Lionel Osmin & Cie se développe tous azimuts sur le territoire aquitain, son fondateur négociant étant devenu également vigneron avec l’ambition de racheter d’autres domaines dans le Sud-Ouest.
Lionel Osmin avec son acolyte œnologue Damiens Sartori surfe plus que jamais sur une double approche appellation-cépage autochtone avec sa signature transversale Sud-Ouest. Mais le négociant-vinificateur est devenu négociant-vigneron avec une première acquisition début 2022 en Fronton du château Laurou qui s’étend sur une cinquantaine d’hectares, plantés en négrette mais également en syrah. Laurou produit en bio 90% de rouges, 10% de rosés qui devraient augmenter et bientôt du blanc à partir de 3 ha du nouveau cépage, le bouysselet, replantés en 2017. « Cela permet de sécuriser les appros en bio avant de s’attaquer au chantier Zéro Résidus. En achats, nous regardons maintenant vers Bergerac, Marcillac, mais également Jurançon car nous croyons beaucoup au développement des blancs ».
Cap sur les blancs
Lionel Osmin travaille déjà sur la couleur en Jurançon avec le Clos Cancaillaü de la famille Barrère, en vinifiant de vieux petits mansengs sexagénaires pour la cuvée Au lavoir et en Pacherenc du Vic-Bilh avec le domaine Berthoumieu de la famille Bortolussi « Nous voulons mieux exploiter le potentiel de l’appellation en blanc sec sans délaisser les moelleux qui peuvent donner de grands vins grâce à la fraîcheur due à la proximité des Pyrénées, mais il faut surtout s’attacher à ne pas faire des me-too de Côtes de Gascogne ». Lionel Osmin gère également le célèbre Clos Joliette en Jurançon en attendant le règlement de la succession Renaud. « En raison des différents entre les héritiers, la vigne n’a pas pu être cultivée pendant deux ans mais en attendant un accord, nous allons pouvoir remettre 1,5 ha en exploitation, notamment la vieille vigne de 1929 ». Par ailleurs, la collaboration depuis cinq ans avec avec la famille Guérard du domaine de Bachen pour un IGP Landes rosé (La Dune) pourrait bientôt être déclinée en blanc.
Un soutien à l’élevage de l’Aubrac
En rouge, le négociant vient de lancer une cuvée Le Roi Boeuf qui met en lumière le mansois, nom local du fer servadou, en collaboration avec les Vignerons du Vallon de Marcillac. Elle est valorisée avec la viande d’Aubrac, deux produits autochtones par excellence, chaque bouteille vendue permettant d’accompagner financièrement la filière d’élevage et de soutenir ce patrimoine bovin de l’Aveyron. Elle est distribuée chez les cavistes (15€) et par la Maison Richard dans la restauration parisienne.
Il élabore également avec les Bortolussi des madirans à 100 % tannat comme la cuvée parcellaire, Aulet, et La Fé, et à Cahors, il aimerait « pousser le malbec plus connu que l’appellation surtout à l’international et parce que je crois beaucoup en ce cépage ». La collection d’armagnacs prend également de l’essor avec les monocépages non réduits, sans colorant ni sulfites « qui démontrent que l’armagnac peut être contemporain ».
Après le coup d’arrêt brutal dû aux confinements, la maison est vite repartie et même en phase d’accélération avec une forte croissance en France comme à l’export, en particulier sur le marché nord-américain, en Grande-Bretagne et en Europe du Nord. « Avoir une feuille de route bien remplie est enthousiasmant pour prouver que le Sud-Ouest a un avenir qui passe par des vins créatifs hors cadre en jouant des codes actuels et par les cépages autochtones, une façon aussi de se démarquer de Bordeaux ». Au total, Lionel Osmin dispose à sa carte d’une vingtaine de cuvées à 60% blancs, 25% rouges et 15% en rosés complétés par 7-8 références d’armagnac. Il a embauché un nouveau directeur commercial pour le circuit traditionnel France (Jacques Dufils, ex-Maison Richard) et s’est rapproché du caviste Le Chai à Pau pour développer la distribution dans la belle restauration afin d’être mieux diffuser sur son bassin d’origine entre Hossegor et Biarritz. La maison vient d’ouvrir un bureau à Tokyo; un autre est prévu en avril aux Etats-Unis.
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