Christine Sevillano, nouvelle présidente de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne

Christine Sevillano prend la succession d’Yves Couvreur à la tête de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne. Vigneronne à Vincelles et ancienne journaliste diplômée de Science-po Lille, elle est la première femme à prendre la présidence du Syndicat. Terre de vins est allé l’interviewer pour en savoir plus sur sa feuille de route.

Que représente aujourd’hui la Fédération ?

400 adhérents, soit environ 50 % des manipulants qui correspondent aux critères stricts des vignerons indépendants.

Quels sont les grands chantiers qui vous attendent ?

Nous devons être force de proposition sur les questions environnementales et techniques, même si nous ne sommes pas dans les instances officielles champenoise. Aujourd’hui beaucoup de choses qui avaient été promues par Yves Couvreur sont reprises comme la réserve qualitative à 10.000 kilos par exemple qu’il avait mise sur la table dans un groupe de travail consacré au rendement pendant la crise du covid. Sur les vignes semi-larges, nous avons fait partie des gens qui ont participé à l’ouverture d’une réflexion, en se demandant si ce sujet constitue vraiment une priorité alors que les Champenois sont très divisés sur cette question. Il faut continuer à aller dans ce sens en participant à l’émergence de nouvelles idées. C’est la raison pour laquelle nous avons créé une commission consacrée à ces questions dirigée par Alexis Leconte, un vigneron œnologue de formation, qui connaît le cahier des charges de l’appellation comme sa poche.  Et nous allons déterminer ensemble les thématiques sur lesquelles elle va travailler. Pour moi, c’est vraiment un axe fort, parce que je reste convaincu que notre spécificité de vignerons indépendants qui nous amène à être la fois dans les vignes, à mettre les mains dans le vin et à faire le lien avec le consommateur, peut nous permettre d’être plus créatifs et innovants.

Le deuxième aspect à développer qui bénéficie aussi d’une commission, c’est la communication. Avec le covid, nous avions mis beaucoup de choses sous silence. Nous avons réussi à mettre en place un partenariat avec les Toques françaises. L’idée est d’aller encore plus loin et de recréer des événements. Il faut aussi redéfinir une stratégie claire pour s’adresser plus directement aux clients de nos adhérents, à leurs réseaux de distribution.

Enfin, une troisième commission, dirigée par Romain Colin, s’occupe des partenaires. Ce sont des entreprises qui interviennent dans tous les métiers du vigneron. L’idée est d’en chercher encore davantage et de leur demander de mieux répondre aux attentes de nos adhérents. En ce moment, il y a par exemple le problème des approvisionnements en matières premières, avec des délais très longs. Il faut trouver des vraies solutions pour nos vignerons qui s’entendent dire « si tu veux des coiffes, c’est janvier 2023 », alors même que c’est maintenant qu’ils sont en train de vendre. Je veux que l’on pousse nos partenaires qui sont nos fournisseurs dans leurs retranchements, parce qu’en général, c’est dans les crises que l’on devient encore plus créatifs et que l’on essaie de nouvelles choses. Ainsi, la vocation de la Fédération, c’est aussi de faciliter le métier de nos adhérents dont la spécificité est qu’ils doivent être toujours sur tous les fronts à la fois, tout connaître, là où dans les maisons, il y a plusieurs personnes salariées dédiées à chaque spécialité.

C’est d’autant plus important que de plus en plus, les gens cherchent dans un syndicat, non pas seulement un engagement, mais aussi des services…

En effet. Notre rôle consiste à enlever un maximum de petits cailloux de leurs chaussures. Parmi les dossiers importants, il y a ainsi celui des ressources humaines. Aujourd’hui, on peine à trouver des saisonniers. On va mettre en place un groupe de travail sur les formations pour que celles-ci répondent aux besoins des vignerons indépendants. On prend ainsi le problème par la base, en partant chercher les gens directement dans les écoles, en créant des partenariats plus nets. Un autre gros sujet est celui des successions. C’est une véritable épée de Damoclès qui pèse au-dessus de la tête de beaucoup de vignerons indépendants, surtout ceux qui ont investi.

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