Les deux laboratoires emblématiques du Languedoc-Roussillon, Dubernet et Natoli, ont présenté les caractéristiques du millésime 2022 en IGP Pays d’Oc aux jurés des commissions de contrôle organoleptique qui participent à l’agrément de la première IGP de France en production (120 000 hectares et entre 6,5 et 7 millions d’hectolitres), à l’export et sur le segment des vins de cépage.
2021 fut l’année du gel, 2022 fut celui de la canicule : les œnologues des laboratoires Dubernet (Damien Kalanquin) et Natoli (Caroline Lefebvre pour la partie viticulture et Sébastien Pardaillé) parlent d’un “tunnel caniculaire” dans lequel les vignes ont été engouffrées de début juin à mi-août. Les vignes qui avaient été arrosées de pluies hivernales et printanières ont bien résisté. Les mois de novembre et décembre 2021 avaient en effet été particulièrement généreux en précipitations sur le Roussillon, l’Aude et le Nord de l’Hérault ainsi que le Gard du côté des Cévennes. Mais les plaines côtières de l’Hérault et du Gard n’ont pas connu ces pluies, parfois rattrapées ça et là par des précipitations printanières en mars et avril.
Effet résilience après le gel de 2021
Toujours est-il que, là où il a plu, les vignes ont pu laisser parler leur résilience et compenser les pertes occasionnées par le gel de 2021. Repues d’eau avant le début de leur période végétative, elles étaient au garde à vous pour l’arrivée du printemps et ont enchaîné les phases végétatives à marche forcée. Le mois de mai les a vues développer une végétation luxuriante et une belle sortie pour la floraison, jusqu’au mois de juin et le début de la canicule. “A ce moment-là, les cépages précoces ont poursuivi leur marche rapide jusqu’à des vendanges qui ont débuté très tôt”, explique Caroline Lefebvre : dès les premiers jours d’août pour les blancs aromatiques et les rosés. Pour les cépages plus tardifs, “les pluies d’orage de la mi-août ont été salvatrices”, elles ont relancé des processus de maturation bloqués par le stress hydrique. Puis septembre et octobre sont arrivés, cléments et humides, pour attendre la maturité optimale.
Retour à la “normale” en quantité
“Qu’appelle-t-on un millésime normal quand on voit la succession de millésimes hors-normes que nous avons traversés ces dernières années?” s’interroge Damien Kalanquin. Toujours est-il que la vendange 2022 devrait s’établir quelque part entre 12,5 et 13 millions d’hectolitres après un millésime 2021 en dessous de 10 Mhl. Les effets de la sécheresse sur les rendements dans les zones qui n’avaient pas reçu assez de pluies avant août, ont été compensés par la vigueur des vignes dans les zones qui avaient refait leurs réserves en eau.
Les effets de la chaleur sur la qualité des vins
“Les grands gagnants du millésime sont ceux qui auront su gérer la précocité en août et attendre la maturité en septembre”, résume Sébastien Pardaillé. Pour ces derniers, la chaleur, et en particulier la chaleur des nuits, a dégradé les acidités, il a fallu protéger la fraîcheur des vins au chai “à cette condition, le millésime 2022 est assurément un beau millésime, mais en aucun cas un millésime facile !” poursuit-il.
Les stars du millésime : en blanc, le sauvignon et plus généralement les cépages aromatiques dont les thiols ont été richement nourris et qui sont très expressifs. Les rosés et rouges légers présenteront quant à eux des profils “élancés et digestes” en phase avec les attentes des marchés. Pour les cépages les plus tardifs destinés aux rouges structurés, comme le grenache, le mourvèdre ou encore le cabernet-sauvignon, de belles charges en polyphénols et une trame tannique solide les prédispose à des élevages ambitieux qui devraient donner de très grands vins, là encore pour les producteurs qui ont su attendre leur pleine maturité.
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