En Loire, les vignobles qui ont gelé… et les autres

Dans la Loire, les deux semaines de gel d’avril 2021 ont touché tous les vignobles… mais avec un impact différent du Muscadet à Sancerre. Globalement, la Loire semble se sortir de la catastrophe climatique moins mal que d’autres régions viticoles grâce… à son expérience.

Muscadet : « Pire que le gel de 91 »
Le vignoble nantais a souffert du gel, particulièrement dans les nuits du mercredi 7 au jeudi 8, et le lundi 12 avril. « L’intégralité du vignoble est touché, avec 70 à 100 % des bourgeons gelés », évalue François Robin, à la Fédération des vins du vignoble nantais. Moins de 5 % du vignoble est, c’est vrai, protégé… « Les vignerons se sont quand même battus, pour des résultats faibles », résume le responsable. Le vignoble s’attend déjà à des rendements 2021 très bas. Le gel de 1991 – qui avait déclenché une crise viticole dont le Muscadet se remet à peine – avait conduit à des rendements de 18 hl/ha, et certains s’attendent déjà à pire pour 2021. Malgré tout, l’ambiance reste « étonnamment calme », observe François Robin. « Quand on a connu les gels de 2016, 2017 et 2019, on s’habitue au pire et on apprend à gérer le choc émotionnel et la réflexion sur le métier à long terme. »

Anjou-Saumur : « L’impact est là, mais on ne sait pas encore à quel point »
Le vignoble angevin est très hétérogène – beaucoup de cépages, beaucoup de topographies différentes – et le bilan du gel 2021 s’annonce différent d’un coin à l’autre. Mais déjà, le constat est là : l’épisode de gel observé a été « pire que ceux de 2016, 2017 et 2019 », côté températures. Reste à mesurer l’impact. Les zones du Layon et de Brissac (Anjou) semblent avoir été particulièrement impactées, tandis que le Saumurois s’en sortirait mieux. Environ 30 % de l’appellation Saumur-Champigny est protégée (éoliennes), et un quart des surfaces environ auraient gelé, selon les premiers – et provisoires – remontées de terrain collectées par Guillaume Roussy, vigneron et président du syndicat.

Bourgueil–Chinon : « On a de l’expérience… ça nous a servi cette année »
Régulièrement frappés par le gel, les royaumes du cabernet franc Saint-Nicolas-de-Bourgueil et Chinon ont mis en service leurs dispositifs antigel. Résultat : « Globalement, Chinon a été épargné », explique Fabrice Gasnier, vigneron actif au syndicat. « Ça a été une dizaine de nuits passés dehors. Mais on a des systèmes, de l’aspersion, 50 à 60 tours à vent (éoliennes), qui vont un peu plus loin que -2°C ou -3°C, plus loin que les bougies. Les dégâts sont marginaux. On a été chanceux, et on a de l’expérience… ça nous a servi cette année. » Même constat à Saint-Nicolas-de-Bourgueil où le « mur d’éoliennes » semble avoir fait ses preuves. À Bourgueil, où seulement 200 ha (sur 1400 ha) du vignoble sont aujourd’hui protégés durablement, l’impact semble aussi mesuré dans les premiers bilans, forcément provisoires. « Pour l’instant, on se dit qu’on ne s’est pas levés à l’aube pour rien. »

Touraine / Cheverny – Montlouis – Vouvray : le suspense
La partie est de la Touraine, terre de sauvignon, a lutté pendant deux semaines contre le gel non-stop, avec des pics à -6°C enregistrés à Cheverny la première semaine. « Il y a un impact, c’est certain. Mais le sauvignon était au stade du bourgeon dans le coton, et on ne peut pas savoir avant au moins trois semaines à quel point la vigne est touchée », prévient Michel Badier (animateur FAV 41), plutôt « optimiste ». Du côté des autres vignobles du Loir-et-Cher (appellation Touraine), le bilan est plus pessimiste : « La quasi-totalité des surfaces ont été touchées de 50 à 100 % par le gel », explique Marie Refalo, directrice du syndicat. Rendez-vous mi-mai pour un estimatif de l’impact sur les vendanges 2021.
À Vouvray et Montlouis, le « tsunami de froid » a touché les parcelles de façon très hétérogène, ce qui complique le bilan et fait durer le suspense. « C’est assez difficile à comprendre, il faut qu’on travaille au niveau départemental sur des cartographies climatiques plus précises. Et maintenant, il faut qu’on observe le végétal et attendre… », résume Benoît Gautier, vigneron de Vouvray. Le tout dans une ambiance commerciale des plus moroses, confinement oblige. « C’est la double peine » dans un vignoble frappé par le gel en 2016, 2017, 2019, et par la sécheresse en 2020.

Sancerre et vignobles du centre : « Un épisode impactant pour tous les vignobles du centre »
De la neige à Bué (Sancerre) jeudi 8 avril 2021, -7°C enregistrés… « Les vignobles du Centre Loire ont connu un épisode de gel important », résume sobrement Edouard Mognetti, directeur de l’interprofession (BIVC). Il y aura donc un impact sur la vendange 2021, mais à des degrés divers selon les secteurs et les prochaines semaines. Pouilly et Quincy sont des vignobles « plutôt bien protégés » contre le gel, notamment depuis 2016. À Sancerre en revanche, vignoble épargné en 2016 et 2017, l’utilisation de bougies n’a souvent pas suffi, et certains secteurs réputés non-gélifs ont été exceptionnellement touchés… Menetou-Salon, Chateaumeillant et le Giennois ont – encore une fois – été durement impactés.

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