Stupeur et rebondissements à Beauséjour Duffau-Lagarrosse

Les séries haletantes sont à la mode à la télévision mais pas seulement. Sur le prestigieux plateau de Saint-Emilion, une histoire digne d’un polar est en train de s’écrire autour de la vente du Château Beauséjour HDL (Beauséjour Héritiers Duffau-Lagarrosse), un cru que s’arrachent les amateurs du monde entier.

C’était fait, ou presque. Le 25 novembre dernier, nous annoncions que la famille Cuvelier, notamment propriétaire du Clos Fourtet, se portait acquéreur d’une véritable pépite à quelques encablures de leur cru, à savoir le Château Beauséjour Duffau-Lagarrosse. Ce discret autant que très coté Premier Grand Cru Classé B de 6,75 hectares était la propriété des héritiers Duffau-Lagarrosse et ledit cru était piloté par Nicolas Thienpont – et son équipe. Jusque-là, il s’agissait d’un changement de mains entre voisins et tout laissait penser que Nicolas Thienpont en garderait la direction. Quelques semaines se sont écoulées sous un beau froid sec, on a laissé passer la Noël et, pour des raisons pratiques (rapidité de prise d’exploitation, optimisation de la transmission…), la vente a été confiée à la Safer (Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural). Officiellement, ce fut le 10 février avec une publication dans le Journal officiel. C’est la loi. Sauf que ce passage entre les mains de la Safer a ouvert la voie à d’autres candidats potentiels. Alors tout un chacun, moyennant quelques moyens financiers, peut déposer un dossier dans les quinze jours ouvrés en vue d’être le meilleur repreneur possible. Ce n’est plus une question de prix – il fut arrêté autour de 70 millions d’euros ! – mais de projets.

Ainsi, la porte s’est entrouverte et le 1er mars à minuit, d’autres pieds en sus de celui des Cuvelier sont venus s’engouffrer dans l’embrasure. C’est la stupeur ! Dans le petit monde du tout-Saint-Emilion, cette information n’a pas tardé à s’ébruiter. Qui a osé ? Selon nos sources, sur un bureau de la Safer se trouvent notamment à côté de la chemise annotée “Cuvelier” deux autres sérieuses enveloppes. Lesquelles ? La première vient de la famille Courtin, propriétaire du groupe international de cosmétique Clarins. C’est du lourd et se joint, aux côtés de la famille Courtin, Joséphine Duffau-Lagarrosse, jeune œnologue en poste chez Bernard Magrez. Voici un premier rebondissement de taille avec un projet de reprise du Premier Grand Cru Classé B comprenant un membre historique de la famille pour présider aux destinées de Beauséjour. Et l’on sait que la Safer est aussi sensible à l’installation de Jeunes Agriculteurs ou Agricultrices (moins de 40 ans), c’est même un argument qui fait souvent pencher la balance. Mais le projet Cuvelier a aussi un Jeune Agriculteur ! Bref, le combat s’annonce rude.

Mais ce serait oublier une autre enveloppe pour un second rebondissement qui fait trembler la rive droite. La famille De Boüard, notamment propriétaire du Premier Grand Cru Classé A, Château Angélus, se porte aussi acquéreur, avec Stéphanie de Boüard à la manœuvre. Le projet serait de consolider le Premier Grand Cru Classé A en y intégrant les quelque magnifiques 7 hectares de Beauséjour qui se trouvent sur le plateau. Cette hypothèse ferait-elle disparaître tout bonnement un Premier Grand Cru Classé B ? Dans tous les cas, la saison 1 s’achève avec un premier avis de la commission technique de la Safer qui est tombé ce 18 mars et… d’après nos sources, le dossier De Boüard aurait été privilégié. Le choix définitif doit s’acter ce 25 mars. Mais d’ici-là, ce premier avis risque d’être discuté en très, très haut lieu. Autant dire que la saison 2 s’annonce houleuse.

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