Propriété familiale depuis cinq générations et membre du classement de Saint-Émilion depuis 1955, le château Saint-Georges Côte Pavie dévoile une “pépite” très discrète qui n’entre pas dans son foncier de Grand Cru Classé mais dont le terroir jouxte celui du château Ausone : le Clos 1873.
C’est une parcelle d’un demi-hectare située à l’entrée du village de Saint-Émilion, cernée de murs et jouxtant une partie des vignes du légendaire château Ausone. Un simple panneau nous indique son nom, “Clos 1873”, et on aurait du mal à imaginer que derrière la porte du garage de la maison se trouvent deux petites cuves inox et trois barriques destinées à vinifier et élever les vins du cru. Ce Clos 1873, c’est la pépite cachée de Philippe Masson, propriétaire du château Saint-Georges Côte Pavie, situé à quelques centaines de mètres de là.
Comme son nom l’indique, ce Grand Cru Classé – reconnu au sein du classement de Saint-Émilion depuis sa première édition en 1955 – se trouve sur la côte Pavie, terroir emblématique dont le plus fameux représentant est le château Pavie, Premier Grand Cru Classé ‘A’ appartenant à la famille Perse. Avec ses 5 hectares d’un seul tenant, le vignoble de Saint-Georges Côte Pavie est dans la même famille depuis 1873, lorsque le négociant corrézien Jules Charoulet décida d’investir dans le vignoble de la rive droite de Bordeaux.
Quatre générations plus tard, c’est Philippe Masson, l’arrière-arrière-petit-fils de Jules Charoulet, qui préside à la destinée de l’exploitation. Médecin en pédiatrie installé dans le Vaucluse mais pleinement investi à la tête de la propriété depuis le décès de son père Jacques en 2017, Philippe Masson a décidé de donner un nouvel élan aux vins de Saint-Georges Côte Pavie : en investissant dans une rénovation du cuvier du Grand Cru Classé, tout d’abord, et en y développant l’œnotourisme via une offre de visites et de dégustations. Mais aussi en reprenant la main sur une parcelle située à l’écart du noyau dur du vignoble, écartée du classement en 2012 et pourtant située sur un très joli terroir : confiée pendant quelques années en fermage à Philippe Baillarguet, maître de chai du château Ausone (qui intègre la production de ces 50 ares dans son domaine personnel le Clos des Baies), cette parcelle est désormais revenue dans le giron de la famille Masson, qui a décidé d’en faire une cuvée à part entière.
Sous la conduite du maître de chai Aurélien Baylan (arrivé en 2017) et des équipes de Derenoncourt Consultants, ce “Clos 1873” voit le jour à partir du millésime 2018. 100% merlot, issu de vignes d’une vingtaine d’années sur sol à dominante calcaire, ce vin se signale par une finesse de texture et une élégance qui contrastent avec la fermeté verticale de Saint-Georges Côte Pavie, vin de garde par excellence qui exige quelques années pour déployer toute sa complexité. Travaillé comme un vin de garage (et de fait, il en est un) mais arborant un profil résolument aimable, digeste et tout en souplesse, ce Clos 1873 est produit à hauteur de 1500 bouteilles en moyenne – autant dire un vin de niche, dont Philippe Masson assure lui-même la commercialisation sans passer par la Place de Bordeaux ; la vente à la propriété et le travail de fond auprès des cavistes et sommeliers étant les pistes les plus indiquées pour ce vin vendu au prix de 95 € TTC.
Sur une “mini-verticale” des trois millésimes disponibles, on apprécie le côté immédiatement pulpeux et gourmand du 2018, le caractère plus “dentelle”, floral et aérien du 2019, mais c’est clairement le 2020 qui est le plus abouti, combinant un peu de ses deux prédécesseurs : parfumé, intense, sur une belle opulence de fruit, il se révèle en bouche à la fois onctueux et délicat, électrisé par un grain de tannins joliment crayeux, une énergie qui apporte un supplément de jutosité à la matière crémeuse.
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