L’IGP Collines Rhodaniennes, forte déjà d’une petite notoriété, entend mieux se faire connaître avec la création d’un logo commun et en renouant avec des cépages autochtones oubliés.
Elle est sans doute l’une des appellations les plus dynamiques des IGP du Sud-Est, bénéficiant avant tout de la forte notoriété des vignerons du Rhône Nord qui ont ainsi pu élargir leur gamme de prestigieuses AOP avec des vins plus accessibles, parfois s’essayer à d’autres cépages ou développer les blancs et rosés.
L’appellation s’est déjà beaucoup étendue lors de la dernière décennie en passant de 300 à 800 hectares. « Nos cépages sont majoritairement calqués sur les AOP environnantes, syrah, viognier, marsanne, roussanne… qui représentent 90% de l’encépagement, précise Alexandre De France, président du syndicat. Nous sommes accolés aux crus avec cet encépagement et nous voudrions plutôt adopter un positionnement différent ». Le chardonnay a remporté un franc succès ces dernières années, un cépage facile hormis quelques attaques d’oïdium, et qui se vend bien à l’export même si l’IGP expédie encore peu à l’international.
Merlot, gamay, pinot noir laissent de plus en plus la vigne aux cépages rhodaniens mais l’appellation entend surtout pousser des cépages modestes autochtones pour se démarquer. Certains avaient quasiment disparus, d’autres oubliés à la réécriture des décrets des anciens vins de pays. Grâce au travail d’associations comme le Centre d’Ampélographie Alpine Pierre Galet (CAAPG) en Savoie ou l’Association de Relance et Développement du Vignoble de la Vallée du Gier (ARDVVG) en Loire et à l’initiative de plusieurs viticulteurs, ces cépages retrouvent doucement une place dans le paysage viticole.
Neuf cépages modestes
Le syndicat a concrétisé ce travail en intégrant au cahier des charges neuf cépages patrimoniaux rhodaniens, pour la plupart endémiques et cultivés sur le territoire de l’IGP Collines Rhodaniennes. Il s’agit du mornen noir et du chouchillon blanc de la vallée du Gier, du dureza noir d’Ardèche, père de la syrah, le bia blanc, la sérenèze noir (ou ciréné de Romans), le robin noir, l’arvine blanc du Valais suisse, le chatus noir (appelé corbesse en Isère, syramuse dans le Diois) et la roussette d’Ayse blanc pour les effervescents. « L’introduction de ces différents cépages va permettre de renforcer encore notre identité et la singularité de la dénomination avec de nombreux projets de réhabilitation d’anciens vignobles en microzonages. Pour l’instant, ils ne représentent souvent que quelques ares par cépage mais ils peuvent se révéler intéressants face au réchauffement climatique car certains donnent des vins légers et peu alcogènes ». Une première dégustation en mars a permis avant tout un partage d’expériences entre vignerons.
Les Collines Rhodaniennes sont bien valorisées, entre 5 et 15 €, plus que la plupart des autres IGP. « Nous commercialisons surtout en ventes directes et sur les grands bassins de consommation de Lyon et Valence avec une bonne image qui reste néanmoins assez locale, reconnait Alexandre De France. Mais les domaines communiquent davantage sur leurs noms que sur celui de l’appellation ». L’IGP a donc profité de la redéfinition de sa stratégie pour se doter d’un logo. « Nous n’en avions pas et même si c’est un aspect secondaire, cela a permis au cours d’une année de réflexion de nous réunir pour trouver une identité commune et de travailler ensemble pour déterminer une communication et une promotion collectives ». Celles-ci devraient passer d’abord par des événements locaux à Lyon, Saint Etienne, Valence… auprès des prescripteurs.
* 817 hectares (300 en 2009; 360 en 2015)
* 36 400 hl (récolte 2022)
* 5 départements (Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche)
* 120 opérateurs, 3 caves coopératives
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