Événements climatiques extrêmes : la filière vin accélère

Ce lundi 4 octobre, anticipant la mise en kiosque du hors-série Développement Durable Occitanie de Terre de Vins, une conférence débat sur la thématique Incendie avait lieu au domaine de l’Hospitalet dans le massif de la Clape.

« Dans son dernier rapport, le GIEC souligne l’augmentation sans précédent de la température en Occitanie pour les quatre dernières années, impactant directement la phénologie de la vigne (précocité des dates de vendanges). Le bilan hydrique du vignoble est négatif depuis l’an 2000. Effet indirect mais prépondérant cette année, cette sécheresse diffuse entraine l’augmentation du risque incendie » : voilà l’introduction de Jean-Marc Touzard, directeur de recherche à l’INRAE.

Le colonel Beccari, directeur du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) de l’Aude, renchérit avec le comptage de 250 feux de forêts au 31 août, uniquement pour le département de l’Aude, soit 1200 hectares impactés : « l’aléa s’intensifie à cause du réchauffement, mais aussi de la déprise agricole entrainant l’étendue des friches donc de la masse sensible au risque incendie. Le cloisonnement des massifs par les vignes, évitant la propagation du feu, est essentiel. Les vignes sont des zones d’appui à la lutte, notamment grâce à leurs voies d’accès, des zones de protection et de sécurité » et celui-ci d’ajouter que sur les 2000 pompiers volontaires de l’Aude, on compte de nombreux vignerons, indispensables par leur connaissance du terrain et du climat.

L’exemple concret est venu du témoignage de Anne Lignères, vigneronne au château de la Baronne et hydrogéologue de formation. « Depuis cinq générations ce vignoble de 90 hectares au pied de l’Alaric est dirigé par une famille très sensibilisée à la santé, donc la conduite est en bio depuis 2007 et en biodynamie depuis 2014. En vingt ans trois incendies majeurs nous ont touchés. Suite au premier, des replantations ont été faîtes avec des pins, espèce très inflammable…. L’expérience nous avait conduit à ne pas enherber nos vignes, l’année s’annonçant particulièrement sèche. Et bien nous en a pris, car l’herbe sèche entre les rangs se comporte comme une mèche, la vigne n’est plus dans son rôle de coupe-feu. C’est un berger sur notre propriété qui a donné l’alerte sur l’incendie du 27 juillet, puis des gens de notre équipe qui ont pu guider les pompiers sur les différents accès possibles.»

On voit bien que le rôle du vigneron va bien au delà du simple effet coupe feu d’une parcelle, déjà primordial, mais qu’il est acteur d’une surveillance, d’un entretien et d’une connaissance des voies d’accès.

Adapter la conduite des vignes (taille tardive, cépages résistants au stress hydrique), adapter l’implantation des vignes sur un territoire, quitte à remettre en cause des délimitations des appellations ainsi que leur cahier des charges, lutter comme la déprise agricole et bien sur gérer la ressource en eau, point incontournable de la prévention et la lutte contre les incendies.

L’ensemble des interventions ont mis en lumière l’indispensable fonctionnement commun des différents intervenants de l’aménagement du territoire aux pratiques œnologiques en passant par l’apport fondamental et fédérateur des chercheurs. Ces derniers, particulièrement présents aux côtés de la filière, sont néanmoins optimistes, Jean-Marc Touzard de conclure : « avec une stabilisation à +2°C de la température moyenne en Occitanie, l’agriculture et donc la viticulture seront en capacité de s’adapter ».

Pour accéder aux temps forts de la conférence, une vidéo sera en ligne sur notre site dans les prochains jours.

(Photos Luc Jennepin)

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