Bordeaux : un engagement fort sur le développement durable

Ce 24 janvier 2023, se tenait au palais des congrès de Bordeaux, le 13e forum « développement durable des vins de Bordeaux », organisé par le CIVB (Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) et destiné aux professionnels de la filière viticole.

Si le diagnostic a été sans concession et a pu laisser flotter un certain pessimisme, des perspectives encourageantes ont redonné un peu d’optimisme aux auditeurs. Dans son discours, le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, a cité Boris Cyrulnik, ce natif bordelais et psychologue réputé : « La résilience est l’art de naviguer dans les torrents tumultueux ». Une manière de rappeler que si les effets du changement climatique peuvent être dévastateurs, les hommes sont capables de trouver des solutions et de réparer les dommages. Il faut « changer nos pratiques et nos modèles car les consommateurs nous demandent des comptes » a ajouté le Maire.

Sylvain Pellerin, directeur de recherche à l’INRAE, a ensuite fait un constat de ce qu’est le changement climatique dont la cause principale sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) . « La marge de manœuvre pour rester dans les accords de Paris est étroite mais pas encore hors de portée » a-t-il dit. Le secteur agricole représente 15 % des émissions de GES produites avec beaucoup de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O). Il a rappelé les 3 leviers d’atténuation.

– Bien maitriser le cycle de l’azote pour limiter la production de N2O.

– Accroitre le stockage carbone grâce aux prairies, aux plantations de haies, et l’agro foresterie.

– Valoriser les effluents d’élevage qui peuvent produire de l’énergie en pilotant le procédé de récupération du CH4 et faire des économies d’énergie.

Des recommandations qui ont appelé une question de la part d’un auditeur sur les difficultés financières que cela pourrait impliquer dans une filière déjà touchée par de mauvaises ventes. L’installation d’une politique incitative serait une réponse appropriée selon Sylvain Pellerin. Le CIVB travaille, quant à lui, sur un label bas carbone qui permettrait de récompenser les efforts du viticulteur qui séquestre du carbone. Les entreprises qui ne pourraient pas séquestrer du carbone achèteraient aux viticulteurs le carbone séquestré.

Une « stratégie carbone » qui a ensuite été exposée par Jeanne-Marie Voigt du CIVB. Celle-ci a rappelé que la filière a fait 3 bilans carbone (2007, 2012 et 2019) et que le secteur est passé de 962 000 t eq CO2 à 587 000 (-39 % en 12 ans). L’objectif est de réduire de 54 % en 2030 cette empreinte. Elle a rappelé que, dans la filière viticole, le principal producteur d’émission de GES est la production de bouteilles (34 %), suivie du fret (19 %) et du fioul agricole (18 %). Une occasion de préciser que le poids de la bouteille bordelaise est devenue inférieure à la moyenne nationale. Une auditrice a questionné sur la question de la consignation des bouteilles. Le CIVB répondant que c’est un sujet sérieux et que celui-ci est à l’étude actuellement. Les 5 actions de la filière porteront sur le verre et le conditionnement, le fret (avec, entre autres, une recherche d’accord avec les acteurs du transport maritime), les pratiques viticoles (réduction des consommations du fioul et des intrants), l’efficacité énergétique des bâtiments, et la séquestration du carbone.

Christophe Gaviglio (IFV) a pris le relai pour faire un point sur les économies d’énergies au vignoble en mettant l’accent sur « l’apprentissage d’une éco conduite et sur des réglages plus adaptées des machines ».

Marc-André Sélosse a ensuite fait une remarquable intervention pour faire un constat sur l’état désastreux des sols : en cause, les labours inadaptés au maintien d’une vie indispensable à une agriculture durable et les intrants. Il a insisté sur la nécessité de favoriser la mycorhization et la vie microbienne et bactérienne. À l’occasion de son intervention, chacun a pu avoir le sentiment que l’agriculture conventionnelle faisait fausse route, en totale contradiction avec l’idée de « durable ». Mais des solutions vertueuses et respectueuses ont été présentées.

Allan Sichel, le nouveau président du CIVB a conclu par un discours particulièrement soigné et duquel ressortaient de grandes ambitions pour la filière, évidentes. « À Bordeaux, il n’y a plus de climatosceptiques » tant la fréquence et l’intensité des aléas frappent la filière. « On peut avoir un sentiment d’impuissance mais on observe un éveil des consciences qui permet d’espérer un futur clément pour nos générations à venir. Nous savons ce qu’il faut faire et avons tous les outils. Nous y arriverons à condition de s’y engager tous » a-t-il rassuré. Et de préciser : « La diminution des GES et la séquestration du carbone sont deux engagements majeurs de notre politique de durabilité ».

Si la gravité se faisait ressentir dans les discours et l’auditoire, la nécessité d’agir et les solutions préconisées laissaient aussi la place à l’espoir. La question du changement de modèle économique et son coût pesait toutefois sur les consciences. Mais Allan Sichel concluait « Le CIVB aidera les entreprises engagées ».

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Entretien : Un nouveau triumvirat chez Bollinger !

Après le départ officiel de Gilles Descotes, chef de caves de Bollinger depuis 2013, la nomination de Denis Bunner en tant que directeur vins et de Gaël Vuile en tant que directeur vignoble et approvisionnements, devrait assurer la continuité. Les deux ont en effet été recrutés par Gilles Descotes et ont travaillé à ses côtés pendant une dizaine d’années. Celle de Benoît Pernod en tant que directeur des opérations peut davantage surprendre. Charles Armand de Belenet, le directeur général de la Maison, s’en explique. 

Suite au départ de votre chef de caves Gilles Descotes, vous avez décidé de remanier le comité de direction de manière originale… 

C’est une organisation à trois têtes. Au lieu de mettre un chef de caves qui chapeaute tout, nous avons préféré imaginer une répartition un peu différente, qui a la particularité de faire monter les vignes au Comité de direction, en intégrant Gaël Vuile en tant que directeur du vignoble et des approvisionnements. Il travaillera main dans la main avec Denis Bunner. Ce dernier définira auprès de Gaël les types de raisins dont il a besoin. D’adjoint au chef de caves, Denis Bunner devient directeur vins. Cette fonction de « directeur vins » plutôt que « chef de caves » lui permet d’être 100 % dédié au vin, là où souvent les chefs de caves en Champagne sont de véritables couteaux suisses. Quant à Benoît Pernod, nous l’avons recruté en août 2022. Nous avions besoin d’un professionnel des opérations, dans un contexte où nous réalisons de gros travaux pour le bicentenaire (construction d’un nouveau chai, aménagement d’un hôtel…). C’est un ingénieur qui a piloté plusieurs sites industriels, dans la verrerie, mais aussi dans une coopérative agricole. Il a donc une véritable expertise dans le domaine de la production et occupera le poste de directeur des opérations. 

Vous suivez désormais une logique de grande maison, où, à partir d’un certain volume, on voit apparaître à côté du chef de caves, un directeur de production, sinon cela devient ingérable… 

Oui, sauf que chez nous, cela s’inscrit davantage dans une optique de grands chantiers, nos volumes demeurant stables. Nous nous engageons sur une période de cinq à dix ans de travaux, nous avons donc besoin d’une expertise pour ne pas diluer le travail sur le vin ou les approvisionnements. C’est important, surtout en ce moment où ce genre de réalisation peut être compliquée par le coût des matériaux et les problématiques de disponibilité. Grâce à Benoît Pernod, nous pouvons ainsi sécuriser les projets ambitieux que nous avons pour le bicentenaire. 

Puisque l’on parle de volume, pouvez-vous nous communiquer les résultats de l’année 2022 ? 

La particularité de Bollinger, c’est qu’en 2020, l’année du confinement, nous n’avions connu aucune baisse de volume, ce qui pour 2022 ne nous donnait pas la même marge de stocks que nos concurrents. Par conséquent, même si 2022 a été une bonne année, notre logique très précautionneuse de gestion des stocks et notre volonté de conserver de longs vieillissements, nous a amené plutôt à réduire nos volumes commercialisés. Nous avons cependant compensé ce recul par une augmentation de notre chiffre d’affaires, grâce à une belle croissance de valeur. Celle-ci vient principalement du succès remporté par la Grande Année 2014 et du Pinot noir de Tauxières. Nous vendons ainsi de plus en plus de cuvées premiums à côté de la Special cuvée dont les ventes restent assez stables. Pour le reste, nous avons eu des augmentations de prix modérées, de 5 à 7 %, ce qui n’est pas loin de l’inflation. Nous n’avons pas l’effet montagne russe que l’on peut observer dans d’autres maisons. 

Doit-on, comme l’année dernière, s’attendre à quelques nouveautés en 2023 dans la gamme Bollinger ? 

En mars, il y aura un événement pour présenter les nouveaux vins que nous allons lancer. Il n’y aura pas de création cette année, mais de nouveaux millésimes, pour la cuvée PN, la cuvée RD et la Côte aux enfants champagne… Je vous promets en revanche de belles surprises dans le choix des millésimes et des villages mis en avant. Nous sommes maintenant sur ce rythme où nous présentons chaque année soit une nouvelle Grande année soit un nouveau RD, et toujours une nouvelle série de pinots noirs, avec les cuvées PN, Côte aux enfants, et Vieilles vignes. Ces deux dernières cuvées, qui sont sur des quantités très réduites, sont surtout là pour démontrer le degré d’expertise et d’excellence œnologique de Bollinger.

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Les châteaux Sainte Roseline et Demoiselles certifiés bio

Au cœur du Var, le Château Sainte Roseline, l’un des 18 crus classés de Provence avec 110 hectares de vignoble, et le Château des Demoiselles et ses 72 hectares de vignes viennent d’être certifiés en Agriculture Biologique par l’organisme Ecocert pour les pratiques culturales comme pour les méthodes de vinification.

« Le passage en bio vient pérenniser l’entreprise familiale après un engagement depuis de nombreuses années dans une viticulture durable et raisonnée, commente la propriétaire Aurélie Bertin. Il s’ancre dans la continuité de nos engagements RSE et s’ajoute au label Vignerons Engagés obtenu en 2021, le 1er label RSE de la filière vin » mais également au label HVE et à la certification ISO 26 000 (par l’Afnor). Aurélie Bertin estime ces labels de développement durable structurants pour l’entreprise qui est dans un process d’amélioration continue autant pour ses salariés que pour les consommateurs de ses vins. « Le bio, c’est l’avenir et la certification est un passage obligé pour la reconnaissance du grand public, même si il est actuellement en perte de vitesse à cause de la baisse du pouvoir d’achat. Mais je suis persuadée que c’est conjoncturel. Bien sûr, les vins bios sont plus chers puisqu’ils impliquent des coûts de production plus importants ». Avec près de 190 hectares, l’entreprise a du investir dans le matériel et l’humain pour être plus vigilante en vignes et plus réactive en cas d’attaque cryptogamique. « Le bio qui deviendra bientôt incontournable permet surtout d’éviter l’utilisation de produits nocifs et à la vigne de mieux résister et de s’adapter, notamment au réchauffement climatique ».

Les deux châteaux sont également labellisés HVE depuis 2019, « un indicateur intéressant surtout pour la biodiversité et qui peut être une première étape pour les domaines qui partent du tout conventionnel, qui montrent une volonté de faire différemment, mais nous sommes déjà beaucoup plus loin ».

Une démarche RSE plus globale

Aurélie Bertin s’est surtout investi dans la démarche des Vignerons Engagés, plus globale en matière de RSE* (Responsabilité Sociétale des Entreprises) afin de devenir une entreprise vertueuse, d’abord pour ses salariés. Un projet proactif à partir d’un état des lieux avec des objectifs, des indicateurs de performance, des pistes d’amélioration et de réflexion via des groupes de travail en interne tant au niveau environnemental que sociétal et économique. Des actions ont été mises en place pour augmenter le programme d’économie d’eau, privilégier les papiers recyclés pour les étiquettes, faire appel à des imprimeurs « durables », replanter des haies aux Demoiselles, initier l’agroforesterie pour doper la matière organique dans les sols, affiner sa traçabilité à la parcelle…

« Par des journées ‘Vis ma vie’, nous avons permis à nos salariés de découvrir le métier des autres et de développer la cohésion interne. Nous présentons plusieurs fois par an le projet salarial à tous, nous avons développé les possibilités de formation, augmenter le bien être au quotidien ». Parmi les dernières propositions validées, la rénovation et la redécoration du réfectoire d’après les suggestions des salariés, la transformation de la journée incentive en journée conviviale au bord de la mer. Autant d’actions pour mieux impliquer également les salariés. « Une enquête anonyme sur la perception en interne de l’entreprise est réalisée tous les deux ans et nous avons pu constater son évolution positive, se félicite Aurélie Bertin. Toutes les études sur le sujet montrent que des salariés heureux sont plus performants et qu’ils libèrent davantage d’énergies et de créativité. Être une entreprise vertueuse est aussi primordiale pour la marque employeur car c’est un argument de recrutement non négligeable dans une période difficile pour embaucher ».

En 2022, le Château Sainte Roseline a reçu le prix « coup de cœur » lors de sa nomination aux trophées RSE Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est également lauréat du fonds Verallia x Vignerons Engagés qui récompense les projets en faveur d’une filière vin durable.

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La cave du Roy René a 100 ans

La coopérative de Lambesc dans les Bouches-du-Rhône, rebaptisée au début du siècle Vignerons du Roy René, a fêté ses 100 ans en annonçant un nouveau nom et une extension de chais.

Jean-Claude Pellerin, vice-président de la plus grande coopérative de Provence, connaît son histoire sur le bout de la bouteille, de la naissance de la cave créée en 1922 par Jules Reynaud, le maire de Lambesc, jusqu’à son centenaire fêté en 2022. « Au début, il y avait déjà un bon petit paquet de producteurs [une dizaine] dont le nombre a vite grossi mais qui produisaient plutôt pour une consommation familiale. On trouvait des barriques dans toutes les granges. Les besoins en ravitaillements de l’armée ont permis d’écouler beaucoup de vins pendant la deuxième guerre mondiale ; après, on a construit une guitoune pour vendre du vrac le long de l’ancienne nationale 7. Avec la déviation, on s’est doté d’un vrai caveau de vente. »

La coopérative dont les nouveaux chais servent de vitrine géante le long de la route devenue départementale D7N, produisait à la fin du XXe siècle 25 à 28 000 hectolitres. Elle est l’une des premières à avoir fusionner dans la région, en 1998 avec celle de Saint-Cannat et ses 12 à 15 000 hectolitres « car on manquait à l’époque de vins de pays, notamment pour fournir aux camions qui remontaient du port de Marseille des cubis remplis à la tireuse, à l’époque à 80 % en rouge ». Un deuxième caveau près de la route sera construit en 2004.

À développement constant

La cave du Roy René a ainsi été nommée en hommage au souverain comte de Provence et de Forcalquier sous lequel au XVe siècle la commune avait connu la prospérité. « L’encépagement a beaucoup changé ces dernières décennies, reconnaît volontiers Jean-Claude Pellerin. Nous avons toujours eu du grenache mais au XXe, il y avait surtout beaucoup d’aramon à 8° sans arômes, arraché dans les années 80, et du cinsault appelé ici plan d’Arles, qui est passé de raisin de table à raisins de cuve ». Sont arrivés ensuite le cabernet sauvignon de Bordeaux, la syrah du Rhône, un peu de merlot qui tend à disparaître et de plus en plus de rolle et de sauvignon, vinifiés pour les blancs ou les rosés, et un peu de caladoc. Peu à peu, les agriculteurs lambescains sont devenus vignerons et les exploitations se sont professionnalisées. La polyculture avec cerisiers, abricotiers, céréales et maraîchage a disparu ; seuls demeurent les oliviers et les amandiers, de plus en plus replantés tandis que la production viticole n’a cessé de croître. Aujourd’hui à 87 % en rosé, 7 % en blanc, 6 % en rouge, elle avoisine les 60 000 hectolitres dont deux tiers en Coteaux-d’Aix, le reste en IGP Méditerranée.

La commercialisation s’est longtemps développée via le négoce avec de belles maisons comme Esclans, Aix, Mirabeau, Berne, Les Valentines , Breban, Perrin… mais un tiers relève désormais des ventes en direct, principalement en circuits cavistes et CHR. « On garde en général pour nous les 10 meilleures cuves et le reste repart dans les assemblages », précise Didier Pauriol, nouveau président fraîchement élu mais déjà à ce poste entre 2004 et 2018. L’export démarré en 2018-19 par Christophe Lesage, le directeur depuis plus de 20 ans, pourrait avoisiner les 15 % en 2023, principalement aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Brésil, en Belgique.

Bio et HVE

Les Vignerons du Roy René ont profité de leur anniversaire pour changer de nom et d’étiquettes. Rebaptisée Vignoble du Roy René, la coopérative compte aujourd’hui une centaine d’adhérents sur Lambesc, Saint-Cannat, Rognes, Le Puy-Sainte-Réparade et Vernègues (115-120 au début du siècle) pour 900 hectares (650 il y a 15 ans) ; plus d’une centaine ont été gagnés en quatre ans et 68 supplémentaires, principalement en AOP Coteaux d’Aix, entreront en production en 2024. Un quart des surfaces est désormais certifié bio, près de 90 % des coopérateurs sont labellisés HVE sous la pression de la Grande Distribution, et 80 % ont abandonné les désherbants chimiques. Le vignoble est d’ailleurs suivi depuis plus de 20 ans par une technicienne (Marion Repos) qui accompagne le travail de traçabilité de chaque coopérateur ; les bennes arrivant à la cave sont photographiées et couplées avec un logiciel pour un paiement différencié selon la qualité.

Au milieu des cuves géantes roses, violettes, bleues et vertes, président, vice-président et directeur rappellent que la cave n’a jamais cessé d’investir (300 000 € par an). Depuis sa création, elle a été agrandie quatre fois, la dernière en 2018 en se dotant de ces grandes cuves aux couleurs vives autrefois à l’extérieur et en amenant la capacité totale à 90 000 hectolitres ; une cinquième extension de plus de 1000 m2 de chais avec une enveloppe de 5 millions d’€ est prévue, notamment pour pouvoir stocker environ un tiers de la récolte (20 000 hectolitres) en cas d’intempéries, avant ou pendant la vendange.

Cuvée Héritage ©F.Hermine

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[Cognac] Patrick Drouet avec « une vraie bande de copains »

En vue du salon Wine Paris & Vinexpo Paris qui se déroulera du 13 au 15 février prochain, les cognacs Drouet viendront en force avec le Cartel des spiritueux familiaux. L’occasion pour Patrick Drouet de nous faire saliver avec des nouveautés, de nous raconter l’aventure du Cartel et enfin de faire un point sur la conjoncture.

Finish cask, brut de fûts… Vous innovez, vous vous éclatez, vous faites dans le sur-mesure, d’où est venue cette envie et quelles sont les nouveautés ?

À Cognac, on préfère désormais l’expression « double maturation » à « finish cask ». Le BNIC n’aime pas les élèves dissipés, c’est comme à l’école pendant l’enfance… Faire des cuvées originales, n’est-ce pas le vrai boulot d’un vigneron ? Je me sens vivre et heureux quand je fais ce métier de vigneron. On ne peut pas passer sa vie à faire du VS !! Faire des finishs, c’est élever, amener à maturité des eaux-de-vie aux parfums différents, c’est rencontrer des Français ou des étrangers avec qui on échange des fûts, c’est explorer, découvrir, partager. J’utilise volontiers « drink spirit » au lieu de « cognac », c’est ce qui fonctionne le mieux chez moi. Des finishs rhum, calvados Dupont, whisky Couvreur sont en cours de vieillissement dans mes chais. Un importateur chinois qui vend du Drouet et du Couvreur attend avec impatience le Drouet Finish Couvreur.

À l’approche du salon Wine Paris, parlez-nous du Cartel des spiritueux familiaux, un regroupement avec Darroze, Metté, Couvreur et d’autres, quel est le pourquoi du comment ?

Nous sommes sept avec la maison bourguignonne Jacoulot, les calvados Dupont et les rhums Longueteau que vous n’avez pas cités. C’est une fabuleuse aventure avant tout. L’idée de départ est de partager des stands sur des salons trop couteux individuellement. Mais, au fil du temps, l’association va beaucoup plus loin. Chacun y va avec sa personnalité, son expérience. De nos sept régions différentes, nous rencontrons tous les mêmes problématiques et chacun apporte une solution (commerciale, technique, législative, etc.). C’est aujourd’hui une vraie bande copains. Nous partageons maintenant certains clients et une commerciale à trois. Et le stand à Wine Paris.

Comment se porte le marché du cognac, entre les petits faiseurs et les puissantes maisons de négoce ?

Certains clients aiment le nouveau, d’autres restent sur du traditionnel. Nous ressentons actuellement une tendance pour les bruts de fûts, des alcools de plus en plus forts, plus typés. Les grandes maisons ont su faire du cognac ce qu’il est aujourd’hui. Mon travail est de leur fournir de belles eaux-de-vie et parallèlement de me faire plaisir sur des choses qu’elles n’ont pas forcément. Raconter une histoire sur chaque flacon, faire revivre mes ancêtres, faire rêver nos visiteurs. Nous sommes des artisans, nous avons toujours nos alambics de 10 hectolitres ce qui est rare à Cognac. Aussi, nous maîtrisons toute la chaîne, des ceps de vigne à la bouteille. Pour l’instant, nous sentons commercialement que le marché se tend un peu en Europe avec le pouvoir d’achat qui baisse. Nous ne sommes pas encore très impactés. Il faut rester très vigilant. Plusieurs missions à l’export sont en cours pour 2023 et nous espérons encore progresser.

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Rasteau : Le millésime 2022 vu (et bu) par les vigneronnes

Janvier rime avec marronnier. A Rasteau, comme souvent dans le vignoble rhodanien, les premières cuves sont offertes à la dégustation des professionnels. Plus ou moins assemblées, elles reflètent une certaine idée du millésime en devenir. Exemple aujourd’hui, avec une sélection exclusivement féminine.

Domaine Purviti

Nous avions repéré Ingrid Nueil lors du salon Découvertes en Vallée du Rhône, avec un Vin de France et un Côtes du Rhône Villages Valréas bien maîtrisés. Son premier Rasteau est dans le même esprit de fraîcheur voulue et assumée. L’ancienne directrice de la cave Terra Ventoux, développe ses aspirations biodynamiques et de vins nature, sur sa petite exploitation de 11 hectares, dont 2 classés en Rasteau. Sa cuvée Raconte-moi 2021, se compose de grenache, cinsault et syrah ramassés tôt pour conserver leur vivacité et vinifiés en macération carbonique. Les fruits explosent au nez, l’attaque est franche, la bouche encore un peu astringente.
www.purviti.fr

Domaine Les Grands Bois

Mireille et Marc Besnardeau ont été rejoints par leur fille Philippine en 2015. Elle poursuit cette lignée de vignerons à la démarche rigoureuse aussi bien à la vigne certifiée AB, qu’à la cave. Une vinification classique de 3 à 4 semaines pour les cépages syrah et grenache, qui ont été longs à vendanger, au regard de la météo pluvieuse de septembre. Mireille trouve : « que c’est un millésime plaisant et agréable à boire ». Avis partagé pour cette cuvée dominée par les fruits noirs. De l’élégance, des épices typés syrah, de la fraîcheur aussi et des tanins qui s’affineront avec le temps. www.grands-bois.com

Domaine La Luminaille

Julie Paolucci a été sommelière à Paris, avant de revenir sur sa terre natale, pour reprendre l’exploitation familiale, dans une démarche biologique et artisanale. Pour elle, c’est un millésime atypique. Elle trouve les pH intéressants, avec de belles acidités, de la fraîcheur et de l’opulence pour le grenache. Son 2022 vraiment floral offre de la subtilité. Incisif, les tanins encore jeunes laissent place à l’alcool et la générosité. Donnons lui du temps !
www.domainelaluminaille.com

Domaine La Buissonnade

Encore brut de cuve, le Rasteau de Stéphanie et David Monnier et leur fille Camille serait presque collector avec son rendement de 22 hectolitres/hectares. Le grenache a été vinifié à part du mourvèdre et des vieux carignans, issus d’une sélection parcellaire. Mûre et cassis se disputent dans une gamme de fruits noirs. La sucrosité du départ devient florale, maintenue par des tanins encore jeunes. En 2021, la cuvée Gusta mixe les fruits mûrs dans une belle fluidité, faite d’élégance. Une réussite !
domainebuissonnade.wixsite.com/monsite

Domaine Grange Blanche

Karine Biscarrat qui amène son domaine vers la certification bio, n’a pas encore assemblé ses cuvées. Elle a à sa disposition, une première cuve typée syrah, florale et épicée où l’on décèle déjà l’ampleur du fruit qui enveloppe la bouche. Le seconde où le grenache est majoritaire, propose un cocktail fait de fruits rouges.
06 33 63 53 81

Domaine Les Escaravailles

Madeline Ferran est à l’avant poste mais Gilles, le papa, n’est pas loin. Même gentillesse, même passion, même rigueur et même goût du partage. Pour elle, ce millésime n’a pas été de tout repos. « Il a été long à cuver, les tanins étaient durs, on a mis la cuve en cocotte, en immergeant le chapeau durant deux semaines », explique t’elle. La Ponce prend une tangente florale, faite d’épices douces dans une expression soyeuse, élégante, sur une finale légèrement vanillée. Les vieilles vignes de grenache de la cuvée Héritage produisent le même effet de fluidité en bouche, avec une sensation mentholée. Une valeur sûre !
www.domaine-escaravailles.com

Domaine Élodie Balme

Élodie dit rechercher dans ses vins « l’élégance et la finesse, apprivoiser cette puissance pour donner du plaisir à ceux qui les goûtent ». Depuis ses premières vinifications en 2006, elle a pris du recul et acquis de l’expérience. Son 2022, non assemblé, conjugue fruits noirs et tempérament floral sur une finale réglissée bien équilibrée. Une tendance retrouvée dans son 2021, plus typé fruits rouges et poivre.
www.domaineelodiebalme.com

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[Millésime Bio] Le bio, plus que jamais un label de référence

Le salon professionnel Millésime Bio célèbre sa trentième édition du 30 janvier au 1er février au Parc des Expositions de Montpellier. 1500 exposants du monde entier et plus de 7000 visiteurs sont réunis : une affluence record qui confirme que le label bio n’a rien perdu de son pouvoir d’attraction.

Coup d’envoi ce matin, et pour trois jours, du salon Millésime Bio à Montpellier. Une édition particulière puisqu’il s’agit du trentième anniversaire de cet événement destiné aux professionnels, qui s’est imposé en trois décennies comme le rendez-vous incontournable pour tous les acteurs de la filière labellisés en viticulture biologique. 1500 exposants et plus de 7000 visiteurs sont attendus au Parc des Expositions : que de chemin parcouru depuis la première édition en 1993, qui avait réuni une quinzaine de vignerons au Mas de Saporta, comme nous le rappelait récemment Jeanne Fabre, présidente de la commission Millésime Bio, et vigneronne à Luc-sur-Orbieu : « En 30 ans, le scepticisme a laissé place au pragmatisme et à l’évidence ». Et de fait, le bio n’a plu rien d’une niche pour une poignée d’amateurs scrupuleux : d’après une étude réalisée par Millésime Bio et CSA en amont du salon auprès d’un peu plus de 4000 personnes sur 4 pays, le label bio est le mieux identifié et adopté par les consommateurs de vin lorsqu’il s’agit de choisir une certification environnementale.

Pour 61% des consommateurs, il est normal que le bio soit plus cher

Ainsi d’après cette étude, « 96% des consommateurs français reconnaissent un label bio, contre 39% le label HVE par exemple. Et 93% des consommateurs français qui reconnaissent un label bio savent ce qu’il signifie alors que 73 % seulement de ceux qui reconnaissent le label HVE sont capables de dire de quoi il s’agit. En France, les labels bio sont ainsi les plus (re)connus mais aussi les mieux compris. » Lorsqu’il s’agit de faire un Top 10 des certifications environnementales, le label AB français arrive largement en tête (87%) suivi du label bio européen (62%), loin devant la mention « sans sulfites ajoutés » (47%), Vegan (30%), HVE (27%), Vignerons Engagés (24%), Terra Vitis (19%), Demeter (18%), RSE (16%) et Vin Méthode Nature (15%). Pour les consommateurs européens interrogés,  » la famille des labels bio est la mieux positionnée sur des critères majeurs tels que la non-utilisation de produits chimiques de synthèse, le respect de l’environnement, la préservation de la santé et la fiabilité des contrôles ainsi que sur la qualité organoleptique ». Ces consommateurs estiment à 61% qu’il est justifié qu’un vin bio soit plus cher qu’un vin dit conventionnel.

De façon générale, le label bio est en moyenne celui qui a le plus la confiance des consommateurs, entre la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique, avec quelquefois quelques deltas selon les destination, en faveur de la biodynamie ou du vin « nature ». Il en ressort que le vin bio a toujours le vent en poupe, auprès des acheteurs de vin mais aussi auprès des viticulteurs : les démarrages de conversion ont ainsi bondi de +23% en 2021 en France, confirmant la place de l’Hexagone comme pays leader et « plus grand vignoble bio au monde » (159 868 hectares, nettement devant l’Espagne et l’Italie).

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Gilles Descôtes, l’ancien chef de caves du champagne Bollinger est décédé

On le savait malade depuis plusieurs années, Gilles Descôtes, l’ancien chef de caves de la Maison Bollinger est décédé ce weekend.

Gilles Descôtes avait été nommé chef de caves de la Maison Bollinger en 2013. Il était demeuré à ce poste jusqu’en 2022, même si sa maladie depuis quelques années l’empêchait d’être aussi présent qu’il l’aurait souhaité. Comme beaucoup de grands chefs de caves, cet ingénieur agronome issu d’une famille de la Côte des blancs avait fait ses premières armes parmi les chercheurs du Comité technique du CIVC avant d’être recruté par Ghislain de Montgolfier, alors président de Bollinger. « Gilles avait une intelligence très vive et un vrai franc parler, lorsque vous exposiez une nouvelle idée, s’il y avait une faille il l’identifiait immédiatement et n’hésitait pas à vous en faire part. » Dans les années 2000, il a d’abord travaillé en tant que directeur du vignoble et des approvisionnements, tandis que Mathieu Kauffmann s’occupait des caves. C’est après le départ de ce dernier pour l’Allemagne que Gilles Descôtes a repris à la fois la direction des vignes et la direction des vins, tout en s’adjoignant l’aide de Denis Bunner pour la partie œnologique et celle de Gaël Vuile pour la partie viticole.

Très créatif, on doit notamment à Gilles Descôtes la création de la nouvelle gamme PN. « Gilles Descotes avait le mérite d’avoir toujours placé en priorité le travail de ses vins et de ne pas être tombé dans le travers de certains nouveaux chefs de caves qui se consacrent presqu’exclusivement à la communication, ce qui ne l’empêchait pas de savoir représenter la maison. »

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[Millésime Bio] Cépages oubliés, cépages adaptés

Avec plus de 1400 producteurs présents à la trentième édition de Millésime Bio, il n’est pas étonnant d’y trouver des pépites. C’est le cas avec le domaine des 8 Lunes, (stand 1101) baptisé ainsi en référence au cycle lunaire si important en biodynamie.

Récemment acquis par la famille Nivollet, détentrice du domaine de Blanville (Saint Pargoire, Hérault), cette propriété abrite tout juste six hectares de vieilles vignes soit un tout petit vignoble niché dans un écrin de 60 hectares d’une nature préservée, sur la commune de Roujan (Hérault). Charlotte Nivollet, en charge des vignobles, y expérimente la viticulture selon les principes de la biodynamie sur un panel de cépages languedociens oubliés des standards contemporains, mais dotés d’une aptitude évidente à s’adapter au dérèglement climatique. 

Les vendanges 2022 ont débuté la troisième semaine de septembre, assez tardivement pour un vignoble languedocien, les aramon, piquepoul noir, rivairenc, morrastel et autres terret noir ont été cueillis avec une belle maturité mais sans dépasser les 13 degrés de titre alcoolique. 

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[Millésime Bio] Cépages oubliés, cépages adaptés

Avec plus de 1400 producteurs présents à la trentième édition de Millésime Bio, il n’est pas étonnant d’y trouver des pépites. C’est le cas avec le domaine des 8 Lunes, (stand 1101) baptisé ainsi en référence au cycle lunaire si important en biodynamie.

Récemment acquis par la famille Nivollet, détentrice du domaine de Blanville (Saint Pargoire, Hérault), cette propriété abrite tout juste six hectares de vieilles vignes soit un tout petit vignoble niché dans un écrin de 60 hectares d’une nature préservée, sur la commune de Roujan (Hérault). Charlotte Nivollet, en charge des vignobles, y expérimente la viticulture selon les principes de la biodynamie sur un panel de cépages languedociens oubliés des standards contemporains, mais dotés d’une aptitude évidente à s’adapter au dérèglement climatique. 

Les vendanges 2022 ont débuté la troisième semaine de septembre, assez tardivement pour un vignoble languedocien, les aramon, piquepoul noir, rivairenc, morrastel et autres terret noir ont été cueillis avec une belle maturité mais sans dépasser les 13 degrés de titre alcoolique. 

À goûter pour convaincre les papilles, la cuvée Lune du Loup (20€ en Vin de France), clin d’oeil à la première pleine lune de l’année où le picpoul noir affiche une robe particulièrement limpide invitant à croquer dans la chair juteuse d’une prune bien mûre, au palais droit et tendu, aux tanins fins et bien campés. Une sensation rafraîchissante accompagne de bout en bout la dégustation. Aramon, terret noir, morrastel et rivairenc sont réunis dans le flacon Nouvelle Lune ( 18€ en Vin de France) et c’est encore une expérience de fraîcheur avec un bouquet de fruits noirs très mûrs puis un palais aérien, très dynamique, s’étirant sur une finale éclatante. Dans les deux cas, l’équilibre est étonnant. A l’aveugle bien malin celui qui situerait ces nectars en Languedoc. D’une buvabilité rare, ils prouvent que le patrimoine ampélographique languedocien a de la ressource pour peu que l’on adapte les pratiques culturales pour retrouver toutes ses qualités intrinsèques, oubliées certes, mais au rendez-vous de l’actualité.

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