Château Terrasson, nouveaux sourires à Castillon

Alix et Gérald Standley se sont installés il y a deux ans en appellation Castillon-Côtes-de-Bordeaux, aux confins de Francs et de Puisseguin, reprenant un vignoble de 13 hectares qu’ils ont tout de suite décidé de convertir en biodynamie. Rencontre avec un couple de vignerons qui a de la suite dans les idées.

On ne cesse de le répéter, ça bouge et ça bouge bien du côté de Castillon-Côtes-de-Bordeaux. Cette appellation de la rive droite, située dans le prolongement de Saint-Émilion et partageant avec sa prestigieuse voisine de très beaux terroirs argilo-calcaires qui lorgnent vers la Dordogne, bénéficie d’un beau dynamisme porté par quelques domaines et vignerons emblématiques – dont certains se sont récemment réunis au sein d’une association baptisée « Castillon Caractères » – mais aussi entretenu par de nouveaux arrivants, à l’image de Gérald et Alix Standley. Installés sur l’appellation depuis 2020, ils s’emploient à relancer le vignoble du château Terrasson, situé au croisement avec Francs-Côtes-de-Bordeaux et Puisseguin-Saint-Émilion.

Alix et Gérald ont en commun un beau parcours dans le monde du vin, la première ayant des attaches familiales de longue date dans le Médoc (Château Puy Castéra) et le second ayant fait du vin pendant une dizaine d’années dans le Roussillon, au domaine Le Soula. Tous deux diplômés en agronomie et viticulture-œnologie, ils ont en commun un solide bagage technique et un fort engagement environnemental, auquel s’ajoute un désir profond de faire du vin « à leur façon », ou du moins comme ils l’aiment. C’est ainsi que, lorsque s’est présenté le moment de chercher un vignoble où ils seraient seuls maîtres à bord, la région bordelaise s’est assez naturellement imposée à eux, tant elle offre, à contre-courant des préjugés, de nombreuses possibilités pour les vignerons « qui veulent faire entendre une voix différente« .

Biodynamie, qvevris et vin orange

Le coup de cœur s’est trouvé du côté de Castillon, alors qu’une page se tournait au château Terrasson : un fermage se terminait et le propriétaire vendait. « La vigne n’avait pas été très bien entretenue mais le terroir nous a tout de suite plu », expliquent Alix et Gérald. « 13 hectares situés essentiellement sur le plateau argilo-calcaire, avec un peu de coteaux exposés Nord. Nous en avons arraché environ le tiers, pour faire de la complantation de cépages blancs ; et nous avons pris un hectare de sémillon en fermage, à nos voisins du château Puygueraud. Nous avons donc aujourd’hui 9 hectares en production« . L’encépagement rouge est actuellement de 80% merlot, 15% cabernet sauvignon et 5% cabernet franc, avec une proportion de cabernet franc destinée à augmenter dans les prochaines années.

Immédiatement après avoir repris le vignoble en main, Alix et Gérald ont entamé une conversion en bio et biodynamie, pour aider la vigne à retrouver son équilibre après quelques années de négligence : « les vignes sont d’un bon âge mais elles n’étaient pas bien entretenues, il a fallu tout remettre d’aplomb, apporter beaucoup d’amendements organiques, ne pas lésiner sur les traitements biodynamiques à base d’ortie », souligne Gérald. Très attachés à l’utilisation de levures indigènes, à des vinifications longues et peu interventionnistes ayant recours à peu de soufre, les nouveaux vignerons du château Terrasson aiment aussi varier les possibilités, alternant entre cuves inox, cuves béton, amphores, barriques, foudres et, depuis peu, qvevris (grands contenants en terre cuite enterrés) provenant de Géorgie. La gamme actuelle se compose d’un rouge « classique » en appellation Castillon-Côtes-Bordeaux et de trois vins plus audacieux placés sous la bannière « L’Oxymore » : un blanc sec 100% sémillon, un blanc de macération (ou « vin orange », lui aussi 100% sémillon), et un rouge vinifié en grappes entières. Sur le premier millésime, 2020, on apprécie d’emblée le fruité franc du castillon rouge (20 €), la finesse et la pureté florale du blanc (22 €) et l’équilibre aromatique, sensuel et savoureux, du blanc de macération (25 €). À noter que tous ces vins tournent à 12° ou 12,5° d’alcool, ce qui est suffisamment rare aujourd’hui pour être souligné. Château Terrasson, on n’a pas fini d’en parler.

chateauterrasson.com

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[J-5 Lyon Tasting] Objectif Classement Unesco pour la Syrah du Rhône Nord

Présents à Lyon Tasting les 8 et 9 octobre prochain au Palais de la Bourse de Lyon, les vignerons du Rhône Nord ont commencé à monter le dossier de classement de leur terroir au patrimoine mondial de l’Unesco mais ils savent que la pente sera rude pour peut-être un jour obtenir le graal.

Depuis un an et demi, un groupe de professionnels de la filière viticole de Vienne à Valence s’est lancé un vrai défi pour faire classer le berceau d’origine de la syrah devenu le 7ème cépage mondial le plus planté dans le monde (environ 150 000 hectares sur la planète). Une démarche qui entend mettre en avant la faculté d’adaptation du cépage, sa résilience par rapport au changement climatique, et ses magnifiques paysages en terrasses à chaillées (murets) surplombant la vallée du Rhône. L’idée a germé suite aux travaux de la chercheuse américaine en génétique Carole Meredith (de l’institut de Davis en Californie) confirmés par l’ampélographe Jean-Michel Boursiquot. Ils attestent donc que la syrah, fille de la mondeuse blanche de Savoie et de la dureza d’Ardèche est bien née sur ce terroir. Exit les hypothèses farfelues d’une provenance sicilienne de la région de Syracuse ou iranienne des environs de la ville de Shiraz.

Un travail de longue haleine

« Comme la Bourgogne avec Aubert de Vilaine pour le classement des climats de Côte de Beaune et Côte de Nuits, nous voulions que le groupe de réflexion reste aux mains des vignerons et que l’on ne parle pas seulement des grands vins mais aussi du travail des hommes, du bâti, des paysages…, explique Jacques Grange qui pilote le dossier et rassemble les opérateurs et les présidents d’appellation. On se rend compte à quel point c’est un travail de précision et une véritable recherche scientifique ». Bruno Delas, chargé de mission pour les sites historiques de Lyon, inscrits en 1998 au Patrimoine mondial de l’Unesco, accompagne la démarche. « Nous sommes bien conscients que cela peut prendre une dizaine d’années sans être sûr du résultat mais nous étions tous d’accord pour dire que cela valait la peine de tenter l’expérience, ne serait-ce que pour mieux nous connaître et échanger davantage sur la syrah. D’autant que les politiques nous ont suivis ».

La prochain étape consiste à créer d’ici quelques mois une structure associative. Un délégué territorial devrait bientôt être embauché pour travailler de façon rigoureuse et professionnelle sur le dossier. Y seront associées toutes les ODG et les appellations, AOP et IGP de Côte Rôtie à Saint-Péray en passant par Condrieu, Château Grillet, Saint Joseph, Crozes-Hermitage, Hermitage et Cornas. L’ensemble de la filière va ainsi participer au montage mais le budget devra être complété par les acteurs du tourisme, de la gastronomie et par les collectivités territoriales, de la Région aux communes. Une série d’interviews de producteurs emblématiques du Rhône Nord (Jean-Louis Chave, Marcel Guigal, Auguste Clape…) a déjà été réalisée  pour alimenter la partie historique. « Cet objectif de classement nous permettra de nous réapproprier nos racines dans le cadre d’un travail collectif et dans un contexte d’accès de plus en plus compliqué au vignoble » conclut Jacques Grange.


Il est encore temps de prendre vos billets pour Lyon tasting et les masterclass les 8 et 9 juin au palais de la Bourse de Lyon en cliquant sur ce lien.

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Le domaine Evenstad inauguré à Santenay

Un accomplissement pour la famille Evenstad, déjà propriétaire du Château de la Crée, et devenue célèbre dans le monde du vin grâce au domaine Serene, en Oregon.

Des caves voûtées immaculées,  une cuverie scintillante, et des espaces de dégustation entièrement rénovés. Le domaine Evenstad célèbre la fin de son installation à Santenay, en Côte de Beaune. Propriété de la famille du même nom, il prend place au cœur de Santenay. Il remplace le domaine Prosper Maufoux, qui a déménagé à Saint-Aubin suite à son acquisition par le groupe Famille Piffaut Vins et Domaines.

Un domaine pour le parcellaire des Côtes de Nuits

Lors de l’inauguration, jeudi 29 septembre, Grace Evenstad a savouré cet accomplissement, 7 ans après le rachat du château de la Crée, dans le même village. « Avec Ken, nous sommes immédiatement tombés amoureux de Santenay dès notre arrivée », a-t-elle confié, émue, faisant référence à son mari décédé en 2020. Grace et Ken Evenstad se sont fait un nom dans le monde du vin avec le domaine Serene, créé en 1989 dans les Dundee Hills, en Oregon.

À ses côtés, le directeur de ses deux propriétés bourguignonnes, Marc Magnat, s’est félicité de l’inauguration « d’un lieu ouvert aux visiteurs, dont les salles de dégustation permettront de goûter les vins tout en ayant vue sur les lieux de production ». Le domaine Evenstad vinifiera les six hectares du domaine Christian Confuron, situé à Vougeot, et acquis en 2021 par la famille Evenstad. Un parcellaire qui comprend des grands crus Bonnes Mares et Clos-Vougeot, des premiers crus sur Chambolle-Musigny et Nuits-Saint-Georges, ainsi que des vignes en appellation village et régionale.

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1762 : le flacon d’exception de Marquis de terme

Propriété de la famille Sénéclauze, le Château Marquis de Terme rend un hommage à l’année de la création du domaine. Pour l’occasion, le Grand Cru Classé 1855 de Margaux sort un flacon unique par son contenu comme par son contenant. La Cuvée 1762 is born.  

Le directeur général, Ludovic David, arrivé à la tête du Grand Cru Classé au début des années 2010, a du goût. En témoigne de prime abord la remontada des vins du Château Marquis de Terme pour venir désormais tutoyer les plus beaux margaux de l’appellation. De la restructuration du vignoble jusqu’au chai, tout a été repensé pour délivrer des millésimes de très très grande qualité. Par ailleurs, Ludovic David a convaincu la famille Sénéclauze de monter un restaurant au cœur du domaine. La table Au Marquis de Terme, avec au piano Grégory Coutanceau, fait désormais partie du paysage gastronomique médocain. Concernant l’histoire du Grand Cru Classé 1855, une cuvée vient d’être spécialement créée pour rappeler que la genèse de ce domaine s’est opérée en 1762, alors que Mademoiselle Ledoulx d’Emplet apporte en dot à François de Peguilhan, le marquis de Terme, un magnifique vignoble. Depuis, les frontières du domaine n’ont pas changé et Ludovic David a souhaité une cuvée exceptionnelle pour révéler la typicité de ce terroir. Ainsi, les 26 parcelles du vignoble, formant les 40 hectares du cru, vont entrer dans la composition de La Cuvée 1762 créée sur le millésime 2018. 77% de cabernet sauvignon, 18% de merlot et 5% petit verdot la composent. Et tout points fidèle à la signature de Marquis de Terme, le vin offre un nez délicat de violette et de fleur de sureau. L’attaque est suave, un très beau gras contient la structure tannique. La mûre, le cassis frais et la réglisse viennent caresser le palais, d’autres notes de moka et d’épices douces s’invitent à la palette aromatique. C’est dense et pour autant très élégant, profond, complexe. Le pari réussi de la fraîcheur en fait une cuvée très agréable dans sa jeunesse, sur l’éclat du fruit et la richesse. Toutefois, il porte un bon potentiel de garde. Pour l’occasion une étiquette singulière vient parachever cette cuvée avec l’emblématique lion symbolisant la force et le gardien du temple dont la devise est : « Ne jamais renoncer, gagner l’éternité ».

Marquis de terme – La Cuvée 1762 : 30€   

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Lionel Boillot met Marseille en bouteilles

L’entrepreneur marseillais Lionel Boillot poursuit son aventure viticole dans la cité phocéenne en vinifiant et élevant des vins sur le Vieux-Port et en plantant bientôt des vignes sur les hauteurs de la ville.

Le bourlingueur marseillais a beaucoup voyagé avant de revenir jeter l’ancre dans son port natal.  Une vie précédente en Chine comme commercial et industriel dans le négoce du vin a permis à Lionel Boillot d’apprendre le chinois et de s’intéresser de plus en plus à l’élaboration du produit. A partir de 2010, il se focalise sur les vins bios et biodynamiques, en particulier ceux de la vallée du Rhône. Mais le commerce du vin devient plus difficile avec l’arrivée du gouvernement de Xi Jinping. Après plus de 20 ans dans l’Empire du Milieu, il revient donc dans l’Hexagone en 2017 avec femme et enfant et l’idée de s’orienter vers l’œnotourisme spécialisé dans la clientèle chinoise. Finalement une autre opportunité se présente. Un ami d’école de commerce, Michel Assadourian (co-fondateur de la marque de téléphonie Wiko qu’il a revendue à des investisseurs chinois) cherche à investir et lui propose de faire des vins marseillais. « Je n’avais pas seulement envie de faire de négoce ; je voulais élaborer les vins et travailler sur les assemblages avec et chez des vignerons, bio évidemment et plus accessibles que ceux de Cassis ou Bandol ».

En attendant les vins 100% Marseille

Faute d’avoir trouvé un domaine dans les Bouches-du-Rhône, les deux comparses créent donc la société We Wine dans la cité phocéenne, embauche Maud Blanchard, spécialiste du bio comme œnologue et lancent deux gammes, On Grain Deguin (évoquant l’expression « on craint rien » en marseillais) dans les trois couleurs, un blanc en grenache-viognier-roussanne, un rosé en cabernet sauvignon-carignan-marselan et deux rouges 100% merlot  dont un sans sulfites (11 €), puis une gamme plus premium, Baie des Singes (lieu emblématique typiquement phocéen à l’entrée des calanques); élevée tout ou partie en barriques, elle comprend un blanc viognier-marsanne-roussanne et un rouge en grenache-merlot-syrah (17 €). La gamme baptisée Sainte Cigale est réservée la chaîne de magasins bio Marcel & Fils. Toutes les bouteilles sont en Vin de France pour jouer sur la souplesse des assemblages et communiquer plutôt sur Marseille et les cépages.

« Mais pour être crédible, il fallait vinifier ici, reconnait Lionel Boillot. Pour ça, j’ai déniché l’an dernier sur le Bon Coin un local idéalement situé sur le port ». Au début, il ne servait qu’aux dégustations mais il a vite été reconverti en véritable chai urbain abritant pressoir, cuves en inox, barriques et et jarres en grès. Est ainsi sorti récemment des Chais de Mars un 100% syrah vinifié en levures indigènes, élevé in Marseille et baptisé naturellement M+A+R+S (28 €). La société a produit au total près de 50 000 bouteilles en 2021 et pensent doubler la production cette année. Elle propose régulièrement des ateliers de dégustation avec des accords mets-vins en partenariat avec d’autres artisans locaux (tartinades, fromages, pains, chocolats).

Mais Lionel ne compte pas en rester là. Car pour revenir à l’idée d’origine et offrir un vin 100% marseillais, il faut des raisins marseillais. Il espère pouvoir planter en février prochain ses propres vignes en territoire phocéen, sur les hauteurs d’Allauch et reste en pourparlers avec la métropole de Marseille dans le cadre du développement d’une agriculture urbaine. L’encépagement est encore à l’étude mais il pourrait commencer par quelques pieds de cinsault et roussanne avec des oliviers et des arbres fruitiers…pour une première production d’ici cinq ans.

En musique

Comme Lionel Bouillot ne sait pas mettre ses deux pieds dans le même chai, il avait imaginé il y a trois ans une « cuvée musicale » de châteauneuf-du-pape avec une vinification inédite consistant à immerger une enceinte diffusant du free jazz 8 heures par jour dans des cuves en béton avant un élevage en foudres. L’expérience réalisée avec Françoise Roumieux des vignobles Mayard visait à proposer une dégustation comparée avec le même assemblage (grenache, mouvèdre, syrah, cinsault) en élevage ‘silencieux’. «  Et il y a une vraie différence » affirme Lionel Bouillot. A la dégustation, on peut en effet constater que le vin mélomane se révèle plus fruité au nez, plus ample et soyeux en bouche avec une finale boisée légèrement plus marquée. Le néovigneron devrait renouveler l’expérience avec quatre artistes marseillais au style de musique différent; la prochaine cuvée est un mourvèdre qui va être vinifié en amphore et soumis aux gammes de Vincent Beer-Demander, concertiste et joueur de mandoline.

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Bordeaux fête le vin devient annuel

Traditionnellement organisé en juin dans la capitale girondine les années impaires, en alternance avec la Fête du fleuve, le festival œnotouristique fera désormais vibrer la métropole bordelaise tous les mois de juin. Rendez-vous donc du 22 au 25 juin 2023, et en avant-première dès le 15 juin

Voué à « promouvoir la destination Bordeaux à travers ses vins, ses produits locaux et artisanaux et son patrimoine », Bordeaux Fête le Vin a tiré les enseignements de la crise sanitaire, qui l’a incité à adapter sa formule. Toujours centré autour des fondamentaux qui ont fait son ADN (route des vins à ciel ouvert et ses pavillons des appellations en bord de Garonne* animés par les vignerons et négociants locaux, majestueux grands voiliers à quai, nombreuses animations…), l’événement est désormais agrémenté d’une semaine d’avant-première faisant vibrer les parcs, lieux culturels, restaurants et caves à vin de la métropole bordelaise. Déjà à l’honneur lors de l’édition 2022, l’assemblage entre vins et musique sera également encore renforcé en 2023.

La fibre éco-responsable

L’autre grand aspect mis en avant par l’Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole, organisateur de l’événement en coordination avec le CIVB – Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (avec le concours de la Mission Tourisme de Bordeaux Métropole, l’Agence pour l’Alimentation de la Nouvelle-Aquitaine AANA, et le soutien de la Ville de Bordeaux, Bordeaux Métropole, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Conseil Départemental avec Gironde Tourisme et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux), c’est l’aspect environnemental. Bordeaux fête le vin se veut en effet, selon un communiqué officiel de ce mois de septembre 2022, « une occasion unique de partager et éclairer les visiteurs sur l’élaboration du vin et sa dégustation, et sur l’engagement des vins de Bordeaux, la Gironde occupant le rang de premier département en surface de vignes bio en France. Résolument attentive aux questions environnementales et sociétales, la Fête est en accord avec une organisation écoresponsable et humaine, qui a permis à l’édition 2021 de Bordeaux Fête le Vin d’être labellisée ISO 20121. »

En attendant juin 2023, les pass dégustation, précieux sésame pour profiter pleinement de la Fête seront proposés dès ce mois de décembre.

* Les Côtes, Graves -Sauternes, Mouton Cadet – Baron Philippe de Rothschild, les Vins du Médoc, les Vins de Nouvelle-Aquitaine, les Vins Frais de Bordeaux, les Bordeaux et Bordeaux Supérieur Rouges, Saint-Emilion – Pomerol – Fronsac.

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[Entretien] Bollinger dévoile les grands chantiers de son bicentenaire

A l’occasion de son futur bicentenaire en 2029, la Maison Bollinger lance différents chantiers qui doivent permettre de réactualiser ses valeurs : un hôtel, une école, un nouveau chai et tout un plan d’action environnemental. Charles Armand de Belenet, son président, nous en dit plus.

Quel est l’objectif de cette future école des savoir-faire ?

Nous sommes une entreprise du patrimoine vivant, et nous possédons un certain nombre de savoir-faire dont certains sont en péril. Nous ne sommes pas certains de trouver demain des remueurs, des dégorgeurs, des tonneliers. Ce sont des métiers compliqués qui n’attirent pas forcément les jeunes générations, notamment parce qu’elles ont envie de passer d’une expérience à l’autre et pas forcément vingt ans dans le même métier. Nous savons pourtant qu’ils font partie de cette dimension artisanale grâce à laquelle par moment nous élaborons des vins exceptionnels. Nous avons entrepris de les décomposer pour définir les contenus pédagogiques. Nous mettrons ensuite en place des certifications, d’abord en interne, l’objectif étant que nos collaborateurs puissent être formés et obtenir chacun plusieurs certifications. Nous valoriserons ensuite ces certifications vers l’extérieur, où nous ferons en sorte qu’elles soient reconnues pour que les élèves qui viendront se former puissent s’en prévaloir auprès d’autres sociétés. Si par exemple des personnes apprenaient le marcottage chez nous pour repartir ensuite dans leur région, ce serait extraordinaire.

Vous lancez un vaste projet d’hôtellerie …

Nous allons ouvrir vingt chambres dans la Maison Deuil et trois suites historiques dans l’ancienne maison de Madame Bollinger. Nous visons l’équivalent d’un quatre étoiles, avec des nuits autour de 500 euros. Mais l’objectif est de faire vivre une expérience Bollinger, ce n’est en aucun cas d’aller cibler une expérience Palace. Nous travaillons sur des weekends thématiques, autour d’un chef par exemple qui viendrait apprendre aux hôtes l’art des accords mets/vins, ou autour d’une cuvée, comme les vieilles vignes, où ils dégusteront quelques millésimes et auront la possibilité de s’exercer au marcottage. C’est le prolongement de ce que nous avons commencé avec nos expériences vendanges, au cours desquelles nos amateurs mettent le tablier, viennent cueillir, puis partagent un repas. Nous avons 20.000 membres du club 1829 et nous savons que lorsque nous faisons ce type d’offre, en dix minutes elles sont vendues. Notre prestation n’est donc pas concurrentielle mais complémentaire à celle des grands hôtels qui ont déjà ouvert. Il y aura cependant un spa, une piscine intérieure, des soins parce que la grande problématique de la Champagne, c’est l’hiver pendant lequel il est indispensable de pouvoir proposer des activités. Pour le restaurant, nous avons en tête un modèle de vingt à quarante couverts où la gestion sera confiée à un partenaire extérieur. Il s’agit davantage d’apporter un service à nos hôtes que de tirer un bénéfice économique. Nous avons beaucoup regardé ce qui se faisait à Bordeaux, comme à Château La Dominique. Nous ne cherchons pas à faire un étoilé, nous ciblons plutôt la bistronomie, pour avoir quelque chose de plus contemporain et détendu. La carte des vins sera axée sur les vins d’Aÿ, et ouverte à d’autres vignerons.

L’objectif, enfin, est de mettre en avant Ay, une destination complémentaire à Reims et Epernay, pour des gens qui souhaitent une expérience plus vigneronne. La création de Pressoria par les élus municipaux s’inscrivait dans la même logique.

D’autres travaux concernent la production…

Avec la construction d’un chai cathédrale, nous souhaitons faire passer notre capacité de 4000 à 5000 tonneaux. Nous commençons à saturer en espace depuis l’arrivée de la gamme PN. Par ailleurs, la Special cuvée représente 80 % de nos bouteilles, mais notre volonté est de rééquilibrer sur la partie millésimés (RD, La Grande année..), lesquels sont toujours vinifiés sous bois.

Vous avez aussi fixé des objectifs ambitieux en termes d’environnement…

15 % de nos surfaces sont dédiées à la biodiversité, notre objectif est qu’ils passent à 40 % en 2029. En ce qui concerne notre impact carbone, il devra se réduire de 40 %. Nous devons notamment pour cela travailler sur notre bouteille, actuellement plus lourde que la champenoise traditionnelle. Il y a aussi la question des packagings, nous ne pouvons pas les supprimer d’un coup, parce que le consommateur n’est pas prêt, mais ils devront déjà être 100 % recyclables et 100 % recyclés. Aujourd’hui 50 % de nos bouteilles sont vendues avec un étui, nous voulons demander aux cavistes de ne fournir ces étuis qu’à la demande des clients. Nous avons supprimé toutes les expéditions de bouteilles commerciales par avion et pour ne plus avoir des commerciaux qui font le tour du monde, nous mettons désormais en place à l’étranger des réseaux d’ambassadeurs locaux.

Quelle sera l’évolution côté vins ?

Toujours plus de terroir, de pinot noir et de parcelles comme celle que nous vous avons présentée aujourd’hui (le premier champagne issu d’une parcelle de la Côte aux enfants). Nous voulons remettre en avant notre dimension vigneronne et cela se fera en apportant une plus grande variété de vins, des vins qui se réinventent chaque année et révèlent des facettes différentes. Nous continuerons aussi à mettre l’accent sur la R&D pilotée par Denis Bunner, qui est un professionnel de la recherche. Son équipe dispose de notre orgue de vinification à Mareuil. Celle-ci permet de faire de la micro-vinification dans des petites cuves cigares dans les mêmes conditions que dans des grandes et d’être encore plus précis par exemple sur les comparaisons à l’intérieur des parcelles. Nous travaillons beaucoup sur l’adaptation au changement climatique, les carences azotées qu’il provoque, la manière d’y remédier… Il faut savoir aussi que le pinot noir qui est au cœur de notre identité souffre davantage du réchauffement que les autres cépages, d’où l’importance de la recherche, les vieilles vignes françaises étant pour nous la pointe du combat.

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[Livre] In Vino Femina : zoom sur un sexisme ordinaire dans le monde du vin

En cette rentrée littéraire, voilà un livre qui ne passe pas inaperçu. Un livre qui dénonce avec intelligence les difficultés encore subies par la gent féminine dans les différents métiers viticoles et œnologiques. Rencontre avec son auteure, Alessandra Fottorino (sommelière, caviste, formatrice, fondatrice de bars à vins) et sa dessinatrice Céline Pernot-Burlet.

Autant couper court immédiatement à tout préjugé : In Vino Femina (Ed. Hachette) n’est pas un livre clivant, bien au contraire. Féministe, il l’est, en ce sens qu’il dénonce des situations totalement inacceptables dans le monde du vin à l’encontre des femmes avec pour objectif de parvenir simplement à ce que femmes et hommes puissent évoluer de la même manière dans ce milieu professionnel. Avec beaucoup d’humour dans les textes et des dessins percutants, ce livre parvient à sensibiliser sans stigmatisation, une vraie réussite et un ouvrage très utile. Et une mine d’informations aussi avec des portraits de femmes du vin, célèbres ou non, et une très jolie sélection de cuvées coups de cœur.

Comment est né ce projet « In Vino Femina » ?

AF : « depuis longtemps, des choses bouillaient en moi quant à des expériences personnelles et professionnelles négatives autour du vin mais j’étais dans l’incapacité de l’exprimer, avec l’idée que je n’avais pas le droit de le faire. Plusieurs affaires m’ont particulièrement heurtées, comme celle de Marc Sibard ou de la caricature dans un grand magazine. Ce livre est donc arrivé comme un exutoire à un moment où j’ai eu quelques problèmes de santé. Et dès le départ, je l’ai imaginé en dessins, notamment pour les saynètes au ton sarcastique (les « lampées sexistes » dans le livre) qui reviennent comme un leitmotiv et présentent des situations que j’ai vécues. Le trait de Céline a été comme une évidence, notamment pour ces dernières en les rendant vivantes. Elle a immédiatement accepté une collaboration et nous nous sommes lancées dans l’aventure ».

CPB : « dès le départ, notre idée commune a été de réaliser un ouvrage qui soit accueilli comme un livre sans excès. Nous aspirons à ce qu’il contribue à libérer la parole mais sans aucune radicalité. Et puis le propos m’a touché car, tout en n’étant pas du tout du monde du vin, on vit les situations décrites dans les « lampées sexistes » dans d’autres milieux professionnels ».

Comment abordez-vous donc le féminisme ?

AF : « si notre binôme a bien fonctionné, c’est parce que Céline et moi avons la même vision du féminisme. Pour nous, il s’agit d’un combat où se retrouvent des hommes et des femmes pour une égalité. Point ! Et je pense que l’humour est d’ailleurs la meilleure manière de permettre aux lecteurs d’accéder au message que l’on souhaite faire passer. Je travaille depuis 13 ans dans le monde du vin où il y a une vraie féminisation. Les choses se sont améliorées sur cette période même s’il reste un long chemin. Je souhaitais passer des messages à mes pairs, aux apprentis garçons qui arrivent dans ce milieu pour faire évoluer les choses. Même si fort heureusement, n’oublions pas que de nombreux hommes sont à nos côtés. Nombre d’entre eux sont tout autant choqués aujourd’hui par des étiquettes extrêmement violentes, sexualisant à outrance le corps de la femme et usant de jeux de mots plus que douteux ».

CPB : « Nous voulions également que notre livre soit lu par des hommes, c’était fondamental. Il ne s’agit pas d’un livre écrit par des femmes uniquement pour des femmes ».

TDV :

AF : pour accompagner vos messages, les dessins et leurs couleurs ont une grande force symbolique dans l’ouvrage.

CPB : « en découvrant les « lampées sexistes » d’Alessandra, je les ai trouvées écrites avec beaucoup de finesse, super vivantes, je pouvais l’imaginer parler dans ces situations. Je voulais donc quelque chose de très fin qui lui ressemble. Je voulais avoir un style de dessin très simple et graphique, avec du noir et du rouge, pour mettre les personnes au centre du propos. Au fil des pages, la symbolique du rouge apparaît, accompagnant des sentiments d’amour mais aussi de violence. Le vert s’inscrit alors comme une respiration nécessaire ».

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