Le Palais du Tau acquiert un flacon de vin de Champagne du sacre de Louis XV

champagne_sacre_charlemagne

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Un flacon de vin de Champagne figurant parmi les cadeaux de Louis XV pour son sacre a été offert par Pierre Emmanuel Taittinger au musée du Palais du Tau. Il a été présenté le 25 octobre, 299 ans jour pour jour après ce grand événement, en présence de l’historien Patrick Demouy qui a retracé en quelques mots le rôle central du vin lors de ces festivités royales, rappelant que le couronnement du « Bien Aimé » avait été le tout premier à être célébré avec du vin de Champagne effervescent.

L’administrateur du palais du Tau à Reims Jean-Marc Bouré a réussi à dénicher un trésor inespéré : une bouteille de vin de Champagne offerte à l’occasion du sacre de Louis XV issue de l’extraordinaire collection de verrerie ancienne de l’Américaine Barbara Wirth dispersée aux enchères de Drouot. Le flacon a été préempté pour la somme de 13.000 euros par le musée du Palais grâce au financement de Pierre-Emmanuel Taittinger. A tout seigneur, tout honneur, il a été placé provisoirement au milieu des pièces du trésor de la cathédrale, qui comprend entre autres le fameux médaillon de Charlemagne. Avec son col de cygne long de 32 centimètres, la gravure du blason de la ville surmontée d’une colombe portant la sainte ampoule dans son bec, et la mention « sacre de Louis XV », cet objet unique ne laisse aucune place au doute quant à son origine.

L’historien Patrick Demouy explique : « Nous savons beaucoup de choses sur le vin du sacre, grâce à un journal de l’événement conservé à la bibliothèque Carnegie. Le Conseil de ville a acheté dix pièces de vin ordinaire pour les ouvriers et 45 pièces au Comte de Sillery. La page huit de ce texte nous indique que les meilleurs étaient en flacons, les uns mousseux, les autres non. Il s’agit donc du premier sacre au champagne ! Louis XV avait douze ans, il en a certainement bu avec modération, coupé d’eau comme cela se pratiquait à l’époque. Le Conseil de ville a voulu honorer le roi par des présents, c’était un usage immémorial : lorsque l’on reçoit le souverain, pour l’accueillir aux portes de la ville, on lui offre les clefs de la cité et les spécialités locales, en l’occurrence du vin, des poires de Rousselet, que l’on utilisait beaucoup en confiserie comme poires tapées ou poires confites. Le discours habituel était : « Sire, nous vous offrons ce que nous avons de meilleur, nos vins, nos poires et nos cœurs ! ». Nous savons que le Conseil de ville avait commandé 6000 flacons aux armes de la cité, et cette bouteille est la seule qui ait survécu. Elle a sans doute été soufflée en Argonne, les verreries ne se sont implantées à Reims qu’avec l’industrialisation du champagne au XIXe siècle. La ville les a répartis de la manière suivante : douze douzaines de flacons au roi dans des corbeilles, huit douzaines au régent, six douzaines aux princes du sang, une douzaine aux évêques, et ainsi de suite… »

Patrick Demouy

Ne pas confondre bouteille de vin de Champagne et bouteille de champagne !

Attention cependant, l’examen attentif du flacon montre qu’il contenait certes du vin de Champagne, mais selon toute probabilité, celui-ci n’était pas effervescent. Légère et dotée d’un col très allongé, la bouteille n’aurait pas pu résister à la pression. Si elle porte une bague permettant le ficelage du bouchon, cette pratique n’était pas réservée aux vins effervescents.

On saluera enfin le geste de Pierre-Emmanuel Taittinger qui poursuit ainsi l’œuvre en faveur du musée menée par son père : « Jean Taittinger s’est chargé de la première restauration du Palais du Tau avec André Malraux. J’aime rappeler qu’il était rapporteur de la Commission de la culture, et qu’il arrangeait les affaires du ministre en échange de quelques services en faveur de la ville de Reims. Jean Taittinger allait ainsi chercher de l’argent pour tous les musées de la cité, il a aussi initié celui du fort de la Pompelle, c’était son plaisir, et il disait toujours aux membres du gouvernement et à l’Assemblée nationale : Reims a beaucoup souffert donc Reims doit beaucoup recevoir ! ».

Grâce à cette nouvelle acquisition, la ville de Reims et la Champagne toute entière bénéficient d’un bel atout pour préparer le tricentenaire du sacre de Louis XV qui aura lieu l’année prochaine…

www.palais-du-tau.fr

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Emile Coddens, une star de TikTok en visite à la Cité du Vin

Cobbens

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Samedi dernier, le jeune vigneron aux 474 000 abonnés sur le réseau social en vogue, également auteur du livre « Le vin, ça se partage ! », était à Bordeaux pour une rencontre instructive en toute décontraction, sous la houlette de l’animateur Benjamin Bardel. Récit.

« C’est vrai, je n’ai pas avoir la tête de l’emploi », concède tout sourire Emile Coddens, yeux bleus malicieux sous ses bouclettes châtains, et la langue résolument pas dans la poche de sa doudoune sans manches. Dans la « vraie vie », le jeune homme de 24 ans est second de chai depuis trois ans sur l’exploitation de ses oncles « Plou & fils » à Chargé, dans le Val de Loire. Sur la Toile, il partage de brèves vidéos quotidiennes sur son métier et le monde du vin sous le pseudonyme « le.vigneron » sur le très tendance réseau TikTok. Et ça marche. Un an après sa première vidéo postée à l’automne 2020, il multiplie les contenus viraux et frôle la barre des 500 000 abonnés.

De novice du vin à star de TikTok

A la base, rien ne prédisposait particulièrement Emile Coddens à une carrière dans l’univers viticole. Si ce n’est un grand-père « amoureux des bonnes choses de la vie », qui lui fait découvrir le vin, dont les nectars de ses oncles éloignés vignerons, et la convivialité qu’il véhicule. A son décès, le jeune homme décide de se lancer dans ce monde auquel, de son propre aveu, « il ne comprenait rien » mais qui l’intrigue et l’appelle. Direction donc un Bac pro vigne et vin à Amboise, puis un BTS viticulture-œnologie décroché à Bordeaux. Aujourd’hui, des années et bien des expériences sur le terrain en France et à l’étranger plus tard, « je ne regrette rien » affirme-t-il, car « je me lève tous les matins avec le sourire parce que je fais du vin. »

A côté de son travail de technicien, le second de chai aime aussi jouer le guide, pour faire découvrir le domaine et son métier aux visiteurs, toujours guidé par sa viscérale envie d’échanger. Jusqu’à ce que le Coronavirus passe par là. Jamais en manque d’idées pour continuer à communiquer, il décide de se lancer sur TikTok sous le pseudonyme « @le.vigneron », « une révélation pour montrer le métier en quelques secondes et en quelques informations qui peuvent vite passionner. » Alors que le vigneron avait déjà 10 000 followers, c’est une vidéo expliquant comment cracher le vin qui devient virale. En rallumant son téléphone le lendemain, 120 000 followers le suivent. « Si j’avais un état des lieux à faire, c’est que ça va vite, ça va même très vite », constate Emile Coddens.

Les clés du succès

Mais qu’est-ce qui fait donc le phénoménal succès de ce jeune vigneron ? Certainement d’avoir été pionnier, en proposant du fond sur un réseau social qui se dévoilait plus futile qu’instructif à ses débuts. Le choix des thématiques ensuite, sur lesquelles il médite au fil de sa journée de travail, ou parfois inspirées des commentaires des followers. A chaque nouvelle journée sa vidéo courte, filmée en mode portrait avec une musique de fond. Le vin en barriques, le vieillissement, le gel, le vin bouchonné, entre autres… Avec pédagogie, Emile Coddens reste fidèle à un style décontracté, agrémenté de quelques touches d’humour. Et cette spontanéité, ce ton assurément décomplexé et accessible embarquent, quel que soit le niveau de connaissances ou l’âge. « C’est la première chose qui m’a choqué, raconte-t-il, même des gens qui ne boivent pas de vin me suivent, juste pour comprendre ce monde. Une fois par exemple, je me baladais dans Tours, un groupe me reconnaît, dont une fille voilée qui m’a dit qu’elle ne buvait pas, mais adorait ce que je faisais. »

Et maintenant, un livre

Après le numérique, c’est sur le papier qu’Emile Coddens a décidé de partager sa passion, à travers son premier livre intitulé « Le vin, ça se partage », sorti le 22 septembre dernier aux éditions « Equateurs ». L’ouvrage romance le parcours du jeune homme, avant d’emmener le lecteur dans les coulisses quotidiennes de l’univers vigneron, au fil d’une année de travail à ses côtés. « J’explique comment on fait du vin chez nous, et non pas en général, car il y a énormément de façons de procéder », détaille-t-il. L’ouvrage comprend ensuite une partie pour apprendre à « déguster comme un pro », ainsi que des « trucs et astuces ». Après l’ascension digitale, ce livre, « c’est plus matériel et concret, ça s’inscrit dans la durée. Ca me permet de rencontrer ceux qui me suivent, ceux qui me découvrent, et des gens que j’admirais aussi », comme ce samedi soir lors de la séance de dédicaces organisée à la Cité du vin, agrémentée d’une dégustation de vin de chez « Plou & Fils ».

A l’issue d’une heure en compagnie d’Emile Coddens, ce qui frappe, c’est ce mélange de décontraction et de maturité pour son jeune âge. Malgré les portes qui s’ouvrent à lui, « le.vigneron » met un point d’honneur à « garder les pieds sur terre. » Ancrés dans le terroir. Intrinsèquement et avant tout vigneron.

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