« Le malbec dans l’ADN des Côtes de Bourg » 

Les Côtes de Bourg entretiennent un lien singulier avec le malbec. Le directeur du syndicat Didier Gontier nous en dit davantage sur ce mariage entre un cépage et une appellation. L’entretien est suivi d’une sélection de cuvées à partir d’une dégustation à l’aveugle réalisée au syndicat sur une trentaine d’échantillons. Il en ressort de très beaux flacons également à découvrir au Bouchon de Bourg (lebouchondebourg.com), le magnifique restaurant d’appellation qui maîtrise son sujet et domine l’estuaire.

Existe-t-il un lien historique avec le cépage malbec ?
Oui et la personne qui a donné son nom à ce cépage, un certain Monsieur Malbec, est originaire du coin. Surtout, ce cépage est présent dans le bordelais au XIXème siècle, notamment dans les Côtes de Bourg. On le retrouve en force dans les années 1960 sans être majoritaire mais dans des proportions notables. Il a sûrement été replanté après le grand gel de 1956, c’est une hypothèse. Dans tous les cas, il a connu une traversée du désert les décennies suivantes avant de connaître un nouveau retour.  

Quand et pourquoi ?
Ce retour s’est opéré dans les années 1990 et à l’initiative du syndicat, du collectif. Ça s’est traduit par des essais sur des parcelles de l’appellation (adéquation avec les sols, matériel végétal…), en partenariat avec la Chambre d’Agriculture, et ces essais ont montré qu’avec une maîtrise des rendements, on arrivait à des résultats très intéressants. Au début des années 2010, nous avons signé une convention avec les pépinières Mercier pour réaliser une sélection massale à disposition des vignerons. Il s’agit de deux clones, un clone argentin et… un des Côtes de Bourg. Donc nous avons des vieux plants d’ici… Le malbec est dans l’ADN de notre appellation !

Qu’apporte ce cépage à la signature des vins des Côtes de Bourg ?
Ce clone autochtone donne de petites grappes, de très belles aromatiques comme une très belle trame tannique. On retrouve du malbec dans beaucoup d’assemblage, pour ce côté épicé, racé et, on le sait, avec le réchauffement climatique, ce cépage apporte de la fraîcheur. On a aujourd’hui de plus en plus de flacons avec des proportions majoritaires de malbec voire 100%. Le décret d’appellation des Côtes de Bourg le permet, c’est le seul de tout le bordelais. Ce cépage représente plus de 10% de l’appellation… La volonté n’est pas qu’il devienne majoritaire mais il complète la gamme. Après être une réalité scientifique et qualitative, c’est un outil de communication de différentiation. 

La sélection

Colline des Barrails 2015 du Château Relais de la Poste (15€)
C’est le millésime le plus ancien soumis à la dégustation. Ce 100% malbec montre une très belle évolution de ce cépage avec les années. C’est riche et suave, le fruit noir tapisse le palais, ce vin élevé en barriques de 400 litres a été pensé sur la fraîcheur et la finesse.

Cuvée VI 2016 du Château Lacouture (30€)
Cette vigne de 40 ans délivre un 100% malbec sur l’onctuosité et la race. Le nez comme la bouche sont dotés d’une très belle complexité aromatique, des épices à la grosse cerise noire qui éclate en bouche. Là aussi, les gros contenants ont été privilégiés pour l’élevage.

Cuvée Héritage 1757 du Château Gros Moulin 2018 (20€)
Porté par le très beau millésime 2018, ce 100% malbec annonce dès le nez beaucoup de profondeur, de matière et de noblesse. L’attaque est vive et charnue, l’élevage apporte des notes de cèdres et l’équilibre de ce vin lui confère une grande garde.

La Dame de La Tuilière 2020 du Château La Tuilière (39,90€)
Ce vin tutoie les sommets de cette dégustation pour un vin réalisé en vinification intégrale qui s’exprime dans l’intensité, la chair. Les épices et les fruits noirs se délivrent dans le velours. Il procure déjà beaucoup de plaisir et il promet une très belle garde.

Prestige 2020 du Château De Viens (19€)
C’est une cuvée à partir de 80% de malbec ajoutée de 20% de merlot. Dès le nez, on sent du volume avec des notes de chocolat au lait. L’attaque est très fraîche, c’est la valeur ajoutée de ce vin, pour une architecture équilibrée lui donnant un côté très digeste.

Cuvée Malbec du Château Lamothe (10,50€)
Attention, ce vin est très très bon ! Ce 85% de malbec (et 15% de merlot) offre un nez sur le cassis frais. L’attaque est ample, superbe, c’est un vin vivant, éclatant, le fruit noir tapisse le palais. Il conjugue plaisir immédiat et garde.

Cuvée Émeraude 2020 du Château Lagrange (25€)
Le nez est sombre, au sens noble du terme, et délivre des notes de réglisse et de violette. 50% de malbec, les deux cabernets et du merlot composent ce vin qui forme une boule de fraicheur en bouche. C’est délicat, riche et complexe.

Malbec 2020 du Château Belair-Coubet (10,50€)
C’est le plus décalé de la sélection pour ce vin légèrement gazéifié, un côté nature qu’il ne revendique pas. L’important est dans le plaisir qu’il procure avec ses notes d’eucalyptus et de mûres. Frais, digeste, du bonheur en somme.

Les choses qu’on aime du Château de la Grave (14€)
Tout est bon en ce domaine locomotive de l’appellation, précisément ici ce 90% de malbec (et 10% de merlot) sur le chocolat noir et le fruit de la même couleur. Tout est noir et lumineux, la bouche est ample, les tannins sont délicats, lisses, cette cuvée est une bombe !

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