[Provence] Le grès qui révolutionne La Gordonne

Après une restructuration du vignoble et une grande restauration du château bientôt doté d’une nouvelle cuverie, le groupe Vranken a recruté Julien Fort comme directeur des chais et des vignobles et mise sur l’élevage en œufs de grès pour une nouvelle triologie de vins.

Julien Fort, le nouveau maître de chai et directeur du vignoble du Château La Gordonne recruté par Nathalie Vranken n’a que 25 ans mais la valeur… Au pilotage des vignes et des vins, il est autant attaché à l’œnologie qu’à l’agronomie dans ce vignoble de plus de 300 hectares converti en bio entre le littoral varois et le massif des Maures. Ici, pas d’achats de raisin, tous les vins sont issus de la propriété. Après avoir travaillé sur le terroir de Camargue pour le groupe Vranken, au domaine Royal de Jarras, et fort déjà d’une belle expertise sur les rosés, cet œnologue ingénieur diplômé de Sup Agro Montpellier s’est vu confier La Gordonne sur le terroir de Pierrefeu en Côtes-de-Provence – la propriété appartient au groupe depuis une quinzaine d’années. « Il fallait d’abord rajeunir le vignoble; nous avons donc arraché beaucoup de syrah et réorienté les plantations surtout sur le grenache mais également avec davantage de rolle et de cinsault, tout en préservant un peu de mourvèdre et du tibouren local en sélections massales, un cépage compliqué mais qui agit comme une épice dans les rosés ».

Une nouvelle triologie sortie de l’oeuf

Le tandem Fort-Vranken estime par ailleurs que le bois ne doit pas refléter l’identité du domaine et qu’il faut rechercher davantage de fraîcheur et de vivacité dans les vins mais sans bois, les élevages s’allongent. Nathalie Vranken fait venir d’Italie des contenants en grès, d’abord 3 puis 30 notamment pour mettre en valeur le Cirque de la Gordonne, un terroir de schistes à 120 m d’altitude, l’ancien « poste à grives » du Sieur Gourdon, propriétaire du domaine en XVIIe siècle. « Nous avons beaucoup travaillé sur des pressurage doux et la sélection des jus par cépage, à la champenoise, avec peu de sulfites et un élevage sur lies puis dans des œufs en grès de 400 l. afin d’élaborer un vin à la fois à boire dans sa jeunesse et de garde » précise le maître de chai. Les premiers essais se font sur les rosés puis en 2020 sur le blanc et sur les rouges. Ainsi naît une trilogie élevée dans ces poteries italiennes de grès et baptisée Les Grives en rosé, Sémaphore en blanc et Les Planètes en rouge. Une production d’environ 15000 bouteilles sur un total de 2,5 millions pour toute la propriété. Seule la cuvée La Chapelle de la Gordonne est actuellement en dénomination régionale Pierrefeu. « Nous revendiquerons les nouvelles cuvées en Pierrefeu quand la dénomination passera cru, la quasi totalité du domaine est d’ailleurs revendicable, complète Julien Fort. L’appellation va entamer un travail de sélection parcellaire pour cela comme Sainte-Victoire et La Londe et elle voudrait en profiter pour valider les blancs » (seuls les rosés et les rouges peuvent actuellement être classés en Pierrefeu).

Par ailleurs, le château du XVIIIe qui a été entièrement restauré dans un style provençal accueillera bientôt un nouveau projet, un jardin fruitier de 46 variétés d’arbres, en particulier des grenadiers et une collection de 500 à 600 pivoines en cours de labellisation « jardin remarquable ». Une fleur viticole à partir de 7 cépages sera dessinée sur une parcelle hors appellation de 3 hectares. Outre l’aspect esthétique, elle fera office de laboratoire, sera travaillée au cheval et vendangée à la main « Il s’agit de recréer d’ici la fin de l’année une parcelle unique en multicépages coplantés qui entrera en production dans trois ans pour élaborer un grand rosé atypique ».

La triologie

Le Cirque des Grives rosé 2019 : Un cinsault-grenache fruité et floral sur des épices douces, des notes de brugnon et d’orange sanguine, fin et délicat (60 €)

Sémaphore blanc  2020 (1er millésime) : Un 100 % rolle (sélections massales de 80 ans) Des arômes de fruits blancs, de tilleul, de rose fânée sur une note épicée. (50€)

Les Planètes rouges 2020 (1er millésime) : Un grenache, syrah, cabernet-sauvignon, mourvèdre. Des notes sauvages de maquis, de ronce, sur des fruits noirs, réglisse et épices (60-70 €)

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