Château Angélus : bienvenue à la ferme

Avec la Ferme 1544, le château Angélus fait sortir de terre, à Saint-Loubès face à la Dorgogne, un projet agricole destiné notamment à approvisionner en circuit court les deux restaurants étoilés tenus par le chef Alexandre Baumard, le Logis de la Cadène et l’Observatoire du Gabriel.

Comme toute propriété de premier plan, le château Angélus ne peut plus se contenter de signer de grands vins, même si ce prérequis demeure fondamental. L’engagement environnemental et sociétal, la diversification, l’approche « holistique » pour être toujours plus au contact de son écosystème, sortir de la monoculture et s’ouvrir à davantage de biodiversité, font désormais partie des impératifs pour une propriété d’un tel calibre. Stéphanie de Boüard-Rivoal l’a particulièrement bien compris, elle qui depuis son arrivée à la tête de Château Angélus en 2012 a impulsé une révolution en douceur qui va du style du vin lui-même à la conduite culturale, en passant par la construction globale d’un « univers étendu » autour de la marque Angélus. La politique d’hospitalité fait partie de ces extensions naturelles, associant le monde des grands vins à celui de la haute gastronomie et de l’expérience haut de gamme dans le vignoble. Ainsi le Logis de la Cadène, institution de Saint-Émilion, puis le Gabriel, institution bordelaise, ont connu ces dernières années un impressionnant renouveau, porté par le chef Alexandre Baumard – qui a récolté au passage, dans chaque établissement, un macaron au Guide Michelin.

Neuf hectares en bord de Dordogne

C’est dans la suite logique de tout ce qui a été entrepris depuis dix ans que Stéphanie de Boüard a voulu impulser, en 2021, un projet de ferme destiné à être à la fois un lieu de production pour fournir – quasiment en autosuffisance – les établissements liés à Angélus supervisés par Alexandre Baumard, mais aussi un lieu de vie, de partage, pour les équipes d’Angélus et pour les futurs visiteurs. Cette « Ferme 1544 » (en référence à l’année durant laquelle Georges Boüard, Bourgeois et Jurat de la ville de Bordeaux, fut le premier de ses ancêtres à s’établir en terres bordelaises) voit actuellement le jour à Saint-Loubès, à deux pas de la Dordogne, sur un terrain de neuf hectares.

Ici vont voir le jour, dans les deux années à venir, 1,5 hectare de maraîchage en plein champ, 1500 m2 de serres, 1 hectare dédié à l’élevage de volailles, un demi-hectare dédié à l’élevage de cochons gascons… Des brebis, un verger, des céréales, un bâtiment agricole, un laboratoire de transformation, une légumerie, un carrelet sur le fleuve vont également s’inviter sur le site, auxquels s’ajoutent les activités déjà présentes sur le domaine viticole d’Angélus, comme la champignonnière, les chênes truffiers, la production de miel ou le pâturage des vaches sur des jachères. Enfin, il est prévu à terme de dédier tout un bâtiment à l’accueil des visiteurs, dans l’esprit d’une maison d’hôtes, associée à une table privée supervisée par Alexandre Baumard.

Ce projet de Ferme 1544 est certes porté par Stéphanie de Boüard en synergie avec le chef, mais il est conduit au quotidien par François Lézian, responsable du pôle viticole d’Angélus, Gersois fidèle à ses origines rurales et agricoles, qui est la véritable « tête chercheuse » de ce grand chantier à ciel ouvert. Benjamin Laforet, responsable technique d’Angélus, est également très impliqué, comme toute l’équipe du château, dans un souci de créer des passerelles et porosités entre tous les projets de l’entreprise familiale. Le lien social par le retour à la terre, c’est un fil conducteur que l’on voit de plus en plus revenir dans la viticulture bordelaise, et il n’est pas anodin qu’une propriété du prestige d’Angélus s’en empare. Rendez-vous dans quelque temps à la Ferme 1544 pour voir le projet finaliser… et pour tout goûter !

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