Beauséjour HDL : un fauteuil pour trois

Alors que la vente du château Beauséjour Héritiers Duffau-Lagarrosse, Premier Grand Cru Classé de Saint-Émilion, doit connaître son épilogue la semaine prochaine après plusieurs rebondissements, retour sur les forces en présence : trois dossiers ambitieux dont un seul raflera la mise.

C’est le feuilleton qui captive Saint-Émilion depuis de très longues semaines : qui mettra la main sur le château Beauséjour Héritiers Duffau-Lagarrosse ? Cette propriété d’un peu moins de 7 hectares, située sur le plateau calcaire de Saint-Émilion est reconnue Premier Grand Cru Classé depuis le classement de 1955, est dans les mains de la même famille depuis 1847. Mais la multiplicité des actionnaires familiaux a conduit à sa mise en vente, qui en novembre dernier semblait actée. Mais un passage entre les mains de la Safer (Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural) a ouvert la porte à d’autres candidatures au rachat de la propriété, entraînant une série de rebondissements dont Terre de Vins s’est fait l’écho. Trois candidats sont aujourd’hui sur les rangs pour reprendre Beauséjour HDL. Alors que la commission de validation de la Safer devait entériner la semaine dernière l’avis du comité technique rendu le 19 mars en faveur de l’un des trois dossiers, l’affaire a finalement été renvoyée devant le Conseil d’Administration de la Safer Nouvelle-Aquitaine, qui selon nos informations, se réunira le 7 avril. Alors que le caractère explosif et hautement concurrentiel de cette transaction – d’un montant estimé à 70 millions d’euros – a pu entraîner petites phrases et fausses informations dans la presse, on recentre le débat sur l’essentiel : le profil des trois parties en présence.

Famille Cuvelier, le choix des actionnaires
En novembre dernier, c’est à près de 92% que l’actionnariat familial du château Beauséjour HDL s’est exprimé en faveur d’une vente à la famille Cuvelier, déjà propriétaire (entre autres) de Clos Fourtet. Le passage entre les mains de la Safer impliquant l’installation d’un “jeune agriculteur” sur le domaine, les Cuvelier ont placé en première ligne Grégoire Pernot du Breuil : 35 ans, fils d’agriculteurs en Dordogne, ce dernier travaille au côté de Nicolas Thienpont depuis 2015, sur les propriétés de ce dernier mais aussi sur les crus classés dont il a la direction – Beauséjour, mais aussi Pavie-Macquin et Larcis-Ducasse. Il explique : “la famille Cuvelier, très impliquée à Saint-Émilion, sait qu’il faut quelqu’un à 100% sur la propriété. C’est pourquoi ils m’ont proposé de piloter ce projet. Ils ne souhaitent pas renverser la table, mais continuer en douceur ce qui a été déjà amorcé depuis plusieurs années à la propriété avec Nicolas Thienpont. Nous ne voulons toucher ni à l’intégrité du vignoble, ni à son nom. C’est un immense terroir doté d’un fort potentiel, que nous voulons hisser encore plus haut. Nous partageons une vision commune de l’avenir de Beauséjour et une communion de valeurs”. Leur projet passe par un engagement environnemental – passage rapide en bio, refuges de biodiversité – et un ancrage “local et solidaire” au niveau des prestataires. Grégoire Pernot du Breuil se dit “prêt à se retrousser les manches” pour tous les dossiers qui vont se succéder, si le choix se porte en faveur de leur candidature : prochain classement de Saint-Émilion, diagnostic technique pour le passage en bio, campagne primeurs, et bien sûr suivi du vignoble à un moment où le cycle végétatif de la vigne s’enclenche au printemps.

Stéphanie de Boüard-Rivoal, avantage Safer
Stéphanie de Boüard-Rivoal, co-propriétaire et directrice générale de Château Angélus, s’est portée personnellement candidate au rachat de Beauséjour HDL. Elle a bénéficié de l’avis favorable de la commission technique de la Safer rendu le 19 mars dernier et semblait donc en bonne position pour remporter l’avis de la commission de validation, jusqu’à ce que cette dernière botte en touche. Volontairement discrète dans ses prises de parole, elle s’est exprimée dans nos colonnes afin de rétablir certaines vérités sur son projet, qui a pu être parfois présenté de façon erronée : “contrairement à ce qui a pu être écrit par endroits, il s’agit d’un projet personnel, que je porte avec mon mari et mes enfants, avec l’intention d’habiter sur la propriété et de la faire revivre”. C’est donc bien en son nom propre et non en celui de la famille De Boüard, ni d’Angélus, que Stéphanie s’est engagée. Déplorant “une campagne de dénigrement qui tente de me fragiliser par voie de presse, avec de fausses informations à mon sujet”, elle tient à préciser qu’il n’y a “aucune intention de faire fusionner Beauséjour avec un autre vignoble, et il n’y a aucune intervention de mon père (Hubert de Boüard, NDLR), si ce n’est qu’il me soutient dans ce projet. Je suis seule, sans personne derrière moi”. En attendant l’avis final de la Safer, Stéphanie de Boüard-Rivoal se déclare “confiante dans la qualité de mon dossier, qui est viable et sincère, et qui a été examiné, apparemment de façon favorable ; je ne vois pas pourquoi il y aurait machine arrière”.

Projet Courtin / Duffau-Lagarrosse, filiation et incarnation
Œnologue, ingénieure agro et titulaire du master Management Vins & Spiritueux de l’ESC Dijon, Joséphine Duffau-Lagarrosse ne pouvait rester insensible au fait que les quelque 6,75 hectares du Premier Grand Cru Classé qui porte son nom ne quitte définitivement la famille. “L’identité de Beauséjour, c’est son terroir exceptionnel et son âme familiale”, explique Joséphine. Mais, par le jeu des successions accouchant d’une trentaine d’héritiers ajouté au prix du foncier, rien n’était possible sans un investisseur solide à ses côtés. La rencontre avec Prisca Courtin (de la famille qui détient le groupe Clarins) fut décisive et permit de monter un projet auprès de la Safer (suite à la publication des appels de candidatures à la vente au Journal Officiel) : “Nous souhaitons porter ce cru au plus haut. Mon expérience peut permettre d’atteindre toujours plus de précision et de modernité dans les choix des vins et les techniques. Je connais chaque centimètre de ce domaine, c’est mon ADN”. Millésime 1990, Joséphine Duffau-Lagarrosse fait office de “JA” et deviendrait copropriétaire et directrice. “Je ne suis pas là pour taper sur les autres projets, je défends le mien, celui de l’incarnation. C’est cette connaissance pointue et ma présence accrue sur le terrain qui me permettront d’amener Beauséjour vers une démarche de viticulture de précision, durable et réfléchie. Cet engagement total, c’est aussi l’avantage de ne pas être pluriactif. Enfin, notre projet porte des enjeux de rayonnement et de renouvellement de la politique commerciale”, ajoute Joséphine.

Verdict le 7 avril prochain, sauf nouveau rebondissement.

Jean-Charles Chapuzet et Mathieu Doumenge

Cet article Beauséjour HDL : un fauteuil pour trois est apparu en premier sur Terre de Vins.

Wine Paris & Vinexpo Paris reporté du 14 au 16 février 2022

Ce n’était qu’une question de jours avant que cela soit officiel : le salon professionnel Wine Paris & Vinexpo Paris ne se tiendra pas en juin 2021 comme prévu. Il est reporté du 14 au 16 février 2022.

Terre de Vins vous l’annonçait dès lundi, le salon professionnel Wine Paris & Vinexpo Paris n’aura pas lieu en 2021. Face à la situation sanitaire, les organisateurs ont pris la décision de se projeter dès à présent sur le début d’année prochaine. L’événement aura lieu du 14 au 16 février 2022.

Dans un communiqué, l’équipe de Vienxposium déclare : “Cette décision de report, dictée à nouveau par le contexte sanitaire, a été prise en concertation avec des représentants de la filière, avec un constat partagé : les incertitudes qui perdurent ne permettent pas de garantir la réussite de cet évènement tel que reprogrammé au mois de juin. Wine Paris & Vinexpo Paris reste très attendu par l’ensemble des professionnels. L’implication de nos partenaires et les soutiens réaffirmés de nombre d’entre vous sont une force et insufflent déjà une dynamique décuplée à notre évènement en février 2022 ! Toute l’équipe est mobilisée pour faire de notre prochaine édition un moment de rencontres et de business mémorable pour l’ensemble des professionnels de la filière vins & spiritueux, accompagnant la reprise en février 2022.”

Cet article Wine Paris & Vinexpo Paris reporté du 14 au 16 février 2022 est apparu en premier sur Terre de Vins.

Champagne Lanson : cap sur les vignes

Alors que la Maison Lanson s’est dotée ces dernières années d’outils de pointe dans ses caves, c’est désormais par un suivi plus précis de son domaine viticole qu’elle entend pousser davantage encore la qualité de ses vins. Pour marquer ce nouveau cap, elle vient de créer un poste de Responsable Vignobles et Développement durable confié à une jeune ingénieure agronome, Mélody Stroh.

Depuis 2013, le champagne Lanson a réalisé des investissements très importants pour développer un outil capable de mieux valoriser la diversité des terroirs, avec en particulier la création d’une cuverie parcellaire et d’un chai à foudres. Dans la continuité de cette démarche, la Maison vient d’ouvrir un poste de “Responsable Vignobles et Développement durable”. “Aujourd’hui, c’est au niveau du vignoble qu’il faut pousser le curseur. Nous devons prolonger la philosophie qui a été développée en caves dans les vignes.” confie Hervé Dantan, son chef de caves. L’objectif est de mieux connaître les différentes parcelles, de renforcer la traçabilité, ce qui enrichira le travail d’assemblage, et de faire progresser la viticulture durable. “On essaie d’être le moins interventionniste possible à la cave et pour cela il faut que le raisin qui arrive soit irréprochable, tout en essayant aussi d’être le moins interventionniste au vignoble. Sur les vignes certifiées HVE depuis plusieurs années, on voit très bien l’évolution des vins, le retour de la salinité par exemple est remarquable !”

La mission a été confiée à Mélody Stroh. Cette jeune ingénieure agronome connaît déjà bien la maison. Elle a travaillé auparavant pour le cabinet de conseil Magister Champagne avec lequel elle avait participé à la mise en place de la structure collective de Lanson chargée d’accompagner les vignerons partenaires vers la certification HVE. Un service dont elle aura désormais la responsabilité en plus de la gestion technique du vignoble. Son bureau voisinant celui d’Hervé, ils travailleront main dans la main. Hors de question en effet d’envisager viticulture et œnologie de manière indépendante. Là-dessus, on peut faire confiance à Hervé, lui-même issu d’une famille de vignerons : “Je ne parle jamais vin sans parler vigne”. Mélody intègrera ainsi le comité de dégustation, ce qui lui permettra d’avoir une vision directe des résultats que produisent les changements des pratiques culturales sur les vins. Outre ses compétences viticoles, elle a d’ailleurs aussi son diplôme national d’œnologie.

La tâche qui attend Mélody est passionnante. La Maison dispose d’un domaine de 460 hectares dont 60 hectares en propre. Elle collabore avec près de 450 vignerons partenaires sur 100 crus, implantés dans toutes les grandes régions de la Champagne et desservis par un solide réseau de quatre pressoirs, les deux premiers à Trépail et Verzenay sur la Montagne, le troisième à Dizy dans la Vallée de la Marne et le quatrième à Loches-sur-Ource dans l’Aube. 50 % de ses approvisionnements sont issus des premiers et grands crus.

Mélody aura aussi en charge le domaine de la Malmaison à Verneuil. Sur cette pépite de 16 hectares bordée de bois, la Maison a profité de la concentration géographique des vignes qui permet d’être très réactifs, pour développer un vignoble certifié en bio et en biodynamie. Lanson y mène chaque année de nombreuses expérimentations (agroforesterie, essais de couverts végétaux…) L’objectif de Mélody sera d’ouvrir davantage ce domaine, dont le travail est à la fois trop méconnu du public et des professionnels. Pour cela, la maison mise sur l’œnotourisme et souhaite que des relations plus approfondies soient tissées sur le plan de la recherche, notamment avec les services techniques du Comité Champagne.

Depuis quelques années, on voit l’univers des caves se féminiser, un phénomène qui a jusqu’ici peu concerné les vignes. Au domaine de la Malmaison par exemple, on compte neuf hommes sur les 10 membres de l’équipe. Après les chefs de cave, le tour des chefs de vignes est-il enfin venu ?

Terre de vins aime : Green Label (54 €) boutique.lanson.com/catalogue/rares-et-exceptionnels/le-green-label-bio

Cet article Champagne Lanson : cap sur les vignes est apparu en premier sur Terre de Vins.

Haut-Médoc : Château Belgrave revient dans la course

Ce 5ème cru classé en Haut Médoc, resté toujours discret jusqu’ici, connaît depuis peu une évolution significative renforcée par le recrutement d’un nouveau directeur technique et d’une chargée de communication. L’inflexion des vins vers davantage d’élégance est la signature d’une meilleure compréhension du terroir du château Belgrave et d’un juste accompagnement de l’évolution du goût du consommateur.

Bertrand Delavelle est le nouveau Directeur technique de Château Belgrave. Après avoir vinifié pendant six années au château des Fougères – clos Montesquieu, en appellation Graves (La Brède), le voici en Haut-Médoc depuis juillet 2018. Il applique en douceur quelques principes auxquels il est très attaché et qui ont tous comme socle commun le respect de l’environnement. Aujourd’hui le consommateur n’accorde plus beaucoup d’importance à la propreté des vignes qui ont des sols nus : ils se méfierait plutôt et apprécierait davantage une vigne avec un couvert végétal garant d’une diminution du nombre de traitements et d’une biodiversité plus riche et salutaire pour la qualité des sols. Depuis quelques années, Belgrave est bien dans cette tendance : toutes les vignes ont un couvert végétal semé. Bertrand Delavelle se définit comme “un amoureux de l’environnement”. Ce titulaire d’un master en vignes et terroir à Dijon essaie de mettre le minimum d’intrants. Le travail du sol a changé : “Zéro herbicide, depuis 2018 et arrêt des antibotrytis. Arrêt aussi des liens de calage sur le pied de vigne qui était en plastic et qui sont maintenant en coton”. Sans oublier l’utilisation de produits sans CMR. Le programme phytosanitaire devient ultra léger. “Je serais plutôt à pousser pour le bio” avoue-t-il. Et pourquoi ne pas faire pâturer des moutons sur la propriété ? “C’est pour la gestion des prairies : on économise du temps sur les tracteurs et du gasoil. Et sur les parcelles argileuses, les moutons sont plus à leur aise qu’un tracteur”. Belgrave a aussi installé des ruches, mis des nichoirs dans les arbres et aura planté 165 mètres de haies depuis son arrivée (la maison Dourthe a planté sur ses 9 propriétés 4400 mètres de haie).

Une inflexion significative

Jusqu’à présent, la maison Dourthe se félicitait des vins de Belgrave qui avaient “pris de la chair tout en conservant leur élégance naturelle”. Un exercice difficile. Pendant longtemps, il fallait bien attendre une bonne quinzaine d’années avant de pouvoir ouvrir une bouteille, le temps de laisser les tannins se fondre et au boisé de s’intégrer. Cela faisait “des bouteilles merveilleuses”, disait-on. Et sans la nommer, Bertrand imprime une nouvelle définition des vins de Belgrave : “je suis pour un respect maximum de la matière première pour sublimer le fruit et non pour cacher cette matière derrière des extractions trop poussées ou du bois et conserver le joli fruit que l’on a. Je ne veux pas que ce travail soit gâché par une mauvaise maîtrise de l’extraction et de l’élevage. On est soucieux d’avoir une extraction légère ou modérée : voilà ma ligne directrice. On ne peut oublier l’identité de Belgrave”. Le message pourrait paraître ordinaire mais Bertrand infléchit les caractéristiques des vins de la propriété : une évolution significative qui doit permettre à ce très beau terroir de s’exprimer autrement, en produisant des vins pour lesquels l’équilibre entre finesse et force est redéfini et l’élégance repensée. Nul doute qu’on s’achemine vers des vins un peu plus buvable sur leur jeunesse tout en conservant un potentiel de garde, et sans rien sacrifier de leur standing : c’est conforme à la nouvelle donne et le consommateur y est sans doute sensible.

L’arrivée, en janvier 2021, de Chloé Le Bouffo en tant que Responsable de la communication pour la maison Dourthe et ses 9 châteaux permettra sans doute de mettre dans la lumière le travail de Bertrand Delavelle et des équipes des différentes propriétés. Elle complète les propos de Bertrand avec conviction : “Bertrand s’est inséré dans la philosophie de Dourthe. On est labelisé HVE3 et Terra Vitis. On est sur 70% à 90% de conduite bio et bio-contrôle. La conduite de la vigne est très vertueuse, et nous dépassons le cahier des charges HVE 3 et Terra Vitis”. Et sur la discrétion de la maison Dourthe qui a prévalu jusqu’ici, elle explique que c’est constitutif de la marque : “il y a une humilité maison”. Cette humilité ne doit pas nous faire oublier de suivre l’évolution du château Belgrave et de ses vins. Des vins qui pourraient surprendre par leur nouvelle identité, plus raffinée et subtile.

Cet article Haut-Médoc : Château Belgrave revient dans la course est apparu en premier sur Terre de Vins.

Corse : le projet impérial des frères Grisoli

Le domaine du château Prince Pierre Napoléon Bonaparte vient de sortir ses premières cuvées d’AOP Calvi dans les trois couleurs. Histoire d’un vignoble corse créé ex-nihilo en quatre ans par les frères Grisoli.

Le projet est impressionnant et ambitieux. Surplombant la côte sauvage et majestueuse, entre Calvi et Galéria, des coteaux entiers plantés de jeunes vignes, prises sur le maquis qui enveloppait tout le paysage il y a encore quatre ans. 23 hectares, à terme 35, ont été percés de fosses pédologiques pour choisir les meilleures alliances sols-cépages (pas moins de sept granits différents) avant d’être plantés majoritairement en blanc, en vermentinu dominant complété de vieux cépages autochtones (rimenese, genovese, codivarta, bianco gentile…), et en rouge, principalement du sciaccarellu, cépage phare de l’AOP Calvi, assorti de cinsault, minustellu, niellucciu, aleatico, carcajolo nero… En haut de la colline, les ruines du château du Prince Pierre Napoléon Bonaparte dominent le chantier dans l’attente d’une renaissance. Le nouveau domaine de plus de 80 hectares porte d’ailleurs son nom. Le neveu de Napoléon, fils de Lucien, enfant terrible de la famille, s’était retiré à Calvi après moult déboires en Italie et en Louisiane et avait fait construire en 1851 cette grande bâtisse de pierres blondes qu’il appelait “ma solitude”. Ses héritiers finirent par vendre dans les années 60 à des “corso-lorrains” qui abandonnent finalement leur projet hôtelier.

Un domaine ex-nihilo

Le château au-dessus de la vallée de Luzzipeu n’est plus que l’ombre de lui-même, oublié dans un maquis inaccessible et squatté par des chèvres. Les frères Grisoli, Jean-Vincent et Jean-Raphaël, ont toujours connu le château. Leur grand-père avait acheté il y a une soixantaine d’années un hangar à bateaux dans la baie de Crovani pour aller pêcher. Les frères ont hérité de cette maison de vacances et après avoir prospéré dans l’immobilier pour l’un, le BTP pour l’autre, ils ont cherché un domaine viticole. Rien n’était à vendre ; il fallait le créer. Quand ils apprennent que le domaine de Torre Mozza, juste au dessus de la maison familiale, cherche preneur, difficile de laisser passer l’aubaine, même si le travail semble titanesque. Ils récupèrent d’abord le nom qui avait été déposé sans l’utiliser par un négociant en champagne. “La dénomination château, la seule dans l’île, n’a pas d’intérêt en Corse mais elle en a pour l’export comme la référence à Napoléon” reconnait Jean-Raphaël.

Un environnement protégé

Les Grisoli plantent les huit premiers hectares en 2017 avec les conseils de pointures locales en matière de vin, Pierre Acquaviva du domaine Alzipratu, Etienne Suzzoni du Clos Culombu, et “nous sommes parvenus à convaincre l’œnologue conseil Emmanuel Gagnepain de nous suivre dans l’aventure, raconte Jean-Vincent, installé comme jeune agriculteur. Nous l’avions contacté car en goûtant une centaine de vins corses, il ressortait que nos préférés étaient ceux auxquels il avait participé. Il était déjà très pris et a d’abord décliné la proposition mais lorsqu’il est venu dans ce maquis où tout était à faire, il a dit oui”.

Les Grisoli débauchent aussi du Centre de Recherche Viti-vinicole Insulaire Lionel Le Duc pour suivre le vignoble. L’ingénieur agronome connaît chaque parcelle de l’île. “Le domaine en zone Natura 2000 non loin de la Réserve de Scandola n’a jamais connu de traitement, précise Jean-Vincent. Il est très venté et de plus, il bénéficie des entrées marines ; il nous a donc semblé évident de le convertir d’emblée en bio et nous l’avons clôturé pour protéger les vignes des sangliers”. Le vignoble suit les principes biodynamiques depuis cette année en vue d’une certification Demeter ; il étudie également la replantation de haies et la mise en place d’agroforesterie au sein des parcelles. Après des vendanges manuelles (commencées le jour du 250ème anniversaire de la naissance de Napoléon, un signe de bonne augure), les premières vinifications ont eu lieu en septembre dans le hangar de la maison… en attendant la construction d’une cave dans 3-4 ans et un projet œnotouristique dans le château à reconstruire.

Cet article Corse : le projet impérial des frères Grisoli est apparu en premier sur Terre de Vins.

Une première pierre pour la cité des vins de Mâcon

Après Beaune, la construction de la Cité des Vins et des Climats de Mâcon a officiellement débuté. Les collectivités et financeurs se sont réunis lundi 29 mars sur les lieux du futur site pour en poser la première pierre. Objectif : achever d’ici l’été 2022 cette future porte d’entrée de la Bourgogne viticole.

Uns à uns, les projets de cités des vins sortent de terre en Bourgogne. Après la pose de la première pierre à Beaune, c’est la cité de Mâcon qui s’apprête à lancer les travaux. Lundi 29 mars 2021, collectivités partenaires et financeurs se sont réunis sur les lieux du chantier afin d’ériger le premier mur de ce qui sera “l’entrée sud” de l’œnotourisme bourguignon.

1600m² dédiés aux vins de Bourgogne

L’architecte mâconnais Antoine Récio, de RBC Architecture avec l’agence ACL Associés, et la
scénographe Adeline Rispal seront aux commandes de la transformation de ce qui est aujourd’hui le bâtiment du BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) à Mâcon. Non loin de la Saône, le projet prendra la forme d’une ammonite (fossile présent dans les sols argilo-calcaires de la région) doublée d’une vis de pressoir en bois.

Un édifice de 1600m² qui proposera des lieux de vie et de découvertes, incluant un parcours de visite immersif et sensoriel. Tous les sens du visiteur seront sollicités : sensations tactiles, visuelles, olfactives, acoustiques…. Cette scénographie a pour objectif de valoriser l’histoire, le patrimoine et la culture liés à l’univers de la vigne et du vin en Bourgogne. En parallèle, le site proposera une palette de services : restauration, boutique, conseils œnotouristiques, formations ou encore espaces privatisables.

Objectif : été 2022

Prévu pour l’été 2022, le projet bénéficie d’un budget prévisionnel estimé à 3,9 millions d’euros, financé en majorité par les collectivités publiques mais également en grande partie par l’interprofession bourguignonne. Le tout intégré à un réseau comprenant la cité des vins de Chablis et celle de Beaune, la plus grande d’entre-elles.

Cet article Une première pierre pour la cité des vins de Mâcon est apparu en premier sur Terre de Vins.