 en collaboration avec la coopérative de la Goutte d’Or, à Vertus, qui a mis à sa disposition une partie de sa cuverie. Alors que la Maison commercialise aujourd’hui environ 600.000 bouteilles dans 85 pays (le premier marché est le Japon) et a atteint en terme de volume ses objectifs initiaux, elle souhaite gagner en autonomie.

Barons de Rothschild a ainsi racheté en 2013 à Vertus les locaux de l’ancienne maison Prieur et le clos attenant qu’elle mis en conversion bio (lieu-dit Faubourg des dames). Tandis qu’une cuvée dédiée verra le jour dans les prochaines années, le bâtiment de 1870 devrait être restauré pour accueillir en 2023 un pressoir et la cuverie parcellaire de la Maison. Elle sera dimensionnée pour permettre la production de l’équivalent de 800.000 bouteilles. Cet ensemble haut de gamme comprendra une part de vinification sous bois, avec notamment 15 foudres pour les vins de réserve, mais aussi des œufs. Dans les caves voûtées, seront entreposées les cuvées millésimées. La restauration a été confiée à Giovanni Pace dont la capacité à tout faire tenir dans l’existant a séduit la famille. Suivant un style plus contemporain, l’architecte construira une deuxième unité à Oger. Semi-enterrée, dotée d’une structure en verre, autosuffisante d’un point de vue énergétique, elle sera dédiée au vieillissement des bouteilles sur lie (quatre ans minimum), au remuage, au dégorgement et à l’habillage.

Côté vignes, depuis une dizaine d’années, la Maison s’est constituée un domaine en propre, (6 hectares et bientôt 8), ainsi qu’un réseau de livreurs pour une surface d’approvisionnement principalement située dans les Grands crus et Premiers crus de la Côte des blancs de 85 hectares (la Goutte d’or en fournit entre 10 et 15).

Les deux nouvelles cuvées millésimées 2012 de la gamme Rare Collection reflètent la précision du travail opéré sur les vins. Le blanc de blancs (240 € en coffret) présente un nez légèrement miellé, une bouche tendue, épurée, iodée et saline où les agrumes frais dominent. La version magnum lui donne un supplément de fraîcheur, des notes un peu plus toastées, mais aussi un côté lacté et crémeux flatteur. « Cette cuvée réunit quatre grands crus de la Côte des Blancs, Cramant, Avize, Oger et Mesnil-sur-Oger. On a choisi des parcelles en milieu de terroir, orientées sud, pour avoir plus de maturité. Une partie a été vinifiée dans des barriques, l’autre en cuve. Nous avons procédé à des bâtonnages pour gagner en structure » confie Guillaume Lété, le chef de caves.

La nouveauté reste le rosé millésimé (300 €), fidèle malgré tout à l’esprit d’un blanc de blancs. Le chardonnay représente en effet 92 % de l’assemblage auquel on a simplement ajouté 8 % de pinots noirs de Verzenay et de Vertus. « Nous élaborons ce vin rouge aux antipodes de ce que l’on ferait si on souhaitait vraiment faire du vin rouge. Après l’éraflage, nous procédons à une macération pré-fermentaire à froid de trois à cinq jours pour aller chercher du fruit, suivie d’une macération fermentaire très courte, sans pigeage parce que nous ne voulons surtout pas de tanins. Nous ne gardons que les vins de goutte que l’on élève sur lies fines. »

www.champagne-bdr.com

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La Bergerac Attitude gourmande !

Les vins de Bergerac et Duras délaissent pour un soir le cadre verdoyant de la Dordogne pour s’installer ce soir sur la péniche parisienne Louisiane Belle sur la Seine. L’occasion de faire découvrir les productions périgourdines entre le verre et l’assiette.

Côté salé

Quand les spécialités périgourdines montent à la capitale, il faut savoir avec quel vin en profiter. Le magret de canard, viande à la fois fine et corsée et plat emblématique du Sud-Ouest, préfère en général le vin rouge, ni trop léger ni trop puissant, jouant l’équilibre sur les tanins en rondeur (bergerac, duras, côtes de bergerac, côtes de duras, montravel). Mais avec un canard à l’orange, mieux vaut s’orienter vers un moelleux et même un liquoreux  (saussignac, monbazillac).

L’agneau, produit de saison, se marie volontiers avec des vins plutôt charpentés, résistants à la sauce et à l’ail (haut-montravel, pécharmant). Avec l’estragon et la tomate, on peut bifurquer vers un rouge aux tanins plus souples en harmonie avec la finesse de la viande. Et même tenter un blanc fruité ou un rosé (bergerac, côtes de duras) sur l’agneau juste grillé à la plancha.

Pour le poulet, il peut s’allier avec un blanc rond et fruité (duras, bergerac), un rouge léger (bergerac, duras) mais bien grillé, on peut l’essayer à la bordelaise avec un liquoreux (monbazillac)

Pour le foie gras, sa texture fondante appelle un blanc moelleux (côtes-de-bergerac, rosette) pas trop chargé en sucre pour garder de la fraîcheur, un blanc ample et charnu (bergerac, côtes de duras) non marqué par l’élevage en bois, ou un vin rouge évolué (montravel, pécharmant).

Les pièces salées froides: Cerneaux de Noix du Périgord AOP, pesto, chips de pain aux fruits, Aiguillette de Canard du Périgord IGP à l’orange et coriandre, Poulet du Périgord IGP pak choï, sésame et pistache grillés à la fleur de sel, Filet d’Agneau du Périgord IGP à l’estragon, petite tomate provençale, Chips de pain, Foie Gras du Périgord, fleur de sel à la noix de coco

Les pièces salées chaudes: Pic de magret de Canard du Périgord IGP à la plancha, Pic d’Agneau du Périgord IGP à la plancha, Pic de Poulet du Périgord IGP à la plancha

Côté sucré

Les noix peuvent s’accompagner de blancs secs (associées aux fromages), ou de rosé (duras, bergerac) et sur le sucré, de monbazillac et saussignac.

Les fraises s’accommodent d’un vin rouge frais et léger, d’un rosé fruité (bergerac, côtes de duras) ou d’un blanc moelleux et même liquoreux (côtes de bergerac, monbazillac, haut-montravel, saussignac).

Quant aux marrons, ils appellent plutôt un rouge généreux (pécharmant) ou un blanc de belle rondeur et non boisé (bergerac, côtes de duras) dans un plat.

En dessert, on peut toujours tenter un moelleux pas trop sucré ou attendre la fin du repas pour déguster un verre de liquoreux afin de clore les agapes sur une douceur.

Les pièces sucrées: Harmonie de Fraise du Périgord IGP, moelleux fleur d’oranger, biscuit sablé, Pic de Fraise du Périgord IGP et chocolat, Cheesecake Marron du Périgord cassis, Tarte aux Noix du Périgord AOP et au caramel beurre salé

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«Good Wines Only», convivialité et accessibilité

Le mardi 21 juin, à la guinguette « La Belle Saison » (Bordeaux), Terre de Vins et Les Crus Bourgeois du Médoc convient les amateurs à une soirée (18h-23h) mêlant 72 domaines, gastronomie et talents musicaux. Rencontre avec le président de cette grande famille médocaine et directeur général des Vignobles de Larose Franck Bijon, pour en apprendre plus en amont de l’événement.

C’est la première édition de « Good Wines Only ». Pouvez-vous présenter cet événement à nos lecteurs ?

« Good Wines Only », c’est un moment privilégié pour mettre relation les amateurs, et les vignerons et vigneronnes de la grande famille des Crus Bourgeois. Ils pourront, le temps de cette soirée, partager, de façon fun et ludique, leurs valeurs, leur passion et apporter de la force à la marque collective. Cette marque des « Crus Bourgeois » n’est pas forcément encore très connue du grand public, les gens ne se la sont pas appropriée. Le meilleur moyen pour favoriser cette appropriation, c’est de se rapprocher du consommateur et de l’amateur. Ce travail d’image et de notoriété, c’est à nous de le mener, pas aux distributeurs et metteurs en marché.

En quoi « Good Wines Only » est-il un bon outil pour parvenir à se rapprocher des consommateurs ?

Avec « Good Wine Only », on reste ancrés dans notre territoire. La soirée aura lieu au bord fleuve. Or, le Médoc c’est une histoire d’eau entre l’océan et le fleuve. Ce sera un joli événement musical, animé par des groupes locaux, un jour de Fête de la musique… 74 vignerons seront au rendez-vous, c’est une belle occasion de découvrir la famille des Crus Bourgeois et d’explorer toute la diversité qu’elle propose. On va dépoussiérer, si besoin en est, car pour le moment on a toujours eu un accueil fabuleux lors des événements auprès des consommateurs. Ce modèle de présentation et de partage sera repris les prochaines années à Bordeaux et dans d’autres régions françaises.

Quels conseils donneriez-vous aux amateurs pour profiter au mieux de cette dégustation ?

Je pense que c’est bien d’arriver en groupe. Les moments festifs sont faits de partage, c’est mieux entre amis ! Je les invite à ne pas hésiter à interpeller mes amis vignerons et vigneronnes, il n’attendent que de pouvoir partager leur passion. Ils ont un métier difficile et des valeurs fortes à transmettre. Je recommanderais d’arriver avec l’esprit ouvert, de passer du temps à papillonner pour discuter avec les uns et les autres, afin de mieux comprendre ce qu’est la famille des Crus Bourgeois. La soirée sera belle, dans ce lieu magique, ça ne peut qu’être une très grande fête, dans le bon sens populaire du terme.

Quels sont, selon vous, les atouts des Crus Bourgeois à faire valoir auprès du grand public ?

Notre atout majeur est notre accessibilité qui existe à tous les niveaux. Il s’agit d’une accessibilité de goût d’abord. Avec 249 Crus Bourgeois, la famille réunit des vins de profils différents, liés aux terroirs et aux encépagements variés, mais tous ont en commun une accessibilité de goût. Ils sont charmeurs dès leur prime jeunesse, mais n’en ont pas moins une belle capacité de vieillissement pour ceux qui recherchent plus de complexité. Consommés après une dizaine d’années, ils sont magnifiques. L’accessibilité concerne aussi le prix, avec une échelle de 8 à 30 €. Dans cette famille, j’aime beaucoup le côté humain, avec des gens passionnants, simples, habités par des engagements forts, et de nouvelles générations à la tête des propriétés qui ont des messages à faire passer, l’envie de partager et d’être écoutés.

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Cognac Frapin : « Un arpège de notes délicieuses »

La sortie d’un cognac millésimé de la maison Frapin est toujours très attendue pour les amateurs de spiritueux. L’occasion de donner la parole au directeur général et maître de chai du prestigieux domaine de Segonzac, Patrice Piveteau, pour en savoir davantage sur ce 1995 et sur le millésimé en général.

Que signifie un cognac millésimé et pourquoi est-ce relativement rare dans cette région ? 

Le cognac est par tradition un produit d’assemblage. Dernière étape avant la mise en bouteille, l’assemblage est une étape cruciale pour le maître de chai. En véritable chef d’orchestre, il doit sélectionner puis assembler les eaux-de-vie de différents chais et de différents âges afin d’obtenir une qualité et des caractéristiques constantes. Le but étant de maintenir le style Frapin année après année. Un véritable assemblage de rigueur, d’intuition et d’expérience… Cependant il est possible de faire des millésimes dans le cognac, c’est-à-dire un cognac issu d’une seule et même année de récolte. Un millésime est donc plus rare et impose plus de contraintes au niveau de la traçabilité. Il faut pouvoir prouver qu’il s’agit d’une seule et même année de récolte, pour cela nous travaillons avec le Bureau National Interprofessionnel du Cognac. Cet organisme va venir apposer un sceau de cire sur chaque barrique millésimée et il est le seul à pouvoir décacheter ce sceau. 

Quand s’est décidée la création de ce 1995 ? 

Juste après la distillation de la récolte de 1995 (donc avant le 31 mars 1996) nous avons isolé un lot considéré avec un potentiel élevé. Il fut ensuite mis en dame-jeanne en 2020 donc c’est un 25 ans d’âge.

Alors, 27 ans plus tard, à l’heure de son lancement sur le marché, pouvez-vous nous en faire une note de dégustation ? 

La rondeur et la souplesse dominent. En chais humides, environ 2% du précieux trésor s’évapore. L’alcool, principalement, est abandonné aux anges pendant vingt-cinq ans au profi­t du plaisir, celui que l’épicurien connaîtra en dégustant un cognac singulier, façonné avec amour et dextérité. Pour la couleur, la robe flatte le regard, elle est brillante et soyeuse, allumée de reflets orangés. Le millésimé s’ouvre délicatement au nez sur un arpège de notes délicieuses : un zeste d’agrumes, l’éclat de la mandarine. Puis le mouvement se déploie vers des fragrances épicées de pêche séchée et de pain d’épices. En bouche, ce 1995 – 25 ans d’âge – fait la part belle aux arômes du verger, fruits épanouis qui évoluent au palais vers des notes ­finement vanillées puis délicatement épicées. La chaude saveur de la noix de muscade répond à la rondeur solaire de l’abricot sec. La ­finesse et l’équilibre vont de concert jusqu’à la note ­finale de rancio qui s’alanguit en bouche, longue et caractéristique des vieux cognacs.

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Le Tour de France viticole de Yann Dufouleur

Un tour de France viticole à vélo, c’est le projet un peu fou de Yann Dufouleur, agent et négociant en vins, pour financer l’espace de relaxation conçu par l’artiste Robert Einbeck pour les patients du service du professeur Pascal Leprince de l’hôpital de La Salpêtrière. Top départ le 20 Juin sur le parvis de la Cathédrale de Reims !

Yann Dufouleur fait partie de ces personnalités du vin qui ont acquis une vision à 360 degrés du produit parce qu’ils en ont exercé presque tous les métiers. Originaire de Nuits-Saint-Georges et issu d’une famille de vignerons et négociants depuis seize générations, il commence dès le plus jeune âge par aider dans l’exploitation familiale à l’occasion des vacances. Pendant ses études de commerce, il effectue des stages dans des domaines allemands et australiens. Fasciné par la Champagne, il intègre ensuite les relations publiques de Pommery, puis s’oriente vers la commercialisation en rejoignant successivement une agence et un négociant de vins de la vallée du Rhône, avant de revenir à nouveau en Champagne pour prendre en charge le marché français puis plusieurs grands marchés d’exportation de Bruno Paillard. En 2008 enfin, avec son épouse Nathalie, il crée Dyvin, sa propre agence commerciale au service d’une sélection de domaines tous familiaux et indépendants (En Champagne : Philipponnat, Bonville… En Bourgogne : Christian Moreau, Clos du Moulin aux Moines… En Italie : Luigi Pira…) à qui il a ouvert les plus belles tables et les plus belles boutiques spécialisées (Les Crayères, le Grand Cerf, le Millénaire, le Royal Champagne, Les Caves du Forum, CQFD…).

Lorsque l’on a beaucoup reçu, on a souvent envie de beaucoup donner. En 2017, au cours d’un déjeuner au Bistrot de Paris, Yann fait la connaissance de Robert Einbeck, un artiste qui a travaillé dans les années 1980 sur un projet de recherche au sein d’une équipe pluridisciplinaire composée notamment de cardiologues, d’ophtalmologistes et d’un ingénieur de la lumière. Ensemble, ils ont étudié l’influence potentielle d’un environnement coloré sur la fonction cardiaque des sujets coronariens. A partir des conclusions de cette recherche, Robert Einbeck a conçu le projet « Serenity », une salle de réalité virtuelle immergeant les malades dans un environnement de couleurs et de lumière qui doit les mener « à la plus complète relaxation » et participer directement à leur thérapie. Destiné aux patients de l’hôpital de la Salpêtrière, cette installation nécessite un financement. Yann, mordu de la petite reine, a donc imaginé réaliser en solo, à la veille de ses cinquante ans, un tour de France viticole à bicyclette, traversant tous les hauts lieux du patrimoine du vin en trois semaines (Le Phare de Verzenay, les Hospices de Beaune, Le Pic Saint Loups, la Cité des vins de Bordeaux…), soit une boucle de 3000 kilomètres. A chaque étape, il rencontrera un vigneron qui choisira une cuvée spéciale de sa production en grand format, laquelle sera ensuite décorée par l’artiste Robert Einbeck. L’ensemble des flacons rapatrié par Dyvin sera exposé à Paris puis commercialisé lors d’une vente aux enchères dont le fruit sera reversé à l’association Robert Einbeck’s Friends. Yann Dufouleur espère également à terme que le programme « Serenity » puisse être adopté dans d’autres hôpitaux et en particulier le CHU de Reims.

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Primeurs : Canon, Montrose, La Gaffelière… pluie de belles sorties

Journée pluvieuse sur le vignoble bordelais mais pluie de belles sorties en primeurs, avec notamment quelques très grandes références médocaines et saint-émilionnaises dévoilées. Le point sur les prix.

Château Montrose, 2ème Grand Cru Classé 1855 (Saint-Estèphe) : 133 € HT (-11,33%)
Château Clerc Milon, 5ème Grand Cru Classé 1855 (Pauillac) : 66,50 € HT (-)
Château Cantenac Brown, 3ème Grand Cru Classé 1855 (Margaux) : 39,90 € HT (-)
Château Grand Puy Ducasse, 5ème Grand Cru Classé 1855 (Pauillac) : 28 € HT (-)
Château Rauzan Ségla, 2ème Grand Cru Classé 1855 (Margaux) : 70 € HT (-22,22%)
Château Meyney (Saint-Estèphe) : 22,70 € HT (-1,73%)
Château Canon, 1er Grand Cru Classé (Saint-Émilion) : 105 € HT (-6,25%)
Château La Gaffelière, 1er Grand Cru Classé (Saint-Émilion) : 56 € HT (-)
Château Jean Faure, Grand Cru Classé (Saint-Émilion) : 31,50 € HT (+13,31%)
Château Latour-Martillac rouge, Cru Classé de Graves (Pessac-Léognan) : 24,50 € HT (-)
Château Latour-Martillac blanc, Cru Classé de Graves (Pessac-Léognan) : 28 € HT (+14,29%)

Le n°77 de Terre de Vins « spécial Primeurs » est depuis le 18 mai 2022 dans les kiosques.

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Val de Loire: le retour de la grêle

Pour les vignerons de la vallée de la Loire, les conditions climatiques du week-end de Pentecôte ont été décisives sur la vigne en fleur.  Certains ont subi la grêle qui a détruit une partie de la récolte en devenir, tandis que d’autres ont accueilli avec plaisir la pluie qui faisait défaut depuis des mois.

« Il faut avoir les nerfs solides. J’ai failli craquer ce week-end » déclare Benoit Gauthier, vigneron à Vouvray, qui n’a pas oublié le gel du début d’année. « J’avoue que j’ai du mal à encaisser » poursuit celui qui a enchainé les catastrophes climatiques depuis 1982 et 1985. La différence est que maintenant, il n’y a pas de stock pour atténuer les incidences : « La sécheresse en 2020, le gel et la grêle en 2021, on a besoin d’une récolte ! ». Mais il reconnait que l’épisode de pluie et grêle a moins de conséquences que ce qu’on aurait pu penser, il y a quelques hectares touchés – même si ces surfaces peuvent parfois affecter dramatiquement une exploitation dans sa quasi-totalité.

Grêlons entre petits pois et cerises

A côté de 2021, où il était au milieu d’un nuage qui avait tout dévasté, cette année, le système de protection s’est mis en marche et a diminué la taille des grêlons « entre des petits pois et des cerises », alors que les zones urbaines ont eu des balles de tennis. En effet, les vignobles d’Indre & Loire sont relativement protégés depuis 2016 grâce à un système mis en place avec l’ANELFA, Association nationale des études sur la lutte des fléaux atmosphériques, en relation avec les informations de Météo France. Le principe de la lutte contre la grêle consiste à introduire artificiellement dans les nuages des noyaux glaçogènes d’iodure d’argent de façon à augmenter le nombre de cristaux de glace, et à réduire en conséquence la dimension des grêlons : ceux-ci tombent alors plus lentement et fondent en totalité ou en partie avant d’atteindre le sol. Jean-Marc Gillet, du domaine de la Rouletière à Parçay-Meslay pense aussi que « sans le réseau, on aurait deux à trois fois plus de dégâts. J’ai eu quelques feuilles percées, mais la pluie a fait du bien, cela faisait trois mois qu’on avait eu seulement 25 mm. Le chenin est en pleine fleur, ça a relancé la floraison ».

D’Azay-le-Rideau à Montsoreau

La grêle a suivi un couloir qui est passé à Azay-le-Rideau, il a épargné Saint-Nicolas-de-Bourgueil, mais il a largement touché d’autres appellations comme Bourgueil et Chinon. Sur cette dernière, des zones ont pris fort, à Huismes, à Savigny-en-Véron. A Saint-Germain-sur-Vienne, le château du Petit-Thouars a été durement touché. Il se trouve à l’extrémité ouest de l’appellation Chinon, juste en amont de la convergence de la Vienne avec la Loire. Dans cette zone la ville de Fontevraud a souffert et une partie du Saumurois. Là encore tous les domaines ne sont pas affectés. Chez Patrick Rétif, au domaine des Damoiselles de Turquant, la moitié de la propriété a subi la grêle : « On ne sait pas encore les conséquences exactes sur 8 hectares, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y en 6 qui ne donneront rien. Certains endroits c’était des billes, mais d’autres de vraies balles de ping-pong. Le lendemain j’ai vu des pigeons et des tourterelles mortes entre les rangs de vigne ».  Comme il avait déjà perdu 30% par le gel d’avril et qu’il n’a rentré qu’une récolte normale (2020) depuis 2016, il craint de perdre des marchés. « Même si on a une assurance récolte, ça ne remplace pas les clients » regrette-t-il.

Mathieu Vallée du Château Yvonne à Parnay a du mal à sourire, même s’il n’a eu aucun dégât, quand il constate ce qu’ont subi ses voisins de Montsoreau « des rameaux de l’an dernier parfois complètement fracassés, des vignes qui mettront deux ans à se remettre » regrette-t-il. Il reconnait qu’avoir des vignes disséminées est parfois un avantage.

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[Bourgogne] Maison Delaunay, l’alignement des planètes

Très jeune, il a dû vendre son négoce familial… pour le racheter 25 ans plus tard, et devenir dans la foulée président de l’interprofession. En Bourgogne, l’histoire de Laurent Delaunay tranche par sa singularité.

Objets de toutes les spéculations, les domaines familiaux de Bourgogne tombent, de plus en plus, dans l’escarcelle d’investisseurs. La maison Édouard Delaunay a fait le chemin inverse. Vendue au début des années 1990 au groupe Boisset, elle revient dans le giron familial en 2017. La cession et le rachat sont effectuées par un même homme : Laurent Delaunay, arrière-petit-fils du fondateur.

Une revanche sur la vie, diront certains. Lui ne voit pas les choses comme ça. « Il n’y avait pas d’obsession secrète pendant toutes ces années. Mais quand l’opportunité s’est présentée, j’ai tout de suite compris qu’il fallait la saisir», confie l’œnologue, également diplômé d’école de commerce.  Dès le rachat, son équipe se lance tête baissée dans la réfection de la cuverie de l’Etang-Vergy, dans les Hautes-Côtes de Nuits. Et commence, en parallèle, l’approvisionnement en raisins. « On a réussi à trouver une dizaine d’appellations bourguignonnes. Aujourd’hui, nous en  vinifions une trentaine ». Des grands terroirs de la Côtes de Beaune et de la Côte de Nuits, pour l’essentiel. Avec un leitmotiv : le sur-mesure. « Il n’y a pas de dogme », insiste Laurent Delaunay. « Ni sur la vendange entière, ni sur l’extraction,  : chaque cuvée est traitée au cas par cas ». À tel point que le négoce s’approvisionne chez 8 à 9 tonneliers, et n’hésite pas « à changer un fût en cours d’élevage ».

Prochain défi : des Hautes-Côtes parcellaires

Les vins gagnent vite en réputation. Grâce à leur qualité certes mais aussi grâce à une mise en marché soignée. Laurent Delaunay a su mettre à profit l’expérience engrangées avec ses deux autres entreprises : Badet Clément (création de vins de marque) et Domaines et Vins de Propriété (commercialisation de vins de domaine). Un parcours riche, qui n’échappe pas à ses pairs du négoce. Ceux-ci lui suggèrent de prendre la tête de l’interprofession. Mission acceptée fin 2021.

Voilà les planètes alignées pour Laurent Delaunay. Après ça, y a-t-il encore des défis à relever ? Oui, tranche l’œnologue. « Nous souhaitons développer notre offre dans les Hautes-Côtes. L’identification des climats réalisée par les moines en Côte de Beaune et Côte de Nuits n’a pas été complète dans les Hautes-Côtes, et nous voulons travailler en ce sens, en développant des cuvées parcellaires, pour aller identifier de grands vins. Je suis un enfant de cette région, j’y crois beaucoup. » Objectif : devenir la maison emblématique d’un vignoble encore discret. Ou l’achèvement du retour au source pour la maison Delaunay.

Terre de Vins aime:

Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits – Charmont – 2020 – 20€

Cet assemblage de quatre parcelles, plutôt orientées Ouest, donne un chardonnay typique des Hautes-Côtes. L’attaque est franche et le reste n’est que rafraîchissement, avec des nuances de zeste de citron, fougère et aubépine. L’élevage, qui comprend un petit pourcentage de fût neuf, apporte un peu de matière et de l’équilibre.

Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Perrières – 2019  – 82€

Un terroir qui porte bien son nom, dont le sol particulièrement caillouteux se déploie à deux pas de des carrières de Nuits. Dès le nez la minéralité s’exprime, et en bouche les notes de calcaires chaud se mêlent à un fruit juteux, qui rappelle la cerise burlat et la pêche de vigne, avant une finale à la fois saline et tannique. Le vin de terroir par excellence, à déguster dès aujourd’hui ou à oublier en cave.

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Bergerac en Rosé

En Bergeracois, la production de vins rosés notamment en Bergerac, s’est développé ces dernières années portée par la couleur de plus en plus prisée des consommateurs. À essayer pour un repas sur l’herbe ou au bord de l’eau.

À Bergerac, on joue aussi en rosé, mais ici, le clair n’est pas toujours de mise; on mise (justement) plutôt sur la diversité de robe entre pêche, saumon, coquelicot ou cerise. Pour l’élaboration aussi avec des rosés de saignée ou de pressurage direct. Ils peuvent être élaborés à partir de merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon et de malbec, en monocépage ou en assemblage. Les rosés de la région sont surtout produits dans le sud de la Dordogne, en particulier en Bergerac la seule appellation dans cette couleur avec Duras. Ils sont plutôt souples, aromatiques, fruités et floraux, souvent sur des arômes de fruits rouges (fraise, framboise, cassis, groseille). Ils s’associent facilement aux charcuteries, grillades et salades estivales, mais se prêtent aussi aux cocktails comme le rosé tonique (avec limonade, gin, cassonade et jus de cranberry).

Petite sélection :

Bergerac rosé – Château Monestier – La Tour cuvée Cadran (bio) (9,50 €)

Un merlot (70 %) associé au cabernet franc qui a remplacé le cabernet sauvignon, vinifié en levures indigènes. Un vin fin et floral, à la fois vif et rond sur les groseilles, les fruits blancs et les agrumes. Karl-Friedrich Scheufele, coprésident de la maison d’horlogerie Chopard, a fait l’acquisition du château il y a dix ans, d’où le nom de cette cuvée.

Bergerac rosé – Château de Peyrel (10,80€)

Franck Decouroux est plus connu pour ses moelleux et ses liquoreux en appellation Rosette mais il élabore également un bergerac rosé en pressurage direct à 100 % merlot, sur des notes de fraise et de cassis, frais et floral sur une note saline

Bergerac rosé – Domaine de Moulin-Pouzy (HVE et en conversion bio) (7,50 €)

Un merlot-cabernet sauvignon à la robe framboise, très expressif sur le cassis et la fraise avec un léger perlant. La 5e génération, Fabien Castaing, installée sur le domaine depuis 2008, est également propriétaire du Château Les Mailleries en Bergerac bio.

Bergerac rosé – Domaine Moulin Garreau – cuvée Moulin rose (bio)(6 €)

Eric Faucheux et sa femme venant de l’industrie automobile en région parisienne ont racheté le domaine en 2015 avec sa femme. Le domaine était déjà en bio depuis 2006 et le couple mène des expériences d’agroforesterie avec un verger-conservatoire. Un merlot-cabernet franc (à parts égales ), fruité aux arômes de fruits rouges et bonbon anglais

Bergerac rosé – Domaine de Combet – cuvée Rosé Suc’Combet (bio et HVE)(9 €)

Un rosé orignal de par son étiquette graphique mais également pour sa pointe de sucrosité sur un assemblage de merlot, cabernet sauvignon  et cabernet franc, vinifié en demi-sec (mutage au froid). Une petite cuvée nez d’agrumes. 2001 est le premier millésime certifié en bio. Le domaine est suivi par le vigneron Daniel Duperret qui transmet progressivement le vignoble familial à deux jeunes associés en reconversion, David Notteghem et Matthieu Simon venant de la finance et de l’informatique.


Terre de Vins réunit les vignerons des 10 AOP du vignoble Bergerac & Duras, le temps d’une grande dégustation, à Paris le 9 juin, à bord de la Péniche Louisiane Belle. À leurs côtés, 7 filières du Périgord viennent présenter leurs produits du terroir pour des accords gourmands : Canard / Foie Gras du Périgord, Agneau du Périgord, Noix du Périgord, Marrons du Périgord. Vous pouvez encore prendre votre place en cliquant sur ce lien.

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