[Saga] Lorenzetti, toutes voiles dehors

Quatorze ans après avoir vendu Foncia, l’ex-magnat de l’immobilier Jacky Lorenzetti rayonne dans le rugby, le spectacle et le vin. Dans le Médoc, il a multiplié les investissements pour réveiller ses deux propriétés Lilian Ladouys et Pédesclaux et entrer au capital d’Issan. Après Saint-Estèphe, Pauillac et Margaux, cette aventure familiale devrait mettre le cap sur la… Provence.

« J’essaie de ne rien faire, mais je n’y arrive pas. » Boulimique de travail Jacky Lorenzetti ? Ce 14 janvier, au lendemain de son 73e anniversaire, son épouse Françoise et leurs deux filles, Manon et Bathilde, confirment d’un sourire entendu. Pourquoi en dire plus ? C’est un fait : Jacky Lorenzetti appartient à ces capitaines d’industrie, self-made man, touche-à-tout, qui depuis près de quarante ans, n’aime rien tant que défricher des terres inconnues. Et si possible hérissées de pitons où s’enrouler. « Mon kif, comme disent les jeunes, c’est d’entreprendre », appuie-t-il. Et si les chats ont sept vies, Jacky Lorenzetti n’a rien à leur envier.

En 2007, à 60 ans, celui qui a fait ses premiers pas dans l’immobilier « en gérant trois appartements » au début des années 70, signe une transaction en béton. Il vend Foncia aux Banques Populaires. Dans la corbeille : plus de trois décennies de travail, 7 000 collaborateurs, un million et demi de logements en gestion et une place de leader européen. Quatorze ans plus tard, Jacky Lorenzetti rayonne dans le rugby, le spectacle et le vin. Tout en gardant une main ferme dans l’immobilier et la gestion financière, les sources de sa réussite. « Quand j’ai vendu Foncia, je me considérais encore très jeune. J’aime travailler, j’aime pousser les portes pour savoir qui je suis. Vendre Foncia n’était pas une fin en soi, mais une nouvelle aventure. » Et celle-ci se racontera tout autant dans les pages de « L’Équipe » et de « Terre de vins » que des « Échos ».

Après avoir racheté le Racing 92 en 2006, qui végétait alors dans les tréfonds de la PRO D2, il décroche son premier Brennus en 2016 et replace tout en-haut les ciel et blanc de Colombes. En parallèle, il se lance dans la construction de la plus grande salle de spectacle d’Europe, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine : la Paris La Défense Arena. Pouvant accueillir jusqu’à 40 000 spectateurs, elle est inaugurée en octobre 2017 par les Rolling Stones. Et de « Satisfaction » aux grands crus, il n’y a qu’un roulement de… pierre. Une bretelle « naturelle », souligne l’ex-pensionnaire de l’école hôtelière de Lausanne en Suisse : « J’ai eu un premier vernis à ce moment-là et, par la suite, j’ai beaucoup pratiqué », sourit-il. « Chez Foncia, poursuit-t-il, j’ai fait beaucoup de déjeuners d’affaires, je me suis exercé. » « Avec raison », ajoute-t-il. Ces heures passées à table aiguisent une certitude : il investira à… Bordeaux : « Il y a des milliers de vignobles dans le monde. J’ai goûté un peu tout, mais la structure du bordeaux convient mieux à ma nature, à ma physiologie. Les blancs de Bourgogne sont extraordinaires et je ne renâcle pas non plus sur le rosé. Mais il y a tout qui m’attire ici. » Et un peu plus encore. Si Jacky Lorenzetti est né à Paris, le berceau familial de son épouse Françoise se trouve en Gironde, à Sainte-Foy-la-Grande, dans l’Entre-deux-Mers. « Ma sœur a aussi épousé un chirurgien bordelais… », ajoute-t-il.

« CE N’EST PAS UNE DANSEUSE »

C’est ainsi qu’en 2008, il achète un cru bourgeois à Saint-Estèphe, le château Lilian Ladouys. « On a visité énormément de propriétés, raconte Françoise Lorenzetti. Quand nous sommes arrivés ici, j’ai eu un vrai coup de cœur. Cette chartreuse avait des similitudes avec ce que j’ai connu enfant : des vignes tout autour et rien à l’horizon. C’est comme s’il y avait des ondes qui me reliaient à mon enfance. C’était une maison de famille. Ça a compensé le fait qu’on ne trouve pas rive droite. » C’était pourtant leur choix initial. « On a regardé rive droite, confirme Jacky Lorenzetti, mais la rive gauche correspond plus à une réalité économique pour nous. Rive droite, les propriétés sont plus petites, c’était un peu plus difficile de s’exprimer dans le cadre d’une entreprise gérée comme je le souhaitais. Rive gauche, chaque propriété emploie 25 personnes, on y va tous les quinze jours. Le mode de viticulture est plus proche de celui de l’entreprise que de l’artisanat. »

Comme pour le Racing, il y a tout à faire et les nouveaux propriétaires voient loin. S’engage alors une intense campagne de travaux dans les chais et sur le végétal. De 27 hectares, le vignoble passe progressivement à… 80. Et ce n’est qu’un début. Un an plus tard, en 2009, ces néo-Médocains passent à la vitesse supérieure et achètent le château Pédesclaux, à Pauillac, 5ème grand cru classé en 1855. Comme Lilian Ladouys, cette propriété est une des belles endormies du Médoc, naviguant sous les écrans radars. Là encore, Jacky Lorenzetti se projette. Il rachète en même temps les deux vignobles voisins. Pédesclaux passe de 20 hectares à une cinquantaine. L’heure du réveil a sonné. Et il va faire du bruit. L’ex-patron de Foncia imagine une empreinte « moderne et contemporaine ». Il confie le projet à l’architecte Jean-Michel Wilmotte. C’est à lui que l’on doit cet écrin de verre et de métal qui enveloppe aujourd’hui la chartreuse et ce nouveau chai, 100 % gravitaire, lui aussi baigné de lumière. Quatre ans de travaux, 2 000 mètres carrés et 116 cuves inox tronconiques plus tard, le millésime 2014 est le premier vinifié dans cet écrin. Un tournant. « Quand on recherche l’excellence, on la recherche partout », souligne Jacky Lorenzetti. Cet investissement massif, qui s’ajoute à ceux entrepris à Lilian Ladouys, est aussi un message : « Ça veut dire qu’on est là durablement, ce n’est pas une danseuse, ni un placement financier, c’est un choix d’entreprise, appuie-t-il. On est passionnés. »

BIO : CERTIFICATIONS À L’HORIZON

Et cet ancrage va encore se renforcer. Deux fortes personnalités du Médoc le rejoignent : Vincent Bache-Gabrielsen et Emmanuel Cruse. Le premier deviendra le directeur de Pédesclaux, le second le directeur général des Vignobles Lorenzetti. « À notre arrivée à Lilian Ladouys, raconte Jacky Lorenzetti, Vincent Mulliez était notre conseiller. Il venait de quitter Londres et la banque JP Morgan qu’il dirigeait. Sa famille avait racheté Bellevue. Vincent Bache-Grabrielsen était l’œnologue de la propriété. Mais Vincent Mulliez est mort subitement en 2010. Jean-François Moueix m’a alors conseillé Emmanuel Cruse. Et le courant est passé. »

Depuis, ils font route commune. Et cette collaboration est même allée au-delà : en 2012, Jacky Lorenzetti est entré au capital de la propriété familiale d’Emmanuel Cruse, le château d’Issan, à Margaux, 3ème grand cru classé en 1855. Aujourd’hui, ils sont à 50/50 à la tête de ce cru emblématique du Médoc. 2018 marque un autre tournant. C’est l’année où Manon Lorenzetti, la fille cadette, prend la direction des activités viticoles du groupe. Passionnée, fine dégustatrice, elle arrive avec une ambition : engager la conversion bio de Pédesclaux et de Lilian-Ladouys. Jacky Lorenzetti le reconnaît : « C’est Manon et mon épouse qui m’ont poussé à franchir le cap. » « On y réfléchit depuis 2010, poursuit la jeune femme. On a pris notre temps, une petite dizaine d’années. On a commencé par Pédesclaux avec 5 hectares, puis 20 %, puis 30 %, puis 50 %. Aujourd’hui, la propriété est en conversion et elle sera certifiée bio en 2022. » La démarche est aussi engagée à Lilian Ladouys. Ici, la certification est attendue pour 2024. Alors que beaucoup s’interrogent sur la pertinence du bio dans le Médoc, Manon Lorenzetti l’assure, « Économiquement, c’est viable. » « Avec ce climat océanique, c’est un combat, ajoute son père. Ça a un coût et on ne peut pas le compenser par une hausse des prix. Le consommateur veut du bio et il n’est pas toujours prêt à payer la contrepartie. Mais on a investi parce que c’est irréversible. » Et là encore, l’idée n’est pas de jouer en défense : « On travaille nos sols pour accroître la biodiversité, souligne Manon Lorenzetti. On pousse même un peu plus loin avec des semis d’engrais verts… » Preuve de cette détermination, Pédesclaux est même à 50 % en biodynamie : « Pour nous, le bio n’est pas un effet de mode, c’est un engagement profond », appuie-t-elle.

Une certitude : celui-ci n’interdit pas les synergies au sein d’Ovalto, la holding familiale. Ainsi, les vins maison ont toute leur place à la Paris La Défense Arena dont Bathilde, la fille aînée, assure la direction : « À l’Arena, nos vins sont dans tous nos espaces VIP, salons et loges. Ça fonctionne bien. » Hors pandémie de Covid bien entendu. Mais avant que le virus ne fasse irruption en 2020, l’Arena avait déjà conquis 1,2 million de spectateurs, en seulement deux ans. Ce virus, justement, Jacky Lorenzetti n’y a pas coupé. « J’ai été rattrapé, ça fait réfléchir. Ça n’a pas changé ma façon de voir les choses, j’ai envie de continuer à croquer dans tout, mais je vais essayer de déléguer un peu plus », confie celui qui doit déjà composer avec une réalité encore moins maîtrisable que les variations du prix du mètre carré : cette météo dont les caprices soudains n’ont rien à envier aux rebonds de ce maudit ballon ovale… « Quand on est pressé, prendre son temps, c’est agaçant, reconnaît-il. J’étais plutôt dans la culture de l’immédiat. Le vin et le rugby m’ont poussé à revoir ce penchant naturel, à être plus patient. Le rythme de la vie peut prendre une autre dimension. » « Il s’est adapté », glisse Françoise.

Il n’empêche. Après quatorze ans d’investissements sur la rive gauche de la Garonne et une prise de participation « significative » dans l’entreprise de négoce LD Vins, fondée par Thierry Decré et le défunt Frédéric De Luze, Jacky Lorenzetti n’a pas dit son dernier mot. Chassez le naturel… Ce n’est en effet qu’une question de temps avant que les vignobles familiaux ne s’enrichissent d’une quatrième propriété. Et celle-ci se situera dans le… sud-est. « Le rosé représente 30 % du vin consommé, ça nous interpelle », souligne-t-il. Et l’homme d’affaires a déjà commencé à prospecter : « On a visité un nombre non négligeable de propriétés en Côtes de Provence et en Bandol, on est ouvert…  Il y a de belles choses. En outre, sur le bio, ils sont un peu plus en avance sur le Bordelais. » La famille ne s’est pas fixé d’horizon pour cette acquisition : « Il n’y a pas de date, souligne Manon Lorenzetti, on fonctionne au coup de cœur. » En attendant, un autre projet les anime : valoriser la promotion de Lilian Ladouys au rang de crus bourgeois exceptionnel. « Nous allons mettre l’Arena à disposition de l’Alliance pour un salon des crus bourgeois », glisse Jacky Lorenzetti. Il ne le cache pas : il attend plus de résonance autour de ce nouveau classement. Dans une autre vie, avec Foncia, il a sponsorisé quelques-uns des skippers les plus talentueux dont Michel Desjoyeaux qui a remporté son deuxième Vendée Globe sous ses couleurs en 2009. Plus d’une décennie après, Jacky Lorenzetti navigue toujours toutes voiles dehors.

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CARTE D’IDENTITÉ
Les Vignobles Lorenzetti comptent trois propriétés. À Pauillac, Pédesclaux, 5ème grand cru classé en 1855, s’étend sur une cinquantaine d’hectares. 250 000 bouteilles de premier et de second vin – Fleur de Pédesclaux – sont produites par an. À Saint-Estèphe, Lilian Ladouys, désormais cru bourgeois exceptionnel, repose sur 80 hectares pour une production annuelle de quelque 450 000 bouteilles. Enfin, à Margaux, le château d’Issan, 3ème grand cru classé en 1855, copropriété des familles Cruse et Lorenzetti, domine 67 hectares de vignes pour une production annuelle de quelque 200 000 bouteilles en Margaux.

TERRE DE VINS AIME
Château Lilian Ladouys 2018 (Cru bourgeois exceptionnel)
Quel disque violine, quelle jeunesse. Nez de confiture de cassis, cerise noire, camphre, menthe sauvage. Bouche pleine, charnue, douce, grâce à une exceptionnelle qualité de tanins, à la fois denses et policés. C’est un profil généreux, fruits rouges mûrs, réglisse bâton.
21 €
www.chateau-lilian-ladouys.com

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Un gel dévastateur dans la Provence varoise

Le gel n’a pas épargné la Provence qui a été touchée sur quasiment tous les secteurs, causant des dégâts sur les vignes, les arbres fruitiers et les lavandes. L’épisode de gel, en particulier dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 avril, a frappé une grande majorité du Var.

Le gel a été particulièrement violent cette année dans le Var avec des records enregistrés autour de Brignoles et Bras, à -7°C, -8°C a Rians, jusqu’à -9,6°C a Ginaservis dans la région du Verdon. En 2020, les gelées de fin mars étaient tombées à -5,-6°C et avaient principalement affecté les grenaches et les tibourens. Il en avait résulté une récolte à moins de 900.000 hl de vin dans le Var, parmi l’une des plus petites depuis 20 ans. Les gelées 2021 ont été particulièrement dévastatrices dans le centre et le haut-Var mais elles ont également grillé des bourgeons sur la bande littorale autour de Hyères et La Londe jusqu’à Bandol, Cogolin et Saint Tropez, même si les températures étaient moins basses (-2º a -3ºC en bord de mer). Des records pour le mois d’avril. “On ne sait pas ce qui va repartir et on a du mal à évaluer les dégâts d’autant qu’on parle d’un nouveau refroidissement possible la semaine prochaine, avoue Marine Balue, conseillère Viticulture à la Chambre d’agriculture du Var. En 2020, c’était déjà plus de 80 communes qui avaient été touchées. Malheureusement, les cellules de crise dues à la météo deviennent habituelles”.

Un mauvais alignement des planètes

“C’est déprimant et surtout inédit dans un secteur tardif comme le nôtre mais la grande chaleur d’avant Pâques déjà inédite a 28°C avait fait débourrer brutalement nos grenaches et même les vieux cinsaults et une belle parcelle de rolle, raconte Nicolas Bretton du château Mentone à Saint Antonin du Var près de Lorgues. Les dégâts sont très variables selon les parcelles mais aucune n’a été épargnée et au premier aperçu, ils sont plus importants sur celles au soleil levant. C’est un mauvais alignement des planètes avec une conjonction de facteurs aggravants, des grosses chaleurs avant un gros coup de froid, l’humidité qui était remontée, des températures très basses et le vent qui tombe. Il n’y avait rien à faire ! La campagne s’engage difficilement au milieu d’une année déjà trop compliquée”…


(crédit photo : Château Vignelaure)

En Coteaux d’Aix, quelques domaines ont été épargnés mais avec des parcelles touchées ça et là. Au Château Vignelaure, les grenaches et quelques syrahs ont grillé mais heureusement beaucoup de vignes n’avaient pas démarré, notamment les cabernets sauvignons. “On a essayé de lancer l’aspersion pour créer une gangue de glace qui reste à 0º autour du bourgeon mais le canon à maïs, c’est trop brutal et irrégulier, reconnaît le directeur général Philippe Bru. On va peut être perdre 30 à 40% de la récolte mais tout va dépendre comment la vigne récupère dans les prochaines semaines, en espérant que ça ne regèle pas. Le plus pénible, c’est de geler deux années de suite car les grenaches prennent sérieusement dans leurs réserves”.

Réfléchir à une combinaison de solutions

Autour de Cotignac, la température est descendue à -7° pendant plus de 4h avec une deuxième morsure le lendemain a -3°C. “Ici, les bougies coûtent trop cher à l’hectare au vu du prix des vins alors on a choisi de brûler du mauvais foin en décomposition qui dégage beaucoup de fumée “, explique Albéric Philipon du domaine Carpe Diem qui réfléchit à toutes les combinaisons possibles comme des couverts végétaux très haut ou très bas pour capter le point de rosée au-dessus ou au-dessous des vignes, l’arrêt du travail des sols en mars-avril pour retarder le débourrement, la prochaine installation d’une éolienne discrète pour gagner 2° combinée avec le brûlage des ceps arrachés au pied de l’appareil… éIl faut échanger le plus possible avec d’autres vignerons. Sur un forum, j’ai entendu parler de brancher l’échappement du tracteur sur le pulvérisateur pour réchauffer les vignes”. Mais à des températures aussi basses que cette année, peu de solutions même s’il faut faire feu de tout bois. En 2018, des militaires volontaires de la base aérienne du Cannet des Maures étaient venus en renfort pour aider à allumer des ballots de paille « mais finalement, c’est surtout une question d’organisation et cette année, j’ai pu disposer seul une quarantaine de tas en une journée que j’ai allumé dans la nuit avec mon fils de dix ans mais ça n’a pas suffi…”

La Chambre d’agriculture du Var présidée par Fabienne Joly a ouvert une cellule de crise dès jeudi (04 94 99 75 21 ou crise@chambagri.fr) pour le recensement en ligne des sinistrés. La Région Provence-Alpes-Cote d’Azur a d’ores et déjà annoncé vouloir “débloquer immédiatement une enveloppe de 500 000 euros pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés, selon un communiqué du président Renaud Muselier. Ces montants financiers devront permettre de venir en aide à tous ceux qui ne seront ni concernés pleinement par les aides d’État, ni par les dispositifs d’assurances classiques”.


(crédit photo : Carpe Diem)

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Tavel : Alexandre Hote vinifie à l’huile de coude

C’est un vigneron très discret qui vinifie dans son hangar, un Tavel et un Lirac “nature”, avec une belle conviction.

Coopérateur sur le domaine familial, Alexandre Hote a attendu 2019 et ses quarante ans pour créer son chai et vinifier ses propres raisins. Pas de cuvées lambda, mais des vins “natures, bruts, reflétant la matière première”, dit-il. Il a donc acquis 4,5 hectares, dont les plus jeunes vignes avoisinent les 25 ans, principalement situées sur des terrasses argilo-calcaire recouvertes de galets roulés. Conduites en agriculture biologique, les parcelles se situent sur les communes de Lirac et Tavel.

Alexandre Hote, tendance perfectionniste, travaille pour obtenir une qualité optimale. A la cave, la philosophie est identique. Il a construit de ses mains un bâtiment de 150 m² et installé quelques cuves inox. Aucun outil électrique, tout le matériel est mécanique, à commencer par le pressoir à cliquet du siècle dernier. “Afin de permettre une expression complète des raisins et de ce terroir, la décision de pratiquer une vinification ‘naturelle’ s’impose comme une évidence”, explique le vigneron.
Sa première vinification est réalisée en 2019. Il a fait chaud et le résultat ne le satisfait pas. L’année 2020 est faite pour le genre de vin qu’il souhaite. La matière première est magnifique. L’aventure commence. Son Tavel Nature 2020 (15€), sans sulfite, est un assemblage de 70% de grenache noir et de 30% de cinsault. Il est issu de la parcelle “Thomas”, située sur le plateau de Vallongue, un terroir de galet roulé sur fond argilo-calcaire. La vendange est manuelle, ramassée en caisse, après encuvage des grappes entières, une macération carbonique de 80 heures précède le pressurage et la fermentation, suivies d’un élevage sur lies.
C’est un vin à la couleur rouge rubis, similaire à un clairet. Surprenant, car peu courant, mais son intensité est dans les clous de l’AOC. Comme le souligne Alexandre Hote : “le cahier des charges tolère une intensité colorante de 0.5 à 3 (sur une base de nuancier) alors que mon vin se situe à 2.2 ; nous pourrions entamer une longue discussion autour de la couleur”.
Son nez s’affirme sur les fruits rouges frais, la cerise domine. L’impression est la même en bouche avec un trait de bergamote et de subtils épices. Après une attaque vive, au léger perlant, la matière est agréablement croquante et toute en longueur. Le vigneron précise que “quelques minutes sont nécessaires, voire même une mise en carafe, pour dévoiler toutes les subtilités de ce vin”.

www.alexandre-hote.fr – 06 74 09 85 73

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