Entretien : Un nouveau triumvirat chez Bollinger !

Après le départ officiel de Gilles Descotes, chef de caves de Bollinger depuis 2013, la nomination de Denis Bunner en tant que directeur vins et de Gaël Vuile en tant que directeur vignoble et approvisionnements, devrait assurer la continuité. Les deux ont en effet été recrutés par Gilles Descotes et ont travaillé à ses côtés pendant une dizaine d’années. Celle de Benoît Pernod en tant que directeur des opérations peut davantage surprendre. Charles Armand de Belenet, le directeur général de la Maison, s’en explique. 

Suite au départ de votre chef de caves Gilles Descotes, vous avez décidé de remanier le comité de direction de manière originale… 

C’est une organisation à trois têtes. Au lieu de mettre un chef de caves qui chapeaute tout, nous avons préféré imaginer une répartition un peu différente, qui a la particularité de faire monter les vignes au Comité de direction, en intégrant Gaël Vuile en tant que directeur du vignoble et des approvisionnements. Il travaillera main dans la main avec Denis Bunner. Ce dernier définira auprès de Gaël les types de raisins dont il a besoin. D’adjoint au chef de caves, Denis Bunner devient directeur vins. Cette fonction de « directeur vins » plutôt que « chef de caves » lui permet d’être 100 % dédié au vin, là où souvent les chefs de caves en Champagne sont de véritables couteaux suisses. Quant à Benoît Pernod, nous l’avons recruté en août 2022. Nous avions besoin d’un professionnel des opérations, dans un contexte où nous réalisons de gros travaux pour le bicentenaire (construction d’un nouveau chai, aménagement d’un hôtel…). C’est un ingénieur qui a piloté plusieurs sites industriels, dans la verrerie, mais aussi dans une coopérative agricole. Il a donc une véritable expertise dans le domaine de la production et occupera le poste de directeur des opérations. 

Vous suivez désormais une logique de grande maison, où, à partir d’un certain volume, on voit apparaître à côté du chef de caves, un directeur de production, sinon cela devient ingérable… 

Oui, sauf que chez nous, cela s’inscrit davantage dans une optique de grands chantiers, nos volumes demeurant stables. Nous nous engageons sur une période de cinq à dix ans de travaux, nous avons donc besoin d’une expertise pour ne pas diluer le travail sur le vin ou les approvisionnements. C’est important, surtout en ce moment où ce genre de réalisation peut être compliquée par le coût des matériaux et les problématiques de disponibilité. Grâce à Benoît Pernod, nous pouvons ainsi sécuriser les projets ambitieux que nous avons pour le bicentenaire. 

Puisque l’on parle de volume, pouvez-vous nous communiquer les résultats de l’année 2022 ? 

La particularité de Bollinger, c’est qu’en 2020, l’année du confinement, nous n’avions connu aucune baisse de volume, ce qui pour 2022 ne nous donnait pas la même marge de stocks que nos concurrents. Par conséquent, même si 2022 a été une bonne année, notre logique très précautionneuse de gestion des stocks et notre volonté de conserver de longs vieillissements, nous a amené plutôt à réduire nos volumes commercialisés. Nous avons cependant compensé ce recul par une augmentation de notre chiffre d’affaires, grâce à une belle croissance de valeur. Celle-ci vient principalement du succès remporté par la Grande Année 2014 et du Pinot noir de Tauxières. Nous vendons ainsi de plus en plus de cuvées premiums à côté de la Special cuvée dont les ventes restent assez stables. Pour le reste, nous avons eu des augmentations de prix modérées, de 5 à 7 %, ce qui n’est pas loin de l’inflation. Nous n’avons pas l’effet montagne russe que l’on peut observer dans d’autres maisons. 

Doit-on, comme l’année dernière, s’attendre à quelques nouveautés en 2023 dans la gamme Bollinger ? 

En mars, il y aura un événement pour présenter les nouveaux vins que nous allons lancer. Il n’y aura pas de création cette année, mais de nouveaux millésimes, pour la cuvée PN, la cuvée RD et la Côte aux enfants champagne… Je vous promets en revanche de belles surprises dans le choix des millésimes et des villages mis en avant. Nous sommes maintenant sur ce rythme où nous présentons chaque année soit une nouvelle Grande année soit un nouveau RD, et toujours une nouvelle série de pinots noirs, avec les cuvées PN, Côte aux enfants, et Vieilles vignes. Ces deux dernières cuvées, qui sont sur des quantités très réduites, sont surtout là pour démontrer le degré d’expertise et d’excellence œnologique de Bollinger.

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