[Bordeaux] Tendances pré-primeurs du millésime 2022

Le cabinet de conseil en viticulture ENOSENS présentait, cette semaine, les vins des propriétés qu’il conseille. Un exercice intéressant qui donne l’occasion de découvrir ce qu’est la tendance du millésime 2022 à Bordeaux, avant les primeurs.

Les primeurs sont la figure imposée des crus classés bordelais. Elle met en avant des crus classés solides qui demandent un paramétrage particulier du palais lors de la dégustation. Rien de cela cette semaine, les vins étant plus accessibles car le panel des 40 bouteilles présentées était un large reflet des 14 appellations bordelaises présentes. Chaque œnologue conseil d’ENOSENS était derrière sa table, prêt à commenter les vins des châteaux qu’il suivait. Toutes les bouteilles étaient anonymes : seules les indications d’appellation et de gamme apparaissaient.

L’impact de la climatologie de l’été 2022

La canicule et le déficit hydrique (- 47 % de pluviométrie au cours des trois mois d’été et 15 % à 20 % de perte de volume des raisins) auront marqué le millésime. On observe un léger déséquilibre sucre/acidité avec des degrés d’alcool potentiellement élevés. Toutefois les vins dégustés montrent que :

La fraicheur est au rendez-vous.

Une fraicheur portée par des taux d’acidité corrects et une aromatique favorable. Les vins rouges auront très vraisemblablement un bon potentiel de garde. Les blancs secs se révèlent assez aromatiques car la maturité phénolique a fini par rattraper son retard début septembre pour être optimale: c’est une bonne surprise.

Les jus sont colorés

L’extraction de la couleur et des arômes ont été rapide et il y a eu par conséquent moins de soutirages. Il ne fallait pas non plus monter trop les températures de fermentation (risque d’avoir des vins un peu raides). Un millésime 2022, qui aura produit des vins riches (beaux tanins et de la couleur) et qui auront un potentiel de garde (de l’acidité).

Des vins plaisants

Les vins rouges révèlent, en général, une très légère sucrosité, sur des arômes fréquents de fruits noirs (myrtille notamment) et de violette. Cette sucrosité est le résultat d’une tendance à « faire des vins plaisants » en adéquation avec le goût du consommateur : cette sucrosité est « apportée essentiellement par les mano-protéïnes issues des peaux des levures mortes : un élevage sur lie en quelque sorte » nous dit un œnologue conseil d’ENOSENS. Un processus à suivre pour les Bordeaux tant il rend le vin séduisant sans altérer son identité liée au terroir.

Les châteaux ont dû, lors des assemblages, bien sélectionner entre les lots de cépages car les merlots et les cabernets pour les rouges mais aussi les sauvignons et les sémillons pour les blancs ne se sont pas comportés de la même manière sous une contrainte climatique forte. En outre, les techniques de vinification ont manifestement compensé le léger déséquilibre sucre/acidité.

Parmi les stands présentés on remarquera :


Un stand Bordeaux et Bordeaux supérieur qui présentait un Bordeaux d’entrée de gamme « bluffant » tant l’équilibre et le plaisir était au rendez-vous. Les vins du Médoc se sont révélés colorés avec des tanins souvent soyeux avec un joli fruit. Un Sainte croix du Mont complexe et équilibré entre sa liqueur et sa fraîcheur (Château La Rame) et un Sauternes (château d’Armajan des Ormes) complexe lui aussi, long, sur une gamme aromatique riche. Les lots de raisins passerillés et ceux des raisins botrytisés ont permis de bien jouer lors des assemblages et de réaliser des vins complexes. Un stand rive droite où les satellites de Saint-Émilion (Puisseguin et Lussac) et de Pomerol (Lalande) ont tenu la dragée haute à leurs camarades des appellations-racines. Des vins surprenants et excellents, parfois préférés par certains dégustateurs.

L’impression finale est bonne. Le millésime 2022 s’en sort très bien alors que la climatologie, très contraignante, avait mis la vigne à rude épreuve. Équilibre, richesse, expression aromatique et fraîcheur sont au rendez-vous, déjouant ainsi quelques pronostics un peu pessimistes et hâtifs. Les dégustations des Primeurs devraient se situer dans cette veine. À très vite donc.

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Un Côte de Brouilly sacré meilleur gamay du monde

Lors du 13e concours du Meilleur Gamay du Monde organisé à Lyon le 14 janvier, 729 cuvées provenant de France, Suisse, Italie et États-Unis se sont affrontées pour espérer être élue meilleur gamay du monde 2023, remporté par le domaine Nicole et Romain Chanrion en appellation Côte de Brouilly, millésime 2020

Un concours de terroir

Organisé par la société Armonia, également organisatrice du Concours international de Lyon, ce concours a été crée en 2010 sous l’impulsion d’Interbeaujolais. Partant en effet du constat que la majeure partie du monde est plus habituée à consommer des vins de cépages que des vins d’appellation, il était temps de promouvoir le gamay, déjà ultra polyvalent dans son expression, au même titre que les chardonnay et cabernets, afin de lui créer une légitimité marketing méritée. L’objectif affiché du concours est donc double : d’une part renforcer la notoriété du gamay et valoriser l’image de vins ronds, joyeux et fruités ; et faire découvrir la diversité du gamay selon ses terroirs d’origine et la main du/de la vigneron(ne) auprès des prescripteurs comme des consommateurs.

Une victoire en deux temps

La particularité aussi de ce concours est la double dégustation pour élire le vainqueur : d’abord la grande dégustation par les 168 dégustateurs (professionnels et amateurs éclairés), attribuant 229 médailles (119 or et 110 argent), puis le grand jury (composé d’un œnologue, deux sommeliers, un maître de chai et un amateur expérimenté) se réunit pour déguster à l’aveugle les médaillés d’or. Comme le souligne Laurent Lacorne, amateur expérimenté du grand jury, « sélectionner le meilleur gamay du monde, c’est savoir lire les vins, comprendre le travail du vigneron, se mettre à la place du consommateur. Être grand juré, c’est repérer la pépite qui arborera l’étole du vainqueur et être le porte-drapeau d’un cépage qui plaît de plus en plus pour sa fraîcheur, sa complexité et sa gourmandise. »

Victoire du domaine Chanrion

Choisi à l’aveugle, le Côte de Brouilly de Nicole et Romain Chanrion se trouve être une parfaite représentation de son appellation. Avec des parcellaires élevés séparément, puis assemblés, cette cuvée illustre les identités de l’appellation qui s’exprime de concert en une œuvre commune, tout en incarnant également les spécificités du Beaujolais, avec macération semi-carbonique et élevage en foudre.

Mère et fils exploitent 7 hectares de vignes sur les versants du Mont Brouilly, succédant à 8 générations sur le domaine. Nicole s’est formée au lycée viticole de Beaune et a pris le domaine en 1979 après une expérience dans la Napa Valley. Quant à Romain, il rejoint sa mère en 2014 après une première vie d’ingénieur. Le duo se concentre sur la valorisation de ses terroirs dans le respect de l’environnement, avec des sélections parcellaires. Les lieux-dits composant la cuvée victorieuse sont les Crozes, Chardignon, Godefroy et Le Pavé (sur Brulhié), provenant ainsi des différents versants du Mont Brouilly, qui a subi un épisode caniculaire en 2022. Mais l’adaptation et le savoir-faire mis en œuvre par Nicole et Romain ont payé, en témoigne cette victoire.

Mention spéciale à leurs côtés attribuée par le grand jury pour le vin du domaine de la Planta en AOC Genève (Suisse), pour la cuvée « La Révolution » 2021.

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[Roussillon] Jonquères d’Oriola au château de Corneilla : vieille famille, grande modernité

William Jonquères d’Oriola ©DR©DR©DR©DR

William Jonquères d’Oriola représente la 27e génération d’une famille emblématique de la région. Un enracinement viticole exceptionnel depuis des siècles qui, loin d’être pesant, fait sa fierté et l’incite à inscrire pleinement son domaine dans la modernité. Bienvenue dans le Roussillon qui avance

Dire que William Jonquères d’Oriola est bavard, c’est comme dire qu’on aime le rugby à Perpignan. C’est une évidence ! Très affable, l’homme suscite naturellement chez son interlocuteur une écoute attentive. Car chez lui, les idées fusent et s’articulent avec clarté. Curieux, William n’hésite jamais à explorer des univers parfois très différents de ceux qui ont façonné sa famille. Ce patronyme, il est encore dans toutes les mémoires de ceux qui aiment l’équitation et l’escrime. Et notamment grâce à Pierre, le grand-oncle, qui fut notamment double champion olympique et assurément l’un des plus grands cavaliers français de tous les temps. Pourtant, ni escrime ni chevaux pour William qui leur préféra le rugby dès ses 7 ans, sport qu’il va pratiquer pendant 17 ans comme pilier gauche et talonneur. L’homme sait ce qu’il veut et fonce, tête baissé comme en mêlée, toujours prêt à relever de nouveaux défis.

Avant de revenir travailler sur le domaine avec son père et d’en reprendre l’exploitation, il va se lancer 20 mois durant dans un tour du monde qui va « lui enlever ses œillères d’européen ». De la Nouvelle-Zélande à la Basse Californie mexicaine en passant par la Birmanie, ses expériences viticoles lui seront précieuses. À son retour en 2010, il va donc accompagner la marche vers la modernité d’une propriété familiale « dont les vignes étaient parfaitement tenues mais qui demeurait traditionnel » précise-t-il. Après une transition optimale avec un père complémentaire et prompt à la transmission, le voilà qui fait feu de tout bois, analysant toutes ses parcelles, creusant des fosses pédologiques pour les comprendre, réfléchissant sur la gamme et le style des vins. Avec rapidement une évidence. Le Roussillon peut produire de très grands vins, notamment blancs, mais il les veut « intenses et frais ».

Un expérimentateur né

Si William possède également des vignes à Collioure et au Mas Llaró, le château familial de Corneilla se situe, lui, à la pointe des Aspres. Pourtant, William estime que la typicité des vins de cette région des contreforts du Canigou ne s’exprime pas suffisamment. Il se met donc rapidement en tête d’augmenter les surfaces en acquérant une quarantaine d’hectares au cœur des Aspres, entre 150 et 200 mètres d’altitude.

Son envie ? Réaliser de grands vins blancs ayant du corps mais sans lourdeur et des rouges sanguins et digestes. 2 cépages sont pour lui clé. Le vermentino « permet d’apporter énormément de peps au grenache blanc et gris ainsi qu’au maccabeu qui sont peu acides. La densité des vins vient de la fermentation malolactique et non du bâtonnage ». Et le résultat est impressionnant comme sur la cuvée Cavalcade blanc (14 €), sphérique en milieu de bouche tout en conservant une texture aérienne.

Côté rouge, le mourvèdre est son dada. On le retrouve notamment dans la cuvée Icone (39 €). Une sélection stricte parmi les meilleurs fûts issus des meilleures cuves de mourvèdre, syrah et Grenache des Aspres. Un vin dense, au fruit expressif et complexe dont la texture est d’une grande souplesse. Tous les rouges connaissent une fermentation malolactique sous marc. « Une prise de risque évidente qui nous impose un état sanitaire parfait » explique-t-il. Les élevages se font pour leur part en fûts de 500 litres pour ne pas marquer les vins. Tous ont en commun une grande droiture et des expressions franches de leur terroir.

Et si le domaine n’est pas certifié en bio, il en applique déjà de nombreux principes. William est d’ailleurs déjà labellisé bio pour ses 6 000 oliviers avec lesquels il produit de l’huile. Ce n’est donc qu’une question de temps. Il applique déjà la confusion sexuelle dans les vignes, apporte du fumier organique, pulvérise du quartz, utilise des huiles essentielles pour revigorer les ceps. Il met en œuvre tout une culture régénérative avec notamment des semis de légumineuses l’hiver que des moutons viennent tondre ensuite, un épamprage manuel… Il n’arrête jamais de tester mais n’en oublie jamais de le faire en s’amusant. C’est ainsi qu’il a fait voyager quelques-uns de ses vins 100 jours sur un bateau pour voir l’incidence, qu’il a ensuite comparer des vins restés en caves et d’autres vieillis en altitude à 1 800 m avec pour effet de conserver une incroyable fraîcheur.

Sa dernière envie pour la récolte 2023 : réaliser un comparatif sur le même vin entre une vinification classique et une sans sulfite. « Ainsi, je pourrai véritablement constater l’impact de cette méthode ». Un touche-à-tout donc, bien décidé à faire bouger les lignes et à faire rayonner des vins du Roussillon encore trop méconnus.

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Économies d’échelle grâce au packaging de bouteille

En 2023 dans l’Aude, le Château Guilhem lance une gamme unique 100% éco-responsable et intégralement conçue localement, une première inédite dans le Languedoc.

On en finit plus de franchir le cap de la transition dans le Languedoc. Vigne, biodiversité, chai et maintenant packaging, les idées pertinentes pour diminuer l’empreinte carbone de son exploitation n’en finissent plus et beaucoup regardent vers la bouteille.

Basé à Malviès sur les contreforts du massif de la Malepère, Bertrand Gourdou représente la 5ème génération de vigneron au Château Guilhem (37 hectares), un domaine acheté en 1878 et cultivé en bio depuis 2007. L’homme engage également l’exploitation vers une conversion Demeter pour la pratique de la biodynamie. Mais ce n’est pas pour parler de vigne que Château Guilhem fait l’actualité de ce mois de janvier 2023.

Bertrand Gourdou a totalement repensé sa gamme de vin, en créant six cuvées entièrement éco-responsables (deux vins rouges, deux blancs, un rosé et un vin orange ). “L’objectif était avant tout de rechercher de la simplicité et de marquer son empreinte pour l’entreprise”. Les étiquettes datant de son grand-père, plus la gamme qui s’étoffait d’année en année, le château proposait pas moins de 15 vins avec un packaging et une étiquette à chaque fois différent. “On avait même une cuvée produite à seulement 250 exemplaires”.

Nous avons totalement absorbé l’inflation sur les prix des matières premières qui règne depuis quelques années”. Après avoir redéfinit la gamme, les bouteilles ont également fait l’objet d’une attention particulière en réduisant leur poids de presque 300 grammes, passant de 700 à 415 grammes et produites localement à la verrerie d’Albi à 98 kilomètres. Sachant que la bouteille occupe de loin le premier poste émetteur de gaz à effet de serre dans le monde du vin, cette réduction va donc améliorer le bilan carbone. “300 grammes peut paraître petit dit comme cela mais cela représente 180 kilogrammes par palette de 600 bouteilles lors de l’envoi. Mieux pour la planète mais c’est également mon préparateur de commande qui est heureux”. De plus, l’étiquette, colle et encre utilisées ont été harmonisées et changées pour également diminuer l’impact sur ces postes de dépenses.

Au-delà de la bouteille et de son étiquette, c’est aussi le carton d’emballage qui a été repensé. Fond “auto fermable” où une face uniquement doit être fermée, le plastique du scotch est remplacé par du caoutchouc, produit naturel biodégradable. Les palettes des cartons de vins sont conditionnées non plus avec du plastique, mais avec un film biodégradable créé par une entreprise toulousaine. Enfin, la capsule représentative de droit est supprimée et c’est donc moins aluminium et plastique également.

Moins de cuvées dans la gamme, bouteilles allégées, étiquettes en papier recyclé, colle hydrosoluble, cartons redessinés et plastique remplacé, tous ces changements permettront au Château Guilhem de réduire son empreinte carbone, de faire travailler les fournisseurs au local et d’absorber totalement l’inflation des prix sur le marché. Manque plus que la consigne mais Bertrand Gourdou est sur le coup !

Les premières mises en bouteille datent du mois de décembre 2022, les nouveaux tarifs seront compris entre 12 € et 19 € TTC. Les bouteilles et leur étiquette y seront présentées pour la première fois à Millésime Bio 2023. (hall B2 Stand 784).

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La Champagne franchit le seuil des 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 !

Les chiffres sont enfin tombés. Comme les professionnels s’y attendaient, la Champagne bat un nouveau record en termes de chiffre d’affaires, dépassant pour la première fois la barre des 6 milliards d’euros !

En 2021, la Champagne avait déjà battu son record de chiffre d’affaires en atteignant les 5,7 milliards d’euros. En 2022, elle renouvelle l’essai et passe le seuil symbolique des 6 milliards. Les expéditions en volume en revanche ne sont pas parvenues à dépasser le record de 2007, mais s’élèvent quand même à 326 millions de cols soit une progression de 1,6 % par rapport à 2021, une dynamique tirée par l’export et non par le marché français. Ce dernier continue sa lente régression, une tendance de fond depuis plusieurs années, puisqu’il ne représente plus que 45 % des ventes contre 57 % voici dix ans, avec un recul des volumes cette année de 1,7 %. « De plus en plus d’amateurs de champagne se trouvent à l’extérieur de nos frontières. Il y a des marchés comme les États-Unis dont on pensait qu’ils étaient arrivés à maturation et on se rend compte qu’ils continuent à progresser. Nous ne pouvons que constater la bonne tenue du champagne par rapport aux autres vins, alors que dans certaines régions on parle de distillation, d’arrachage. Nous récoltons ce que nous avons semé depuis des années en termes de réflexion sur l’amélioration du produit, sur l’environnement, l’organisation de l’interprofession, le partage de la valeur qui incite les vignerons à produire de la qualité, mais il faut rester prudent. Il ne s’agit pas de fanfaronner, la prudence est de mise, on est sur une période très fragile et sensible sur de nombreux sujets, aujourd’hui l’année commence et on remet les compteurs à zéro » confie Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons.

Si tous les acteurs de la filière dans l’ensemble ont bénéficié de cette croissance, certains en ont davantage profité que d’autres. De très loin, ce sont les coopératives qui semblent sur le plan des volumes tirer le mieux leur épingle du jeu, avec une progression de 7,7 % contre 1,3 % pour les maisons, et 0,1 % pour les vignerons. Leur virage vers l’export est encore plus marqué qu’ailleurs, puisqu’elles y ont augmenté leur volume de 21,6% contre 6,4 % pour les vignerons et 2,8 % pour les maisons. Les ventes des maisons restent cependant largement en tête, 237,2 millions de bouteille, contre 58,2 millions pour les vignerons et 30,5 millions chez les coopératives. Cette situation s’explique peut-être par la crise du Covid qui avait frappé plus violemment les coopératives que les négociants, d’où des quantités de stocks disponibles particulièrement importantes. Au contraire, les négociants qui avaient davantage résisté, avaient sans doute moins de bouteilles disponibles pour profiter de la croissance et ont dû davantage que les coopératives procéder à des contingentements. Mais il existe aussi un dynamisme certain des coopératives, avec une transformation de leur image, la découverte de plus en plus par les consommateurs de la qualité de leur travail, de leur proximité au terroir, tandis qu’elles se trouvent souvent très en pointe sur les thématiques de RSE. Une donnée cruciale nous manque encore, la répartition du chiffre d’affaires entre les trois grands acteurs, certains ayant pu gagner davantage en valeur que d’autres.

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Union Champagne ou la stratégie win-win d’une « Super coopérative »

Pierre Desanlis est le nouveau directeur de l’Union Champagne qui réunissait vendredi son assemblée générale. Avec ses 1 470 hectares d’approvisionnement, et sa présence très forte sur la Côte des blancs, cette « Super coopérative » qui voit le négoce comme un partenaire et non comme un concurrent, nous dévoile les clefs de son succès

Depuis des années, les ventes des champagnes de Récoltants coopérateurs régressent, la tendance se serait-elle inversée ?

Jusqu’en 2020, on constatait une décroissance des ventes de ces bouteilles récupérées par nos adhérents pour les revendre sous leurs marques, ces vignerons « RC » étant essentiellement centrés sur un marché français de moins en moins dynamique. L’avantage du statut de RC par rapport à celui de récoltant-manipulant, c’est que lorsque le RC voit ses ventes diminuer, il ne conserve pas un surcroît de stock, la coopérative reprendra les bouteilles qu’elle commercialisera sous ses marques. En 2022, on observe effectivement une inversion de la tendance, puisqu’on est passé de 1 300 000 bouteilles reprises par nos adhérents à 1 500 000 ! Cela s’explique par la hausse générale de la demande de champagne, mais aussi par le retrait partiel du négoce du marché français, les maisons préférant aller davantage vers l’export où elles dégagent plus de valeur ajoutée. Sous l’effet de la pénurie, on observe aussi des importateurs étrangers qui commencent à s’intéresser aux RC alors qu’ils les snobaient jusqu’ici pour des raisons idéologiques au profit des RM. Il faut noter que ce type d’opérateur cherche des vignerons capables de proposer un certain volume, en général d’au moins 10 000 bouteilles/an, ce qui implique déjà un écrémage. L’apport des RC n’est donc pas de trop, et offre une alternative d’autant plus intéressante qu’ils sont qualitativement au top ce qui constitue une autre découverte pour les importateurs. En effet, les champagnes rendus à nos adhérents bénéficient d’assemblages en tous points identiques à ceux de notre marque De Saint Gall, seuls les dosages diffèrent.

L’Union Champagne apparaît aussi comme un bouclier pour conserver le foncier des vignerons…

Comme le déclare Dominique Babe, notre président : « Nous préférons voir les négociants acheter notre raisin que notre foncier. » Nous aurions pu faire comme certaines coopératives consœurs, et choisir de tout vendre sous notre marque. Les maisons ne nous verraient alors plus comme un partenaire mais comme un concurrent. Elles ne se gêneraient pas pour aller démarcher tous les vignerons en direct. Certaines sont déjà très riches en foncier et peuvent proposer des solutions avec lesquelles nous ne pouvons rivaliser. Un vigneron qui a des terres voisines des leurs, pourra exploiter une partie des vignes de la maison, en échange de la livraison des raisins de l’ensemble de son exploitation… Elles chercheraient aussi à acheter davantage de vignes en y mettant le prix. C’est pourquoi nous avons limité statutairement la proportion de bouteilles que nous pouvons vendre et que nous consacrerons toujours une part importante à la vente en vins clairs au négoce. En revanche, nous veillons à ce que ces vins soient redistribués intelligemment entre les plus belles maisons (une vingtaine), celles qui créent de la valeur. L’idée n’est pas d’aller alimenter des négociants qui vont faire des coups et dégrader l’image de l’appellation.

Une autre évolution à contre-courant est votre formidable développement de la prestation auprès des Maisons, alors que les autres coopératives doivent abandonner ce terrain…

Sur le site d’Oger dédié à cette activité, nous venons de construire un cinquième module qui permet de stocker pour les maisons cinq millions de bouteilles supplémentaires, nous y avons installé aussi des remueurs supplémentaires. Il est vrai que d’autres coopératives ont vu les maisons leur dire « nous arrêtons, nous sommes désormais suffisamment équipées pour réaliser ces opérations nous-mêmes ». Mais la manne quantitative et qualitative d’approvisionnement dont nous disposons est telle, qu’elles ne peuvent pas tenir avec nous un tel discours. Nous sommes la dernière super coopérative avec laquelle elles continuent à traiter à un pour un, c’est-à-dire qu’à chaque fois que nous engageons un hectare d’approvisionnement chez elles, nous récupérons en contrepartie un hectare en prestation.

Vous annoncez aussi un recul prochain des ventes aux marques d’acheteurs…

La marque de Saint Gall connaît un grand succès et affiche aujourd’hui 300 000 bouteilles vendues sur le réseau traditionnel. Comme nous ne voulons pas réduire nos ventes au négoce, le seul moyen dont nous disposons pour alimenter davantage cette marque qui crée de la valeur, c’est de rogner sur les ventes aux marques d’acheteurs. Le problème des marques d’acheteurs, c’est qu’elles peuvent se tourner à tout moment vers d’autres élaborateurs. Néanmoins, nous souhaitons continuer à travailler avec elles. Pendant le Covid, elles nous ont rendu service, car même si les contrats signés ne portent que sur une année, cela reste un engagement sur lequel elles ne peuvent revenir et cela tire des volumes. Tesco en Angleterre par exemple, représente un peu plus du 1/3 des volumes que nous commercialisons annuellement. En réalité, nous souhaitons plutôt faire un tri en écartant les marques d’acheteur à petit débit et à faible valeur ajoutée.

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« Terre de Vins » passe en mensuel en 2023

Le magazine « Terre de Vins » dévoile son numéro 81 et entame cette nouvelle année en changeant de périodicité : il sortira désormais tous les mois, alternant numéros réguliers et numéros spéciaux.

C’est une nouvelle assez rare actuellement dans le monde de la presse pour être soulignée en ce début d’année : jusqu’ici bimestriel et agrémenté de plusieurs hors-série annuels, le magazine « Terre de Vins » adopte une périodicité mensuelle dès ce mois de janvier, qu’il inaugure avec la sortie de son n°81 dans les kiosques. Chaque mois désormais, « Terre de Vins » alternera un numéro régulier et un numéro spécial dédié à une thématique précise – œnotourisme, développement durable, cités des vins et climats de Bourgogne, et bien d’autres surprises en 2023. Un seul hors-série est conservé en fin d’année, intégralement dédié à l’univers des spiritueux. Ce changement de périodicité s’accompagne d’une évolution tarifaire, le magazine passant à 6,90 € en kiosque.

Voyage, voyage

C’est avec David Morin en couverture, récemment élu Meilleur Caviste de France, que « Terre de Vins » entame cette nouvelle année : ce numéro est une nouvelle invitation à sillonner l’ensemble des vignobles français et une belle occasion de donner la parole à toutes les personnalités qui font palpiter la filière – à commencer par ses acteurs de demain, grâce au traditionnel dossier de début d’année consacré aux formations du vin.

De Bordeaux (avec une saga dédiée aux familles Mestreguilhem & Lauret à Saint-Émilion) au Languedoc (avec une interview de Christophe Bousquet, président du CIVL, et une grande dégustation de corbières) en passant par le Beaujolais et ses « crus cachés », l’Alsace et ses grands crus, la Côte-Rôtie pour une verticale de la grande cuvée « Belle Hélène » chez Stéphane Ogier, la Calabre pour une « world escapade », Nice pour une escale gastronomique au Negresco, enfin toute la diversité des appellations du Sud-Ouest et du dynamisme des coopératives à travers deux cahiers spéciaux, ce numéro est une ode au voyage pour tous les amateurs. En avant 2023 !

« Terre de Vins » n°81, 6,90 €.
Abonnements et kiosque numérique

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Le cognac marque le pas en 2022

215,2 millions de bouteilles ont été expédiées, l’an passé, dans le monde entier. Les volumes livrés ont diminué de 4,8 %. La baisse intervient après un incroyable rebond. Les professionnels parlent d’un « ajustement ».

En 2022, la filière cognac a expédié 212,5 millions de bouteilles à la surface du globe, soit 10,7 millions de moins qu’en 2021, a-t-on appris auprès du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui réunissait son comité permanent ce mardi 17 janvier 2023.

Les volumes livrés dans les filiales de distribution de plus de 150 pays du monde ont fléchi de moins 4,8 %. Ils ont généré un chiffre d’affaires global de 3,9 milliards d’euros, en hausse de 8,4 %, essentiellement du fait de taux de change favorables et de hausses des prix au détail.

“Confiance raisonnée en l’avenir”

Dans un contexte économique et géopolitique dégradé, marqué par l’inflation et la guerre en Ukraine, ces chiffres ne sont pas considérés mauvais ou inquiétants. La baisse des expéditions intervient après un incroyable rebond en 2021 (+ 16,2 %), au lendemain de la crise sanitaire. La filière parle d’un « ajustement » et d’une « normalisation après une période exceptionnelle ».

Le viticulteur Christophe Veral, président du BNIC, souligne que « 2022 se présente comme la troisième meilleure année de l’histoire du cognac, juste derrière les records de 2021 et 2019. Il se dit à la fois « serein et prudent » et confirme de « réelles perspectives de développement à moyen et long termes ».

Le négociant Alexandre Gabriel, vice-président, évoque « sa vigilance et sa confiance raisonnée en l’avenir ». Il en veut pour preuve les « investissements importants » de ses collègues dans l’outil de production local (on a jamais construit autant de chais dans les deux Charentes). Il ajoute : « Les marchés, bien que plus volatiles, recherchent de plus en plus des produits authentiques et de qualité. Le cognac répond à ces attentes. »

Le détail, marché par marché

L’an passé, les expéditions aux États-Unis d’Amérique (111,3 millions de cols), premier des marchés du cognac, ont baissé de – 3,2 %. Elles ont diminué de – 5,9 % en Europe (34,9 millions de bouteilles) et se sont rétractées de – 12,8 % en Chine (29,6 millions de flacons).

Par ailleurs, le BNIC a dévoilé ce mardi les chiffres de la récolte 2022. La vendange a été plus généreuse que prévu, avec un rendement agronomique régional moyen de 122,42 hectolitres de vins blancs aptes à la production de cognac par hectare. Le rendement en alcool pur par hectare, 12,86 hl AP/ha, est au-dessus de la moyenne décennale. Les alambics charentais devraient produire 1 068 927 hl AP avant le 31 mars, au-delà de l’objectif de 984 331 hl AP à mettre sous bois.

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Champagne Telmont, objectif « Net positive » pour 2050

On a vu dernièrement la filière annoncer son objectif de devenir Net zéro carbone pour 2050. La Maison Telmont a quant à elle décidé de placer la barre encore plus haut en affichant l’objectif de devenir Net positive pour 2050.

En achetant du champagne Telmont, si la Maison parvient à son objectif en 2050, non seulement le consommateur ne contribuera plus à l’accroissement des émissions des gaz à effet de serre mais il participera à leur réduction ! Reste à déterminer les moyens proposés par la maison pour y parvenir. Telmont publie à cet effet un guide qui détaille sa méthodologie. La Maison a choisi celle élaborée par la SBTi (Science Based Target Initiative) dont l’une des spécificités est de ne pas se cantonner aux émissions de CO2, mais de s’intéresser à tous les gaz à effets de serre, calculés en tonnes équivalent CO2.

Globalement, cela signifie d’abord pour cette entreprise une baisse des émissions de 485 tonnes équivalent C02 (chiffre de 2020) à 49 tonnes, et cela alors même que la maison prévoit de multiplier ses volumes par trois. Si on observe son bilan, celui-ci se répartissait en 2021 de la manière suivante, sur les scopes 1 et 2 qui concernent l’entreprise elle-même, 21 % des émissions proviennent de la production de l’électricité consommée, 7 % de la fertilisation azotée des vignes, 14 % des fluides frigogènes et 58 % des engins agricoles. L’activité viticole ressort donc comme le pôle prioritaire. En ce qui concerne le scope 3 qui concerne les partenaires de l’entreprise, c’est là-encore la production et la fourniture en raisins des viticulteurs livreurs qui arrive en tête (27 % des émissions du scope 3 et 25 % des émissions totales de l’entreprise, scopes 1, 2 et 3), puis vient la production de bouteilles (24 % du total des émissions). Les transports logistiques amont et aval représentent quant à eux 5 %.

La réduction envisagée passe par le développement des moyens déjà annoncés dans le projet « au nom de la Terre » : l’utilisation des biocarburants pour les engins agricoles, le travail sur la réduction du poids de la bouteille, la suppression des packagings (déjà opérée), la fin des transports aériens, le fret à voile, le recours à des sociétés de camionneurs utilisant des biocarburants…

En parallèle, pour devenir Net positive, les 48 tonnes restantes devront être plus que compensées. Cela passera par le programme de stockage de carbone que permettront des projets comme la plantation de haies en bordure des parcelles et le développement accru des couverts végétaux. « Nous planterons 4900 charmes d’ici 2030 et nous avons commencé à enherber systématiquement nos vignes à raison d’un rang sur deux pour l’instant, tout en testant sur certaines parcelles des plantations plus intéressantes que l’herbe ordinaire en matière de séquestration » confie Ludovic du Plessis, le président de la maison.

Certains s’agaceront de l’affichage de cet objectif qui pourrait apparaître comme une fanfaronnade et un positionnement marketing alors que les résultats n’ont rien de certain, l’ensemble des mesures envisagées pour le moment ne permettant pas d’atteindre la cible et reposant en partie sur l’espoir d’innovations à venir. Néanmoins, cette politique fait partie de la méthode SBTi : en faisant de la publicité autour de leur engagement, les entreprises s’exposent à un sévère retour de bâton en termes de communication si elles ne réalisent pas leurs objectifs, ce qui renforce chez elles la pression pour avancer.

Mais il est vrai qu’au milieu de cette surenchère d’annonces à laquelle on assiste dans le vin, on aimerait voir émerger des informations plus claires pour le consommateur, établies si possible par des organismes indépendants. La plus simple serait l’indication sur les étiquettes de la quantité de gaz à effet de serre en équivalent carbone émises par bouteille (fusse-t-elle à l’avenir négative !). L’acheteur pourrait ainsi opérer entre les différentes marques une comparaison objective. On notera cependant que la publication par Telmont de ce guide est un premier pas vers la transparence qu’il faut saluer et que son caractère très pédagogique permet justement d’éclairer le consommateur sur des notions qui sont encore chez lui très floues, d’autant qu’on a affaire à une science encore en construction et en perpétuelle évolution.

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Tour des Cartes 2023, millésime émouvant

La soirée du Tour des Cartes 2023, organisée par Terre de vins lundi 16 janvier à l’Intercontinental Paris Le Grand, a sacré huit établissements pour la qualité de leur carte des vins. Des lauréats récompensés et émus sous l’œil bienveillant de Patrick Timsit, parrain de l’édition.

« C’est une bonne idée de mettre à l’honneur les sommeliers. Comme nous artistes, ils racontent une histoire. Il suffit qu’ils disent pour qu’on ressente. » Grand amateur de vins et de gastronomie, Patrick Timsit, parrain de cette 7e édition, a introduit la soirée du Tour des Cartes 2023 avec un hommage appuyé à la restauration et au monde du vin, dans l’époustouflant salon Opéra de l’Intercontinental Paris. Face à lui, près de 200 convives attendent avec impatience les résultats.

Alors que les cuvées soigneusement sélectionnées par les interprofessions de l’IGP Pays d’OC et des Vins de Bordeaux, partenaires de l’événement, humidifient les verres, deux premiers satisfécits sont remis. Le N°5 Wine Bar de Toulouse, habitué du Tour, rafle le prix spécial de l’offre au verre. « C’est notre concept, et 90 % des ventes », confie sur scène Philippe Meynadier, propriétaire. Place à la catégorie brasseries, bistrots et restaurants bistronomiques : ici, c’est l’hôtel des bains de Charavines (38) qui se distingue. Au micro, le propriétaire Pascal Perino savoure aux côtés de son fils Martin. « L’établissement est l’un des plus anciens de France, il a 150 ans. Par notre taille – 60 000 couverts par an, nous avons la chance de pouvoir travailler les stocks, et proposer des crus d’exception. »

La « reconnaissance du travail de l’ombre »

Sous les marbres et les dorures du monument historique, les conversations s’animent et le suspens s’intensifie. Prochain prix : la carte engagée. Parmi trois finalistes, le Ververt de Montsoreau (49) l’emporte pour sa sélection mettant en valeur des vignerons à l’engagement environnemental. Pour son chef cuisinier Romain Butet « chaque année les consommateurs sont plus à l’affût de ce type d’engagement. » Lui succèdent les trois finalistes de la catégorie restaurants gastronomiques de prestige. Le double étoilé Anne de Bretagne empoche la palme et le jeune sommelier Steve Gellot monte sur scène, rendant hommage à son chef. « C’est un passionné de vin et dès qu’un nouveau plat sort, on échange beaucoup », apprécie celui qui n’hésite pas « à faire goûter à l’aveugle pour éviter les préjugés ». Au tour d’un autre partenaire, le patron de Somm’it Grégory Castelli, de prendre le micro. Il sacre La Cempote, de Saint-Étienne (42), dans la catégorie bar à vins. Son jeune propriétaire Alex Liotard dévoile ses accords « simples », avec des produits « peu cuisinés, comme des fromages ou des jambons affinés ».

Il est temps de rendre hommage aux très en vogue spiritueux, et à la carte qui les met le mieux en valeur. Pour remettre cette distinction, qui de mieux que Jérôme Delors, représentant de l’AOC Armagnac ? Celui qui voit un « avenir radieux » pour son appellation invite sur l’estrade Sabine et Laurent Brochard du Ver Di Vin, à Orléans (45). Le couple ne peut cacher son émotion, et c’est la voix pleine de larmes que la première savoure « la reconnaissance du travail de l’ombre de [son] mari ». Voilà « l’effet magique de l’Armagnac » plaisante Jérôme Delors, qui remet également le prix du meilleur restaurant traditionnel. Dans cette catégorie, le jury a reconnu le travail de Maxime Gallard, jeune collaborateur de l’Hôtel de la gare, à Couzon au Mont D’or (69), fier de son « parcours d autodidacte ».

« Des jeunes qui y croient »

Les desserts rejoignent les tables et il est temps de conclure avec la catégorie restaurants gastronomiques. Des trois finalistes – trois étoilés – se distingue L’Huîtrier Pie, de Saint-Émilion. De quoi ravir Thifany Miot et le chef sommelier Hugo Boyer.

Cadre de rêve, invités de prestige, filière d’excellence… Comment ne pas savourer cette soirée ? C’est ce que semble penser Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989, qui conclue par ces mots pleins de ferveur pour son métier. « Qu’importe la catégorie : on a senti ce soir de l’amour, de la passion. Il faut rappeler que ces professionnels vont rendre visite aux vignerons pendant leurs jours de repos. Et on a vu de la jeunesse, des jeunes qui y croient. Ces cartes, ce sont leurs signatures. » Les signatures de sommeliers, chefs, restaurateurs, ceux que Serge Dubs réunit sous le même vocable de « marchands de bonheur ».

Photos : @Adrien Viller


Encouragement à Pascaline Lepeltier

En rassemblant le monde de la sommellerie française, le Tour des Cartes se devait de mentionner le concours du meilleur sommelier du monde, les 7 au 12 février 2023 à Paris. Chose faite grâce à Philippe Faure-Brac, président de l’union de la sommellerie française ainsi que du jury du Tour des Cartes. Celui qui a lui même gagné le concours international en 1992 a manifesté son soutien à Pascaline Lepeltier, la candidate française, applaudie par la salle. Également membre de l’organisation du concours, Philippe Faure-Brac a confié qu’il ne restait presque plus de places pour l’événement. « Près de 2 000 billets ont été vendus, c’est pas mal non ? », a-t-il confié avec un clin d’œil à l’attention de Patrick Timsit.

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