Champagne Beaumont des Crayères, ode à la vallée de la Marne

Cette coopérative discrète s’est développée autour d’un territoire circonscrit aux portes d’Epernay. Zoom sur les cuvées fleurs qui représentent le haut de gamme

Lorsque vous descendez de la Montagne de Reims, 2 solutions s’offrent à vous. Soit vous continuez vers Epernay en longeant la côte des blancs, soit vous bifurquez à droite pour entrer dans la vallée de la Marne. Cette sous-région champenoise moins connue que ses voisines n’en est pas moins un territoire passionnant, fort d’une identité singulière. En remontant le cours de la Marne, vous tomberez alors immédiatement sur un premier village, Mardeuil. C’est là que se trouve depuis 1955 la coopérative Beaumont des Crayères. Une structure singulière car ses 240 adhérents sont tous situés dans les alentours proches du village. Cela permet d’obtenir une vraie identité territoriale dans les champagnes produits. Au total, les superficies exploitées sont relativement modestes, à peine 73 hectares. Cela indique donc que les viticulteurs n’ont en moyenne que des parcelles de 20 ares. On parle davantage ici de jardins que de vignobles, certains adhérents ayant d’ailleurs conservé une double activité par impossibilité de pouvoir vivre uniquement du travail de la vigne. Au global, la production s’élève à 450 000 bouteilles par an avec un cépage emblématique de la région, le meunier qui représente 60 % des surfaces. Chardonnay et pinot noir complètent l’encépagement.

Une gamme homogène

Parmi la dizaine de références produites par Beaumont des Crayères, la gamme des fleurs a pour vocation de mettre en avant chacun des cépages clé de la Champagne. 3 des cuvées sont donc des monocépages, toujours millésimées. Fleur blanche met en exergue le chardonnay vieilli 5 an minimum. Une petite partie de l’élevage se fait en demi-muids pour apporter davantage de rondeur au vin. Au nez, les notes crayeuses sont agréables. La bouche est traçante, énergique avec des notes abricotées gourmandes. Cela provient des côteaux argilo sableux de Mardeuil qui produisent des vins amples et accessibles, dont les chardonnays sont souvent marqués par les fruits jaunes. Cela tient aussi à un microclimat spécifique. Les nuages qui remontent la vallée de la Marne bifurquent généralement en amont de Mardeuil vers Reims ou vers Epernay, limitant les quantités de pluie. Fleur noire 2014 rend pour sa part hommage au pinot noir. Un nez de légers fruits rouges avec une pointe grillée. Une belle vinosité et de la profondeur. L’éclat en bouche est plaisant et la sapidité évidente. Fleur de meunier 2014 enfin est un clin d’œil au cépage local de l’étape. Très gourmand au nez avec un côté sphérique, il séduit par ses notes florales. Un champagne rond et souple. On aimerait peut-être un dosage légèrement moins important pour renforcer encore la typicité de ces champagnes.

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Berticot innove face aux aléas climatiques

La cave coopérative de Berticot, sur l’appellation Côte de Duras, a mis en place un vignoble expérimental pour développer des cépages qui résisteraient à la fois aux fortes chaleurs et aux maladies. Trois cuvées sont issues du millésime 2021

Face au réchauffement climatique, la cave coopérative de Berticot, installée sur l’appellation Côte de Duras essentiellement dans le Lot-et-Garonne, a choisi de s’adapter. En 2016, la cave, qui rassemble une centaine de vignerons, a constitué un vignoble expérimental de 4 hectares dans l’objectif de développer des cépages résistants aux fortes chaleurs et aux maladies. Des variétés étrangères à la région ont été plantées. En 2019 et 2020, une cuvée a pu voir le jour. Puis en 2021, trois vins, deux rouges et un blanc, ont pu être élaborés. « Au fur et à mesure, on affine. L’aspect météorologique joue également », explique Chloé Maixandeau, responsable marketing et communication de Terre de Vignerons, union de dix caves, dont celle de Berticot. « À toute Berzingue » désigne la gamme issue du vignoble expérimental de la cave de Berticot.

Le premier rouge est un 100 % vidoc, un cépage suisse. « Il résiste beaucoup au mildiou et à l’oïdium, deux maladies de la vigne », précise Chloé Maixandeau. Le second est un assemblage de marselan, d’arinarnoa, de cabernet sauvignon et de cabernet franc. « Le marselan résiste bien aux maladies comme à la chaleur. Quant à l’arinarnoa, un cépage basque, il est sensible à la chaleur mais il apporte de la structure. Cela est intéressant pour les assemblages ». Enfin, le blanc est un assemblage de floréal, qui a besoin de peu de traitements, et d’arriloba. Toutes ces cuvées sont produites sous l’appellation IGP Atlantique. Pour le millésime 2021, le chai expérimental est parvenu à produire 20 000 bouteilles, les trois cuvées confondues.

Forts de l’expérience des premières années, les vignerons de Berticot ont lancé un plan d’encépagement sur l’ensemble des domaines qui regroupent 1 100 hectares de vignes. « En 2023, nous voudrions que ces nouveaux cépages représentent entre 250 et 300 hectares ».


Terre de vins aime :

La coopérative de Berticot (ou « les vignerons déjantés de Berticot » comme ils se désignent eux-mêmes), située dans le Lot-et-Garonne, a mis en place depuis 2016 un vignoble expérimental destiné à être un « observatoire à ciel ouvert » face aux effets du dérèglement climatique, s’inscrivant dans une démarche de respect de l’environnement. Ainsi sont apparues de nouvelles cuvées combinant des cépages d’autres régions ou de nouveaux cépages résistants aux maladies.

Elles sont réunies sous la bannière « À toute berzingue » en IGP Atlantique, dont voici un aperçu : un assemblage de cabernet sauvignon, d’arinarnoa et de marselan se présentant sous un registre croquant, petit fruit rouge épicé, facile à boire et décontracté, à boire par exemple sur des manchons de poulet marinés aux épices. Le blanc est un 100 % vidoc, variété résistante, présentant un agréable bouquet de fruit noir corsé, un profil dense et structuré, porté par une bonne arête acide. Avec un foie de veau déglacé au balsamique. Prix indicatif de ces cuvées : 6,20 euros.

Dégustation par Mathieu Doumenge

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[Armagnac] Jérôme Delord : « un président, c’est un capitaine »

Jérôme Delord vient d’être désigné Président du Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA) pour un mandat de trois ans. À l’heure de prendre ses nouvelles responsabilités, le producteur-négociant nous donne les grands caps de sa présidence qu’il définit comme “un capitanat”.

Vous succédez à Patrick Farbos à la présidence de l’interprofession. Quel état des lieux dressez-vous sur la situation de l’armagnac, et quels grands caps souhaitez-vous donner à votre mandat ?
Cela fait plus de vingt ans que je suis en Armagnac, et j’ai rapidement intégré les rouages de l’interprofession. J’ai donc pu voir les choses évoluer de l’intérieur depuis plusieurs années… Le monde a changé, et l’armagnac avec lui. L’armagnac est plus présent, plus dynamique, plus jeune, plus tendance, en conformité avec la formidable évolution de l’univers des spiritueux. Il y a vingt ans, on nous regardait de haut, aujourd’hui l’armagnac est parfaitement dans le tempo de ce renouveau mondial des spiritueux. J’ai la chance de prendre la présidence de l’interprofession sur ce temps fort… Mon job va être de continuer à accompagner ce renouveau, de fédérer, de faire avancer tout le monde ensemble, être un vrai capitaine.

L’armagnac se trouve à une croisée des chemins, entre une modernisation déjà entamée et une image à faire perdurer, celle d’un alcool historique, authentique, ancré…
C’est ce grand écart que nous devons continuer de réussir. L’armagnac doit revenir au niveau qui est le sien, dans l’imaginaire des consommateurs, et dans le cœur de tous les Gascons. Comme vous le dites, c’est un produit empreint de fierté, d’Histoire, d’authenticité. Mais il y aussi beaucoup de sang neuf, de nouveaux entrants qui bousculent les codes par le style de leurs eaux-de-vie, leurs packagings, par une volonté de toucher l’univers de la mixologie mais aussi de jeunes consommateurs. L’armagnac, c’est “à chacun son style”, on peut avoir des eaux-de-vie vieillies pendant des décennies, taillées pour des moments de consommation plutôt traditionnels, mais aussi des eaux-de-vie sur la jeunesse, la vivacité, le fruit. Cette diversité est une force.

Vous évoquez les “nouveaux entrants”… est-ce que le renouvellement des générations est un axe prioritaire de votre mission de président ?
L’une des prérogatives de l’interprofession – et donc de son président – est en effet de donner envie aux nouvelles générations de reprendre le flambeau des propriétés, de continuer à faire vivre le territoire. On voit de jeunes vignerons qui sont fiers de défendre l’armagnac, de perpétuer une histoire familiale et de la réinventer quelquefois, de faire bouger les lignes ; mais on a aussi des opérateurs qui s’installent dans la région, parfois venus de loin, car ils croient au potentiel de ce produit. On voit aussi de plus en plus de producteurs de Côtes de Gascogne qui remettent de l’armagnac dans leur gamme… Plus nous serons nombreux, plus nous serons divers, et plus nous seront forts.

Quels sont les territoires de conquête de l’armagnac pour les années à venir ?
C’est une question très large. Il y a autant de territoires à conquérir que de profils d’entreprises, entre un vigneron qui vend son armagnac sur les marchés locaux et un opérateur qui va vouloir développer l’export. L’export, justement, et sans doute un de nos axes de progrès. On doit le développer, tout en consolidant notre marché national, notre présence auprès des bartenders, des sommeliers… Comme je l’ai annoncé lors de mon discours inaugural, l’objectif est que dans cinq ans, les ventes de bouteilles d’armagnac soient multipliées par deux. Cela équivaut à environ 7 millions de bouteilles, ce qui est un objectif tout à fait réalisable. Pour y parvenir, tout le monde doit aller dans le même sens : le viticulteur, le distillateur, le négociant… J’y crois fermement car le renouveau est déjà lancé, tout le monde “sent” qu’il se passe quelque chose ici. À nous de le confirmer.

Le spiritourisme, en s’appuyant notamment sur les atouts du territoire gascon, fait-il partie de vos autres axes de développement ?
Dans le cadre du plan “Armagnac 2030” qui a été récemment dévoilé, le spiritourisme fait en effet partie des points de progrès qui ont été identifiés. Notre territoire a d’énormes atouts à faire valoir pour attirer les visiteurs, et nous pouvons y arriver avec le soutient des offices de tourisme. Mais pour faire venir le public jusqu’à nous, nous devons aussi porter la bonne parole hors de nos frontières. Tous les acteurs économiques du territoire doivent être des ambassadeurs de l’armagnac et contribuer à faire rayonner ce produit.

Quelles sont les premières grandes échéances de votre mandat ?
La première grande échéance sera l’inauguration de la nouvelle maison du vignoble Gascogne-Armagnac à Eauze, qui aura lieu le 9 novembre et sera présidée par mon prédécesseur Patrick Farbos, qui a porté ce beau projet. En tant que président, ma première intervention se fera le 25 novembre, dans le cadre de la dégustation du concours des armagnacs, qui est toujours un temps fort. Ensuite viendront d’autres moments importants au contact des professionnels, comme Wine Paris & Vinexpo Paris. Je tiens d’ailleurs à saluer l’excellent travail qui est fait par notre directeur Olivier Goujon et par Maeva Vidonne à la communication et la promotion. L’armagnac, c’est un collectif, c’est aussi une continuité que j’entends préserver, tout en m’efforçant de garder un œil neuf. Nous avons plein de choses à accomplir, une somme de détails à conquérir : comme pour un champion olympique, on ne peut décrocher un titre qu’en améliorant chaque détail. Nous pouvons le faire, pour continuer de progresser et gagner la partie.

Retrouvez notre reportage “Sang neuf en Armagnac” et notre sélection de pépites dans notre hors-série Spiritueux, à paraître le 16 novembre dans les kiosques.
https://kiosque.terredevins.com/

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[Châteauneuf-du-pape] Domaine André Brunel, l’élégance sudiste par la fraîcheur

Ce domaine très ancien de Châteauneuf-du-pape poursuit inlassablement depuis des décennies, sans tambour ni trompette, une certaine idée des vins de la région. Un maître-mot, la subtilité, qui se transmet de génération en génération. Pour le plus grand plaisir de nos papilles

Fabrice Brunel, ingénieur de formation, est revenu sur le domaine familial il y a une dizaine d’années. Et alors que certains auraient tendance à vouloir imprimer leur patte en traçant une nouvelle voie, lui s’est inscrit dans la droite ligne de ce qui fait l’âme de ce domaine ancré à Châteauneuf-du-pape depuis plus de 200 ans. « Comme mon père, je ne souhaite pas proposer des vins qui nécessitent d’être décantés 5 heures avant d’être bus. Je souhaite que mes vins, tout en offrant un grand potentiel de garde, puisse plaire pour le fruité qui aura été préservé et l’élégance de leur matière. Nous ne cherchons jamais trop de puissance et donc nous récoltons nos raisins assez tôt. De même, nous utilisons en cave peu de barriques », explique-t-il. La gamme du domaine est très simple à comprendre puisqu’elle s’articule essentiellement autour de la cuvée des Cailloux, vin d’assemblage qui permet d’exprimer au mieux la magie des différents terroirs de l’appellation. Sur les 20 ha de vignes du domaine, on trouve ainsi des argiles, des galets roulés et même 1 hectare de sable. Au total, une dizaine de parcelles d’environ 2 hectare. De quoi mettre en avant des identités spécifiques lors de vinifications séparées. Le domaine s’est d’ailleurs récemment doté d’une nouvelle cuverie pour pouvoir disposer de davantage de cuves afin de pousser plus loin cette approche parcellaire initiale. Mais c’est bien un vin d’assemblage qui est produit.

Des Cailloux et des vignes Centenaires

En 1889, après la crise du phylloxera, l’arrière-grand-père de Fabrice avait planté une parcelle de grenache sur les hauteurs de l’appellation à un endroit bien venteux posé sur une veine d’argiles bleues. C’est cela qui va protéger ces vignes des maladies et va leur permettre de vivre encore aujourd’hui. Et quel âge ! Elles ont officiellement battu cette année Jeanne Calment avec donc 123 ans au compteur. “en dépit de ce qu’on pourrait imaginer, ce sont nos vignes les plus productives” s’enthousiasme Fabrice. Et d’ajouter “mon père a souhaité vinifier cette parcelle à part en 1989 pour en faire une cuvée spéciale“. Ainsi naissait la cuvée haut-de-gamme Les Centenaires, la même année que « Hommage à Jacques Perrin » chez Beaucastel ou « La cuvée du Papet » au Clos du Mont-Olivet. Depuis cette date, le principe est simple. Cette parcelle est toujours vinifiée séparément comme les autres parcelles du domaine. Si la qualité est exceptionnelle, elle est embouteillée séparément, sinon elle intègre l’assemblage des Cailloux. Une cuvée qui n’a donc été produite que 15 fois depuis 1989. À la dégustation, ces 2 cuvées s’avèrent particulièrement touchante et démontrent leur capacité à vieillir en pleine forme.

Entre 2000 et 2020, toute la vendange était éraflée car l’objectif était de conserver un maximum de fruit mais les choses pourraient légèrement changer à l’avenir. Quoiqu’il en soit, les Cailloux 2016 présentent aujourd’hui un style très fin, épuré et sont dotés d’une bouche tout en délicatesse. Des tanins au soyeux exemplaire qui restent très haut sur le palais. Les Cailloux 2010 s’avère pour sa part légèrement plus mûr mais porté par un très bel éclat de matière et un côté plus charnu en bouche. Sur 2006, une note ferreuse accompagne une aromatique plus évoluée mais qui laisse encore s’exprimer de très beaux fruits noirs. Sur le même millésime, Les Centenaires offrent un surcroît de densité et de volume mais un superbe équilibre sur la fraîcheur où les notes d’orange confite priment. En remontant le temps, les Centenaires montrent leur grande capacité de garde. Le 1998 est vibrant, porté par de très beaux amers et truffe légèrement. Mais c’est le 1989 qui est le juge de paix. Un vin tout bonnement exceptionnel, qui rappellerait presque un grand Bourgogne rouge avec une profondeur de fruit impressionnante. Quelle fraîcheur accompagnant une densité de matière magnifique. A noter que le domaine produit aussi un excellent Châteauneuf du pape blanc et des Côtes du Rhône.

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[Cognac] Des amateurs devenus fins connaisseurs

En douze ans, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) a formé 80 experts de 21 pays. La dernière promotion du programme Cognac Educator compte 5 diplômés.

En décembre 2010, il y a bientôt douze ans, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) lançait le programme Cognac Educator : une session annuelle de formation à Cognac réservée à une dizaine de sommeliers, barmen, cavistes, professeurs d’écoles hôtelières ou critiques gastronomiques. Ces « écoliers » de quelques jours sont sélectionnés sur dossier et viennent du monde entier.

En 2020 et 2021, le Covid a freiné la belle dynamique : les sessions se déroulèrent en visioconférence ; les dégustations et les cours furent moins vivants. Aussi, c’est avec grand bonheur que David Boileau, ambassadeur du cognac, et les équipes du BNIC ont reçu cinq candidats en Charente cette fin octobre 2022. Anna Tam’s arrivait de Hong Kong, Hannah Lanfear de Grande-Bretagne, Shawn Soole du Canada, Erhard-Friedrich Ruthner d’Autriche et Thibaud Cristini de France.

Au programme : quatre jours en immersion au pays du cognac, avec visites chez des viticulteurs, distillateurs, tonneliers et négociants ; ateliers et classes de maître ; initiation à l’art du cocktail. Un examen écrit (un questionnaire à choix multiples de 50 questions pas évidentes) puis un grand oral d’une quarantaine de minutes devant un jury de professionnels venaient clore et valider la formation.

« Pas si facile »

« Croyez-moi, cela n’est pas si facile ! Mais si l’on est travailleur et attentif, si l’on aime vraiment le cognac et sa région, décrocher le diplôme ne pose pas de problème », témoigne Peng Wang, 43 ans. Cet expert en vins et spiritueux à Hong Kong avait suivi le programme Cognac Educator en 2015, où son aisance, son assiduité et son amour de la France avaient impressionné le jury. Depuis, il est régulièrement invité à Cognac, où il épaule et « chaperonne » les participants.

« Mon parcours n’est pas linéaire. J’ai appris la littérature russe et les relations internationales dans mon pays puis j’ai été étudiant à Sciences Po Paris. Je pensais faire carrière dans la diplomatie. La découverte des merveilles de la viticulture française a changé ma vie. Elle lui a donné une autre orientation », raconte Peng, que tout le monde ici, à Cognac, surnomme Paul. « La dégustation d’une eau-de-vie d’exception ne vaut que par l’émotion qu’elle procure. C’est au-delà des mots. Un très bon cognac fige le temps, le sublime en un souvenir inoubliable », dit-il.

Depuis sa création, le programme Cognac Educator a « labellisé » 80 experts de 21 pays. Ils sont devenus « prescripteurs » et s’engagent à diffuser et promouvoir la culture et la connaissance du cognac chez eux, lors de conférences ou dans des salons. Ces amateurs devenus fins connaisseurs ont organisé plus de 1 500 classes de maître, sensibilisant à leur tour 60 000 consommateurs et relais d’opinion.

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Millésime solaire et festivités dans le chinonais

Ça bouge du côté de Chinon. La récolte s’avère plus que prometteuse et prochainement, une Maison des vignerons et des vigneronnes va ouvrir ses portes. Pour les curieux, rendez-vous lors du festival Les Nourritures Élémentaires afin de découvrir, ou redécouvrir, cette appellation qui avait les faveurs de Louis XI et bien évidemment, de Rabelais

Lors d’un dîner récent qui fut l’occasion de présenter les multiples actualités liées à ce terroir, Fabrice Gasnier, Président du Syndicat des vins de Chinon, a déclaré que « le chinon 2022 est un très très grand millésime avec des saveurs exceptionnelles, bien au-delà de 1989 ! ». Si les connaisseurs le savent, vous voici informé, et savez donc maintenant quelle appellation acheter pour votre cave.

Retour sur une année pas comme les autres

Le climat exceptionnel de cette année donne forcément un millésime à part, pour le meilleur et donc pour notre plus grand bonheur. La sécheresse du terroir et le risque de gel limité ont permis d’avoir une récolte saine. L’humidité étant très peu présente, les vignes sont restées saines et ont été épargnées par les risques de maladies cryptogamiques. Le cycle végétatif s’est présenté majoritairement avec quinze jours d’avance à chaque stade, du débourrement aux vendanges. Le manque d’eau, occasionné par la sécheresse et les différentes vagues de chaleur, n’a pas impacté la récolte, même si le stress hydrique fut important. Il est bon de se rappeler que la vigne est une plante qui exige peu du sol, et que ces racines peuvent plonger jusqu’à quinze mètres dans la terre afin de trouver les nutriments qui lui sont nécessaires. De ce principe même né la complexité du vin. Quant à la protection des baies face au soleil, les vignerons chinonais ont pris le parti de ne plus effeuiller les ceps afin que les baies restent protégées. Les ondées de début septembre ont pu apporter l’eau dont la vigne avait besoin avant la récolte, ce qui permet aujourd’hui d’affirmer que ce millésime sera fabuleux.

Une Maison des vignerons et des vigneronnes de Chinon

Les vignerons et vigneronnes de Chinon ont décidé de se réunir autour d’un lieu, une maison qui leur sera dédiée. Montrer une unité et une continuité tant dans leur patrimoine historique que dans les avancées qui se font en termes de viticulture et de vinification. Un projet qui fait sens selon Fabrice Gasnier : « Notre appellation c’est avant tout ceux et celles qui la font vivre. Ce lieu incarne notre volonté de travailler en mode collectif. Nous l’avons imaginé ensemble et nous tenons à ce que chaque vigneron et vigneronne de l’appellation puisse s’approprier ces espaces. Nous y proposerons des temps d’échanges sur nos pratiques et nos problématiques, des formations ciblées sur nos métiers et également des moments de convivialité pour se retrouver. »

Un festival autour de cette appellation historique

Porté par les écrits de François Rabelais, auteur du XVe  siècle, Chinon reste aujourd’hui le symbole d’une intimité entre l’histoire, le terroir et la viticulture locale. Il est donc normal que le festival Les Nourritures Élémentaires* rende hommage à ce grand humaniste. Entre musée, châteaux, hôtels particuliers, caves et chais, vous découvrirez l’antre de ce territoire rabelaisien. Orchestré par Mathilde Boulo-Dutour, professeur de philosophie et femme de vigneron, ce festival est une ode à la curiosité et la diversité où de nombreuses disciplines seront représentées telles que : théâtre, littérature, philosophie, poésie, création littéraire, gastronomie, et bien évidemment vin. Un rendez-vous pluridisciplinaire dont le thème 2022 est la « Farce ». Pour animer les débats, une quinzaine d’auteurs, acteurs, philosophes et spécialistes de la littérature vont confronter l’héritage de la pensée rabelaisienne à notre contemporanéité.

* Du 3 au 6 novembre 2022.
Renseignements : ville-chinon.com ou facebook.com/lesnourritureselementaires

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Les Villages à la conquête de Lyon

Les AOC Côtes du Rhône Villages donnent rendez-vous aux professionnels et au public lyonnais le 7 novembre prochain. Intitulée VIE DE VILLAGE(S), la manifestation réunira les 22 Villages communaux au Food Traboule

Il y aura du beau monde dans ce villages des Villages, pour cette grande première qui réunira les 22 appellations nommés. De la plus ancienne Laudun, à la plus récente Nyons, venues des quatre départements sudistes, elles seront représentées par les vignerons, cave coopératives et maisons de négoce. Les dégustations se dérouleront en deux temps.

À partir de 17h, les vignerons seront au cœur de la Tour Rose, pour accueillir chefs, sommeliers et cavistes et découvrir près de 80 cuvées. Organisée en trois communautés de villages : Vaucluse, Drôme et Gard-Ardèche, la dégustation sera animée par des crieurs publics, dans une ambiance haute en (trois) couleurs !

À partir de 19h30, les amateurs pourront déguster les vins des 22 villages des Côtes du Rhône en accord avec les recettes élaborées à base de produits du terroir par les talentueux chefs du Food Traboule. Deux master class se dérouleront à 19h30 et 20h45 : un professionnel du vin initiera les curieux et les passionnés aux spécificités et aux subtilités des différentes appellations (sur réservation, nombre de places limité).

Food Traboule – 22, rue du Bœuf 69005 Lyon (5e)
Entrée : 15 € (Dégustation de vins + Cuisine des Villages)
Master class : 25 € (Dégustation de vins + Master Class + Cuisine des Villages)

RÉSERVATIONS EN LIGNE: my.weezevent.com/cotesdurhonevillages-lyon-novembre-2022

Les 22 Côtes du Rhône Villages :
Communauté de villages ARDÈCHE-GARD

• AOP Côtes du Rhône Chusclan
• AOP Côtes du Rhône Laudun
• AOP Côtes du Rhône Saint-Andéol
• AOP Côtes du Rhône Saint-Gervais
• AOP Côtes du Rhône Signargues Communauté de villages DRÔME
• AOP Côtes du Rhône Nyons
• AOP Côtes du Rhône Rochegude
• AOP Côtes du Rhône Rousset-les-Vignes
• AOP Côtes du Rhône Saint-Maurice
• AOP Côtes du Rhône Saint-Pantaléon-les-Vignes
• AOP Côtes du Rhône Suze-la-Rousse Communauté de villages VAUCLUSE
• AOP Côtes du Rhône Gadagne
• AOP Côtes du Rhône Massif d’Uchaux
• AOP Côtes du Rhône Plan de Dieu
• AOP Côtes du Rhône Puyméras
• AOP Côtes du Rhône Roaix
• AOP Côtes du Rhône Sablet
• AOP Côtes du Rhône Sainte-Cécile
• AOP Côtes du Rhône Séguret
• AOP Côtes du Rhône Vaison-la-Romaine
• AOP Côtes du Rhône Valréas
• AOP Côtes du Rhône Visan

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Montpellier : VinOmed épisode 2, un bilan mitigé

La deuxième édition du salon VinOmed, qui a eu lieu à Montpellier les 24 et 25 octobre, laisse un goût d’inachevé pour la plupart des vignerons. Le nombre d’exposants en hausse et la communication en amont laissaient espérer une fréquentation plus importante, il n’en a rien été. Les cavistes et restaurateurs locaux ont été trop peu nombreux à se déplacer.

Lundi, premier jour du salon, jour attendu d’effervescence. Les allées sont pourtant clairsemées dans le parc d’expositions de Montpellier où le salon VinOmed, deuxième du nom, avait convié 120 exposants (53 appellations, 17 IGP et Vins de France) à venir rencontrer les professionnels du secteur. Mais le message n’est pas forcément passé. « C’est assez décevant compte tenu du faible taux de visiteur, juge Julie Robert, responsable marketing et commercial au domaine de Blanville à Saint-Pargoire dans l’Hérault. L’organisation et le format sont bons mais la principale cible, les CHR, ont été trop peu présents pour rendre le salon rentable. » Même son de cloche du côté de Limoux avec Françoise Antech de la Maison éponyme : « Le but premier était de prospecter et là, on est un peu restés sur notre faim. Dommage parce que nous avons vraiment besoin d’un salon local pour être plus fort ! » A ses côtés, sur le stand des Vinifilles, Fanny Boyer a quand même cumulé 15 rendez-vous. « On avait fait un gros travail d’emailing et les acheteurs du Gard se sont déplacés en nombre mais je n’ai pas vu de cavistes ni de restaurateurs de l’Hérault, explique la vigneronne du Château Beaubois en Costières de Nîmes. Ça n’a pas de sens d’avoir deux salons à deux dates différentes dans la même ville, il faudrait réunir VinOmed et Dégustez en VO sur un seul événement. » Un constat implacable même si Emmanuelle Schoch du Mas Seren en IGP Cévennes a conscience que « Vinisud ne s’est pas fait en un jour et qu’il faut du temps pour pérenniser un salon professionnel. »

 1136 visiteurs en deux jours 

Aperçu sur place le lundi soir, Jean Guizard, ancien président de la Fédération des Cavistes Indépendants, et gérant de deux caves (Aux Grands Vins de France et Megavins) à Montpellier, pense plutôt que « la date n’est pas forcément opportune pour faire du business ». Certains ont pourtant bien travaillé à l’image du Château La Bastide à Escales dans l’Aude. « Nous avons pu nouer des nouveaux contacts avec des clients de République tchèque, des USA, de l’Inde et du Japon, détaille la vigneronne des Corbières Nan Ping Gao. Et deux clients nous ont même rendu visite au domaine suite à Vinomed avec notamment notre importateur historique de l’Ile de la Réunion. » A l’image des délégations coréennes et américaines qui ont passé du temps dans les vignobles à la suite du salon. « C’est vrai qu’avec 1136 visiteurs en deux jours, on est un peu déçus, assume Olivier Darras, le directeur du salon. Mais on a repositionné le salon au cœur du vignoble et je trouve que c’est un aspect positif. Il ne faut pas oublier que l’an passé, on avait eu pas mal de cavistes nationaux et je me dis que le contexte économique avec la crise du carburant a peut-être joué en notre défaveur ? » Sans oublier l’absence remarquée des Chinois et des Russes pour les raisons que l’on connait. Point positif, les onze masterclass et conférences ont fait le plein avec notamment un débat passionné sur les vins désalcoolisés et la réforme de l’étiquetage. « On ne baisse pas les bras, conclut Olivier Darras de Break Events Group. La crise du Covid a pas mal chamboulé les habitudes et il va falloir s’y habituer. On va analyser ce qui n’a pas fonctionné et revenir plus fort que jamais l’an prochain. »

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[Cognac] Louis XIII « The Drop » bouscule l’étiquette

Le nec plus ultra de la gamme Rémy Martin se déguste désormais au goulot d’une fiole-bijou d’un centilitre. La mignonnette grand luxe, à porter autour du cou, est vendue 180 euros

Le cognac Louis XIII est l’expression ultime du luxe. Comptez environ 3 500 euros la carafe en cristal au col rehaussé d’or fin. Le nectar créé en 1874, fleuron de la gamme Rémy Martin, a été servi à bord de l’Orient-Express, du « Normandie » et de Concorde. Les chanceux qui ont goûté cet assemblage de 1 200 eaux-de-vie de Grande Champagne parlent d’un élixir « dont la longueur en bouche surpasse toutes les attentes ». Le breuvage aurait goût de « myrrhe, de miel et de rose séchée ». Chaque gorgée mêlerait « prune et chèvrefeuille, figue et fruits secs, santal et boîte à cigare ».

« Dégustez Louis XIII, dégustez l’arôme du temps », assure le négociant. On l’a compris : ce cognac est royal, avec tout le faste, toutes les extravagances que cela implique. La dernière en date bouscule l’étiquette. Le 14 octobre 2022, Rémy Martin a dévoilé « The Drop » (traduisez la Goutte) : une fiole-bijou d’un centilitre, à porter autour du cou et à boire au goulot, « où l’on veut, quand on veut, avec qui l’on veut ». La mignonnette grand luxe est vendue 180 euros l’unité ou 900 € la boîte de cinq.

Vente en ligne

« On la tient entre le pouce et l’index, une prise confortable grâce aux deux renfoncements du contenant, eux-mêmes marqués de deux fleurs de lys », décrit “Le Figaro”, qui a eu la primeur de la présentation. « Chaque mini-bouteille a un bouchon coloré », poursuit le magazine “Forbes”, pour qui « The Drop » fait un « clin d’œil effronté » à la mode streetwear. La fiole-bijou s’habille d’un étui en cuir fixé et d’une sangle, dont les prix ne sont pas communiqués. « La Bottle case vous permet de transporter The Drop près du corps, sans contrainte », indique le site Louis XIII, qui suggère aux éventuels clients de contacter la « Conciergerie ».

Selon le communiqué de presse de Rémy Martin, « The Drop incarne l’expression la plus spontanée de Louis XIII ». La nouveauté est « inspirée par la pureté et la fluidité du monde naturel » et « condense l’essence même du temps si fondamental à l’esprit de Louis XIII ». Le négociant est formel : « The Drop dessine audacieusement l’avenir avec un esprit visionnaire ».

Comprenez que Rémy Martin recrute ici des Millenials, ces jeunes nés entre 1980 et 2000, actifs, urbains et nomades, dont certains, bientôt, seront de fortunés clients. « The Drop » sera avant tout vendu en ligne.

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Domaine Virgile Joly remporte le concours international du vignoble le plus durable au monde

Le domaine Virgile Joly vient de remporter le Green Wine Initiative Award, un concours international qui récompense les vignobles les plus durables au monde

Un joli domaine pionnier du bio

Décidément, les Terrasses du Larzac font beaucoup de bruit en ce moment, et bien entendu toujours dans le bon sens du terme. En plus d’être l’une des appellations viticoles les plus vertes de France (cf notre dernier hors série développement durable), l’AOC abrite également le domaine Virgile Joly, une référence en matière de pratiques responsables et durables. Situé à Saint-Saturnin de Lucian sur les contreforts du Larzac, le couple Virgile et Magdalena Joly est considéré depuis longtemps comme un pionnier du bio dans le Languedoc. Aujourd’hui, il y cultive près de 28 hectares de vignes, certifiés à l’agriculture biologique et ce depuis le début des années 2000.

Créé afin de mettre en lumière les producteurs qui élaborent des vins plus propres tout en préservant l’environnement, le Green Wine Initiative Award est organisée par l’ISWC (International Wine & Spirit Competition), la célèbre et reconnue Compétition Internationale des Vins et Spiritueux fondée en 1969 par l’œnologue germano-britannique Anton Massel. Pour cette première édition, le concours a reçu des candidatures émanant de plus de 90 pays du monde et c’est un jury composé de professionnels comme Ortis Deley et David Kermode qui a proclamé cette belle sanction.

Une démarche globale

Outre une production bio exempte de pesticides de synthèse et d’engrais azotés depuis près de 20 ans, c’est la démarche globale qui a permis au jury de sélectionner le domaine héraultais. De la vigne à la mise en bouteille, le domaine Virgile Joly a su réduire ses émissions de gaz à effet de serre en perfectionnant sa logistique, notamment en optimisant les cartons et en utilisant des bouteilles plus légères. Pour information, ces deux postes sont les plus émetteurs de carbone dans le secteur viticole et ce n’est pas moins qu’une diminution de 4 000 tonnes de CO² par an qui a ainsi été obtenue par le domaine… Un “Joli” exemple de ce que le Languedoc fait de mieux !

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