Côte-Rôtie à Ampuis et ailleurs

A l’occasion de la 95ème édition, du Marché aux Vins d’Ampuis, Côte-Rôtie, l’appellation prestigieuse du Rhône Nord, dévoile de nouvelles ambitions.

A l’occasion de la 95e édition du Marché aux Vins d’Ampuis , l’appellation présidée par Michaël Gerin en a profité pour revoir et moderniser son site internet www.cote-rotie.com en s’émancipant de l’appellation Condrieu qui a également revu le sien. Le site ampuisais détaille l’historique du vignoble qui date de l’Antiquité sous l’impulsion des Allobroges, l’évolution de l’appellation depuis 1940, explique les sols, le climat, les paysages, la syrah bien sûr qui y est reine, mais aussi le savoir-faire de ses vignerons, ne serait-ce que pour expliquer à quel point les pentes escarpées du vignoble relèvent d’un véritable défi. Chaque domaine est décrit en quelques lignes avec les conditions et horaires d’ouverture au public, ses coordonnées avec liens téléphone, mail et réseaux sociaux et un renvoi sur le site web si le vigneron en a mis un en place. Un site esthétique, concis et efficace complété par une billetterie en ligne, avec ou sans carnet de dégustation, pour l’accès au marché aux vins (de 10 à 16€). Cette édition accueillera sur quatre jours à la salle polyvalente 66 stands de vignerons présentant plus de 300 vins, en priorité des côte-rôtie mais gageons qu’on y dégustera également quelques condrieu, saint-joseph, cornas, saint-péray, crozes-hermitage et hermitage.

Relancer la Tablée et s’éloigner de Lyon
L’appellation va par ailleurs relancer la Tablée, un événement à l’occasion duquel les domaines invitent qui bon leur semble, chacun devant apporter une bouteille de son choix à faire goûter à ses voisins de table autour de plats de chefs. La manifestation qui se tenait depuis 2016 en janvier, suspendue au moment de la crise du Covid, devrait revenir sur le calendrier 2024 mais elle a été décalée en avril « pour la dissocier du Marché aux Vins et qu’elle devienne un événement à part entière où l’on aura plus de temps pour recevoir et échanger avec nos invités », commente Michaël Gerin qui attend environ 190 personnes. 

Michaël Gerin @F. Hermine

Outre une dégustation parisienne pour les prescripteurs, l’AOP du Rhône Nord toujours en association avec sa voisine Condrieu, devrait également se déplacer dans de grandes villes françaises comme Bordeaux. « Le Sud-Ouest commence à s’intéresser à nos vins; nous allons donc en profiter pour nous éloigner de Lyon, notre zone traditionnelle de consommation à 1h de route, et fidéliser la clientèle également dans les stations de ski et chez les tables étoilées alpines ». 

Garder les terres et préserver la biodiversité
Côte-Rôtie vend toujours 70% de sa production dans l’Hexagone et a retrouvé du volume en 2022 après les pertes importantes de 2021 suite au gel de printemps. 2023 porte beaucoup d’espoirs. « Une année de vignerons : on a tous fini fatigués après un été sans fin, une humidité intense et des vendanges qui se sont terminées par dix jours de canicule. Mais ce millésime est d’un équilibre incroyable avec malgré les craintes, une belle acidité. Cela prouve que notre vignoble avoisinant quand-même 35 hl/ha a une belle résilience, ce qui est rassurant pour l’avenir ». L’appellation de 340 hectares a déjà atteint quasiment son potentiel maximum – « il ne reste qu’une vingtaine d’hectares à planter, en forte concurrence avec l’urbanisation, reconnait Michaël Gerin. Pour l’instant, nous concentrons nos efforts sur la préservation de la biodiversité », notamment en travaillant avec l’Association Technique des Côtes-du-Rhône, (ATCR) afin de tester des sélections massales, l’enherbement, de nouveaux chenillards, de suivre le vignoble et les pratiques bios. Près de 20% seront certifiés en 2023, le double de l’an dernier. « Le défi est pour une appellation de renommée mondiale de garder un rapport à la terre et de conserver les vignes pour les nouvelles générations y compris celles de plus en plus nombreuses qui reviennent pour une deuxième vie ».

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Rapprochement Bestheim/Wolfberger : l’explication des deux présidents

Alors que Bestheim et Wolfberger, les deux plus gros opérateurs d’Alsace, viennent d’annoncer un rapprochement en vue d’une fusion en 2025, les deux présidents des deux coopératives, Pierre Olivier Baffrey et  Hervé Schwendenmann, nous expliquent les motivations et les enjeux de la construction de cette nouvelle supère locomotive pour l’appellation.

Quelles sont les complémentarités qui existent entre Bestheim et Wolfberger justifiant une prochaine fusion ?
Pierre Olivier Baffrey (président de Bestheim) : Les politiques commerciales qui ont été menées par nos deux maisons sont complémentaires, nous ne sommes guère concurrents. Nous développons depuis une quinzaine d’années la marque Bestheim, qui est notre marque haut de gamme et qui représente environ 2 millions de bouteilles. Nous avons aussi des marques dédiées à des clients et une grosse activité d’embouteillage à façon, ce que l’on appelle des marques de distributeurs. 

Hervé Schwendenmann (Président de Wolfberger) Chez Wolfbeger, nous sommes au contraire à 100% sur nos trois propres marques, Wolfberger représente 10 millions de cols et les deux autres marques, Willm et Lucien Albrecht, deux millions, ces dernières étant principalement installées à l’export. Les coopératives de Wolfbeger et Bestheim font 25 et 27 % de leur volume à l’export, mais pour Bestheim cela inclut les marques de distribution. Wolfberger, qui a mis de gros moyens depuis une quinzaine d’années sur la partie commerciale et marketing, est présent dans davantage de pays et ce sur les cinq continents.

Envisagez-vous de créer des filiales commerciales à la place de certaines agences indépendantes dans des pays stratégiques…
Hervé Schwendenmann : Maintenant que le rapprochement est officiel, nous pouvons étudier de manière plus précise les projets sans craindre l’autorité de la concurrence. L’objectif de ce rapprochement n’est pas de faire des économies à tout prix – s’il y en a à faire, nous les ferons – mais de dégager des moyens supplémentaires pour aller là où les futurs consommateurs sont. En France, nous sommes déjà bien présents. Il y a peut-être des choses à consolider. Mais le développement en volume et en valeur se fera d’abord à l’étranger. Au-delà de cette fusion, en tant que vice-président des Vignerons coopérateurs de France, je croise souvent des collègues d’autres appellations, parfois en difficulté et avec lesquels nous partageons tous la même réflexion, ne devrait-on pas mutualiser certains moyens, comme des bureaux d’export aux Etats Unis, par exemple, ou en Asie ?

Existe-il des complémentarités en termes de terroirs ?
Pierre Olivier Baffrey (président de Bestheim) : Côté vignoble, nous sommes situés sur les mêmes zones d’approvisionnements de raisin, et certains vendangeoirs sont très proches. On pourrait donc facilement trouver des synergies et des optimisations. Sur certains crus aussi, l’une ou l’autre a beaucoup plus de vignes, cela peut donc permettre parfois de compléter l’approvisionnement de certaines cuvées qui sont régulièrement en rupture de stock et d’attaquer grâce à ces volumes certains marchés que nous ne pouvions atteindre. 

Comment vos salariés ont accueilli la nouvelle ?
Pierre Olivier Baffrey : Nos salariés ont plutôt accueilli la nouvelle avec enthousiasme. En réalité, les développements induits sont susceptibles de créer de l’emploi, le plan social qui est le mot sur le bout des lèvres de tout le monde, n’est pas le sujet. Nous voulons conserver tous les moyens dont nous disposons, le but étant de faire plus et mieux. On va même devoir sourcer certainement à l’extérieur car il y aura de nouveaux métiers. Pour certains salariés qui souhaitaient changer de fonction au sein de l’entreprise, il y aura aussi des opportunités. Les équipes seront par ailleurs intégrées à la réflexion sur les optimisations et les synergies que peuvent apporter la fusion.

En Alsace, vous créez un nouveau groupe dont le poids dans l’appellation est désormais très important, puisqu’il représentera à lui seul 17 % des ventes…
Pierre Olivier Baffrey : Bestheim et Woflberger sont perçues comme de très grosses entreprises par le poids qu’elles ont en Alsace. Bestheim fait 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et Wolfbeger 60 millions. Grand Chai de France aujourd’hui, c’est plus d’un milliard d’euros. À nous deux, nous n’en faisons que 110, nous ne sommes donc qu’une PME, même si cette fusion nous hissera dans le top 5 ou le top 10 des premières caves coopératives françaises, à l’échelle des grands groupes internationaux du vin, nous resterons modestes. Par ailleurs, nous avons beau représenter 2700 hectares, il faut retenir que derrière cette surface, il existe 600 petites exploitations avec des vignerons qui sont des artisans et qui peaufinent leurs parcelles. Enfin, ce n’est pas parce que nous sommes une grosse structure que nous ne pouvons pas aussi produire de petites cuvées, avec des parcelles vinifiées séparément, qui nous servent de fer de lance en termes de notoriété et qui obtiennent souvent beaucoup de récompenses.

Quel bilan tirez-vous de 2023 ?
Hervé Schwendenmann :  En termes de volumes, l’exercice ne nous a pas posé beaucoup de soucis. Ils ont été tirés par les crémants, alors que les vins tranquilles sont en léger recul. Les prix de vente étaient satisfaisants, mais les charges, compte tenu de l’inflation, ont beaucoup augmenté.

Pierre Olivier Baffrey : Chez Bestheim aussi nous sommes satisfaits. Nous avons une légère régression de volume par rapport à 2022, qui avait battu le précédent record de 2019. Cette baisse est d’ailleurs liée à des arbitrages volontaires sur des marchés. En revanche, le chiffre d’affaires n’a pas baissé.

Face aux nouvelles attentes du consommateur qui préfère de plus en plus les blancs aux rouges, l’Alsace est bien positionnée…
Pierre Olivier Baffrey : À l’inverse des autres régions françaises, les rouges alsaciens sont en progression. Peut-être parce que nous ne produisons que des pinots noirs, donc des rouges plus légers, même s’ils sont devenus plus charpentés que par le passé. Leur belle acidité leur donne une fraîcheur recherchée. Ils correspondent ainsi aux nouvelles attentes du marché. Quant aux blancs, nous élaborons essentiellement des blancs secs ce qui, là aussi, nous positionne favorablement. Ils sont encore plus dans l’ère du temps en cette période de Dry January où il faut boire exclusivement des vins secs !

Hervé Schwendenmann :  Il faut noter aussi la belle progression des Crémants. En 2023, on a pu observer un décrochage des champagnes parce qu’ils ont augmenté leurs prix de manière importante en peu de temps. Aujourd’hui, nos crémants ont un très bon rapport qualité prix, trop bon même à mon sens. Le fait aussi que 60 à 70 % de notre appellation crémant soit produite par seulement cinq ou six entreprises a permis d’avoir une force de frappe plus importante sur les marchés et des moyens dédiés plus conséquents. Rappelons que Wolfberger représente 20 % des crémants d’Alsace, et Bestheim autant.

Pierre Olivier Baffrey : Cette consommation des crémants s’inscrit aussi dans une modification du mode de consommation, avec un engouement pendant le covid, lequel n’a été cependant qu’un amplificateur de ce qui avait démarré déjà avant, à savoir la déstructuration des repas. On le voit nous-mêmes, lorsque nous faisions des réunions. Autrefois, nous finissions par un repas à table, aujourd’hui, elles se concluent par un cocktail apéritif déjeunatoire, où on boit plus facilement des bulles. De plus, étant donné les politiques répressives sur l’alcool, les vins qui suivent normalement sur le repas passent à la trappe. 

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Le vin bio ne connaît pas la crise

Malgré la crise des secteurs du vin et du bio alimentaire, la filière du vin bio affiche sa bonne santé en maintenant sa croissance. En marge du salon Millésime Bio, SudVinBio a interrogé les acheteurs via une étude lancée avec le cabinet spécialisé Circana. Compte-rendu.  

En 2024, Montpellier est toujours “The place to be… bio”. Les 29, 30 et 31 janvier au Parc des Expositions, le salon Millésime Bio 31e du nom s’apprête à accueillir le monde du vin bio. Un rendez-vous incontournable malgré la crise du secteur du vin et du bio alimentaire. « La filière du vin bio fait mieux que résister, reconnaît Nicolas Richarme, président de SudVinBio, association interprofessionnelle des vignerons bio d’Occitanie (1100 vignerons et coopérateurs ainsi que 45 metteurs en marché) qui a créé de toutes pièces le salon. Elle maintient sa dynamique de croissance avec un chiffre d’affaires de 1,463 milliard d’euros, en hausse de 6,3 % en 2022. » Notamment sur les circuits de vente directe (+5%), du CHR (+12%) et des cavistes (+8%). A contrario, la GD enregistre une baisse de 7%. Si les chiffres 2023 n’arriveront que dans quelques mois via l’Agence Bio, la tendance est à l’optimisme. « Il ne faut pas oublier que les ventes de vin bio ont triplé depuis 2012 et que les volumes sont eux aussi en hausse », prolonge l’intéressé qui est aussi vigneron en bio au Château de Bastet en Vallée du Rhône. A l’heure où le marché du vin est frappé par la déconsommation et celui du bio alimentaire par le recul du pouvoir d’achat, l’association a voulu comprendre, via une étude lancée avec le cabinet spécialisé, Circana, les singularités d’une filière à contre-courant des dynamiques structurelles.  

Des consommateurs plus jeunes en quête de pédagogie 
A la lecture des résultats, les tendances sont bien marquées avec des profils d’acheteurs de plus en plus jeunes (les moins de 25 ans notamment) et de classes sociales diverses et variées (CSP- et inactifs principalement) : 39% des acheteurs de vin bio ont acheté leur première bouteille de vin bio au cours des 12 derniers mois et 37% ont augmenté leurs achats dans le même laps de temps. « On a conscience que c’est surtout la jeune génération qui porte la consommation et c’est une tendance qui va se poursuivre, argue Jeanne Fabre, présidente du salon Millésime Bio. Le jeune amateur de vins boit certes moins en quantité mais il sélectionne beaucoup plus ce qu’il met dans son verre et n’est pas près de tourner le dos au bio. » C’est pourquoi les commerces de proximité et la vente directe sont plébiscités. « Les vins bios doivent absolument s’accompagner d’une pédagogie afin d’expliquer au consommateur comment le vin est fait et pourquoi le prix est plus élevé, notamment en raison des contraintes de production », prolonge Nicolas Richarme. 71 % des acheteurs de vin bio se disent d’ailleurs motivés par des préoccupations environnementales et ils sont aussi 33 % à expliquer qu’ils achètent du bio de façon passive. « Avant, on vendait du bio parce que c’était du bio mais aujourd’hui, c’est la qualité qui prime », commente Jeanne Fabre. 

Un site dédié à la vulgarisation du vin bio 
Dans la tendance des circuits de consommation, on voit bien que le CHR est un marché stratégique puisqu’un verre de vin bio sur quatre est consommé hors du domicile (84% au restaurant, 39% en bar à vin et 32% en brasserie). « Mais les acheteurs attendent encore plus de bio et demandent plus de précision dans les sélections chez les cavistes et une meilleure mise en valeur sur les cartes des établissements spécialisés », analyse Nicolas Richarme. Au niveau du prix, on remarque également une tendance de valorisation plus juste. 27% des acheteurs de vin bio estiment qu’il est indispensable qu’un vin soit bio entre 5 et 10 euros, le pourcentage monte à 36% au-dessus de 15€. « Le prix est un marqueur d’excellence pour le consommateur : plus ils recherchent de la qualité et plus ils considèrent que le vin doit être bio », poursuit Jeanne Fabre. Pour celles et ceux qui désirent en savoir plus sur le vin bio, l’association a même lancé le site www.levinbio.fr en début d’année. « Nous avons voulu créer un espace de vulgarisation pour le consommateur mais aussi pour le professionnel en quête d’informations claires sur le bio, conclut le président de SudVinBio. On y trouve des articles pédagogiques et des interviews qui permettent de comprendre pourquoi il est important de soutenir le bio ainsi que des chiffres-clés, des études et des données règlementaires concernant notre filière. » 

Plus d’infos sur le site : https://www.millesime-bio.com/ 

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[Entretien] Laurent Delaunay, nouveau président des Vins de Bourgogne

Élu seul président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) en décembre dernier après avoir occupé la co-présidence pendant deux ans avoir François Labbé, le négociant Laurent Delaunay (maison Delaunay Vins & Domaines) nous présente les grands axes de son mandat et les perspectives d’avenir pour la filière bourguignonne.

Vous avez déclaré vouloir placer votre présidence sous le signe de l’engagement environnemental et climatique. Plus précisément, quel est le cap que vous souhaitez donner pour les vins de Bourgogne ?
Le sujet qui domine tous les autres, c’est en effet l’adaptation au changement climatique. J’ai presque 35 ans d’expérience dans la filière, et ma génération est celle qui a réellement ressenti dans son quotidien les effets de ce changement. Il y a encore trois décennies, on n’en parlait pas, même si l’on commençait à voir des choses que ni nos grands-parents, ni nos parents n’avaient pas vécues. Je pense au millésime 2003 qui a été un premier moment de prise de conscience pour tout le monde. On a vu progressivement les raisins devenir systématiquement mûrs, les vins plus concentrés, la chaptalisation a pratiquement disparu… Cela n’a pas que des effets négatifs mais on a commencé à s’interroger sur la façon dont on allait conserver de la finesse et de la fraîcheur dans nos vins. Nos vignerons ont apporté des réponses techniques, dans la conduite de leurs vignes, dans les dates de vendanges, dans l’intégration de grappes entières, mais le phénomène est désormais global et plus personne ne peut l’ignorer : les dates de vendanges ont avancé en moyenne de deux semaines et demi, les hivers sont plus doux, les cycles plus précoces avec la menace des gels de printemps, les aléas et accidents climatiques sont de plus en plus fréquents et extrêmes… Nous avons fait une grande étude au sein du BIVB sur les rendements globaux de la Bourgogne depuis les années 1960 : globalement ils sont assez réguliers, sauf depuis les 10 dernières années où l’on constate des irrégularités très marquées à cause des effets de ce changement climatique. Cela nous a amené, il y a trois ans, à consacrer davantage de moyens à la recherche autour de ces phénomènes et de la meilleure façon de s’y adapter. Notre priorité est avant tout d’assurer la pérennité de notre vignoble, de nos récoltes, et de continuer à produire du vin dans cinquante ans. Le pôle technique du BIVB mène de front près de 70 projets, dont les deux tiers sont liés aux sujets du changement climatique, des méthodes culturales, du matériel végétal, des porte-greffes, du dépérissement, de la résistance aux maladies, etc.

Tout cela constitue un énorme chantier…
Oui, et lorsque j’énumère tous ces travaux, ils se concentrent sur les conséquences du changement climatique et sur la façon de s’y adapter. Il faut aussi travailler sur les causes. Elles sont clairement identifiées et elles sont fortement liées à nos émissions de gaz à effet de serre. Individuellement, on peut se dire qu’on a peu d’impact et qu’on ne va pas changer les choses. Mais collectivement, on sait que la somme de nos efforts peut faire la différence. La mère de toutes les batailles, on l’a officiellement désignée au cours d’une assemblée générale en juin dernier : on a défini un plan « Objectif Climat » qui prévoit une réduction drastique des émissions de CO2 au sein de la filière bourguignonne : on émet actuellement environ 380 000 tonnes de gaz carbonique par an, notre objectif est de descendre à 180 000 tonnes d’ici 2035, soit une baisse de -60%. On veut arriver à la neutralité carbone, les 40% restants équivalant à la réalité incompressible de notre activité, que l’on tâchera de compenser en fixant du carbone dans nos territoires. C’est notre projet phare, transversal, qui entraîne tous les opérateurs de la filière, bien sûr tous les services de l’interprofession et qui nous mobilise fortement pour les décennies à venir.

Vous avez abordé la question du végétal, qui est particulièrement sensible en Bourgogne : l’identité du pinot noir et du chardonnay, cépages emblématiques, est clairement en première ligne face au réchauffement climatique.
On a lancé beaucoup de travaux sur ce sujet au sein de notre pôle technique, qui va du dépérissement du vignoble, de la qualité sanitaire de nos plants, de nos sélections clonales à la réflexion sur de nouveaux porte-greffes mieux adaptés. On a mis en place plusieurs conservatoires de cépages, on s’intéresse de nouveau à d’anciennes variétés bourguignonnes quasiment disparues… Il ne s’agit pas de remplacer le pinot noir et le chardonnay : nous entendons bien rester à long terme la région de référence pour les grands chardonnays et les grands pinots noirs. On entend souvent de l’inquiétude, que ce soit dans le vignoble ou sur les marchés, mais je suis convaincu que l’on va réussir à s’adapter, à condition de savoir se remettre en question, d’adapter nos méthodes de travail, sur les couverts végétaux, la gestion de l’eau, etc. Je suis très optimiste, mais c’est le sujet qui doit tous nos mobiliser dans les années qui viennent.

En tant que président de l’interprofession, vous avez aussi nécessairement une vision commerciale, à un moment où la tendance est certes favorable aux vins de Bourgogne, mais où une grogne monte concernant les prix, et où l’ensemble de la filière vin se voit très chahutée…
Je n’ai pas de leçons à donner aux différents opérateurs, mais il est clair que le sujet récurrent est celui de nos prix. Dans un contexte où l’économie allait bien, ce n’était pas un sujet, les prix ont augmenté de façon quasi ininterrompue depuis vingt ans, mais dans un contexte où tout semble se tendre (pas seulement au niveau français ou européen mais dans le monde entier), le sujet du prix des vins est extrêmement sensible. Nous venons, avec 2022 et 2023, d’enchaîner deux millésimes généreux en volume, et cela devrait permettre de marquer une pause dans ces augmentations de prix et de repartir sur une nouvelle base. On arrive sans doute au bout d’un cycle. Mais les fondamentaux qui ont fait le succès de la Bourgogne ces dernières années restent inchangés : la qualité des vins (en particulier « grâce » au changement climatique) n’a cessé de s’améliorer, la maîtrise technique dans le vignoble est plus élevée que jamais, et le goût des consommateurs semble aller vers toujours plus de finesse, d’élégance, de fraîcheur, de fruit, ce qui favorise particulièrement le pinot noir. Du reste, la Bourgogne demeure une petite région de production à l’échelle mondiale avec une grande largeur de gamme, la demande reste forte et cela devrait continuer, dans un dialogue constructif entre viticulture et négoce.

Nous sommes à deux mois des Grands Jours de Bourgogne, rendez-vous professionnel qui permet tous les deux ans à la Bourgogne de rayonner. Dans un contexte compliqué tel que l’on vient de l’évoquer, cet événement tombe à point nommé pour faire passer les bons messages ?
Vous avez raison, c’est un rendez-vous stratégique. Pour l’instant les choses se présentent pour le mieux : le visitorat s’annonce élevé, prouvant que l’engouement pour la Bourgogne ne se tarit pas. Ces dernières années, notre message était un peu « nous sommes ravis de vous recevoir mais on n’a pas beaucoup de vin à vendre ». Cette année, bonne nouvelle : nous sommes toujours heureux de recevoir les professionnels du monde entier mais en plus, il y a du vin dans les caves, la qualité des 2022 et 2023 est excellente, et la mécanique des marchés devrait rendre à la fois ces vins plus disponibles et plus abordables – ce que l’on nous demande depuis 20 ans. Donc indéniablement, les astres sont alignés.

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Le bonheur des vins à maturité

Comme chaque année, le salon Apogée a permis aux premières semaines de janvier de se plonger avec délice dans le monde des vins mûrs. Une trentaine de vignerons ont choisi dans leur production trois millésimes de plus de dix ans qu’ils considèrent prêts à boire. Ils les ont présentés en personne, et souvent en magnums. 

Ils étaient exactement 33, les vignerons venus présenter leurs millésimes à maturité. De toute la France, ainsi que quelques européens, dont le Brunello di Montalcino La Fiorita. On a pu découvrir un original rosé des Riceys de 1986 du domaine Alexandre Bonnet , qui n’avait plus de rosé que le nom, et apprendre qu’à cette époque le gamay accompagnait encore le pinot noir dans les vins tranquilles de Champagne. Clin d’œil aux vins orange aujourd’hui à la mode, il a été élaboré avec des raisins entiers macérés pendant trois jours. On peut acheter actuellement le 2020 à 44 €, qui sera à son apogée bien avant, entre cinq et dix ans devraient suffire. Fidèle parmi les fidèles des millésimes prêts à boire, Pierre Gassmann présentait une gamme passionnante d’alsaciens du domaine Rolly Gassmann dont le plus jeune était un 2011. Respect pour les vendanges tardives de pinot gris 1996, Rotleibel de Rorschwihr en grande forme (31 €). 

Apogée, une cause à défendre
« Il faut l’attendre quelques années » : cette phrase tout le monde l’a entendu prononcer par les vignerons et aussi par son père et certains marchands de vin. Ils avaient la sagesse de faire attendre leurs bouteilles pour les ouvrir au bon moment. Au salon Vinapogée tous les vignerons viennent pour dans un esprit quasi militant, pour montrer que leurs vins méritent d’être attendus et êtres bus à leur apogée. Les visiteurs viennent principalement pour découvrir des vins inconnus et se laisser séduire par leur complexité. Quelques amateurs à la cave bien fournie viennent aussi déguster ce qu’ils ont dans leur réserve, afin de savoir si c’est le moment d’ouvrir leur trésor. 

L’Ebrescade du domaine Richaud
Marcel Richaud est le vignerons qui fait connaitre le petit village de Cairanne, aux porte de Vaison-La-Romaine dans le Vaucluse, aux amateurs du monde entier. Le village est devenu cru. Lui présente trois magnums qu’il a élaborés à l’Ebrescade, un terroir qu’il a défriché et planté avec conviction, au cœur des dentelles de Montmirail.  Les trois cépages mourvèdre, grenache, syrah sont idéalement fondus dans le 2005, aux parfums de sous-bois, la bouche pleine est exempte de toute lourdeur. Une vraie apogée. On peut lui préférer le 2006, un peu plus vif ou encore le 2007, complet et fin, sur lequel les fûts neufs de 600 litres – une expérimentation non renouvelée au domaine – ont peut-être apporté un supplément de structure qui lui permettront d’attendre encore plusieurs années. On trouve au domaine le 2021 (25 €, 51 € le magnum). 

Le Languedoc d’Alain Chabanon
« Il faut savoir prendre son temps. Un grand vin doit être encore meilleur à 10-15 ans. L’immédiateté nuit à la grandeur » tel est le credo d’Alain Chabanon. Le vigneron de Montpeyroux (Cru du Languedoc, Hérault) aime aussi les vieilles vignes dont on a besoin pour faire de grands vins. Son premier millésime est 1992. On est séduit par son blanc de 2011, un vermentino/chenin blanc puissant en attaque, mais qui se révèle frais, léger et  fin en bouche (IGP Pays d’Oc). Son Saut de Côte 2012, un parcellaire mourvèdre syrah vinifié en œuf béton est fougueux et fin. Le plus abouti est l’Esprit de Font Caude en 2014 au fruit imposant mais droit, aux parfums nuancés qui se termine par une belle finale un rien salée aux notes de menthe (Languedoc Montpeyroux, 33 € le 2019). 

Alain Chabanon – AOC Montpeyroux ©I. Bachelard

Au Clos des Fées, vieillissement indispensable
Les vins du  Clos des Fées sont indissociables du salon Vinapogée car c’est justement son propriétaire Hervé Bizeul qui a eu l’idée de le créer, il y a neuf ans, avec  juste une poignée de vignerons. Fidèle à ses convictions, il garde toujours quelques cuvées et quelques millésimes pour pouvoir présenter et vendre des vins à leur apogée – le vigneron a commencé sa vie professionnelle comme sommelier, ne l’oublions pas. Il nous réjouit avec ses vieilles vignes (IGP Côtes Catalanes) de 2013, un vin majestueux au fruit mûr et gras, plein de vie, qui prouve que les blancs du sud peuvent faire bien plus que tenir la route (35 €). La Petite Sibérie, la cuvée la plus folle du domaine (Côtes du Roussillon-Villages) est en 2014 un vin complet et chaleureux, qui semble en route vers une apogée encore à venir (275 €, 200 € le 2020). Notre favori en ce moment est la cuvée classique Le Clos de Fées 2012 (Côtes du Roussillon-Villages), aux parfums riches, assez vifs et épicés. La bouche est patinée, parfumée de fruits noirs relevés d’une pointe de réglisse, avec juste ce qu’il faut de tanin en finale pour conclure avec élégance (85 €, 50 € le 2020). 

Hervé Bizeul et David Hairion ©I. Bachelard

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Moulin-à-Vent, 100 ans et un nouveau titre de gloire

Après Brouilly en 2022 et Côte de Brouilly en 2023, c’est le cru Moulin-à-Vent qui devient le meilleur gamay du monde à l’issue du 14è concours international du gamay, organisé par Inter Beaujolais et Armonia à Lyon, en janvier de chaque année. Un beau cadeau d’anniversaire pour les 100 ans de l’appellation. 

Ce samedi 13 janvier 2024, ce sont 181 dégustateurs qui se sont réunis pour départager des cuvées majoritairement françaises mais également suisses (avec 15 cuvées présentées), italienne (avec la cuvée de l’Institut Agricole Régional – Vallée d’Aoste en DOC Gamay) et pour l’outre-Atlantique, c’est le Brésil qui représente les Amérique cette année, à la place du Canada en 2023, avec une cuvée du Miolo Wine Group, « Wild Gamay Nouveau », en appellation Candiota.

811 échantillons ont été dégustés, 267 médailles attribuées dont 164 en Or et 103 en argent, avec le prix « mention spéciale du jury » pour le meilleur vin de Suisse, produit par le domaine des Charmes, avec la cuvée « Le Baron Rouge Vieilles Vignes 1er cru » sur le millésime 2022 et en AOC Coteau de Peissy.

Après une première sélection réalisée par les dégustateurs amateurs avertis et professionnels, un grand jury composé d’une sommelière, d’un professeur de sommellerie, d’un restaurateur, d’un caviste et d’un œnologue ont dégusté à leur tour les cuvées médaillées Or, à l’aveugle, pour en élire la meilleure.
Arnaud Chambost, MOF Sommellerie en 2000 et membre de ce grand jury, apprécie toujours autant ce concours, qui permet d’embrasser la diversité du gamay, ainsi que ses grandes capacités organoleptiques et sa capacité à exprimer son terroir. Avec ses collègues, il a élu cette année la cuvée Vieilles Vignes du domaine de Colonat, en appellation Moulin-à-Vent, en 2023.

Le gagnant : le domaine de Colonat, en Moulin-à-Vent
Thomas Collonge fait partie de la 7è génération de vignerons dans le Beaujolais. La famille exploite une douzaine d’hectares dans les crus, et Thomas est installé à Villé-Morgon avec des cuvées produits en Moulin-à-Vent, Morgon, Chiroubles, Régnié, Brouilly et Beaujolais blanc. Formé d’abord à Beaune en viti-oeno, c’est au gré des régions françaises et des pays du monde qu’il affine sa formation, de Châteauneuf-du-Pape à l’Australie en passant par Meursault. Revenu sur sa terre natale depuis 15 ans, il mène au domaine avec Julie un travail d’identification et de révélation des meilleurs terroirs de son domaine et proposent aujourd’hui cinq sélections parcellaires, trois en Morgon (Aux Pillets, Ruyère, Grands Terres) et deux en Moulin-à-Vent (Les Thorins et Les Greneriers).

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Malepère, exception en Languedoc

A l’ouest de Carcassonne, l’appellation Malepère n’a pas encore la renommée de ses voisines languedociennes. Pourtant, sa spécificité géographique et son particularisme de cépages en font une exception sans équivalent. Terre de Vins a fait un tour en Pays Cathare et vous livre quelques bonnes pioches.

Jeudi dernier, c’est l’effervescence devant le Dôme de Carcassonne. Pour l’ouverture de la 6e édition du festival du film politique, la cité audoise a déroulé le tapis rouge à une pléiade de stars du cinéma comme Vincent Lindon et Ken Loach. Ce jour-là, un autre acteur de la culture locale est au rendez-vous : l’AOP Malepère. En marge de ce grand rendez-vous, l’appellation reconnue en 2007 a décidé de remettre les professionnels autour de la table afin de faire parler de cette “Exception océanique en Languedoc”. Un slogan que les producteurs se sont appropriés pour communiquer et se démarquer. « C’est notre identité et nous en sommes fiers, explique Dominique Parayre, vigneron au Domaine de la Sapinière. Il n’y a pas une autre appellation languedocienne avec de telles spécificités de lieu et de cépages. Ce qui marque à la dégustation, c’est la fraîcheur et la concentration dans les vins. » 

Mixité atlantique et méditerranéenne
Dans les faits, l’AOP s’étend sur 39 communes, des portes de Carcassonne au seuil du Lauraguais jusqu’au piémont pyrénéen. En tout, 17 caves particulières et 2 coopératives composent la mosaïque de ce territoire abritant une zone Natura 2000 exceptionnelle. Les vins rouges et rosés de l’AOP Malepère se différencient des autres appellations du Languedoc par la prédominance dans les assemblages de cépages dits atlantiques : merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon, malbec. « La rencontre entre le climat atlantique et méditerranéen offre une mixité comme nul autre pareil dans la région, prolonge Guillaume Barraud, directeur des domaines Gérard Bertrand. On retrouve cette originalité dans les vins sur une trame alliant la fraîcheur mentholée, une souplesse des tanins et une concentration sur la cerise et les fruits noirs. » Pour s’en rendre compte, Terre de Vins a participé à une dégustation de 35 échantillons de vin rouge au siège historique de Malepère, à Alaigne et voici notre top 7 : 

Domaine La Louvière
L’Empereur 2020
AOP Malepère
Un énorme coup de cœur pour ce vin puissant, complexe et voluptueux marqué par un élevage long (24 mois) mais subtil qui lui confère ce caractère hors norme. On y retrouve tout ce qui fait la force de Malepère : fraîcheur, finesse et équilibre sur des arômes de liqueur de cerise, de clou de girofle, d’eucalyptus et une pointe de poivron bien mûr. L’entrée de bouche est souple, les tanins soyeux et la finale marquée par le pain grillé. La légère sucrosité donne encore plus de charme à l’ensemble. Un vin pour têtes couronnées : Royal !  
18/20
35€ TTC prix public

Château de Belvèze
Cuvée Fût de Chêne 2019
AOP Malepère
Une matière charnue sur un fruit noir juste séveux ajoutée à des notes chocolatées gourmandes domine cette cuvée où le merlot pèse de tout son poids. Le tout sur des tanins finement structurés et une finale très rafraîchissante qui donne à saliver. Les épices et les noisettes grillées viennent terminer l’opération séduction. Un grand vin qui a encore le temps de s’affiner pour gagner en maturité mais qui fait déjà preuve d’une belle harmonie. Sublime !
17,5/20
8,70€ TTC prix public 

Domaine de la Soujeole
Grand Vin 2021
AOP Malepère
Souvent millimétré chez Gérard Bertrand, l’élevage de ce Grand Vin est un modèle du genre avec un soupçon de vanille pour porter le fruit noir, la pointe de chocolat et une touche de moka. Un vin tout en concentration avec une superbe accroche tannique et une structure précise mêlant épices, griottes et finale mentholée. Le toasté final vient allonger la sensation de plaisir et laisse augurer d’une capacité à voyager dans le temps. De toute façon, le 2021 n’est pas encore à la vente, en revanche, vous pouvez trouver le 2017, 2018 et 2019 à vente. Ce dernier, plus méditerranéen, est aussi un Grand Vin, assurément !
17/20
31 € TTC prix public

Domaine de la Sapinière
Saint-Alix 2020
AOP Malepère
Une cuvée qui laisse exalter le fruit (griotte, cassis) avec caractère, générosité et gourmandise. Pas d’élevage en barriques pour ce Saint-Alix mais du peps, de la fraîcheur, de la complexité et un caractère truffé bien marqué, véritable marqueur des vins de la Sapinière. Tout comme ce côté plus méditerranéen avec du grenache dans les assemblages qui est un peu la marque de fabrique de ce domaine si particulier dans le paysage Malepère (la Croisée des Vents en IGP Cité de Carcassonne est remarquable !). C’est d’une droiture insolente sur une bouche ample et charmeuse. Du plaisir, de la minéralité et une bonne dose d’épices forment ce tableau du maître Parayre. Succulent ! 
16,5/20
14 € TTC prix public

Château de Cointes
Clémence 2021
AOP Malepère
Le nez explose d’arômes d’humus et de sous-bois puis la bouche, élégante, vient livrer une partition sur les fruits cuits (pruneaux) et les notes fumées. Un élevage bien marqué mais intégré permet de profiter d’une chair consistante et charnue sur des tanins d’une belle finesse. La fin de bouche tout en fraîcheur a beaucoup d’envergure et une petite amertume qui fait saliver. Encore quelques années en cave et Clémence se fera vite un nom.
16/20
13€ TTC prix public

Château de Serres
Tallavignes 2020
AOP Malepère
Séduction garantie pour cet assemblage merlot-cabernet franc-cabernet sauvignon tout en concentration et en maturité. On plonge rapidement dans une corbeille entre baies noires et fraises des bois, soulignée par une légère douceur et relevée par des notes de muscade et de cardamome. Les tanins, soyeux, impriment le palais avec gourmandise et les notes empyreumatiques et torréfiées structurent la finale. Une vraie belle découverte !
16,5/20
13.50€ TTC prix public (le 2019 est encore disponible à la vente au caveau à Carcassonne au même prix)

Anne de Joyeuse
Lassalle 2021
AOP Malepère
Un nez très floral sur la violette et le poivre noir puis on bascule rapidement en bouche sur la rondeur et les fruits rouges. Un vin qui “pinote” où la cerise burlat séduit par sa douceur et sa légère sucrosité que les tanins satinés viennent relever. On navigue ensuite sur quelques notes tertiaires, la réglisse et le clou de girofle. Une cuvée pleine de gourmandise dans le style Anne de Joyeuse. Séduisant.
15/20
6,50€ TTC prix public

Plus d’infos sur le site : https://www.aop-malepere.fr/

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Le Soufre Coupé du Château de Valcombe

Le Château de Valcombe aime sortir des sentiers battus. De la commune de Générac dans les Costières de Nîmes, des originalités sortent des chais, notamment Le Soufre Coupé (12€), comme son nom l’indique une cuvée sans soufre et qui tient sacrément la route. 

C’est d’abord une famille et un territoire, les Ricome et les Costières de Nîmes. Les générations se succèdent en ce lieu et de nouvelles cuvées naissent en fonctions des envies, des convictions, des époques aussi. Le coup de cœur est pour Le Soufre Coupé avec un clin d’œil sur l’étiquette à un sport étrange dans lequel il consiste à avancer en se faisant des passes en arrière. Pire, le ballon est ovale. Bref, pour en revenir à la cuvée, c’est un 100% syrah bio en Vin de France. Ce vin est issu de coteaux exposés plein sud dominant les étangs de Camargue. C’est un terroir calcaire qui délivre de la fraîcheur pour un vin réalisé en cuve ciment sous levures indigènes et sans ajout de soufre. Aucune fermentation post-fermentaire pour préserver la pureté du fruit. Dès le nez, le vin est sapide, la bouche est une gorgée de fruits noirs, du bigarreau au cassis frais en passant par la tarte aux myrtilles. C’est un vin plaisir, pour amorcer une partie de palets ou de pétanque. 

On mange quoi avec ? Une Assiette de tapas

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Un nouveau président et de grandes ambitions pour le Centre du Rosé

Le Centre du Rosé pose de nouvelles bases à l’occasion de son changement de président. Jean-Jacques Bréban, qui succède à Bernard Angelras après cinq ans de mandat, a de grandes ambitions pour le centre de recherches, à commencer par celles de la clarté et de la communication. 

Jean-Jacques Bréban, président directeur général de la société de négoce éponyme basée à Brignoles et président à trois reprises de l’interprofession des vins de Provence depuis 2006, a profité de son arrivée à la présidence du Centre du Rosé pour revoir la gouvernance et lui donner les moyens de ses ambitions. Il s’agit d’abord d’impliquer davantage les membres fondateurs tels que l’interprofession, les syndicats d’appellations, les ODG et la Chambre d’Agriculture du Var. Celle-ci vient d’élire un nouveau président, Sylvain Audemard, vigneron à Besse-sur-Issole près de Brignoles. « La disparition en décembre dernier de Fabienne Joly a été un tsunami pour la filière – elle a été très impliquée dans le Centre du Rosé pour en avoir été la présidente jusqu’en 2019, déclare Jean-Jacques Bréban. Notre chance est que le nouveau président soit aussi un vigneron qui aura à cœur de défendre les intérêts de la filière. Ma nomination est également l’occasion de rebattre les cartes pour le Centre du Rosé afin que les membres fondateurs soient plus plus actifs, à la fois financièrement et physiquement car on peut pas vivre uniquement de subventions ».

Études innovantes et ouverture à l’extérieur
Le Centre va s’appuyer désormais sur plusieurs collèges : la Chambre d’Agriculture, une commission plus technique avec œnologues, ingénieurs agro, et les compétences de l’IFV (Institut Français de la Vigne et du Vin), une commission institutionnelles avec le CIVP, les ODG et les syndicats des AOP et de l’IGP Var, un nouveau collège composé des différentes familles de la filière : négociants, coopératives, vignerons indépendants, et bientôt, un collège d’associés utilisateurs accessible aux entreprises de matériel viticole, matières sèches, levures, startups, et autres régions viticoles, françaises ou étrangères … « Il faut relancer des études scientifiques innovantes avec une R&D impliquant tous les acteurs et en phase avec le terrain. Nous avons besoin de prospectives pour anticiper les tendances et faire face à la baisse de consommation des vins, y compris des rosés, pour travailler sur différents profils et pas seulement sur les rosés d’apéritif, mais aussi avoir une communication plus active en collaboration avec l’interprofession qui a des moyens pour cela, ne serait-ce que pour expliquer à quoi est employé l’argent, et redonner au Centre un rayonnement international : qu’il ne reste pas varo-varois mais qu’il soit ouvert aux commandes extérieures, même si la Provence restera bien sûr prioritaire, et qu’il diffuse largement ses études ». 

©DR

Des forces vives et un nouveau Centre
Le directeur du centre Gilles Masson, à la tête d’une équipe de 9 personnes, se dit « ravi par cette nouvelle énergie et ce regain d’ambition avec des méthode de travail plus rapprochées et cadencées, des objectifs définis à court et moyen terme et surtout une plus grande clarté de fonctionnement. On sent déjà un noyau de forces vives autour du président qui connaît bien les marchés. On recentre à la fois la gouvernance autour de la Provence mais on ne travaille pas en vase clos, on se donne les moyens d’une ouverture à des conditions précises à de nouveaux adhérents. Tout cela devrait permettre un suivi des dossiers en profondeur, en particulier pour continuer à séduire les consommateurs ».
Autre grand dossier dont hérite Jean-Jacques Bréban : le projet de nouveau Centre du Rosé qui s’étire en longueur depuis les premières discussions lancées en 2010. « Nous en avons besoin, ce n’est pas juste un nouveau bâtiment pour nous faire plaisir » insiste le président. Après plusieurs changements de localisation (deux terrains avaient déjà été achetés avant le dernier à la sortie de Vidauban), il semblerait que le dossier soit en bonne voie. « Nous avons déjà quelques esquisses de l’architecte. L’objectif 2024 est le dépôt de permis mais il reste encore quelques arbitrages à caler avec le nouveau préfet [Philippe Mahé] qui vient d’arriver ». Gageons que les nouvelles ambitions du Centre du Rosé trouveront cette année écrin à leur pied de vigne.

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Alsace : Bestheim et Wolfberger, le rapprochement se confirme

Les deux grandes unions coopératives alsaciennes,  Bestheim et Wolfberger, annoncent leur rapprochement. La fusion sera soumise à l’approbation des vignerons adhérents des deux entités en 2025.

La rumeur courait depuis des mois entres les hautes rangées de vignes des coteaux alsaciens. C’est chose officielle, les Conseils d’administration de Bestheim et de Wolfberger, annoncent s’engager dans un « processus de rapprochement de leurs structures pour développer l’attractivité des vins et des terroirs d’Alsace et pour accompagner leurs vignerons adhérents dans la pérennité et la modernisation de leurs activités viticoles ».

Une telle réunion n’est pas anodine, quand on sait que Bestheim a commercialisé plus de 12 millions de bouteilles en 2023, dont la moitié en Crémant d’Alsace et que Wolfberger a réalisé un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros sur la même période, en expédiant dans plus de 50 pays.

Le succès d’une structure commune

« Le système coopératif a été conçu pour permettre l’accomplissement de chacun à travers le succès d’une structure commune. Actuellement, le marché se reconfigure et nous sommes déterminés à déployer tous les moyens disponibles pour accompagner les exploitations de nos adhérents. Ensemble, nous voulons bâtir un projet économique, environnemental et social ambitieux », explique Pierre-Olivier Baffrey, président de Bestheim. Hervé Schwendenmann, président de Wolfberger, confirme que « fortes de leurs deux modèles économiques parfaitement complémentaires, les deux entités vont mettre en commun les expertises et les talents de leurs équipes pour mener conjointement les investissements importants et indispensables pour se projeter dans un futur toujours plus exigeant à tous les niveaux ». 

Plus de 600 vignerons

Basé à Benwihr (Haut-Rhin) Bestheim est né de la cave coopérative de Benwihr et de regroupements successifs. Elle regroupe 325 vignerons répartis sur 1 400 ha du nord au sud de l’Alsace. Connue depuis 1902 Wolfberger est né de la réunion des caves Wolfberger d’Eguisheim (Haut-Rhin) et Krossfelder à Dambach-la-ville (Bas-Rhin) et réunit 300 vignerons sur 1 250 ha. Ensemble, Bestheim et Wolfberger portent les couleurs de l’Alsace à travers quatre marques, Wolfberger, Bestheim, Willm et Lucien Albrecht.

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