[ENTRETIEN] Joséphine Duffau-Lagarrosse, retour sur terre

Elle s’est fait un prénom en quelques semaines. Au terme d’un scénario rocambolesque, la voici à la direction – et copropriétaire – du Château Beauséjour Duffau-Lagarrosse (Saint-Emilion Premier Grand Cru Classé) dont l’actionnaire majoritaire est la famille Courtin (Groupe Clarins). Alors que les autres prétendants, Stéphanie de Boüard et Matthieu Cuvelier, ont décidé de ne faire aucun recours quant à la décision de la Safer, l’œnologue Joséphine Duffau-Lagarrosse prend ses marques au sein du cru qui porte son nom. C’est pour Terre de Vins qu’elle s’exprime pour la première fois.

Quand eut lieu la signature et dans quel état d’esprit étiez-vous ?
En fait, ça a été très rapide. La signature définitive a eu lieu le lundi 12 avril dernier. C’était particulier pour moi car à la fois le fait d’apposer ma signature annonçait une page qui se tourne mais aussi et surtout le début d’une belle aventure avec la famille Courtin. Si je devais résumer mon état d’esprit à ce moment-là je dirais que j’étais à la fois fière et soulagée qu’on en soit arrivées jusque-là. Et j’avoue que pour l’instant je me pince tous les matins… et sans aucune inimitié à l’égard des autres candidats.

Vous arrivez aussitôt dans le dur puisque vos prises de fonction se sont déroulées en plein épisode de gel, pouvez-vous nous raconter ?

En effet, dans la nuit du 12 au 13 avril, des températures négatives étaient annoncées. Dès la remise des clefs, nous nous sommes donc retrouvés avec l’équipe de Beauséjour pour lutter contre le gel. Néanmoins, tout avait été prévu au préalable par Nicolas Thienpont et son équipe [qui étaient à la direction du domaine]. Nous nous sommes donc retrouvés à 4h du matin dans les vignes et avons allumé ensemble les bougies vers 6h du matin, appuyés par l’hélicoptère. Une transmission du flambeau…

C’est aussi le temps des mises en marché du 2020, qu’en est-il ?
Comme dit précédemment, tout a été très rapide… Pour l’instant, ça fait à peine 15 jours que j’ai repris la main donc j’ai besoin de ne rien précipiter, de reprendre le contrôle, de m’approprier chaque lot, chaque barrique et de m’approprier le vin afin de commencer à me dessiner le Beauséjour que j’envisage…

Sur un temps plus long, il y a la question du classement, quelle est l’ambition du Château Beauséjour Duffau-Lagarrosse, où en est le dossier ?
La même, il ne faut rien précipiter. Il faut savoir analyser et prendre en compte tout le travail qui a été fourni au préalable par les équipes pour amener cette propriété à ce niveau qualitatif reconnu.

Enfin, pouvez-vous nous dire quelles sont les prochaines étapes pour ce cru, de la vigne au chai en passant par un hypothétique consultant et quel projet avez-vous pour la maison ?
Il faut déjà que je commence par prendre mes marques, que j’aborde progressivement la saison culturale et que j’observe comment réagissent les différentes parcelles du cru, les différents cépages. Il faut prendre des notes et partager avec les personnes qui sont sur place depuis longtemps. Je vois déjà qu’on est en avance sur la pousse de la vigne. Une chose est sûre, il me tarde déjà de vinifier le millésime 2021… Pour ce qui est de la maison, nous en avons déjà parlé avec Prisca [Courtin], nous souhaitons préserver cette bâtisse qui fait le charme de Beauséjour mais rénover certainement l’intérieur qui est resté ainsi depuis la présence de mes arrière-grands-parents.

Cet article [ENTRETIEN] Joséphine Duffau-Lagarrosse, retour sur terre est apparu en premier sur Terre de Vins.